BTULLETIINT
DE LA COMMISSION
DE LA MAYENNE
CRÉÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.
DEUXIEME SÉRIE
TOME SIXIÈME
1893
LAVAL
IMPRIMERIE DE L. MOREAU
1893
Trimes'iue de 1893.
17
SOMMAIRE •
Liste des Membres Titulaires et Correspondants, etc. 7, 8, 11
Histoire de l'Imprimerie à Laval, jusqu'en 1789, par M. l'abbé
A. Angot * "1^
Recherches sur divers titulaires de magistratures, charges
et offices de la ville et du comté de Laval, par M. Louis
DE LA Beauluère (Suite) 57
Notice sur les Seigneurs de Vautorte, par M. l'abbé Gh.
Pointeau (Fin). 93
Sigillographie des Seigneurs de Graon, par MM. A. Ber-
trand de Broussillon et Paul de F arc y f/Smï^J. . . . 118
Procès-verbal de la séance du 8 juillet 1892 154
Nécrologie 156
Bibliographie : L'abhaye de Fontaiyie-Bamel ; sa fondation
et ses derniers jour s^ par Edmond Leblanc; — La mai-
son de la Reine Bérengère au Mans, par M. Robert
Triger ; — Lettres intimes de Monseigneur Cohon, évè-
que de Nîmes, publiées par M. Prosper Falgairolle ; —
Un Moine au XIX^ siècle. Dom Paul Piolin, 0. S. B.
{Î817-IS92), par Joseph Denais ; — Tableaux généalo-
giques, notices et documents inédits sur plusieurs famil-
les de Vitré et paroisses environnantes, par J.-G. Frain
de la Gaulairie; — Le Doigt de la morte, par M. l'abbé
A. Ledru ; — Etudes pour servir à l'histoire et à Vin-
terprétation des noms de lieuœ, par L. Ricouart ; —
Ecrits inédits de Saint-Simon, par P. Faugère ; tomes
VII et VIII, publiés par le V*^ S. Menjot d'Elbenne. . 157
Gravures :
1 à 7. Frontispices d'anciens ouvrages imprimés à Laval. 21,23
25, 31, 33, 47,55
8. Sceau de Guillaume I, 1345 et 1357 124
9.-10. Sceau et contre-sceau des causes de Morannes, 1361. 124
11. Sceau des causes de la vicomte de Ghâteaudun, 1387-1389. 125
12. Sceau de Marguerite de Flandre. ....... 125
13. Signet de Patrj de Sourches, seigneur de Malicorne,
1347 130
14. Sceau de Guy de Graon, 1389. ........ 131
15. Sceau de Renaud de Maulevrier, 1379 lo3
16. Sceau de Hervé de Mauny, 1388. ....... 134
17. Blason de Mauny, voûte de la Ghapelle-Saint-Rémy. . 135
COMMISSION
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
DE LA MAYENNE
BXJLL,ETI]Sr
DE LA COMMISSION
DE LA MAYENNE
CRÉÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.
DEUXIEME SERIE
TOME SIXIÈME
1893
LAVAL
IMPRIMER!!: Di; I . MOREAU
1893
MEMBRES DE LA COMMISSION
Membres Titulaires MM.
ANGOT (l'abbé), à Louverné (Mayenne) ;
Tancrède ABRAHAM Q I. P., conservateur du musée de
Château-Gontier, correspondant du Ministère des Beaux-
Arts, Château-Gontier et Paris, 15, rue Vignon;
C*« DE BEAUCHESNE, au château de Torcé, par Ambrières
et à Paris, 6, rue Boccador ;
Henri de LA BROISE ►î<, membre de plusieurs Sociétés
savantes, à Laval, et Paris, 26, Avenue de Wagram ;
CHEDEAU, Président de la Société d'Archéologie, Sciences,
Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, à Mayenne ;
COUANIER DE LAUNAY (l'abbé), chanoine de Laval, rue
Marmoreau, à Laval ;
De FARCY (Paul), Inspecteur de la Société française d'Ar-
chéologie pour le département de la Mayenne, à Château-
Gontier ;
FLOUCAUD DE FOURCROY O. ^, ingénieur en chefdes
ponts-et-chaussées, à Laval, Vice-Président de la Commis-
sion d'architecture ;
GARNIER (Louis), architecte, inspecteur des édifices diocé-
sains, à Laval, membre de la Commission d'architecture ;
HAWKE, ancien architecte du département, membre de la
Commission d'architecture ;
LEBLANC, avocat, ancien député, conseiller général, à
Mayenne ;
LECOMTE j^, ingénieur des ponts et chaussées, à Laval,
membre de la Commission d'architecture ;
LEMONNIER DE LORIÈRE, conseiller général, à Epineux-
la-Séguin ;
O'MADDEN, propriétaire, à Château-Gontier;
De MARTONNE, ancien élève de l'École des Chartes, archi-
viste de la Mayenne ;
- 8 —
MOREAU (Emile) Q , membre de plusieurs Sociétés savantes,
à Laval ;
PERROT (Ernest) Q, propriétaire, membre de plusieurs
Sociétés savantes, à Laval ;
L'abbé POINTEAU, aumônier de l'Hospice, a Craon;
RICHARD O, archiviste-paléographe, correspondant du Mi-
nistère des Beaux-Arts, 1, rue Saint-Mathurin, à Laval ;
D' SOUCHU-SERVINIÈRE O, membre de plusieurs So-
ciétés savantes, à Laval.
COMPOSITION DU BUREAU
Président, M. Floucaud de Fourcroy Ô. ^ ;
M. l'abbé Couanier de Launay
M. E. Perrot Q ;
Secrétaire général^ M. E. Moreau Q ;
Secrétaire- Archiviste, M. de Martonne.
Vice-Présidents, \
Membres Correspondants, MM.
Achon (Ch. d'), au château de la Roche de Gennes (Maine-et-
Loire) ;
Anis (l'abbé), vicaire à Andouillé ;
Appert (Jules), à Fiers (Orne) ;
Argentré (marquis d'), à Saint-Julien-du-Terroux ;
Barbe, ancien membre titulaire, conservateur du camp de
Jublains, juge de paix à Conlie (Sarthe) ;
Beauchamps ^baron de), rue Duplessis, 62 bis, Versailles ;
De Beauchesne (le marquis), au château de Lassay (Mayenne) ;
Bertrand de Broussillon O, archiviste-paléographe, ancien
vice-président de la Société historique et archéologique
du Maine, au Mans, 15, rue de Tascher, et à Paris, 126,
rue du Bac ;
Bouillerie (baron de la), au château de la Bouillerie, par La
Flèche (Sarthe) ;
Du Brossay, directeur de l'enregistrement, au Puy ;
Chappée, place Saint-Pavin, Le Mans ;
Chardon (Henri), rue de Flore, au Mans ;
Chemin ^, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, à Paris ;
— 9 —
Chomereau q, ancien professeur de dessin, à Laval ;
Chon ^, Q I. P,, à Lille, rue du Palais de Justice ;
Contades (comte Gérard de), au château de Saint-Maurice,
par La Ferté-Macé (Orne) ;
Coquart ^, Q, ai^cien architecte diocésain de Laval, à Paris,
rue de Boulainvilliers, 42, (Passy) ;
Cornée Q, ancien membre titulaire, à Lille, rue Solférino, 316.
Darcy ^, architecte de la Commission des Monuments histo
riques, à Paris, rue de Bruxelles, 2 ;
Delaunay, procureur de la République à Pont-l'Evêque ;
Delaunay (Léon), avocat, juge suppléant, à Mayenne ;
Dulong de Rosnay (l'abbé), ancien vicaire général de Laval,
ancien membre titulaire de la Commission, à Morlaix ;
Durget, rue de Bootz, 22, Laval ;
Duval Q, archiviste du département de l'Orne, à Alençon ;
Elbenne (le vicomte Menjot d'), au château de Couléon. par
Tuffé (Sarthe) ; ^
Farcy (Louis de), à Angers ;
Faucon, avocat, rue Chanzy, au Mans, et à Saint-Denis-de-
Gastines ;
Fleury (Gabriel), imprimeur, à Mamers ;
Frain de la Gaulairie, à Vitré ;
Gadbin, à Château-Gontier ;
Gillard (l'abbé), curé de Saint-Fraimbault-de-Lassay ;
Graindorge, secrétaire de mairie, à Couesmes (Mayenne) ;
Grosse-Duperon, juge de paix, à Mayenne ;
D'Hauterive Q, chef de bataillon au 161®, à Reims ;
Hétier e^, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, à Paris ;
A. Kuntz ^, sous-intendant militaire, à Belfort ;
De la Beauluère (Louis), au château de la Drujoterie, à En-
trammes ;
La Chesnais (Maurice), O. ^, ancien chef de bureau au
ministère de la guerre, à l'Huisserie, et à Paris, rue de
Yaugirard, 51.
Laigneau, curé de Bourg-Philippe, par Chemazé (Mayenne) ;
Lair, rue Croix-des-Petits-Champs, 11, Paris.
De Laurière, inspecteur général de la Société française d'ar-
chéologie, à Paris, 7, rue d'Aguesseau;
Lebreton q L P., Proviseur du Lycée, à Laval ;
— 10 -
Le Coq (Frédéric), à Ernée.
Ledru (l'abbé), Le Mans, place du Château, 4.
Le Mercier, ancien juge de paix d'Ambrières ;
Letourneurs (Henri), avocat, à Laval;
Liger (F.), au château de Courmenant, par Sillé-le-Guillaume ;
Maillard, curé de Gennes,'par Château-Gontier (Mayenne);
Maître Q L P., archiviste, à Nantes;
Margerie, maire de Niort (Mayenne) ;
Mercier (l'abbé), curé de Bierné (Mayenne) ;
Montagu, instituteur, à Hardanges (Mayenne) ;
Morin (A.), rue de Bretagne, 39, Laval ;
Morin, architecte, à Vitré ;
Morisset, docteur-médecin, à Mayenne ; ■
Moulard, à Soulgé-le-Ganelon (Sarthe) ;
Œhlert Q , conservateur de la bibliothèque de Laval ;
Palustre, ancien directeur de la Société française d'Archéo-
logie, à Tours, rampe de la Tranchée, 61 ;
Pâris-Jallobert (l'abbé), recteur de Balazé (Ille-et- Vilaine) ;
Pichon (l'abbé), chanoine titulaire du Mans ;
Planté, notaire à Ballots (Mayenne) ;
Ponthault (André), à Mayenne ;
Port, professeur au collège de Saint-Nazaire ;
Queruau-Lamerie, à Angers, rue des Arènes, 6bis ;
Raulin, avocat, à Mayenne ;
Ricouart, rue de l'Arsenal, 14, Arras ;
Salles, professeur agrégé au lycée de Caen, 8, rue de l'Odon,
à Caen ;
Sauvage o I. P., ancien juge de paix du canton de Coup-
train, à Paris-Neuilly, Boulevard Bineau, 53 ;
Sentilhes, ingénieur des ponts et chaussées, ancien membre
titulaire, à Bordeaux ;
Sicotière (de la), sénateur, à Alençon ;
Simonet, conducteur faisant fonctions d'ingénieur des ponts
et chaussées, à Château-Gontier ;
Sinoir (Emile), professeur agrégé au lycée de Laval ;
Thébaudière (Ambroise Gougeon de la), rue aux Foulons,
Rennes, et le Bois-Jarry, par Vitré ;
Tirard, à Ernée ;
Tranchant, rue Barbet de Jouy, 28, Paris.
- il —
Trévédy, ancien président du tribunal civil de Quimper,
vice-président de la Société archéologique du Finistère,
à Saint-Brieuc ;
Triger (Robert), vice-président de la Société du Maine, au
Mans.
LISTE DES MEMBRES DECEDES
DEPUIS LA CRÉATION DE LA COMMISSION
Membres tieulaires, MM.
1882 CUILLER (l'abbé), chancelier de l'évêché de Laval;
1883 MARCHAL j^, ancien ingénieur en chef du départe-
ment, ancien maire de Laval ;
— LE FIZELIER, secrétaire-général de la Commission ;
1891 JOUBERT (André), à Angers.
Membres correspondants, MM.
1881 Legras ^, ingénieur en chef des travaux maritimes à
Lorient, ancien membre titulaire ;
1883 Prévost, O. :^, général du génie en retraite;
1886 Ravault, notaire, à Mayenne ;
— Savary, professeur d'histoire au lycée de Laval ;
1887 Duchemin q , archiviste de la Sarthe, ancien membre
titulaire ;
— Charles (l'abbé Robert), vice-président de la Société
du Maine, au Mans ;
— Bonneserre de Saint-Denis, à Angers ;
1888 Almire Bernard, à Saint-Pierre-sur-Orthe ;
— Chaplain-Duparc, à Paris ;
1889 De Courtilloles, château de Courtilloles, près d'A-
lençon ;
1890 Trouillard, avocat, à Mayenne ;
1891 De Montozon (S.), à Château-Gontier.
1892 Abbé Foucault, à Saint-Fraimbault-de-Lassay ;
— Dom Paul Piolin, à Solesmes.
HISTOIRE DE L'IMPRIMERIE
A LAVAL
jusqu'en 1789.
Ce serait une œuvre laborieuse et de longue haleine
d'écrire Thistoire de l'imprimerie dans des villes pourvues
d'universités ou de collèges florissants comme Angers,
Rennes, le Mans, la Flèche. Là, en effet l'art de l'im-
primeur dut s'exercer de bonne heure et multiplier ses
productions; il n'en fut pas de même à Laval. Et quand
même nous connaîtrions dans tous ses détails ce qui
concerne l'imprimerie et les imprimeurs lavallois, nous
ne ferions jamais du tout un ouvrage bien important.
A peine voyons-nous d'une manière certaine les pres-
ses fonctionner à Laval avant le milieu du XVIP siècle.
Pourtant dans quelque condition qu'il y ait été exercé,
cet art, autant que l'industrie qui a fait la fortune de
notre pays, doit avoir sa place dans notre histoire lo-
cale, et malgré la modestie de prétentions qui s'impose
à un chroniqueur mayennais en cette matière où nous
ne sommes pas riches, nous n'en n'aurons pas moins la
confiance d'avoir écrit dans ces pages un chapitre d'his-
toire générale sur un sujet goûté des curieux et qui
mérite plus qu'une simple curiosité.
La reproduction en fac-similé des titres des principaux
ouvrages imprimés à Laval, qui accompagnera les no-
tices et la description des volumes, dira de suite aux
2
- 14 -
yeux d'où en était chez nous l'art de l'imprimerie, au
XVIP et au XVIIP siècle. Ce luxe décoratif ne saurait
d'ailleurs être jugé inutile, si l'on fait attention que
toutes les publications de ces anciens imprimeurs ne
sont plus représentées que par un ou deux exemplaires
disséminés, connus d'un petit nombre d'amateurs et en
danger de disparaître totalement.
Dans ce travail où plusieurs nous ont aidé, la part de
M. E. Queruau-Lamerie a été celle d'un collaborateur
généreux. Nous devons beaucoup aussi aux recherches
de M. J.-M. Richard dont nous ne pouvions mieux faire
que de pubher le texte dans de longues citations * .
M. le chanoine Guiller avait donné sur la famille
Ambroise^, dans hq^ Recherches sur Changé, des rensei-
gnements précieux, que nous avons utilisés, ainsi que
le chapitre de M. de la Beauluère sur le sujet qui nous
occupe 3.
C'est sur la foi de ce dernier, dont l'affirmation est
toujours une autorité sérieuse, que nous donnerons la pre-
mière place dans la liste des imprimeurs lavallois à trois
individus que nous ne connaissons pas autrement et
dont aucune œuvre n'est venue jusqu'à nous. Probable-
ment ils furent seulement libraires.
I
(( Guy Ma^rtin exerçait en notre ville l'état d'impri-
meur libraire vers le milieu du XVP siècle. » Les deux
suivants lui succédèrent.
II
Jean Berthet. Nous croyons qu'il faut le confondre
1. Bulletin de la Commission historique et archéologique de
la Mayenne, 2^ série, t. I, p. 265-268 et 335-339.
2. Recherches sur Changé-Us- Laval, tome II, p. 314-318.
3. Recherches sur les corporations d'arts et métiers, etc., p.
76-77. ^
- 15 -
avec Jean Berthet, libraire mais non imprimeur, qui était
appelé, en 1687, comme époux de Sébastienne Ambroise,
à la succession de Jean Ambroise et de Marie Péguineau.
III
HiEROME LeMONNIER.
IV
Le livret suivant, que nous plaçons ici à cause de sa
date et sans rien préjuger sur son lieu d'origine, sou-
lève une question et un petit problème pour l'histoire de
l'imprimerie lavalloise.
Traité | très-utile | de la dévotion | a la vierge
MARIE, I auquel sont adjoustez plusieurs \ miracles de
la Vierge Marie. \ Avec une marque de prédestina-
tion^ I et le moyen de la pratiquer., \ recueilly par un
Père de la compagnie \ de Jésus. \
Vignette : le chiffre de J.-G. dans une couronne d'é-
pines.
A Laval, | par George Griveau, | Imprimeur du
Roy (et sur le 2^ titre) : A Laval, | par George Gri-
veau, imprimeur \ et libraire^ près le collège des \
pères Jésuistes, 1619.
Très petit in-12, de cinq feuillets non chiffrés pour la
dédicace à madame la marquise de Varenne et une
exhortation de saint Bernard, 344 pages de texte et sept
feuillets non chiffrés pour l'approbation des docteurs et
la table des matières ^
Si l'on s'en rapporte au premier titre, on croira d'a-
près la mention très nette : A Laval, par George Gri-
veau., imprimeur du Roi, que notre chef-lieu possédait
dès 1619 un imprimeur en fonction. Le second titre :
1. Cabinet de M. L, Garnier. — M. Seb. de la Bouillerie qui a
fait une étude approfondie sur les imprimeurs fléchois, n'a jamais
rencontré ce petit volume.
— 46 —
A Laval^ par George Griveau^ imprimeur et libraire^
près le collège des pères Jésuistes, 1619, fait naître des
doutes, et nous porte à croire que cette indication est
fausse et qu'au lieu de Laval il fallait lire La Flèche,
d'autant plus que la dédicace est adressée à Madame la
marquise de Varenne, qui alors était dame de la petite
cité Angevine. Probablement G. Griveau avait à Laval
un libraire correspondant pour lequel il imprimait des
titres spéciaux.
Une aimable communication de M. S. de la Bouillerie
nous apprend que George Griveau est bien un impri-
meur fléchois et qu'il succéda à Jacques Rezé son beau-
père, que les Jésuites avaient appelé de Paris où il exer-
çait, pour diriger leur imprimerie. L'atelier resta dans
la famille, quoique sous différents noms, dans la même
ville, jusqu'en 1816.
Ces renseignements laissent toujours possible l'hypo-
thèse d'une tentative d'établissement de George Gri-
veau à Laval au commencement de l'année 1619, car
c'est en cette année qu'il commença d'imprimer en son
nom, et jamais, depuis, on ne retrouve sur ses titres ni
la mention de Laval, ni l'indication près le collège des
Pères Jésuistes.
La famille Cormier, qui donna à notre ville les deux
premiers imprimeurs dont nous connaissions quelques
productions, était originaire du Mans et assez bien ap-
parentée, puisque nous voyons parmi ses membres des
prêtres, un écuyer, des notaires.
Amrroise Cormier vint s'établir à Laval comme im-
primeur un peu avant 1633. Il y était appelé par maître
Robert Le Bret, son parent et probablement son oncle,
qui desservait depuis dix ans la cure de Nuillé-sur-Vi-
- 17 ~
coin*. Aussi quand le jeune homme se maria avec Anne
Masson, comme lui paroissienne de la Trinité, voulut-il
que son union fût bénite à Nuillé par un parent qui le
protégeait. La cérémonie eut lieu le 20 juin 1633^.
A cette époque, le centre du commerce était sur la
place du Palais, la seule qui existât à Laval, dans le
voisinage des halles. C'est là qu'Ambroise Cormier ou-
vrit son atelier « dans des boutiques estans en appentis
contre la maison du Petit-Montjean. » Cette maison du
Petit-Montjean et la Chambre des Comptes qui y atte-
nait, appartenaient à Guillaume Duparc, qui les avait
acquises par licitation. Il en avait revendu une partie à
Gilles Lelong, sieur de la Troussière, qui y faisait sa
demeure et cédé les boutiques au nouvel imprimeur 3.
Ambroise Cormier se trouvait à l'étroit dans un ap-
pentis sans profondeur, plaqué contre une haute maison ;
1. Un accord passé le 26 septembre 1634 devant M^s Marin
Pingault et Pierre Lenieignan, notaires au Mans, au sujet de la
succession de Catherine Cormier, veuve de Michel Launay, nous
apprend que « Ambroys Cormier, marchand imprimeur demeu-
rant à Laval, » avait pour cohéritiers : François Cormier, notaire
à Courcemont ; — Madelon Rabynard. archer des tardes de sa
Majesté, à Changé : — Jeanne Rabynard, veuve de Guillaume
Housseau. notaire ; — Léonard Desmezerettes, notaire, époux de
Radegonde Rabynard, demeurant au Mans ; — Michel Guybert,
marchand, époux de Françoise Rabynard ; — Demoiselle Claude
La Brette, veuve de Thibault Rabynard, écuyer, sieur de Vil-
nays ; — enfin, Jean Cormier, marchand libraire, demeurant à la
Flèche (Cabinet de M. l'abbé Esnault). — Pour préciser davan-
tage le lien de parenté qui unissait Ambroise Cormier au curé de
Nuillé et à Claude la Brette, sus nommée, j'ajouterai que c'est
cette dernière qui agissait dans l'acte précédent au nom du nou-
vel imprimeur, et que maître Robert Le Bret résidait, en 1650,
à Changé-lès-Le Mans, chez Robert Rabynard, sieur de Vilnays
(Insinuât, ecclés., XXVII, 130).
2. « Le vingtiesme de juin, an susdit (1633), M® Ambroise Cor-
mier, imprimeur à Laval, et Anne Masson, aussi demeurant audit
Laval, en présence de ses père et mère, ont espousé à Nuillé par
moy curé dudit lieu, veu le certificat de la paroisse de la Trinité
de Laval, signé Gigondeau, l'un des curés de la paroisse. » (Reg.
par. de Nuillé-sur-Vicoin).
3. Collection personnelle.
- 18 -
il étouffait sous un toit bas, sans air et sans lumière; il
aurait voulu une habitation plus confortable que ces
malheureuses boutiques où il ne pouvait pas même faire
du feu. Aussi son projet était en 1644, « suivant la per-
mission qu'il avoit de Monseigneur..., défaire hausser
les bouticques en apentiz comme elles sont et porter le
feste d'icelles jusques à demy pied proche et au-des-
sous des grilles des fenestres de la maison dite la Cour
des Comptes ; et faire bastir et construire un pavillon,
ou autre chose pour sa commodité, sur le portai et prin-
cipale entrée de la dite maison, pour raison de quoy il
est obligé de payer rentes à la recepte de la châtellenie
de Laval... »
Il aurait voulu également prolonger ses appentis au-
delà des limites assignées aux premiers concession-
naires.
Mais maître Guillaume Duparc, son vendeur, qui
possédait à titre d'engagement la maison principale dite
du Petit-Montjean ou de la Cour des Comptes, n'enten-
dait pas souffrir ses empiétements et l'humble libraire-
imprimeur fut obligé de plier devant ce personnage qui,
pour le moment, comme greffier du siège ordinaire de
Laval et acquéreur d'une bonne partie des terres du
marquis de Villaines, mis en déconfiture, jouissait d'une
puissante influence. Ambroise Cormier dut se contenter
de l'exemption de la faible redevance qu'il payait an-
nuellement au comte de Laval. Il ne se résigna pas tou-
tefois sans résistance, car même après l'accord du 5 fé-
vrier 1644, il reçut encore une assignation de M^ Guil-
laume Duparc, de laquelle il semble résulter qu'il n'avait
pas interrompu ses travaux d'agrandissement *.
Ambroise Cormier dut, comme imprimeur, se borner
à de menus travaux comprenant les impressions admi-
1. Titres de la maison de M. Roger, pharmacien.
-- 19 —
nistratives, alors fort minces, les billets de logement
pour les troupes de passage, les citations aux assises
seigneuriales, quelques placards, etc. Ce sont là du
moins les seules pièces qui semblent avoir été impri-
mées à Laval de son temps. Nous ne pouvons lui attri-
buer authentiquement que la plaquette suivante qui
sorte un peu de ce genre ; encore ne la connaissons-nous
que par une citation et non pour l'avoir rencontrée en
original:
Prières ordonnées pour gagner le jubilé octroyé
par N. S. P. le Pape Innocent X par Monseigneur
VEvêque du Mans. Imprimé à Laval par Ambroise
Cormier^ imprimeur du roy., 16^5 *.
VI
Dès l'année 1651, Ambroise Cormier avait pour suc-
cesseur Robert Cormier, son fils suivant toute probabi-
lité. Nous le supposons aussi filleul de Robert Le Bret,
curé de Nuillé-sur-Vicoin. Celui-ci aura voulu donner
son nom au fds de celui dont il avait béni le mariage.
Robert Cormier prit pour marque typographique un
cormier^ avec cette légende : S or bus utilis inter arbo-
res. .Nous avons de lui :
La Règle | et statuts des | religieuses de Sainte
1. Archives départementales, B 1051. Ordonnance du juge de
police de Laval du 6 juillet 1745. Cette pièce est extrêmement im-
portante pour l'histoire de l'imprimerie à Laval, puisqu'elle nous
donne le titre de huit brochures imprimées à l'occasion des jubi-
lés et que nous ne connaîtrions pas autrement. Ces publications
de circonstance sont très rares à rencontrer. Je ne sache pas
qu'aucun exemplaire sorti des presses lavalloises ait survécu. A
leur défaut voici avec sa disposition typographique le titre de ce-
lui qui fut imprimé au Mans, vers 1700. Prières | ordonnées |
PAR monseigneur | l'evesque I DU MANS. | A faire aux églises où
sont I les stations du Jubilé. | Au Mans, chez A. Ysamhart, im-
primeur I de monseigneur l'Evéque, avec privilège du Roy. \ La
date est enlevée mais la vignette aux armes de Monseigneur
Louis de Lavergne de Montenard de Tressan indique que l'opus-
cule fut imprimé pour l'un des jubilés de 1677, 1690 ou 1703.
— 20 —
I Glaire, avec la modification ou \ exposition \ des
Papes Eugène \ quatrième et Léon dixième sur \ icelle^
pour l'usage des dames \ religieuses de Patience de
Laval. A Laval, \ par Robert Cormier., imprimeur dijc
roy et de Mgr le duc de la Trémoïlle \ M. D. C. Ll.
Avec permission.
La vignette représente Sainte Claire portant l'osten-
soir ; aux angles les mots sancta clara ora pro nobis.
Le titre et toutes les pages sont encadrés de filets. Le
volume contient 68 p. in-4"^ (Planche I).
RÈGLEMENT POUR LE FAICT DE LA JUSTICE ET EXPE-
DITION DES ARRÊTS DE LA JURIDICTION ORDINAIRE DE
Laval, tant de ce qui estoit ci-devant observé que de
ce qui a esté adj oust é par le règlement [Laval^ Robert
Cormier., 1652], Brochure in-lS^.
C'est sans doute sur cette brochure que M. L. de la
Beauluère aura vu la marque typographique de Robert
Cormier : Un cormier avec ces mots : S or bus utilis
inter arbores.
VII
Moins heureux dans nos recherches sur les Ambroise
que nous ne l'avons été pour la famille Cormier, nous
ne saurions dire avec certitude d'où ils sont originaires.
Toutefois, comme Jean Ambroise, le premier du nom qui
ait exercé son état à Laval, habitait au Mans, dans la
paroisse du Grand-Saint-Pierre, quand il épousa Marie
Péguineau, paroissienne de Saint-Benoit et d'une famille
d'imprimeurs manceaux, on doit supposer que, s'il n'est
pas né au Mans, il y faisait du moins l'apprentissage
ou le premier exercice de son métier.
1. A la Bibliothèque municipale de Laval. — Ce volume est
f)assé plusieurs fois, à ma connaissance, dans les catalogues de
ivres d'occasion, ou de bibliothèques particulières.
2. Cité par M. de la Beauluère : Recherches sur les Corpora-
tions, p. 70.
21 —
PLANCHE
LA REGLE
ET STATVTS DES
RELIGIEVSES DE SAINCTE
Claire , avec la modification ou
expofition des Papes Eugène
quatrième ^ &C Léon dixième fur
icelle.
POUR LVSAGE DES DAMES
Rellgîtujks de Patience de Laval.
LA V A l;
EaMRO_B EJOL Ç_Q RM I E R Imprimeurjj :
Roy, & Je M onfeigneur le Ducdc iaTrcmoilIe.
M. PC. I>L Aytc permiffion.
Réduction aux 3/5.
ORIGINAL : dimensions 0,225 sur 0,172.
Son mariage eut lieu le 9 janvier 1639 ^, et son instal-
lation à Laval ne doit pas être de beaucoup antérieure à
l'année 1658, époque où il y était certainement établi.
Nous le voyons prendre, en 1674, le titre d'imprimeur
du Roi et de monseigneur le duc de la Trémoille, dans
un acte par lequel il acquiert, en communauté avec sa
femme, la closerie du Petit-Cocher de Changé. Il était
mort en 1677 et sa veuve lui survécut dix ans.
Les enfants qu'ils laissaient et qui partagèrent leur
succession en 1687 étaient :
Sébastienne Ambroise, femme de Jean Berthet, mar-
chand-libraire ;
Jean Ambroise, marchand imprimeur ;
Ambroise Ambroise, chirurgien ;
Claude Ambroise, fdle majeure ;
Michel Ambroise, qui, lui aussi, exerça le métier pa-
ternel, puis devint religieux de Saint François et qui ve-
nait de faire profession chez les Capucins, lors du par-
tage de 1687. Sa part échut à ses deux sœurs Sébas-
tienne et Claude -.
Outre le Petit-Cocher, la closerie de la Gendrie ap-
partenait dès lors aux cohéritiers.
Nous connaissons deux ouvrages assez volumineux et
plusieurs petites brochures sortis des presses du pre-
mier des Ambroise :
L'Interprète | de la nature | ou | la science phy-
sique I tirée d'Aristote et de Saint \ Thomas et de l'Ex-
périence I Divisée en huit livres^ \ par François sila-
tan. I A Laval \ par Jean Ambroise, imprimeur du
Roy^ et de \ Monseigneur le Duc de la Trémoille \
M. DC. LV. I avec privilège de Sa Majesté. (Planche II).
1. L'acte original très laconique extrait des registres parois-
siaux de Saint-Benoit, dont nous devons la communication à
M. l'abbé Esnault porte : « Le dixseptiesme janvier (1639) Jehaïi
Ambroise, du Grand-Saint-Pierre, a espousé Marie Péguineau,
de Saint-Benoist ; présents : Louis Péguineau et Pierre Bache-
lot. »
2. L.-M.-F. Guiller, Recherches sur Changé, p. 314, 315.
I
23 ^
PLANCHE II.
L INTERPRETE
DE LA NATVRE>
O V
LA SCIENCE PHYSIQVE
Tirée d'Ariftote, &: de Saint
Thomas, &C de TExperience.
DIVISEE EN HVIT LIVRES,
Par FK^NCOIS SILATAN.
A LAVAL,
Par Iean AwBRoisti, Imprimeur du Roy, 5: dô
Monfdgneur le Duc de laTrcinoille.
M. DC LV.
jiuec Prmle^e de Sa Majefté,
Réduction aux 3/8.
ORIGINAL (rogné) Dimension 0,184 sur 0,141.
— 24 —
In-4" de trois feuillets non paginés pour la dédicace
à HAUT ET PUISSANT SEIGNEUR MESSIRE HUBERT DE
CHAMPAGNE etc, et V avts au lecteur^ 499 pages,
une page d'errata^ quatre feuillets de table et une page
pour les approbations des deux docteurs.
L'ouvrage est imprimé avec manchettes sur les mar-
ges extérieures, des en-têtes, des lettrines, filets et cul-
de-lampes ornementés.
Il faut remarquer au point de vue bibliographique que
l'imprimeur a dû tirer le titre du livre avec la première
feuille et le dater de 1655, mais que l'ouvrage n'a été
achevé d'imprimer qu'en 1656. Car Tune des deux ap-
probations de docteurs est du 5 juillet de cette année ^
Le sanctoral | oîi sont contenus les offices j pro-
près de plusieurs festes particulières^ \ saints et sain-
tes ; tant du diocèse du Mans \ que de l'ordre de Saint
Benoist^ selon la for \ me du Bréviaire romain ; dis-
posé à l'usage \ des religieuses bénédictines du mo-
nastère I de Sainte- S cholastique de la Ville de Laval,
I et autres communautés de filles de mesme \ ordre et
diocèse^ qui ont toujours conservé \ le dit bréviaire. \
Le tout pris et transcript du bréviaire bénédictin et de
I celuy du diocèse du Mans ou de divers autres offi-
ces I divins permis et receus par U Eglise. A Laval^ \
par Jean Ambroise., imprimeur ordi \ naire du Roy et
de Monseigneur Le Duc \ de la Trémoïlle. M. DC.
LX/F. 2 (Planche III).
Edit du ROY I Portant pouvoir aux Communautéz \
de rentrer dans leurs usages., avec \ deffences de sai-
sir les bestiaux. \ Donné à S .-Germain-en-Laye au
1. Cabinet Garnier et collection personnelle.
2. Bibliothèque de Vitré, et cabinet de M. E. Queruau-Lame-
rie.
— 25 -
PLANCLE III.
LE SANCTORAL
OV SONT CONTENVS LES OFFICES
propres de plufieurs Fefles Particulières ,
Saints, & Saintes : Tant du Diocefe du Mans ,
que de l'Ordre de Saint Bcnoift , félon la For-
me du Bréviaire Romain i Difpofe' à rVfagc
des Rcligieufes Benedidincs du Monaftcre
de Sainte Scholaftique de la Ville de Laval,
U autres Communautez de Filles du mefme
Ordre, &c Diocefe , qui ont toufiours confervc
ledit Bréviaire.
Lt tout frïi O' tran[cript du Bréviaire *Bencdifîin , r^r de
celuy du Diocefe du Mans^ ou de divers autres Offces
Divim , Permis ^ receui par 1'B.gîiJe.
A LAVAL
Par lEAN AMBROI SE, Imprimeur ordi-
naire du Roy, & deMonfeigneurLeDuc
De La Tremoille.
M. DC LXIV.
Réduction aux 2/3.
ORIGINAL : Dimensions 0,180 sur 0,134.
— 26 —
mois d'avril 1661 . \ Vérifié en Parlement le 20 dudit
mois. I A Laval, par Jean Ambroise., imprimeur du
Roy, et de Monseigneur \ Le duc de la Trémoïlle.
M. DC. LXVIL
Vignette représentant le double écusson de France et
de Navarre, avec la couronne royale, les deux colliers
d'ordres, et soutenu par deux génies.
In-4°, 8 pages ^
Prières ordonnées par M. le grand vicaire de Mon-
seigneur Vévesque du Mans pour gagner le Jubilé de
Notre Saint Père le Pape Clément IX. Laval., Jean
Ambroise, 1669^.
Prières ordonnées par Monseigneur VEvêque du
Mans, pour dire aux églises où sont les stations du
Jubilé. — Laval, Jean Ambroise., 1611 ^.
Pratiques | dévotes et | fort utiles a | l'honneur
DE LA I très-sainte | VIERGE. | A V imitation de ses
voyages aux Saints \ Lieux durant sa vie., et nommé-
ment avant son bienheureux trépas. \ A Laval \ par
Jean Ambroise, imprimeur du \ Roy et de Monsei-
gneur le duc I de la Trémoïlle. 1611 .
Très petit in-8, de 96 pages avec en-têtes, culs de
lampes et lettrines^.
Ce dernier opuscule est plus probablement une im-
pression de Jean Ambroise, fils du précédent.
1. Collection personnelle.
2. Arch. dép., B 1051.
3. Arch. dép., B 1051.
4. Le seul exemplaire connu appartient à M. l'abbé Eudes, vi-
caire à Saint- Vénerand de Laval..
i
— 27
VIIÏ
L'acte de partage de 1687 entre les enfants de Jean
Ambroise et de Marie Péguineau nous apprend que
deux d'entre eux, Jean et Michel, avaient pris l'état de
leur père et que l'un des gendres, Jean Berthet, faisait
le commerce de la librairie ; toutefois dès la mort du
chef de famille, par acte du 22 février 1677, Jean Am-
broise avait acheté le fonds d'imprimerie, et c'est lui qui
continua l'industrie parternelle. 11 versa pour prix de
cette acquisition une somme de 600 livres, et s'engagea
à faire à sa mère une rente viagère de 100 livres. Son
frère Michel ayant quitté le monde pour prendre l'habit
religieux des Capucins, Jean, deuxième du nom, fut seul
à représenter la famille dans la profession qui a fait à
Laval la réputation attachée au nom des Ambroise.
Il avait épousé à Laval, vers 1671, Marie Fanouillais,
d'une famille dont on rencontre souvent le nom dans les
documents et les généalogies locales. Leur descendance
fut nombreuse. Neuf enfants sont encore représentés
dans un acte de 1722 concernant la succession de Marie
Fanouillais, leur mère. Jean Ambroise vivait encore,
mais il avait fait démission de ses biens en faveur de
ses enfants dont plusieurs suivaient la carrière pater-
nelle, tandis que d'autres avaient embrassé diverses vo-
cations. C'étaient :
1** Joseph Ambroise. marchand, époux de Jeanne Pi-
vron ;
2" Jacques Ambroise, marchand tanneur ;
3"" Daniel Ambroise, marchand poislier, époux de
Anne Lerouge ;
4*^ Louis-François Ambroise, imprimeur;
5° Jean Ambroise, imprimeur ;
6" Julien Ambroise, imprimeur, était défunt, mais ré-
présenté dans la succession par Françoise Roujou, sa
veuve, qui agissait au nom de ses enfants, savoir :
— 28 —
Françoise Ambroise, épouse de Joseph Ghesnel, impri-
meur ; — René Ambroise, clerc tonsuré ; — Marie ;
7** Louise- Angélique, était morte laisssant un fils de
Olivier Cailler, marchand tissier, qu'elle avait épousé
en 1717.
S'* Jeanne, qui épousa en 1727 Jean Gourcier ;
9** Anne Ambroise ^
Avant d'énumérer les ouvrages et les opuscules im-
primés par Jean Ambroise, nous rapporterons avec quel-
ques détails une anecdote qui touche à l'histoire de
l'imprimerie et qui nous permettra de jeter un regard
quelque peu indiscret dans la maison du maître impri-
meur. Les incidents un peu vivants sont trop rares pour
que nous nous privions de raconter celui-ci.
Au mois d'octobre 1690, le sieur Marc-Antoine Ro-
ger, opérateur oculiste, demeurant à Paris, se trouvait
en tournée à Laval et voulant faire imprimer « des re-
ceptes de Torviétan qu'il vendoit, » il s'adressa à maître
Ambroise. Il vit à cette occasion dans l'atelier une plan-
che composée et quelques feuilles déjà tirées d'une bro-
chure qui lui parut singulière. — C'est une drôlerie qui
pourrait être vendue sur un théâtre, lui dit Ambroise avec
l'intention évidente de proposer sa marchandise à son
client quelque peu charlatan ; — Je ne m'occupe pas de ven-
dre ces bagatelles, répondit le praticien avec dignité. Il
prit toutefois pour lui un exemplaire de la première feuille
du tirage, qui portait ce titre Sermon sur V excellence
du vin. Il le lut et en fut scandalisé. Comme il avait
1. Ces données généalogiques sont déduites de deux actes re-
latifs à la succession et aux dettes de Jean Ambroise, qui se trou-
vent dans la liasse B 325 des archives départementales, et d'ex-
traits des anciens registres paroissiaux. Je ne suis pas absolu-
ment sûr que ces renseignements soient complets. Une alliance
entre Julien Ambroise et Julienne Hardy que je ne sais à qui rat-
tacher, a donné : René, tonsuré en 1751, et Louis-Joseph qui
épousa en 1764 Julienne Buchet. de Saint-Germain-d'Anxure.
(Isinuat. eccles. et cabinet de M. L. Garnier).
- âd -
dans sa clientèle le fils du juge de police, le vendeur
dorviétan ne manqua pas de lui parler du libelle, d'au-
tant qu'il se plaignait amèrement du curé de la Trinité
qui prêchait contre lui à son prône, et qui ferait bien
mieux, ajoutait-il, de surveiller et dénoncer ses parois-
siens. L'opérateur porta encore ses doléances contre
Pierre Bureau, curé de la Trinité, à un père Jacobin,
qu'il consulta pour savoir si en conscience son état
était damnable. — Vous pouvez vous y sauver, répond
le directeur. — Que M. le curé porte donc son zèle con-
tre l'auteur de cette impiété, dit Marc- Antoine Roger,
en présentant au religieux la feuille qu'il s'est procurée,
et qui, prétendait-il, avait déjà été répandue dans le pu-
blic. Le Jacobin dut répondre que M. Bureau n'épar-
gnait pas plus ses paroissiens que les étrangers, car
c'était la vérité, et qu'il s'attirait même par l'âpreté de
son zèle de nombreuses inimitiés.
Jean Ambroise eut un autre dénonciateur dans la per-
sonne de maître René Ruffin, avocat à Laval. Celui-ci,
dès le mois de septembre, s'étant rendu pour affaires
chez l'imprimeur, y trouva nombreuse société : c'étaient
messires Julien Martin et Urbain Leblanc, prêtres de la
ville, et Joseph Lebreton, curé de Simple, puis mes-
sieurs André Petit, procureur du grenier à sel de la
Gravelle et Charles Quihéry, praticien. Tous semblaient
les familiers de la maison car après avoir visité l'atelier
et conversé assez longuement, ils s'attablèrent pour col-
lationner sous prétexte que les ecclésiastiques ne pou-
vaient, d'après les statuts diocésains, le faire à l'auberge.
Dans l'intimité de cette réunion amicale, on se montra
même une pétition plaisamment versifiée adressée à l'é-
vêque du Mans contre cette interdiction gênante. La
conversation roula ensuite sur l'opuscule qui se compo-
sait à l'imprimerie. Maître RulTin fit ses remontrances à
- âO-
Jean Ambroise qui répondit que si le latin qui s'y trou-
vait était répréhensible il n'en savait rien, ne le compre-
nant point, que d'ailleurs cette drôlerie avait déjà été
imprimée en d'autres villes et dernièrement à Paris,
qu'enfin le manuscrit lui en avait été donné par les sieurs
Lucé et Rachellé, commis de monsieur de Sinfray, direc-
teur des gabelles.
L'affaire était trop ébruitée pour ne pas arriver aux
oreilles de la justice qui dut en informer. On reconnut
que le Sermon sur U excellence du vin^ comprenant
deux petites feuilles d'impression, contenait plusieurs
passages de la Sainte-Ecriture appliqués à la débauche,
et que Fépigraphe Bonum vinum laetificat cor homi-
num était dite, par profanation, tirée (Je la loi de Bacchus.
Diverses sentences s'y rencontraient aussi contraires
aux bonnes mœurs.
Jean Ambroise fut condamné à la confiscation et à la
destruction du livret, à cent sols d'amende et autant en
aumône aux hôpitaux, puis fut cité à comparaître devant
le tribunal pour être admonesté. Il ne semble pas qu'il
ait accepté de bien bonne grâce la réprimande, car le
procès-verbal constate seulement qu'il répliqua : « Je
répondrai après avoir consulté mon conseil^ »
Les publications connues du second des Ambroise, re-
lativement nombreuses, se renferment dans une période
qui commence à l'année 1684 et se termine en 1713.
Les Observations sur la coutume de Bretagne^ décri-
tes ci-après, feraient honneur à n'importe quel atelier
de province. Les autres, dont suit l'énumération, n'ont
rien de remarquable.
Prières pour implorer l'assistance de Dieu contre
les Turcs, avec une brève instruction pour gagner le
jubilé. — Laval., Jean Ambroise., 4684^.
1. Arch. dép., B 32.
2. Arch. dép., B 1051.
PLANCHE IV.
OBSERVATIONS
SOMMAIRES
s VR LA
COUTUME
DE BRETAGNE,
POUR FAIRE CONNOITRE LE SENS QU'ELLE
avoic dam fon Origine, & ccluy que l'Ulàge luy a donné,
AVEC LA REDVCTION
DE LA MEME COVTVME,
feloû rordre des Matières , èc la
pratique ordinaire du Palais.
fat Me PIERRE ABEL , Avocat en Parlement.
^'mê
A LAVAL,
CliŒ TiAW A M B îl o I « t , Imprimeur div Roy , & de Monreigncui
|USDu6I>Sl.ATA.tMOUILLE. M. DC LXXXIX.
Réduction aux 3/5.
ORIGINAL : Dimensions 0.238 sur 0,178.
- 32 -
Règlement pour la manufacture des toiles de la
ville et comté de Laval. — Laval, Jean Ambroise^
168^. In-4«de 28 pages i.
Observations | sommaires | sur la | coutume | de
BRETAGNE | pour faire connottre le sens quelle \ avoit
dans son origine, et celui que l'usage luy a donné.
I Avec la réduction \ de la même coutume., \ selon
l'ordre des matières., et la \ pratique ordinaire du
Palais. I Par M^ Pierre Abel^ avocat en Parlement. \
A Laval., \ chez Jean Ambroise. imprimeur du Roy.,
et de Monseigneur \ le duc de là Trémouille. M, DC.
LXXXIX. I Avec privilège. \ (Planche TV).
In-4°, comprenant, outre le titre, 52 pages pour la pré-
face, 338 pages pour le premier ouvrage : Observations
sommaires, etc., nouveau titre et 214 pages pour la
Réduction de la coutume., etc., plus 6 feuillets non pa-
ginés pour la table méthodique et une page à' errata.
Un extrait de l'arrêt du Parlement de Bretagne du
30 décembre 1686, qui se trouve à la suite de la table,
nous apprend qu'un nommé Garnier avait voulu troubler
Jean Ambroise dans la possession de son privilège, et
que défense lui avait été faite de l'imprimer ou vendre
sous peine d'une amende de 3000 livres et de confisca-
tion des exemplaires au profit du sieur Ambroise.
C'est à beaucoup près l'ouvrage le plus considérable
sorti des presses lavalloises avant le XIX^ siècle. Il a
d'ailleurs bonne apparence avec ses grandes marges, un
beau papier, une disposition typographique bien conçue
et d'une exécution irréprochable. Ce volume peut soute-
nir la comparaison avec ce qui se faisait de mieux dans
le même genre à la fin du XVIP siècle.
On sait que l'auteur caché sous le pseudonyme de
M® Pierre Abel est René de la Bigottière, sieur de Per-
1. Cabinet de M. E. Queruau-Lamerie.
- 33 -
PLANCHE «V.
INSTITVTION
DE LA CONFRAIRIE
DV S. SJCREMENT
DE L'AVTEL.
Eriges dans l*Eglifc Paroijftalc de U
Sainte Trinité de Laval , Rétablie
Joubs l'authoritê de Monjçigneptr
L'jUulhtJJtme ^ Révérend ijftme
I Loiiis de Lavergne Montenard de
Trejfan Evefque du Mans,
A LAVAL.
pat jiAN Ambhoisb Imprimeur de Mon
fcigucuc le Duc de la Trcjnoillc. i7otf.<
Réduction aux 3/4.
ORIGINAL : Dimensions 0,139 sur 0,087.
— 34 -
chambault, né à Angers le 9 janvier 1640, conseiller
au parlement de Bretagne, mort à Rennes en 1727 ^
Prières ordonnées par Monseigneur l'Evesque du
Mans pour dire aux églises oii sont les stations du
Jubilé. — Laval^' Jean Ambroise, 1690^'i
Libelle sur l'excellence du vin, avec cette épi-
graphe ; Bonum viiium lœtificat cor hominis^.
Pratiques dévotes et fort utiles a l'honneur de
LA TRÈs-SAiNTE VIERGE, ETC. G'c.st la scconde édition
d'un opuscule déjà mentionné. Nous la croyons des der-
nières années du XVIP siècle ; mais le seul exemplaire
connu n'a pas de titre et est incomplet de plusieurs pa-
Petit in-8, plus grand toutefois que la première édi-
tion. Il n'a que 71 pages et reproduit exactement le texte
premier.
Ordre et instruction pour gagner le Jubilé de
l'année sainte 1103^ dans la ville de Laval. — Laval.,
Jean Ambroise, 1703'^.
Institution | de la confrairie | du s. sacrement |
de l'autel I érigée dans l'église paroissiale de la \
Sainte Trinité de Laval., rétablie \ soubs l'authorité
de Monseigneur \ l'Illustrissime et Rêver endissinie \
Louis de Lavergne Montenard de \ Tressan Evesque
du Mans. \ A Laval., \ par Jean Anibroise, impri-
meur de Mon \ seigneur le Duc de la Trémoïlle., 1106.
(Planche V).
1. Collection personnelle et bibliothèque de la ville d'Angers.
2. Arch. dép. B. 1051.
3. Arch. dép., B 32.
4. Gab. de M. L. Garnier.
5. Arch. dép. B 1051.
- 35 ~
Cachet au chiffre de N.-S. avec les mots Nomen Do-
mini laudabile.
Au verso, autre cachet plus grand dans un cartouche.
Petit in-12, 42 pages.
A la fin, attestation de L. Bureau, docteur de Sorbonne,
chanoine de Chartres. — A Laval, 22 septembre 1706 ^
Relation de ce qui s'est passé de plus magnifique^
de plus pompeux, de plus auguste; pendant Voctave
de la canonisation de Saint Pie F, Pape.... Par made-
moiselle Denisot. I Laval., Jean Amhroise., 1713^.
Le volume suivant destiné aux membres d'une œuvre
de charité lavalloise, fut imprimé à Paris alors que
Jean Ambroise produisait des œuvres importantes. Cela
n'a rien de très extraordinaire en soi, et nous verrons
le fait se reproduire presque chaque année du temps de
L.-F. Ambroise. Il faut remarquer toutefois que tous
les exemplaires ont un titre imprimé sur une feuille rap-
portée, ce qu'en librairie on nomme un carton. Serait-ce
l'indice de la substitution d'un nom d'imprimeur à un
autre, ou seulement d'une correction à introduire dans
cette première feuille ?
Reglemens I de la I COMPAGNIE | DE CHARITÉ | éta-
blie dans la ville de Laval \ contenant deux parties.
I Uune qui regarde les Dames., \ et l'autre les Sœurs.
I Avec l'ordonnance de Monsei \ gneur l'Evêque du
Mans, et \ l'agrément de son Altesse Madame la du-
chesse de la Trémoïlle. \ A Paris. \ Chez Clément
Gasse., proche \ S. Estienne du Mont. \ Avec appro-
bation et permission. — S. D. Le permis d'imprimer
est du 30 mars 1684, signé : De la Raynie.
Petit in-8 de 121 pages chiffrées.
1. Cabinet de M. L. Garnier.
2. Cité dans V Histoire de Laval, p. 461, par M. Couanier de
Launay qui en donne des extraits, ce livret avait été signalé à
son apparition par BourjoUy, II, p. 188.
- 36 -
On en connaît cinq ou six exemplaires, tous d'une
conservation intacte, ce qui semble indiquer qu'ils ne
furent pas d'un usage prolongé.
IX
Jean Ambroise vivait encore en 1722, mais fort âgé et
ayant cédé son imprimerie à ses enfants comme il leur
avait fait démission de ses biens. Quoique nous voyions
à cette époque trois de ses fils et un de ses gendres
prendre la qualité d'imprimeurs, il n'eut comme succes-
seur établi à Laval que Louis-François Ambroise, les
autres n'ayant sans doute jamais exercé qu'à titre d'as-
sociés.
Louis-François Ambroise avait épousé vers 1718 Per-
rine-Gharlotte Chevillard, l'aîné (?) de ses enfants étant
né le premier mars 1720. En 1758, il avait deux garçons
et quatre filles. Sur ces six enfants, quatre seulement
vivaient encore en 1770 à la mort de leur père :
1^ René-Louis Ambroise, qui, « abandonnant pour le
sacerdoce la profession héréditaire de sa famille, devait
lui donner par sa mort la plus sainte des illustrations ^ » :
il mourut pour la foi, le 21 janvier 1794.
2© perrine-Gharlotte Ambroise, qui épousa Louis de
la Broise, écuyer,
3** Victoire Ambroise de la Billonnière, non mariée.
4^ Charlotte-Madeleine Ambroise, qui épousa Guil-
laume Hovius, imprimeur à La Flèche de 1727 à 1747.
Devenue veuve, elle garda la direction de l'atelier jus-
qu'en 1759, époque où l'imprimerie ne dut plus avoir à
la Flèche qu'un seul titulaire 2.
Cette dernière sembla prendre à tâche de couvrir de
1. J.-M. Richard, Bulletin de la Commission, etc., 2® série,
tome I, p. 266.
2. M. Seb. de la Bouillerie à qui je dois ces renseignements
nomme l'imprimeur Fléchois Louis Hovius.
- 37 -
honte la famille très-honorable à laquelle elle apparte-
nait. Veuve et mère de deux enfants, elle était revenue
s'établir à Laval près de la Trinité dans le voisinage de
son père. Bientôt sa maison devint le rendez-vous « de
la canaille des faubourgs, » dit énergiquement madame
de la Jourdonnière dans sa correspondance avec son
fils. Jour et nuit, elle recevait chez elle des femmes dé-
bauchées et des gens « de la lie du peuple. » C'était un
scandale public sur lequel le malheureux père ferma les
yeux tant qu'il put. L'abbé Ambroise en était justement
indigné et les voisins murmuraient contre cette fai-
blesse paternelle.
Or, chose étrange ! quand Louis-François Ambroise
voulut enfin, en l'année 1766, prendre des mesures sévè-
res trop justifiées contre celle qui s'oubliait ainsi, quand
il se fut décidé à faire appel à la justice, les magistrats
montrèrent une partialité incroyable pour la fille, et
trente témoins qui avaient d'abord déclamé hautement
contre le scandale, s'étant rétractés sous la pression
d'une indigne servante, le père fut débouté de sa plainte
et condamné à des dépens envers la veuve Hovius.
Mais celle-ci ne tarda pas à donner raison plus scan-
daleusement aux plaintes de sa famille. Précédemment
elle avait voulu vendre ses meubles pour aller à An-
gers avec deux misérables. Internée aux Bénédictines
de Laval, elle en était sortie une heure après et avait
passé la nuit dans un champ de blé. Cette fois, sous la
menace d'une lettre de cachet, elle se sauva à Paris
<( habillée en homme. » Elle y fut arrêtée pourtant,
mais ce ne fut que le 26 octobre 1769 que fut signée la
lettre de cachet « ordonnant que Charlotte-Madeleine
Ambroise, veuve de Guillaume Hovius, serait détenue
dans la communauté de la Trinité de la ville de Ren-
nes ^ »
1. Communication de M. E. Queruau-Lamerie.
- 38 -
Elle semble y avoir reconnu ses torts, car elle y vi-
vait encore en 1783, et une lettre qu'elle écrit à sa fa-
mille pour qu'elle veille à ses intérêts est empreinte de
bons sentiments \
Nous ne savons ni dans quelle maison, ni dans quelle
rue s'étaient établis et avaient travaillé les deux pre-
miers Ambroise ; Louis-François acquit en 1731, pour
une rente amortissable de 212 livres, une maison de la
rue dès Curés, près de la porte Beucheresse, et il y ins-
talla ses ateliers et sa famille. La maison avec ses dé-
pendances avait façade sur la rue des Curés et était
adossée aux murs de la ville qui la séparaient de la
place nouvellement nivelée et plantée par le sieur
Hardy de Lévaré dont elle a retenu le nom. Le nou-
veau propriétaire obtint du duc de la Trémoïlle la
permission d'abord d'éclairer sa cuisine par une fe-
nêtre ouverte dans le mur de ville et donnant sur
la place nouvelle, puis de percer dans le même mur,
entre deux tours, une porte qui lui donnait accès direct
sur la place, les fossés ayant été comblés 2.
Après ce coup d'œil jeté sur la vie et les affaires do-
mestiques de Louis-François Ambroise, voyons ce qu'il
fut comme imprimeur. « Il avait obtenu, par arrêt du
Conseil du 31 décembre 1718, l'autorisation d'exercer
cette profession, en produisant un certificat de Sébas-
tien Durand, maître imprimeur à Rennes, qui déclarait
l'avoir employé pendant sept mois et le trouver capable
de gouverner une imprimerie, et le témoignage de son
père attestant, lui aussi, qu'il le tenait comm"è expert en
son art, l'ayant dès son bas-âge formé à la pratique du
1. Archives du château de la Motte-Serant, en Montflours. On
y voit que la famille Ambroise possédait la métairie de la Petite-
Ame.
2. J.-M. Richard, Bulletin de la Commission, etc., 2« série,
tome L p. 337-338.
- 39 -
métier, puis l'ayant envoyé s'exercer en diverses villes
de Bretagne ^ » Gomme son père, il eut quelques démê-
lés avec la justice, car son art n'était pas plus sans
péril alors qu'il ne Test devenu de nos jours. La simple
et inoffensive publication d'un recueil de prières à l'occa-
sion du jubilé attira la foudre, une foudre bénigne, sur
sa tête en 1745. Le malheureux avait, au mépris des pri-
vilèges du chapitre de Saint-Thugal, donné un rang
secondaire à cette église dans l'ordre de celles qui de-
vaient servir de stations aux processions, et les chanoi-
nes ne pouvaient manquer de réclamer leur droit de
préséance. Ils le firent avec un grand luxe d'érudi-
tion, qui, contre leur intention, a servi largement à faire
connaître les œuvres des Ambroise, imprimeurs, par le
soin qu'ils mirent à rappeler tous les opuscules anté-
rieurs sortis des mêmes presses et qui établissaient le
bien fondé de leurs prétentions. Pour rendre hommage
à la vérité ou pour détourner les sévérités de la justice,
Louis-François reconaut avoir agi par inadvertance, et
promit d'être à l'avenir respectueux des privilèges de
Saint-Thugal. Il en fut quitte pour cette amende hono-
rable 2.
Nous voulons croire que l'imprimeur lavallois n'avait
eu aucune mauvaise intention en dépossédant les chanoi-
nes des honneurs accoutumés. Nous devons dire pour-
tant qu'il était véhémentement soupçonné de jansé-
nisme, et que ceux de cette secte avaient des préférences
pour le chapitre de Saint-Michel, dont les titulaires
étaient généralement entachés des mêmes erreurs. Des
écrivains sérieux ont même prétendu que maître Am-
broise prêtait clandestinement ses presses aux Nouvel-
les ecclésiastiques, que rédigeaient les disciples de l'é-
vêque d'Ypres ; on va jusqu'à désigner la maison de la rue
1. J.-M, Richard : Commission Historique etc, loco citato.
2. Arch. départ., B, 1051.
— 40 —
Renaise où cette imprimerie fonctionnait, déroutant tou-
tes les recherches de la justice. La question ne sera
sans doute jamais éclaircie quoiqu'elle mérite d'exercer
la sagacité des chercheurs ^ Nous ne pouvons donner
qu'un indice, c'est la quantité relativement considéra-
ble de caractères qui fut trouvée après le décès du
sieur Ambroise à son domicile, quantité tout à fait dis-
proportionnée avec les besoins d'une imprimerie qui offi-
ciellement n'a jamais produit que des bagatelles, et qui
avait besoin du concours des presses de la Flèche, du
Mans, d'Angers pour approvisionner sa librairie des
ouvrages spéciaux au public lavallois.
La page suivante, que nous aimons à emprunter au
travail consciencieux de M. Richard, nous dira d'où en
était le commerce des livres à Laval au milieu du siè-
cle dernier, et combien la boutique de Louis-François
Ambroise était pauvrement approvisionnée :
« A vrai dire, si l'imprimerie d'Ambroise suffisait aux
besoins des Lavallois, il n'en était pas de même de sa
librairie, et l'on se plaignait de la difficulté de se pro-
curer des livres. Pichot de la Graverie se fait l'écho de
ces plaintes 2.
« En 1755, les habitants de Laval adressèrent à l'au-
torité quelques réclamations ; ils ne trouvaient pas chez
Ambroise les livres qu'ils désiraient acquérir, et, comme
tout privilège crée des obligations, ils demandaient de
le contraindre à se mieux approvisionner. Le 9 janvier
1. Sans répéter ce qui a été dit par MM. Bouillier et S. Coua-
nier de Launay, je me bornerai à reproduire ici une note extraite
d'un travail inédit du R. P. Le Lasseur sur les auteurs jansénis-
tes : « Les Ambroise étaient imprimeurs à Laval depuis plus
d'un siècle et en telle réputation de jansénisme que Louis-Fran-
çois avait été soupçonne de prêter ses presses aux Nouvelles ec-
clésiastiques. » Les Nouvelles ecclésiastiques commencent en fé-
vrier 1728. Les années comprises entre cette date et celle de 1760
sont analysées dans deux volumes de table. La publication se
continue jusqu'en juin 1791.
2. Gouanier de Launay, Hist. de Laval, p. 511.
- 41 —
1756, le juge ordinaire, M. Le Pannetier des Salles, ac-
compagné du procureur fiscal, qui remplissait alors à
Laval les fonctions de ministère public, et du greffier, se
rend chez Ambroise « à l'effet de recevoir sa décla-
ration sur le nombre et la qualité des livres qu'il a ou
doit avoir pour le service public et l'usage des différents
états, d'ecclésiastiques, personnes de robe et de médecine,
pour l'usage des collèges et des écoles particulières. »
Ambroise leur montre « dans un dressoir, un petit nom-
bre de volumes, entre autres des Heures à l'usage du
Mans, les Sermons de M. Fléchier, Discours de l'Aca-
démie françoise. Sermons du P. Bourdaloue, l'Histoire
ecclésiastique, Spectacle de la Nature, Pensées Chré-
tiennes. » Le juge alors lui expose la plainte dont il est
saisi : il ne peut, dit-on, fournir des livres « à tous ceux
qui en ont besoin et souhaiteroient en achepter, à quoy
ledit Ambroise a répondu qu'il n'en avoit jamais refusé
à personne et que si on lui en demande quelqu'un, il le
fait venir de Paris. »
« Quelques mois plus tard, les mêmes magistrats se
transportaient à l'Hôtel du Chêne- Vert, pour examiner
quatre malles de livres amenées par René Davoust, li-
braire à Mayenne, en vue de la foire de Toussaint et
les trouvant « tous orthodoxes et suivant les bonnes
mœurs, » ils s'empressaient d'en autoriser la ventée »
En vue d'une réduction projetée dans le nombre des
imprimeries du royaume, une enquête avait été ordon-
née par l'intendant de la généralité résidant à Tours. Le
sieur Dupont, subdélégué à Laval, se rendit au domicile
d'Ambroise et fit l'inventaire de son matériel. Il trouva
dans l'atelier deux presses et les caractèrs d'imprime-
rie suivants : petit-texte, romain et italique ; — cicéro,
romain et italique ; — du Saint-Augustin, romain et
1. B. 944. — M. J.-M. Richard, Commission Historique^ etc.,
loco citato.
— 42 -
italique ; — du gros-romain avec son italique ; — gros-
canon avec son italique; — gros-parangon. Tous ces
caractères étaient neufs depuis cinq ans.
Quant à l'opinion du subdélégué sur l'oportunité de la
suppression ou du maintien d'une imprimerie à Laval,
elle était favorable, on le conçoit, à la conservation d'une
industrie utile dans la ville qu'il habitait et il l'exprima
en ces termes :
« Notre ville paraît assez considérable pour espérer
être dans le nombre de celles à qui on conservera une
imprimerie. Elle y est d'ailleurs nécessaire aux divers
bureaux de régie, qui autrement seroient obligés de s'a-
dresser aux villes voisines pour leurs registres.
(f Quoique le sieur Ambroise soit seul imprimeur, il
n est pas riche, et s'il n'avoit quelque bien de patri-
moine, son imprimerie ne suffiroit pas pour faire subsis-
ter sa famille. Notre juge de police m'a dit être content
de lui, et de la façon dont il exerce sa librairie.
« Laval, 17 février 1758. (Signé) Dupont*. »
Ce bon témoignage rendu à Louis Ambroise par les
juges autorisés ne sauva pas en principe l'imprimerie qui
de droit demeura supprimée à Laval ; en fait et par une
faveur accordée au titulaire et à sa femme, ceux-ci pou-
vaient continuer leur commerce et leur industrie, leur
vie durant.
Toutefois l'imprimerie, qui n'avait jamais eu à Laval
une vie bien active, fut plus que jamais languissante et
frappée à mort par cette décision supérieure. Le titu-
laire était déjà vieux, il n'avait plus d'espoir de remet-
tre son fonds à un membre de sa famille puisque son fils
unique était prêtre, ni même à un étranger à cause de
l'arrêt de suppression ; il négligea donc un état dont il
ne sentait plus le besoin et dont le profit était médiocre.
1, Arch. d'Indre-et-Loire, G. 344.
- 43 —
On verra dans la nomenclature des ouvrages impri-
més du temps de Louis-François Ambroise, que pres-
que tous ceux qu'il mit en vente ne sortaient même pas
de son atelier et avaient été composés par des impri-
meurs de la Flèche, et que d'autres plus nombreux dont
le public avait besoin et qu'il réclamait inutilement au
paresseux atelier de la rue des Curés, étaient fournis
par des imprimeurs d'Angers et du Mans. Un état ma-
nuscrit « des livres classiques, impressions et relieure
fourny à Monsieur [L.-F. Ambroise] de la Baderie »
montre que ce n'était plus lui qui produisait les modes-
tes travaux de son art : billets pour l'hôpital ou pour la
fabrique de la Trinité, placards pour les tragédies du
collège, qui continuaient encore de lui être demandés.
Nous croyons que ce mémoire manuscrit fut rédigé vers
1768 par Gab. Andouard qui, autorisé ou non, impri-
mait déjà, et c'est une preuve que nous donnons d'a-
vance de la qualité que nous lui attribuerons plus tard.
Le 23 juillet 1770 sur le bruit du décès de M^ Louis-
François Ambroise qui serait arrivé la veille, l'officier
public se présenta à son domicile, rue des Curés, pour
apposer les scellés, deux des héritiers étant absents et
hors de la province. René-Louis Ambroise, prêtre, qui
se trouvait à la maison avec sa sœur Françoise, répon-
dit que son père était trop malade pour qu'on pénétrât
dans sa chambre, mais qu'il n'était pas mort. Ainsi
éconduit, le magistrat soupçonnant qu'on voulait lui ca-
cher la mort de l'imprimeur pour soustraire des effets
de la succession, revint un peu plus tard et de fait cons-
tata le décès et procéda à l'apposition des scellés ^
Nous savons par la levée des mêmes scellés qui eut
lieu à la requête de tous les intéressés le 7 août suivant,
dans quel état se trouvait le matériel d'imprimerie. L'a-
1. Arch. départ., B 108.
_ 44 —
telier était installé dans une chambre au second étage et
dans une galerie. On y trouva une vieille presse hors
d'usage, et une autre en bon état. Plusieurs planches
étaient encore composées, mais depuis quel temps ! La
quantité de caractères de divers types qu'on découvrit
entassés çà et là était si considérable que le l^"" octobre,
quand on voulut les recueillir pour les déposer au greffe,
on en remplit vingt-cinq sacs de toile*.
Ce fut la sépulture d'une industrie que trois généra-
tions d'une même famille avaient exercée à Laval pen-
dant plus d'un siècle.
Voici la liste des maigres publications du dernier des
Ambroise que nous avons pu rencontrer.
RÈGLEMENT | pour \ Us avocuts I du siège ordinaire
I du I Comté Pairie de Laval.
In-4**, comprenant une feuille de garde ornée d'un
grand écusson aux armes de la Trémoïlle, 14 pages de
texte et une feuille pour la Liste des avocats dudit siège
ordinaire du Comté^Pairie de Laval, suivant l'ordre
de leur réception. — i724. Sans indication de lieu, mais
facile à reconnaître comme une production locale ~.
Instruction pour gagner le jubilé accordé par N.
S. P. le Pape Benoist XIII., avec les prières pour les
stations. — i724.
Instruction /?(9«r ^rto'/ie/' le jubilé de l'année 1121.,
accordé par N. S. P. le Pape Benoist XIII., et les priè-
res pour chaque station. — 1121 .
Règlement pour le commerce des toiles donné par
le Roy. — In-4*^ de 28 pages, 1730.
1. Ibid., B 946.
2. Collection personnelle.
- 45 -
Lettres patentes d* établissement de UHôpital Gé-
néral de la Charité de la ville de Laval. — 1131.
Discours pour l'ouverture des audiences du siège
ordinaire de Laval., de 1151, sur la naissance de M^^ le
duc de Bourgogne (par M. Pichot de la Graverie). —
In-4° de 8 pages,
1730-1770. Programmes des représentations et des
exercices publics des élèves du collège de Laval^,
Pratiques | dévotes | et fort utiles | a l'honneur
de la très-sainte vierge. I A l'imitation de ses voya-
ges aux Saints \ Lieux durant sa vie, et nommémens
I avant son bien-heureux trépas. \ A Laval., \ chez
L.-F. Ambroise., imprimeur du Boy. \ M. D. CC. LVIL
Vignette double extrêmement grossière représentant
Notre-Seigneur et la Sainte- Vierge (Planche VI).
C'est la troisième édition de l'opuscule imprimé en 1677
pour la première fois. On n'en connaît jusqu'à présent
que les deux premières feuilles formant seize petites pa-
ges pliées comme nos in-4^, mais n'ayant pas même le
format d'un in-12. Cette réimpression ajoute aux éditions
précédentes un cantique à chaque station et apporte aussi
quelques modifications de détails. Elle est très incor-
recte 2.
Nous donnons maintenant l'en-tête de cinq placards
publiés et signés par Louis-François Ambroise.
Ordonnance de police (portant « défenses à tous
chartiers de venir avec leurs charrettes aux jours de
foires et samedy de chaque semaine... si ce n'est pour
amener des grains aux marchez, n) — Laval., 6 juillet
11^9. (Signé) Le Pannetier et C. Frin. — 30x23.
1. Les six derniers articles nous sont connus par une gracieuse
communication de M. E. Queruau-Lamerie.
2. Collection personnelle.
Ordonnance | de police | donnée à Laval le 3 juil-
let 1751. I (Elle prescrit l'emploi du boisseau contenant
22 pintes et chopines de graine de lin, mesure de Paris,
marqué trois fois sur les bords du mot Laval^ et trois
fois de chaque côté d'un léopard, etc.) Placard in-f.
46X351.
Ordonnance | de police | concernant les foires
de la ville et I COMTÉ-PAIRIE DE LAVAL | Donnée à
Laval., le 15 février 1152.
A Laval., chez Louis-François Ambroise, imprimeur
du Roy.
2 feuilles in-f**, ensemble : 63x43.
De par le roy | ordonnance | pour les exempts, |
A monseigneur I MONSEIGNEUR l'iNTENDANT DE LA GÉ-
NÉRALITÉ I DE TOURS. I (Pour prévenir l'abus de ceux
qui profitaient de la présence dans leur maison d'un
exempt pour se soustraire au tarif).
Fait à Angers, 17 octobre 1753.
A LAVAL, chez Louis-FRANÇOis AMBROISE, imprimeur
dnroy. In-f« 47x35.
De par le roy. | a monseigneur ' monseigneur
l' INTENDANT DE LA C N.iilALITÉ | DE TOURS. | (Au SUJct
'i; 'o'.enifMi (les . <'. guerre et du recensement des
• ' (H. ri*' >■ il ' t faubourg).
OIS AMBROiSE, imprimeur
da ruy. Deux leu^ii^s iii-i , ensemble : 78x48.
Les publications pui suivent ont été faites pour sup-
1. Les deux premiers articles n'ont pas d'indication d'origine,
mais comme ils portent en tête le double écusson — grossier et
incorrect — aux armes de la TrémoïUe, qu'on retrouve sur les
trois derniers placards, il n'y a pas lieu de douter de leur prove-
nance.
47 —
PLANCHE VI.
PRATIQUES
DÉVOTES
ET FORT UTILES
A L'HONNEUR DE LA
TRÉS-SAINTE VIERGE.
A limitation de fes Voyages aux Saint:
lieux durant fa vie , ^ nommémem
dvant fin bien-heureux trépas.
A LAVAL.
ChezL. F. Ambroise, Impùmcux du Roy*
M. D. ce. LVII.
Réductions aux 3/4
ORIGINAL ; Dimensions 0,163 sur 0,102.
- 48 -
pléer à l'insuffisance des ateliers de M. L.-F. Ambroise
et pour satisfaire aux demandes des habitants.
Cantiques | spirituels. | Ou Recueil imcomparable
des plus I heaux^ des plus instructifs et des \ plus ré-
créatifs Cantiques pour cha \ que dimanche de l'an-
née^ et prin \ cipaux mystères de notre religion \ en
faveur des âmes véritablement \ pieuses et qui aiment
à chariter les \ louanges du Seigneur et de ses \ Saints^
pour leur servir de recréation et d'heureux passe-
temps sur I des airs faciles et communs^ à \ l'usage
des Missions et retraites. A La Plèche \ De l'impri-
merie de Louis de \ la Fosse ^ Imprimeur du roy. \
Et se vend chez M. Ambroise^ imprimeur à Laval. \
M. DCC. XLIIL
Petit in-8, contenant : quatre feuillets non chiffrés,
d'avis aux enfants, 441 pages de texte, six feuillets
non chiffrés de table et deux feuillets d'errata *.
Statuts | de la confrérie | des prêtres | érigée |
EN l'église COLLEGIALE | DE s.-TUGAL DE LAVAL. | Con-
firmée par Notre Saint Père le Pape Grégoire XIII \ l'an
de grâce 1580. \ Avec l'office des morts, \ à l'usage des
confrères de ladite confrérie. \ A Angers^ \ Chez Louis-
Charles Barrière^ imprimeur \ libraire^ rue S.-Laud,
à la Science \ M. DCC. XLVIII. \ Avec approbation.
Petit in-4** de trois feuillets non chiffrés pour le titre et
l'avertissement de cette nouvelle édition ; et 84 pages
de texte.
Nous savons par l'avertissement de cette édition
qu'elle avait été précédée de deux autres entièrement
épuisées mais dont on ne nous fait connaître ni le lieu,
ni la date 2.
1. Collection personnelle.
2. Cabinet de M. Louis Garnier.
- 49 -
Exercice de piété | a l'usage des pensionnaires
DU monastère I DES | RELIGIEUSES | BÉNÉDICTINES | DE
LAVAL I Contenant les prières du matin et du \ soir,
méthode pour entendre la sainte \ messe, examen de
concience, prié \ res pour la confession et commu \
nion, etc. A Paris \ chez les imprimeurs associés. \
M.DCC. LXIVK
Instructions | pour les | confrères | et sœurs |
DE LA CONFRÉRIE DU TRÈS-SAINT-SACREMENT. Erigée en
l'Eglise paroissiale de \ Saint-Vénérand.^ de la ville
de I Laval., Diocèse du Mans, le 5 \ juillet 1605. Par
M. Marie de Renaize., P^^. — Non confunditur Fratres
eos vocare. \ Heb. 2., v. II. \ Le Fils de Dieu na pas
honte I de les appeler ses Frères. \ A La Flèche, \ aux
dépens de la Confrérie. \ M. DCC. LXX. Petit in- 12 de
102 pages 2.
Statuts | de la confrérie | des prêtres, | érigée \
en l'église collégiale \ de S. Tugal de Laval., \ confir^
mée par Notre Saint Père le Pape \ Grégoire XIII,
l'an de grâce 1580. \ Avec l'office des Morts. \ A l'u-
sage des confrères de la dite confrérie. \ Première
édition latine et françoise. \ Au Mans., chez Charles
Monnoyer., Impri \ meur du roi, de Monsieur et de \
Monseigneur l'Evêque. \ M. DCC. LXXXI. \ Avec ap-
probation. In-12 de quatre feuillets non chiffrés mais
qui comptent cependant pour huit pages dans la pagi-
nation totale, soit 167 pages.
Dans cette quatrième édition l'Avertissement a subi
diverses modifications. On y annonce la traduction en
français de l'office des morts, l'insertion d'une nouvelle
délibération de l'assemblée des confrères (27 juillet
1. Cabinet de M. L. Garnier.
2. Ibid.
— 50 —
1780), et l'admission dans la confrérie de Monseigneur
François-Gaspard-Jouffroy de Gonssans*.
Recueil | d'instructions | et | prières, | a l'usage
DE LA confrérie | DU S. SACREMENT, | érigée dans l'é-
glise paroissiale \ de la Très-Sainte Trinité de \ La-
val. I Au Mans, \ chez Charles Monnayer^ \ rue du
Grand Pont-Neuf . \ M.DCC.LXXXVII, avec permission
et approbation. Petit in- 12 de 202 pages de texte et ii
pour la table 2.
X
Nous avons dit précédemment que Joseph Chesnel,
époux de Françoise Ambroise, était qualifié du titre
d'imprimeur dans l'acte de partage de la succession de
Jean Ambroise et de Marie Péguineau, père et mère de
sa femme. Sans que nous connaissions aucune œuvre
sortie de son atelier, nous devons pourtant le considé-
rer non comme un simple ouvrier de son beau-frère,
mais comme imprimeur en titre, puisqu'il fit toutes les
démarches voulues pour être autorisé à s'établir à Laval
en son nom. Les formalités qu'il eut à remplir pour ob-
tenir cette autorisation nous apprendront les règles que
l'on suivait en pareil cas.
Joseph-Pierre Chesnel avait dû d'abord solliciter de
Monseigneur le duc de la Trémoïlle, comte de Laval, la
permission de s'établir dans cette ville et d'y exercer sa
profession pour le service du public. Muni des lettres
favorables du suzerain, en date du 9 juillet 1723, le péti-
tionnaire se présenta à M. Lelong, juge ordinaire du
comté et maire perpétuel du comté-pairie de Laval,
avec une supplique appuyée des pièces qui établissaient
son aptitude à la profession d'imprimeur. Les certificats
1. Collection personnelle, assez commun.
2. Collection personnelle.
- 51 —
d'études, d'apprentissage et de capacité qu'il produisait
lui avaient été donnés par deux libraires-imprimeurs de
Rennes. Le juge-maire adressa le pétitionnaire à M. Le-
clerc des Gaudèches, procureur-lîscal, qui prescrivit
une enquête sur les vie et mœurs du suppliant.
Tout cela avait lieu le 8 mars 1724. Le môme jour en-
core, l'huissier chargé des assignations rencontrait sur
la place publique MM. Joseph Chéruau, prêtre, Joseph
Démaillé, maître chirurgien, et Hierôme Gallais, sieur
du Ronceray, soit qu'ils s'y trouvassent par hasard,
soit plutôt que, convoqués par Joseph Chesnel, ils at-
tendissent l'appel de Tofficier public pour comparaître
et déposer devant le juge ordinaire.
Ils le firent dans les termes identiques d'un formu-
laire, d'après lequel tous connaissaient le suppliant
comme « fort honnête homme, de la religion catholique,
apostolique et romaine, de bonnes vie et mœurs et ca-
pable d'exercer l'art et profession d'imprimeur ^ »
Quand nous connaîtrons un livre ou une brochure
imprimé par Joseph-Pierre Chesnel, il ne manquera
plus rien pour établir qu'il fut en droit et en fait impri-
meur à Laval.
Avant de quitter la famille Ambroise, nous rappelle-
rons encore les noms de ceux qui, sans avoir été les ti-
tulaires de l'atelier, exercèrent néanmoins à titre d'as-
sociés la profession paternelle et qui prennent dans des
actes officiels la qualité d'imprimeurs. Ce sont :
Michel Ambroise, fils de Jean Ambroise et de Marie
Péguineau, qui suivit la carrière héréditaire avant de se
rendre capucin en 1687.
Jean Ambroise, mort jeune sans doute, et sans al-
liance, car il n'est cité que dans le seul acte de 1722 qui
le qualifie d'imprimeur.
Julien Ambroise exerça la même profession, mais il
\, Arch. départ. y B 859.
— S2 —
était mort en 1722, laissant Françoise Roujou, sa veuve,
tutrice de leurs enfants. Ces deux derniers étaient frè-
res de Louis-François Ambroise.
Plusieurs membres de la famille tinrent la librairie
sans avoir jamais été directeurs d'une imprimerie. Un
atelier de reliure était d'ailleurs toujours annexé à l'im-
primerie et c'est pour des travaux de ce métier que les
Ambroise figurent le plus souvent dans les comptes de
fabrique d'un grand nombre de paroisses.
En 1760, 1763, 1770, mademoiselle Ambroise tient la
librairie pendant que son père garde toujours le titre
sinon la fonction d'imprimeur. Nous trouvons même un
sieur Gervais Ambroise qui fait, comme libraire, quel-
ques fournitures à la fabrique d'Avesnières en 1787, et
qui n'est signalé nulle part ailleurs à notre connaissance.
En 1722, 1723, une des filles de Jean Ambroise et de
Marie Ghevillard fabriquait et vendait des ornements
d'église.
XI
D'après les renseignements que l'on possédait jus-
qu'à ce jour sur Gabriel Andouard, on ne devrait lui
attribuer d'autre qualité que celle de libraire, qui lui
est reconnue dans son acte d'installation à Laval, et
celle de graveur, puisqu'il a signé plusieurs vues de
l'ancien Laval, aujourd'hui rares et précieuses. Nous
avons toutefois la preuve qu'il fut imprimeur, non seu-
lement parce que son apprentissage chez d'Expilly l'in-
diquait déjà, mais parce que nous possédons des témoins
de l'exercice de son art à Laval. Nous lui donnerons
donc une place dans la liste des imprimeurs lavallois.
Gabriel Andouard, né dans la paroisse d'Avesnières,
y fut ondoyé le 12 juillet 1732. Il travailla pendant huit
ans à Paris dans la librairie, en particulier chez Jacques
d'Expilly, et songea ensuite à venir s'établir au pays
— 53 —
natal. Muni d'un certificat de Monsieur Lebel, recteur
de l'Université de Paris, attestant à la date du 15 jan-
vier 1765, qu'il savait lire le latin et le grec, et qu'il
était capable d'exercer Tétat de libraire, d'un autre cer-
tificat des sieurs Garreau, Leprince et Delarue, syndics
des imprimeurs de la ville de Paris, témoignant qu'il
avait toujours travaillé à la librairie « et qu'il s'y étoit
comporté en honneur, » il se présenta au juge de Laval,
Joseph de Launay, qui ne manqua pas de donner un
avis favorable à son admission. Car « il est intéressant,
dit-il, pour le bien public, qu'il y ait un libraire reçu
pour cette ville, qu'il tienne boutique et magasin de li-
vres, et soit en état d'en fournir aux habitants de cette
ville de tous les différents états, le seul imprimeur-li-
braire qui soit à Laval étant très avancé en âge et hors
d'état de rendre aucuns services au public, n'ayant au-
cuns enfants ni gendres qui puissent exercer cette
profession, le seul fils qu'il ait étant prêtre, et d'ailleurs
ne tenant aucune boutique ni magasin de livres pour le
service du public, ce qui est constaté par un procès-
verbal fait chez lui par notre prédécesseur ^ »
Gabriel Andouard put donc s'établir à Laval avec le
titre de libraire seulement, mais en réalité exerçant dans
une certaine limite la profession d'imprimeur. Nous ne
pouvons attribuer à un autre qu'à lui une note déjà citée,
<( des livres classiques, impressions et reliure fournys à
monsieur [L.-F. Ambroise] de la Badrie, » où nous
voyons figurer : 400 billets pour l'hôpital, 400 billets
pour la fabrique de la Trinité, papier et impression ;
40 placards pour la Tragédie.
Enfin si cette facture non signée reste d'une prove-
nance un peu douteuse, le manuel dont nous donnons ici
le titre est une preuve péremptoire de la qualité que
nous attribuons au sieur Andouard.
1. Arch. déparu, B 912.
— 54 —
Pratiques | de piété, | et instructions familières,
I pour les pensionnaires et écolières \ des Religieuses
Ursulines de la congrégation de Bordeaux. \ Aug-
mentées des vêpres et complies \ du dimanche^ avec
toute l'office de la Vierge en françois. \ A Laval, \
chez Andouard, libraire. \ Avec Permission \ M.DCC.
LXXXIX. I Petit iii-12, de 360 pages i (Planche VII).
L'imprimerie ayant été supprimée en droit à Laval,
on comprend que le nouveau titulaire n'ait exercé cette
profession qu'avec discrétion et sans attirer l'attention
des hauts fonctionnaires sur son industie.
Vers l'année 1769, alors que L.-F. Ambroise vivait
encore et que déjà Gab. Andouard s'était fixé à Laval,
M. l'Intendant de la Généralité dit dans un projet de
rapport à l'administration supérieure que « deux librai-
res paraissent nécessaires à Laval. Cette ville est fort
peuplée d'assez riches négociants. Et comme elle est
éloignée de quatorze lieues d'Angers et de pareille dis-
tance de la Flèche, où il y a des libraires établis, ces
deux libraires peuvent faire un commerce étendu, et
fournir des livres aux villes de Mayenne qt Château-
Gontier qui n'en sont éloignées que de six lieues et où
il paroît que les libraires ne peuvent subsister 2. »
Gabriel Andouard figure souvent dans les livres de
comptes du receveur des petites écoles de Laval pour
fournitures de livres, comme catéchismes, livres d'heu-
res, etc., de 1771 à 1782 3.
Malgré ces preuves qui nous permettent de donner à
Gabriel Andouard sa place dans la liste des imprimeurs
lavallois, son nom restera surtout connu parmi nous
pour les cinq vues du vieux Laval, précieux témoins de
1. Collection personnelle.
2. Ârch. d'Indre-et-Loire y G 347.
3. Arch. du Bureau de bienfaisance de Laval.
— 5S —
PLANCHE VII.
PRATIQUES
DE PIÉTÉ.
ET INSTRUCTIONS
FAMILIERES,
Pour les Ptnfionnairei fi* Ecolitres
dts Ref'tgifufes VrfuUnes de ta
Congrégation de Bordeaux*
jiufffruiuits des Vêpres & Complus dit,
Dimanche t avec toute CO^ice de /•%
i^ierge en français.
A L A FA I ,
Chez ANDOUARDi Libraire.
Réduction aux 3/4.
ORIGINAL : Dimensions, 0,124 sur 0,C
l'état de la ville à cette époque. Il était établi sur le
Vieux-Pont. Nous savons, par le témoignage d'un con-
temporain, que Gabriel Andouard vivait encore vers
1815 dans sa maison sur le Vieux-Pont, et qu'il y faisait
toujours le commerce d'estampes. Sans doute il ajoutait
à cette branche d'un commerce peu étendu la vente de
la papeterie et des livres les plus usuels.
Nous avons trouvé aussi mention d'une demoiselle
Andouard, qui, dans les années qui ont précédé la Ré-
volution, tenait un magasin de librairie. Peut-être était-
elle la sœur et l'associée de Gabriel. Andouard ^
A. Angot.
1. Ibid.
l
RECHERCHES
SUR DIVERS TITULAIRES
DE MAGISTRATURES, CHARGES ET OFFICES'
DE LA VILLE ET DU COMTÉ DE LAVAL
(Suite)
LISTE
DES JUGES CIVILS, CRIMINELS, GÉNÉRAUX, DE POLICE, LIEUTE-
NANTS GÉNÉRAUX ET PARTICULIERS, JUGES DES EXEMPTS,
LIEUTENANTS DES EXEMPTS.
(Par ordre alphabétique).
(Fin).
PIERRE-RENE ENJUBAULT DE LA ROCHE
Fils de Pierre Enjubault, conseiller du roi, avocat au pré-
sidial de Ghâteau-Gontier et de Madeleine Berthelot.
Il épousa Catherine Enjubault, fut nommé député aux
Etats généraux de 1789 et condamné à mort par le tribunal
révolutionnaire le 2 février 1794.
Armes : d'azur à une tête d'ange d'argent *.
1. Mém. généa., T. VII.
— 58 —
GILLES DE FARCY, ÉCUYER
Juge ordinaire, civil et criminel, enquesteur au siège de Laval
1600.
Né en 1602, fils de Annibal de Farcy, seigneur de Saint-
Laurent et de Guyonne de Launay.
Il résigna volontairement sa charge en 1672 en faveur de
François de Farcy de la Daguerie.
« MM. Gilles et François de Farcy s' de la Daguerie ont
« occupé de suite la même place pendant plus de vingt an-
« nées.
« La nature les avait partagés de ses plus beaux talents,
a une sublimité de génie, une vive pénétration, une surpre-
« nante facilité à s'expliquer et prononcer les oracles de la
« justice, une éloquence insinuante et polie, les ont distin-
« gués et rendus recommandables.
« Les règlements du 7 janvier 1662, du 16 novembre 1675
a et l'arrêt du parlement de la même année contre les offî-
« ciers du siège des exempts ont été les dignes fruits de leur
« fermeté et de leur attention pour la conservation de l'hon-
* neur du siège ordinaire ^ »
FRANÇOIS FARCY, ÉCUYER, S' DE LA DAGUERIE
maire de Laval
1672.
Fils de René Farcy écuyer, s. de la Daguerie et de dame
Marie de Gennes ; il épousa le 24 janvier 1673 d"® Marie du
Breil, fille de Jean du Breil et de dame Anne Guyllot '.
Il fut reçu en l'office de juge ordinaire civil et criminel,
sénéchal ordinaire, premier maître auditeur en la chambre
des comptes à la place de son oncle qui se démit de ces
charges en sa faveur. En 1672 le juge et le procureur des
exempts le firent assigner devant la Cour pour lui interdire
1. Pichot de la Graverie.
2. Mém. généalog.
— so-
dé prendre la qualité de juge ; mais un arrêt du parlement
lui donna gain de cause *.
« M"" François Farcy de la Daguerie, juge ordinaire géné-
« rai civil et criminel du comté-pairie de Laval fit le 16 no-
c vembre 1675 le : Règlement des droits et salaii-es des ser-
« gents du Comté Pairie et les charges auxquelles ils sont
« tenus dans leurs fonctions a{>ec le catalogue de leurs
« noms et résidences, (sans nom d'imprimeur).
Il est signé : F. Farcy, juge ; — André Guillot de la Celle-
rie lieutenant particulier civil et criminel, enquesteur du
comté-pairie; — R. le Moyne; — Martin; — Gaultier, gref-
fier*.
Un autre règlement du 8 novembre 1674 imprimé à Laval
chez Ambroise, est intitulé :
Règlement des droits, vacations et salaires du greffier du
siège ordinaire du Comté-Pairie de LavaP.
« Du 17 août 1675. — Sur la requête des avocats du siège
« ordinaire. M*" de Farcy de la Daguerie, juge, donne un
({ tableau qui règle conformément à l'ordonnance de 1667 la
« taxe des dépends et règle les droits des avocats et leurs
« honoraires, non compris les droits du greffe et salaire des
« huissiers (sans nom d'imprimeur).
Signé : François Farcy, Sévin. *A. Guillot, Martin, R. le
Moyne.
Dans une lettre d'un habitant de Laval datée du mois de
juin 1682 adressée à Monseigneur Le Pelletier, intendant, rue
de la Perle, à Paris, nous relevons le passage suivant :
« Au reste les murailles et les fossés de Laval sont affer-
me mes à des particuliers assez cher pour subvenir aux pen-
ce sions, que le roy pourroit donner à un gouverneur ; outre
• qu'un particulier nommé Farcy ci-devant juge et maire de
a Laval a rompu les murailles d'un boulevard et y a bâti
1. Recherches historiques, 15.
2. Ibid.
3. Ibid.
4. Recherches hist.^ 15.
- 60 -
« pour 30,000 liv. de bâtiments, appuyé de- M. l'intendant
a qui est son protecteur *. »
Armes : Fretté d*or et d*azur^ au chef de gueules,
PIERRE LE FEBVRE DE LAUBINIÈRE
lieutenant général civil et criminel
1626
Fils de Pierre le Febvre et de N.... ; il épousa Marie Ma-
rest.
CLAUDE FOUCAULT DE LA MONTAGNE
conseiller du roi, lieutenant général, civil et criminel
1678
Fils de Claude Foucault, s. de la Montagne et de dame
Marguerite de Launay : il épousa Jacquine Chariot de Beau-
regard, eut six enfants dont le dernier fut Jacques qui suit* :
JACQUES-JEAN FOUCAULT DE VAUGUYON
conseiller, lieutenant au siège des traites
1715
Fils du précédent. Il épousa Renée de la Porte.
La Famille Foucault, ancienne à Laval a formé les bran-
ches de Laubinière, des Bigottières, de Vauguyon ; elle fut
anoblie au XVIIP siècle.
Armes : d'azur à la bande d'or^ accostée de six besans
d'argent '.
LÉON FOUREAU
Juge général et criminel, maire de Laval.
1759.
Fils de noble Léon Foureau et de Françoise Guays : il na-
1. Recherches hist. — On veut parler ici de l'hôtel de Pont-
farcy situé autrefois à l'angle opposé au passage qui conduisait
à la rue du Jeu-de-Paume.
2. Mém. généal., mns.
3. Ibid.
- 61 -
quit en 1722, épousa en 1750 sa cousine Françoise Guays,
et mourut en 1769 K
M. Foureau avait d'abord rempli la charge de juge des
exempts :
« Le 14 avril 1747 M. L. Foureau a été reçu et installé
« dans l'office de juge des exempts par appel et pour les cas
« royaux. Il y a été présenté par M. Jean-Baptiste Hardy
« avocat qui a fait un très solide compliment. Lui-même
« après son installation a fait et très bien prononcé un beau
« et solide remerciement. S'il continue à s'appliquer il for-
« mera un magistrat accompli et remettra son siège dans
« toute la splendeur. Il a succédé au s'" Frin qui avait possédé
« cette charge pendant dix ans, mais qui s'étant dérangé
« dans sa fortune par de trop grandes dépenses, fut obligé
« de la vendre pour payer ses créanciers.
« Cette charge a coûté au s"" Foureau tant pour le prix
« principal que pour ses provisions et voyages plus de
« 10,000 liv.^ »
Il devint juge et maire de Laval en 1759.
« On a tenu une assemblée générale de la maison de ville,
« je n'ai pas cru devoir y assister, mais on m'a rapporté
a qu'on n'y avait pas gardé toutes les bienséances et qu'il y
« avait eu des altercations, des reproches et des injures.
c( Il s'agissait de nommer un maire au lieu et place de
« M. Hardy qu'on ne voulait pas continuer. Deux cabales s'é-
« taient formées pour le choix du nouveau maire et d'un éche-
« vin, au lieu et place de M"^ Duchemin de Saint-Céneré,
« celle de la maison de ville et celle de tous les officiers de
« magistrature. On proposa MM. Foureau, Frin, procureur
« fiscal et Duchemin de la Jarossaye pour être choisis. Tous
« les officiers de judicature voulaient M. le Clerc du Moulin,
« maire, mais l'autre cabale était pour M"" Foureau et l'em-
« porta de quatre voix^ (Vendredi 28 décembre 1759).
Le 30 décembre 1762, il fut continué pour trois ans dans la
1. Mém. généal. mus.
2. Pichot de la Graverie.
'{. Idem.
-> 62 -
charge de maire « à Funanimité et avec l'applaudissement de
« toute la maison de ville et de tous les bons habitants*. »
Lorsqu'il devint maire en 1759 il quitta sa maison pour
venir loger à l'Hôtel-de- Ville. Il est le premier maire qui l'ait
occupé. Comme maire il remplissait aussi les fonctions de
colonel de la milice bourgeoise. Lorsqu'il la commandait il
portait un uniforme rouge à parements bleus ^
M. Foureau était un homme intègre et un magistrat ac-
compli ; animé des sentiment de la plus vive piété il commen-
çait ainsi son testament daté du 23 mai 1768.
« Dies Domini sicut fur adveniet. Pénétré de cette terrible
« vérité, j'écris et consigne ici mes dernières volontés »
Son portrait se trouve à l'Hôtel-de- Ville de Laval.
Armes : d'argent à 2 lions affrontés de.... en chef et un
loup de... passant en pointe sur une terrasse de....
GABRIEL FRIN DU GUY-BOUTIER
conseiller du roi, lieutenant des exempts,
juge royal au siège de Laval.
1736.
Fils de Charles Frin du Guy Boutier, procureur du roi au
siège de Laval et de Ambroise-Anne Duchemin de Noise-
ment '.
« M. Gabriel Joseph Frin, s. du Guy Boutier, a été reçu et
« installé dans l'office de juge au siège royal.
« Il a été présenté par M. du Moulin procureur du roi, son
« beau-frère.
« Il a lui-même fait un discours. M. des Valettes président
« et M. de Laubinière lieutenant ont fait ses éloges et on n'y
« a pas oublié les louanges du père du fds et de toute la fa-
ce mille.
1. Registres de l'Hôtel-de-Ville.
2. Guittet de la HouUerie.
3. Mém. généal. mns.
— 63 -
« Tous les avocats sont allés au nombre de dix rendre
visite à M. Frin en robe. Il les avait prévenus et était allé
les voir chacun en particulier.
« Le s' Frin donne de grandes espérances et mettra sans
doute le siège royal dans son ancien éclat et dans ses pré-
rogatives qui ont été beaucoup altérées par l'incapacité de
M. Touchard, précédent juge royale
CHARLES-RENE-THOMAS FRIN DU GUYBOUTIER
conseiller du roi, président au siège royal
procureur fiscal, puis maire de Laval
1756.
Fils de Charles Frin du Guy Boutier et de Marie-Made-
leine Géhard de Ferrand. Il épousa Charlotte Jeanne Sal-
mon et mourut à Laval le 8 février 1798^.
« Le 25 février 1726 le s' Charles Frin du Guy Boutier a
« été reçu et installé dans l'ofTice de procureur fiscal à ce
« siège que lui avait vendu M, le Clerc s. des Gaudesches
« qui s'en démit pour prendre une charge de conseiller à la
« cour des monnayes, qui lui a donné la noblesse et toutes
< les exemptions qu'il souhaitoit.
« Ledit s. Charles Frin était auparavant procureur du roi
« au siège des exempts, mais étant d'une humeur très active
« et ne trouvant pas de quoi s'occuper dans la première, il
« préfera celle de procureur fiscal qu'on dit être l'une des
« premières de la ville pour l'autorité et pour l'occupation*. »
Armes : d'azur à 3 gerbes de blé d'or 2 et 1.
1. Pichot de la Graverie.
2. Mém. généal.
3. Pichot de la Graverie.
64
FLORENT GARNIER, S' DU TERTRE
lieutenant au siège royal
1639.
Né le 21 novembre 1620, fils de François Garnier, s. du
Tertre et de Françoise Marchais *.
FRANÇOIS GARNIER
lieutenant des exempts
1662
Né le 29 avril 1611, fils de René Garnier, s. de la Herber-
dière et de Françoise de la Court ^.
Armes : tranché d*o?' et d'azur à un lion de Vun et de
Vautre.
HYEROSME GAULTIER DES COYERS
juge de Laval.
1586.
Fils de Jean III* Gaultier et de N....
Etant juge de Laval, il se mit à la tête des habitants de la
ville pour repousser les calvinistes qui menaçaient la cité ;
pris au Gué-d'Orger par le duc de Mercœur, il fut conduit à
Nantes et mis à mort.
Nous avons publié une notice sur ce vaillant citoyen de La-
val avec son portrait, dans le Bulletin de la Société histori-
que et archéologique de la Mayenne. Nous demandons aux
lecteurs de bien vouloir s'y reporter '.
Nous le trouvons le 24 septembre 1586 rendant en qualité
de juge ordinaire, civil et criminel, une sentence adjugeant
1. Registres de baptême delà Trinité.
2. Tbid.
3. Bull. hist. de la Mayenne, 2« série, T. I, p. 354.
— 65 —
au Prieuré de Saint-Martin la somme de 5 livres de rente par
droit d'aubaine sur une maison appartenant à Jacques Gril et
située au bourg de Saint-Martin K
RENE GAULTIER DE LA VIEUXCOURT
juge de Laval
1680.
Fils de Hyérosme Gaultier du Cleray et de Marie Frin.
Le 30 août 1680 il acheta la terre de la Vieux-Court, en
Ahuillé, de René Brandelis de Champagne, M'* de Villaines.
MATHURIN GAULTIER DE MEROLLES
lieutenant de Laval
1715.
Fils de Mathurin Gaultier de la Vilatte et de Jeanne
Hoyau. Il épousa F'rançoise de Launay.
« Installé le 7 décembre 1715 en la place de lieutenant
« général possédée depuis 1710 par défunt son père Gaultier
€ de la Vilatte. »
Après avoir mentionné cette nomination M. Pichot de la
Graverie continue :
« Il fut jugé que celui qui avait l'office de crieur et décou-
a peur de poissons ne pouroit vendre aucun poisson directe-
« ment, ni indirectement. Ce droit appartient au seigneur de
a Laval et est ancien. M. Talon avocat fiscal fit voir les pre-
« mières provisions qui avaient été accordées pour l'exercer.
« On ne peut vendre qu'on nait appelé trois fois Monseigneur
« et le seigneur de la Coconière qui avoient le droit lors-
« qu'ils demeuroient en cette ville d'acheter les premiers
a leur poisson. Cet usage de les appeler à haute voix s'est
a toujours conservé *. »
1. Titres du prieuré de Saint-Martin.
2. Recueil des sentences, T. I.
- 66 -
M. Gaultier de Mérolles mourut en 1734 et sa charge fut
adjugée à l'audience pour la somme de 14000 liv. au s*" Mar-
tin de la Blanchardière *.
DANIEL GAULTIER DE LA VILLEAUDRAY
juge civil, maire de Laval.
1739
Fils de Jérôme Gaultier de la Villeaudray, élu à Laval,
secrétaire du roi et de Françoise le Hirbec. Il épousa Michèle
de Lemée^.
Il fut nommé en 1739, succédant à M. Gilles le Long de la
Besnardière, et installé le 14 mars 1740. Il mourut le 24 jan-
vier 1745.
« Jamais juge n'a eu de meilleurs intentions pour rendre à
« chacun le bon et juste droit qui pouroit lui appartenir,
« plus de zèle et d'amour pour le bien public, plus de soin
« plus d'ardeur pour la décoration et l'embellissement de
« cette ville.
« On lui doit l'établissement et le règlement pour les huis-
« siers, la construction de l'aqueduc pour les fontaines pu-
ce bliques qui diminue à l'avenir considérablement la dépense
« et leur entretien et fournira sans interruption l'eau néces-
« saire au public. »
« Il montra toujours la plus grande fermeté dans les as-
« semblées de l'Hôtel-de-Ville souvent tumultueuses et con-
« tribua avec M. Hardy de Lévaré aux importantes augnien-
« tations faites au château occupé par le juge civil. Il fît
« construire une fontaine en marbre sur la place sous la
c( chambre du conseil ^.
Armes : d'argent au lion d'or.
1. Pichot de la Graverie.
2. Mém. généal.
3. Pichot de la Graverie.
- 67 —
FRANÇOIS LE GEAY DES ASTELAIS
lieutenant particulier
1650
Fils de noble Jean le Geay, sgr des Astelais, de Mingé...
conseiller du roi à la Gravelle et de Renée le Meignan. Il ap-
partenait à une famille noble demeurant en Bretagne près
Fougères et dont les ancêtres prenaient le titre de damoi-
seau au XIII® siècle.
Il naquit en 1625 et épousa le 2 février 1655 Marie de la
Cour, dame des Touches *.
La famille le Geay était très ancienne et une généalogie
que nous possédons dans nos archives la fait remonter à
Raoul le Geay, chevalier, seigneur de Floigny près Château-
Thierry, qui vivait vers 1160 *.
Dès 1430 G. Le Doyen nous signale la présence des le Geay
dans le Maine :
« Le cueur du Cymetière Dieu
« De ce temps fut faict en ce lieu
< Edifiés par les chanoines
« Et fondeurs qui y prindrent peines.
a Dont motil fut l'un d'eux moult gay
« Nommé messire André le Gay
« Chanoine prébendez cyens.... »
En 1514 Jean le Geay était doyen de Laval. G. Le Doyen
nous apprend sa mort arrivée en 1532.
« Aujourd'hui Xï de juillet maistre Jehan le Geay, doyen
« de Laval et chanoine ancien du Cymetière-Dieu et curé
« de Ruillé-le-Gravelais, recessit ab humanis audit an. »
Les armes de la famille Le Geay étaient primitivement trois
têtes de geais arrachées d'or sur fond d'azur; elles furent
changées en 1540 par l'Empereur Charles-Quint en un aigle
regardant un soleil fixe '.
1. Mém. généal. mns., T. I.
2. Mém. généal. mns. T. I.
3. Ibid.
- 68 -
FRANÇOIS II LE GEAY DES ASTELAIS
lieutenant particulier
1690
Fils du précédent, né le 5 septembre 1656 ; mort le 28
novembre 1709 : seigneur de la Chauvinière, des Brosses....
Il épousa le 13 novembre 1683 Renée-Françoise Frin de la
Chauvinière *.
FRANÇOIS III LE JAY DES ASTELAIS
lieutenant particulier
1713.
Fils du précédent. Naquit le 11 septembre 1687 et mourut
en 1754. Il épousa le 1 août 1712 Marie-René Martin de la
Guerretière ^.
« M. Le Geay des Astelais lieutenant particulier a fait em-
« bellir l'église de la Trinité par la construction d'une chaire
« de fer ciselé et doré et de quatre beaux autels nouvelle-
a ment construits dans la nef.
« Il se dispose encore à faire faire un autre escalier en
« forme de fer à cheval qui sera très utile et moins dange-
« reux que celui que nous voyons ^ » 29 janvier 1734.
« Le 7 mars 1762 M. Le Geay lieutenant particulier de no-
ce tre siège est décédé attaqué d'une paralysie. Il était très
« zélé pour l'intérêt public et s'était acquitté avec désintéres-
« sèment des fonctions d'échevin et de procureur marguil-
« lier de la paroisse de la Trinité. Il est mort âgé de 74 ans.
« Il avait jugé à propos, d'écrire son nom par Jay, cepen-
« dant dans les anciens partages et titres de sa famille, on
1. Mém. généal.
2. Mém. généal. mns.
3. Pichot de la Graverie.
— 69 —
« écrivoit Geay et son père, lieutenant particulier l'écrivoit
« ainsi dans les sentences du siège ^
PIERRE GUAYS DE LA MENNERIE
lieutenant au siège royal
1642
11 naquit le 10 mai 1612 de René Guay et de Adnette de
Cornilleau, et épousa le 26 septembre 1641 René Chapelle.
Armes : de gueules ou guéridon d'argent, couronné de
même en chef-.
GUILLAUME GUÉRIN
lieutenant de Laval
1426
Il était sénéchal d'Entramnes dont il tint les pieds le 28
octobre 1414. Il était frère de Jean Guérin qui fonda en 1396
la chapelle dite aux Guérins, dans l'église de la Trinité.
La maison habitée par cette famille se nommait le Proces-
sionnal, et était située rue de la Trinité, à l'angle de la rue
Trouvée.
ANDRÉ GUILLOT DE LA CELLERIE
lieutenant particulier, général
1668-1685.
Fils de René Guyllot, s. de Montavallon et de Simonne
Marest. Il épousa Renée du Chesne *.
D'abord lieutenant particulier ; puis en 1685, lieutenant-
général.
1. Ibid.
2. Mém. généal., mus.
1. Registres de la Trinité.
- 70 —
RENÉ HARDY DE LÉVARÉ
juge ordinaire civil..., maire de Laval
1690-1713.
La famille Hardy est originaire de la paroisse du Genest.
Emery Hardy demeurait à la Bellangerie en 1342. Robert
Hardy vint s'établir à Laval en 1615 et se fit pourvoir d'une
charge de conseiller au siège de l'élection. René Hardy de
Lévaré était fils de Pierre Hardy de Lévaré et de Jeanne Mar-
tin de la Motte. Il épousa Renée Marguerite Frin de la Chau-
vinière *.
« M. René Hardy de Lévaré qui exerçait depuis plusieurs
« années à l'avantage du public l'office de juge de police
« fut choisi par préférence en l'année 1706 pour remplir les
« fonctions de juge civil qu'il a exercées pendant seize ans.
« Il fut magistrat éclairé, habile, éloquent, rempli des
a principes et des maximes du droit civil et françois, de nos
« coutumes, de nos ordonnances et de la jurisprudence des
« arrêts. Il possédait dans un souverain degré la science des
« usages et des règlemens du siège. Il fut soigneux infati-
« gable, zélé et curieux à procurer la beauté et la commodité
« des édifices publics. Le recueil des principales sentences
« rendues de son temps, rédigées par lui avec soin et régu-
« larité, plusieurs règlements de police et de judicature, dif-
« férents arrêts du Parlement qui ont confirmé ses senten-
« ces, le feront considérer avec juste raison comme un des
« plus grands magistrats qui ait occupé et honoré cette
« place. Il fut le premier maire perpétuel d'après l'édit du
« roi de 16921
« M. Hardy de Lévaré pendant le cours de sa magistra-
« ture fit réparer les rues de la ville et refaire à neuf les pa-
ie vés des arrivées et sorties qui étaient auparavant imprati-
« cables. Il fit faire la place de la porte Beucheresse, qu'on
< nomma place Hardy, où se tient le marché des bestiaux et
1. Mém. gêné al. mns.
2. Pichot de la Graverie.
— 71 —
« cochons tous les jeudis de chaque semaine. 11 fit embellir
« et rendre plus régulière la grande place entre les grandes
« halles et le palais et fit faire et paver la rue ou descente du
« roquet et la porte de l'entrée de la rue de Rivière qui était
« autrefois très dangereuse pour le passage des charrettes
« et carrosses.
« On fit établir de son temps l'hôpital des incurables cons-
€ truit et joint à l'hôpital des pauvres malades de Saint-Ju-
« lien. On fit construire plusieurs ports le long de la rivière
« et plusieurs lavanderies pour le blanchissage des toiles ^ »
AMBROISE JEAN HARDY DE LEVARE
juge de police, civil et ordinaire, maire de Laval
1723.
Fils du précédent. Né le 14 août 1700, mort le 10 mai 1780.
11 épousa Renée Julienne Martin de la Blanchardière. Il fut
installé à la place de son père le 22 février 1723 et destitué le
14 août 1727. On lui reprochait de défendre ses droits de po-
lice avec trop de fermeté contre les prétentions du duc de la
Trémouille.
« Ayant rendu, dit Pichot de la Graverie, plusieurs sen-
« tences qui déboutaient le procureur ficsal de ses remon-
« trances et demandes on lui remboursa le prix de sa charge
a et il remit ses provisions. Le public désaprouva cette des-
« titution ; M. Hardy s'acquit la confiance des habitans et
« devint un célèbre consultant. »
On revint pourtant à lui car le 30 décembre 1737 il fut
nommé procureur-syndic de l'Hôtel-de-Ville et maire de
Laval le 16 juin 1747.
1. Ihid. — M. René Hardy fit construire le portail qui fait
l'entrée de la rue de Rivière en l'année 1711. Il lit aussi en 1713
abattre les mauvaises maisons ou baraques qui étaient au haut
de la place et y fit bâtir le nouveau portail du nouveau château
où il demeuroit et mettre les deux grilles de fer qui sont des
deux côtés (Bourjolly, T. 2, p. 164).
- 72 —
Le 28 décembre 1753 dans une assemblée générale de la
maison de ville il fut réélu maire pour trois ans.
« Cette continuation a paru odieuse, parce que le s"" Hardy
« s'est maintenu dans la maison de ville soit comme procu-
« reur-syndic, soit comme maire pendant plus de douze ans,
« ce qui est une affectation marquée. Cependant il faut con-
« venir qu'il est capable, très laborieux et qu'il ne donna
« lieu à aucune plainte contre son administration, si ce n'est
« pour l'établissement du tarif ^ »
Le 30 décembre 1756 il fut encore nommé maire pour trois
ans, et fut le premier maire électif de Laval de 1747 à 1759.
Ces places de maires électifs avaient été créées par un édit
du roi en date du mois de décembre 1733.
Armes : de sable au lion couronné d'argent accomp. de
3 molettes de même 2et i.
DANIEL HAY DU CHATELET
écuyer, seigneur de la Motte, juge ordinaire, général,
civil et criminel
1592-1604.
Daniel Hay appartenait à une très ancienne maison de
Bretagne. Gautier Hay était seigneur de la Guerche et de
Pouancé au XP siècle. Vers 1349, dit la généalogie de Quatre-
barbes, une dame Hay de la famille du seigneur de Laval
(Geoffroy Hay, seigneur de la Guerche et de Pouancé avait
épousé en 1250 Anne de Laval fille de Guy VIT) fonda deux
messes par semaine qui devaient être dites au grand autel
de l'église de la Trinité de Laval, son fils Pierre Hay donna
le lieu des Onglées en Bonchamp pour accomplir les der-
nières volontés de sa mère.
Cette fondation fut augmentée par Jehanne Hay, petite-
fille de la testatrice, d'une rente de 7 livres.
1. Pichot de la Graverie. — M. Hardy, maire, par une pa-
tience à toute épreuve et par un travail assidu, vint à bout de
faire cesser la taille et d'abolir le tarif (Guittet de la HouUerie).
- 73 —
En 1494, Philippe de Luxembourg, cardinal, évéque du
Mans, transféra cette fondation dans la chapelle du château
de Pareneau en Parné *.
Guillaume Hay tient les pieds de la commanderie du Breil-
aux-Francs en 1398. Pierre est sénéchal de Thévales en 1430.
Daniel Hay était fils de Jean Hay, sieur du Plessis et des Né-
tumières, conseiller au parlement de Bretagne en 1554 et de
Perrine Chevalerie.
Il fut baptisé le 20 avril 1563 et épousa en 1589, Gilette de
Pelineuc^.
Il eut la gloire d'avoir deux fils membres de l'Académie
Française.
1° Paul Hay du Chastelet avocat général au Parlement de
Bretagne, puis maître des requêtes et membre de l'Académie
Française.
2° Daniel Hay de la Motte, curé d'Andouillé, doyen de
Saint-Tugal, abbé de Cambon et académicien*.
Armes : de sable au lion d'argent.
RENE HENNIER
lieutenant civil et criminel
1508
Fils de Jean Hennier dont nous parle Le Doyen à propos
du mystère de Sainte Barbe joué à Bootz, en 1493.
Il est fait mention de ce Hennier comme député du Comté
de Laval à l'assemblée de la province réunie au Mans le 7
octobre 1508 pour la réformation de la coutume du Maine.
On lui reprocha, ainsi qu'à François de la Pommeraye, aussi
député, de n'avoir pas assez défendu les intérêts du comté et
d'avoir, malgré les droits les plus anciens et les mieux ac-
quis, laissé admettre qu'il pouvait être divisé *.
1. Recherches Historiques.
2. Abbé Anis, Commission Hist., p. 499.
3. Hist. des Comm. et Chap. de Laval, p. 51.
4. Note de G. le Doyen.
— 74 -
Il était licencié ès-loix et se maria deux fois : 1° avec Per-
rine Bouglier ; 2° avec N.... Denuault*.
Il mourut en 1521.
« Celuy an, sans rien denger
« Mourut maistre René Hennier
« Et le saiziesme de décembre
« Tout ainsi que je me remembre ^. »
Il habitait une maison qui dépendait du château et s'appe-
lait le Perron des Demoiselles.
Nous avons trouvé un Pierre Hennier qui aurait été vers
1500, chanoine, juge de tout le Maine et l'Anjou et ayant des
lieutenants dans toutes les villes de ces provinces.
Un autre Macé Hennier fut commis en 1444 par le parle-
ment pour « connoître des causes des exempts au comté de
« Laval'. »
FRANÇOIS-RENE D HOUILLERES
juge des exempts
1509.
Il appartenait à une très ancienne famille du Bas-Maine
connue à Laval depuis le XIV^ siècle.
En 1503 René d'Houillères, licencié es lois, acheta de Gil-
les de Brée les moulins à blé et à draps du Châtelier ou Jar-
retay, situés sur la Mayenne en Nuillé-sur-Vicoin*.
Il épousa Hardouine N. ... et eut un fils François, marié à
Adnette Marest. Jacques Pierre et François leurs trois fils
devinrent la souche des d'Houillères, seigneurs du Bois-Bu-
reau, Jupellière, Maisoncelles et le Bignon ^
Armes : de sable à la croix pattée et laisée d'or *.
1. Mém. généal. mns.
2. G. le Doyen.
3. Le Blanc de la Vignolle.
4. Titres de Fouilloux.
5. Hist. généal. mns.
6. Généal. Quatrebarbes.
— 75 —
ROBERT DES LANDES
licencié en droit, lieutenant général
1567.
On trouve son nom dans deux anciennes pancartes : Tune
contenant des extraits des Mémoires et factums au sujet des
droits de péages^ ménages et fenestrages : l'autre : Concer-
nant les statuts et ordonnances de la Préi^oté de La^>al^.
JEAN-FRANÇOIS DE LAUNAY DES CEPEAUX
lieutenant de Laval, juge de police
1765.
Fils de Joseph de Launay de Montaleu, élu au siège de
Laval ^ et de Anne le Febvre, né le 28 décembre 1697, mort
le 21 juillet 17781
Il était conseiller du roi, et fut reçu juge de police le 3 mai
1765 à la place de M. le Pennetier. Il céda sa place de lieute-
nant particulier à M. le Balleur, sénéchal de Thévales*.
FRANÇOIS DE LAUNAY DE PINCHAULT
Nous avons trouvé, dans les registres de baptême de Saint-
Vénérand, François de Launay, lieutenant particulier en
1626. Il était fils de Jean Daniel de Launay et de Marie de
Bonnaire et avait épousé : 1° Catherine de Fleur ; 2° Margue-
rite le Roy.
JEAN-JOSEPH DE LAUNAY DES CEPEAUX
juge ordinaire, auditeur de la chambre des comptes de Laval
1781.
Fils de Jean-François de Launay des Cepeaux, juge de
1. Rech. hist., T. XV, p. 205.
2. « Etant échevin il rempHt les fonctions de maire (1745-47)
(Guittet de la Houllerie).
3. Mém. généaL, T. I.
4. Pichot de la Graverie.
— 76 -
police, et de Marie Journeil. Il naquit le 8 octobre 1731 et
épousa Louise Duchemin du Flécheray. Il mourut le 27 avril
1791.
Les de Launay, seigneurs de Beaulieu, de la Ragotière, de
Montaleu..., appartenaient à une des meilleures familles du
Bas-Maine. Le premier de la généalogie que nous possédons
se nommait Jean de Launay, s. de Beaulieu et vivait au XIV®
siècle .
Alliances : de l'Angellerie, d'Andigné, de Goué, Bérault,
Beudin, de Farcy, Foucault, de Bonnaire, Duchemin, le
Geay, Courte, de Perchambault.
Armes : de sable à 3 canettes d'argent 2 et i^.
N... LE LIEPVRE
lieutenant à Laval
16...
PIERRE LETOURNEURS DE LA GUITONNIÈRE
juge ordinaire
1732.
e M. Pierre Letourneurs, avocat, fut pourvu de l'office de
« juge de police au lieu de M. Hardy de Lévaré : il a été ins-
« tallé aujourd'hui 19 mai 1731 ^ »
« Dimanche 14 janvier 1748. M. Pierre Letourneurs, juge
« de police du siège ordinaire, est décédé. »
« D'un caractère très faible et très indécis il avait négligé
« de faire exécuter avec vigueur des ordonnances et règle-
« ments de police. M. le Pannetier lui a succédé^. »
Armes : d'argent au cheç^ron de gueules^ en chef 2 mer-
lettes de sable, en pointe une tour de inême^ soutenue d'un
croissant d'azur.
1. Mém. généal., T. I.
2. Pichot de la Graverie.
3. Idem.
- 73 -
MICHEL LE LONG DU GENETAY
lieutenant-général
1717.
Conseiller du roi, époux de Renée le Clerc est le même
que le suivant.
GILLES MICHEL LE LONG DE LA BESNARDIÈRE
juge ordinaire, maire perpétuel.
1723.
Il naquit le 13 avril 1666, fils de noble Jacques Le Long de
la Besnardière et de Michelle Moland \ époux de Renée le
Clerc.
Sa famille, originaire de Laval, était ancienne. En 1462,
Jehan le Long, sénéchal de Laval, y tenait les assises le 14
janvier ^.
Alexandre le Long fut chantre et chanoine de Saint-Tugal
en 1587. Son frère N.... Le Long était en 1597 gouverneur
calviniste de la ville de Laval ^
« M. Gilles Le Long de la Besnardière succéda à M. Hardy
« de Lévaré le 15 novembre 1723. Doué d'un esprit pénétrant
« vif et élevé, il a soutenu le poids et l'honneur de la magis-
« trature avec dignité. 11 se présentoit, possédoit et pronon-
ce çoit avec une majesté et une grâce propres à le faire respec-
« ter.
a Généreux, libéral, il a siégé et représenté avec magni-
a ficence. De son temps fut adopté le règlement des avocats
« du 5 février 1724, qui sert de base et de fondement à la
« discipline et l'union de leur corps et qui a été. reçu et exé-
t cuté aux applaudissements et à l'avantage du public *. »
Le 25 mai 1711 il devint maire de Laval.
« Il y eut de son temps de grands mouvements et procès
« à son occasion, parce que ayant voulu s'arroger une auto-
1. Registres de la Trinité.
2. Titres de Lencheneil.
3. Recherches historiques.
4. Pichot de la Graverie.
- 74 —
« rite très despotique et qui approchoit de la tyrannie, il
(( donna lieu au mécontentement des principaux habitans et
« officiers et les porta à le vouloir faire destituer de la mairie
« et à demander un règlement pour l'administration de la
« maison de ville*. »
Il resta maire après avoir été contraint de donner le règle-
ment demandé. Il dut aussi faire relâcher en leur faisant des
excuses, M. le Geay des Astelais, lieutenant particulier ;
Davazé et Garnier, echevins, qu'il avait fait enfermer dans le
château de Laval, ayant obtenu un ordre de M. de Froullay,
gouverneur de Laval, son ami et son protecteur ^.
Le 30 mars 1736 il posa la première pierre du nouveau bâ-
timent pour loger les vieillards à l'hospice général de Saint-
Louis ^
Il mourut le 16 septembre 1739 et fut enterré à Saint-Tu-
gal*.
« M. Gilles Michel le Long de la Besnardière est décédé
« sur les 3 heures après midi.
« On peut dire à sa louange qu'il avait l'extérieur d'un
< grand magistrat. Il se présentoit et présidoit avec grâce,
« prononçoit avec facilité et gravité. Il ne brilloit pas moins
« dans les repas somptueux e tdélicats qu'il donnoit de bonne
« grâce dans les occasions qu'il se ménageoit avec plaisir.
« Lorsque la prévention à laquelle il se livroit aisément ne
« le faisoit pas agir, il se conduisoit par les lumières de la
« raison et rencontroit assez juste quoiqu'il n'eût pas de
« sciences et de principes. Il aimoit peu le travail et il étoit
« obligé de s'en rapportera des greffiers ou commis pour
« faire les extraits des procès dont il étoit rapporteur ce qui
« est dangereux ''.
Armes : d'or au lièvre d'azur courant en bande accomp.
de 3 épées de gueules 2 et V.
1. Pichot de la Graverie.
2. Idem.
3. Recherches historiques.
4. Hist. des Comm. et Chap. de Laçai.
5. Pichot de la Graverie.
6. Armoriai manuscrit. — Un autre Gilles le Long, s. de la
Troussière, conseiller du roi, fut élu à Laval ; il avait épousé Mar-
— 75 -
AIMERY LOUET
juge des exempts
1481.
Cité dans un aveu de Chanteloup du 20 décembre 1466
« Hemery Louet possédant la maison de la Salle *.
Armes : d'azur à 3 coquilles d'or 2 et i^.
PIERRE MAREST, S. DE LA TREMBLAYE
conseiller du roi, juge des exempts
1627-1645.
Pierre Marest, s. de la Ragotière et.de la Tremblaye, était
fils de Jacques Marest IIP du nom, seigneur de la Ragotière.
Il épousa Andrée Chapelet et mourut vers 1653 ^
Le 30 janvier 1627 un arrêt du Parlement, rendu contre les
officiers du Mans, maintint Pierre Marest, seigneur de la
Ragotière en sa fonction de juge des exempts par appel et
pour les cas royaux, en toute l'étendue du comté de Laval et
fit défense aux officiers de la justice du Mans de le troubler et
de l'en empêcher*.
Le vendredi 20 juin 1614 Jacques Marest, seigneur des
Abattants, François Bignon, s"" de la Croix, lieutenant à La-
val, et Pierre Marest, s. de la Ragotière, donnèrent aux véné-
rables pères Capucins la pièce de terre nommée Hoche-
bride, pour bâtir leur église^.
guérite Martin et mourut en 1676. Il fut enterré à la Trinité de-
vant l'autel de la Sainte-Vierge. Au bas d'une gravure apparte-
nant à M. X. de la Perraudière et représentant le portrait de
J.-B. le Long et de son épouse Elisabeth Visinier, nous avons
relevé l'écusson suivant : Le Long : d'azur au chevron d'or ac-
compagné de trois trèfles de même 2 et 1. — Visinier, de gueules
au chevron d'or, 2 étoiles en chef d'argent, en pointe 3 croissants
placés 1 et 2.
1. Rech. hist., T. XVI.
2. Armoriai de la Mayenne.
3. Mém. généaL, T. I.
4. Idem,
5. Remembrance du prieuré de Saint-Martin.
— 76 -
FRANÇOIS MAREST, SIEUR DE LA RAGOTIÈRE
juge ordinaire et général, civil et criminel
1650
Fils du précédent. Il épousa Jacquine Fouquet de la Bou-
chefolière K
Il était conseiller au parlement de Bretagne et succéda à
M. Pierre le Clerc de la Manourière.
a II fut, dit M. Pichot de la Graverie, son digne succes-
« seur et son imitateur. Il soutint avec vigueur et zèle Thon-
ce neur et les droits de la justice, procura et autorisa le rè-
a glement de 1652 et fit continuer en de justes bornes par
a l'arrêt de 1653 les prétentions et usurpations du prévost de
c( la Maréchaussée. »
Nous donnerons ici le titre de ce règlement :
« Règlement pour le faict de la justice et expédition des
« causes de la juridiction du siège ordinaire de Laval tant de
« ce qui était cy-devant observé que de ce qui a esté adjousté
« par ledit règlement. »
Imprimé chez Robert Cormier, imprimeur libraire du roi
et de Monseigneur le duc de la Trémoïlle, il est signé :
Marest, juge ; Le Febvre, lieutenant ; Farcy, lieutenant par-
ticulier ; Gandin, avocat fiscal ; Moraine, syndic des avocats.
Ce règlement contraint les avocats de se présenter à l'au-
dience en robe et en bonnet carré ; l'entrée leur en était in-
terdite quand ils n'étaient pas revêtus des insignes de leur
profession. En parlant ils devaient s'abstenir de toute offense
en parole ^.
En 1652, François Marest, juge civil, Cazet de Grandpont
et Julien Martin, échevins, furent députés en hâte au jeune
Louis XIV qui assiégeait Angers, pour l'assurer de la sou-
mission de Laval qui pouvait craindre ayant pris le parti de
la Fronde^.
Armes : d'azur semé de coquilles d'argent sans nombre
à un lion aussi d'argent lampassé et armé de gueules.
1. Mém. généal., T. I.
2. Recherches historiques.
3. Abbé Pointeau (Ancienne généalogie).
- 11 -
JEHAN DE MARTINNES
sieur de la Galepinière, conseiller du roi au parlement de
Bretagne, juge ordinaire de Laval
1579.
Nous trouvons son nom dans un titre de Patience en date
du 6 mai 1579.
GUY LE MAROUILLER
« grand justicier »
1507.
Il figure le 4 avril 1486 comme sénéchal d'Entramnes dans
la ratification de la vente faite le 5 août 1585 de la seigneurie
de Briacé par Jehan Coisnon, écuyer, seigneur de Briacé et
Guyonne d'Azay sa femme, à René Beudin procureur de La-
val...
Le Doyen nous signale son décès en 1507.
« Et d'octobre dix-septiesme
a Fust pour Laval très maulvais thesme
« De la mort Guy le Marouiller
a Qui estoit moult grant justicier
« Qui les subjets en bon arroy
« Tenoit faisant bonne justice
({ Sans que nully fit injustice.
« Je prie Dieu et Notre Dame
« Qui luy face pardon à l'âme. »
THIBAULD LE MAÇON
juge de Laval
1419
JOSEPH-RENÉ MARTIN DE LA BLANCHARDIÈRE
lieutenant de Laval
1734.
Fils de François Martin de la Blanchardièr», conseiller du
roi, élu à Laval et de Renée Salmon du Griffon. Il naquit en
6
-n-
1716 et mourut en 1770. Il avait épousé Thérèse le Clerc du
Moulin K ,
« Le 4 septembre 1734 l'office de lieutenant général au
« siège ordinaire vacant par la mort du s*" Gaultier de Mérol-
« les fut adjugé à l'audience pour la somme de 14,000 livres
a au s"" Martin de la Blanchardière. L'office ayant été destiné
« par M. de la Trémoïlle à Hyérosme Salmon, M. Martin de
« la Blanchardière a dû en faire la cession au prix de l'adju-
« dication. On a blâmé M. Salmon qui, sûr d'avoir la préfé-
« rence, n'avait point voulu surenchérir et avait fait perdre
« à la famille de M. Gaultier 2,000 livres que le s"" de la Blan-
a chardière aurait données de plus ^. »
FRANÇOIS-RENÉ MARTIN DE LIGONIÈRE
procureur-fiscal, juge criminel
. 1781.
Fils du précédent. Il épousa Marie le Clerc du Flécheray
et mourut le 2 janvier 1797, âgé de 84 ans.
II était avocat au parlement de Paris et subdélégué de
M. l'intendant de Tours ^.
Armes : d'argent au pal d'azur chargé d'un cygne d'ar-
gent^.
CHRISTOPHE MOUSTEAU
lieutenant particulier et commissaire ordinaire des guerres
1622
RENÉ LE MOYNE DE JUIGNY
lieutenant- général
1712.
La famille des le Moyne de Juigny était ancienne à Laval.
René le Moyne, leur premier auteur, vivait dans notre cité
1. Mém. généal., T. I.
2. Pichot de la Graverie.
3. Mém. généal, T. I.
4. Armoriai de la Mayenne.
- 70 -
vers la fin du XV* siècle. Se^ trois fils nous sorti signalés
par les actes qui suivent :
1° 17 juin 1535. — Aveu de Estienne le Moyne à noble et
puissant seigneur Louis de Feschal, seigneur de Poligny,
pour son lieu de Priz.
2*' 1" décembre 1563. — Foi et hommage par Gilles le
Moyne, s' de la Roussière à Louis de Feschal, seigneur de
Poligny.
3** 14 août 1539. — Jehan le Moyne, esluet conseiller pour
le roi à Laval, achète la terre et closerie du Pont-Berrain dit
Saint-Nicolas.
René le Moyne dé Juigny, petit-fils d'Etienne, à pris soin
de rédiger un livre de famille que nous possédons dans nos
archives et que nous donnerons ici.
ECUSSON ARMORIAL DE LA FAMILLE DE MESSIEURS LE MOYNE
DE JUIGNY
D'oî' à trois fasces de gueules, un lion de sable brochant
sur le tout à la queue nouée et passée en sautoir, au chef
d'azur chargé d'une aiglette éploiée de sable becquetée et
onglée d'argent.
« M. René le Moyne, s"" de Juigny \ procureur fiscal du
comté de Laval et ensuitte conseiller du roy, lieutenant géné-
ral, civil et assesseur criminel au siège royal et maréchaus-
sée de Laval, épousa demoiselle Marie Gigault le 24 may
1644 de laquelle il a eu dix-neuf enfans, dont il a resté six
garçons et trois filles.
« L'aîné desquels est René le Moyne^ s"" de Juigny, qui a
été pourvu de la charge de procureur fiscal en l'année 1681.
« Le 22 avril 1682 il a épousé demoiselle Anne Cigoigne,
fille d'Hélie Cigoigne, s*" de la Roche et de demoiselle Gene-
viefve Bouessay.
« 1° Ladite demoiselle Anne a acouché le 18 septembre
1683 d'un garçon qui mourut quelques temps après le bap-
tême.
1. « Mort le 23 décembre âgé de 63 ans 4 mois. »
" 8Ô -
(( 2° Le 24 mars 1684 ladite demoiselle a acouché sur les
huict heures du matin d'un garçon qui a eu pour parrain Léon
Martin s"" de la Blancherie et pour marraine demoiselle Marie
Gigault son aïeulle et a été nommé le lendemain René.
« 3° Le 7^ mars 1685 lad. demoiselle a acouché sur les qua-
tre heures du soir d'un garçon qui a eu pour parrain M^ Jean
le Moyne pbre curé de Sougé, son oncle, et pour marraine
demoiselle Anne Garnier, femme de Nicolas Cigoigne, s" de
la Roche et a été nommé led. jour Jean- Joseph.
« 4'' Le 9® jour de mars 1686 lad. demoiselle a acouché sur
les sept heures du soir d'un garçon qui a eu pour parrain
Pierre le Clerc, s"" des Gaudesches et pour marraine demoi-
selle Magdeleine le Moyne sa tante et a été nommé le lende-
main Pierre-René ^
« b'' Le 6^ jour de may 1687, lad. demoiselle a acouché sur
les huict heures du soir d'un garçon qui a eu pour parrain
M® François le Moyne, pbre, chanoine de Saint-Tugal dud.
Laval son oncle et pour marraine Geneviefve Cigoigne,
épouse du s' de la Blancherie et a été nommé François le len-
demain.
a 6^ Le 24 mars 1689, lad. demoiselle a acouché sur les
quatre heures du matin d'un garçon qui a eu pour parrain
J.-B. le Moyne, son oncle et pour marraine d^"^ Marie Cigoi-
gne, épouse du sieur des Gaudesches et a été nommé le len-
demain François-Jean-Baptiste.
« 7*^ Le 30 octobre 1690, lad. demoiselle Anne a acouché
sur les six heures du soir d'un garçon qui a eu pour parrain
M. Pierre le Moyne, s. de la Croixille, son oncle et pour
l^arraine demoiselle Jacquine le Moyne de la Goupillère sa
cousine et a été nommé Pierre.
« 8° Le 13 octobre 1691, lad. demoiselle a acouché sur les
quatre heures du matin d'une fille qui a eu pour parrain René
le Moyne son frère et pour marraine demoiselle Renée Bé-
rault, fille du s' des Essars-Bérault et a été nommée Antie-
Marie ^
« 9** Le 9 may 1694, lad. demoiselle a accouché à une
1. « Mort. »
2. « Morte. »
- 81 —
heure et demie du matin d'un garçon qui a eu pour parrain
Jean-Joseph Le Moyne, son frère et demoiselle Geneviefve
Martin, fille du s"" de la Blancherie et a été nommé Nicolas *.
« lO** Le 7 octobre 1695 lad. demoiselle a accouché sur les
six heures et demie du matin d'une fille qui a eu pour par-
rain René le Moyne son frère et pour marraine demoiselle
Renée le Clerc, fille du s' des Gaudesches et a été nommée
Marie-Anne ^.
« 11° Le jeudy 10 mars 1687 lad. demoiselle a acouché sur
les huict heures et demie du soir d'une fille qui a eu pour
parrain René le Moyne son frère aîné et pour marraine de-
moiselle Magdelaine Martin, fille du s"" de la Blancherie et a
été nommée Magdeleine^.
« 12° Le mercredy 7 avril 1700 lad. demoiselle a acouché
sur les six heures du matin d'un garçon qui a eu pour par-
rain Jean- Joseph le Moyne son frère et pour marraine demoi-
selle Marie Gigault son aïeule et nommé Charles- Vénérand.
« 13^ Le jeudy 17 may 1704, lad. demoiselle a acouché sur
les deux heures et demie du matin d'un garçon qui est mort
à la même heure après avoir reçu le baptême. »
Un des enfants de René le Moyne a voulu continuer ce li-
vre de famille : mais il n'a pas eu de persévérance et n'a écrit
que les quelques lignes qui suivent :
« M. Jean-Joseph le Moyne, sieur de Juigny, avocat en
parlement, a épousé le 8® jour d'octobre 1715, damoiselle
Renée-Elisabeth Bassoin fille de M® Michel Bassoin, s. de la
Héricoyère, avocat en la cour et siège royal de Sainte-Su-
zanne et de damoiselle Elisabeth Sorin, sa mère.
« Ladite damoiselle Renée Bassoin a acouché le 20 feb-
vrier 1717 sur les neuf heures et demie du matin d'un garçon
qui a eu pour parrain M. René le Moyne s"" de Juigny,
conseiller du roy au siège royal de Laval son ayeul et pour
marraine damoiselle Jeanne du Bois épouse de Jacques Bas-
1. « Mort le 24 septembre 1714 capucin profais et enterré au
couvent de cette ville sous la chère. »
2. « Morte le 8 janvier 1714 rehgieuse professe au couvent des
Hospitalières de cette ville. »
3. « Morte le 21 janvier 1762 à neuf heures du soir. »
- 8a -
soin sa tante et ce pour l'absence de damoiselle Marie Bas-
soin et a été nommé le lendemain René- Jean- Joseph.
« Ladite damoiselle a acouché le 15 aoust 1718 jour de
l'Assomption sur les deux heures après midy d'un garçon
qui a eu pour parrain M. Michel Bassoin, conseiller du roy et
son procureur au siège royal de Sainte-Suzanne son oncle et
pour marraine dame Anne Cigoigne son ayeulle et a été
nommé le lendemain Jean-Joseph-Michel *.
Mémoire des anciens services que la famille de Messieurs
le Moyne de Jaigny a eu l'honneur de rendre de pères en
fils à l'auguste maison de la Trémouille dans l'exercice
de la charge de procureur fiscal général du comté.
« Feu M. René le Moyne, vivant seigneur de Juigny, a
entré dans l'exercice de cette charge en l'année 1656 jusqu'en
1688. Deffunt M. René le Moyne son fils lui a succédé.
« Ledit sieur de Juigny père pendant tout le tems de son
exercice a rendu une infinité de services considérables à la
maison de la Trémouille.
« Monseigneur le prince de Tarent e ayant entrepris l'ac-
tion en cassation de contrat et d'acquest qu'avait fait M. de
Servien de la forêt de Bouère dépendant dudit comté, que
deffunte madame de la Trémouille luy avait vendu, il requit
le sieur de Juigny de faire tous les contredits des usages que
les particuliers prétendaient dans cette forêt, ce qu'il fît, sol-
licita le procès à la cour et obtint un arrest au mois de sep-
tembre 1666 au rapport de M. Colbert par lequel on est ren-
tré dans la possession de cette forêt.
« Ledit sieur de Juigny a fait un papier terrier des neuf
chastellenies qui composent ledit comté, au moïen duquel il
a fait revenir tous les sujets qui de temps immémorial s'en
étoient soustraits et les a fait obéir et reconnoître les rentes
et devoirs dont il en est revenu des sommes considérables à
la recette dudit comté.
« Ledit s"" de Juigny a passé, désintéressement, plus dé cinq
1. « Mort le 27 aoust 1718 et inhumé dans le cimetière de la
paroisse de Changé »
- 83 -
années à la confection dudit papier terrier pour lequel Mon-
seigneur le prince de Tarente lui avoit promis 3000 liv. qu'il
n'a pas exigées.
a Les huissiers de la chambre des comptes de Paris venoient
tous les ans à Laval pour saisir led. comté faute d'aveu au
roy, le sieur de Juigny en a fait un conforme au temps et état
de la seigneurie du comté de Laval.
« Ledit sieur de Juigny lors de la révocation du droit de
nomination aux offices royaux dudit comté alla trouver à
Tours M. de Ribère intendant qui persistait à la révocation
de ce droit ; après plusieurs conférences il fit en sorte que
ledit intendant donna son consentement pour la confirmation
de ce droit sur lequel est intervenu le dernier arrest qui le
rend incontestable.
« Ledit sieur de Juigny a géré toutes les affaires particu-
lières de monseigneur le prince de Tarente dans ledit comté,
a reçu et t-enu compte de 56214 liv. sans en avoir emploie un
sol dans ledit compte pour ses peines et a été le plus souvent
en avance de 3 ou 4000 livr. et au 6 juin 1668 il consigna pour
M. le prince de Tarei^te une sommt de 2183 liv. de ses pro-
pres deniers sans qu'il ait été payé des intérêts qui lui es-
toient deubs jusqu'au 4 mars 1673.
« M. le prince de Tarente estant à Boislerue d'où il ne pou-
voit sortir faute d'argent pria ledit s"" de Juigny de lui prester
la somme de 10700 liv., il la luy fit toucher dès le premier
ordinaire du courrier, cette somme n'a été rendue que deux
ans et demy après. M. le prince de Tarente, madame sa
femme, M. le comte de Laval, abbé, M. le duc de la Tré-
moïlle passans ordinairement à Laval et y sejournans, ont
toujours été dans la maison du s' de Juigny où il les a receus
et toujours noris avec leur train et équipage.
« Madame la princesse de Tarente y a demeuré malade
pendant deux mois et huit jours et y avait toute sa maison
avec elle. »
JACQUES NEPVEU DES SALES
avocat au parlement, lieutenant général
1609.
Cité par le Blanc de la VignoUe.
- 84 -
PIERRE NOURRY, S. DE FOUGEROLLES
conseiller du roi, lieutenant de Laval
1618
Pierre Nourry, s. de Fougerolles, gentilhomme dans la
maison du roi, était fils de Pierre Nourry, arquebusier et de
Marguerite Gandouin. Il épousa demoiselle Louise le Long
et fut assesseur de la maréchaussée de Lavais
JOSEPH LE PENNETIER DES SALLES
juge de police
1748
Fils de Urbain-François le Pennetier des Salles, avocat au
Parlement, bailli d'Ernée, et de Marie Fourreau, enterré aux
Cordeliers le jeudi 5 avril 1736.
Il succéda dans la charge de juge de police à M. Pierre
Letourneurs.
« Le 23 mars 1748, M. Joseph-François le Pennetier, s.
« des Salles, avocat au Parlement, a été reçu et installé dans
« l'office de juge de police au siège ordinaire.
« Il a été fait plusieurs compliments. Le sien a été bien
« débité et a eu les applaudissements de tout le monde.
« Après avoir prononcé son installation, je me suis contenté
« de lui dire : Venez, monsieur, remplir une place qui vous
« a été donnée avec distinction, où le public vous a souhaité
« avec ardeur et que vos confrères seront charmés de vous
« voir posséder à l'avantage de leurs concitoyens.
« Il refusa que les tambours de ville et les gardes le rame-
« nassent en sa maison, afin de ne pas renouveler les anciens
« chagrins de M. Hardy, maire, qui a été autrefois destitué
a de cet office. Cette politique et ce ménagement furent très
« approuvés. »
« Sur l'ordre de Madame la duchesse de la Trémouille, il
« fit étalonner à Paris tous les poids et mesures nécessaires
« pour le service de la ville, sur les patrons de la ville de
« Paris. On les déposa au greffe du siège ordinaire (1748).
« M. Joseph le Pennetier, juge de police, est décédé, non
1. Registres de Saint- Vénérand.
— •85 —
« marié le 3 mai 1765. Le public a fait une perte irréparable.
a II était intègre et désintéressé, très zélé pour l'intérêt du
« commerce et des manufactures et pour la conservation de
« la police de cette ville.
a Les ordonnances de police qu'il a rendues, les règle-
« ments qu'il a fait rédiger, publier et imprimer qui règlent,
« constatent et ajoutent les poids et mesures, les aulnes, les
a boisseaux du minage et du marché, les fonctions qu'il a
« décorées et innovées en sont des monuments authentiques
« et doivent conserver sa mémoire à la postérité. »
« Tous les officiers du siège ordinaire ont assisté à sa sé-
« pulture. M. René Seigneur, doyen, portait le sceau et qua-
« tre avocats les cornières du drap mortuaire. M. Jean de
« Launay des Scepeaux lui succéda *. »
Armes : d'argent à une gerbe de blé de gueules liée d*ar^
gent ^.
RENÉ PICHOT DE LA GRAVERIE
conseiller du roi, juge ordinaire civil, procureur du roi au
siège des traites foraines de Laval
1745.
Les Pichot sont originaires du Buret ou Juliot Pichot habi-
tait en 1399 le lieu de la Marchandière. Il en rendait aveu à
la châtellenie de Meslay le 22 février dans un aveu conservé
au trésor du château de Laval ^.
M. René Pichot de la Graverie naquit le 17 septembre
1690 de M. René Pichot de la Graverie et de demoiselle Renée
Hardy. Son parrain fut François Hardy de la Bellangerie ;
sa marraine : dame Françoise le Clerc *.
Il épousa, le 22 avril 1720, demoiselle Marie Guays, fille de
François Guays, s. du Flécheray, avocat et de Françoise
Chasteigner. M. Bureau, curé de la paroisse, les maria. Marie
Françoise Pichot, sa fille, épousa le 16 décembre 1739, Mi-
1. Pichot de la Graverie.
2. Armoriai mns.
3. Mém. généal. t. 4.
4. Registres de la Trinité.
- se -
chel-Jean du Mans, écuyer, seigneur de Chalais, du Bourg-
l'Evéque et de Simple \
Il succéda en 1745 à M. Daniel Gaultier de la Villeaudray.
M* la duchesse de la Trémoïlle lui accorda d'entrer gratuite-
ment dans la charge de juge ordinaire et le nomma en même
temps sénéchal de toutes les baronnies du Comté.
Lors des troubles qui eurent lieu à Laval pendant l'admi-
nistration de M. le Long, les habitants de Laval le députè-
rent à Paris avec M. Hardy de Lévaré pour demander la
liberté des prisonniers retenus injustement, et soutenir les
intérêts de la ville en demandant un règlement pour l'admi-
nistration de la maison de ville et la libre nomination d'un
maire. M. Pichot était un avocat et un jurisconsulte distingué ;
il a laissé plus de quinze volumes in-folio presque tous écrits de
sa main. Ce sont des recueils de sentences, d'arrêts, de mémoi-
res, consultations, plaidoyers, etc. et plusieurs généalogies.
Il a su recueillir et conserver les matériaux de notre histoire
locale. Son recueil de sentences est parsemé d'anecdotes sur
les familles, la ville, les paroisses, les fabriques et les hôpi-
taux ^.
Nous reproduisons ici ce qu'il dit de lui-même dans son
recueil de sentences :
a Janvier 1727. — J'ai remarqué qu'il m'était plus avarita-
« geux d'employer à l'avenir mon travail et mon étude du
« matin depuis cinq heures jusqu'à sept heures à travailler
« sur les questions de droit qui me sont proposées ou qui se-
« ront agitées dans les conférences et à répondre aux mémoi-
« res des consultations, dont j'insérerai les décisions avec les
« principales raisons et moyens de droit dans ce recueil,
« ayant reconnu par expérience que c'est l'étude la plus utile
({ et la plus nécessaire pour ma profession et de donner le
« reste de la journée à l'instruction des affaires du palais. »
Il continue ainsi :
a Maître René Pichot de la Graverie était né en 1690. Il
a commença l'étude du droit françois et la pratique du palais
« à l'âge de 18 ans. Il travailla dans l'étude de MM. Gougeon
1. Mém. généal , t. 4.
2. Hist. des Comm. et Chap. de Laval, p. 295.
- 87 —
et Jamau avocats à Angers. En 1712 il fut reçu avocat au
siège ordinaire du Comté-Pairie de Laval ; il venoit d'obte-
nir ses licences en l'Université d'Angers, au mois de juin
de la même année.
« Le 27 décembre 1727 lors de son voyage à Paris en qua-
lité de député des habitants de la ville de Laval pour sou-
tenir le procès du règlement de l'Hôtel-de-Ville contre
M. le duc de la TrémoïUe et le s"^ le Long juge civil, il fut
reçu avocat au Parlement de Paris.
« En sa qualité de député il eut plusieurs audiences de
M. le Cardinal de Fleury, premier ministre, de M. le comte
de Saint-Florentin et de M. le Pelletier des Forts, contrô-
leur général. Il remplit la même mission en l'année 1729 et
obtint le 20 |août un arrêt du conseil. Il a laissé une rela-
tion très détaillée de ses deux voyages.
« M. le duc de la Trémoïlle le chosit et nomma sénéchal de
plusieurs châtellenies dépendant du comté ; Montjean,
Courbeveille et la Gravelle. Il le fut aussi des châtellenies
de Ruillé à M. de la Planche, de la Patrière à M. Berset,
juge criminel, de l'Epéchère à M. Foureau ; d'Andouillé,
du Bois-Thibault, des fiefs de Maritourne, des Essard? , de
Pannard, de la Jarossais, du prieur d'Avesnières, de Beau-
vais, du Manoir, des Touches, du Bois-Bureau, de la Salle-
Glatigny, de Gresse et de Saint-Céneré.
< Il fut procureur fiscal des châtellenies de Chemeré-le-
Roy, des fiefs de Sainte-Catherine, de Saint-Tugal, de la
Houssaye, de la Rongère, de la Villeaudray, de la Trous-
sière et du Port-Raingeard.
« Les avocats le nommèrent sindic de leur communauté le
19 mai 1728 ; il y fut continué pour trois ans le 19 mai
1731. Il fut nommé directeur de l'hôpital général le 20 août
1728 et continué pour quatre ans le 12 septembre 1732.
« Reçu le 17 décembre 1728 avocat au siège royal. En
1730 il obtint des provisions de l'office de conseiller et pro-
cureur du roy au siège des traites de Laval et fut reçu, par
M. de Farcy de Mué, président du siège.
« Le 7 juillet 1737 il fut nommé procureur marguiller de la
paroisse de la Sainte-Trinité de Laval.
« Le 17 may 1745, il fut reçu juge civil et maire de Laval.
« Par jugement souverain rendu à Tours le 13 décembre
« 1752 il fut renvoyé absous de l'injuste et téméraire accusa-
« tion intentée contre lui. Par un autre jugement souverain
« rendu à Tours le 11 juin 1754, les faux-témoins qui l'a-
« valent accusé furent condamnés à faire amende honorable
« et à être marqués et à 9 années de galères. »
En 1755, M. Pichot de la Graverie fut nommé secrétaire et
président d'un cercle de société fondé pour neuf ans dans
une propriété située rue des Chevaux, et appartenant à
M. le Clerc de Vaumorin*.
M. Pichot de la Graverie mourut en 1768.
Armes : d'azur à Voiseau essoi-ant d'un nuage au centre
de Vécu^ regardant un soleil d'or posé à droite une mer
d'argent en abîme ^.
ROBERT PINCZONNEAU, S. DE LA BROCHARDIÈRE
lieutenant particulier
1556.
Nous relevons son nom comme témoin en 1556, le 12 mars,
d'un accord passé entre Anne de Cotteblanche, mère abbesse
de Patience, et Jacques Gaulchery'.
Le 18 février 1567 il signe une Pancarte concernant les
statuts et ordonnances de la Prévôté de Laval.
Il fut député par les gens du Tiers-Etat de Laval aux Etats
généraux de 1560. Il était chargé avec Estienne Journée,
Jean Bodier, Jean Gesland, Thomas Duchemin, Jacques Ma-
rest, PierreAudouin et François Arnould de présenter le
cahier des doléances *.
Son père fut élu à Laval : G. le Doyen nous apprend sa
mort en 1525 :
« Incontinent et peu après
« Robert Pinczonneau eust l'accées
a Luy et sa femme prindrent fin
1. Guittet de la HouUerie.
2. Mém. généal., T. 4.
3. Rech. hist., T. 15.
4. Rech. hist., T. IS.
- 89 -
« Il estoit saige homme et affm
a De Monsieur et de son conseil.
« Honneste homme estoit à merveil
a Et mourut esleu de Laval
« Dieu garde leurs âmes du mal. »
Il épousa Renée Tartroux vers 1540^ et eut un fils
Pierre Pinczonneau de la Brochardière « qui a laissé des
« poésies manuscrites qui sont restées dans le cabinet de
« M™® de Poligné, près Laval, surnommée de Beaumanoir,
« sœur de M® de Lavardin, à laquelle il les avait dédiées *. »
Sa fille Jehanne épousa Adam le Camus, écuyer '.
RENÉ DE LA PORTE, S. DU MANOIR
juge ordinaire civil et maire perpétuel
1684
Fils de Jean de la Porte, seigneur du Manoir et de Marie
Cazet ; il épousa Jeanne Greffin et mourut le 7 septembre
1706*.
Une de ses sœurs, Marie-Angélique, avait épousé le 22
avril 1671 Louis-Joseph, comte de Montécler, gouverneur de
Laval en 1672 ^. « René de la Porte devint juge civil ordi-
« naire en 1684, la charge de juge criminel et de police ayant
« été distraite par lettres patentes de 1683.
« Pendant vingt-deux ans que donna son gouvernement,
« il donna des preuves éclatantes d'un jugement profond et
« solide et d'une droiture à l'épreuve de toute prévention,
« d'un désintéressement parfait et d'une régularité de
« mœurs qui ne se démentit jamais.
« Il concourut à procurer le règlement de la manufacture
a des toiles de Laval de l'année 1688, l'établissement de
« l'Hôpital général dont il fut le premier directeur, et l'arrêt
1. Registres de Saint- Vénérand.
2. La Croix du Maine (note de G. le Doyen).
3. Registres de Saint- Vénérand.
4. Mém. généal., T. 4.
5. Ibid.
- 90 -
a du Parlement contre des juges consuls d'Angers du 17 août
« 1697*. »
René de la Porte était capitaine du château et colonel de
la milice.
Armes : de gueules à trois merlettes d'argent 2 et i^.
JACQUES RAHIER
juge ordinaire
1574.
Il est cité le 23 juin 1589 dans un aveu de François de By-
ragues pour Entramnes à Ghâteau-Gontier.
(Nous prions le lecteur de se reporter aux Enquesteurs de
Laval, p. 224).
PIERRE SÉVIN DE LA RIVIÈRE
juge ordinaire et criminel, lieutenant général
1678-1709.
Fils de Marin Sévin, écuyer, prévost de la ville de Laval.
Mort en 1709.
Nous trouvons son nom comme signataire, avec Anne le
Clerc, son épouse, dans un procès causé par le testament de
François le Clerc, s. de Linières, frère servant d'armes de
l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, décédé le 8 octobre
1667 à Paimbœuf-sous-Nantes au retour de ses caravanes *.
Armes : d'azur à la gerbe d'or liée de même.
JEAN SIMON, s*" DU TERTRE ET DU PLESSIS
Maire de Laval
1420.
Il appartenait à une ancienne famille de Laval alliée aux
Frezeau, de Thubœuf, d'Orvaux, Pasquier, de la Porte, le
Balleur, du Coëtlosquet, etc., etc.... son petit-fils. Jacques
1. Pichot de la Graverie.
2. Hist. des Comm. et Chap. de Laval, p. 128.
3. Le Blanc de la VignoUe.
I
- 91 -
IP Simon du Tertre est qualifié d'écuyer à son mariage avec
Roberde d'Orvaux, le 29 avril 1479.
Armes : D'argent à une montagne de sinople accompa-
gnée en chef d'une scie de sable sciant cette montagne ^.
AMBROISE TARTROUX
lieutenant particulier
1532.
Il épousa Jeanne des Montils.
G. le Doyen nous apprend la mort de son père Jean Tar-
troux en 1508.
« Et l'uytième du moys d'octobre
« Fust ung jour qui assez fust sobre ;
« Car cil Atropos, ung matin,
« Rendit à Jehan Tartroux la fin
« Homme notable et de conseil
« Devant Dieu soit son appareil. »
FRANÇOIS TARTROUX
lieutenant ,génér al
1568.
Il fit la convocation des trois états du comté de Laval, le
31 septembre 1576 pour les Etats généraux ouvers à Blois le
6 décembre 1576 ^
Son fils Pierre Tartroux fut archidiacre de Laval en 1601.
PIERRE TOUSCHARD
lieutenant- général des exempts
1624.
Fils de Claude Touschard receveur des traites et de René
Martin. Il naquit en 1597 et épousa Marie Arnould ^
1. Mémoires généalogiques, "ï. IV.
2. Rech. hist., mns.
3. Registres de la Trinité.
AMBROISE TOUSCHARD
conseiller du roi, juge des exempts, juge royal à Laval
1656.
Fils du précédent. Il naquit en 1630 et épousa Marie le
Clerc*.
Nous trouvons son nom :
En 1662. Dans un arrêt du conseil des officiers du siège
ordinaire de Laval en date du 9 mai ^.
En 1672 . Le Blanc de la Vignolle le cite au nombre des
officiers du tribunal des exempts ^.
En 1685. Dans une sentence rendue le 3 avril, donnant à
demoiselle Anne Guillot la possession de la chapelle de la
Caillebourdière *.
En 1697. Dans un aveu du Prieuré de Saint-Martin pour
des terres et jardins situés à la Pirauderie et à la Valette
(rue du Lycée ^) .
Il portait comme armoiries : d'argent à une bordure d'a-
zur chargée de ces deux mots : unica virtus.
PIERRE TOUSCHARD DE SAINTE-PLENNE
juge royal
1736.
Fils du précédent. Marié à Anne Chapelet et à Rose Du-
chemin. Mort en 1739 le 18 avril ^
Il était notaire à Laval et laissa sur le chapitre du Cime-
tière-Dieu ou Saint-Michel un mémoire composé pour un
procès entre ce chapitre et le prieur de Saint- Vénérand '.
{La fin à la prochaine livraison).
Louis DE LA BeAULUÈRE.
1. Ibid.
2. Rech. hist., T. 9, 13, 14, 17.
3. Ibid.
4. Ibid.
5. Ibid.
6. Registres de la Trinité.
7. Comm. et Chap. de Laval.
NOTICE
SUR LES SEIGNEURS DE VAUTORTE
(Fin).
IV
SUITE DES SEIGNEURS DE VAUTORTE. DEUXIEME ET
TROISIÈME BRANCHES DE LA MAISON DE LA PERRIÈRE
Simon Auvé, chevalier, seigneur de Sougé, de Brous-
sin, de la Perrière et de Vautorte, « constitue, nomme,
ordonne et establit, en 1463, ses bien amez Jehan de
Beaumont escuyer, Johan Thabort, Pierre de Launay,
pour estre ses procureurs à rendre foi et hommage aux
seigneurs de Bazeilles et de Daviet. »
Le vieux serviteur du roi d'Angleterre fut donc
comme par le passé propriétaire de Vautorte, ou au
moins le chargé d'affaires au nom des héritiers après la
mort de Marguerite qui dut arriver cette année-là 1463.
Cette dernière opinion doit être la vraie, puisque le
testament de Marguerite rapporte par quelques-unes de
ses expressions, son héritage aux de la Perrière. Au-
cune des généalogies de cette famille n'a pu éclairer au
sujet de ses héritiers. Elle-même n'y est pas nommée.
Cherchons-les toutefois.
Le testament de Marguerite nous révèle d'une ma-
nière certaine son principal héritier. Il est dit dans le
7
— 94 —
codicille du 16 septembre 1463, à son testament du 15
octobre 1462 : « Item je veil et ordonne que mon livre
« soit baillé à la femme de Collinet de la Perrière
« pour le garder à lasge de son filz aesné qui sera
« mon héritier pour prier Dieu pour moy. » Gomme
Marguerite, dame de la Perrière et de Yautorte, dans
son testament non plus que dans le codicille, ne dispose
nulle part de sa fortune en général, il est évident que
l'ensemble de son héritage va aux parents naturels, et
que son héritier principal est un mineur, fils aîné de
Colin ou Nicolas de la Ferrière, et aussi tout Faîne de
la noble maison de la Ferrière.
Cet héritier et son frère, il en avait au moins un, Ro-
bert de la Ferrière, demeurèrent sous la directe de tu-
teurs et exécuteurs testamentaires : ils étaient au moins
deux de la famille Auvé, et c'est pour cela sans doute,
comme aussi dans les intérêts de sa propre maison,
que Simon Auvé s'occupa en 1463 de la seigneurie de
Vautorte qu'il traitait comme sienne.
Douze ans plus tard, cette terre était en déshérence,
probablement par la mort du jeune La Ferrière, ou par
celle de Simon Auvé. Les documents nous abandon-
nent quelque peu ici. Mais quoi qu'il en soit la mort en
cette année ou peu auparavant, du seigneur de Vau-
torte, occasionna des embarras. Par sentence donnée
es assises de Mayenne le 4 octobre 1474, Pierre de
Pannart, sénéchal, Pierre de Gotteblanche, lieutenant
de monsieur le bailly, rendirent ses droits sur Vautorte
au sieur de Daviet, noble homme Hugues d'Arquené,
escuyer, à cause qu'il avait observé par Denys Sergent
son procureur, « que partye de la terre de Vautorte te-
« nant de luy est depuys cheues en rachact. . . . que
« toute la terre de Vautorte avait été prinse et saisie
« en la main de monsieur^. »
1. Archives de Fresnay, Bourgneuf-la-Forêt.
- % -
Peu après, toute la seigneurie était rentrée dans son
état normal et se trouvait entre les mains d'un des fils
de Colin de la Perrière, nommé Bertin, autrement Ro-
bert de la Perrière.
Il importe de reprendre la généalogie d'une aussi
intéressante famille, à commencer par le grand père de
ce Robert.
Gaultier de la Perrière, chevalier, seigneur en
partie de la Perrière, l'un des fils cadets de Jean, sei-
gneur de la Perrière et de Vautorte et de Jeanne de
Mallemains, dame de Saint-Hilaire-du-Harcouët, bien
loin d'imiter du Guesclin son parent, son frère aîné Ro-
bert, et Bertrand de la Perrière son autre frère, l'un
des plus braves amis et compagnons d'armes d'Am-
broise de Loré, se jeta dans le parti des Anglais. En-
fants perdus de la révolution d'alors, les cadets de
famille, d'une humeur souvent batailleuse, cherchaient
fortune en se faisant chefs de bandes. Notre Gaultier
se maria très tard, le 2^ ioiir de feuhvrier lan IkTl
avec Lyomielle de Pacy^ fille d'Anioult de Pacy^ sei-
gneur de Clerc. « Iceluy Gaultier fut pris à la bataille
« de B auge par la Frayètte général de l'armée du
« roy de France^ comme il se voit par lacquit de sa
« rançon^ signée du Buart et scellée^ en datte du 3
« ianvier 1^23. Iceluy Gaultier se qualifie gouverneur
« de Mante pour le roy Dangleterre. Il ut de Lyon-
nelle de Pacy ^ :
1. Dans ces mêmes années, un frère de Gaultier, Bertrand de
la Ferrière, servait en héros le parti français. En 1429 Messire
Ambroise de Loré, chevalier, conduisit des vivres et des habille-
ments de guerre en la ville d'Orléans, ainsi que Bertrand de la
Ferrière (Abbé Desroches, p. 345). On sait que Jeanne d'Arc, as-
sistée de nos preux, fit lever le 8 mai le siège que les Anglais
faisaient subir à cette ville. — Le 25 du mois de septembre 1429,
Bertrand de la Ferrière, Raoul du Bouchet, seigneur de la Haie
de Torcé et de Méral, et Jean de Villiers du Hommet. seigneur
du Hommet, de la Bérardière en Méral, de Saint-Péan alias
- 96 -
1^ Nicolas, autrement Colin, ou Collinet de la Per-
rière, qui suit :
2^* Ghristofle de la Perrière, seigneur de Cuves, puis
de la Perrière ;
3" Jean, seigneur de Vautorte, eut pour fils aîné Guy
de la Perrière, seigneur aussi de Vautorte. Les titres de
Presnay, où je prends ces renseignements, indiquent au
juste les qualités des deux frères Christophe et Jean,
par rapport à Vautorte : Christophe était seigneur de la
Perrière et de Vautorte ; Jean et son fils aine Guy
étaient seigneurs usufruitiers de la même terre. Jean
de Vautorte épousa Marie d'Aron. En 1483 le pénultième
jour de mars, ils acceptent de Raoul Le Porc, seigneur
de Charné, de Baseilles et de la Tour-Eumond, la
somme de 120 livres pour l'amortissement de la taille
due à Vautorte par la Tour-Eumond, par devant Jehan
de Vahaie, notaire de la cour d'Ernée. Cette taille était
de huit livres ^
Messire Pierre Le Porc, chevalier, seigneur de la
Tour-Eumond, avait rendu son hommage à la dame de
Vautorte '^. Le 3 avril 1486, foi et hommage de Jean Le
Porc pour la Tour. Le 16 août 1500 foi et hommage de
S. Poix près de Méral, etc., reprirent par adresse sur les Anglais,
la ville de Laval, que ceux-ci avaient enlevée le 9 mars de
l'année précédente. Pendant qu'ils en étaient maîtres, ils
avaient Brûlé les châteaux de Saint-Ouen, de la Gravelle et
de Montjean, au mépris d'une trêve conclue (D. Piolin, 5,
p. 92). Les noms sont mal écrits : je les ai rectifiés dans l'inté-
rêt de notre histoire locale. — Bertrand de la Perrière avait
assisté à la défaite des Anglais devant Sainte-Suzanne au Maine
avec Ambroise de Loré a et à la prise de la ville du Mans
« (1^26), par le seigneur d'Orval conducteur de l'armée du roy
« de France comme Von voit par la composition desdicts habi-
« tans du Mans qui rendirent la ville, et est signée en papyer
« dudict F. (G.) a'Orval, de Loré, de la Ferrière, G. de Bouille^
« R. de Goé, A. Daverton et autres tant François qu'habitans. »
(Généal. manuscrite de la Perrière). Lepaigne, II, 164, ajoute les
noms de La Hire, de Bueil, des Groix-Tussé.
1. Archives de Presnay.
2. Ibid. C'était à Marguerite de la Perrière.
- 97 —
Guy de Bourgon pour François Le Porc dont il était tu-
teur, pour la Tour.
4^ Robert de la Perrière, marqué dans la généalogie
manuscrite comme frère aîné de Jean et frère cadet de
Christophe, enfants de Gaultier et de Lyonnelle de Pacy.
Rien de plus sur son compte.
b'' Henriette de la Perrière, mariée à Guy Achard,
seigneur de Clessy K
COLLINET ou NICOLAS DE LA PeRRIÈRE, écuycr,
épousa noble damoiselle Perrette Le Viconte, dame du
Boishibout, Deuillée-le- Vicomte, près Lisieux, et du
Mesnil-le-Vicomte. Elle était veuve avec plusieurs en-
fants dès l'époque du testament de Marguerite de la
Perrière, 1463, et est signalée en le même état et con-
dition dans un contrat de bail à rente du 29 juin 1482,
qui n'a d'intérêt pour nous que ces circonstances et les
noms des témoins, savoir, Ambroys de Langrunière,
seigneur dudit lieu, Jehan Boussapeie et Jehan de la
Perrière, seigneur de Vautorte, et Michel Coullange, pa-
roissiens de Vautorte. Passé en cour d'Ernée. (Par-
chemin 2),
Robert III de la Perrière, écuyer, seigneur dudit
lieu et de Vautorte, etc., ne put avoir d'enfants pour les
raisons qui vont paraître ci-après. Nous le prenons, à
cause de ses qualités et du testament précité, pour le fils
et principal héritier des précédents, et le principal héri-
tier de Marguerite de la Perrière. Il fut marié avec de-
moiselle Marie de Bures 3.
1. Généal. man.
2. Papiers de la Perrière. Cabinet de l'auteur.
3. D'une famille du Maine, baronnie de Sillé, qui a fourni de
très illustres croisés. Ils étaient de Neuvy en Champagne (Sar-
the) où était leur château de Bures. Eudes de Bures fut l'un des
flus illustres abbés de la Couture sous l'épiscopat d'Hildebert.
1 avait un Guillaume de Bures parmi ses religieux. Hugues de
Bures, chevalier, 1210, Guillaume de Bures, 1224, paroissiens de
Neuvy en Champagne, donnent des chartes en faveur de la même
abbaye.
- 98 -
« Le V® jour de desembre lan mil IIIP*^ sixante et
saize, Julien Lebir garde des seaulx des obligations de
la viconté de Damffront au Passais, par devant Guil-
laume Gaudin et Jehan Hesnart, tabellions jurés, fai-
sait connaître que noble et puissant signour Robert de
la Perrière, signour du lieu, mary et espous de noble
et honnouré damoisselle Marie de Bures, iceluy es-
cuyer, signour de Bures et de Neusille, par raison de
ladite damoiselle... voyant et évidemment cognoissant
que icelle damoiselle na auchunement bon vouloir de
soy aprocher et venir demourer ovaiques luy sur ses
terres et signouris ou en auchunes de icelles ne au-
chunement accomplir la loi et promesse du mariaige
faict et consommé entre eulx et mesmes que icelle da-
moiselle a resceu et mis à son proffis ainsy que bon
luy a semblé lespace de quinze ans touttes les rentes
de iceulx ses héritages sans que celuy escuyer en ayt
eu quelque chose combien quil ait somme et fait re-
quérir icelle damoiselle de obéir et entendre aux cho-
ses dessus dictes... révoque et du tout annule la pro-
curation qu'il lui avait donné pour iceulx ses biens, et
choisit pour ses procureurs généraulx et certains mes-
saigers especiaulx cest asavoir Ghristofle de la Per-
rière, Jehan de la Perrière, Guillaume de Palaisse,
Guillaume de la Palu, Guion de Neusille tous escuiers
et misire Jehan Grosse prebtre et Guillaume Gaudin *. »
SECONDE BRANCHE CADETTE DE LA MAISON DE LA
FERRIÈRE ; SEIGNEURS DE VAUTORTE
Christophe de la Perrière, écuyer, seigneur de la
Perrière, Vautorte, etc., second fils de Gaultier de la
1. Pièce en parchemin signée G. Gaudin.: Titres delà Ferrière.
- 99 -
Perrière et de Lyonelle de Pacy, avait été seigneur de
Cuves, d'abord comme premier cadet de sa maison,
avant d'en être le chef et principal héritier. Depuis
longtemps déjà sa branche avait la jouissance de Vau-
torte et Jean, son frère, y demeurait et en jouit ainsi
que Guy de la Perrière, son fils, comme seigneurs usu-
fruitiers, ainsi que cadets nobles observent les titres,
mais assurément sous le parage de Robert. Toutefois,
nous l'avons vu, Jean de Vautorte usait assez librement
de la seigneurie et plus tard certains de ses actes furent
cassés. Christophe, devenu le seigneur de la Perrière,
prit les deux tiers de Vautorte et laissa l'autre tiers à
Jean, puis à Guy : les héritiers de Christophe, ses en-
fants, ne tardèrent point à reprendre possession de toute
la terre tant par procès qu'arrangements de famille.
Christophe de la Perrière fut marié, l'an 1463, avec
Simeonné d'Harenville, fille d'Alain de Harenville, sei-
gneur de la Ferté-Presnay. On lit aux archives de Goué,
dans un contrat en parchemin passé en cour de Bourg-
nouvel, que noble homme Jacques de Harenville s'ac-
quitte, le 7 avril 1513, d'une somme de sept vingt-sept
livres dix sols dont il était redevable à noble homme
Guyon de la Perrière, qui alors demeurait en la ville de
Lentriglee au duché de Bretagne. Ce titre prouve que
les généalogistes qui ont écrit que Christophe épousa
une de Haranvilliers ont commis une erreur.
Ils eurent pour enfants :
l*' Bertrand de la Perrière, qui suit.
2" Jean de la Perrière, s. de la Boucherie et Rouillon,
duquel descendent les seigneurs de Vernie, barons d'Am-
brières.
3** Ambroise de la Perrière, marié à Guillemine d'Ho-
zier, de laquelle il n'eut aucun enfant puisque ses biens
furent partagés entre Bertrand, Jean et Robert ses
frères : il était seigneur de Vaulandrons et de Creville.
4'* Robert de la Perrière, seigneur de Cuves, marié
— 100 -
à Cécile Paisnel, fille de la maison de Hambie et Ser-
von, l'an 1488.
5** Françoise, mariée à Samson Turquet, seigneur ba-
ron de Lucé et de Tessé-sous-Andaine, Fan 1489.
Bertrand de la Perrière, chevalier des ordres du
roi, gouverneur du Craonnais, de Ghâteau-Gontier et
de Chartres, seigneur de la Perrière, Vautorte, Saint-
Pront, Le Menil, Bulou, Chemainville et autres terres,
épousa Françoise d'Aligny, fille de Jean d'Aligny et de
Marguerite d'Avaugour, seigneur et dame de la Roche-
mabille, le 7 mai Fan 1482. Devenu veuf, Bertrand de
la Perrière se remaria à demoiselle Anne ChoUet, fille
de Jean et de Jeanne d'Anfreville, laquelle Anne vivait
en 1525 avec Geoffroi Patrix, son second mari^
Bertrand de la Perrière obtint du parlement de Paris
un arrêt fait par messire Brullart, à l'appui de son pro-
cès contre Guyon de la Perrière, aussi seigneur de Vau-
torte, à propos des rentes dues par Vautortq à Daviet.
Bertrand mourut vers 1524, laissant des mineurs sous
la tutelle d'Anne Chollet leur mère, de Gabriel de la
Perrière, son fils aîné, et de René de la Perrière, prê-
tre 2.
Enfants de Bertrand :
l*' Gabriel de la Perrière, dont l'article va suivre ^.
2^ Jacques de la Perrière, qui suivra^.
3** Bertrand de la Perrière, marié à Roberde de Poli-
gny, dont il eut trois fils, savoir : Robert, Edmond et
Guy 5.
1. Arch. du château de Fresnay. — Le Père Anselme : article
Chollet. Ce généalogiste nomme le mari d'Anne Chollet, Bertin
de la Ferrière, sieur de Vautorte.
2. Arch. de Fresnay.
3. Titres auth.
4. Jbid.
5. Généal. manuscrite.
— 101 —
La généalogie manuscrite de la Perrière, document
précieux, mais qui ne peut être accepté dans ses détails
scientifiques qu'avec réserve, nomme encore comme en-
fants de Bertrand : René, seigneur de Ghemainville,
Nicolas, seigneur de Boisthibault, qui épousa Perrette
Le Vicomte, dame du Mesnil-le-Vicomte près Lisieux*;
Luce de la Perrière, religieuse à Almenesche ; Marie de
la Perrière, mariée à Simon de Neufville, seigneur de la
Garnaille.
A propos de René de la Perrière, seigneur de Ghe-
mainville, l'auteur de cette généalogie ajoute : que ce
seigneur « gouverneur de Chartres espousa Jehanne
« de Flavières^ il ut délie Gabriel seigneur de Paille-
« pray qui avet espouzé Marie de Grimouville dame
(( et héritière de la baronnie de Larchant de laquelle
« il nut qun fils noyé dans les fosses de Larchand :
« mais en secondes nopces il espouza laqueline de
« Falaize de laquelle il ut René de la Perrière^ sei-
« gneur de Paillepray qui a ' espouzé lanne de la
a Ramée, duquel est sorti René de la Perrière signeur
« de Paillepray qui a espouzé Marie des Pres^ fille
a de des Près et de Marie de la Blynaye signeurs et
« dames de Larchat : et n.y a plus que ledit sieur de
« Paillepray de la maison de la Perrière. »
Gabriel de la Perrière, seigneur dudit lieu, Guves,
Vautorte, etc., passa en cour de Bourgnouvel, le 7 août
1524, lui et Anne Ghollet, veuve de Bertrand de la Per-
rière, représentés par messire René de la Perrière prê-
tre, une transaction avec Guy, seigneur d'Arquenay, au
moyen de laquelle celui-ci, seigneur de Daviet, fait re-
mise au dit Gabriel, seigneur de Vautorte, de la rente
annuelle de 15 livres 6 sols que Vautorte devait annuel-
lement à Daviet, sur 15 livres 7 sols. Partant le dit
1. Faux : degré en retard : voir ci-dessus.
— 102 —
sieur de Vautorte ne devait plus que douze deniers de
devoir à Fangevine au seigneur de Daviet. Déjà du
temps de Jean de la Perrière, s. de Vautorte en partie,
les devoirs de Vautorte envers Daviet avaient été ré-
duits, puisqu'au lieu de 27 livres 7 sols, le seigneur de
Vautorte depuis lors (1483), n'avait plus payé que la
somme de dix-neuf livres.
Gabriel de la Perrière céda Vautorte à son frère Jac-
ques, s. de Bulou, chef de la troisième branche cadette
apanagée de cette terre et seigneurie.
De son mariage avec Prançoise de Montchauveau, fille
d'Ambroise, 14 juin, Fan 1521, Gabriel de la Perrière
laissa :
l*' Pierre de la Perrière, qui suit ;
2** Joachim, qui fut prêtre ;
3^ Jeanne, mariée le 4 janvier 1548 à Jean de Palaise
seigneur de Bernay et de Batilly. dont Joachim de Pa-
laise, seigneur de Bernay, Batilly, la Perrière à cause
de sa mère, qui épousa Roberde de la Vigne le 9 février
1587, dont Gabriel de Palaise, lieutenant des gardes
du corps de Louis XIII, sans enfants de Prançoise de
Proulay, son épouse, fille de René, comte de Tessé, ba-
ron de Vernie et d'Ambrières, seigneur de Saint-Praim-
bault, Goesmes, Saulçay, Vaussay, Saint-Denis-de-Gas-
tines, Montflaux, etc. Marie de Palaise, sœur de Gabriel,
épousa Claude de Goué.
Pierre de la Perrière, seigneur dudit lieu, fut ma-
rié le 6 mai Fan 1553 à demoiselle Charlotte d'Orton-
villiers, veuve de feu messire Guillaume du Griplet, ba-
ron de Messey et de Gorron, etc., duquel mariage ne
sont issus aucuns enfants et partant la succession vint
à Joachim de la Perrière, prêtre, puis à Jeanne de la
Perrière, leur sœur, aïeule comme nous avons dit de
Marie de Palaise, qui laissa de Claude de Goué, sei-
gneur dudit lieu et de Fougerolles, une postérité repré-
— 103
sentée de nos jours par M. le marquis d'Auray de Saint-
Poix et sa famille.
VI
SEIGNEURS DE VAUTORTE DE LA TROISIEME BRANCHE
CADETTE DE LA MAISON DE LA FERRIÈRE
Jacques de la Perrière, chevalier des ordres du
roi, seigneur de Bulou au Perche, de Laulne et de Yau-
torte, ne semble pas avoir joui d'une vie heureuse. Il
épousa par contrat du 8 février 1543, passé devant Fran-
çois Bastonneau et Vincent Maupeou, clercs notaires
du roi à Paris, damoiselle Renée d'Aulnay, nièce du car-
dinal du Bellay, de René du Bellay, évêque du Mans et
des deux Langey, fille de messire Charles d'Aulnay,
écuyer, et de Louise du Bellay, qui promirent bailler six
mil livres tournois à leur fille, dont ils payèrent pré-
sentement la somme de trois mil cinq cents livres en
447 escus soleils, 64 ducats, 10 nobles rose, 2 lyons,
1 royal, 1 phlus ', 8 mailles et le reste monnaye ayant de
présent cours. Le reste devait être payé après Faccom-
plissement du mariage. Le futur devait être tenu, pour
le douaire de sa future, d'acheter des terres pour la
somme de 4500 livres tournois jusques à la somme de
240 livres tournois de rente.
Le mariage de Jacques de la Perrière le rendait beau-
frère de Jacques de Goué, seigneur de Pougerolles, qui
avait épousé Gabrielle d'Aulnay. Le seigneur de Vau-
torte écrivait au seigneur de Goué une lettre intéres-
sante, assez peut-être pour être reproduite ici :
1. Un philippus.
— 104 —
« A monsieur mon frère, monsieur de Goué,
« A Paris ou la part ou il sera.
« Monsieur mon frère je receu unne lettre que maves
<c escripte par laquelle vous me mandez que vous aves
« le moien de recouvrer de l'argent a Thiron pour me
« baller ce que vous me feres fort grand plesir par ce
« que je suis executté en mes biens ainsy que vous dira
« Beauvoys auquel je donne charge de vous aller trou-
« ver pour le vous faire entendre et donnerez bien ordre
« si vous voullies a me faire ballier de l'argent parce
« que monsieur de Mançon pour reson des quinze cens
« francz qui vous doebt sont prestz a baller et me reste
« seulement que vous ballies une quittance ou unne
« procuration specialle pour baller la dite quittance et
« sy vous la voulles envoyer a Besnardière on luy bail-
ce lera l'argent et il le me ballera du reste s'y monsieur
« du Mans ^ est à Paris je vous prye de parler à luy
« pour le bénéfice de ceste paroisse et nonobstant que
« nous y ayons bien droits siesse que je vouldrays bien
« demeurer en la bonne grâce de monsieur du Mans.
« Je vous supplye faire en cela y voulloir faire ce que
« vesres qui sera nécessaire et jen feray aultant pour
« vous quand il vous plera de memployer ou en aultre
(( meilleure chose sy le cas se présente, mais je vous
« supplye encores unne foys donner ordre que je soys
« paye parce que je suys ruynné me recommandant à
« vostre bonne grâce et supplye nostre seigneur.
« Monsieur mon frère vous tenir en bonne santé et
« longue vie.
« E script de Vaultorte ce XIX juillet.
« Je vous supplye monsieur mon frère de baller à
1. L'évêque du Mans.
- m —
« Beauvoys à Paris vingt escus pour luy aisder en mes
« affaires.
« Vostre meilleur frère et obéissant amy,
« J. DE LA Perrière. »
Cette lettre doit être de 1561, parce qu'en cette
année-là Jacques de Goué recueillit de l'abbaye de Thi-
ron au Maine ce qui revenait à l'héritage de feu le car-
dinal du Bellay, ancien abbé de Thiron, oncle de Gabrielle
et de Reliée d'Aulnay, femmes de Jacques de Goué et de
Jacques de la Perrière.
On lit dans la Géographie ancienne du diocèse du
Mans^ par Cauvin, page 199, qu'Anne du Bellay, sœur
du Cardinal, mourut abbesse d'Estival en 1557, que
Renée d'Aunai, nièce du même cardinal du Bellay, nom-
mée par le roi, est dite abbesse du même monastère
dans un acte du 20 janvier 1560, enfin qu'une Catherine
de la Haie conduisait la même abbaye en 1582 après
permutation. Notre Renée d'Aulnai écrit d'Estival en
1577 i.
Cette dame de Vautorte fut abbesse d'Estival, on le
voit, du vivant même de son mari. C'est une singularité
dont les circonstances seraient intéressantes à connaître.
Qu'était devenu son mari ? Un Jacques de la Perrière,
prêtre, vivait dans ce temps-là 2.
Chez le même auteur, même volume de \ Histoire de
V Eglise du Mans, P^gG 407, on lit :
« Tant de provocations de la part des Huguenots,
« amenèrent une recherche plus exacte des disciples de
« la doctrine nouvelle. Un gentilhomme de notre pays
« nommé de la Perrière, qui avait sujet de redouter ces
1. Voir L'Héritage et les héritiers du Bellay : Procès-verbaux
et documents du Bulletin de la Société historique de la Mayenne,
tome n, Laval, 1883, p. 223).
2. Dom Piolin, V, 408.
- 106 -
« perquisitions, s'enfuit du Maine et chercha un asyle
« à Paris. Il se logea au Pré-aux-Glercs, et ce fut chez
« lui que se tinrent les premières assemblées de la Ré-
« forme sous la présidence du ministre Jean Le Maçon
« dit la Rivière, natif d'Angers. » Dom Piolin cite àl'ap-
« pui de son curieux passage Théodore de Bèze, His^
« toire ecclésiastique des Eglises réformées^ liv. P"^, à
« Fan 15551.
Ces particularités dignes de remarque m'obligent à
ne pas omettre la transcription d'un acte en parchemin
concernant les intérêts de ce ménage :
« A tous ceulx qui ces présentes lectres verront Je-
« han Gheeulx escuyer licencié es loyx, conseiller du
« roy notre sire en qualité de bailly de Bullou salut.
« Scavoir faisons que par devant Louys de
« tabellion juré... comparut en personne et en présence
(f de moy soubz signé.... Noble damoiselle Renée Dau-
« nay feme et expose de noble homme messire Jacques
« de la Perrière, chevalier, seigneur de Bullou, parois-
« sien de Vaultorte et le dict chevalier soubz escript la-
« quelle a par ces présentes receu content en notre pré-
« sence... la somme de huict cent livres tournois en or
« de Jehan Desmaires marchand à Villiers... en des-
« duction de ce que led. Jehan Desmaires peult debvoir
« tant audit sieur de la Perrière envers noble homme
<( seigneur Jacques de Goué pour lachapt des terres de
« la seigneurie de Pensefollie... domaines... desd. sieurs
« et de ladite dame.de laquelle somme de huict cens
<( livres tournois ladite dame et ledit sieur de la Perrière
« ont tenu et tenant quicte led. Jehan Desmaires et pro-
1. Il y avait dans le Haut-Maine une famille de la Perrière
très adonnée dès ce temps-là aux idées nouvelles : consulter le
dossier des certilicats de la noblesse du Maine en 1577, aux ar-
chives de la Sarthe, et la brochure de M. Moulard à ce sujet. Les
certificats édités précédemment dans le Bulletin de la Mayenne
§ar l'auteur de l'article ci-contre ne sont relatifs qu'à l'histoire
u Bas-Maine.
- 107 - '
(( mectent par ces présentes lacquicter envers ledit sei-
« gneur de Goué et tous aultres qu'il appartiendra...
« le quatriesme jour de janvier lan mil cinq cens cin-
« quante et neuf. »
Messire Jehan Gibot, vicaire de Bulou, était au nom-
bre des témoins.
En 1577, Tabbesse d'Estival, Renée d'Aulnay, écri-
vait à son neveu Ambroise de Goué qui demeurait à ce
château, paroisse de Fougerolles, avec sa mère Ga-
brielle d'Aulnai, une lettre assez intéressante où elle
lui confie ses chagrins au sujet d'une personne (jeune
fdle?) qu'elle nomme ironiquement sa bonne créature.
On la lui avait confiée, mais elle s'était évadée, ce qu'af-
fectait de regretter un autre personnage, le bon frère
de cette bonne créature*.
On lui confia également Jeanne de Goué, pauvre jeune
fdle, née posthume de Jean de Goué, seigneur de Fou-
gerolles, tué en 1572 à Paris le jour de la Saint-Barthé-
lémy, parmi les protestants et à côté de l'amiral de Co-
ligny, son parent.
Jacques de la Perrière et René d'Aulnay, seigneur et
dame de Vautorte, laissèrent trois enfants :
1" René de la Perrière, qui suit, seigneur de Bulon e
de Vautorte.
2° Anne de la Perrière.
3" Françoise de la Perrière qui épousa Gabriel de
Saint-Bomer, écuyer, seigneur de la Carnaille.
René de la Perrière, chevalier des ordres du roi,
seigneur de Saint-Maurice, de Bullou, des Chastelets,
de Vautorte, a été le dernier de l'antique et noble mai-
son de la Perrière qui ait possédé les château, seigneu-
rie et terre de Vautorte. Lui et ses sœurs les vendirent
en 1575. En voici le résumé d'acte de vente 2.
1 . Voir L'Héritage des du Bellay^ Bulletin de la Commission
historique de la Mayenne pour 1870).
2. Archives de Fresnay.
— 108 --
« Copie de contrat de vendition de la terre de Vau-
« torte en la paroisse de Vautorte faite par messire Re-
« gné de la Perrière, chevalier, seigneur de Saint-Mau-
« rice, de BuUou, des Ghastelets et Tournefie, bailly et
« cappitaine de Chartres, par Anne de l'a Perrière, sa
« sœur et Prançoise de la Perrière, épouse de noble
« homme Gabriel de Saint-Bosmer, escuiller, seigneur
« de (Carn)aille, enfants de messire Jacques de la Per-
ce rière, chevalier de l'ordre du roy nostre sire, et sei-
« gneur de Bullou et de defuncte Régnée d'Aulnay, fai-
« sant pour leur père à honorables hommes mestres
« André Casset, sieur de Challonge et Jehan Casset li-
« cencié es droitz, advocat au siège du duché de Mayenne,
« sieur de la Pontaine au nom et comme procureurs de
« honorable homme Jehan Cazet sieur de la Gordelle-
(( rye, leur père, devant Pardieu notaire à llliers, le 29
« juin 1575 pour la somme de onze mil huit cent livres
« en principal et cent cinquante escus sols en vin de
« marché à la charge de payer les devoirs aux seigneurs
« dont ladite terre est mouvante. »
Il importe de faire une remarque au sujet de la date
1575, où Régnée d'Aulnay est dite défunte, tandis
qu'on a d'elle une lettre de 1577. Veut-on dire qu'elle
était morte au monde comme religieuse d'Estival* ?
VII
SUITE DES SEIGNEURS DE VAUTORTE. — FAMILLE CAZET
Cette famille d'une très bonne et ancienne maison
de la judicature de Mayenne, dont les membres avaient
la qualité d'honorables hommes et quelquefois nobles
hommes, n'excédait pas, comme distinction, la noblesse
1. Ou bien y avait-il deux Renée d'Aulnay nièces du cardinal
du Bellay, l'une dame de la Perrière et l'autre abbesse d'EtivBl ?
- 109 --
de robe. Même à l'époque où les Gazet, riches habitants
de la paroisse de Vautorte, sieur de la Gordellerie, sieur
du Challonge et sieur de la Fontaine, achetèrent la sei-
gneurie de cette paroisse, personne ne les y reconnais-
sait comme nobles. 11 était de notoriété publique en 1577,
qu'à Vautorte, il n'y avait aucun gentilhomme, ni bien
appartenant à gentilhomme ^
Toutefois les Gazet de Vautorte, car ils prirent ce
nom, ne tardèrent point à s'élever jusqu'au rang des
plus nobles familles de France et à s'en glorifier.
Ils portaient : De sable à trois aigles d'or becquées
et onglées de gueules, 2, 1.
Devise : Lumine pulsis in altis non deficiunt.
Leurs principaux fiefs et seigneuries : Vautorte, la
Fontaine-Gazet, la Gour-Gazet, Aligny, le Grand-Pont
en Quelaines, Rançon en Nuillé.
Leurs illustrités, pour employer une expression de
Ménage, ont été :
Louis Cazet, châtelain de Mayenne en 1568, frère de
Jean Gazet, IP du nom, s. de Fontaine-Gazet.
Jean Cazet^ lieutenant de la juridiction du comté de
Mayenne en 1570.
La Cour Cazet^ président aux enquêtes du Parlement
de Bretagne.
Louis Cazet^ évêque de Lectoure.
François Cazet^ plénipotentiaire au congrès de Ra-
tisbonne 2.
La terre de Vautorte, simple seigneurie jusqu'à Fran-
çois Gazet, fut agrandie par celui-ci.
Le seigneur de Vautorte devait héberger le forestier
1. Archives de la Sarthe : Noms des gentilshommes vivants en
1577. en le diocèse du Mans. Voir, Gertiiicats de 1577 au Bulletin
de 1879, art. Vautorte.
2. Arm. d'Anjou, de Maulde, l'abbé Lamarre.
8
- 110 -
du seigneur de Mayenne, lorsqu'il allait l'avertir que
Ton fauchait sa lande de Souvigny*.
SUITE GÉNÉALOGIQUE ET HISTORIQUE DES CAZET.
I. Jean Cazet, l" du nom, seigneur de la Cordelle-
rie puis de Vautorte par l'acquisition qu'il en fit le 29
juin 1575, épousa Marguerite Fricand, dont il n'eut pas
moins de deux enfants :
!•* André Cazet, sieur du Ghallonge.
2** Jean Cazet, qui suit.
IL Jean Cazet, IP du nom, sieur de la Fontaine-
Cazet et de Vautorte, conseiller au Parlement de Bre-
tagne, licencié en droit, avocat au siège du duché de
Mayenne, fut marié deux fois : la première avec Jeanne
de Cotteblanche, fille de Léonard de Cotteblanche et de
Françoise Pélisson ; la deuxième avec Jeanne Bignon,
fille de Rolland Bignon, sieur de Boistesson et de Jeanne
de la Corbière, laquelle Jeanne Bignon était veuve alors
de Guillaume Marest, sieur de la Hardelière, dont
MM. Marest, présidents du Présidial du Mans et M. Ma-
rest, écuyer, sieur de Lucé, gouverneur de Laval. Sui-
vant Ménage, Vita Pétri ^^rodii^ p. 462, la seconde
alliance de Jeanne Bignon la fit aïeule de MM. de Vau-
torte-Cazet. Des trois fils de Jean Cazet, les deux aînés
furent de sa première femme et le jeune de la seconde,
soit :
1** François Cazet, qui suivra, sieur de la Fontaine :
En 1606, Messire François Cazet tant en son nom
comme fils et héritier de défunt noble maistre Jean Ca-
zet, vivant sieur de la Fontaine, conseiller du roi en son
parlement de Bretagne, qu'au nom et comme procureur
de demoiselle Jeanne Bignon, veuve dudit défunt,, se
transporta au lieu de Daviet pour faire aveu : « demande
1. Ann. de la S., 1849, p. 24.
- 111 —
si le seigneur de Daviet est là, et s'est présentée Hélène
Eschard, femme de honorable homme Jehan Lefeubvre,
sieur de Gheverue, fermier de ladite seigneurie de Da-
viet ; elle a répondu que les seigneur et dame de Da-
viet habitaient leur château de Rambouillet et que leurs
officiers demeuraient à Laval, ville distante de six
lieues. )>
2^ Guillaume Gazet, sieur des Fresnes, qui suivra.
3"" Louis Gazet, sieur de Vautorte, qui suivra.
Il est assez remarquable que la vieille seigneurie de
Vautorte, autrefois si intéressante par de grosses fa-
milles, passe au troisième fils de Jean IL Gette circons-
tance, qu'on ne peut expliquer faute de documents,
oblige nécessairement à continuer cette généalogie en
mettant première la troisième ligne dite de Gazet-Vau-
torte et d'ailleurs la plus célèbre.
Dans un tableau on mettra ultérieurement en regard
les membres des trois branches en suivant l'ordre d'aî-
nesse.
Louis Gazet, sieur de Vautorte, conseiller du roi,
président aux enquêtes du parlement de Bretagne, était
le troisième fils de Jean, qui précède, et né de Jeanne
Bignon, sa seconde femme. Il épousa Renée Fréard et
en eut :
1** François Gazet qui suit;
2^ Louis Gazet de Vautorte, qui fut tonsuré le 12
avril 1627, fut prêtre, curé de Vautorte (1643), d'Er-
née, évêque de Lectoure, puis de Vannes. On a de lui,
dit Le Paige (article Ernée), un Traité des Oiseaux
qu'on ne doit pas manger aux Jours maigres. 11 mou-
rut en 1687.
3^ Renée Gazet de Vautorte épousa François Sei-
guier, fille d'un conseiller au parlement de Bretagne.
François Gazet de Vautorte, seigneur puis comte
de Vautorte, avocat général au grand conseil, conseiller
- 112 -
d'Etat sous Louis XIV, et ambassadeur plénipotentiaire
au congrès de Ratisbonne, épousa Françoise Luillier,
fille de M. Luillier d'Amerville. C'est lui qui obtint, en
1653, l'érection du comté de Vautorte.
François Gazet et Françoise Luillier laissèrent trois
filles :
l'* Marie Gazet de Vautorte, qui suit ;
2° Marie Gazet de Vautorte, femme de Jean Bochard
de Ghampigny, seigneur de Sarron, conseiller au Par-
lement de Paris du surintendant des finances.
3** Jeanne, femme de Gharles Malo de Bersy, conseil-
ler au Parlement de Paris.
V. Marie Gazet de Vautorte, femme de iNicolas
Bruslard, premier président au parlement de Bourgo-
gne, seigneur et dame de Vautorte. Ils eurent trois
filles. Marie Gazet, mourut en 1666. Nicolas Bruslart se
remaria à Marie Bouthillier de Ghavigny dont il eut
aussi des enfants et mourut en 1692.
Filles de Marie Gazet et de Nicolas Bruslard :
1** Gharlotte Jacqueline Bruslard, qui suit :
2^ Marie Reine Bruslard, religieuse aux filles de la
Visitation de Dijon.
3« N.
VI. Gharlotte-Jacqueline Bruslard, dame de Vau-
torte, épousa Henri-Louis de Loménie, comte de
Brienne. Gette dame vendit sa terre de Vautorte à Mar-
guerite Gazet, sa cousine, veuve de François de la
Roussardière, issue de la branche aînée.
VIII
Seigneurs de Vautorte depuis Marguerite Gazet
jusqu'à la Révolution française.
V. Marguerite Gazet, dame de Rançon puis de
Vautorte, descendait au V® degré de Jean P"" Gazet, sei-
— H3 —
gneur de la Gordellerie et de Vaiitorte et de Mathurine
Fricand. Elle était fille et unique héritière de Jean Ca-
zet, sieur de Rançon et de Marie Fontaine de la Grochi-
nière, lequel Jean Gazet, sieur de Rançon, était le second
des six enfants de François Gazet, sieur de la Fontaine-
Gazet et de Jeanne Marest, fils, le dit François Gazet,
de Jean Gazet, sieur de la Fontaine-Gazet et de Vau-
torte et de Jeanne de Gotteblanche sa première femme,
comme il a été marqué ci-dessus.
Marguerite Gazet, dame par acquisition de l'impor-
tante terre de Vautorte, qu'elle faisait ainsi rentrer
dans sa famille, épousa en premières noces François de
la Roussardière, écuyer, fils de François de la Roussar-
dière, écuyer, seigneur de Rouillon et de la Boissière et
de Gharlotte d'Héliand, par contrat du 6 février 1667 et
en secondes noces Jean Elisabeth de Roclesne, sieur de
Martillat, gentilhomme auvergnat de Gannat, près de
Riom ^ . Get écrivain dit que cette dame était originaire
de Laval.
Sans enfants de son second mari elle eut deux fils du
premier, savoir :
l*' François de la Roussardière qui servit dans les
chevau-légers, et qui peu accommodé, dit Le Glerc du
Flécheray, vendit sa terre et paroisse de la Boissière à
sa mère.
2° Gilles-René de la Roussardière, chevalier, qui
suit.
VL Gilles-René de la Roussardière, chevalier,
lieutenant d'infanterie, seigneur de Vautorte, épousa par
contrat du 17 avril 1705, Marie-Thérèse Marest, fille de
François Marest, conseiller au Parlement de Bretagne
et de Anthoinette Taschereau. De ce mariage :
1. Le Clerc du Flécheray, Description du comté de Laval,
réimprimée en 1860, Laval, H. Godbert, 1860, page 60.
— 114 —
1° Marie-Marguerite-Elisabeth-Renée de la Roussar-
dière qui va suivre ;
2® Jeanne-Antoinette de la Roussardière qui épousa,
le 13 novembre 1733, Georges-François de Montécler,
chevalier, seigneur de Gontest, capitaine au régiment
de Roy-Infanterie.
3^ Marie-Françoise de la Roussardière qui fut mariée
à René-Olivier du Guesclin, chevalier, seigneur del'Es-
coublère, d'où un fils unique décédé sans alliance.
VII. Marie-Marguerite-Elisabeth-Renée de la
Roussardière, dame héritière de Vautorte, épousa
messire Louis-Alexandre de Bailly, chevalier, seigneur
du Bourgneuf-la-Forét, conseiller au grand conseil, fils
de Gharles-Paul Bailly, chevalier, seigneur de Fresnay,
du Bourgneuf, etc., et de Suzanne Le Prêtre, dame des
mêmes terres et de la Ghapelle-Rainsouin, alias le Bourg-
le-Prêtre, etc.
VIII. Jean-Baptiste-Joseph Bailly, chevalier, comte
de Fresnay, baron de Bourg-Ie-Prêtre, seigneur du
Bourgneuf-la-Forêt, la Baconnière, Vautorte, Saint-
Martin-de-Montsùrs, Nuillé-sur-Ouestre, la Templerie,
fils aîné et principal héritier des précédents, épousa de-
moiselle Aimée Anne Gharlotte de Lescaloppier, dont
messire Gharles-Gaspard-Elisabeth-Joseph, marquis
Bailly de Fresnay, émigré, pair de France. Celui-ci fut
le père de madame la marquise de Vaujuas-Langan,
propriétaire actuelle du château de Fresnay*.
1. Aujourd'hui décédée. Mère de MM. de Vaujuas et de M™« Paul
Le Gonidec.
— an —
IX
ARMOIRIES DES FAMILLES QUI ONT POSSEDE LA
SEIGNEURIE DE VAUTORTE.
Vautorte : Une tige feuillée de myosotis à trois bran-
ches fleuries .
La Perrière : d'or à six fers de mulets d*azur^
cloués d'argent^ 3^ 2^ 1^.
Auvé de Sougé : D'argent à une croix pleine de
gueules^ cantonnée de douze merlettes^ 3 à chaque
canton ~.
Cazet de Vautorte : De sable à trois aigles d'or bec-
quées et membrées de gueules posées deux et une^.
Bruslard : De gueules à la bande d'or chargée de
cinq barillets de poudre de sable^ deux dessus^ trois
dessous^. Cauvin aurait du dire accompagnée.
La Roussardière : D'argent à trois pals de gueules
chargés en chef de trois roses d'argent^. De gueules à
trois pals d'argent chargés en chef de trois roses de
gueules^.
Bailly de Fresnay : D'or à la fasce d'azur^ chargée
d'une croisette ancrée d'or et accompagnée en chef de
deux glands penchés en bande et en barre les queues
en haut et d'un arbre terrassé en pointe sinople'^ .
{Hic) D'azur au chevron d'hermines au chef de même^.
1. Le Paige, I, 349, Cauvin.
2. Armoriai d'Anjou par Denais.
3. Armoriai manuscrit. La Tour-Gazet, président au parlement
de Bretagne portait de même. Le Borgne, ^rmorm/c?e Bretagne,
1671. De Maude.
4. La Ch.
5. Généal. manuscrite.
6. Denais, Armoriai de l'Anjou.
7. Ne pas faire attention à cette formule qui est des Bailly de
Saint-Mars-la- Bruyère,
8. Cauvin.
— 116 ~
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— 117 —
NOTE RECTIFICATIVE
II y a lieu de remonter d'un degré la liste et la filiation des
de Vautorte, et de suivre à cet égard la petite notice, donnée
au n° 67 de la brochure Les Croisés de Mayenne en 1158,
extraite de la Recrue du Maine, 1877, notice du même auteur.
Ses renseignements s'appuient sur les différents cartulaires
de Savigny soigneusement étudiés, et le renvoi au premier
travail est commandé par le texte de la Bibliothèque de Fou-
gères. Soit :
OsMOND Poisson I*"", s. de Vautorte.
Hugues P% seig. de Vautorte.
OsMOND II, seign. de Vautorte, ép. Raoul de Vautorte
de Julienne de Saint-Hilaire.
' ■ 'L
Hugues H, seig. de Vautorte, Enguerrand. Robert,
ép. Hersende.
Raoul Osmond Hugues Enguerrand Robert.
OsMOND III.
Ch. Pointeau.
SIGILLOGRAPHIE
DES SEIGNEURS DE CRAON
XXI
BRANCHE DE SAINTE-MAURE
GUILLAUME I DE GHATEAUDUN
DIT LE GRAND
Né vers 1318. — 8 janvier 1388.
Jl est d'usage de donner le nom de Sainte-Maure à la
branche de la maison de Craon issue de Guillaume I ;
en effet, tous les historiens ont cru que Sainte-Maure,
patrimoine d'Isabelle, première femme d'Amaury III,
était passé directement de ses mains dans celles de Guil-
laume I. Ils ont même été amenés par cette erreur à en
commettre une plus grossière encore en donnant ce
Guillaume comme un second fils d'Isabelle de Sainte-
Maure. Déjà ici, on a fait justice de cette faute généa-
logique et restitué Guillaume au second lit d'Amaury III ;
bien plus, on a montré qu'il n'était même pas l'aîné des
enfants de Béatrix de Roucy, mais seulement le troi-
sième de ses fils, et que, n'ayant pas été nommé dans
l'acte du 15 avril 1318, il était venu au monde posté-
rieurement à cette date, dès la fin de 1318, sans doute.
Quant au fief de Sainte-Maure, il ne peut plus aujour-
d'hui subsister de doute sur son sort : après avoir ap-
partenu à Maurice VII, fils unique d'Isabelle, puis suc-
— 119 —
cessivement à Amaury IV et à Isabelle, ses petits-en-
fants, Sainte-Maure, vers le 12 janvier 1376 S fut aban-
donné par cette dernière, avec ses autres fiefs de Tou-
raine, à sa nièce, Jeanne de Montbazon, épouse de
Guillaume II de Graon, pour satisfaire aux droits
qu'elle avait sur la succession d'Amaury IV, son oncle.
On peut donc être certain que jamais Guillaume I ne
fut seigneur de Sainte-Maure et que Guillaume II était
marié depuis quelque temps déjà, lorsque sa femme, en
1376, devint dame de Sainte-Maure, Pressigny, Nouâ-
tre et Perrière. On le voit, il est impossible, sans com-
mettre un anachronisme, d'affubler Guillaume I du nom
de Guillaume de Sainte-Maure.
Le titre auquel il a droit, titre qui figure dans tous les
actes émanés de lui, est celui de vicomte de Châteaudun.
Les historiens en effet sont tombés au sujet de sa posses-
sion dans une erreur aussi grave que pour Sainte-Maure,
mais inverse : tous admettent que c'est à la suite de son
mariage, et en conséquence d'un apport de sa femme, qu'il
en reçut l'investiture ; il n'en est rien : bien avant ses fian-
çailles, dès décembre 1335, Guillaume I était vicomte de
Châteaudun. Ce titre en effet avait appartenue son père,
ainsi que cela est établi par l'acte du 4 juin 1345 où il
est dit que, en échange du passage de Wissant, dont le
revenu n'atteignait pas les cinq cents livres promises,
Robert VII, comte d'Auvergne et de Boulogne, avait
remis à Amaury III la vicomte de Châteaudun '-.
Guillaume ne tarda guère à y joindre le fief de Do-
mart en Ponthieu, qui devait appartenir un jour à son
quatrième fils, Jean ; il en avait reçu les profits à partir
des brandons de 1338, de Pierre de Dreux, en échange
de ses droits d'un sixième sur la baronnie de Château-
du-Loir, vendue au roi 3.
1. Voir les numéros 634, 659 du Cartulaire.
2. Voir les numéros 501 et 946 du Cartulaire.
3. Voir les numéros 941, 942 et 944 du Cartulaire.
— 120 —
Guillaume I, bien qu'il fût petit cadet, se trouvait
pourvu de fiefs qui devaient faire envie à bien des aî-
nés ; aussi ne doit-on pas s'étonner de le voir se marier
avec l'une des filles de Jean de Flandre et de Béatrix de
Ghâtillon, dont le mariage remontait au 2 novembre
1315 ; elle était nièce de Robert VII d'Auvergne, avec
qui Amaury III avait échangé Ghâteaudun. Gette bran-
che de la maison de Flandre possédait divers fiefs situés
au sud-est du Maine, qui devaient à bref délai, par suite
du décès des deux fils de Jean, Jean et Guy, tomber en
quenouille et figurer dans les partages passés entre
Ingelger I d'Amboise, époux en premières noces de
Marie de Flandre, l'aînée des filles, et Marguerite, Ma-
haud et Isabelle, ses sœurs *.
Le mariage de Guillaume I avec Marguerite, la qua-
trième d'entre elles, eut lieu vers 1341 ; on n'en possède
pas le contrat, mais on connaît un acte du 4 mai 1341
par lequel Guillaume assurait à sa femme, à titre de
douaire, quinze cents livres de rente assises sur la vi-
comte de Ghâteaudun 2. Guillaume devait être alors dans
sa vingt-troisième année.
Les sceaux de Jean de Flandre ont été publiés par
Vrée 3 : le premier, de 0,076, est rond ; il représente le
chevalier portant la cotte de mailles sous sa tunique ;
son casque, derrière lequel flotte une double banderole,
est chargé d'un cimier en forme d'éventail, où figure son
blason lequel se trouve aussi sur ses épaulières, sur la
housse et sur le cimier du cheval ainsi que sur le bou-
clier qu'il tient de la main gauche, tandisque la droite
brandit l'épée, retenue à l'armure par une chaîne. Ce
1. Olivier de Vrée, dans sa Genealogia comitum Flanclrix,
(Bruges, 1642, 2 vol. in-folio) n'a mentionné parmi leurs enfants
ni Jean, ni Guy, ni Isabelle ; Guy ne figure pas non plus dans le
P. Anselme.
2. N» 945 du Cartulaire.
3. On les trouve à la planche 71 de ses Sigilla.
H
— 121 —
blason est : d'or au lion de sable^ brisé d'une cotice
componée d'argent et de gueules. La légende est :
s : lONNIS : DE FLANDRIA *. DNI : DE \ CREPICORDIO
(Grèvecœur).
Au contre-sceau rond, de 0,032, figure dans un sixlo-
bes l'écu du sceau avec la légende : J^ qts iois de flan-
DiA : DNI de crepicordi.
Le second sceau est rond, de 0,08, et semblable au
premier, sauf que les cimiers représentent un lion assis
et que la housse du cheval, au lieu d'être armoriée, ne
porte qu'un petit écu au poitrail. La légende est :
s lOH DE : FLANDR MILIT *. DNI : DE : NIGELLA DE I
CREPICORDIO. Il n'y a pas de contre-sceau.
Le sceau de Béatrix de Ghâtillon est ogival ; il mesure
0,085 ; la dame y est représentée sous une arcature go-
thique, tenant une branche de la main droite. A son côté
droit est placé l'écu de son mari, à gauche celui de son
père. La légende porte : s beatcis de sco paulo dne
DE NIGELLA CPICORDII ET TERMODESIS.
Le contre-sceau rond, de 0,03 porte au centre un écu
parti de Flandre et de Châtillon^ avec la légende :
►{• QTS. BEATRICIS. DE. SCO. PAULO.
C'est en 1345 que Guillaume et Marguerite devinrent
propriétaires du fief de La Ferté-Bernard ^ Depuis long-
temps la maison de Craon avait des visées sur ce fief :
dès l'aurore du XIV^ siècle, en 1310, Amaury III, par
divers achats, avait commencé à prendre pied à La Ferté ;
il avait multiplié ses achats en 1317, mais un retrait
féodal, exercé par le comte du Maine, avait arrêté sa
1. U Histoire de LaFerté-Bernard, de M. Charles (1877, 304 p.
in-8o, orné de planches, parmi lesquelles on regrette de ne pas
trouver celle des sceaux des seigneurs de La Ferté, qui figure à
la page 160 des Etudes sur l'histoire et les Monuments de la Sar-
t/ie, Le Mans, in-S») ne contient qu'une faible partie des rensei-
fnements relatifs à la transmission du fief de La Ferté. Un seul
ocument publié in extenso y est relatif, c'est celui du le"" juillet
1392, proces-verbal de la saisie de La Ferté.
— 122 —
marche, et force lui avait été d'abandonner ce qu'il y
possédait à Philippe de Valois^ le 22 août 1318. Vingt
ans après, Jean, duc de Normandie, aliénait pour seize
mille livres La Ferté, qui devenait la propriété d'Ingel-
ger I d'Amboise, le futur beau-frère de Guillaume. In-
gelger en conserva la propriété huit années seulement,
car le 4 juin 1345 fut passé un accord réglant le par-
tage des successions de Jean de Flandre et de ses deux
fils, Jean et Guy, morts sans postérité. Marie, épouse
d'ingelger, avait droit à la part d'aînée ; par l'acte en
question, elle assigna à Marguerite La Ferté et conserva
pour elle tous les droits de sa famille sur Montdou-
bleau et Saint-Calais. Quant à Mahaud et Isabelle, qui
ne devaient pas se marier, c'est Marguerite qui prenait
à sa charge les rentes qui leur étaient dues et, par ac-
cord du 25 juillet 1354, elle abandonna à Mahaud la
jouissance viagère de La Ferté, sous charge de servir
une rente de trois cents livres à Isabelle. On verra plus
tard La Ferté-Bernard devenir le patrimoine de Pierre,
le troisième des fils de Guillaume I^
L'acte le plus ancien où Guillaume I soit intervenu mé-
rite d'être signalé à cause de l'âge qu'il avait alors ;
c'est le contrat de décembre 1335. Guillaume n'y appa-
raît pas acccompagné de tuteur ; on n'y mentionne pas
son émancipation, et cependant l'abandon de droits qui
y est stipulé semble être l'un des actes pour lesquels la
majorité était requise. Or, né vers 1318, Guillaume ne
pouvait guère avoir alors que dix-sept ans -.
Comme tous les chevaliers de son temps, Guillaume I
passa sa vie entière au milieu des combats ; mais c'est par
erreur que divers historiens ont mis son nom parmi ceux
des prisonniers de la journée de Poitiers ; on le trouve
1. Voir les actes numéros 399, 430, 434, 940, 950, 954, 955, 956
du Cartulaire.
2. Voir le n° 501 du Cartulaire.
— 123 —
en effet à la tête des troupes françaises à Fépoque même
où son frère, Pierre de la Suze. et son neveu, Amaury IV,
étaient captifs en Angleterre. Peut-être môme fut-il in-
vesti à cette époque des fonctions de lieutenant du roi
en Poitou, Anjou et Maine, fonctions qui appartenaient
à Amaury IV ^ Il fut certainement chambellan du roi et
c'est en cette qualité sans doute qu'il reçut une marque
éclatante de la confiance royale ; Charles V, en octobre
1374, lui donna place dans le conseil qui devait, le cas
échéant, assister le duc d'Anjou dans les fonctions de
régent de France, qu'il venait de lui conférer. Bien que
les lettres du roi aient été sans effet, puisqu'en 1380,
lors du décès de Charles V, le conseil de tutelle ne fut
pas composé des membres choisis par lui en 1374,
le fait seul de sa désignation par Charles V n'en reste
pas moins un titre des plus honorables pour la maison
de Craon^.
On sait par le héraut Navarre que Guillaume I portait
comme blason : de Craon à ung bâton d'azur '^ ; c'est
bien en effet celui qui figure sur ses sceaux, dont le
plus ancien n'a pas pris place ici ; il n'en existe aucun
moulage, et la seule empreinte qu'on en connaisse est en
fort mauvais état ; c'est un sceau rond de 0,035, oùl'écu
portant une bande très visible est placé sur un fond lo-
sange ; il ne reste plus rien de la légende ; ce sceau, dont
l'empreinte est du 19 décembre 1345, ressemble extrême-
ment à celui de Guillaume II, dont la figure 169 donne
le dessin.
Du second (figure 158), on connaît deux empreintes
1. Voir au Cartulaire les numéros 974 à 978. Quant au titre de
lieutenant du Roi, il lui est donné dans les numéros 967, 977,
978.
2. Les historiens de la maison de Craon ont ignoré ce fait, bien
que l'ordonnance qui le renferme ait vu le jour depuis longtemps.
Cartulaire n» 1012.
'^. No 871 de l'édition Douet d'Arcq, au Cabinet historique.
- 124 —
Tune du il janvier 1346, l'autre du 20 juillet 1357; la
bande est moins distincte sur la première que sur la
seconde ( Clair ambault^ n^ 2283). C'est un sceau rond
de 0,03 où l'écu, sommé d'un heaume à housse flottante,
est placé dans un champ réticulé semé de fleurettes.
Légende : s. g. de greon, vice...
158. — Sceau de Guillaume I, 1345 et 1357.
On ajoutera ici un sceau, ignoré jusqu'ici, et dont les
Archives ont effectué le moulage tout spécialement pour
ce travail. C'est (figure 159-160), « le scel auquel l'en
159-160. — Sceau et contre-sceau des causes de Morannes, 1361.
uset aux contraux en la chastellenie de Moranes, pour
noble et puissant seigneur monsieur Guillaume deCraon,
seigneur dudit lieu ' . » Sceau rond de 0,036 où figure
1. Il est encore attaché à l'aveu rendu le 4 janvier 1361, n. s.,
par Jehan Milon à la duchesse d'Anjou, et conservé aux Archives
nationales (P 331^) ; il est le seul témoin des droits seigneuriaux
exercés sur Morannes par Guillaume I, droits dont aucune men-
tion ne figure dans le Dictionnaire de Maine-et-Loire, \\, 739.
— 125 —
un écu losange, à la bande brochante, dans un quatre-
feuilles gothique. De la légende on ne lit plus que :
...D CAUSAS.... Le contre-sceau, de 0,02, est semblable
au sceau, mais le blason y est fruste. De la légende on
lit : C. s. MAR...
161. — Sceau des causes de la vicomte de Châteaudun, 1387-1389.
A Fépoque où les Craon étaient vicomtes de Châ-
teaudun les Châtillon étaient comtes de Blois et de
Dunois ; aussi est-ce leur blason qui figure sur le
sceau aux causes de cette ville. Voici (figure 161) un
sceau non moulé fourni par les Pièces originales. C'est
162. — Sceau de Marguerite de Flandre.
un sceau rond de 0,035 portant le blason plein de la
maison de Châtillon, en un écu droit, surmonté d'une
étoile. Il ne reste plus rien de la légende.
Le sceau de Marguerite de Flandre est connu grâce à la
cire détachée, n"" 76 de la collection Bastard ' (figure 162) ;
1. Les cires détachées de la collection Bastard sont conservées
à la Bibliothèque nationale, département des médailles.
9
- 126 -
elle consiste en un fragment de sceau de 0,02 ; au cen-
tre un écu droit parti de Craon et de Flandre^ brisé
d'une cotice componée dans un cinqlobes gothique. Il ne
reste plus rien de la légende.
La date du décès de Guillaume I n'a pas été fixée
encore ; l'abbé Bordas, dans son Histoire sommaire
du Danois^ a conservé la mention de V Obituaire des
Cordeliers de Châteaudun relative à Guillaume I ;
mais la date imprimée : 8 juin 1381, porte une double
erreur, résultant sans doute des difEcultés que présen-
tait la lecture de Fobituaire. On connaît assez de docu-
ments relatifs à Guillaume I et datés de 1381 à 1387
pour que l'erreur de millésime soit évidente, et qu'on
soit autorisé à substituer 1387 à 1381, avec d'autant plus
de certitude que les confusions entre VII en chiffres ro-
mains et un en écriture gothique sont fréquentes ; quant
au mois, il faut, croit-on, substituer janvier à juin.
Cette seconde modification est indispensable, puisque,'
parmi les aveux rendus à Guillaume I, pour La Ferté-
Bernard, il en est un de novembre 1387. Il faut donc
fixer le décès de Guillaume I au 8 janvier 1388. Il fut
certainement enseveli aux Cordeliers de Châteaudun,
où Guillaume de Saint-Romain lui avait préparé une
tombe, qu'il devait partager avec Marguerite de Flan-
dre*.
Avant de mourir, Guillaume avait pris soin, le 25
mai 1387, d'assigner à sa femme Marguerite de Flan-
dre le tiers des deux mille livres de rente que, en exé-
cution des deux accords du 31 janvier 1347, les branches
cadettes réclamaient d'Isabelle de Craon ; deux de ses
fils, Guillaume II et Pierre, par acte du 3 juillet 1387,
s'engagèrent à respecter sur ce point les dispositions de
leur père.
1. Voir le n^ 1035 du Cartulaire.
I
- 127 —
•
Marguerite survécut donc à son époux. Tout en igno-
rant l'époque de sa mort, on peut être certain qu'elle fut
ensevelie aux Gordeliers de Ghâteaudun, sous la tombe
due au ciseau de Guillaume de Saint-Romain.
Dresser le tableau 'des enfants de Guillaume I et
de Marguerite de Flandre est difficile ; il n'existe en ef-
fet aucun document qui en contienne la liste, et on est
réduit à chercher leurs noms dans des actes où chacun
d'eux figure isolément ; de telle sorte qu'on ne connaît
pas ceux qui sont morts en bas-âge, ou qui sont entrés
en religion.
Sous ces réserves, on peut dire que Guillaume I eut
au moins cinq fils : Guillaume, Amaury, Pierre, Jean et
Guy, et trois filles : Jeanne, Béatrix et Marie.
XP|. — Guillaume. — Guillaume II, après son père,
fut chef de la branche dite de Sainte-Maure ; il sera
l'objet d'un article séparé.
X1^2- — Amaury. — Jamais personne n'a donné à
Guillaume I d'enfant appelé Amaury. Il serait cependant
singulier que de tous ses fils aucun n'eût reçu le prénom
de son grand'père, encore porté lors de sa naissance par le
chef de la maison de Craon, Amaury IV. Bien qu'il n'existe
aucun document disant formellement que Guillaume I
ait eu un fils ainsi nommé, il n'est pas impossible cepen-
dant d'établir suffisamment le fait pour lui assigner sans
crainte d'erreur la paternité de l'Amaury de Craon,
conseiller et maître des requêtes de l'hôtel du roi, en
même temps que trésorier de l'église de Reims, qui,
le 7 juillet 1379, donnait une quittance publiée par dom
Morice. Ce personnage en effet portait un sceau à l'écu
losange avec bande, soit précisément le blason de
Guillaume I. Il était trésorier du chapitre au moins dès
1371, comme le constate l'éditeur de dom Marlot, en
s'appuyant sur les recherches de Weyen. Il est aussi
mentionné par Yarin, dans ses Archives de Âeims, où
on apprend qu'il était décédé avant le 25 février 1381.
— d28 -
On trouvera sa présence à Reims toute naturelle si on
songe qu'il était revêtu de cette dignité importante du
chapitre à l'époque même où le siège archiépiscopal
était occupé par Jean de Graon, son oncle paterneP .
Dès avant 1371, il avait atteint l'âge requis pour pos-
séder des dignités ecclésiastiques ; aussi faut-il sans
doute voir en lui le second des fils de Guillaume I.
XPg. — Pierre. — Pierre fut la tige du rameau de
la Ferté-Bernard ; il aura son article en tête de la notice
sur ce rameau.
Xlb^. — Jean. — Jean fut la tige du rameau de Do-
mart en Ponthieu ; il aura son article en tête de la no-
tice sur ce rameau.
XP5. — Guy. — L'acte le plus ancien de Guy, cin-
quième fils de Guillaume I, est son aveu du l^"" mars 1378
à l'abbé de Vendôme, pour Roullays ; il figure ensuite
dans un certificat délivré par Jean de Bueil à ceux qui, en
février 1380, faisaient partie de sa compagnie ; on le re-
trouve encore, le 25 mai 1387, comme témoin de l'acte
par lequel son père assurait à sa femme la jouissance
viagère du tiers des deux mille livres de rente qu'Isa-
belle de Craon devait à ses cousins ; le 7 février 1390,
il est l'objet d'une libéralité du duc de Touraine ; en
1399 enfin, il est l'un des témoins du contrat de mariage
de son neveu Jean de Graon avec Jacqueline de Mon-
tagu.
Son testament est du 14 octobre 1401 ; il y demande
à être enseveli chez les Gordeliers de Ghâteaudun, et y
dispose qu'en échange d'un hôtel à Clichy-la-Garenne,
appartenant à sa femme, et qu'il avait aliéné, il lui
cédait la propriété de Sainte- Julitte, Chaumussay, Neuf-
mans et la Lambarderie, ainsi que de tous ses meubles.
1. Voir Cartulaire, n° 1011 ; voir aussi Dom Marlot, Histoire
de la ville, cité et université de Reims ; 1843-1846, 4 in-4°, t. I,
p. 667 ; et Archives de Reims, 9 in-4o, t. III. p. 352, 381.
- 129 —
Cette épouse était Jeanne de Sourches ; elle apparte-
nait à une famille qui avait possédé Sourches-le-Mari-
gné, tombé en quenouille et devenu la propriété des le
Vayer, et se continuait à Malicorne, Saint-Aignan, Dou-
celles, Dangeul, dans le Maine, à Clinchamps et Ra-
bestan^, dans le Perche. Jeanne était fille de Louis, sei-
gneur de Clinchamps, et d'Isabelle de Beaumont ; elle
avait pour frère Payen de Sourches -, seigneur de Clin-
champs après son père, et à qui elle fit épouser une
nièce de son mari, Béatrix de Maulevrier, fille de Re-
naud de Maulevrier et de Béatrix de Craon, dame de
Toureil, et une sœur, Pernelle, qui épousa Robert de
Saint-Père ^.
Guy de Craon n'ayant pas d'enfant, légua, ainsi qu'on
vient de le voir, tout ce qu'il possédait à Jeanne de
Sourches, sa veuve. Celle-ci eut pour héritier Payen, son
frère, qui, de Béatrix de Maulevrier, eut un fils nommé
Guillaume. Ce Guillaume ayant épousé Jeanne, héritière
de la maison de Tucé, s'engagea à prendre le nom et les
1. Sur Rabestan voir la notice de M. Lefevre aux pages 339-
374 du tome I des Mémoires de la Société d'Eure-et-Loir.
2. Voir, abbé Ledru, Le château de Sourches au Maine et ses
seigneurs (1887, in-8°), où la maison de Sourches est étudiée seu-
lement jusqu'à l'époque où Sourches parvient aux mains des Le
Vayer ; c'est à une communication du savant abbé que nous de-
vons de pouvoir en dire davantage sur les Sourches. Bon nom-
bre des difficultés que soulève leur généalogie trouveraient leurs
solutions dans deux pièces découvertes par nous :
1353, 25 novembre. — Accord entre Ymbert de Sourches, sei-
gneur de Clinchamps, et Ymbert de Sourches, seigneur de Saint-
Aignan, fils de Patry de Sourches, pour l'héritage de Geofiroy
de Sourches, frère germain d'Ymbert et frère consanguin de Pa-
try (Arch. nat., X*^ 7, 175-177).
1378, 7 novembre. — Accord entre Marguerite de Sourches,
femme de Patry de Sourches, et Jeanne d'Usages, veuve de Ym-
bert de Sourches, seigncui* de Rabestan, pour les réparations de
Rabestan {Arch. Eure-et-Loir, E, 2693, 4).
3. C'est M. le vicomte d'Elbenne qui nous a signalé l'existence
de Pernelle, dont la preuve lui a été fournie par un arrêt du Par-
lement sui' le litige auquel a donné lieu la succession d'Anne de
Tucé.
— 130 —
armes de Tucé et eut une fille, Anne de Tucé*, qui, à la fin
de novembre 1432, épousa Louis de Bueil ; puis, le 4 juin
1433, fît son testament et mourut sans enfant. Son mari,
qui lui survécut et qui fut tué dans une joute entre Ghinon
et Razilly, le 5 février 1447, dans des circonstances que
fait connaître une relation aujourd'hui imprimée ~, n'avait
aucun droit sur son héritage ; et c'est entre les Tucé et
les Saint-Père qu'eut lieu le litige au sujet de cette suc-
cession. A la même époque, on opérait la liquidation de
Renaud de Maulevrier; et ce n'est pas sans peine que
les Goesmes obtenaient des Montbron les parts de sa
succession et de celle d'Anne de Tucé, qui leur reve-
naient, à eux aussi. Tous ces actes de procédure sont
fertiles en renseignements généalogiques, et c'est à eux
qu'est due une partie de ceux qui précèdent.
163, — Signet de Patry de Sourches, seigneur de Malicorne. 1347.
On donnera ici (figure 163), le signet d'un Patry de
Sourches, seigneur de Malicorne, d'après une empreinte
du 11 février 1347 { Clair amhault, n« 2523). Il n'y sub-
siste plus que i'écu chargé de six burelles^ et de la lé-
gende que les lettres se.... y.
On possède une empreinte du sceau de Guy de Graon
1. C'est par erreur qu'on a dit Anne fille de Beaudouin de
Tucé (Le Jouvencel, Introduction par Camille Favre, p. LUI ;
Carré de Busserolle, Dictionnaire I, 465; III, 415); celui-ci
n'était que le second époux de sa mère et issu de la mai-
son de Champagne, il n'était Tucé que par la volonté de sa femme.
Le fief de Clinchamps, dont M. C. Favre ne connaît pas la posi-
tion, était situé dans le Perche, sur la paroisse de Cnemilly, en-
tre Mamers et Bellême.
2. Dans les Mémoires de la Société de Touraine, XI, 288.
— 131 —
en une cire détachée du fonds Bastard, numéro 133, où
elle est datée de 1389. C'est un sceau rond de 0,025
(figure 164). On y voit un écu losange à la barre très appa-
rente, penché, timbré d'un heaume à lambrequin, sommé
d'une tête de loup, posé sur un champ réticulé orné de
fleurettes; de la légende on ne lit plus que : g.... de
CRAON.
Xlbg. — Jeanne. ^- Il n'existe aucun document qui
mentionne une Jeanne au nombre des filles de Guil-
164. — Sceau de Guy de Graon, 1389.
laume; il est cependant impossible de ne pas tenir
compte de l'affirmation des généalogistes bretons qui
donnent à Pierre II de Tournemine pour épouse une
Jeanne de Graon, dont ils font la mère de Jean I, chef
de la maison après son père, et de Pierre, seigneur de
Jasson et Plancoët, qui n'eut pas d'enfant de Tiphaine
du Guesclin ^ Pierre II mourut du reste non pas en
1372, comme le disent les historiens, mais après le 2
mai 1381, ainsi que rétablissent les documents publiés
par dom Morice, sous les dates des l^'^juin et 20 août
1. Le dernier travail sur les Tournemine est de M. A. de
Barthélémy; il a été publié dans la Revue nobiliaire, t. IX (1872),
p. 1-10. Il a été fait d'après les archives des Penthiève, aujour-
d'hui déposées aux archives départementales des Côtes-du-Nord,
et néglige complètement les renseignements fournis par les Preu-
ves de dom Morice. On n'y trouve pas l'explication de ce fait sin-
gulier de deux Tournemine, l'un notre Pierre II, l'autre appelé
Jean, (pji simultanément se qualifient de sire de la Hunaudaye,
de 1371 à 1.378. Voir Dom Morice, Preuves, t. I, p. 1648; t. Il,
186. 191.
— 132 -
1374, 10 mai 1375, 26 avril et 4 mai 1379, et 2 mai
1381 1.
Par une montre du 28 septembre 1383 -, on voit qu'à
cette date Jean I, seigneur de Tournemine, était cheva-
lier banneret et avait sous ses ordres comme chevalier
bachelier Pierre, son frère. Ce dernier avait alors au
moins vingt et un ans. Il faut donc placer la naissance
de Jeanne de Craon dans les premières années du ma-
riage de ses parents ; c'est pour cela qu'elle figure ici
avant ses sœurs.
Xlb^. — BÉA.TRIX. — Malgré de nombreuses recher-
ches on n'a pu découvrir un document rattachant expres-
sément Béatrix à Guillaume 1 ; son origine n'en est pas
moins certaine car, mariée avant 1372, elle était évidem-
ment sœur de Guillaume II, marié vers 1368, et de Ma-
rio, devenue dame de Mauny en 1373. L'antériorité de
son mariage est même un motif suflisant pour lui don-
ner l'aînesse sur cette dernière. Son époux était Renaud
(et non Raoul) de Maulevrier, lequel fut le dernier de
son nom. Elle lui apporta en dot Toureil (Maine-et-Loire)
et Richebourg^, (jui en dépendait, et lui donna quatre
enfants : un seul fils, Jean, mort après ses parents, mais
avant sa majorité, et trois iilles qui furent mariées par
leur mère : Marie qui, en sa qualité d'aînée, porta la
grosse part de l'héritage de sa maison à Jacques de
Montbron, maréchal de France, son époux dès 1386 ;
Marguerite qui, avant janvier 1392, épousa Charles de
Goesmes, et Béatrix, femme de Payen de Sourches, sei-
gneur de Clinchamps et mère de Guillaume de Tucé ^.
1. Voir au tome II des Preuves de dom Morice, les pages 80,
82, 87,214, 279,381.
2. ]bid., p. 436.
3. Voir G. Port, Dictionnaire, III, 254 et 606.
4. Il est bon de noter ici que Paven de Sourches eut de Béatrix
de Maulevrier un fils, Guillaume, lequel, le 14 février 1412, v. s.,
épousa Jeanne, fille de Guillaume II de Tucé et de Flavie de Li-
— 133 -
Béatrix mourut sans doute dans le courant de 1392,
car M. Port constate que François de Montbron était
en 1393 bail de Jean de Maulevrier.
Il existe un sceau de Renaud de Maulevrier (figure
165), apposé le 22 octobre 1379 (numéro 5889 de Clai-
rambault). C'est un sceau rond de 0,03 qui contient un
écu droit portant un chef timbré d'un heaume cime d'un
oiseau à queue de serpent entre deuxvols, l'écu supporté
par deux lions assis, sur champ réticulé. Légende : s.
REGNAVT SEGNR DE MAV....R.
165. — Sceau de Renaud de Maulevrier, 1379.
Xlbg. — Marie. — A la différence de ses sœurs
Jeanne et Béatrix, Marie apparaît dans le document du
25 mai 1387 comme fille de Guillaume I. Fut-elle, comme
Ménage l'a avancé, sans en administrer aucune preuve,
l'épouse en premières noces de Marie d'Anthoing? cela
nières. Cette Jeanne, en sa qualité de fille aînée, était héritière
du fief de Tucé ; elle imposa à son mari l'obligation de quitter
son nom de Sourches pour celui de Tucé ; ils n'eurent qu'une fille,
Anne de Tucé, qui épousa Louis de Bueil, ne lui donna pas d'en-
fant et fit son testament en 1433. Jeanne s'était remariée dès le
14 mai 1423 à Beaudouin de Champagne, connu depuis cette date
et jusqu'à sa mort advenue entre 1461 et 1466 sous le nom de
Beaudouin de Tucé. Jeanne n'ayant pas eu d'enfant de Beau-
douin, attribua, dès le 11 avril 1*453, le nom de Tucé à son neveu
Louis, fils de Hugues le Gros et de Marie de Tucé, sa sœur (Voir
Notice sur la seigneurie d'Aillières par M. le comte Boulay de la
Meurthe. à l'appendice du Cartulaire dePerseigne, et Alouis, Les
Cçesmes, I).
- 134^
semble peu admissible, car la supputation de ses années
et de celles de ses parents ne donne guère place pour
elle à un veuvage ; puis, selon le P. Anselme, Marie de
Melun, fils d'Isabelle d'Anthoing, serait mort sans al-
liance.
Marie se maria, par contrat du 26 août 1373, à Hervé
de Mauny sieur de Torigni-sur-Vire (Manche) ; elle
eut ainsi Fhonneur de devenir nièce à la mode de Bre-
tagne du connétable de France, Bertrand du Guesclin.
Elle venait sans doute de mourir alors que Hervé de
Mauny, le 22 décembre 1401, faisait son testament, par
lequel il demandait à être enseveli près d'elle, dans Fab-
baye de Torigni. Hervé survécut dix ans à cet acte. Il
contracta une seconde alliance avec Jeanne de Sacé,
veuve de Jean d'Usages et, le 4 décembre 1409, devenu
veuf pour la seconde fois, il fonda une chapelle au lieu
166. — Sceau de Hervé de Mauny, 1388.
de la sépulture de ses deux femmes et mourut, croit-on,
en 1411. Il avait eu l'honneur, ainsi que son frère aine,
Olivier de Mauny, d'être désigné par Bertrand du Gues-
clin, dans son testament du 9 juillet 1380, au nombre de
ses exécuteurs testamentaires, et figurait en outre dans
cet acte comme créancier du connétable pour 1000 francs.
Celui-ci, par acte du 10 juillet 1380, lui légua Villiers-
le-Bocage ^.
Le fonds Glairambault possède les empreintes de deux
sceaux d'Hervé de Mauny, numéros 5904 et 5905 ; l'une
de 1383, a 0,017, l'autre, du lOjanvier 1388, mesure 0,025.
On trouvera ici (figure 166), le dessin de cette dernière.
1. Voir Cartulaire, n^s 1020, 1021.
— 135 —
Toutes les deux portent un écu où figure un croissant
au lambel accompagné d'une étoile en chef et à dextre,
penché, timbré d'un heaume cime d'un croissant, sup-
porté par deux lions. La légende, qui n'est complète que
sur le second sceau, porte : s herve de maunyV
Les historiens sont unanimes pour attribuer au pre-
mier lit d'Hervé de Mauny les deux fils qu'il laissait en
mourant : Olivier, l'aîné, fut seigneur de Torigni et eut
trois enfants dont une fille, Marguerite, qui fit passer
son patrimoine aux mains des Goyon, seigneurs de Ma-
tignon. On trouvera au Cavtulaire l'indication du testa-
ment d'Olivier que nul n'irait chercher aux archives
d'Eure et-Loir, qui en possèdent la minute, du 10 octo-
bre 1424.
167. — Blason de Mauny, voûte de la Chapelle-SaintrRémy.
Le second fils fut Hervé de Mauny, qui épousa Isa-
beau d'Usages, fille de sa belle-mère, reçut le fîef de
Saint- Aignan (Sarthe), et fut chef d'une branche qui en
conserva la seigneurie jusqu'à l'époque où, en 1523, elle
tomba en quenouille. C'est cette branche qui possédait
la Chapelle-Saint-Rémy, et dont on a voulu rappeler le
souvenir lorsque, au XVII" siècle, en peignant la voûte
de la chapelle de Fleuré, on y plaça un blason (figure
1. Dom Morice, t. II, de ses Preuves, p. 82 et 190 a décrit le
sceau d'un Eustache de Mauny, où figurait un écu au croissant
chargé d'un lambel à trois pendants.
- 136 -
167) ', où on remarque un écart de Craon, dont il n'y a
pas lieu de s'étonner, puisque les Mauny descendaient
de Marie de Craon; quant à l'écu en abime, portant le
blason de Goyon-Matignon, il n'a pu y prendre place en
témoignage d'origine, puisque les Mauny n'étaient pas
issus des Goyon.
CARTULAIRE DE CRAON
BRANCHE DE SAINTE-MAURE
XVI (935-1047) GUILLAUME I 1318-1388.
935. — 1310, 15 septembre. — Numéro 399.
936. — 1317, 8 avril. — Numéro 430.
937. — 1317, 2 juin. — Numéro 434.
938. — 1322, 3 mai, Paris. — Numéro 464 et 814.
939. — 1335, décembre, Tours. — Numéro 501.
940. — 1336, V. s., janvier, au Louvre, près Paris. — Con-
firmation par Philippe de Valois et la reine Jeanne de la vente
de la Ferté, faite par Jean de Normandie à Ingelger I d'Am-
boise et à Marie de Flandre, son épouse, pour 16000 livres
(Arch. nat., J HT).
941. — 1337. — Lettres- de Pierre de Dreux, en fa-
veur de Guillaume I, auquel il abandonne 1000 livres de
rente viagère sur Domart en Ponthieu, afin de le dédomma-
ger de ses droits d'un sixième sur Château-du-Loir, vendu
au roi * (Du Chesne, Histoire de Dreux).
1. C'est M. le vicomte d'Elbeime qui nous a communiqué ce
dessin, relevé par lui-môme à la voûle de la chapelle de Fleuré.
2. Cet accord fut, paraît-il, l'œuvre de Jean III, abbé de Cou-
lombs (Voir Gallia C/iristiana, VIII, 1255 et Merlet, Histoire fie
Val)hayc de N.-D. de Coulombs, Chartres 1864, 254 p. in-8°,
p. 54). — Le 12 mai 1337, Pierre de Dreux, pour 31000 livres,
avait vendu Château-du-Loir à Philippe VI (A. Nat,, JJ H, 50).
I
— 137 —
942. — 1338, V. s., 18 février. — Accord entre Pierre de
Dreux et Guillaume I au sujet de 784 livres de rente sur Châ-
teau-du-Loir, auquel ce dernier avait droit à cause de sa
mère * (Arch. nat., JJ 68, 65 ; communiqué par M. l'abbé Le-
dru).
943. — 1338, V. s., 11 mars. — Numéro 504.
944. — 1339, 9 juillet. — Lettres portant investiture à
Guillaume I de la terre de Domart ^ en Ponthieu et de ses
fruits depuis les brandons de 1337 (Arch. de la Trémoïlle,
Fonds Craon).
944 bis. _ 1340, 5 août. — Guillaume I, pour 160 livres,
fait achat à Isabeau, épouse de Laurent Pichereau, de l'hé-
bergement de Cholet, dans la paroisse de Saint-Jean de la
Chaîne ^ (Arch. d'Eure-et-Loir, fonds de Chamars, commu-
niqué par M. Lucien Merlet).
945. — 1341, 4 mai Paris. — Lettres de Guillaume I, che-
valier, assignant en douaire à Marguerite de Flandre 1500 li-
vres de rente, sur la vicomte de Châteaudun* (A. N., JJ 74
594).
946. — 1345, 4 juin, Paris. — Accord entre Marie de Flan-
dre, comtesse de Boulogne, et Philippe de Bourgogne, époux
de Jeanne, comtesse de Boulogne et d'Auvergne. On y ap-
prend que la vicomte de Châteaudun avait été donnée par
Robert VII, comte d'Auvergne, à Amaury III, qui avait aban-
1. Les parties furent représentées par l'abbé de Coulombs,
Olivier de Clisson, Renaud de Pressigny, Hue de Baubigny, Ro-
bin d'Auvers et Jean Pointeau.
2. La concession lui en avait été faite afin de lui tenir lieu de
ses droits d'un sixième sur le iief de Château-du-Loir, \endu au
roi (Voir Du Chesne, Histoire de Dreux, et numéros 941 et 942
du Cartulaire.
3. Cet acte nous était connu par une note du Trésor généalo-
gique ; c'est M. Lucien Merlet qui nous a fait savoir que Cholet
était situé en Saint-Jean de la Chaîne et 'non en Saint de la
Cheaum'i {sic), comme l'avait écrit dom Villevielle.
4. Cet acte fut ratifié par le roi en août 1341.
— 138 -
donné en échange le passage de Wissant, lequel n'avait pas
produit les 500 livres promises (Arch. nat., X*'' 3^, 175).
947. — 1345, 19 décembre, Paris. — Quittance de Guil-
laume 1 des gages de sa compagnie, composée de lui banne-
ret, de quatre chevaliers bacheliers et de quinze écuyers *
(B. N., Titres scellés, fol. 2739).
948. — 1345, V. s., 11 janvier, Paris. — Quittance de Guil-
laume V (Clairambault, t. XXXVI, n« 178).
949. — 1346, V. s., 31 janvier. — Numéros 820 et 821.
950. — 1346, V. s., 16 février, Paris. — Accord entre In-
gelger I d'Amboise et Marie de Flandre, son épouse, Guil-
laume I de Craon et Marguerite de Flandre, son épouse,
ceux-ci se portant forts pour Isabelle et Mathilde, réglant le
partage de la succession de Jean de Flandre, leur père, de
Jean et Guy de Flandre, leurs frères ; Guillaume et Margue-
rite reçoivent la Ferté, Ingelger garde Saint-Calais, la Chau-
velière et tous les droits de sa famille en Mondoubleau (Arch.
nat. X*« 3b, 261).
951. — 1346, 25 avril, Aiguillon. — Guillaume I de Craon,
chevalier, vicomte de Châteaudun, donne un reçu (Pièces
originales, Craon, n° 6).
952. — 1348, 2 mai, Paris. — Mandement du Parlement,
prescrivant de placer dans la main du roi les fiefs des châ-
tellenies de la Guerche et de Sainte-Julitte que se dispu-
taient Guillaume de Craon et Jean de Lisle, seigneur de
Saint-Médard (Arch. nat., X*« 12, fol. 112. Note du Trésor
des chartes du Poitou, t. III, p. 252 et t. II, p. XX).
953. — 1348, 23 mai, Paris. — Mandement du Parlement
prescrivant la reconstruction par Guillaume de Craon, du
1. Cet acte porte un sceau non moulé qui est décrit ci-dessus,
page 123.
2. Cet acte porte le sceau, figure 158.
— 139 —
moulin de Beugnons, appartenant aux moines de Saint-Jouin
de Marnes (Arch. nat., X*^ 12, fol. 109, d'après Trésor des
chartes du Poitou', t. III, p. 252 où on signale sur la même
affaire un arrêt du 14 mai 1350).
954. — 1348, V. s., 1 février. — Lettres de Mahaut de
Flandre nommant ses procureurs pour agir contre Guil-
laume I, afin de faire liquider ses droits sur la Ferté-Bernard,
Sainte- Julitte et la Guerche, en Touraine (Arch. nat., X**^,
4b, 276).
955. — 1348, V. s., 25 janvier, Choisy. — Accord entre
Guillaume I et Mahaut de Flandre, liquidant ses droits sur
les terres de la Ferté, Saint-Calais, Sainte- Julitte, la Guer-
che et la Chauvelière ^ (Arch. nat., X''^ 4b, 278-279).
956. — 1348, v. s., 9 février, Paris. — Sentence du Parle-
ment, homologuant l'accord passé entre Guillaume I et Ma-
haut le 25 janvier 1349 (Arch. nat., X*^ 4b, 277).
957. — 1349, novembre. Couches. — Lettres par lesquelles
Philippe VI confirme le droit de Guillaume I de faire payer
ses droits de salage sur les chalans chargés de sel, qui pas-
sent à la Roche-aux-Moines ^ (Arch. nat., JJ 78, 9).
958. — 1350, 23 avril, Paris. — Arrêt du Parlement tran-
chant au profit de Guillaume I le litige qui existait entre lui
et Jean de l'Isle, au sujet des fiefs situés dans les châtellenies
de la Guerche et de Sainte-Julitte (Arch, nat., X^^ 12, 417
d'après Trésor des chartes du Poitou, t. II, p. XX et t. III,
p. 252).
959. — 1350, 4 juin. — Numéros 512 et 822.
1. Cet acte prouve, contre M. Carré de Busserolle, au T. III
de son Dictionnaire d'Indre-et-Loire, que Sainte-JuHtte ne fut pas
en 1390 acheté par Guy de Graon à Boucicaut.
2. Gette pièce a échappé aux recherches de M. Mantellier, qui
ne la mentionne pas dans les trois volumes qu'il a consacrés à
VHistoire de la Communauté des marchands fréquentant la ri-
vière de Loire et fleuves descendant en icelle (Orléans. 1867-
1869, in-80).
• - 140 -
960. — 1351, 20 et 27 juin, Angoulême et Périgueux. —
Deux quittances données par Louis Chabot de ses gages pour
lui, un chevalier et cinq écuyers de sa compagnie, employés
sous le gouvernement d'Amaury IV (Bibl. nat.. Titres scellés,
27, 1955; communiqué par M. l'abbé Ledru*).
961. — 1352, 20 avril. — Mandement de Jean le Bon pres-
crivant l'ajournement de la cause pendante entre Guillaume I
et madame d'Alençon (Arch. nat., X^^ 6, 77).
962. — 1352, 19 juin. — Accord entre Isabelle de Melun,
comtesse de Dreux, et Guillaume I. Ce dernier s'était opposé à
ce que l'exécution d'un arrêt contre le vicomte et la vicom-
tesse fut poursuivie sur ses terres de Ponthieu (Arch. nat.,
X**^6, 120).
963. — 1352, 18 décembre, Paris. — Accord entre Guil-
laume I, Marguerite de Flandre et les exécuteurs testamen-
taires de Béatrix de Châtillon^ (Arch. nat., X*% 6, 153).
964. — 1353, V. s., 28 mars, Paris. — Accord entre Guil-
laume I et l'abbaye Saint- Jouin de Marnes au sujet de la jus-
tice (Arch. nat., X*« 7, 42).
965. — 1354, 17 avril. — Différend entre Guillaume I et
Jean de Montléon au sujet du moulin de Lorcé (Arch. nat.,
X^^ 15, 214, note du Trésor des Chartes du Poitou^ t. III,
p. 252).
966. — 1354, 25 juillet, Paris. — Accord entre Guillaume I,
Marguerite, son épouse, et Mahaut de Flandre, sa sœur : il
en résulte possession viagère de la Ferté-Bernard pour Ma-
1. Nous devons remercier ici M. l'abbé Ledru qui a bien voulu
nous communiquer les fiches de son dépouillement des titres
scellés et nous a ainsi mis à même de donner place dans notre
Cartidaire .k divers documents relatifs à la maison de Craon
classés en dehors du registre qui lui est spécial.
2. A la même date accord entre Ingelger d'Amboise et les mô-
mes exécuteurs testamentaires, (Ibid.^ n» 154.).
— 141 ~
haut, sous charge de payer trois cents livres de rente à Isa-
belle, leur sœur ^ (A. N., \'' IX% 44).
967. — 1355, juillet, Saint-Ouën. — Numéro 529.
968. — 1355, 23 décembre, le Mans. — Quittance de Jean
de Rouvray, chevalier, pour deux chevaliers et cinq écuyers
de sa compagnie, employés es guerres d'Anjou et du Maine,
en la compagnie de Guillaume I « capitaine es dites parties
de certain nombre de gens d'armes. » (Bibl. nat., Titres
scellés, 99, 7665, communiqué par M. l'abbé Ledru).
969. — 1355, V. s., 20 janvier. Pouancé. — Quittance de
Jean de Cuignières de ses gages pour campagne faite sous
Guillaume I (B. N., Titres scellés, 38, 2845, communiqué
par M. l'abbé Ledru).
9/0. — 1355, V. s., 5 février, Pouancé. — Quittance de
Robert de Vieuxpont-, sire de ChauUenay, employé sous Guil-
laume I, capitaine pour le roi de certain nombre de gens d'ar-
mes (Bibl. nat.. Titres scellés, 113, 8801 ; communiqué par
M. l'abbé Ledru).
971. — 1355, V. s., 5 février. — Quittance de Guillaume de
Chaumont ayant servi seul sous Guillaume I (B. N., Titres
scellés, 30, 2253, communiqué par M. l'abbé Ledru).
972. — 1355, V. s., 6 février, Pouancé. — Quittance de
Jean, dit le Beaudrin de la Heusse, chevalier, pour sept che-
valiers et quarante-cinq écuyers, pour services faits sous
Guillaume I (B. N., Titres scellés, 59, 4551, communiqué par
M, l'abbé Ledru).
973. — 1356, v. s., 23 mars. — Numéro 828.
974. — 1357, 20 juillet. — Guillaume I donne quittance
d'une somme prêtée au sire de Garancière (Pièces originales,
Craon, n^7^).
1. La ratification du Parlement est du 28 février 1355 {Ihid.,
n" 25).
2. Cet acte porte le sceau, ligure 158.
10
— 142 —
975. — 1357, août, Gisors. — Lettres du duc de Norman-
die portant rémission pour sept hommes d'armes que, en
prétextant d'aller sous la conduite de Guillaume I secourir
Rennes, Philippe de la Chèze avait enrôlés en Poitou, puis
conduits- à Sillé-le-Guillaume, où ils avaient pris part aux
excès commis contre le château « et ailleurs ou dit pais *. »
(Trésor des Chartes du Poitou, t. III, p. 251).
976. — 1357, août, Gisors. — Lettres de rémission pour
Guillaume Sanglier, écuyer, fils de Guillaume Sanglier, che-
valier, âgé de quinze ans, tenu en prison à Tours comme com-
plice de Philippe de la Chèze' (Arch. nat., JJ 89, 127).
977. — 1357, 11 octobre, Angers. — Lettres de Guil-
laume I autorisant Jehan de la Porte à fortifier son château
de Vézins et à exiger que la garde et le guet y soient faits
par les hommes du fief (Ménage, p. 395).
978. — 1357, 20 octobre, Le Mans. -^ Commission adres-
sée par Guillaume ï au sénéchal de Poitou, relative à la dé-
molition du château de Faye (Archives d'Aubigny et Faye ;
indiquées par Trésor des Chartes du Poitou^ t. III, p. XXVI).
979. — 1360, 24 octobre, Calais. — Numéro 550.
980. — 1362, v. s., 11 mars, Paris. — Don du duc d'Or-
léans à M. de Craon, chambellan ^ du roi, de 500 francs d'or
(Arch. nat., JJ 92, 43, communiqué par M. l'abbé Ledru).
981. — 1363. — Lettres de Jeanne de Montbazon et de
1. Si les faits relatés dans cette lettre sont d'une rigoureuse
exactitude, il faut admettre que Philippe de la Chèze, enhardi
par le succès de son coup de main sur Fresnay en 1356 (voir
n° 531 du Cartulaire), en lit l'année suivante un nouveau sur Sillé-
le-Guillaume, pendant le siège de Rennes — du 3 octobre 1356
au 5 juillet 1357 — époque où Guillaume de Craon était « heu-
tenant es parties d'Anjou et du Maine, de Poitou et de Touraine. »
2. Dans ces lettres, il est dit de Guillaume de Craon : « lors or-
donné capitaine à lever le siège de Rennes. »
3. Il s'agit sans doute icijde Guillaume I; Amaury IV ne fut
pas chambellan.
— 143 -
Montsoreau, veuve de Simon de Vendôme *, en faveur de Ha-
liguant de Bounoi (Housseau, XIP, 7075).
982. — 1363, 5 juin, — Montre des gens d'armes de Mau-
rice Mauvinet, qui avait servi sous les ordres d'Amaury IV
(Morice, I, 1558).
983. — 1366, V. s., 4 janvier. — Lettres de Guillaume I
constituant Regnault de Mauléon, Jean de Bordeaux et Pierre
Ricliart ses procureurs pour faire hommage pour Marcillac
à l'évêque d'Angoulême^ (Sénemaud, Marcillac, p. 80).
984. — 1366, V. s., 15 janvier, la Ferté-Bernard. — Charte
par laquelle Guillaume I confirme à l'abbaye des Clairets ^ la
possession d'une rente de 100 sous et lui concède des terres
(Archives de la Sarthe, E 271, n** 6).
985. — 1367, V. s., 26 mars, La Ferté-Bernard.— Let-
tres de Guillaume I en faveur de la Pelice* (Arch. nat., KK
1053,69).
986. — 1369, 6 octobre, Paris. — Lettres de Charles V
qui, pour indemniser Guillaume I, lui fait don de 500 livres
de rente (Trésor des chartes du Poitou, III^ 411).
987. — 1369, 21 novembre, Châteaudun. — Bail par Guil-
laume 1 à Etienne Durand de la métairie de Soignes-les-Neuf-
ves, paroisse de Membrolles (Archives d* Eure-et-Loir^
E2690).
1. Cet acte est précieux parce qu'il fournit le nom de la femme
de Simon de Vendôme, fils de Jean V et d'Eléonore de Montfort
l'Amaury, nom resté ignoré du P. Anselme (VIII 726) et de M. de
Pétigny (p. 543). Mais il ne faut pas voir en cette Jeanne de
Moiitbazon l'épouse de Guillaume II de Graon.
2. L'aveu en question fut fait le 24 janvier 1367.
3. Abbaye de religieuses cisterciennes située à six kilomètres
de Nogent-le-Rotrou.
4. Abbaye de l'ordre de Saint-Benoît dont l'emplacement est
aujourd'hui sur le territoire de Cherreau, près la Ferté-Bernard
(V. Pesche, Dictionnaire de la Sarthe, IV, 372).
- 144 -
988. — 1369, 29 novembre, Châteaudun. — Compte- rendu
de la recette de la vicomte de Châteaudun pour Guillaume I
(Archives d'Eure-et-Loir, E 2690).
989. — 1370. — Louis d'Anjou acquiert de Guillaume I la
châtellenie de la Roche-aux-Moines * (Note dans Arch. nat.,
P 1334^ n^ 7).
990. — 1370, 21 juin, Châteaudun. — Procuration de Guil-
laume I à Renaud de Thiville, pour percevoir les revenus de
la vicomte de Châteaudun et de la terre de Froidmentel
(Arch. d'Eure-et-Loir, E 2691).
990 bis. _ 1371^ 20 août. — Accord entre Jean d'Usages,
chevalier, seigneur de Nouans et Guillaume I par lequel
Jean reconnaît que la terre de Tyronneau relève de Saint-
Aignan, dont Guillaume a naguères fait achat de Patry de
Sourches* (B. N., du Chesne, 54, 720).
991. — 1371, 1 septembre. Sablé. — Montre d'Olivier de
Mauny» (B. N., Cabinet des Titres, 1409, fol. 27).
992. — 1372, août, Paris. — Lettres par lesquelles Char-
les V amortit la dotation d'une chapelle, que Marguerite de
Flandre se proposait de fonder à Moncontour (Trésor des
chartes du Poitou, IV, 132).
993. — 1372, 11 novembre. — Lettres par lesquelles Guil-
laume II et Jeanne jie Montbazon reconnaissent que Amaury
IV, en leur délaissant les terres de Châteauneuf et de Jarnac-
1. Guillaume était par héritage seigneur de ce fief, dont il por-
tait le nom dans l'acte du 4 mai 1341 (n" 945 du Cartulaire). Dans
le Trésor généalogique cette aliénation figure sous la date de
1484, près ae cent ans plus tard que le décès de celui qui la fit.
2. Ce Patry de Sourches avait eu pour épouse Jeanne de Sour-
ches, dame de Doucelles, qui par son testament du 16 novem-
bre 1361 avait demandé à être ensevelie à Tyronneau (B. N.,
Du Chesne, 54, 720). Ce Patry avait été interdit (A. N., X*«
21, 510).
3. On trouvera ici l'indication de quelques documents relatifs a
la maison de Mauny que nos recherches nous ont fait découvrir.
- 145 —
sur-Charente, a liquidé tous les droits de Jeanne sur les suc-
cessions d'Amaury III, de Maurice VII et de Marguerite de
Mello (Archives de la Trémoïlle, Fonds Craon).
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront
Guillaume de Craon, chevalier, sire de Marcillac, et Jehenne
de Monbazon, femme dudit Guillaume, salut.
Comme notre très cher et très amé seigneur monsieur
Almaury, sire de Craon, nous eust ja piéça baillé, assis et
assigné, la chastellenie et terre de Chasteauneuf-sur-Cha-
rente, avecques toutes ses appartenances, pour partie de tel
droit comme à nous, Jehenne dessus dite, povoit et devoit ap-
partenir des successions de nostre très cher seigneur et ayeul.
Monsieur Morice de Craon, jadis sire de Sainte-More, et de
Madame Marguerite de Mello, nostre ayeulle, sa femme, et
de monsieur Almaury, jadis sire de Craon père dudit mon-
sieur Morice, que Dieu absoille ! et nous l'eussions par plu-
sieurs fois requis que il ly pleust nous parfaire et entérigner
nostre dit partage.
Savoir faisons que pour parfaite et entiègne sattisfation du
droit, que nous avons es successions dessus dites, et pour
l'amour et bonne affection qu'il a à nous, il nous a baillé la
chastellenie et terre de Jarnac-sur-Charente, avecques toutes
les appartenances et appendances d'icelle, tant en justices
haute, moienne et basse, fiez, rèrefîez, terres, vignes, prez,
bois, garennes, poUices et juridictions, comme toutes autres
chouses, sise en la manière que ils les a tenues et expletées
ou temps passé, aux charges et redevances que lesdites chou-
ses doivet.
Et nous, Guillaume dessus dit, et Jehenne, o l'autoritté et
licence dudit Guillaume, à nous sur ce donnée, considéré l'a-
mour et bonne affection que ledit monsieur Almaury a auvec-
ques nous, et l'aisement et presemèce des chauses que il
nous a baillées et baille, pour les causes dessus dites, ycel-
les avons prinses et acceptées, et encore prenons et accep-
tons en gré, pour nous, nos hoirs et subcessours, sans ce que,
pour les subcessions dessus dites, nous, ne autre pour cause
de nous, ly puissons jamès rien demander. Mes par ces pré-
sentes, en quittons luy et ses subcessours, et ayant cause de
- 146 -
luy, et promettons pour nous, nos hoirs et subcessours, que
encontre ne vendrons en aucune manière, ou temps avenir.
En tesmoing de ce nous avons fait mettre nos propres seelx
à ces présentes.
Donné le onzième jour de novembre, l'an 1372.
994. — 1372, V. s., 14 mars. — Quittance du receveur gé-
néral du Maine donnée à Guillaume I des 40 francs d'or payés
pour les reliefs de Saint-Aignan (Mémoires de Laisné^
prieur de Mondonville, t. IV, p. 65).
995. — 1373, 21 avril. — Quittance donnée par Guy de Laval-
Loué de 1000 francs d'or au coin du roi, versés par Guil-
laume I entre les mains de Jean de Laval, son fils, en solde
des 4000 dus pour ses droits sur Saint-Aignan (B. N., Du
Chesne, 54, 720).
996. — 1373, juin, à 1387, novembre*. — Terrier de la
Ferté-Bernard, où figurent les mentions de nombreux aveux
rendus à Guillaume I ^ (Arch. nat., KK 1053).
997. — 1373, 2 août. — Quittance donnée par Charles de
Dammartin à son oncle Guillaume I de 1240 francs à lui dus
à cause de la vente de Saint-Aignan (Laisné, prieur de Mon-
donville^ t. IV, p. 65, note, Mémoires de la Société d'Eure-
et-Loir, IV, 159).
998. — 1373, 26 août. — Contrat de mariage de Hervé de
Mauny, sieur de Torigni et de Marie de Craon, qui reçoit
1. C'est la mention d'un aveu rendu à Guillaume en novembre
1387 qui oblige à reporter son décès jusqu'après cette date et à
admettre la double faute de lecture du document n» 1047.
2. C'est à M. le vicomte d'Elbenne que nous devons le relevé
de ces aveux. En nous le communiquant il nous fait remarquer
qu'on ne saurait avoir une confiance absolue dans l'auteur du
terrier, qui n'a pas toujours compris les actes qu'il analysait.
3. Les mémoires de Laisné, prieur dç Mondonville, sont con-
servés à la Bibliothèque nationale. Ils consistent en treize volu-
mes, dont deux de tables ; les tomes I à IV ont été par M. de Lé-
pinois l'objet d'un dépouillement, qui a paru dans les Mémoires
de la société d'Eure-et-Loir, tomes I, 99, 258 ; II, 99, 209 ; III,
196; IV, 151 ; VI, 89.
I
— 147 —
six cents livres de rente assises au gré de Guy de Laval-
Loué et au profit de laquelle on constitue un douaire de
^ 1000 livres sur Torigni (Mémoires de Laisné, prieur de
Mondonville, t. IV, p. 65 et B. N., Du Chesne, 54, 720).
999. — 1373, 1 septembre, Saint-Cloud. — Montre de la
compagnie de M. de Montauban. — Guillaume II est l'un des
trois chevaliers bacheliers * (Dom Morice, Preui^es, II, 65).
1000. — 1373, 7 septembre. — Reçu par Jean de Hangest
des munitions à lui remises, pour la défense de Charenton
(Bibl. Ecole des Chartes, VI, 55).
1001. — 1374, octobre, château de Melun. — Ordonnance
de Charles V réglant la régence pour le cas où il mourrait
avant la majorité de son héritier ; Guillaume de Craon est
désigné pour faire en ce cas partie du Grand-Conseil (Or-
donnances du Louvre^ VI, 49).
1002. — 1375, 1 juillet. — Liste des chevaliers et écuyers
qui, selon toute apparence, se trouvèrent à la journée de
Saint-Sauveur. Au nombre des chevaliers figurent : Hervé de
Mauny, banneret, Guillaume II de Craon, Guillaume Mau-
vinet, bacheliers (Delisle, Saint- Sauveur -le- Vicomte, pièces
justificatives, p. 265).
1003. — 1375, v. s., 12 janvier. ~ Numéro 659.
1004. — 1375, V. s., 13 mars. — Numéro 660.
1005. — 1377, V. s., 1 mars, la Ferté-Bernard. — Aveu de
Guy de Craon à l'abbé de Vendôme pour sa terre du Roul-
lays (Note du Trésor généalogique).
1006. — 1378, 29 avril. — Guillaume I et Marguerite, son
épouse, font un échange (Note du Cartulaire de UEpau^
arch. de la Sarthe, p. 42).
1. Bien que la montre porte Guillaume de Craon et non Guil-
laume de Marcillac, il est bien certain qu'il est ici question de
Guillaume II. Guillaume I était certainement banneret en 137;^.
L'original de cet acte est conservé aux Titres scellés, 1409. 41.
- 148 -
1006 bis. — 1378, 1 juin. — Quittance des gages d'Hervé de
Mauny employé « es Bastides devant Gavray * (B. N., Pièces
originales) .
1007. — 1378, 24 juin, Châteaudun. — Acte par lequel
Jean Lemaire, dit Brouart, fondé de la procuration de Guil-
laume I en date du 24 juillet 1377, donne à bail une pièce de
rivière à Romilly-sur-Aigre/Ar6'A. d'Eure-et-Loir^ E 2693).
1008. — 1378, 25 juillet. — Vidimus des lettres par les-
quelles Guillaume I et Marguerite, avec l'approbation de
Guillaume de Marcillac, leur fils, fondent une messe au cou-
vent des cordeliers de Châteaudun^ (B. N., Pièces origina-
les^ Craon^ n*' 13).
1009. — 1378, 9 août, Châteaudun. — Jean Lemaire donne
quittance à Jean le Cordier de 90 livres, dues par lui à Guil-
laume I, pour la voirie de Châteaudun (Arch. d'Eure-et-
Loir, E, 2693).
1010. — 1378, 9 décembre. — Lettres par lesquelles Guil-
laume I reconnaît que c'est injustement que son sergent a
exploité le bordage de la Fontaine, appartenant au prieuré
de Tuffé (Note du Trésor généalogique).
1011. -^ 1379, 7 juillet. — Quittance d'Amaury de Craon,
conseiller et maître des requêtes de l'hôtel du roi, de 100 francs
d'or sur 400 que le roi lui avait accordés le 16 juin 1376,
pour éteindre le débat qui existait entre lui comme trésorier
de l'église de Reims et le gouverneur du Rhetelois' (Dom
Morice, Preuç^es, II, 211).
1. M. le marquis de Courcival a bien voulu nous communiquer
le dossier, où il a réuni les éléments d'une généalogie de la mai-
son de Mauny; nous y avons puisé les numéros 1006 bis, 1019.
1020, 1021. 1042, 1045, 1046 du Cartulaire.
2. Cet acte a été mentionné par l'abbé Bordas au tome I,
p. 197 de son Histoire du Dunois.
3. Dom Morice a pris soin de noter que le sceau attaché à cet
acte portait un losange avec bande, c'est-à-dire exactement le
blason de Guillaume I ; aussi doit-on attribuer ce document à un
fils de Guillaume I, resté inconnu jusqu'ici.
— 149 -
1012. — 1379, 1 septembre, Ponlorson, 18 octobre, Pon-
taubault. — Guillaume II de Marcillac, banneret, fait montre
de 3 chevaliers et 17 écuyers (Dom Morice, Preuves, t. II,
397).
1013. — 1379, 22 octobre, Pontorson. — I^éttre de Re-
naud de Maulevrier portant quittance de ses gages * (Clai-
rambault, 72, 5597).
1014. — 1379, novembre, Montargis. — r Rémission pour
Hervé de Mauny, seigneur de Torigni (A. N., JJ 115, 336).
1015. — 1379, V. s., 18 février, Paris. — Arrêt du Parle-
ment dans la cause intentée par Robert Pezas, chevalier, à
Guillaume I au sujet de la terre de Cognée (A. N., X*^ 29, 130).
1016. — 1380, 3 avril, Paris. — Certificat de Jean de Bueil
donné à ceux qui ont fait campagne en Bretagne sous ses
ordres en févrierl380. — Guy de Craon y est nommé — (Dom
Morice, Preuves^ II, 244).
1017. — 1380, 16 mai, La Ferté-Bernard. — Lettres de
Guillaume I et de Marguerite de Flandre portant cession à
Hervé de Mauny et à sa femme de la terre de Saint-Aignan
(Note de Ménage à la page 398 de son Sablé).
1018. — 1380, 26 mai, la Ferté-Bernard. — Lettres de
Guillaume I portant quittance de 3500 livres d'or payées par
Hervé de Mauny, pour prix de Saint-Aignan (Note de Mé-
nage à la page 398 de son Sablé).
1019. — 1380, 18 juin. — Quittance de gages d'Hervé de
Mauny (B., N., Pièces originales).
1020. — 1380, 9 juillet, Châteauneuf-de-Randan. — Tes-
tament de Bertrand du Guesclin ; il reconnaît devoir 1000
francs d'or à Hervé de Mauny ; et il le désigne avec son aîné
Olivier comme exécuteurs testamentaires (B. N., Titres scel-
lés, 1226, 21).
1. C'est ce document qui a fourni le sceau, figure 165.
— 150 -
1021. — 1380, 10 juillet, Châteauneuf-de-Randan. — Let-
tres par lesquelles Bertrand du Guesclin fait don à Hervé de
Mauny de Villiers-le-Bocage (B. JV., Du Chesne, 54, 372).
1022. — 1380, 12 août, Paris. — Numéro 838.
1023. — 1380, 22 août. — Montre de Hugues d'Arquenay
comprenant, outre lui-même, deux chevaliers bacheliers, dont
Maurice Mauvinet, et sept écuyers (Dom Morice, Preuves,
H, 253).
1024. — 1381, 19 juillet, Châteaudun. — Jean Lemaire, au
nom de Guillaume I, donne quittance de 50 livres tournois à
Macé Cournaut, pour la ferme du ban de Châteaudun (Arch.
d'Eure-et-Loir, E 2696).
1025. — 1381, 4 août, Châteaudun. — Quittance de 56 sous
donnée par Guillaume I, pour un quartier des gages de la
vicomte (Arch. d'Eure-et-Loire, E 2696).
1026. — 1383. — Quittance de gages d'Hervé de Mauny
( Clair amhault, 72, 5623).
1027. — 1383, 5 mai. — Procès entre Robert Pezas et Guil-
laume I. On y mentionne Hervé de Mauny, époux de Marie
de Craon (Arch. nat., X*^ 32, fol. 48 ; communiqué par
M. l'abbé Ledru).
1028. — 1383, 25 août. — Quittance de Guillaume de
Craon, sire de Marcillac, vicomte de Châteaudun, de 280 li-
vres tournois comme banneret * fB.J N., Titres scellés, 36,
2741).
1029. — 1383, 15 septembre, Sully. — Numéro 709.
1030. — 1383, 12 décembre. — Quittance de Guy VHI de
1. Bien que le titre de vicomte de Châteaudun n'ait appartenu
à Guillaume II qu'après le décès de son père, l'acte inaic^ué ci-
dessus semble bien lui appartenir, comme on est autorise à le
croire par le titre de seigneur de Marcillac, qu'il a porté pendant
toute la vie de son père. En 1383 Guillaume I avait soixante-
cinq ans. C'est à cet acte qu'est attaché le sceau, figure 169.
- [M —
la Rochefoucauld de ses gages pour la garde de ses châteaux
en Guienne (B. N., Clairambault, 194, p. 7685).
1031. — 1383, V. s., 3 février. — Lettres de Jean Doré,
portant aveu à Guillaume I (Arch. nat., KK, 1053, 33).
1032. — 1384, 30 avril, La Ferté-Bernard. — Lettres de
Guillaume I vidimant des lettres de 1290, données par Hu-
gues de la Ferté, en faveur des religieuses des Clairets, elles
ratifiant (Arch. nat., KK 1053, 32).
1033. - 1384, 13 juin. — Lettres de Jean II, abbé de l'É-
pau, portant aveu à Guillaume I (Arch. nat., KK 1053, 31).
1034. — 1384, novembre, Saint-Germain-en-Laye. —
N« 716.
1035. — 1385, 21 avril, Châteaudun. — Quittance de 106
sous donnée par Guillaume de Saint-Romain à Guillaume I
(Arch. d'Eure-et-Loir, E 2699).
« Maistre Guillaume de Saint-Romain, ymagier et tailleur
de pierre, reconnoist avoir receu de messire Guillaume de
Craon, vicomte de Chasteaudun, par la main de Michel
Fouesil, son procureur et receveur à Chasteaudun, cent six
solz, sur ce qui lui est deu, à cause des sépultures de lui et
de Madame Margarite de Flandres, sa femme ^ »
1036. — 1386, 16 août, Châteaudun. — Remise par Guil-
laume I au prieuré de Saint-Sépulcre, d'une rente de 10 livres
qui lui était due sur le bourg, « et ce au regard de la désola-
cion et destruction dudit bourg » (Arch. d Eure-et-Loir^
E 27jOO).
1. C'est là malheureusement tout ce que contient le registre
original, dont M. Lucien Merlet a bien voulu prçndre copie pour
nous. Ce Guillaume de Saint-Romain n'a pas été mentionné jus-
qu'ici ; mais on peut supposer qu'il était parent de Jean de Saint-
nomain, principal imagier du roi Charles V, et réputé le plus
fameux sculpteur de son temps (Voir Sauvai, II, 281 ; Emeric
David, Histoire de la Sculpture française, 112, 113).
— 152 —
1037. — 1386, 19 août. — Guillaume I, pour 900 francs,
achète le fief des Onzay ou de la Raherie (Note dans So-
ciété de Touraine^ t. VI, 276).
1038. — 1386, 1 septembre, Amiens. — Montre de la com-
pagnie de Maurice Mauvinet, chevalier bachelier, d'un autre
chevalier, Hugues d'Arquenay, et de vingt-six écuyers (De
Banville, Documents inédits concernant la Picardie^ II, 102).
1039. — 1386, 3 septembre. — Aveu de Jean Isoré à Guil-
laume de Marcillac et de Montbazon, pour la Varenne (Note
de Dom Housseau, XIP, 7069).
1040. — 1387, 16, 22 et 25 mai. — Aveux rendus à Pierre
de Craon, mentionnés au terrier de la Ferté-Bernard * (Arch.
nat., KK 1053).
1041. — 1387, 25 mai, La Ferté-Bernard. — Lettres par
lesquelles Guillaume I assigne à Marguerite de Flandre le
tiers des deux mille livres de rente qui faisaient l'objet de la
réclamation des cadets de Craon contre Isabelle, dame de
Crâon ; témoins : ses fils Pierre et Guy, sa fille Marie, dame
de Torigni (Arch. de la Trémoille, Fonds Craon, original et
vidimus).
1042. — 1087, 1 juin, Carantan. — Montre d'Hervé de
Mauny, banneret, un bachelier et neuf écuyers. et mandement
au nom des maréchaux de France d'en opérer le payement
(B. N., Pièces originales).
1043. — 1387, 12 juin, Châteaudun. — March'é de Guil-
laume, vicomte de Châteaudun, avec Hue de Villechasteau,
charpentier, pour les réparations à sa métairie d'Ozoir-le-
Breuil, et à ses maisons de Villeloup (Arch. d'Eure et-Loir.
E 2701).
1044. — 1387, 3 juillet. — Accord entre Guillaume II, sei-
1. Note communiquée par M. le vicomte d'Elbenne, qui a mi-
nutieusement étudié le manuscrit et constaté qu'il ne mérite pas
une confiance absolue.
- 153 —
gneur de Marcillac et de Montbazon, et Pierre de Craon pour
assurer à Marguerite de Flandre, leur mère, le tiers des deux
mille livres de rente, dues par Isabelle (Arch. de la Tré-
moïlle, Fonds Craon).
1045. — 1387, 26 août. — Quittance d'Hervé de Mauny de
cent cinquante francs, pour ses gages de juin (B. N., Pièces
originales).
1046. — 1387, 4 octobre. — Quittance d'Hervé de Maimy,
pour les gages de sa compagnie, de 585 francs d'or (B. N.,
Pièces originales).
1047. — 1387, V. s., 8 janvier, Châteaudun. — Mention du
décès de Guillaume I au nécrologe des Cordeliers de Châ-
teaudun (Abbé Bordas, Histoire du Danois, 1884, 1. 1, p. 198).
Anno domini 1381, die junii octava*, obiit Guillelmus, vice-
comes Castriduni, coram magistro altare tomba levata.
Cette date est évidemment fausse. On y substitue 1387, aue
^ ait certainement le manuscrit : un écrit en caractères gotni-
ques et VII en chiffres romains sont faciles à confondre. Il faut
aussi, croit-on, admettre une seconde faute de lecture pour le
mois -.juin, lu au lieu àe janvier Voir numéro 996 et les numéros
1024 à 1041 du Cartulaire. — Nous ajoutons ici une mention du
nécrologe de l'Hôtel-Dieu de Châteaudun, telle que M. Lucien
Merlet a pris la peine de la copier pour nous . « Nos debemus
facere et celebrare, quolibet anno, auas missas pro domino Guil-
ielmo de Credonio, vicecomite de Castriduno. et pro domina Mar-
gariia de Flandria, ejus uxore, vicecomitissa de Castriduno, et
pro domino Guillelmo, fiiio eorum seniore, qui admortizaverunt
aquam nostram de Choleto, et promiserunt nobis facere multa
bona. »
(A suivre).
A. Bertrand de Broussillon et P. de Farcy.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU 8 JUILLET 1892.
Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, président,
de Farcy, de Martonne, de Lorière, Souchu-Servinière,
Richard, Moreau, membres titulaires, et MM. de la
Beauluère, Raulin, de Beauchesne, Le Coq, membres
correspondants.
MM. Couanier de Launay, Perrot, O'Madden, Tabbé
Anis, se font excuser.
M. le Président annonce que le ministère de rinstruc-
tion publique a accordé à la Commission une subven-
tion de 500 francs destinée à l'aider dans la publication
de la Sigillographie de Craon,
Sont agréés : En qualité de membres titulaires M. le
C*® de Beauchesne et M. Tabbé Angot, en remplacement
de MM. A Joiibert et Cornée.
En qualité de membres correspondants, MM. Cornée,
Morin, Tranchant et Ricouard.
Sur le bureau sont déposés deux volumes de la So-
ciété archéologique d'I Ile-et-Vilaine et deux volumes
offerts par la Smithsonian Institution.
M. le Président annonce que M. Robert Mowat, Té-
— loo —
minent épigraphiste, a envoyé un travail concernant la
borne itinéraire du Genest et deux inscriptions de Ju-
blains, qui paraîtra dans la prochaine livraison.
La Société archéologique d'ïndre-et-Loire demande à
échanger son Bulletin contre celui de la Commission.
M. le Secrétaire est autorisé à traiter de cet échange.
M. le comte de Beauchesne lit des extraits intéres-
sants des voyages de Victor Hugo dans le Bas-Maine.
La Commission décide que ces extraits seront publiés.
Musée de Jublains. — Par délibération du 9 juin
1891, le conseil municipal de Jublains avait offert à la
Société d'archéologie de Mayenne le musée communal
de Jublains et voté une somme de 300 francs dans le
but d'aider cette Société à l'installer au camp.
La Société de Mayenne n'ayant pas donné de solu-
tion, le conseil municipal de Jublains, par délibération
du 7 juin 1892, maintient son vœu d'installation au
camp, et vote une somme de 832,50 pour les frais indis-
pensables.
M. le Préfet veut bien soumettre la question à la
Commission» historique de la Mayenne. Celle-ci ne peut
que constater qu'il serait fort désirable de voir les ob-
jets composant le musée communal de Jublains intallés
dans un local bâti sur un terrain dépendant du camp ;
mais les voies et moyens, les règlements d'intérêts en-
tre le département et la commune échappent à sa compé-
tence.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à
quatre heures.
- 156 -
NÉCROLOGIE
A la suite des nombreuses revues et des journaux qui
eurent souvent la collaboration du R. P. dom Paul Piolin et
qui lui ont consacré les éloges si bien mérités par une vie de
vertus et d'étude, la Commission Historique de la Mayenne
se fait un devoir de rendre un dernier hommage à celui qu'elle
s'honore d'avoir possédé au nombre de ses membres corres-
pondants et que la Mayenne est fière de revendiquer comme
une de ses gloires. Le R. P. Piolin est né au Bourgneuf-la-
Forét le 18 février 1817.
Nous savons qu'il a longtemps nourri le dessein d'écrire
pour notre Bulletin une notice historique sur sa paroisse na-
tale. La cruelle maladie, qui lui rendit le travail si difficile
pendant ses dernières années, l'en a empêché.
Mais le département tout entier aussi bien que celui de la
Sarthe bénéficie de ses immenses travaux, à ne parler que de
ses œuvres d'histoire locale. Nous sommes heureux de rap-
peler à cette occasion que deux de ses plus zélés collabora-
teurs appartiennent aussi à notre pays ; nous voulons parler
de Messieurs Louis de la Beauluère et Guais des Touches.
C'est justice de rappeler leur nom à la suite de celui de leur
glorieux maître.
Outre l'érudition et la science, ceux qui ont connu le Révé-
rend Père aimaient aussi à trouver en lui une rare aménité
de caractère et le parfum de jeunesse conservé jusqu'à la fin
dans sa belle âme par l'atmosphère de la vie religieuse qu'il
avait embrassée de si bonne heure. Nous nous associons fra-
ternellement aux regrets qu'éprouvent de la perte de leur
président, trois fois réélu, le bureau et les associés de la
Recrue historique et archéologique du Maine. A. A.
BIBLIOGRAPHIE
l
Uabbaye de Fontaine-Daniel ; sa fondation et ses
derniers jours, avec une vue de l'abbaye en 1695 repro-
duite à l'eau forte, par Edmond Leblanc, avocat. Mayenne,
Poirier-Béalu, 1892, un vol. in-8^
M. E. Leblanc n'a pas prétendu écrire une histoire com-
plète de l'abbaye de Fontaine-Daniel, ni une étude archéolo-
ginue des restes de ce monastère ; mais il nous donne les dé-
tails de sa fondation, des donations oui dès les premières
années se firent nombreuses en faveur de la nouvelle abbaye,
puis un état de ses propriétés, revenus et charges, un catalo-
ue de sa bibliothèque en 1790, enfin il nous expose quelle
ut l'attitude des derniers religieux en face des décrets de la
Constituante : c'est, on le voit, un ensemble de renseignements
nouveaux, présentés d'une façon aussi claire et précise qu'in-
téressante.
Juhel III de Mayenne fut le fondateur de Fontaine-Daniel
à la fin du XIP siècle ; les premiers moines vinrent de Cler-
mont ; le plus ancien acte connu est une confirmation de Thi-
baud de Slathefelon en 1204 ; la véritable charte de fondation
est l'acte de Juhel de 1205, imprimé par Guyard de la Fosse.
M. Leblanc nous en donne une traduction qui en rend la lec-
ture accessible à tous et qu'il a accompagnée de notes nom-
breuses et érudites ; il a du reste résumé avec beaucoup de
méthode les donations relatives au cartulaire si patiemment
transcrit par M. l'abbé Angot, et tous les noms de lieux sont
identifiés avec soin.
A la fin du XVIIP siècle, l'abbaye de Fontaine-Daniel était,
comme celle de Clermont, en complète décadence ; elle avait
subi le triste régime de la commende, contre lequel l'Eglise
et les communautés religieuses avaient vainement protesté :
la moitié des revenus s'en allait à un abbé qui ne résidait pas
et parfois n'avait de monacal que son titre ; à la faveur de ce
— 158 —
régime le relâchement s'était introduit en plus d'une maison
jadis renommée pour la piété et la science ae ses hôtes. Telle
était la situation de Fontaine-Daniel ; aussi ses sept derniers
moines n'eurent-ils aucune hésitation à prêter le serment im-
posé par la Constituante : la plupart trouvèrent leur place
dans l'église constitutionnelle ; l'un d'eux devint grand vicaire
de l'évéque de la Sarthe.
Le livreMe M. Leblanc est orné d'une charmante eau-forte
de M. Thévenin, reproduisant une vue de l'abbaye en 1695 ;
elle nous fait regretter la démolition de la belle église du
XIIP siècle, qui abritait les restes du bon seigneur de
Mayenne dont M. Leblanc nous résume la vie « si bien rem-
plie » et nous esquisse en quelques traits la vaillante et
pieuse physionomie. J.-M. R.
La maison de la Reine Bérengère au Mans, par
M. Robert Triger, 1 vol. in-S^'jésus, extrait de la He\>ue du
Maine^ illustré de 27 planches ou dessins. Mamers, Fleury
et Dangin, 1892.
C'est vraiment un magnifique volume, digne du sujet qu'il
traite, que vient de publier notre excellent collègue M. R.
Triger, vice-président de la Société du Maine.
Nous avons dit ailleurs^ les travaux entrepris et terminés,
grâce à la généreuse et intelligente initiative de M. Sin^her,
pour conserver et restituer dans son état primitif la curieuse
maison connue au Mans sous le nom de Maison de la Reine
Bérengèî-e ; nous avons raconté la cérémonie d'inauguration.
Mais à cette époque la savante. notice composée par M. R.
Triger n'était pas encore publiée et nous n'en connaissions
que la substance.
Nous sommes heureux de pouvoir appeler aujourd'hui sur
son mérite l'attention des lecteurs de ce Bulletin.
Il n'était pas aisé en effet de rétablir avec exactitude et sur
des documents dignes de foi l'histoire d'une maison célèbre,
mais qui, en raison même de sa popularité, avait été l'objet de
traditions et de légendes erronées. M. Triger a entrepris ce
travail et nous pouvons dire que du premier coup il l'a poussé
tellement à fond que son œuvre est et demeurera définitive.
Après avoir décrit, dans un premier chapitre, la situation
de la maison et de celles qui 1 avoisinent, fait avec soin la
bibliographie et même l'iconographie du sujet, M. R. Trimer,
aborde l'histoire. Il passe successivement en revue la période
1. V. tome V, 1892, p. 158.
— 159 -
antérieure au XV^ siècle, pendant laquelle la maison ne pou-
vait exister sous sa forme actuelle qui la date indubitable-
ment ; — la période brillante comprise entre le XV® et le
XVIP siècles, pendant laquelle elle fut construite, en 1494,
par Robert Véron, éclievin du Mans, pour passer plus tard
vers 1552, entre les mains de la famille Seigneur, de Michel
Vasse, des Le Corvaisier de Courteilles ; — puis la période
de décadence (XVIIP-XIX^ siècles) qui vit ses hôtes l'aban-
donner, ses étages se diviser en logements à bas prix, et enfin
ses fines sculptures se disperser au grand regret des archéo-
logues et des artistes.
Mais l'auteur ne s'arrête pas là. 11 donne une description
minutieuse de la maison ou plutôt du groupe de maisons
dont il a fait l'histoire dans les précédents chapitres. Cette
description, de même que la partie du texte qui traite d'his-
toire pure, est appuyée de nombreuses planches exécuiées
pour la plupart en liéliogravure Dujardin ou par des procédés
analogues. Ces figures permettent au lecteur de suivre pas à
pas le texte et elles donnent au volume de M. R. Triger un as-
pect artistique qui est du reste en parfaite harmonie avec son
esprit et son but.
N'oublions pas de citer le chapitre dans lequel l'auteur,
après avoir dépeint le triste état où était tombée la maison
de la Reine Bérengère, raconte de quelle façon généreuse l'a
sauvée M. Singher et donne des détails circonstanciés sur sa
restauration. C'est là, si nous pouvons ainsi nous exprimer,
la partie « dramatique » du récit, car malgré lui le lecteur
s'intéresse, comme à une sorte d'héroïne, à cette pauvre mai-
son qui, d'abord brillante et admirée, tombe peu à peu dans
le délabrement et l'abandon, jusqu'à ce qu'un mtelligent pro-
tecteur vienne la sauver de la ruine complète et lui assurer
un sort en rapport avec sa valeur.
Tout est donc bien qui finit bien. La maison de la Reine
Bérengère a eu la double fortune de rencontrer à la fois un
possesseur et un historien dignes d'elle. Les noms de l'un et
de l'autre — comme ceux de deux bienfaiteurs, — resteront
désormais inoubliables dans ses annales. E. M.
Lettres intimes de Monseigneur Cohon, évêque de
Nîmes, publiées par M. Prosper Falgaiî'olle.
Presque toutes ces lettres sont adressées par Tévéque ora-
teur, notre compatriote, à son neveu. Elles sont d'un piquant
intérêt. L'évêque est ce que l'on sait et ce qu'il prend soin
de redire, un nomme né dans une condition modeste et qui
s'est élevé par son propre mérite. Le neveu a été formé à
— 160 -
Saint-Lazare, mais au dire de son oncle, il semble en avoir
pris les leçons à contre-sens, croyant que toute la perfection
est dans une sorte d'apathie mystique, qui dispense de l'a-
mour des livres et des soins que donne une légitime ambi-
tion. Dans cette situation respective, dans des dispositions
morales si opposées, nul moyen de se comprendre. Le vieil
évêque aiguillonne son paresseux disciple, il lui fait honte,
il le gourmande, il proteste qu'il va l'abandonner. — « Cette
lettre est la dernière que vous aurez de moi, lui écrit-il le 3
septembre 1669, et je n'écouterai jamais qui que ce soit qui
me parle de changer votre établissement. Je vous dispense
aussi pour jamais de m'écrire. » On recueillerait dans ces let-
tres des exemples du persiflage sous toutes ses formes. —
« Vos deux pages à pied, qui valent aussi peu que vous, con-
tinueront à vous rendre stupide, faisant les missions avec
vous (p. 60). — Demeurez au Folgoët, où vous avez pris un
pli de sainteté que je ne veux point exposer dans mon église
cathédrale (p. 59). — Lorsque vous écrirez à quelque per-
sonne que ce soit, retranchez votre préambule de pédant et
de père contemplatif (p. 54). » Telles sont les aménités que
l'humble neveu reçoit à chaque courrier. Pour collectionner
ces autographes il lui fallait un goût prononcé pour les cho-
ses amères. Beaucoup d'autres, pour concilier le respect dû
à un oncle vénérable avec l'amour-propre personnel, recevant
de pareilles épitres, se seraient bornés à en recueillir les cen-
dres. La perte de ces leçons d'une politique plus mondaine
que sacrée, écrites de bon style, eût été d'ailleurs regrettable,
et nous savons gré à l'éditeur de nous en avoir procuré l'a-
gréable lecture. A. A.
Un Moine au XIX^ siècle. Dom Paul Piolin, 0. S. B.
(1817-1892), par Joseph Denais.
Parmi les nombreuses études * auxquelles ne manquera pas
de donner lieu la belle vie du R. P. Dom Paul Piolin, celle-ci,
qui vient une des premières et de la plume d'un ami, doit
être signalée pour les détails intimes qu'elle contient. Les ex-
traits de la correspondance du savant religieux nous révèlent
ses pensées personnelles sur les questions et les faits aux-
quels il fut mêlé. On y trouvera aussi l'expression des dou-
leurs vivement senties qui désolèrent les dernières années de
sa vie. A. A.
1. L'article de M. l'abbé Ledru, notre collègue, publié dans la
Semaine du Fidèle, du Mans, doit être cité entre beaucoup d'au-
tres pour sa forme Httéraire, originale, et qui tranche si nette-
ment sur toutes les banalités d'usage.
— 161 —
Tableaux généalogiques, notices et documents iné-
dits sur plusieurs familles de Vitré et paroisses envi-
ronnantes, par J.-C. Frain de la Gaulairie^ 4*" fascicule,
1 br. in-4*' carré, Vitré, Lécuyer, 1892.
Notre collègue M. J.-C. Frain de la Gaulairie vient de don-
ner le 4® fascicule de ses recherches sur les familles de Vitré.
Cette série ne le cède en rien aux précédentes. Nous y trou-
vons des documents concernant les familles Frain de la
Motte, de Gennes, de Farcy, Martin de Beaulieu, Picot, etc.
Comme nous l'avons déjà dit les rapports furent toujours
étroits entre le pays de Vitré et celui ae Laval, et nous trou-
vons à chaque instant, dans les Tableaux généalogiques de
M. Frain de la Gaulairie, des détails intéressants pour notre
propre histoire. E. M.
Le Doigt de la morte, par M. l'abbé A. Ledru, 1 broch.
in-8^ Le Mans, Leguicheux, 1892.
Dans cette plaquette écrite avec beaucoup de verve et d'une
agréable lecture, M. l'abbé A. Ledru a voulu recueillir une
tradition constante à Précigné et déjà enregistrée parPesche
dans son Dictionnaire historique du département de la Sar-
the. Il s'agit d'une certaine Grabrielle Sigoigne, femme de
Julien Thieslin, bourgeois, sieur de Bonnes-Eaux, qui, inhu-
mée mal à propos en 1694 dans le cimetière de Précigné, revint
à la vie la nuit suivante au moment où son domestique ayant
ouvert sa bière, cherchait à s'approprier les bijoux qu'elle por-
tait aux doigts. Il paraît que Gabrielle Sigoigne reprit un
tel goût à lexistence qu'elle trépassa seulement quarante ans
plus tard, dans sa quatre-vingt-cinquième année.
M. l'abbé Ledru a su tirer un excellent parti de cette anec-
dote, qu'il raconte avec une bonhomie voulue et un grand
charme dans les détails. E. M.
Ecrits inédits de Saint-Simon, publiés sur les manus-
crits conserç>és au dépôt des Affaires étrangères, par M. P.
Fa u gère ; Tomes VII et VIII, publiés par le V^^ S. M en-
jot d'FJbenne, 2 vol. grand in-8^, Paris, L. Hachette et
C'% 1888-1893.
On sait que de nombreux écrits de Saint-Simon étaient en-
fouis dans les cartons des Affaires étrangères, lorsqu'un
diplomate, érudit et littérateur éminent, qui fut pendant long-
temps directeur des archives du ministère, M. Prosper Fâu-
— 162 —
gère, entreprit leur publication. Par ses soins six volumes
parurent sous le titre d'Ecrits inédits de Saint-Simon^
et un septième était sous presse quand il mourut le 15 mars
1887. Mais sa veuve ne voulut pas qu'une œuvre consi-
dérée déjà comme un monument restât inachevée. Elle pria
notre collègue, M. S. Meniot d'Elbenne, élève et ami du
défunt, de terminer la publication commencée, et par ce
choix qui l'honorait autant que celui qui en était l'objet, elle
assurait à M. Prosper Faugère un continuateur digne de lui.
L'admiration avec laquelle M. d'Elbenne parle de Saint-Si-
mon, le pieux respect qu'il a voué à la mémoire de M. Pros-
per Faugère, prouvent combien il était prêt pour une mission
à laquelle ses travaux d'érudition antérieurs lui donnaient
d'ailleurs tant de titres.
Les tomes VII et VIII des Ecrits inédits de Saint-Simon
forment la dernière partie de'l'Histoire de la Pairie.
« Dans ces volumes Saint-Simon ne s'est pas contenté, dit
l'éditeur, de résumer, en les critiquant, les notes généalogi-
ques de du Fourny ; il a peint de son magique pinceau, le
portrait des personnages qu'il a rencontrés sous sa plume : »
Louis XIII, Mazarin, Semblançay, le Cardinal de Retz,
labbé de Rancé, Roannois, le duc de la Trémoïlle, le prince
de Carignan, Marie Touchet, Diane de Poitiers, la marquise
de Verneuil, Madame de Longueville, M"^ de la Vallière,
M""* de Montespan. M'"'* d'Humières, M™* de Carignan, M'"^
de Verrue, M"® de Nemours, M"** des Ursins, Lauzun, le
prince de Vaudémont, de Rieux et d'Armagnac, le chevalier
de Lorraine, Marsan, le maréchal de Gyé, Montbazon, le
chevalier de Rohan, Sully, Brissac, Cossé, Maillé, Fronsac,
la duchesse d'Uzès, la princesse de Vaudémont, la princesse
d'Harcourt, M™^* de Ldlebonne, de Soubise, du Lude, de
Vesins, les ducs de Saint-Simon et de Luynes, etc. Encore
ne citons-nous que les plus remarquables. Comme l'éditeur,
nous renverrons donc le lecteur « à ces pages admirables
auxquelles peuvent s'appliquer si justement les paroles de
Pascal : « Quand on voit le style naturel, on est étonné et
ravi, car on s'attendait de voir un auteur et on trouve un
homme. » E. M.
Etudes pour servir à l'histoire et à l'interprétation
des noms de lieux, par L. Hicouart^ président de la com-
mission départementale des monuments historiques. Dépar-
tement du Pas-de-Calais. Premier fascicule : arrondissement
d'Arras. — Anzin, 1891, in-4''.
Parmi les ouvrages d'érudition, dont M. Ricouart vient
d'enrichir la bibliothèque de notre Commission, celui-ci mé-
I
— 163 —
rite d'être signalé tout particulièrement aux lecteurs et aux
travailleurs ae la Mayenne. Il peut en effet leur servir de
modèle et leur fournir d'utiles renseignements, M. Ricouart
possède une compétence toute spéciale pour l'étude des noms
de lieux, et il la doit autant à sa connaissance profonde des
langues anciennes et des idiomes provinciaux, qu'à sa mé-
thode très-sûre, très-rigoureuse, appuyée sur des textes ori-
ginaux et soigneusement contrôlés, et suivie avec une pa-
tience et une sagacité vraiment remarquables. Aussi les ré-
sultats obtenus donnent-ils beaucoup plus que les ét^molo-
gies, parfois insolubles pour lui-même, des noms de lieux.
« Le but de ces études, écrit-il, n'est point exclusivement
de découvrir ce que le nom d'un lieu signifie. C'est là un
point accessoire. Il s'agit principalement de constater ce
qu'il a été aux époques anciennes et par quelles variations il
a passé pour arriver à sa forme actuelle. Ces recherches
dans les manuscrits authentiques permettent d'identifier cer-
tains lieux dont l'emplacement était inconnu ou douteux,
d'appliquer les faits d histoire aux territoires qu'il convient
de leur attribuer, de déterminer, par exemple, étant connue
la situation d'un village de l'Artois, dans quelles conditions
s'y est livrée une bataille, et de ne plus placer ce village dans
le Vexin ou le Vermandois ; en un mot de rétablir la vérité his-
torique et topographique en faisant justice des légendes. »
Tel est le programme de cette vaste étude ; dans son ap-
plication, l'auteur met à généraliser et même à conclure une
prudence dont il n'a pas toujours trouvé l'exemple chez ses
devanciers ; il donne pour chaque nom tous les textes anciens
authentiques qu'il a pu recueillir, rapproche les formes simi-
laires, donne des preuves indiscutables, ou présente les con-
jectures les plus vraisemblables, avouant même son impuis-
sance si pour certains mots, comme pour Bapaume, il ne
peut arriver à un système satisfaisant.
La Reçue du Maine nous a offert dernièrement un ingé-
nieux article de M. l'abbé Coutard sur les noms de lieux de
la paroisse de Sainte-Sabine au canton de Conlie ; la Géo-
graphie de Cauvin contient un grand nombre de formes an-
ciennes des noms du Maine ; le dictionnaire de M. Léon Maî-
tre peut servir de base à une étude des noms de la Mayenne,
et ce vaste répertoire simplifie singulièrement ce travail. En
parcourant ce premier fascicule des noms du Pas-de-Calais,
on est frappé clu grand nombre de noms de la Mayenne qui y
trouvent sinon leurs formes identiques au moins leurs types
correspondants pour la formation ou l'étymologie : Athée,
Estrée, Ecurie, la Hervinière, Bapaume, fille, la Faverie,
les Sarts, les Essarts, Ligneux, Lignières, Bailleul, les noms
où entre le radical bar^ le radical gove ou gouve^ la Hellière,
— 164 —
Bazouge et Bazougers (page 103, v« La Bazèque), la Herme-
rie, le Hermet, les Buts, la Celle, la Beuverie (noms au radi-
cal bos. p. 127), Boyeau, Boyelle, Cherizay, Courcelles, FE-
pinay, î'Oisseau, la Fallu, la Palluele, Senonnes, Fourmus-
son (p. 173, v<^ Famechon), Hallay,* le Pas, Pommerieux,
Puisiers, Fresnay, Juvigné, Thévalles (p. 215, v° Thelus), la
Durie, la Durière (p. 227, v^'Dury), Vitré, etc., etc., je ne pré-
tends pas les citer tous.
Ce premier fascicule n'a pas de table, les noms de lieux y
sont rangés par ordre alphabétique dans chacun des cantons
de l'arrondissement d'Arras. Nul doute que Fouvrage ne soit
terminé par une bonne table qui nous révélera bien d'autres
rapprochements et permettra d'utiliser, comme elle le mérite,
cette savante étude.
J.-M. Richard.
On demande le concours bienveillant des lecteurs du Bul-
letin pour parvenir à identifier les mots en italiaue des textes
suivants que nous empruntons au Cartulaire d'Evron.
Raoul Le Flamant donne à l'abbaye les dîmes qu'il possède
dans la paroisse d'Oisseau. « Scilicet in Momerino, Morte-
riis, etc.. » (page 105 du Cartulaire).
1219. Savary d'Anthenaise donne à un prieuré dépendant
d'Evron qui n'a pas subsisté mais qui était situé à Mésan-
gers :
« Terram de Cruce^ sitam inter ^>iam quadrigariam et
aquam de Sarcitores et fossala heremitorum. »
1226. Il y avait procès entre le seigneur de Mayenne et les
religieux au sujet de la propriété des rives de l'Aron depuis
sa source « videlicet a nemore de Crosbeu^ » jusqu'au village
du Teil.
Nous ferons remarquer à propos de ce dernier texte que
M. Gérault y a fait confusion de 1 Aron avec FErve.
La liste des ouvrages offerts à la Commission sera
insérée à cette place, sans préjudice du compte-rendu
qui sera fait de tout ouvrage intéressant le Maine dont
elle aura reçu deux exemplaires.
Le Secrétaire Général, f- /• de Gérant (Loi du 29 juillet 188 î).
E. MOREAU.
LE BULLETIN DE LA COMMISSION HISTOBiaUE ET
ARCHÉOLOGIQUE DE LA MAYENNE paraît tous Jea.
trimestres en livraisons comptant environ i28 pages.
Il forme deux volumes par an.
Il donne des gravures et illustrations aussi souvent
que le permettent les sujets traités et les ressources dont
il dispose.
Les personnes étrangères à la Commission peuvent s'y
abonner comme à toute publication périodique.
Le prix de l'abonnement est de DIX FRANCS par an.
Les engagements pour cotisations ou abonnements
continuent de plein droit s'ils ne sont pas dénoncés
avant le i^'^ janvier.
Il reste encore quelques exemplaires des tomes III,
IV et V de la première série, qui sont en vente au prix
de six francs le volume.
Les tomes I, II. ni, IV et V de la 2^ série sont en vente
au prix de 12 francs l'année.
BXJLLETIlSr
DE LA COMMISSION
DE LA MAYENNE
CRÉÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.
DEUXIEME KKRIE
TOME SIXIÈMK
1893
LAVAL
IMt>HIMERIE DE II. LEROUX
1893
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SOMMAIRE :
David Rivault de Fleiirance et les autres précepteurs de
Louis XIII, par M. l'abbé A. Anis. 1^5
Recherches sur Saint-Denis-de-Gastines. par M. A. Faucon. 195
Quelques notes sur l'ancienne chapelle et la seigneurie de
Gastines, en Molières, près Chemazé, par M. R. Gadbin. 214
Sigillographie des Seigneurs de Craon, par MM. A. Ber-
trand DE Broussillon et Paul de F4RC y (Suite) .... 220
Documents inédits pour servir à l'histoire de Ghâteau-Gon-
tier, par M. André Joubert • . . .
La Justice à sang (1405), par M. A 300
Procès-verbal de la séance du 18 octobre 1892 303
Bibliographie : Simon et David de H eemsce, peintres-ver-
riers à Moulay (Mayenne) 1543-1567. par M. l'abbé
Angot; — Documents authentiques pour servir à l'his-
toire de la constitution civile du clergé dans le dépar-
tement de la Mayenne, par M. F. Lecoq ; — La ville
rouge de Tennie. par M. F. Liger ; - Ce qu'étaient les
puits funéraires, note de M. G. Fleury ; - Inventaire
des Archives des chàteaiu: bretons; Archives du châ-
teau de Saffré, 1394-1610, publiées par le marquis de
1 EstourbeiUon
Gravures :
4. Canon à vapeur, de David Rivault ^^'
2. Sceau de Guillaume IL 1379 ^^^
3. Sceau de Guillaume II, 1383 ^^^
4. Sceau de Guillaume II, 1388-1401 ^f^
5. Sceau de Guy VIII de la Rochefoucauld, 1383. . • . 230
6. Sceau de Maurice Mauvinet, 1348 ^
7. Sceau de Maurice Mauvinet, 1353
8. Sceau de Maurice Mauvinet, 1392 ^
9. Sceau d'AimeryOdard, 1330 ^
10. Sceau de Jean de Hangest, 1392
11. Sceau de Jean de Hangest. 1410 ^3
12. Sceau de Jean d'Auvilleis, huissier au Parlement, 1402. 239
13. Sceau de Jean de Montbazon, 1405 ^^
14. Sceau de Jean de Montagu, 1393 ^
15. Sceau de Jean de Montagu, 1406.
DAVID RIVAULT
DE FLEURANGE
ET LES AUTRES PRÉCEPTEURS DE LOUIS XIII
A la mémoire de M. Jules Le Fizelier, ancien secrétaire
général de la Commission historique et archéologique de la
Mayenne, qui, plusieurs années durant, avec un savant
ami(l), recueillit les meilleurs documents de cette étude ;
— à tous ceux qui m'ont honoré et aidé de leurs bienveil-
lantes communications (2). — A. F. A.
CHAPITRE I
Un portrait. — David Rivault de Fleurance. — Sa naissance. — Sa famille :
• Gilles Rivault ; — Mathieu Rivault vient habiter à Laval. — Education de
David Rivault. — Ses « Estais. »
Dans la riche galerie de portraits du château de Thé-
valles^ il en est un qui ressort singulièrement et attire
l'attention.
Il représente un personnage moitié clerc, moitié laï-
que, portant soutane, manteau long et collerette, assis
1. M. Bertrand de Broussillon.
2. Qu'il me soit permis de remercier spécialement ici, d'une
part M. le secrétaire général de la Commission historique et ar-
chéologique de la Mayenne et M. le conservateur de la Bibliothè-
que publique de Laval ; d'autre part M'"^ la marquise de la Ro-
chelambert et M'"e la comtesse de Valon, arrière-petites nièces de
David Rivault, qui ont si obligeamment mis à notre disposition
leurs archives du château de Thévalles.
3. Résidence des la Rochelambert en Ghemeré-le-Roi (Mayenne).
11
— 166 —
dans un fauteuil cramoisi, appuyant légèrement la main
droite sur une table où Ton voit quelques livres, et la
gauche nonchalamment posée sur un volume debout,
dont l'extrémité repose sur Fun des genoux. Cette main
est assez courte, forte et potelée, avec des doigts élé-
gamment effilés. Elle est également propre à tenir la
plume et l'épée. Le corps est bien pris. Entre les épau-
les, larges sans trop de saillie, la tête est solidement
campée. Les traits sont réguliers, les sourcils marqués,
mais séparés, les lèvres fines. Le front est droit,
moyen, encadré de cheveux naturels et disposés sans
prétention ni afféterie. La barbe, rare, apparaît à la
raToustache et au menton. L'œil clair, ni trop vif ni
éteint, promène sur la salle un regard assuré. Le teint,
fortement coloré, tenant du rouge et du bronzé, dénote
un tempérament sanguin-bilieux. Il y a de Faisance et
de l'aplomb à cette fenêtre du Louvre dont une colonne
est là, à gauche, supportant un ample rideau et laissant
apercevoir, dans une échappée par delà la Seine, le palais
de l'Institut. L'ensemble exprime la fermeté, la résolu-
tion, la réflexion et le sérieux. Ce n'est pas un poète
inspiré ni un philosophe de race, mais un bon esprit,
largement ouvert, qui a beaucoup vu, appris, compulsé
et classé : c'est David Rivault de Fleurance, conseiller
d'état et précepteur de Sa Majesté Louis XIII ^
David Rivault, seigneur de Fleurance 2, naquit dans
1. Qu'il ait pris ou non son sujet sur nature, l'artiste a au
moins admirablement compris David Rivault. On peut contester
l'authenticité des traits; mais la physionomie morale est parfaite-
ment rendue, telle qu'elle nous est apparue, à travers la vie et
les écrits de cet érudit de mérite. Une inscription, placée dans
un des côtés du tableau, est postérieure à David Rivault. — Il
est d'ailleurs certain que ce portrait existe depuis longtemps dans
la famille de la Rochelambert.
2. C'est le nom d'une ferme de Saint-Léger (Mayenne). — On
écrit aussi Fleurance et Flurance. Nous nous conformons à l'or-
thographe la plus usuelle.
- 167 -
le troisième quart du XVI® siècle ^ très probablement
à la Cropte^, où son père, Pierre Rivault '^. fut gouver-
neur du château^. Il eut pour mère Magdeleine Gau-
tier, fille de Julien Gautier, sieur des Coyers, bailli de
Sainte-Suzanne^.
Il avait trois frères et une sœur : deux aînés, Pierre,
sieur de Beauvais, établi à Sillé, et Jean, sieur de la
Clémencerie ; un plus jeune, Gabriel, dit le capitaine de
la Rallais, et enfm Marie, qui épousa Raoul Planche, de-
meurant à Laval ^.
Sa famille est ancienne et originaire de Bretagne".
Dès 1375 un Guillaume Rivault faisait partie d'une mon-
tre d'Olivier de Clisson en qualité d'écuyer^. Nous trou-
vons encore Guillaume et Perrotin Rivault dans la mon-
tre de février en la même année. Le nom de Rivault est
ainsi mentionné bien des fois pendant presque un siècle''.
1. D'après Ménage (Ohs. sur Malherbe), qui fixe sa mort en
1616, à l'âge de 45 ans. il serait né exactement en 1571.
2. Cf. Ménage, Observations sur Malherbe, liv. IV, Œuv. de
Malherbe, t. II, Paris, Barbou, 1722. — Jules Le Fizelier, Mémoi-
res chronologiques de Maucourt de Bourjolly, II, n» 1, p. 36;
Laval, Moreau, 1886; — Hauréau, Histoire littéraire du Maine,
t. III, in-8"^, 1852. — Sur un acte de prise de possession par un
nouveau titulaire du prieuré de la Gropte figure la signature
de Pierre Rivault. (Présentation par Etienne Lebreton, procureur-
syndic de l'église, paroisse et paroissien de la Cropte, par Gilles
Jardin, curé, Jean Hahier, Pierre Laurens, Pierre Masson, Jean
Lemoyne, Jean Guichard. Sylvestre Gilles prêtre, Pierre Rivault,
fermier de la seigneurie, de la chapelle de Chenevelle en l'église
de la Gropte. — Acte passé devant Ghalopin, notaire à Gossé-en-
Ghampagne, 19 septembre 1568 (Gomm. par M. l'abbé Angot).
3. Décédé en 1592 et enterré dans l'église de Vaiges (Gf. Piè-
ces just. A, généal. des Rivault et des Douart).
4. Il ne reste du château de la Gropte que deux salles voûtées,
presque souterraines, servant de caves, recouvertes d'arbres et
de broussailles. — La Gropte, com. de 630 hab. à 24 kilom. E. de
de Laval (Mayenne).
5. Gf. Pièces justificatives A.
6. Ibid.
7. Gf. Dom Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, passim,
Paris 1744.
8.
9. Ibid., p. 101.
— 168 —
Cette maison est noble. Les armoriaux de Bretagne
et les lettres de relief et rétablissement obtenues en
1604 par Jean et David Rivault le prouvent assez *.
Le plus illustre des Rivault de Bretagne fut Gilles,
sieur de Kérisac près de Guingamp. A la mort de Mar-
guerite d'Orléans, mère du duc François II, il figure
déjà dans le deuil annoncé aux grands seigneurs de la
cour (1466), et en 1484 il est au nombre des seigneurs
qui poursuivent Pierre Landais. « Gilles Rivault, » à la
suite de François de Laval, va les rejoindre à Ancenis,
après leur échec devant le château de Nantes 2.
Soit qu'il ait craint une situation difficile à la cour du
duc, même après la grâce accordée par François II, à la
chute de Pierre Landais, ou qu'il ait préféré prendre
du service ailleurs, Gilles Rivault se mit à la disposi-
tion de Charles VIII.
Il profita habilement des intentions du roi, qui vou-
lait se créer des partisans en Bretagne, et se poussa
dans ses bonnes grâces 3. Bientôt il est fait capitaine de
cent hommes, s'emploie auprès de Mérien Chéro pour
lui faire rendre la place de Guingamp (1487), ^ et est
nommé maître d'hôtel du roi ^. C'est un homme de con-
fiance que la cour de France envoie en 1490 avec Gilles
du Mâs et le seigneur d'Apremont, dit le Canonzac, au
pays (( du Maine, d'Anjou et lizières prochaines de la
1. Cf. Pièces justif. B. Lettres de relief et rétablissement de
noblesse de Jean et David de Rivault (Arch. de Tliévalles) et
Réform. de 15^3, Rivault s*- de Kérisac et de Kermelven, paroisse
de Plouisy, év. de Tréguier. — Les Rivault portent : D'argent à
la fasce d'azur surmontée d'une fleur de lys de gueules (Pottier
de Gourcy, Nobil. et Arm. de Bretagne, 2® éd).
2. Cf. Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, I, p. 41, in-f°,
Paris, 1707.
3. Cf. Ibidem et A. Dupuy, Histoire de la Réunion de la Breta-
gne à la France, II, Paris, Hachette, 1880.
4. Cf. Dom Lobineau, op. cit., I, p. 771.
5. Cf. Extrait coUationné du compte de 1492, délivré à David
Rivault en 1614 (Arch. de la Renaudière), et Lettres de Relief,
Pièces just. B. ci-infra.
- 169 -
frontière de Bretagne du côté d'Anjou, le Maine et Poi-
tou )) pour visiter les garnisons et les forteresses'. Un
peu plus tard, Jean, évêque d'Angers, donnait à ce
même « Gilles Rivault, maistr'e d'hostel du roi, » la
« garde et capitainerie » de son château de Ghalonnes -.
C'était un homme en vue, considéré, capable de faire
honneur aux siens et de bien établir ses enfants, Ma-
thieu, son fils, et sa fille, qu'il maria au seigneur de la
Botteleraye, près de Redon en Bretagne.
Mais le fils, compromis à Poitiers dans une bagarre
où le sang coula, fut deshérité par son père au profit de
sa sœur et se retira à Laval, où, pour vivre, il se livra
au commerce 3. Il mourut dans cette ville, en 1522, lais-
sant quatre enfants, dont l'aîné, Gabriel, se livra au
commerce comme son père.
Toutefois Pierre Rivault, sieur de la Rallais, fils aîné
de Gabriel, reprend le métier des armes et sert sous
Goligny, d'Andelot et le comte de Laval, qui le nomme
gouverneur du château de la Cropte^. Pierre Rivault
fut le père de David Rivault, précepteur de Louis XIIL
Pierre et Gabriel, frères de David Rivault, périrent
dans les troubles « ez armées de Bretagne '^. »
Malgré l'autorité de la supplique de 1614 6, il est cer-
tain que Gabriel Rivault, dit la Rallais, combattit au
moins un moment dans les armées de la Ligue. En ré-
compense de ses services, le 15 août 1589, le duc de
Mercœur lui donne pour une année les revenus du prieuré
1. Commission du 2 mars 1490 (Arch. du château de la Renau-
dière).
2. Mandement du 12 mars 1^91 (Archives de Thévalles). —
Ghalonnes, auj, cli.-l. de canton (Maine-et-Loire) à 18 kilom.
S. 0. d'Angers.
3. Cf. Pièc. just. B.
4. Ibid.
5. Ibid.
6. Voir pièces just. B.
- 170 —
de Vaiges ; et le 15 novembre 1591 le seigneur de Bois-
Dauphin autorise son chirurgien René Joubert à préle-
ver l'équivalent d'une somme de 80^ qui lui reste due
par « défunt Rallais, l'un de ses capitaines'. »
Il ne faudrait du reste pas s'étonner que des membres
d'une même famille aient, pendant ces époques troublées,
porté les armes dans des camps opposés.
Pour David Rivault, nous ne le voyons figurer dans
aucun des combats qu'on se livre çà et là. Elevé près
de Guy XX -, François de Coligny, fds de Paul de Co-
ligny et d'Anne d'Alègre, il fut néanmoins, comme tout
bon gentilhomme de ce temps, formé.à porter les armes ^.
Mais ce fut sans négliger l'étude des lettres études
sciences. On sent que son instruction et son éducation
avaient été très soignées. A un âge où d'ordinaire l'on
ne fait guère qu'apprendre, il était déjà en mesure de
composer et il en donnait des preuves ^.
Quels ont été ses maîtres ? Où a-t-il fait ses études ?
Aucun document ne nous l'apprend. Profita-t-il des le-
çons données au jeune comte de Laval ? On pourrait le
conjecturer d'après les historiens qui affirment qu'il fut
élevé auprès de lui^. Cependant le choix de précepteurs
1. Pièces just. G.
1. Nous nous conformons à cette manière de compter en usage,
bien qu'elle manque d'exactitude. — Anne d'Alègre, mère de
Guy XX, se remaria au maréchal de Fervaques.
2. Gf. Hauréau, op. cit. — Gouanier de Launay> Hist. de Laval,
p. 379. — Ménage, Observations sur Malherbe, liv. IV, Œuvres
de Malherbe, t. II, p. 230 et s. Paris, Barbou, 1722. — Il faut en-
tendre l'expression élevé dans un sens très large. D. Rivault
avait environ dix ans à la naissance de Guy XX. Nous n'enten-
dons du reste pas parler du temps où Anne d'Alègre emmena son
fils à Sedan pour l'y faire élever plus commodément et plus sûre-
ment dans le protestantisme. David Rivault se montra toujours
bon catholique et ne fut peut-être pas complètement étranger à
la conversion de Guy XX, le 21 avril 1605. Gi-infra.
3. Témoin la pubhcation des « Estats, » qui avaient été précé-
dés d'un poème, resté probablement manuscrit. Voir ci-après.
4. Gf. infra.
- 171 —
fait par Anne d'Alègre, ardente protestante, et une no-
table différence d'âge * semblent combattre Thypothèse
de maîtres communs au comte et à David Rivault, même
si Ton considère, comme cela est vrai, que François de
Coligny « à seize ans, avait appris ce que savent à peine
ceux qui ne font profession que d'étude-. »
Quoi qu'il en soit, David Rivault passa peut-être, vers
1595, quelque temps à Lyon où il publia ses « Estais^. »
« C'est, dit M. Hauréau, une œuvre d'un jeune
homme qui a peu refléchi sur les principes ^. »
De fait, l'auteur n'avait guère que vingt-cinq ans ;
mais il possédait une érudition qui s'affirme par un vrai
luxe de citations, et il n'était probablement pas un débu-
tant dans le monde des lettres. Lui-même nous dit^ qu'il
avait écrit un poème « Le Fasché amoureux, » dont
il extrait ces vers : — ^ ils en valent bien d'autres de
l'époque :
« C'est le rayon de la divine essence,
« Qui donne à l'homme une telle puissance,
« Le saint cachet du visage éternel
« Empraint au front de tout homme movtel,
« Portrait lequel toute autre créature
« Craint et honore en l'humaine nature.
& Tout ce qui vit soubs le céleste essieu
« Respecte l'homme effigi' de son Dieu.
« Pour ce respect sur l'éléphant il monte
« Grand animal, l'attrape, prend et domte,
1. François de Coligny, Guy XX de Laval, naquit le 5 mai
1585.
2. L'abbé A. Angot, op. cit., p. 38.
3. « Les Estais esquels il est discouru du prince, du noble et
du tiers-estat, conformément à notre temps. Au grand Henry,
roy de France et de Navarre, par D. J. R. de Flurance. A Lyon,
par Benoist lligaud. » 1 vol. in-16 1595.
4. Hist. litt. du Maine, III, p. 333.
5. Les Estats, p. 239.
— 172 —
« Vainc la fierté du lyon rugissant,
« Tire secours du cheval bondissant *.
Le poème avait-il été imprimé ? ou bien était-il resté
manuscrit pour être communiqué à quelques amis privi-
légiés ? Nous ne saurions le dire, mais celui qui avait
ainsi compris la dignité de l'homme et son rang dans la
création, avait bien quelque qualité pour apprécier les
conditions des personnes, et écrire « les Estais. »
Dans ce traité philosophico-politique il se montre sans
conteste royaliste convaincu. « Le souvenir des maux
causés par Fanarchie^ » n'en est sans doute pas l'uni-
que raison. Royaliste, monarchiste, tout le monde l'était
alors en France. Nous ne sommes donc aucunement
surpris de voir David Rivault abonder en ce sens. Il
faut même lui savoir gré, au temps où les idées des
Pères de Baie avaient encore trop cours chez nous, d'une
certaine modération dans les questions politico-reli-
gieuses. Est-ce prudence? Est-ce modestie? il ne dit
rien du clergé considéré comme corps. La place de ce-
lui-ci était pourtant naturellement marquée dans un ou-
vrage de ce genre.
Certainement l'auteur voulait être agréable au Roi, et
ne pouvait complètement échapper à des préjugés de
caste 3. Nonobstant ce, il se permet quelquefois des
façons de voir très personnelles et généreuses. Le désir,
non dissimulé, de travailler à cimenter une paix qui
allait au relèvement de la France, aurait fait pardonner
ces hardiesses — si hardisse il y eut — par Henri IV
et les seigneurs. Le lecteur du XIX® siècle doit à son
1. Cf. Le Fasché Amoureux, par R. de Fleurance, livre III.
2. Hauréau, Op. cit., III, p. 333.
3. Si son grand-père avait dérogé, David Rivault, par ses re-
lations personnelles, pouvait néanmoins se considérer comme fai-
sant partie de la noblesse dans les rangs de laquelle il devait
bientôt rentrer officiellement. V. infra.
- 473 —
tour de l'indulgence à un écrivain qui peut le choquer
pour des raisons différentes.
On jouissait des bienfaits d'un règne réparateur
avec un contentement qui doit rayonner en ces pages.
Heureux, David Rivault l'était; enivré et ébloui, nous
ne le croyons pas. La satisfaction lui laisse toute sa li-
berté d'esprit, voire d'appréciation, et le roi de ses rêves,
dont il trace le portrait, est un Saint Louis encore plus
qu'un Henri IV.
Ce prince ne méprise pas même la voix du peuple, qui
est redoutable quand elle crie à Dieu contre les mau-
vais rois :
« Comme pain ils nous moulent et nous mangent,
« Sans que vers toy un moment ils se rangent... K
Il doit surtout se souvenir des menaces terribles de
Dieu contre les tyrans 2. Oui, « Dieu tonne sur les tes-
tes eslevées qui l'excitent à courroux, lesquelles il rase
de l'éclat foudroyant plustost beaucoup que les basses
et bien peu eslevées de fleur de terre 3. »
La piété du roi ne sera ni feinte ni instrument factice
de gouvernement : « Il faut que la ferveur et le zèle pré-
cèdent et qu'après le roi serve Dieu^. » Le bon prince
possède et exerce la puissance nécessaire à ses hautes
fonctions ; mais « il permet qu'elle passe sous la justice
des lois 5. )) Il n'est ni despote ni tyran; « il ne débande
point sa cruauté sur le peuple 6. »
Ce n'est point un être à part et séparé. « Le parfaict
roy et celuy qui est le plus recevable pour chef du com-
1. Les Estais, p. 85. — Cf. ps. 53, 5.
2. Cf. Ezéchiel, 21, et Osée 6, 7, cités par David Rivault.
3. Les Estais, p. 87.
4. Ibid.
5. Ihid., p. 26.
6. Ibid., p. 6.
— 174 —
mandement est partie de la République et comme pre-
mier citoyen de son empire *. » Il a le respect de la pro-
bité et des bonnes mœurs. A ce point de vue, « il est
homme réduit et resserré es conditions d'un humain in-
dividu 2. » Il n'est point colère, point « précipitant. » A
tous il donne « l'exemple d'une parfaicte gentillesse,
sagesse et grandeur de courage 3. « Son commandement
est comme du père aux enfants, c'est-à-dire plein de
charité et de dilection^. » Le bon roi est clément^, équi-
table, même au prix de quelque sacrifice d'amour-pro-
pre :
a Indigne n'est d'un grand roy d'appaiser
« L'homme privé qu'il a fait offenser ^. »
Les honneurs et les récompenses, qu'il dispense avec
discernement, lui servent à stimuler l'ardeur et à glori-
fier le mérite. Il ménage les richesses publiques. La ma-
gnificence sied bien sur le trône. Pourtant là encore
point ne faut d'excès ; « ils espuisent les trésors qui
doivent rester toujours prests à la nécessité ''. » Quinze
ans plus tard la leçon eût mérité d'être entendue de la
reine-mère.
Au jugement sûr du moraliste-philosophe, s'ajoutent
déjà chez David Rivault les grandes vues, qui décèlent
la compétence du futur précepteur d'un roi.
Qui mieux que lui comprit la dignité que doit avoir
un prince ? Dignité non pas d'apparence, non une sorte
de vêtement extérieur, mais bien celle qui ressort de la
1. Les Estais^ p. 28.
2. Ibid., p. 65.
3. Ihid.,1^. 77.
4. Ibid., p. 88.
5. Ibid.
6. Ibid., p. 92. — Cf. Homère, Iliade, Gh. XIX.
7. Les Estais, 2^ dise. p. 92.
— 17S —
vertu « et semble plustost honorer la dignité du trône
que d'estre honoré d'icelle ^ » Une dignité enfin qu'orne
la culture de l'esprit. Car « le prince ou tout autre qui
méprise l'embellissement de l'esprit se prive de la plus
grande et plus délicieuse volupté qu'on puisse gous-
ter^. » La moindre parcelle de science est louable^. Au
contraire, l'ignorance « est mère de couardise ou pour
le moins d'insuffisance es grands princes^. » Regretta-
bles chez les particuliers, ces défauts deviennent inqua-
lifiables chez le roi, qui n'existe que pour le bien des
siens et de l'humanité. Or, avec eux, il n'a plus ni pres-
tige ni autorité, partant plus d'influence salutaire.
Sans doute le peuple doit obéir, même au souverain
dépourvu des qualités qui lui conviennent ; mais celles-ci
facilitent singulièrement chez les sujets l'exercice d'une
vertu toujours difficile à observer, et qui pourtant s'im-
pose. Rivault ne connaît qu'une raison qui puisse « es-
mouvoir un peuple à briser la foi envers le prince » :
« la persécution évidente de la vraie religion^. » Va-t-il
jusqu'à admettre les précautions et les résistances de la
Ligue? Non 6. Du reste il se tient dans une grande ré-
serve à se sujet. Mieux valait parler « des cœurs réunis
par un général oubly dupasse, des volontés rassemblées
et des forces rejointes^ ; » car voilà la paix, voilà l'ordre
qui est la base des doctrines politiques de l'auteur.
L'exercice et la stabilité de l'ordre expliquent et justi-
fient l'institution de la noblesse^. Les rois, ne pouvant
entrer directement en relation avec tous leurs sujets, se
1. fùid., p. 110.
2. Ibid., p. 114.
3. Ihid., p. 115.
4. Ihid., p. 117.
5. Les Estais, p. 168.
6. lùid., p. 168.
7. I/jid., p. 162.
8. Cf. des Estais, passim, 4o discours du Noble.
— 176 —
servirent de ministres et d'intermédiaires, qui, par dé-
légation, exercèrent en partie l'autorité royale ^ D'autre
part, les armes sont, principalement dans les temps
troublés, une garantie de sécurité pour les princes et les
États. Il était bon qu'une classe d'hommes fût là, tou-
jours prête à les prendre en mains, et capable de sup-
porter les frais de la guerre. Telle était la raison d'être de
la noblesse. L'utilité la fît instituer et la vertu la con-
serve. « Noblesse n'est autre chose qu'une reconnais-
sance honorable delà qualité des hommes vertueux 2. »
Elle « vit en honneur ^. » Des traditions de famille con-
courent à l'entretenir^, et le temps la grandit^. Voici
comment. — C'est Rivault qui parle et non pas Saint-
François de Sales, dont on croirait aisément reconnaître
la voix :
« Ainsi que l'ibis ou cigogne noire, devenue vieille, a ex-
halé tout ce qu'il y avait de forte et pesante aleine, et lors com-
mence à l'avoir douce et aromatique devenant suave plus elle
vieillit. Ainsi l'ancienne noblesse ". »
Mais cet heureux résultat n'est obtenu qu'au prix d'ef-
forts de vertus. Autrement le noble déchoit. « S'il vient
d'aventure à défaillir, nécessairement la race donne du
nez en terre '^. » Le vice est même d'autant plus « laid et
salle en luy » que ses ancêtres lui « donnent exemple de
bien faire 8. » Aussi qu' « aucun ne se donne par le nez
d'une vaine persuasion que toutes choses luy soient licites
1. Ibid.
2. Les Estais, p. 266.
3. Ibid,
4. Ibid., p. 272.
5. Ibid., p. 279.
6. Ibid.
7. Ibid., p. 73.
8. Ibid., p. 282.
1
- 177 —
pour ce qu'il soit né d'une race anticque ^ » Il doit même
s'attendre à d'autant plus de sévérité devant l'opinion
qu'on est en droit d'attendre davantage de lui. Noblesse
oblige. C'est pourquoi qu'il ait toujours en vue ses de-
voirs d'état. Il ne sera ni trop dépensier ni trop retenu
en la « chicheté, » car il ne pourrait ou ne voudrait
subvenir à des charges qui parfois lui incombent 2.
L'un perd sa noblesse par vice et vilenie, et l'autre
devient noble « après avoir bien mérité des armes ou
des lettres 'K » Pour renouveler le corps de la noblesse
la matière ne peut manquer en France ; elle n'est autre
« que la vertu de l'homme d'honneur 4, » de cet hon-
neur, dis-je, « qui doit premièrement estre mesuré à la
conscience comme à la bauge universelle 5. »
Après cela dénierait-on à l'auteur l'indépendance de la
pensée et des vues parfois très justes ? Cette partie des
« Estais » est cependant l'une des plus faibles et la plus
remplie de lieux communs.
Le « Discours du Tiers-Estat » est semé çà et là d'i-
dées plus neuves.
Il s'ouvre par une longue dissertation sur le commerce
auquel se livrait cet ordre à l'exclusion des autres. Ace
propos Rivault émet son opinion sur la découverte de
l'Amérique qu'il assimile à Tharsis : « Que Tharsis,
écrit-il, fust l'Amérique..., nous le pouvons asseurer^'. »
Certes on ne peut plus soutenir qu'avant Christophe
Colomb personne n'avait rencontré le nouveau continent,
ou du moins quelques iles qui l'avoisinent^. Mais pour le
1. Ibid., p. 284.
2. Ibid., p. 234.
3. Les Estais, p. 286.
4. iSid.
5. Ibid.
6. Id. ibid., p. 347.
7. On sait que des navigateurs Scandinaves abordèrent en
Amérique du Nord longtemps avant le XV® siècle.
— 178 -
chemin du Brésil ^ et des terres de FAmérique méridio-
nale, où David Rivault veut que soient allées les flottes
d'Hiram, il faut bien avouer qu'on Tavait profondément
oublié, si jamais on l'avait connu dans le bassin médi-
terranéen. Loin d'être de l'avis de notre auteur, les in-
terprètes bibliques entendent plutôt, par Tharsis, l'an-
cienne Tartessus de la côte d'Espagne '^.
Si le géographe est en défaut, le penseur reparaît
bientôt avec avantage : c'est pour blâmer un préjugé que
Golbert lui-même ne parviendra pas à détruire entière-
ment. La noblesse se contentait d' « avoir l'ornement de
cestevie^. » L'industrie et le commerce étaient aban-
donnés au tiers-état. Pourtant « au commerce des mar-
chands il y a des choses belles et ceste vocation em-
ployée en grandes affaires approche de l'honneur^. »
Au tiers aussi étaient laissées la plupart des carrières
libérales, et, le plus souvent, le culte des lettres et des
sciences. « Car au grand malheur de ce siècle, ajoute
Rivault, la noblesse dédaigne tellement cest enrichisse-
ment de l'esprit, ceste illustration de l'âme, que rien ne
luy semble plus vil et moins à priser ^. »
Le tiers état, qui s'y adonne, a en main « la religion, la
justice et la médecine ; » les « armes même ne luy sont
pas ostées^. » Dans ces charges et emplois, il mérite bien
de l'état et du peuple, et « n'est point à mespriser tant
et à dédaigner qu'on le doive mettre soubs le pied 7. » A
1. Les Estais, p. 347.
2. Cf. Sainte Bible, III, Rois X, 22. — Le texte hébreu est
susceptible d'une autre interprétation. Il dit seulement que les
vaisseaux étaient des vaisseaux de Tharsis. (Gf, Sainte Bible,
III, Rois, X, 22, Paris, Lethielleux, note au verset 22 par M. Clair,
et M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, III, p.
522, n. 5«). •
3. Les Estais, p. 351.
4. Id., p. 353.
5. Les Estais, p. 357.
6. Id. ibid.
7. Id., p. 360.
- 179 -
force de travail, d'énergie et de services rendus « les
petits deviennent grands, et les hauts — qui ne font
rien — s'abaissent '. »
Néanmoins il est une classe intéressante et sympa-
thique que son labeur, même le plus opiniâtre, ne peut
préserver des souffrances et des rigueurs de la triste
nécessité : celle des paysans. Pour eux, David Rivault
n'a point de ces mots d'une brutale exagération que trou-
vera La Bruyère'^. Il n'en constate pas moins chez eux
un état déplorable, qui de loin rappelle celui des ilotes.
Nos métayers, dit-il, a osté le nom d'esclave, sont en
effet bienpeu moins misérables que proprement serfs 3. »
« Le cours humain a retenu le paysan aux nécessités, le
marchand à l'utilité et le noble à l'honneur et à la gloire
de cette vie^. » Cette phrase résume le traité. « Elle n'eût
pas été sans doute écrite par Sieyès, dit M. Hauréau;
mais elle serait à sa place dans V Esprit des lois ^. »
Tel quel, l'ouvrage prouve déjà chez Rivault une
grande maturité d'esprit et un talent précoce. Assuré-
ment ne lui demandons pas la perfection du style que ne
pouvaient donner ni un auteur de vingt-cinq ans, ni
l'état de la langue. Ecrivain sérieux, David Rivault
« voulait plustost contenter l'âme que délecter l'au-
reille et plustost sonner à l'entendefTient que frétiller à
Fouie ^. » Avouons qu'il aurait pu moins bien réussir.
1. Ici. ibid.
2. « L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des
femelles répandus par la campagne, noirs, livides, et tout brûlés
du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent, etc. (Les caractères
de ce siècle. — De llwmme). — La Bruyère, répondra-t-on avec
raiso*, ne se sert de termes si forts que pour mieux faire voir le
triste sort des laboureurs.
3. Les Estais, p. 365*:
4. Idem.
5. Ilist. litt. du Maine, III, p. 333.
6. D. llivault, Les Estats, épitre, sans pagination.
— 180 —
CHAPITRE II
Premiers voyages de David Rivault. — Ses relations avec le monde savant. —
Il est nommé gentilhomme de la chambre du Roi. — Les « Eléments de VAr-
tillerie. » — Expédition en Hongrie avec Guy XX de Laval. — Voyage à Li-
sieux. — Deuxième édition des « Eléments de VArtillerie. > — L'arquebuse à
air comprimé et le canon qui ne se charge que d'eau pure. — h' Art d'embellir.
Pour les cinq ou six années qui suivirent la publica-
tion des Estais^ nous sommes, au sujet de l'auteur,
réduits à de rares documents d'un laconisme désolant.
Nous savons que David Rivault fit un voyage en
Italie, où il s'éprit de plus en plus de l'amour de l'étude ;
puis, un autre en Hollande, vers la fin de l'an 1602. A
Leyde il visita le docte Scaliger, qui l'accueillit avec
bienveillance*.
Rivault entrait ainsi en relations avec le monde savant
qui l'apprécia 2. A Paris il s'était déjà lié avec Casau-
bon ; il ne fut pas complètement étranger à la publication
d'une traduction d'Abou-Abaïd^ par le célèbre orienta-
liste Erpénius.
A son retour de Hollande, notre Lavallois fut nommé,
par Henri IV, gentilhomme ordinaire de sa chambre,
par brevet du 20 novembre 1603 ^. On peut croire que le
roi voulait récompenser l'auteur des Estais ; mais il
n'est pas défendu de voir en cette marque de distinction
1. Cf. Epistolœ J. Scaligeri, de Leyde, 1604, liv. H.
2. Erpénius l'appelait « virclarissimus doctissimusque. » Cité
par Hauréau, op. cit., HI, p. 334.
3. Arabe, auteur d'un Recueil de proverbes.
4. Cf. Brevet de nom. aux pièces justif. ci-inf. E.
— 181 -
la reconnaissance d'autres « bons et agréables ser-
vices' » et le dessein, du reste avoué, d' « approcher- »
le jeune Rivault de sa personne.
Ces encouragements ne restèrent pas sans effets. Le
jeune savant se remit à Tœuvre, et, trois ans plus tard,
il livrait au public et principalement aux hommes de
guerre, ses « Eléments de l'Artillerie^. »
L'ouvrage est dédié « à messire Maximilian de Bé-
thune ^, grand maistre de l'artillerie, » de la famille de
Gonon de Béthune, « maréchal de Gonstantinople et
grand maistre de l'artillerie » au temps de l'empereur
« Bauldouyn de Flandre ^. »
L'avant-propos renferme des idées que nous retrouve-
rons dans une préface de la traduction d'Archimède ^' :
le symbole de la sagesse est le fer chez les Hébreux;
Minerve, chez les Grecs et les Romains, qui donnent en-
core à la même, pour attribution, de protéger les lettres.
G'est que les armes et l'étude n'ont rien d'incompatible,
ou plutôt ce sont des sœurs, qui vont la main dans la
main et se prêtent un mutuel appui. « Les lettres ensei-
gnent ce qu'il faut vouloir"^ ; » mais, pour mettre la vo-
lonté à exécution, « il faut de la force, qui s'emprunte des
armes ^. » « Qu'on ne dise » donc « point qu'un homme
d'espée ne soit capable de toutes sciences ou que l'homme
1. Ibid.
2. Ibid.
3. Les Éléments de l'Artillerie, concernant tant la première
invention et théorie que la practique du canon, par le sieur de
Fluraiice Rivault. A Paris, chez Adriari Beys, rile Sainctiacques,
ioignant la Rose blanche, M, DGV.
4. Plus connu sous le nom de Sully.
5. C'est-à-dire au temps de l'empire français de Gonstantino-
ple. — Cf. Ville-IIardouin, Conquête de Gonstantinople et l'his-
torien grec Nicétas Goniates.
6. Gf. Ici môme, infra.
1. Avant-propos, sans pagination.
8. Ibidem.
— 182 —
de lettres ne puisse avoir le courage : l'un et l'autre est
faux*. »
L'auteur prouvait par son propre exemple la vérité de
son affirmation. A peine avait-il déposé la plume et le
compas ^ qu'il prenait en main la lance et le mousquet et
s'en allait « aprendre par expérience quelles estoient
les armes de Hongrie 3. »
A la cour, David Rivault avait pu rencontrer Guy XX
de Laval, qui revenait d'un voyage en Italie. Le jeune
comte de Laval avait été frappé à Naples du miracle de
Saint Janvier, et reçu à Rome avec une grande bonté
par le pape Clément VIII. De retour en France, après
avoir été préparé par le P. Gotton et M. de Bérulle, il
fît solennellement abjuration de l'hérésie, le 21 avril 1605^.
(( Le nouveau catholique ne crut pouvoir moins faire
pour la foi qu'il venait d'embrasser que d'aller com-
battre pour elle^. »
Il résolut donc d'aller en Hongrie porter les armes
contre les Turcs. Il en obtint la permission du Roi, qui
r « honora de la dignité de son conseiller d'état et pri-
vé^, » et lui donna « pour modérer et diriger son ar-
deur M. de Marolles, un de ses vieux compagnons d'ar-
mes ^. »
David Rivault de Fleurance fît partie de l'expédition
1. Ibidem. — L'auteur fait ensuite avec force érudition l'his-
toire de la découverte de l'artillerie et de ses premiers emplois,
puis aborde enfin son sujet. Il le traite en trois livres où il pro-
cède par théorèmes et scholies.
2. Les Éléments de l'artillerie sont'illustrés.
3. Eléments de l'artillerie, 2^ édit., 1608, Liv. IV, p. 3.
4. Cf. L'abbé A. Angot, Guy XX de Laval, sa conversion, son
expédition en Hongrie, sa mort. Broch. in-8°, 39 p. Laval, Gou-
pil, 1891.
5. Id. ihid., p. 10. — Cf. David Rivault lui-même. Eléments de
l'artillerie, 2^ edit. Paris, 1608, Liv. IV, p. 6.
6. Mémoires de Bourjolly, II, p. 35. Laval, Moreau, 1886.
7. Abbé Angot, op. cit.
â
- 183 -
du comte de Laval. Il remplit les fonctions de trésorier
et tint un journal des dépenses, qui est, avec des billets
souscrits par lui et conservés dans les archives de M. le
duc de La Tremoille, la source la plus sûre d'informa-
tions sur cette campagne ' .
Grâce donc à David Rivault, nous pouvons suivre l'ex-
pédition qui, partie de Paris le 29 août 1605, passe par
Bondy, Yille-en-Parisis, Fresnes, Meaux, Ghàlons et
Toul, et arrive à Nancy le l^*" septembre. Le duc de
Lorraine fait au jeune seigneur et à sa suite une gra-
cieuse et honorable réception comme les chevaliers la-
vallois vont en trouver auprès de tous les seigneurs en
cette Allemagne qu'ils doivent traverser.
Mais un pareil voyage ne va pas sans grandes dé-
penses. David Rivault eut fort à faire pour y subvenir.
Elles ne furent qu'augmentées par un séjour d'un mois à
Vienne, d'où nos croisés repartirent le 8 octobre. Enfin
le 16 le comte de Laval se présentait au camp de Georges
Baht, généralissime des armées de l'empereur en Hon-
grie.
A partir de ce moment, le journal de David Rivault
et tout document contemporain sérieux 2 nous font dé-
faut au sujet de l'expédition lavalloise. Nous savons
cependant que le jeune Guy reçut de l'Empereur le com-
mandement d'une compagnie de mille hommes 3, et qu'il
1. David Rivault écrivit aussi pour M™« de Fervacques, alias
Anne d'Alègre, mère du comte de Laval, une relation de cette
expédition : « Lettre à Madame la maréchalle de Fervacques,
contenant un bref discours du voyage en Hongrie de feu le comte
de Laval, son fils. Paris 1607, in-12. Cet opuscule parait être
perdu. M. l'abbé Angot l'a vainement cherche dans les bibliothè-
ques de Paris. Nous l'avons fait chercher aussi là et ailleurs et
n'avons pas été plus heureux.
2. Un chanoine de Lisieux, Le Rebours, fit imprimer à Rouen
en 1606 un opuscule contenant la « Consolation funèbre à Ma-
dame la maréchalle de Fervacques, sur la mort de M^r le comte
de Laval, son fils. « C'est, dit M. Angot, « un défi au bon goût et
au bon sens. »
3. Plaidoyers de Servin, ap. Angot, op. cit.
— 184 —
fit bravement son devoir au combat de Comorn, où il fut
mortellement blessé, le 3 décembre 1605.
David Rivault, blessé lui-même et loin de son pays,
se trouva dans de graves difficultés. La fortune du comte
de Laval était très obérée. Ayant fait déjà de fortes
avances, le trésorier allait avoir à se débattre avec les
créanciers du feu comte et sa mère, Madame de Fervac-
ques. Celle-ci, mécontente de la conversion de son fils et
se consolant dans les plaisirs de secondes noces aux-
quelles elle « convola avec le maréchal de Fervaques*, »
et la perspective de recueillir un héritage que lui donne
un testament fait en sa faveur par le feu comte 2, nous
apparaît avec une figure aussi répugnante que le jeune
et héroïque seigneur, son fils, en a une sympathique de-
vant les contemporains et l'histoire.
Les restes de Guy XX furent ramenés à Laval 3.
Après avoir rendu ce dernier devoir « au corps d'ice-
luy^ », David Rivault reprenait toute sa liberté. Sa mis-
sion était finie. Pourtant, en 1607, il se rendit encore à
Lisieux où s'était retirée Madame de Fervacques. Dans
une page touchante^, qui vaut à elle seule toute une
oraison funèbre, il expose l'objet de ce voyage ; il vou-
lait rendre compte à la mère de Guy XX « du service
qu'il avait faict à Monsieur le comte de Laval, depuis que
1. Mémoires de Bourjolly, II, p. 41. Laval, 1886.
2. Cf. M, p. 40.
3. Cf. Plaidoyers de Servin, op. An^ot, op. cit., et David Ri-
vault, Eléments' de l'artillerie, 2^ édition, Paris 1608, Liv. IV,
p. 6. Guy XX fut inhumé dans l'église des Jacobins. En raison
des compétitions oui s'élevèrent à cette occasion entre les Frères-
Prêcheurs et le Gnapitre de Saint-Tugal, et par la négligence
impardonnable de madame de Fervaques, les funérailles solen-
nelles de François de Golignv (Guy XX) n'eurent lieu cjue le 26
février 1609. L'oraison funèbre fut prononcée par Olivier de
Guilly, docteur en théologie, prieur des Jacobins.
4. Cf. David Rivault, Eléments de l'artillerie, 2^ édit. 1608,
Liv. IV, Avant-propos, p. 5.
5. Jd. ibid.
— 185 —
sa piété singulière et entière générosité, qui le condui-
sirent en une guerre estrangère contre les ennemis de
Jésus, luy eurent faict rechercher les périls esquels très-
honorablement il succombai » Il voulait « aussi faire
entendre, » s'il lui « estoit possible, à cette affligée mère,
que pour l'entier acquit de l'afîection » qu'il avait « si
sainctement vouée à son enfant unique durant sa vie et
si volontiers ioincte aux derniers efforts de son cou-
rage, » il n'en avait « abandonné l'ombre, que quand
l'effroy du sépulchre « lui en avait « osté du tout la
vue 2. »
Dans le même voyage Rivault se renseigna sur une
découverte qu'un mot de sa préface, dans la première
édition des Eléments de l'artillerie^ avait déjà annoncée-^.
Obligé de partir pour la Hongrie, il n'avait pu alors
vérifier ce qu'on lui disait « d'une nouvelle invention
d'artillerie dont l'effet, qui estoit très impétueux, s'em-
portoit du vent^. » L'occasion d'éclairer l'affaire se pré-
sentant, David Rivault la saisit. Donc « curieux de
prendre langue ^ » il profita de sa présence à Lisieux
pour visiter l'inventeur, qui demeurait en cette ville, et
l'interroger. C'était un sieur Marin Bourgeois, qui avait
trouvé le moyen de charger une arquebuse avec de l'air
comprimé.
Après un premier échec, parce que le Roi avait, pa-
raît-il, défendu à Bourgeois de communiquer son secret,
David Rivault finit par obtenir de l'inventeur toutes les
explications désirables et « la figure » même de son ar-
quebuse. 11 décrit cette arme à son tour et explique scien-
tifiquement les résultats obtenus.
1. Id. ibid.
2. Id. ilnd.
3. Cf. Les Eléments de Vart.^ 1605, Avant-propos, suh fine.
4. Id. Les Eléments de l'artillerie^ l""® édit. 1605. Av. p.
5. Id. Les Eléments de l'artillerie, 2» édit. 1608, Liv. IV, Av.
pr., p. 4.
— 186 —
Mais, ce qui est d'un intérêt plus piquant, il démontre
encore, — toujours d'après Bourgeois, — qu'on peut
faire partir un canon en se servant d'eau pure. Cette
double invention et une recette pour faire de la poudre
sont l'objet d'un livre qu'il ajoute aux trois premiers de
ses « Eléments d'Artillerie^ » dans une nouvelle édition
en 16081.
Tous les cabinets de physique possèdent aujourd'hui
des arquebuses à air comprimé. Le canon qui ne « se
charge que d'eau pure » est plus rare. Il mérite du reste
une attention spéciale parce qu'on a voulu y voir une sorte
de découverte de la machine à vapeur. « C'est bien à
tort, dit le P. Colombier 2. » Arago ^ est moins éloigné d'y
reconnaître quelque chose comme une lueur de la vraie
découverte. Pour avoir une réponse juste il faudrait poser
autrement la question. Parlons seulement d'une force de
la vapeur, constatée déjà dans l'antiquité et appliquéTi
au début du XYII" siècle à ce curieux canon, et nous
pouvons affirmer que David Rivault en a eu inconstes-
tablement connaissance.
Ecoutons plutôt l'auteur lui-même.
D'abord il pose ses principes : Le résultat de la cha-
leur, écrit-il, est de deux sortes : tantôt la matière
échauffée « s'en va en sec et se dit exhalaison ; » tantôt
la chaleur « attire quant et elle l'humide, dont elle se
nomme vapeur^. »
1. « Les Eléments de l'artillerie, concernant tant la théorie
que la pratiaue du canon, augmentés en cette nouvelle édition et
enrichis de l'invention, description et démonstration d'une nou-
velle artillerie qui ne se charge que d'air ou d'eau pure, et a
néantmoins une incroyable force. Plus une nouvelle façon de
pouldre à canon très violente qui se faict d'or par un excellent et
rare artifice non communiqué jusques à présent, etc. Le tout par
le sieur de Flurence Rivault. A Paris chez Adrian Beys, rue
Sainct Jacques, ioignant la Rose blanche. M. DGVIII, 1 vol. Pe-
tit in-80.
2. Revue du Maine, IV. p. 402.
3. Notice sur James Watt. — Notices biog., t. I, p. 394, et t.
II. p. 19.
4. Eléments de l'art., 2^ éd.. Liv. IV, p. 21.
I
- 187 —
Huit ans avant Salomon de Gaus, il constate encore,
après Aristote, que l'eau monte dans un vaisseau
échauffé ^ .
Mais» c'est surtout dans la description du canon de
Bourgeois quïl reconnaît et décrit ainsi la force ex-
pansive de la vapeur :
« Açec dépure eau, on peut faire tirer un canon.
« Hypothèse. Soit le canon AB qui soit remply d'eau
« depuis A jusques en D. Il faut bien fer-
« mer le trou de la lumière sur laquelle
« soit coulé un quartier de bois E qui soit
« bien du calibre du canon, sans qu'il y
c( aye aucun vent ny iour. Soit après mis
« le bout du canon AD au feu, tant que AD
« s'eschauffe, et l'eau qui est dedans. »
a Conclusion. Je dy que le canon tirera.
« Démonstration. Car le feu est plus rare
« que l'eau : par conséquent le feu agis-
« sant en l'eau, l'estendpar sa chaleur : or
« la pénétration des dimensions est im-
« possible. Donc pour donner à l'eau ra-
ce refiée lieu où s'estendre, il faut que E
a s'enfuye, voire avec violence. Donc le
« canon tire ^. »
C'est le principe même de la loi re-
connue par l'expérience de la marmite
de Papin. Mais Denis Papin, en ap-
pliquant son levier de compression,
pouvait mesurer la force de pression
exercée sur la soupape de son vase
clos, ce qui est impossible avec le
canon de Marin Bourgeois. Enfin
Denis Papin, en procédant à de nouvelles expériences
1. Aristote, De Cœlo, c. 5, cité par D. Rivault, op. cit., p. 16.
2. Les Eléments de l'artillerie^ 2® éd., Livre IV, p. 69. Paris,
1608.
- 188 -
et parvenant à faire redescendre par le refroidissement
et la condensation de la vapeur le piston que la force ex-
pansive de l'eau chauffée avait soulevé d'après la loi re-
connue antérieurement par Rivault et Papin lui-même,
arriva le premier à un résultat qui permet de le consi-
dérer comme le véritable inventeur de la machine à va-
peur, perfectionnée depuis par Newcomen, Gawley,
Watt et bien d'autres.
Cependant, par l'intérêt qu'il porta à l'invention de
Marin Bourgeois et les explications scientifiques qu'il en
donne, David Rivault n'en mérite pas moins la recon-
naissance de la postérité. L'attention qu'il attira sur
« une nouvelle artilerie » et ce point de physique appli-
quée, ne put que préparer et avancer la belle découverte
de Denis Papin.
L'année même où il donnait la deuxième édition de
ses « Eléments d'artillerie, » David Rivault publiait son
« Art d'embellir^. »
Avec lui nous passons « du grave au doux » et parfois
retrouvons l'un et l'autre : utile dulci. La critique, obli-
gée de suivre l'auteur à travers ses nombreuses compo-
sitions, le constate et s'en réjouit. Ce petit volume, que
je vois là sur mon bureau, paré, coquet, frais de ton et
d'aspect, malgré ses trois cents ans ^, nous promet d'a-
gréables découvertes.
La poésie, par l'entremise de Malherbe, le présente
au public avec une grâce, une délicatesse et un à-propos
que chacun remarquera:
« Voyant ma Caliste si belle
« Que rien ne s'y peut désirer,
1. « L'art d'embellir, tiré de ce sacré paradoxe : La sagesse
de la personne embellit sa face, par le sieur de Flurance Rivault.
A Paris chez P Louys Febutier, au Clos Bruneau, à l'image
vSaincte Catherine. M. DCVIIL Avec privilège du roy. » 1 vol.
in-16. Cabinet de M. L. Garnier.
2. Exactement 285 ans.
- 489 —
« Je ne me pouvois figurer
(( Que ce fust chose naturelle.
« J'ignoroys que ce pouvoit estre
« Qui luy coloroit ce beau teint
« Où l'Aurore mesme n'atteint
« Quand elle commence de naistre.
« Mais, Flurance, ton docte escrit
c( N'ayant fait voir qu'un sage esprit
« Est la cause d'un beau visage :
« Ce ne m'est plus de nouveauté
c( Puisqu'elle est parfaitement sage
« Qu'elle soit parfaite en beauté.
Cette fois l'ouvrage, par une délicate attention de l'au-
teur, est offert à Marie de Médicis. — Au Roi, les « Es-
tais^ )) ou les sciences politiques ; à Sully, grand maître
de l'artillerie, « les Eléments de l'artillerie » et les ca-
nons ; à la Reine la beauté, ou de moins l'art de la pro-
curer. Aussi bien les qualités qui ornent la vie et la font
douce et agréable sont l'honneur et la beauté ^ Sa Ma-
jesté la reine « partage indivisiblement avec le roy la plus
belle couronne de la terre, et quant et quant y met avecques
luy l'ornement de ces deux qualités 2. » Tous les deux
relèvent la France et « luy redonnent la vie : la réputa-
tion et la face, la gloire et la contenance : le Roy en en-
treprent principallement l'honneur : Sa Majesté la Reine
« y fournit la beauté 3, » dont elle est un vivant modèle.
« Ces divins compartiments qui » lui x< relèvent la taille,
ces clairs linéaments qui » lui « forment la face, cet al-
bastre etcoral qui par un délicat meslange » lui a adou-
cissent le teint, ces compassés mouvements qui » lui
donnent la grâce, sont roses que poulse la sagesse qui »
lui « eschauffe l'âme ^. »
1. Cf. D. Rivault, L'Art d'Embellir. Epistre à la Reine, sans
pagination.
2. Id. ilnd.
3. Id. ibid.
4. Id. ibid.
- 190 —
Possédant le précieux secret du beau, la reine en fera
bénéficier « nostre nation, qui est celle de tout Tunivers
qui chérit le plus la beauté. De curiosité d'estre belle
elle aymera la sagesse, modérera les subites passions
qu'on blasme en elle, et ainsi tiendra » de Sa Majesté
la Reine « l'affermissement et les délices de sa durée K »
Qu'on dise encore après cela que la haute galanterie
naquit un jour à Versailles sous les auspices de Louis
XIV ! Certes on pourra bien trouver quelques-unes de
ces expressions forcées, mal à leur adresse^, désirer un
tour plus discret; mais ce ne sera pas sans regretter
cette grâce, ce respect et cette politesse ingénieuse des
vieux temps.
Ne prenons du reste pas VArt d'embellir pour un ou-
vrage de pure fantaisie, pour un produit spontané d'une
verve spirituelle et humouristique. Sous une forme vive,
alerte, enjouée même à l'occasion, David Rivault entend
être sérieux au fond. Son but est noble et élevé. 11 at-
tend un heureux résultat. « L'utilité sera que les yeux
qui, quels habiles qu'ils soient, n'apperçoivent la sa-
gesse, la voiront à clair et en face et en allumeront en
nous des désirs incroyables ^. » Nos yeux enfin se dessil-
leront et « nous ne chercherons plus » en beauté « des
couleurs menteuses ny des figures nuagées^. » Aussi
dirons-nous d'avance avec l'auteur que « l'harmonie qui
est entre la sagesse et la beauté n'est d'inutile recher-
che, ny le concert de leur consonance de petit appareil ^. »
11 appuie sa thèse générale sur des données philoso-
phiques et des textes révélés d'une valeur et d'une auto-
rité incontestables. Il fait œuvre de moraliste ; mais il
1. Id. ibid. subfme.
2. Comparer le portrait de Marie de Médicis au Louvre.
3. L'art d'embellir, p. 2, Paris, 1608.
4. Ibid., p. 2 (bis).
5. Ibid., p. 4 (bis).
4
— 191 —
le fait avec une naïveté charmante, en écrivain aimable,
fin observateur, pittoresque et érudit. C'est un prê-
cheur de morale dont les exigences ne rebutent pas,
dont la mine, ni renfrognée, ni austère, n'effraie pas ;
c'est un sermonneur fort bien venu dans un salon, très
goûté des dames, qui ne sauraient se désintéresser de la
question traitée, et apprécié des hommes d'esprit et de
gai savoir.
Sans doute l'antiquité lui fait un cortège bien nom-
breux et un peu encombrant. Elle apporte des témoigna-
ges multipliés à l'excès et de valeur inégale, des orne-
ments trop touffus. Mais on est de son temps. 11 en est
de la mise des livres comme de celle des individus. Tel
qui jadis enlevait tous les suffrages dans les soirées de
Versailles ou de Trianon, passerait aujourd'hui pour
Arlequin dans les bals contemporains. Cependant on
trouverait des gens pour soutenir, voire prouver, que,
par leur grâce intrinsèque, les tenues de marquis étaient
bien à la hauteur de nos habits noirs.
Quant au sujet lui-même, qui nous est présenté ici
sous une forme quasi paradoxale, il repose sur un fon-
dement très solide, et, dégagé de quelques développe-
ments de détail, de quelques emprunts faits à une science
expérimentale erronée ou incomplète — comme elle l'é-
tait alors, — il se trouve conforme à l'enseignement de
la philosophie bien entendue. On en trouverait aisément
les principes dans Platon^ et dans les auteurs chré-
tiens. De fait le principal élément de la beauté physi-
que chez l'homme est sans conteste le reflet d'une belle
âme sur la physionomie. L'union intime de notre corps
avec notre principe de vie le permet et l'explique.
Sans doute une constitution naturelle, parfois défec-
tueuse et beaucoup de causes accidentelles, peuvent alté-
rer notablement sur un visage les reflets de l'âme ;
1. Cf. Platon^ Phédon, — /. Alcib ; — Timée, passim.
— 192 -
mais ses traits en sont toujours ennoblis à quelque de-
gré. Puis il faut prendre le beau dans Thumanité d^une
façon large. David Rivault n'écrit pas un traité unique-
ment à l'usage des ateliers d'artistes, et n'a pas l'inten-
tion de donner des modèles de forme plastique. 11 s'agit
plutôt de quelque expression de qualités morales qui se
révèlent à l'extérieur. Encore, même sur ce terrain, n'y
aurait-il pas des contradicteurs ? La Fontaine pousse la
boutade :
« Que le bon soit toujours camarade du beau,
« Dès demain je chercherai femme...*. »
Il est vrai que ce « toujours » vient bien à propos
pour ne pas mettre le fabuliste complètement aux prises
avec Platon et David Rivault, qui affirment, avec force
bonnes raisons « que le Beau n'est point sans le Bon et
qu'il en tire son origine 2. »
D'ailleurs il suffirait peut-être, pour se mettre d'ac-
cord, de définir exactement ce qu'il faut entendre par la
sagesse qui engendre le beau.
Par la sagesse, qui produit la beauté, nous « ne pre-
nons, dit Rivault, ny la parfaicte maistrise qu'un arti-
san acquiert de son métier 3, » ni l'industrie en vertu de
laquelle on accroît ses richesses ^, ni un clair jugement,
ni un âge « consumé » en expérience, ni la puissance
de conformer ses mœurs au milieu où l'on se trouve, ni
l'absence même de folie, ni mille autres manières d'être
de l'âme et de l'esprit -^ mais cette sagesse qui c consiste
en toute espèce de congnoissance et de vertu ^. »
1. Livre VII. fab. II, Paris, Didot, in-80, 1877.
2. Art. d'Embel., p. 3 et Platon / Aie, et Timée, cit. par D.
Rivault.
3. Art d'embel., p. 3 (bis).
4. Ibid.,^. 4.
5. Cf. Id. ib., p. 4, 5, 6.
6. Id. ibid.,^. 6.
— 193 —
Elle « comprend le ciel et la terre : c'est elle qui les
a bastis, qui les soutient et gouverne ^ » Pour ce qui
est de l'homme, elle le rend heureux et le « remplit de
jugement et d'intelligence ; elle est la saincte règle des
mœurs et la claire lumière de la congnoissance. » « La
beauté du corps, le lustre du visage, la grâce que nous
en aymons et admirons est un effect de la sagesse, et
une fumée de ce feu, une odeur de ceste rose 2. »
Aussi le visage qui nous parait beau trompe nos sens,
(( si la sagesse n'en a tiré les traits, n'en darde les raiz,
n'en soutient les linéaments et n'en rehausse les cou-
leurs 3. »
Nous commençons peut-être d'y voir clair. L'épousée,
qui exerce la verve impitoyable de La Fontaine, n'est en
réalité point belle ; nous en convenons ; et les deux
charmants écrivains s'embrassent dans une complète
conformité de jugement et de vue.
Le pauvre « Mal marié ^ » s'était simplement four-
voyé devant des grâces de circonstance et de commande
qui ne se pouvaient soutenir « pour n'estfe point pro-
venues de leur propre origine^. » Car « combien voyons-
nous de beautés pour n'avoir au-dedans une âme qui la
vivifie dignement, se défaire si tost que l'aurore en tou-
che le vespre. »
« C'est une forme passagère ;
a Un bien douteux pour les humains ;
« Un présent d'estoffe légère
« Qui prompt s'esgare de nos mains ".
1. Id. ihid.
2. Id., p. 7.
3. Art d'emb., p. 7.
4. Lafontaine, liv. VII, f. n,
5. Art d'emb., p. 8.
6. D. R. Ibid,
— 194 —
L'auteur va continuer de traiter de la beauté et de la
sagesse en général en des pages où abondent l'esprit
sémillant, la grâce et la fraîcheur. Il parle ensuite de la
beauté du corps et de la voix ; puis il étudie les beautés
spirituelles et celles de l'âme. Enfin, dans son sixième
et dernier « Discours^ ^ » « il se restraint aux moyens
dont le corps humain retire son embellissement; la pro-
portionnée figure de ses membres, l'agréable couleur
de son teint, des vertueux mouvements de la sagesse de
l'âme '. Le tout est écrit « en stile un peu ^erré, » et
« les témoignages de son dire » sont « marqués en
marge du commandement de quelques sages belles de
la cour.... C'est obéissance qu'il leur doit, non vanité
qui le meine ^. »
(A suivre).
AuG. Anis.
1. Le traité est divisé en six discours.
2. D. Rivault, Art d'embellir, av. prop.. Le dessein de Vart.
3. Ibid., sub fine.
RECHERCHES
SUR
SAINT-DENIS-DE-GASTINES
Les origines de Saint-Denis-de-Gastines sont fortobs-
cures ; les documents écrits manquent complètement à
cet égard. Tous les papiers de la cure ont été détruits
en 1791 ; les actes seuls des baptêmes, des mariages et
des décès ont été sauvés et portés à la mairie. Il faut
donc se contenter de rechercher les traces que le pas-
sage des hommes a laissées sur le territoire de cette com-
mune. Ces traces, heureusement, sont assez nombreuses.
Sur plusieurs points on trouve en assez grande abon-
dance des silex taillés ayant servi d'outils, surtout des
couteaux, des scies, des poinçons, des grattoirs, des
pointes de flèches, quelques pointes de lances, le tout se
rapportant au type de la Madeleine. Ces instruments
préhistoriques, d'un usage journalier, indiquent une po-
pulation pacifique, plutôt que belliqueuse. Nous ferons
une remarque à leur sujet : c'est que le silex ne se trou-
vant pas à l'état naturel dans le département, il devait
y avoir des échanges entre les habitants de la région et
les populations voisines. Comme cependant ces hommes
encore à demi barbares ne devaient guère récolter de
produits dignes d'être échangés, ne serait-il pas logique
de penser qu'ils allaient chercher des blocs ou des ro-
- 196 —
gnons de silex à une certaine distance, pour ensuite les
travailler eux-mêmes, sans doute alors qu'ils étaient
encore frais et qu'ils n'avaient pas encore perdu leur eau
de carrière, circonstance qui, on le sait, en facilite beau-
coup la taille ? La présence sur notre territoire de nu-
clei et d'éclats informes, relativement nombreux, nous
a fait faire cette supposition.
A côté des silex taillés, on a recueilli quelques ha-
ches polies : la première trouvée l'a été au hameau du
Nèzement; nous croyons qu'elle figure actuellement au
musée de Laval ; elle serait en silex. Cette hache a été
mentionnée au congrès archéologique tenu au Mans et à
Laval en 1878. Une autre provient de FOrgandière; elle
est endiorite noire. Deux autres, endiorite grise, ont été
récemment trouvées à la Monnerie ; enfm un fragment
d'une hache de grande dimension a été ramassé à la
Gare, également en diorite grise; il peutse faire qu'il ait
été apporté avec le ballast.
On ne signale sur notre territoire ni menhirs, ni dol-
mens, ni pierres à bassins ; ces dernières, destinées
sans doute à broyer le grain et à pétrir le pain, sont au
contraire aâsez répandues dans les communes voisines,
il existe en effet une douzaine de bassins, grands ou pe-
tits, sur les roches qui entourent la pierre Montpinçon,
près de Vautorte, dans la forêt de Mayenne.
En fait de monuments préhistoriques, Saint-Denis
possédait naguère des mardelles gauloises, qui occu-
paient un espace de plus de deux hectares. Une ving-
taine d'excavations en forme d'entonnoirs, et dont la prin-
cipale mesurait au fond vingt mètres de longueur sur
huit de largeur, avec une profondeur de dix mètres, for-
maient au lieu dit les Miaules un ensemble d'un aspect
bizarre ; nous y avions trouvé deux tombelles avec des
traces de sépultures; toutefois les corps avaient dis-
paru, entièrement consumés parle contact de l'air, comme
il arrive dans les terrains sablonneux. Dans la grande
— 197 —
excavation se voyait un troisième tumulus formé de sable
très fm, avec des traces également de sépulture par in-
humation et quelques fragments informes de fer oxydé.
G était probablement le lieu où on avait déposé le corps
d'un chef avec ses armes.
Aujourd'hui tout a été nivelé pour être mis en culture
et les mardelles ont disparu vers 1888.
A environ un kilomètre à l'ouest de l'endroit occupé
par les mardelles, au point le plus élevé de la commune,
on voit encore les traces d'un cercle mégalithique. Grâce
à un fragment de ce cercle qui n'a jamais été cultivé, on
distingue, sur une longueur de 160 mètres, les traces d'un
ancien fossé qui le bordait sans doute dans tout son
périmètre. Des blocs de pierre aujourd'hui renversés et
brisés sont disséminés tout à l'entour, surtout vers le
sud, côté où le sol présente une déclivité très prononcée.
A l'intérieur du cercle, dans la partie actuellement li-
vrée à la culture, sous un tas de pierres qu'on aurait pu
croire jetées là par le laboureur pour en purger son
champ, nous avons constaté les traces d'une sépulture
par incinération : sur un lit de sable très fin se voyaient
quatre pierres plates, dont trois encore debout, quoique
légèrement inclinées, et la quatrième tombée sur le
champ, indiquaient la place d'une urne funéraire, qui
malheureusement avait été enlevée à une époque éloi-
gnée probablement; il n'en restait aucun débris.
11 est à remarquer que toutes les pierres provenant
de ce cercle sont étrangères à la région ; elles sont for-
mées d'un poudingue tertiaire, et le point le plus rap-
proché où l'on rencontre ce poudingue est à Mézangers,
à environ quarante kilomètres de distance. Elles ont
donc été apportées de loin, comme cela se présente fort
souvent dans les monuments mégalithiques ; les plus im-
portants de ceux-ci, et notamment les cercles de l'An-
gleterre, ont été construits également avec des pierres
venues de fort loin. 11 est incontestable que les hommes
13
— 198 —
qui les ont élevés ont voulu, en employant des matériaux
étrangers à la région, marquer l'importance qu'ils at-
tachaient à ces monuments, et empêcher que, même
après leur destruction, ils tombassent complètement
dans l'oubli.
Ce qui reste de notre cercle indique qu'il devait avoir
environ trois cents mètres de diamètre, dimensions de très
peu inférieures à celles du plus célèbre des cercles méga-
lithiques, celui d'Avebury en Angleterre ^
Quant à l'époque gallo-romaine, elle ne nous a laissé
que des tuiles à rebords ; on en a trouvé des fragments
dans les terrains situés à l'est de l'église actuelle; mais
jusqu'ici on n'a constaté l'existence d'auctm mur de cet
âge, et par conséquent on n'a aucun renseignement sur
l'importance des constructions de l'époque.
Il est temps de nous occuper de l'origine du nom de
notre commune ; le premier document qui existe à cet
égard date seulement de 1158.
M. l'abbé Pointeau, dans son ouvrage « les Croisés
de Mayenne en 1158, » dit à propos de Gaudinus de
Ruina, dictus Gastines, le 11^ croisé de la liste donnée
par le moine Jean de la Fustaye: « Craudin des Ruines
ou de la Ruine, dit de Gastines. Nous nous croyons au-
torisé à rétablir le texte Ruina ou Ruinis, au lieu de
Raina, par les listes de Goué et par le cartulaire de Sa-
vigny, où un personnage qui est le même que notre
croisé est plusieurs fois désigné sous le nom de Gandin
ou Gondouin desRuinnes. Les titres de Goué le mettent
au nombre des barons de Geoffroy IV; il revint 2. Tout
le monde sait que Ruines et Gastines sont synonimes.
1. Cf. Notes archéologiques sur Saint-Deiiis-de-Gastines par
l'auteur, insérées au Bulletin delà Société d'Agriculture, sciences
et arts de la Sartlie. 1885.
2. Sur environ cent huit croisés qui prirent la croix à Mayenne
en 1158, trente-cinq seulement revinrent. Les autres périrent,
pour la plupart en Syrie. Cf. M. l'abbé Pointeau.
— 199 -
Gaudin est donc un des membres d'une ancienne et illus-
tre famille dont le manoir qui fut son berceau a laissé
son nom au bourg de Saint-Denis-de-Gastines : c'est
tout ce qu'il en reste. » Et il ajoute : « de Gastines :
de... à une barre de... sous un chef de... », puis en
note : « Généalogie de la maison de Gorram, par le ré-
vérend Georges Cornélius Gorram. »
D'où peut venir ce nom de Gastines, que M. l'abbé
Pointeau dit synoime de Ruines ? Serait-ce du manoir,
dont il parle, et qui serait tombé de bonne heure en
ruines? Serait-ce de ces constructions à la place des-
quelles on a trouvé des tuiles à rebords ? C'est possible.
Nous ferons cependant remarquer que, non loin du ha-
meau qui porte actuellement le nom de Gastines, ferme,
étang et moulin, on voit un certain nombre de gros blocs
de diabase qui ressemblent à des blocs erratiques, et
qu'on pourrait prendre pour des mégalithes en ruine.
Nous pensons que ce sont peut être ces roches qui ont
valu à cet endroit le nom de ruines ou gastines, du latin
vastare^ le V ayant été changé par l'usage en un G '.Du
reste tous les endroits dits Gast, Gastines, entre autres
la foret de Gastines, située autrefois sur la rive gauche
du Loir, défrichée du temps de Renault P*", comte de
Vendôme qui mourut vers 1020 2, et le Gâtinais aussi,
présentent un aspect analogue et rappellent un pays
dévasté, non sans doute par la main des hommes, mais
plutôt par les eaux, tantôt par la mer, comme dans la
forêt de Fontainebleau, tantôt par des cours d'eau douce,
comme dans la Mayenne.
Certains étymologistes, tout en faisant dériver le mot
Gastines de vastare^ lui donnent un autre sens, et disent
1. Nous trouvons encore en 1564 le nom écrit Sanctus Diony-
sius de Vastinis (Insinuations ecclésiastiques).
2. Cf. Gauvin. Géographie ancienne du diocèse du Mans. —
Art. Gastina.
- 200 —
que ce mot désignait jadis l'endroit d'une forêt où le bois
aurait été abattu, mot, disent-ils, venant de vastare^ dé-
vaster, abattre. Cette étymologie pourrait s'appliquer à
l'ancienne forêt de Gastines ; mais notre Saint-Denis
s'étant appelé primitivement Ruina ou Ruinée, nous pré-
férons pour lui le sens que nous avons indiqué en pre-
mier lieu.
Ce n'est qu'assez longtemps après la croisade de 1158
que l'on trouve citée dans un document, sous son nom
actuel, notre paroisse, qui, jusqu'à ce moment, dépendait
au point de vue politique des Pagus Genomanicus, Gi-
vitas Diablintum, Gondita Diablintica, Pagus Erneise',
et au point de vue religieux, de l'évêché du Mans.
Vers 1214 l'évêque Nicolas donne à ses chanoines la
présentation à la cure de Saint-Denis-de-Gastines -. Nous
lisons dans l'éloge de cet évêque mort en 1216 ^ : « Sic
obiit bone memorie Nicholaus Genomanensis episcopus,
qui ad servitium ecclesiœ dédit et concessit ecclesiam
Sancti Dyonisii de Gastinem,.. »
En 1220, Maurice, son successeur, ajoute à ce don
une rente annuelle de cent sols mançais à prendre sur
les revenus de cette église '*. Voici le texte de la charte
signée par l'évêque Maurice :
« Universis présentes litteras inspecturis, Mauricius
Dei permissione Genomanensis Ecclesie minister indig-
nus, salutem in Domino. Noverit universitas vestra nos
concessisse dilectis fdiis decano et capitulo Genomanensi
centum solidos cenomanenses in ecclesia beati Dyonisii
de Gastine annis singulis percipiendos, et residuum per-
sone ejusdem ecclesie remanebit. Quod ut ratum et sta-
bile habeatur, presentem cartam sigilli nostri munimine
1. Gauvin, Géographie ancienne du diocèse du Mans.
2. Livre Blanc n» 153.
3. Martyrologium capituli ce.'^.omanensis[1 Kal. Mar.).
4. Livre Blanc, n» 154.
— 201 —
fecimus roborari, ad petitionem capituli supradicti. Ac-
tum anno gratie M**. CG^. XX**. tertio, mense mayo. »
Il semble résulter de ces pièces que notre paroisse
existait avant 1214. Mais il y a lieu de penser cependant
qu'elle n'a pas été créée beaucoup plus tôt. La plupart
des paroisses voisines existaient avant celle de Saint-
Denis ; Montenay, avait déjà une importance considé-
rable vers 800; Gharné, Gorron*, Saint-Berthevin-la
Tannière, Ambrières, de nombreuses abbayes et des
prieurés sont mentionnés à des époques antérieures au
XIIP siècle. L'église de Yautorte, érigée d'abord en
chapelle, avait été distraite de Montenay 2. Il en fut pro-
bablement de même de Saint-Denis. Si le texte même
du moine de Saint-Maur indique que la paroisse de ce
nom existait avant 1214, rien ne peut cependant établir
avec certitude que Saint-Denis ait été créé au détriment
de Montenay. Gependant l'importance et la proximité de
cette paroisse militent en faveur de cette hypothèse.
D'autre part les droits créés par l'évêque au profit du
chapitre rendent vraisemblable que celui-ci, perdant ses
privilèges sur le territoire séparé de Montenay, ou peut-
être d'une autre paroisse, Gharné, par exemple 3, aurait
réclamé, comme il était déjà arrivé après la création de
nouvelles églises, et que l'évêque, pour satisfaire aux
plaintes des chanoines, leur avait accordé et la présenta-
tion à notre nouvelle paroisse et une rente déterminée
1. Au X<^ siècle Raoul de Gorron, chef d'une des plus puissan-
tes familles du Maine, donna à l'abbaye du Mont Saint-Michel
l'église de la Tannière et la chapelle de son château de la Tan-
nière, et en 1125 Guillaume de Gorron aida les moines de Saint-
Berthevin à relever leur prieuré qui leur avait été ravi dans le
cours du XI« siècle. — Cf. Dom Piolin, Histoire de l'Eglise du
Mans, T. III, p. 27 et 28.
2. Ihid., T. III, p. 78.
3. En effet. Guillaume de Passavent (1142-1186) avait donné et
cédé à perpétuité au chapitre de Saint-Julien du Mans un cer-
tain nombre d'égliseti, dont celle de Gharné. Livre Blanc. n° 122.
— 202 —
à prélever sur ses revenus. Or l'église de Moritenay
avait été léguée par Saint Bertrand dès 616 à la cathé-
drale du Mans. Quelle que soit d'ailleurs l'église dont
ait été démembrée celle de Saint-Denis, il est bien pro-
bable que sa création est peu antérieure au commence-
ment du XIIP siècle.
Saint-Denis, jusqu'en 1230, dépendit de l'archiprêtré
du Passais ; à cette époque l'évêque Maurice remplaça
les archiprêtrés par des archidiaconés. Notre église fut
alors de l'archidiaconé du Passais ; comme doyenné elle
ressortit toujours de celui de Gharné-Ernée. Son pa-
tron était Saint-Denis ; présentateur le chapitre, colla-
teur l'évêque.
Les léproseries ou maladreries furent nombreuses
dans la région ; il y en avait à Ernée, à Gorron, à Ghâ-
tillon-sur-Golmont ; mais on n'en mentionne pas à Saint-
Denis.
Pendant l'épiscopat de Pierre de Savoisy (1385-1398),
les habitants du Mans prièrent le Souverain-Pontife
d'ériger dans leur ville une confrérie du Saint-Sacre-
ment. Gette confrérie devint célèbre après que Paul V
l'eut confirmée en 1610, et un certain nombre de parois-
ses, dit dom Piolin, obtinrent de semblables associa-
tions pour protester contre les erreurs des Sacramen-
taires du XVI^ siècle. Saint-Denis fut du nombre ^
Gomme construction, l'église de Saint-Denis est peu
remarquable. Remaniée et agrandie à plusieurs reprises,
elle se rapprocherait dans son ensemble plutôt du style
roman ; mais ses voûtes sont en berceau. Le chœur et
la tour qui supporte un clocher très effilé recouvert en
ardoises, n'ont été terminés que vers 1854. G'est à la
suite de l'incendie de l'ancien clocher, frappé par la fou-
dre le 23 décembre 1846, qu'ils ont été édifiés. Jusqu'a-
1. Abbé Lochet, Recherches sur l'histoire des confrairies éta-
blies dans le diocèse du Mans avant 1791.
— 203 -
lors le clocher était à l'entrée du chœur, supporté par six
piliers de bois hauts à peine de quatre mètres, qui em-
pêchaient toute perspective dans l'église.
Sous le haut de la nef actuelle, à la place de l'ancien
chœur, il existe un caveau aujourd'hui scellé ; il renferme
trois cercueils en plomb, remplis d'ossements ; ils ont
été violés à la Révolution ; le plus grand des trois ren-
fermait, pense-t-on, les restes de Messire Philippe de
Froulay, décédé à Saint-Denis en 1656, comme le por-
tait une inscription gravée sur une table de marbre pla-
cée jadis au milieu de l'ancien chœur. Un autre caveau,
situé sous la chapelle du Rosaire, est effondré depuis
longtemps ; on ignore ce qu'il contenait.
Ce que l'église présente de plus intéressant est sa
chaire en bois sculpté, ornée de panneaux avec person-
nages ; elle paraît remonter au XVIP siècle. Les pan-
neaux représentent la vie de Saint Denis ; les plus cu-
rieux sont celui du devant et celui du fond. Sur le pre-
mier on voit Saint Denis prêchant sur une des places de
Lutèce ; outre un groupe nombreux d'auditeurs qui lui
fait face, à toutes les fenêtres des maisons, dont plu-
sieurs ont deux étages, on aperçoit une, deux et jus-
qu'à trois têtes de personnes qui écoutent sa parole.
Sur l'autre se déroule la scène du martyre : au premier
plan Saint Denis tient sa tête entre ses mains ; en ar-
rière, Saint Rustique et Saint Eleuthère sont à leur tour
décapités ; le panorama représente la ville avec une
multitude de tours et de clochers dans le goût du
moyen-âge. La composition de ces panneaux présente
do l'originalité, mais l'exécution est faible, et surtout
les personnages sont disgracieux, les proportions mal
observées et les membres trop courts.
Plusieurs chapelles existaient sur la paroisse de Saint-
Denis-de-Gastines ; nous les mentionnons par ordre al-
phabétique en copiant textuellement ce que porte le
Puuillé du diocèse du Mans.
- 204 -
BoiSBÉRANGER (chapelle de Saint-Louis et N.-D. du
château du), fondée en janvier 1529 par Louise Desvaux,
dame du château, et décrétée le 4 mars 1529 : deux
messes par semaine. Présentateur : le seigneur du Bois-
Béranger ; Sa Grandeur confère.
Gensive (chapelle de la), annexe du prieuré de TAb-
bayette^ Elle a été démolie en 1836. Jusqu'à cette épo-
que elle a servi à faire le catéchisme aux enfants de la
partie de la paroisse où elle se trouvait.
Saint-Etienne (chapelle de), fondée par André de
FrouUay, augmentée le 29 octobre 1680 par Gabriel
de FrouUay, évéque d'Avranches, et décrétée le 4 mars
1685. Présentateur : le seigneur de Saint-Denis-de-Gas-
tines, Montflaux, etc. S. G. confère.
Une messe par semaine, les dimanches et fêtes.
Titulaires : Jacques Orfray, juin 1765.
Mathurin Moreau, vicaire à Saint-Denis-de-Gastines,
16 novembre 1776.
Revenu : 150 livres, la métairie de la Greslinière en
Saint-Denis. [Cette chapelle était dans le bourg].
Saint-Etienne (autre chapelle de) en Saint-Denis-de-
Gastines, fondée en février 1543 par Etienne Vallais,
prêtre, et décrétée le 4 octobre 1549.
Le plus proche parent du fondateur présente. S. G.
confère.
Deux messes par semaine.
[Cette chapelle était dans l'église paroissiale].
Montflaux (chapelle du château de) et celle du châ-
1. L'Abbayette était un prieuré au N.-O. de la Dorée, soumis
à l'abbaye du Mont Saint-Michel. En 1235 Robert de Gorram,
seigneur de la Tannière et de Lévaré, donne à l'abbaye du Mont-
Saint-Michel plusieurs domaines situés paroisse de la Dorée, et
la charge par le monastère d'entretenir à l'Abbayette (apud ab-
batiolam de Villarentum, ailleurs on lit villa Arunton) un moine
prêtre pour y dire la messe et célébrer le service divin pour l'àme
du donateur et celles de ses parents. {Genealogical accoiint...
families de Gorram). Cf. Gauvin, Géographie ancienne du dio-
cèse du Mans.
— 205 —
teau d'Yvoy en Carelles, y réunie par décret du 21 août
1725, insinué dans le même mois.
Présentateur : le seigneur de Montflaux. S. G. con-
fère.
[Cette chapelle existe encore, mais elle est désaffec-
tée depuis 1857].
Piété ^ (Chapelle de N.-D. de), fondée en la grande
chapelle près de Saint-Denis-de-Gastines le 7 mars
1689 par Jean Geslin, prêtre chanoine et décrétée le 4
août 1689.
Présentateurs : les curé et habitants. S. G. confère.
Revenu 300 livres de rente constituée au denier 25
sur le chapitre de Saint-Honoré de Paris ; comprise en
lad. somme celle de 50 livres donnée à la fabrique par
un même acte de fondation.
Une messe tous les jours de la semaine.
La chapelle de N.-D. de Pitié est la seule qui serve
aujourd'hui au culte; elle a dû sa conservation pendant
la Révolution à sa situation dans le cimetière de la pa-
roisse.
Nous donnons à la fin de ce travail copie du testa-
ment de Messire Jean Geslin, chanoine de Saint-Médric
à Paris.
Enfin nous trouvons indiquée à Saint-Denis par
M. Lecoq la prestimonie de Fréard, dont était titulaire
en 1791 M. Brochard de la Vairie^.
La principale seigneurie établie sur la paroisse de
Saint-Denis était celle de Montflaux, dont le château
1. Dans tous les actes, ainsi que sur la carte de Cassini, cette
chapelle porte le nom de N.-D. de Pitié ; mais puisque nous trans-
crivons le Fouillé, nous avons voulu en conserver l'orthog-raphe.
Du reste en latin Pitié et Piété se rendent par le môme mot rie-
tas.
2. Prestimonie. — Desserte d'une chapelle sans titre ni colla-
tion. Revenu affecté à l'entretien d'un prêtre sans qu'il y ait érec-
tion ou titre de bénéfice.
— 206 -
subsiste de nos jours, non toutefois dans son état primi-
tif, car il a été reconstruit à une époque indéterminée,
sans doute après avoir été ruiné, comme la plupart de
ceux de la région, à l'époque de la Ligue; on sait en
effet qu'en 1592 les Anglais, envoyés par Elisabeth au
secours de la monarchie, parcoururent le Bas-Maine et
s'y livrèrent à de sanglantes dépradations. Débarqués
en Bretagne, à Paimpol, sous le commandement du sieur
de Norris, au printemps 1591, ils étaient primitivement
au nombre de 2,500. Après avoir guerroyé en Bretagne
contre Mercœur et les Espagnols, ils vinrent prendre
leurs quartiers d'hiver dans le Bas-Maine. Ils arrivè-
rent à Mayenne, le 6 janvier 1592, après avoir saccagé
Ernée, Gorron, Ambrières, Fontaine-Daniel et tous les
endroits où ils passèrent, ainsi que nous l'apprend le
journal de Maître Macé de l'Etang, curé de Saint-Mar-
tin de Mayenne, journal inscrit sur son registre parois-
sial, lequel est conservé aux archives de la mairie de
cette ville ^
Le souvenir de leurs violences n'est pas encore entière-
ment effacé ; on citait il y a peu d'années encore une
femme disant à son enfant, pour l'empêcher de divaguer
sur la route : « Dépêche-toi de rentrer, ou les Anglais
vont venir te prendre. » C'est de cett# époque que datent
le sac de Gorron et de la chapelle du Bignon, celui
d'Ernée et la destruction de beaucoup d'églises et de
châteaux. Les archives de bien des paroisses ont disparu
à ce moment. Les malheurs furent si grands que, dans un
aveu du duché de Mayenne au Roi, fait en 1669, près
d'un siècle plus tard, il est dit en parlant d'Ernée que
celui-ci se contente de douze livres de cens au lieu de
cinquante, « la plupart des maisons de mad. ville ayant
été démolies et ruinées par les guerres des Anglais et
1. Cf. Le château^ la ville et le pays de Mayenne pendant les
guerres de religion, par M. le comte de Beauchesne. Bulletin de
la Commission historique de la Mayenne, 3^ trimestre 1892.
- 207 —
civiles, et réduites au nombre de vingt. » Mais il a soin
de spécifier que chaque maison nouvellement bâtie ou
réédifiée devra à l'avenir cinq sols de cens, outre ladite
somme de douze livres ^
Revenons à Montflaux. L'origine de cette seigneurie
est inconnue ; ce n'est que vers la fin du XIV® siècle
qu'on trouve mentionné pour la première fois un sei-
gneur de Montflaux -. Dès cette époque Montflaux appar-
tenait aux Froulay ; depuis il n'a jamais été vendu et
s'est toujours transmis par héritage. La maison de
Froulay ou Froullay, l'une des plus considérables du
Maine, qui tirait son nom d'une châtellenie dépendant
du duché de Mayenne, dans la paroisse de Gouesmes
dans le Passais, avait pour auteur Roland de Froulay
vivant vers 1140.
Froulay est, dit le Paige, une terre considérable dans
la paroisse de Gouesmes. Rolland, seigneur de Froulay,
vivait vers 1140. Les armes de cette maison étaient d'ar-
gent au sautoir de gueules dentelé de sable. Roland fut
père de Guillaume qui suit'^.
Guillaume, seigneur de Froulai, épousa Osanne ; ils
firent une fondation pour l'abbaye de Savigni en 1185.
On y voit encore la charte de cette fondation scellée
aux armes de Froulai ; ils eurent Gervais qui suit^.
Gervais, seigneur de Froulai, vivait en 1222; il fit
aussi des dons à l'abbaye de Savigny.
Guillaume II, seigneur de Froulay, augmenta les
fonds de l'abbaye de Fontaine-Daniel ; il se croisa pour
1. Cauvin, iSuite des observations topographiques sur le diocèse
du Mans. — Annuaire de la Sarthe pour 18^3, p. 34.
2. Moreri signale en 1371 l'alliance de Jeanne de la Ferrière,
fille de JeanllI, seigneur de Vautorte, avec Michel de Froullay,
seigneur de Froullay, Montllaus, Saint-Denis-de-Gastines, la
Basmégnée, chevalier, gouverneur du château de Pouancé.
3. I.e Paige, art. Beaumont, T. l®"", p. 85.
4. I/jid.
*- 208 -
la Terre-Sainte en 1244 ; il fut le père de Guillaume III
qui suit.
Guillaume III, seigneur de Froulay, chevalier, tué à
la bataille de Blangis en 1317. Sa tombe, dit toujours le
Paige, est dans l'église de Couesmes, sur laquelle on
remarque seulement une épée et l'écusson de ses armes ;
il avait épousé Jeanne Desplanches de la maison de Lis-
couët, en Bretagne, dont Michel qui suit.
Michel, seigneur de Froulay, Montflaux, etc., épousa
en 1371 Jeanne de la Ferrière, dont Ambroise, tué à
Argentan dans un combat de trente français contre trente
anglais, sans laisser d'enfants; Guillaume qui suit, et...
C'est Michel qui le premier se qualifie de seigneur de
Montflaux. Il y a encore tout près du château actuel un
lieu dit le Boismichel, avec une ferme qui peut être un
reste du château primitif ou plus vraisemblablement d'un
second château reconstruit déjà lui-même à la suite d'un
incendie ou d'un fait de guerre.
Guillaume IV, seigneur de F'roulay, Montflaux, Saint-
Denis-de-Gastines, etc., tué à la bataille de Châtillon
en 1453, avait épousé en 1442 Marguerite le Sénéchal,
de la maison de Kercado, dont plusieurs enfants.
Guillaume V, deuxième fils du précédent, épousa en
1494 Catherine de Chauvigné, dame de Saint-Loup-du-
Gast, dont Jean qui suit.
Jean P"", dont on ne sait pas grand'chose.
Jean II, qui épousa en 1517 Catherine de Brée, fille de
Gilles, seigneur de Fouilloux, dont Louis qui suit.
Louis de Froulai épousa en 1540 Louise de la Vairie,
dont André qui suit.
André de Froulai épousa, en 1567, Thomasse delà Fer-
rière, fille de Jean, baron de Tessé etd'Ambrières, et de
Françoise de Raveton, dont René qui suit. André, par
testament du 6 mars 1616, fonda la Collégiale de Saint-
Denis-de-Gastines et lui fit plusieurs legs. Mais cet
établissement, dont parle Simplicien, T. Il, p. 669. eut-il
— 209 —
réellement lieu ? Ni le Fouillé, ni le Paige n'en font men-
tion'. Ses armoiries devaient être celles du fondateur :
d'argent au sautoir de gueules engrêlé de sable 2.
Vint ensuite René, qui de Marie d'Escoubleau-Sour-
dis, veuve de Claude du Puy, baron de Vatan, eut dix
enfants.
Ce fut le quatrième fils, Charles, qui eut Montflaux. Il
portait les titres de seigneur de Montflaux, Sainte-Souline,
leBoisbérenger, Saint-Denis-de-Gastines, etc. Il épousa
en 1636 Angélique de Baudéan, fille d'honneur de la
reine Anne d'Autriche.
Son fils, Philippe-Charles, comte de Froulay et de
Montflaux, lieutenant de la province du Maine, mourut
en 1697, après avoir épousé Marie-Anne de Mégaudais.
Charles-François, fils aîné du précédent, fut à son
tour seigneur de Montflaux, colonel de Royal-Comtois,
lieutenant du Roi ès-province de Maine et comté de
Laval, ambassadeur à Venise. Son frère puiné fut évêque
du Mans et abbé de la Couture ; il mourut en 1767. Char-
les-François, qui avait épousé Jeanne-Françoise Sau-
vaget des Claux, eut d'elle un fils, Charles-Elisabeth qui
va suivre et Renée Caroline, qui devint marquise de
Créquy ; il mourut en 1744.
Charles-Elisabeth ne fut pas longtemps seigneur de
Montflaux; il mourut lui-même en 1747. Voici son épi-
taphe :
(c Cy-git très haut et très puissant Monseigneur
« Charles-Elisabeth, quatrième et dernier Comte de la
« branche de Froullay, colonel du régiment de Royal-
ce Comtois à dix ans, de celui de Champagne à seize,
« chevalier de Saint-Louis à dix-sept, brigadier à dix-
1. Le pouillé porte seulement que ce même André de Froulay
fonda une chapelle Saint-Etienne.
2. Gauvin, Géograp/iie ancienne du diocèse du Mans. Art.
Chapitre de Saint-Denis-de-Gastines, p. 173.
— 210 —
« huit, maréchal de camp à vingt-trois, menin de Mon-
« seigneur le Dauphin, mort le 11 juillet 1747, âgé de
« vingt-cinq ans, des blessures reçues à la bataille de
(( Laufeld le 2 du même mois.
« Seigneur, ayez pitié du jeune héros qui, malgré les
« écueils de Vsige^ du monde, de la cour, de la guerre et
« des louanges, fit sa principale gloire d'être chrétien et
« de vous servir. »
Il avait épousé Jeanne-Gabrielle, fille unique du ma-
réchal de la Mothe-Houdancourt, mais il n'avait pas eu
d'enfants.
Montflaux passa alors à sa sœur, Renée-Caroline,
mariée au marquis de Gréquy. Cette femme remarqua-
ble, douée d'une âme élevée et d'un esprit profond, occupa
pendant plus d'un demi-siècle un rang distingué. Elle
recevait dans son salon de la rue de Grenelle les écri-
vains et les philosophes de l'époque et correspondait
avec plusieurs d'entre eux. On dit même que de Montflaux
elle envoyait des poulardes à Rousseau, quoiqu'elle ne
partageât pas ses idées ; c'était du reste avec sa femme
plutôt qu'avec lui qu'elle était liée.
Le marquis de Créquy mourut peu d'années après son
mariage ; la marquise parvint à un âge avancé. Empri-
sonnée sous la Terreur aux Oiseaux, elle échappa à la
guillotine dans les circonstances suivantes. Appelée à
plusieurs reprises avec d'autres condamnés, elle ne ré-
pond pas. Le terroriste s'emportant s'écrie : « N'es-tu
donc pas là ? » en ajoutant une foule d'épithètes gros-
sières. La marquise alors s'avance et répond : « C'est
peut-être moi que vous appelez ; mais citoyen, je n'ai
jamais pris dans mes titres aucun de ceux que vous venez
de me donner. » — « Allons, répond-il, tu es une drôle
de femme, remonte dans ta chambre; nous verrons plus
tard. )) Elle sortit de prison après le 9 thermidor (27
juillet 1794). Elle avait alors près de quatre-vingts ans ;
elle mourut à Paris en 1803. Elle avait donné quinze
~ 211 —
mille livres à l'hôpital d'Ernée, pour y fonder cinq lits
destinés à recevoir les malades et infirmes de ses pa-
roisses de Saint-Denis, Carelles et Larchamp^
Ce ne fut que trente ans après sa mort que parurent
les Souvenirs de la marquise de Créquy^ œuvre apo-
cryphe qui la fît juger bien autre qu'elle n'était.
La marquise, par son testament, laissa Montflaux au
seul représentant de la ligne paternelle, Louis-Auguste
le Tonnelier, baron de Breteuil, qui, né en 1733, avait
été diplomate, puis ministre sous Louis XVL Rentré en
France en 1802, il mourut en 1807.
Sa fille, Marie-Elisabeth le Tonnellier de Breteuil,
avait épousé Louis-Gharles-Auguste de Goyon, comte
de Matignon. De leur union naquit à Naples en 1774
Anne-Louise-Garoline de Goyon de Matignon, qui épousa
en 1788 Anne-Gharles-François, duc de Montmorency,
premier baron chrétien, pair et premier baron de France,
chef des nom et armes de sa maison.
Madame de Matignon hérita de Montflaux après son
père et mourut en 1833. Elle eut pour héritière sa fille,
la duchesse de Montmorency.
La seconde fille decelle-ci,Anne-Louise-Alix de Mont-
morency, mariée en 1829 à Louis de Talleyrand-Périgord,
duc de Valençay, recueillit Montflaux dans la succession
de sa mère ^.
Aujourd'hui la terra de Montflaux appartient à Ma-
dame de Talleyrand-Périgord de Valençay, veuve du
Comte d'Etchegoyen, décédé depuis peu d'années.
On garde dans le grand salon du château de Mont-
flaux, outre un grand nombre de portraits de cette illus-
tre famille, la table sur laquelle a été signé le traité de
1, Etudes historiques sur Ernée. E. Delaunay. Annuaire de la
Mayenne pour 1879.
2. Pour toute la suite des seip^neurs de Montflaux, nous avons
été guidés par le Paige et par I ouvrage du baron de Wismes, le
Maine et l Anjou, et nous leur avons fait de nombreux emprunts.
— 212 —
1814, ainsi que l'encrier et la plume dont s'est servi le
duc de Talleyrand pour la signature de cet acte.
Des autres châteaux et seigneuries de Saint-Denis-de-
Gastines, il ne reste à peu près rien.
Du château du Boisbérenger, on ne voit qu'une ruine
informe, un tas de décombres entouré des anciens fossés,
aujourd'hui asséchés. Voici ce que dit Cauvin^ à l'art.
Boscus Berengarii : « Terre seigneuriale relevant de la
châtellenie d'Ernée. » En 1158 Henri de Bois-Bérenger
fut un des seigneurs qui accompagnèrent GeofTroi de
Mayenne en Terre-Sainte. En 1189 Guillaume, son pa-
rent, figure comme témoin dans une charte de Juhel 111
en faveur de l'abbaye de Marmoutier.
Une légende qui a cours dans le pays raconte que la
dernière châtelaine du Bois-Bérenger, assiégée dans son
castel pendant que son époux était à la guerre, se se-
rait, pour échapper à ses ennemis, précipitée du haut de
son donjon dans l'étang, à l'endroit où existe encore,
dit-on, un abîme sans fond.
En j 158 Paganus de Rochiis, Payen des Roches, ac-
compagna Geoffroy de Mayenne en Terre-Sainte. Ce
chevalier avait une terre importante dans la châtellenie
d'Ernée. Nous pensons que c'est celle qui s'appelle au-
jourd'hui le Rocher et est située dans la commune de
Saint-Denis. Ce Paganus de Rochiis portait de gueules
à la croix d'argent, d'après la généalogie manuscrite de
la maison de Mathefelon (bibliothèque de Laval), —
d'argent à une bande fuselée de gueules, d'après l'armo-
riai de Cauvin^. L'ancien château du Rocher a dis-
paru depuis longtemps, ainsi que l'étang et le moulin.
Il reste une construction, moderne relativement, du XVP
siècle, avec de grandes pièces et un pan de mur de la
chapelle.
1. Géographie ancienne du diocèse du Mans.
2. Cf. M. l'abbé Pointeau, Les Croisés de Mayenne en 1158.
— 213 —
RiGARDON, à deux kilomètres de Saint-Denis, dépen-
dait jadis de Montflaux; il servait de résidence à un
cadet. 11 fut aliéné ; il appartenait à l'époque de la ré-
volution à M. Dubray, dont les héritiers le vendirent à
la vicomtesse d'Héliand, née de Préaux, morte sans pos-
térité vers 1860, et qui a laissé dans le pays le souvenir
de ses vertus et de sa charité.
(A suivre).
A. Faucon.
«
14
QUELQUES NOTES
SDR L'ANCIENNE CHAPELLE ET LA SEIGNEURIE
DE GASTIiNES
EN MOLIÈRES, PRES CHEMAZÉ.
On a démoli, en 1889 ', l'antique chapelle domestique
du domaine de Gastines, situé dans la paroisse de Mo-
lières, une des sections dépendant de la commune de
Ghemazé. Il nous a semblé à propos de conserver quel-
ques données historiques sur cette chapelle dont les ruines
jonchaient naguère le sol ; c'était d'ailleurs un des plus
anciens bénéfices religieux du pays, puisque sa fondation
remonte au commencement du XVP siècle, peut-être
même à la fin du XV°.
Gastines était alors une terre importante appartenant
à une famille du nom de Levesque, qui y résidait et
possédait la seigneurie de paroisse. Ges châtelains, tous
dévoués à l'Eglise, enrichirent le modeste temple de
Molières de fonts baptismaux fort curieux au point de
vue de l'art. Ce don fut fait le 10 juin 1454 par Mathieu
Levesque et sa femme, seigneurs de Gastines, ainsi
que le constate l'inscription gothique gravée en creux
sur une des parois du baptistère même.
1. En avril ou mai 1889.
- 215 ~
Leur fils, Pierre-Paul Levesque, continua les tradi-
tions pieuses de sa famille et fonda dans son domaine
seigneurial, au devant même du château, la chapelle de
Gastines, oratoire domestique, qui a été desservie régu-
Hèrement jusque dans les premières années de ce siècle.
Il réserva la présentation perpétuelle des chapelains aux
seigneurs possesseurs de Gastines, la collation du bé-
néfice appartenant à l'évéque d'Angers. Cette chapelle
fut dédiée au prince des apôtres, patron du fondateur,
et les divers Pouillés du diocèse d'Angers la nomment
tous « la chapelle Saint-Pierre de Gastines'. »
La famille Levesque subsista jusque vers le premier
tiers du XVIP siècle, époque à laquelle la seigneurie
de Gastines passa à une branche de la nombreuse fa-
mille des Poisson des Ecottays, de Neuville, de Beau-
vais, etc. Les nouveaux possesseurs devinrent alors les
Poisson de Gastines. La seigneurie de paroisse, chose
curieuse à noter, cessa alors d'appartenir à cette terre,
et passa aux de Juigné de La Broissinière, autre fief
aussi fort ancien, en Molières.
Le donjon primitif de Gastines n'existe plus. Le châ-
teau actuel n'est, à proprement parler, qu'une vaste cons-
truction bourgeoise réédifiée dans la seconde moitié du
XVII® siècle ainsi que le prouve la date de 1660, qui se
voit sur une des plus hautes croisées de la façade est.
Le domaine est situé à dix minutes du bourg de Mo-
lières, sur la route solitaire et ombragée qui conduit à
'l. Le Fouillé du dioc. d'Angers, édité en 1648, parlant des
quatre bénéfices ecclésiastiques existant alors dans la paroisse
de Ghemazé, décrit ainsi celui de Gastines : « Chapelle Saint-
a Pierre de TEvéque, au château de Gastines. — Présentateur :
cr Le seigneur du lieu. — GoUateur : L'Evoque. » — Le dernier
Pouillé du diocèse d'Angers, paru en 1783, portait ces mots :
« Ghapelle fondée par Pierre Leveque en la maison seigneuriale
« de Gastines. — Présentateur : Le sieur Poisson, seigneur du-
« dict lieu de La Gastines. GoUateur : l'Evôaue d'Angers. » —
Nous n'avons pu découvrir le nom d'aucun des chapelains qui
en furent pourvus.
- âl6 —
Ghemazé. Une allée, à gauche du voyageur, mène à
Gastines. Une vaste cour précàde l'entrée et est entou-
rée d'un mur qui l'isole complètement des dépendances
de la ferme, située à quelques mètres, sur le même plan,
à gauche du visiteur qui arrive au château.
Le fond de cette cour est occupé en entier par lo châ-
teau proprement dit, comprenant un rez-de-chaussée,
un premier étage et un second étage mansardé. Quatre
ouvertures, ayant l'"80 de hauteur sur 1™20 de largeur,
existent à chaque étage ; aucune moulure ni sculpture
ne les orne ; la porte d'entrée, à deux vantaux, est
surmontée d'un blocage de tuffeaux sur lequel devaient
sans doute être sculptées les armes des Poisson de
Gastines.
Au rez-de-chaussée on entre, à droite, dans un vaste
salon, parqueté et lambrissé en vieux chêne jusqu'à
hauteur de siège. Une cheminée monumentale en pierre
blanche et d'une belle forme décore cette pièce. Elle
possède de riches moulures, et, dans un élégant cartou-
che, ressort en ronde bosse une tête de Louis XIV, qui
ne nous a pas paru dépourvue de mérite^. Dans le foyer
est une jolie plaque de fonte aux armes de France. Dans
le vestibule, à côté de ce salon, se trouve le vaste es-
calier avec dalles en pierre bleue conduisant aux étages
supérieurs ; la vis d'escalier et les rampes sont en pierre
blanche et tuffeau, comme la plus grande partie de la
construction d'ailleurs ; à gauche, la salle à manger et
la cuisine, où nous avons admiré une énorme cheminée
en bois, au fronton de laquelle un cartouche en cuivi^
bruni par le temps porte gravées les armoiries seigneu-
riales.
Les étages supérieurs ne nous ont rien montré qui
1. Une cheminée identique à celle de Gastines existe au vieux
logis de Fontenelle, situe en la commune de Laigné ; dans
celle-ci le buste royal n'est plus celui du Roi soleil, mais bien
l'effigie de Louis XV.
I
--- m -
vaille une mention spéciale. Le château a double façade;
Tune, à l'ouest, donne accès dans les jardins de maî-
tres, vastes et parfaitement entretenus ; comme nous l'a-
vons dit précédemment la façade principale, située à
Test, fait face à l'allée conduisant à la route.
Nous avons dit également que le logis principal s'éle-
vait au fond de la cour d'entrée, spacieuse enceinte
dont les petits côtés étaient occupés, celui de droite,
par les remises, écuries et autres bâtiments de servitu-
des, ainsi qu'une vieille tour ronde couverte en forme de
poivrière et servant autrefois de colombier. Au côté
gauche de la cour se dressait la chapelle, qui, comme
tous les anciens temples chrétiens du moyen-âge était
orientée au soleil levant, pieuse tradition à laquelle on
ne paraît plus guère tenir aujourd'hui.
La première chapelle de Gastines subsista jusque
vers la fm du XVÏP siècle ; mais quand le château, réé-
difié en 1660, fut achevé, on trouva probablement peu
décente l'antique chapelle, qui fut alors démolie et re-
construite sur le même emplacement. Si nous nous en
rapportons à l'inscription gravée sur la cloche, cette
reconstruction aurait eu lieu en 1695. Orienté comme le
précédent, l'édifice appartenait au style roman avec des
ouvertures en plein-cintre pur. Un élégant clocher s'é-
levait au-dessus de la façade, qui était ornée d'un beau
portique roman, supporté par deux colonnes plates for-
mant saille, ornées de piédestaux et de chapiteaux sculp-
tés. La clef de voûte de ce portique portait un bel écus-
son en relief, aux armes parlantes des Poisson de Gas-
tines : d'azur à un dauphin d'argent^.
1. Armoiries des diverses branches de la famille Poisson ;
De gueules au dauphin d'or, accompagné de 3 coquilles de même,
2 en chef et une en pointe. — D'azur à la fasce d'or accompa-
gnée d'un aigle d'argent fondant dans un dauphin de même
couronné d'or. » {Nobiliaire de Normandie et Armoriai de Cau-
i'in, p. 184).
— 218 -
L'autel, en bois sculpté, méritait d'échapper à la des-
truction. Il est, ainsi que le tabernacle, en vieux chêne
également sculpté, et» orné de colonnettes torses, du
meilleur effet. Un bas relief : La Pâmoison de la Vierge
au Calvaire, sujet fouillé dans le retable d'autel, paraît
assez curieux et est digne d'une mention spéciale.
La chapelle de Gastines pouvait avoir sept mètres de
long sur quatre de large environ, et était dallée de jo-
lis carreaux à six pans, en terre cuite, d'une belle cou-
leur rouge, sortis évidemment des anciennes tuileries
de Bourg-Philippe.
Lors de l'achèvement de cette nouvelle chapelle, s'al-
liant de style avec le château fraîchement reconstruit ' ,
les châtelains de Gastines, noble René Poisson, écuyer,
et dame Marie d'Héliand, fille du seigneur d'Ampoigné,
son épouse, voulurent la doter d'une cloche neuve, des-
tinée à réunir le personnel du château aux offices reli-
gieux. La bénédiction du monument et l'installation de
cette cloche eurent lieu en 1695, ainsi que nous l'ap-
prend l'inscription suivante gravée sur la cloche elle-
même :
René. Poisson. Ecvier. Seignevr. de. Gastines.
Et. Dame. Marie. d'Héliand. son. épouse.
M'ont, faict. faire, povr. cette, chapelle. 1695.
Sur le corps de cettte cloche, qui peut peser deux ou
trois cents livres, sont, comme l'inscription, gravés en
relief l'écusson des Poisson de Gastines et un Calvaire
ornementé de divers motifs.
La démolition de la chapelle, qui a subsisté près de
deux siècles mais ne servait plus au culte depuis 1815,
paraît-il, a dégagé considérablement le château. L'écus-
1. Gastines était alors un fief relevant du marquisat de Ghâ-
teau-Gontier. *
■
— 219 -
son en pierre blanche qui ornait la façade, le retable
d'autel, le tabernacle et la cloche ont été soigneusement
conservés et replacés quelques mois après dans une
nouvelle chapelle construite au bout de Tallée de Gasti-
nes et à l'angle qu'elle forme avec la route de Molières
à Ghemazé. Les propriétaires actuels de Gastines ont
généreusement donné l'emplacement nécessaire ainsi que
les matériaux pouvant être utilisés.
Le domaine seigneurial de Gastines fut vendu il y a
quelques années par la dernière survivante du nom,
^jme îVathalie Poisson de Gastines, veuve de M. de Vil-
lebresmes, qui vit encore et habite la ville de Nantes.
Les acquéreurs ne furent autres que les fermiers, qui
depuis plus d'un siècle, faisaient valoir, de génération
en génération, les terres du domaine de Gastines. Quoi-
que propriétaires légitimes du château depuis plusieurs
années déjà, ils n'ont pu se résoudre encore à y venir
habiter, et ils occupent toujours la ferme qui y est atte-
nante et où tous ils ont vu le jour.
René Gadbin.
SIGILLOGRAPHIE
DES SEIGNEURS DE GRAON
xxn
BRANCHE DE SAINTE-MAURE
GUILLAUME II
8 janvier 1388. — Vers 1410.
Guillaume II, fils aîné de Guillaume I et de Margue-
rite de Flandre, son unique épouse, devint chef de la
branche dite de Sainte-Maure, lors du décès de son père,
le 8 janvier 1388. On peut attribuer sa naissance aux
premières années de Tunion de ses parents, soit en-
tre 1342 et 1345 : on verra en effet l'aîné de ses fils
mourir en 1390, au moment où il venait d'être fait che-
valier.
Afin de discerner dans les actes passés entre 1366 et
1396 celui des Guillaume de Graon qui y est mentionné,
il faut prendre bonne note des titres qui accompagnent
son nom. Guillaume I, son fils et son petit- fils ont été
tous trois chevaliers ; mais ils n'ont pas pris simultané-
ment les mêmes qualités. Guillaume I porta toute sa vie
le titre de vicomte de Châteaudun. Guillaume II au
contraire dut modifier ses qualifications selon les diver-
ses périodes de son existence : c'est ainsi que jusqu'à
son mariage il se para du titre de seigneur de Marcillac ;
mais ce fief, qu'il devait à la libéralité de son père, ne
— 241 —
demeura pas dans ses mains jusqu'à son décès, car il
en aliéna la propriété ' au profit de son gendre Guy VIII
de la Rochefoucauld. Jeanne de Montbazon, en épou-
sant Guillaume II, lui apporta Montbazon, dont il joi-
gnit le nom à celui de Marcillac, mais auquel il dut re-
noncer au commencement de 1395, lors du décès de
Jeanne. La mort de son père lui conféra la vicomte de
Châteaudun, dont du vivant de celui-ci il avait quelque-
fois ajouté le nom à celui de Marcillac ; mais Tannée
même où il devint veuf, le 12 octobre 1395, il en perdit
le nom en même temps qu'il vendait le fief au duc d'Or-
léans-, si bien qu'en 1399 il n'était plus qualifié que
seigneur de Marnes et de Moncontour, titre qu'il devait
garder jusqu'à son décès 3. Quant à Guillaume III, sei-
gneur de Sainte-Maure et de Montbazon en 1395, il ne
porta jamais d'autre nom jusqu'à sa mort, advenue en
1396.
La certitude que l'on a de la mort de l'aîné des fils
de Guillaume II en 1390, vers l'âge de vingt et un ans,
a servi à fixer la date de naissance de Guillaume II ;
elle permet aussi d'établir celle de son mariage, qui, sans
être postérieure à 1369, peut remonter à deux ou trois
ans plus tôt.
Sa fiancée était Jeanne de Montbazon. Tous les his-
toriens ont reconnu en elle la fille d'un Renaud de Mont-
bazon, et ils ont eu raison sur ce point ; mais en ajou-
tant que sa mère était une d'Anthenaise, ils sont tombés
dans une erreur plus excusable que bien d'autres, car
fllo prend sa source dans une aflirmation très nette con-
1. On ne connaît pas la date de cette vente, mais le fait est
certain puisque Marcillac resta le patrimoine des la Rochefou-
vinihl tandis que les fiefs ayant appartenu à Marguerite de Craon
passaient aux descendants de celle-ci.
2. Numéro 1072 du Carlulairc.
.'{. Ces titres sont les seuls qui fig-urent au contrat de mariage
(le son lils Jean, n° 1085 du Cartulaire.
— 222 —
tenue dans l'accord homologué en Parlement, le 3 sep-
tembre 1435^, par lequel était tranché un litige pres-
que séculaire, qui existait entre les comtes d'Alençon et
les héritiers des Montbazon, au sujet d'une rente cons-
tituée par un Renaud de Montbazon au profit d'un sei-
gneur d'Alençon, qui avait payé sa rançon. 11 est dit for-
mellement dans cet acte que l'épouse de Guillaume II
était fille d'une d'Anthenaise. Erreur singulière de la
part de descendants aussi proches ! Il est en effet cer-
tain désormais que Jeanne de Montbazon avait pour
mère une Jeanne de Graon, fdle de Maurice VII et de
Marguerite de Mello, et qu'elle était seulement petite-
fille d'Eustachie d'Anthenaise : en effet, dans l'acte du
11 novembre 1372, on voit que, après son mariage,
Jeanne avait obtenu de son oncle, Amaury IV, la ces-
sion des fiefs de Ghâteauneuf et de Jarnac-sur-Gharente,
afin de liquider ses droits sur les successions de ses
aïeul et aïeule et de son arrière grand-père-paternel.
En 1376, après le décès d' Amaury IV, Isabelle, sœur
de celui-ci, s'était dépouillée d'une part importante de
son patrimoine en faveur de Jeanne de Montbazon. afin
de satisfaire à ses droits sur la succession de son oncle ;
cette même Isabelle, le 15 septembre 1383, dans son tes-
tament, en faisant un legs à Jeanne, lui donne la qualifi-
cation de nièce ; enfin un arrêt du 28 février 1405 contient
l'affirmation formelle que Maurice VII, outre Amaury IV
et Isabelle, avait eu une fille nommée Jeanne, épouse
d'un Montbazon. Tous ces documents concordent telle-
ment, qu'il faut le reconnaître, pour les Montbazon,
vers 1370, comme pour les Sainte-Maure, vers 1300,
les historiens, omettant une génération, ont rattaché
l'héritière du nom à ses grands parents, sans tenir
compte des père et mère dont elle était issue ^.
1. Numéro 1167 du Cartulaire.
2. Voir les numéros 659, 709, 793 et 993 du Cartulaire.
— 223 —
Mais Jeanne de Montbazon, lorsqu'elle épousait Guil-
laume II, était-elle veuve de Simon de Vendôme, comme
l'a dit Ménage, sans articuler aucune preuve de son af-
firmation ? Jean V de Vendôme, de sa femme Eléonore de
Montfort FAmaury, eut, outre Bouchard VI, son succes-
seur, deux fils Jean et Pierre ; la femme de ce dernier, que
n'ont connue ni le P. Anselme ni M. de Pétigny*, était une
Jeanne de Montbazon, ainsi que cela est établi par un acte
du 20 juin 1363, qui n'avait pas encore été cité; et le titre
de dame de Montsoreau, qui accompagne son nom, ne
permet pas de chercher en elle une autre personne que
la dernière du nom de Montbazon, devenue par le décès
de son père héritière de sa maison, dont elle devait por-
ter les biens aux Craon-Sainte-Maure. Il resterait à sa-
voir si on doit lui attribuer la maternité de cette Isa-
belle, qui, au dire du P. Anselme, aurait été fille de
Simon de Vendôme, et par son alliance avec les Anglais,
aurait mérité la confiscation de ses biens et leur attribu-
tion à Guy de Mauvoisin ? Fille de Jeanne, Isabelle
serait née à une époque assez rapprochée du second
mariage de sa mère pour se trouver sous la tutelle de
Guillaume II, qui ne lui eût pas donné un Anglais
pour époux et qui en cas, de confiscation, en eût obtenu
les bénéfices. On ne connaît aucun acte de Guillaume II
faisant allusion à des relations d'intérêt soit avec les
Vendôme, soit avec Guy de Mauvoisin.
Jeanne de Montbazon était donc la fille de la seconde
sœur d'Amaury IV, laquelle n'avait pu voir le jour
avant le milieu de 1328 ; elle était veuve de Simon de
Vendôme, alors que, en secondes noces, elle devint,
vers 1368, l'épouse de Guillaume II. Elle était unie à
son fiancé par une parenté des plus étroites : tous
deux descendaient d'Amaury III, dont Guillaume II
était le petit-fils, tandis que Jeanne était la petite-fille de
1. Voir P. Anselme, VIII, 726 et de Pétigiiy, 543.
4M
son fils, Maurice VII. Elle épousait donc son oncle à
la mode de Bretagne '.
Leur existence commune dura vingt-sept ans environ.
Jeanne disparut la première, dès le commencement de
1395, laissant un testament du 31 décembre 1394, où
elle nomme seulement deux de ses enfants : Guillaume III
qui depuis le décès de son aîné, en 1390, était appelé à
devenir un jour chef de sa branche, et Jeanne, qui n'est
pas nommée autre part.
Guillaume II survécut plusieurs années à sa femme;
après avoir vu périr successivement deux de ses fils en
1390 et en 1396 et plusieurs de ses filles, il mourut à
son tour entre le 3 juillet 1409 et le 6 juin 1410'^.
168. - Sceau de Guillaume II, 1379.
On connaît trois sceaux de Guillaume II. Le premier
(figure 168), daté du 22 octobre 1379 (2956 de Clair am-
bault)^ est attaché à une quittance des gages du frère
de Guillaume, Pierre de la Ferté-Bernard. C'est un
1. Voici le tableau de cette parenté :
Amaury III
Maurice VII Guillaume I
I I
Jeanne de Graon Guillaume II
Jeanne de Montbazon.
2. L'acte du Cartulaire n^ 1113 est le dernier connu de lui. Le
1116 est le premier où son fils Jean prenne le titre de seigneur
de Moncontour.
iio
sceau rond de 0,032 où figure un écu losange, chargé
d'une bande, penché, timbré d'un heaume, cime d'une
tête de chien, supporté par deux griffons. De la légende
il ne reste plus que : lle.
Sceau de Guillaume II, 1383.
Le second (figure 169), date du 25 août 1383 (2282 de
Clairambault). C'est un sceau rond de 0,036 à l'écu lo-
sange, penché, timbré d'un heaume cime, sur champ
losange. De la légende il ne reste que de Gra. Il faut
remarquer l'absence de la bande, dont pour la première
fois on constate la suppression qu'il est difficile d'expli-
quer, car, en 1383, Guillaume II possédait encore son
père, lequel n'était même pas chef du nom, puisqu'il
était primé par Jean de la Suze, son cousin germain.
170. — Sceau de Guillaume II. 1388-1401.
Du troisième (figure 170), il existe deux empreintes
l'une de 1388, l'autre de 1401. Gette dernière est posté-
rieure à la cession de la vicomte de Ghàteaudun au duc
d'Orléans, ce qu'il est curieux de constater, car sur la
légende on lit : s guille de craon vigonte chateaudun.
- 2^ —
C'est un sceau (2957 de Clairamhault) de 0,033 à l'écu
losange sans bande, penché, timbré d'un heaume, cime
dune tête de chien, supporté par deux griffons.
Guillaume II eut huit enfants, trois fils : Amaury,
Guillaume III et Jean, et cinq filles: Marguerite, Marie,
Isabelle, Louise et Jeanne. De ces cinq filles, une seule,
Jeanne, la plus jeune, est nommée dans le testament de
sa mère ; il faut recourir à un accord du 25 novembre
1438^ pour trouver ensemble les noms des quatre autres
rangés par ordre de primogéniture.
XIPj. Amaury. — Cet Amaury n'a jamais été men-
tionné par personne ; son existence est certaine cepen-
dant : il figure avec son cadet Guillaume III dans deux
documents, vus par dom Villevieille, dans lesquels, en
qualité de fils aîné, il est compris dans l'instance enga-
gée par Marmoutier contre Guillaume II, au sujet des
droits de pêche que l'abbaye revendiquait dans le Cher,
à Fontcher ; il est mentionné aussi comme ayant donné
son adhésion de fils aîné aux dispositions par lesquelles
avaient été fixés les droits de Pierre de Craon, son on-
cle, sur le patrimoine de sa famille, ainsi que cela est
expliqué dans l'accord du 24 septembre 1439, passé
entre Marie, dame de Villebon, et la dame de Jonvelle,
ses cousines 2.
Le l®*" septembre 1388 il n'était encore qu'écuyer et il
faisait partie en cette qualité de la compagnie de son
père. C'est aux Grandes Chroniques de France -^ que
l'on doit de savoir qu'en 1390 il prit part, sous les ordres
du duc de Bourbon, à l'expédition de ce prince contre
Carthage et que, peu après avoir été fait chevalier, il
fut blessé et périt presque immédiatement. Les hon-
neurs de la chevalerie durent lui être conférés peu après
1. In extenso sous le numéro 1172 du Cartiilaire.
2. Voirie texte in extenso, sous le numéro 1175 du Cartulaire.
3. Edition des Documents inédits, I, 669.
- m -
l'époque à laquelle il avait atteint ses vingt ans ; sa
naissance remontait donc vers 1370. C'est ce qui a per-
mis de dire plus haut que le mariage de ses parents
avait sans doute eu lieu entre 1365 et 1369.
Xll\. Guillaume. — Guillaume III, que tout le
monde a cru l'aîné des fils de Guillaume II, n'en était
que le second. Avec sa sœur Jeanne, il est seul nommé
dans le testament de sa mère, Jeanne de Montbazon,
du 31 décembre 1394, fait à une époque où le décès de
son aîné l'avait rendu principal héritier de ses parents.
Trois mois après, le 15 mars 1395, il recevait un aveu
comme seigneur de Sainte-Maure et de Montbazon qu'il
possédait par suite du décès de sa mère; puis, le 26
juillet 1395, il réglait avec son père les droits que ce-
lui-ci tenait du testament de sa femme ; le 4 avril 1396
enfin, c'est lui qui dressait le contrat de sa sœur, Marie •.
Son testament, où il ne prend que le titre d'écuyer,
est du 14 avril 1396. Il mourut sans doute peu après.
Il venait d'être fait chevalier, car ce titre lui est donné
dans divers documents postérieurs à son décès. Il fut
probablement enseveli^ selon son désir, aux Cordeliers
de Tours.
Xllbg. Jean. — Jean de Montbazon, lors de la mort de
son père, devint chef de la branche dite de Sainte-Maure ;
il aura un article séparé à la suite de celui de Guil-
laume II.
XIP'4. Marguerite. — L'aînée des filles de Guil-
laume II et de Jeanne de Montbazon s'appelait Mar-
guerite. On ne connaît pas la date de son mariage ;
mais, dès le 4 mars 1395, Guy VIII de la Rochefou-
cauld et Marguerite de Graon exerçaient un retrait féodal
de deux cents livres de rente, sur la vicomte de Châ-
teaudun -. Cet acte est précieux, car il permet de ré-
1. Numéros 1065, 1067, 1071, 1079 du Cartulaire.
2. Voir lo numôro 1060 du Cartulaire.
- 228 —
soudre une difficulté généalogique, dont le P. An-
selme n'a pas tenu compte, il est vrai, mais qu'il a
indiquée sans la réfuter '. Guy VIII de la Rochefou-
cauld était fils d'Aymery III et de sa seconde femme,
Rogette de Grailly. Lorsque Marguerite de Graon de-
vint sa femme, il était veuf de Jeanne de Luxembourg
qu'il avait épousée en 1385. Le Laboureur croyait, pa-
rait-il, que l'époux de Marguerite était non pas Guy VIII
mais son fils, appelé Guy lui aussi. Si Le Laboureur
avait connu l'acte de 1395, cité plus haut, il n'aurait
pas soutenu cette thèse car, né au plus tôt en 1386, un
fils de Jeanne ne pouvait avoir que neuf ans lors de sa
rédaction. Marguerite était donc bien la seconde femme
de Guy VIII et non l'épouse d'un prétendu Guy IX. Mais,
contrairement à l'opinion de tous les généalogistes, il est
facile de constater qu'elle ne fut pas la mère de l'héritier
de la maison de la Rochefoucauld 2. Les documents grou-
pés au Cartulaire de Craon ne laissent aucun doute
sur ce point et établissent que Tunique fils issu du se-
cond lit de Guy VIII se nommait Aymard, et que Fou-
caud III, chef de la maison après son père, n'était que
son frère consanguin'^. Pour s'en rendre compte il suffit
de connaître le sort des fiefs qui constituaient le patri-
moine de la maison de Graon et pour cela de se repor-
1. V. P. Anselme IV, 424, où aucune mention n'est faite du
lieu où Le Laboureur a soutenu son opinion.
2. Ici notre mérite est moindre que sur les autres points de
notre travail car tous les documents nous sont fournis par le Dic-
tionnaire d'Indre-et-Loire \ comment M. Carré de Busserolle, qui
les a ainsi réunis, a-t-il admis Foucaud III au nombre des en-
fants de Marguerite de Graon?
3. On connaît un document contemporain absolument contraire
à ce qui est dit ici, c'est le numéro 1162, accord du 20 avril 1431 ;
mais cette analyse de dom Rousseau est tronquée, et celui qui
l'a faite n'ayant pas l'esprit appelé sur la différence de mère, aura
fait dire au document le contraire de ce qui y est écrit. Du reste
le numéro 1163, contemporain lui aussi, lettres de Mars^uerite de
Graon du 12 mai 1432, dit expressément d'Aymard qu'il est « son
fils et son héritier présomptif, seul et pour le tout. »
- â-29 -
ter au partage du 13 mars 1420. Marguerite avait vu
mourir successivement son frère Amaury, en 1390 ; sa
mère Jeanne de Montbazon, en 1395 ; son père vers
1410 ; ses frères Guillaume III et Jean de Montbazon,
en 1396 et en 1415. Elle se trouvait à la tête de sa
branche et on qualité d'aînée, avait droit à la grosse
part du patrimoine tombé en quenouille. Cette part fut
fixée par l'accord en question, où se trouve l'énuméra-
tion des fiefs qu'elle gardait et la liste de ceux qui
étaient abandonnés aux ayants droits de ses sœurs, sauf
à se les répartir entre eux, suivant la coutume. Or que
deviennent les fiefs de Marguerite ? Ils passent à Ay-
mard, puis au fils de celui-ci, Jean, sans que Foucaud III,
fils aîné de Guy VIII, en reçoive aucune partiel Jean
meurt sans enfant d'Isabeau de Sainte-Maure, son
épouse ; ce sont ses sœurs, Françoise, Marguerite et
Jeanne, qui se partagent sa succession, à laquelle Fou-
caud III n'a aucune part ; et cette succession comprend
précisément la totalité des fiefs qui avaient appartenu à
Marguerite de Craon et qui tous bientôt passent à
Jeanne, la plus jeune des sœurs, épouse de Jean du Fou,
qui eut une fille unique. Renée du Fou, laquelle, par
son alliance avec Louis III de Rohan Guémené, les in-
corpora au patrimoine de cette maison, au profit de la-
quelle Montbazon fut érigé en duché '-.
Marguerite, en 1427, perdit son mari, qui fut enterré
aux Carmes de la Rochefoucauld ; elle mourut en 1435,
laissant son fils Aymard marié à Jeanne de Martreuil.
Elle avait eu en outre, au dire du P. Anselme, cinqfil-
1. Foucaud III épousa Jeanne de Rochechouart. Ce mariage
eut-il lieu le 16 avril 1427, comme le dit un acte analysé par le
comte de Rochechouart à la pa^e 320 du tome II de la Maison
de Rochechouart, ou le 16 juillet 1427, comme on l'a imprimé
dans le P. Anselme ?
2. Voir Cartulaire, numéros 1140, 1158, 1168, 1177, 1180, 1182,
1183. 1185, 1189, 1195, 1198, 1201, 1203, 1204, 1206, 1207, 1210.
15
- 230 -
les. Le Cartulaire de Cruoii uc contient mention que de
l'une d'elles, Catherine, épouse de François de Ghau-
nay, le 6 juin 1427 ^
On possède un sceau de Guy VIII de la Rochefou-
cauld (figure 171), dont l'empreinte date du 12 décembre
1383 (7861 de Clair amh a ait). G'est un sceau rond de
0,035 où se trouve au centre un arbre, dont une bran-
che de droite porte suspendu par une lanière Técu hu-
relé à trois chevrons brochant des la Rochefoucauld,
171. — Sceau de Guy VIII de la Rochefoucauld, 1383.
et une branche de gauche supporte le heaume cime
d'une touffe de plumes de paon. Deux sauvages armés
de massues sont assis au pied de l'arbre. De la légende
on ne lit plus que : ...eur... lar... oucaud. Ge sceau,
curieux par sa disposition, est fort bien gravé.
Xllb.. Marie. — La seconde des filles de Guillaume II
se nommait Marie. Le 26 juillet 1395, placée sous le
bail de Guillaume III, son frère, elle figure dans l'acte
par lequel celui-ci, en son nom et aux noms de son
frèt*e Jean et dé ses sœurs, Marie et Louise, liquide les
droits de son père dans la succession de Jeanne de
Montbazon, sa mère^.
1. Cartulaire^ n» 1151.
2. 1071 du Cartulaire.
- 231 -
Marie fut mariée deux fois : d'abord, par contrat du
4 avril 1396 ^ avec Maurice Mauvinet, à qui elle appor-
tait Pressigny, Verneuil-sur-Indre et Perrière ; puis, en
secondes noces, à Louis I Chabot, seigneur de la Grève.
Il n'existe aucune généalogie des Mauvinet ; aussi se
bornera-t-on à signaler ici un Guillaume Mauvinet,
bailli de Touraine de 1354 à 1356, époque où il fut
remplacé par son frère Maurice, époux de Florie de Li-
nières, qui resta bailli jusqu'en 1359 seulement. On pos-
sède une montre de ce Maurice, passée le 5 juin 1363
par Jean Belon, maréchal d'Amaury IV ; elle comprend
trois chevaliers, vingt écuyers et quatre archers armés 2.
Ce fut sans doute le fils de ce dernier qui figurait
comme chevalier bachelier, le 22 août 1380, dans la
montre de Hugues d'Arquenay et qui, le 15 août 1392,
au Mans, donnait une quittance de ses frais d'une che-
vauchée du Mans au château de Josselin et fut le pre-
mier époux de Marie 3.
On a dessiné deux sceaux de Maurice l'ancien. La
172. — Sceau de Maurice Mauvinet, 1348.
première empreinte (figure 172), représente un sceau
rond de 0,023 (5924 de Clair ambault) à l'écu vairé
chargé d'une bande ^ penché, sommé d'un casque
à grille garni de lambrequins et cime d'un bois de daim
sur champ réticulé. La légende est détruite.
1. 1079 du Cartulaire.
2. 982 du Cartulaire.
3. 1032 et 1063 du Cartulaire.
- 2M -
La seconde empreinte, du 3i octobre 1353 (ligure
173), consiste en un sceau rond de 0,023 (5925 de Clai-
rambault) à Técu vairé chargé d'une bande^ penché,
timbré d'un casque de profil et timbré, comme celui de
1348, d'un bois de daim, sur champ semé de rinceaux à
fleurs étoilées. De la légende on lit encore : ....de mau-
VINET GHR.
173. — Sceau de Maurice Mauvinet, 1353.
Quant au sceau de l'époux de Marie, il n'en subsiste
qu'un fragment (figure 174), dont il ne reste plus que
l'écu vairé à la bande (5926 de Clair amb a ait). Il est
attaché à l'acte du 15 août 1392, qui vient d'être men-
tionné.
174. — Sceau de Maurice Mauvinet, 1392.
Maurice Mauvinet mourut sans avoir eu d'enfants de
Marie de Graon ; celle-ci épousa en secondes noces
Louis I Chabot, seigneur de la Grève, fils de Thibaut III
et d'Amicie de Marnes ^
En 1420, Marie ne vivait plus et c'est comme bail de
ses enfants que Louis Ghabot intervint au contrat de
partage du patrimoine de la branche de Sainte-Maure ;
1. Voir Sandret, Maison de Chabot, 104.
- i>33 -
il avait alors quatre enfants : Thibaut, Renaud, Johan-
het et Anne. En qualité de représentant de la seconde
des filles, c'est lui qui était chargé de prendre les inté-
rêts des cadettes, de recevoir de l'aînée en un bloc ce qui
leur revenait, sauf aux représentants de chacune d'elles
à obtenir de lui la quote part qui lui revenait. Un arrêt
du parlement de Poitiers, du 2 septembre 1424, fait con-
naître la part que les Chabot abandonnèrent aux Odard,
issus d'Isabelle. Celle de la quatrième fille, Louise, resta
dans leurs mains pendant un bien plus grand nombre
d'années. Louise, en secondes noces, avait épousé Jean de
Mailly, seigneur d'Auvillers ; des lettres de Charles VJl,
du 8 août 1423, dépouillèrent Louise de tous ses droits,
à cause de son alliance avec un ennemi de la France et
décidèrent que sa part appartiendrait à Thibault Cha-
bot. Cette attribution ne fut pas définitive; et, sans qu'au-
cun document fasse connaître les motifs qui avaient fait
renaître les droits des héritiers de Louise, on sait par
un accord passé entre les Chabot et Jean de Mailly, l'u-
nique fils de Louise, le 25 novembre 1438, quelle part
celui-ci parvint à obtenir de l'héritage de sa mère'.
Louis Chabot vivait encore le 21 juin 1422, lors du
contrat de Thibaut IV, son fils aîné, avec Brunissant
d'Argenton ; cet acte est le dernier connu de ceux aux-
quels il prit part.
XlPg. Isabelle. — La troisième des filles de Guil-
laume II se nommait Isabelle ; elle est placée à son rang
dans l'accord du 25 novembre 1438 et ses descendants,
le 2 septembre 1424, avaient obtenu leur part du patri-
moine des Sainte-Maure.
On ne sait qu'une chose d'elle, c'est qu'elle fut la pre-
mière femme de Guillaume Odard, seigneur de Verriè-
res et de Curzay, et qu'elle lui donna deux enfants : un
fds, Pierre, et une fille nommée Guillemette. Elle mou-
I. In extenso, n" 1172 du Cnrtulairc.
- 234 -
rut jeune, ce qui permit à son mari, qui vécut jusques
vers 1458, de se remarier à Jeanne d'Ausseure. Le
P. Anselme a ignoré la première alliance de Guillaume,
laquelle est mentionnée seulement par La Chenaye Des-
bois. Ni l'un, ni l'autre ne savent de qui était.issu Guil-
laume qui appartenait au Laudunois. On croit pouvoir
ici lui donner pour père Aimery Odard, qui figurait au
nombre des exécuteurs testamentaires et Jeanne de Mont-
bazon, le 31 janvier 1394, et qu'on trouve, le 7 no-
vembre 1399, comme témoin du contrat de Jean de
Craon-Montbazon avec Jacqueline Montagu. Aussi
donne-t-on ici (figure 175) le sceau d'un Aimery Odard,
dessiné d'après une empreinte du 5 octobre 1330,
apposée à Saintes à une quittance de gages. C'est un
sceau rond de 0,026 (6822 de Clair amhault) à l'écu
175. — Sceau d'Aimery Odard, 1330.
droit chargé d'une croix dans un double quatrefeuille
gothique. La légende est : haymery odart.
Pierre Odard, unique fils d'Isabelle, et qui ne vivait
plus le 3 septembre 1435, épousa Louise de Loigny,
issue d'une famille percheronne, qui lui donna une fille
nommée Françoise laquelle, le 6 août 1438, épousa
Théaude de Châteaubriant, seigneur du Lion-d'Angers.
Guillemette Odard, dont l'existence a échappé à La
Chenaye, avait épousé, le 9 janvier 1419, Bertrand de
la Jaille, seigneur de la Roche-Talbot.
1. Sur les d'Argenton voir Fierville, Documents inédits sur
Philippe de Commynes (Paris, 1881, in-8°), p. 29-87,
— 235 —
XlPy- Louise. — La quatrième des filles de Guil-
laume II se nommait Louise; elle est seule nommée
dans le testament de son frère Guillaume III, qui, le 14
avril 1396, lui avait légué une somme de deux mille livres
en accroissement de son mariage*. Le 27 septembre 1404,
elle épousa Miles de Hangest, auquel elle apportait sept
mille livres, représentant tous ses droits dans la succes-
sion de ses parents. Miles était fils unique de Jean V de
Hangest lequel, le 8 septembre 1407, lors du décès de son
cousin, Jean de Hangest, seigneur de Heuqueville, grand
maître des arbalétriers de France, fut investi de l'impor-
tant office qu'il laissait vacant. Il le conserva jusqu'au
20 février 1412, date où, par Tinfluence du duc de Bour-
gogne, il en fut dépouillé au profit de David de Ram-
bures ; mais il en reprit possession, le 25 septembre
1413, lorsque Rambures fut exilé à son tour, en môme
temps qu'Antoine de Craon, et le conserva sans doute
jusqu'à sa mort, advenue sur le champ de bataille d'A-
zincourt, en même temps que celle de son compétiteur 2.
Miles de Hangest était mort avant son père, ayant eu
de Louise de Craon une fille unique, Marie.
1, Jean de Montbazon dans son testament, dont le texte est resté
inconnu, lui légua aussi mille livres ; ce fait est affirmé dans l'ac-
cord du 25 novembre 1438, donné in extenso sous le numéro 1172
du Cartulaire.
2, Voir dans le P. Anselme (t. VIII) les notes sur les deux
Jean de Hangest et sur David de Rambures et aux Titres scellés
les actes originaux qui confirment ses dires. Quant h la réinté-
gration de Hangest en 1413, elle a échappé à la perspicacité de
l'auteur, mais elle résulte évidemment du texte de Monstrelet (II,
410), dont il faut modifier la ponctuation adoptée par Douet
d'Arcq, qui donne à penser que Hangest aurait été fait maître des
arbalétriers en 1413, au moment où le comte de Vendôme était
investi de l'office de grand maître de l'hôtel du roi, tandis aue
Monstrelet a dit : « Et le seigneur de Hangest, maistre des arta-
bestriers, et plusieurs autres furent restituez en leurs offices. »
Il faut signaler ici d'après les Titres scellés (93, 7245), une mon-
tre d'arbalétrier passée par David de Rambures, ta Saint-Quentin,
le 10 août 1415, où il prend les titres de « chevalier, conseiller et
chambellan du roi, maître des arbalétriers de France. »
— 236 -
Dans ses sceaux de Clairambault, M. Demay a con-
fondu les sceaux des deux Jean de Hangest; ils se
distinguent les uns des autres en ce que le seigneur de
Heuqueville brisait son blason en chef et à dextre d'un
écusson fascé de six pièces. Les sceaux 4431, 4433,
4434, 4435, 4436, 4437 lui appartiennent. On a dessiné
ici (figure 176) le 4431 qui a été apposé au Mans le 1^'
176. — Sceau de Jean de. Hangest, 1392.
août 1392 à une quittance de gages. C'est un sceau
rond de 0,024 à Vécuportant une croix chargée de ci ng
coquilles^ penché, timbré d'un heaume cime d'un col de
cygne dans un vol. La légende est intacte : s jehân de
HANGEST CHLR. Il faut remarquer que l'écrasement de la
177. — Sceau de Jean de Hangest, 1410.
cire, qui a transformé les coquilles en besans, a détruit
toutes les traces de l'écusson en chef et à dextre.
Au beau-père de Louise de Craon appartiennent les
numéros 4432, 4439, 4400. On ne trouvera ici que le
dernier (figure 177), apposé le 10 avril 1410 : sceau rond
fl
- 237 —
de 0,033 à Fécu fruste, penché, timbré d'un heaume
couronné et cime d'une tête de chien, supporté par deux
bras, sur champ de rinceaux. De la légende on ne lit
plus que : ....l jehan : sire....
Louise, devenue veuve, contracta une seconde alliance
avec un seigneur appelé Jean d'Auvillers.
Quelle était l'origine de la maison d'Auvillers ? C'est
un problème qui n'a pas encore trouvé sa solution. Les
nombreuses mentions de ce nom qui figurent au Trésor
généalogique ne laissent aucun doute sur son ancien-
neté en Ponthieu ; d'autre part, les 29 avril et l®'" sep-
tembre 1455, Jean d'Auvillers se pare du nom de Mailly
comme de son nom patronymique ; plus tard, le 3juillet
1513, l'une de ses filles Jeanne, épouse de Jean de Hé-
lande, en fait autant et cependant on ne connaît aucun
acte qui laisse deviner l'époque où le nom, tombé en
quenouille, aurait été relevé par un Mailly. La généalo-
gie de Mailly du P. Anselme ne peut être ici d'aucun se-
cours ; les d'Auvillers y figurent, il est vrai, comme
Tune des branches de la maison de Mailly ; mais on y
allègue des anachronismes tellement évidents, qu'il est
impossible d'accorder à cet ouvrage la moindre autorité
sur ce pointa D'après lui, la tige de la branche de
Mailly-Auvillers serait Jean, second fils d'un Jean I de
Mailly et d'une Jeanne de Goucy, qui auraient vécu à la
lin du XII 1^ et au commencement du XI V^ siècle, les-
quels, pour le dire en passant, n'ont jamais existé; on
donne à ce Jean pour femme, en 1320, Louise de Graon,
quelque chose comme soixante-dix ans avant sa nais-
sance ; puis, on assigne à celle-ci pour belle-fille, vers
l. Il ne faut se servir du P. Anselme qu'avec la plus extrême
tiéliance et chaque l'ois que cela est possible, il faut contnMer ses
(lires. Les historiens ne devraient jamais accepter comme bien
faites les généalogies que donne l'ouvrage et lorsque, faute de
mieux, on admet ses affirmations, on devrait toujours lui en lais-
ser la responsabilité.
— 238 —
1380, une Isabelle de Ligne et pour épouse du fds de
cette dernière en 1413, Marie de Hangest, laquelle était
certainement fdle de Louise de Graon. On ignore du
reste l'existence d'un Gilles d'Auvillers, qui n'étant en-
core qu'écuyer, le 6 novembre 1355, donnait une quit-
tance de gages scellée d'un sceau (475 de Clair amb a ait)
où figure un écu portant trois maillets accompagnés
d'une étoile en abime. Ge Gilles, le 30 mai 1367. ren-
dait un aveu qui permet de savoir qu'Auvillers rele-
vait d'Heilly, qui relevait d'Ancre, dont le propriétaire
rendait hommage au roi, à cause de son château de Pé-
ronne. Force a été au récent historien de la Maison de
Mailly de s'abstenir de trancher ces délicates questions
d'origines. Il suffit de dire ici que l'époux de Louise de
Graon, dont il n'existe aucun sceau, l'avait épousée après
mars 1420, car à cette date, dans l'accord par lequel on
déterminait la part des filles cadettes dans la succes-
sion des Graon-Sainte-Maure, Louise est encore quali-
fiée de dame de Hangest. Il ne vivait plus, ni peut-être
non plus Louise de Graon, le 5 juin 1422, car à cette date
leur fils, appelé Jean comme son père, était placé sous la
tutelle de Pierre Baillet, écuyer.
Jean II de Mailly-Auyillers naquit donc vers 1421 ;
il était majeur en en 1437 alors qu'il aliénait au profit
de l'abbaye du Mont-Saint-Quentin la terre de Gour-
celle, qui lui venait de son père ^ Vers 1438, il épousa
Jeanne de Wasiers, qui lui donna plusieurs enfants
dont l'aîné, appelé Jean lui aussi, embrassa l'état ecclé-
siastique, au dire du P. Anselme, et fut émancipé par
son père en 1463, alors qu'il avait vingt-quatre ans.
Il est curieux de noter qu'à l'époque même où vivait
Jean d'Auvillers, qui devait épouser Louise de Graon,
il se trouvait à Paris un huissier du Parlement portant
1. Dans la coutume de Ppnthieu la majorité était acquise à
quinze ans (Voir Bibl, de l'Ecole des Chartes, XIII, 535).
— 239 —
le même nom et qui possédait un sceau dont le blason
était identique à celui de* Gilles, en novembre 1355. On
reproduit ici (figure 178), la vignette de M. l'abbé Ledru,
sceau de 0,024, où figure un écu à trois maillets^
chargé d'une étoile en ahime^ .
178. — Sceau de Jean d'Auvillers, huissier au Parlement, 1403.
La fille aînée de Louise, Marie de Hangest, se maria
deux fois, elle aussi : en premières noces elle épousa
Jean I de Mailly, qui fut chef de sa maison depuis le
25 octobre 1415 jusqu'au 21 août 1421 ; ce fait est éta-
bli par un acte, connu seulement par le témoignage d'A-
drien de la Morlière, et passé par Jean I et Marie de
Hangest, portant vente de Quiry au chapitre d'Amiens.
Jean I était le second fils de Golard, sire de Mailly et
de Marie de Mailly, sa cousine ; il était devenu l'hé-
ritier du fief de Mailly, par la mort simultanée de son
père et de son frère aîné sur le champ de bataille d'A-
zincourt. Il n'était pas majeur alors, et ne le devint
qu'après le 9 août 1416, date où il se qualifiait simple-
ment d'écuyer. Quant à Marie, elle n'avait pu naître
avant le milieu de 1405 et avait tout au plus seize ans
lors de la mort de son époux, tué à Mons-en-Yimeu, le
30 août 1421, sous les étendards du duc de Bourgogne.
On ne saurait s'étonner si cette alliance ne donna pas
de postérité.
En secondes noces, Marie épousa Baudouin de
1. Abbé Ledru, Maison de Mailly, p. 356.
- 240 —
Noyelle, chambellan du duc de Bourgogne, à qui elle
donna un fds, Charles, lequel, en novembre 1444, Tan-
née qui suivit le décès de son père, passait un accord
avec son oncle, Jean d'Auvillers, au sujet de la succes-
sion de Louise de Craon, sur laquelle il lui abandon-
nait gratuitement tous ses droits K
Xll^g. Jeanne. — L'existence d'une Jeanne parmi les
enfants de Guillaume II est certaine puisque, le 31 dé-
cembre 1394, dans le testament de Jeanne de Montba-
zon, elle était l'objet d'une libéralité de celle-ci ; mais
on ne connaît aucune autre mention d'elle.
1. 1184 du Cartulaire.
XXIIl
BRANCHE DE SAINTE-MAURE
JEAN DE MONTBAZON
Vers 1410. — 25 octobre 1415.
Jean de Montbazon était le troisième des fils de Guil-
laume Il ; il était devenu son héritier présomptif, peu
après le 14 avril 1396, lors du décès de son frère Guil-
laume III, en même temps, la mort de celui-ci le rendait
propriétaire des fiefs qui avaient appartenu en propre à
leur mère, Sainte-Maure et Montbazon, et c'est la pré-
sence de ces titres auprès de son nom qui permet de ne
pas confondre ses actes avec ceux de Jean 1, son oncle,
et de Jean II son cousin, seigneurs de Domart en Pon-
thieu. Bien plus jeune que ses frères, il était encore
sous la tutelle de son père le 26 mai 1403 et ne prenait
pas part au contrat de mariage de sa sœur Louise, le
27 septembre 1404*.
Le contrat de mariage de Jean de Montbazon est du 7
novembre 1399 2 ; sa fiancée était Jacqueline, seconde
fille de Tun des personnages les plus en vue de l'époque,
Jean de Montagu, et de Jacqueline de la Grange. On
est dispensé de toute recherche au sujet de la famille
de Montagu par l'excellente notice que M. Lucien Merlet
a consacrée à Jean de Montagu, grand maître de l'hô-
tel du roi^ On y voit que ses filles contractèrent les
1. 109;, 1097 du Cartulaire. Ménage, aux pages 270, 275 et 419
de son Sablé, fait à hi fois de Jean de Montbazon et de Jean de
Domart des seigneurs de Domart.
2. 1085 du Cartulaire.
3. Bihl. de l'École des Chartes, XIII, 248-284.
— 242 —
plus honorables alliances : Tainée, Bonne-Elisabeth,
épousa, en 1398. Jean VI, comte de Roucy ; la troisième,
Marie, en 1409, épousa le seigneur d'Haubercourt et la
même année Jeanne, la quatrième, était fiancée à Jean
de Melun. Quant à son fils, Charles, qui avait l'honneur
d'être le filleul de Charles VI, on l'a vu déjà, le 6 jan-
vier 1405, il avait été fiancé à Jeanne d'Albret, fille du
connétable et de Marie de Sully ^
On ne connaît qu'un seul sceau de Jean de Montba-
■ûm
179. — Sceau de Jean de Monlbazon, 1405.
zon (figure 179), et encore n'en existe-t-il qu'un fragment
lequel n'a pas été moulé ; il est attaché à la quittance
du 1" octobre 1405. C'est un sceau rond de 0,028, à
l'écu penché, timbré d'un heaume, cime d'une tête de
chien dans un vol, sur un champ séparé par trois ban-
180. — Sceau de Jean de Montagu, 1393.
des de chaque côté et orné de quatre rosettes. De la
légende on ne lit plus que... jehan de...
1. Numéro 791 du Cartulaire.
— -243 -
Voici ensuite deux sceaux de son beau-père Jean de
Montagu (figures 180-181). Le plus ancien (5081 de Clai-
rambault) est attaché à la quittance du 2 janvier 1393,
d'une chevauchée particulière au Mans : c'est un sceau
rond de 0,030, à l'écu penché, timbré d'un heaume de
face, cime d'un buste de femme dans un vol, accosté de
deux oiseaux adossés ; le champ est garni de six étoiles
ou molettes à huit pointes. De la légende on ne lit plus
que : s... gu vi... hanois.
Le second (5082 de Clair amhault) est attaché à une
quittance de gages, pour la garde de la Bastille. C'est un
sceau rond de 0,040 admirablement gravé, à l'écu pen-
ché, timbré d'un heaume, cime d'une tête de femme ri-
chement coiffée d'une plume et posée dans un vol, sup-
181, — Sceau de Jean de Montagu, 1406,
porté par deux faucons aux ailes déployées. De la
légende on ne lit plus que : i... motagu.
Jean de Montagu fut l'une des victimes du duc de
Bourgogne : arrêté par Pierre des Essarts, prévôt de
Paris et créature de celui-ci, le 7 octobre 1409, il fut
immédiatement condamné et exécuté dès le 17 octobre.
Ses biens furent confisqués, mais Charles VI, le 12 sep-
tembre 1412, réhabilita sa mémoire et annula la confis-
cation de ses biens, qui firent retour à sa famille, lors
du décès de ceux qui avaient bénéficié de la confisca-
tion.
- 244 —
Jean de Montbazon ligurait au nombre des Armagnacs
les plus dévoués ; aussi ne dut-il pas hésiter à apposer
son sceau au manifeste des partisans du duc d'Orléans,
adressé au roi le 9 octobre 1411 K La maison de Craon
était donc divisée, car les chefs des autres branches,
Antoine de Beauverger et Jean de Domart, avaient au
contraire lié entièrement leur fortune à celle du duc de
Bourgogne.
Son attitude eut un jour sa récompense : Le l^"" juillet
1413, à la place de Charles de Savoisy révoqué, il fut
pourvu de Tune des grandes charges de la couronne,
celle de grand échanson, qu'il conserva sans doute jus-
qu'à sa mort, advenue le 25 octobre 1415, à la journée
d'Azincourt. En lui s'éteignait la branche de Sainte-
Maure, car Jacqueline de Montagu ne lui avait pas
donné d'enfant.
Jean de Montbazon laissait une situation évidemment
embarrassée, car sa veuve, le 6 août 1416, crut devoir
trenoncerà tous les droits qu'elle avait sur sa succession ;
elle ne tarda guère du reste à se remarier »^ Jean Malet,
sire de Gra ville.
Il laissait malgré cela un patrimoine considérable, qui
fut partagé entre ses sœurs ou leurs ayants droits, ainsi
que cela vient d'être raconté. On a groupé au Cartulaire
un grand nombre d'actes relatifs aux fiefs tombés ainsi
en quenouille et qui permettent de suivre la plupart
d'entre eux jusqu'à l'aurore du XVP siècle.
1. Numéro 1118 du Cartulaire.
- 245 —
CARTULAIRE DE CRAON
BRANCHE DE SAINTE-MAURE
XVII (1048-1211) GUILLAUME II 1388-1415,
JEAN DE MONTBAZON
1048. — 1387, V. s., 16 janvier. — Quittance de gages
d'Hervé de Mauny * [Clair amhault, 72, 5625).
1049. — 1388, 20 août. — Quittance de gages de Guil-
laume II pour lui banneret, sept bacheliers et trente-deux
écuyers (B. N., f. fr. nouv. acq. 1481, 12 ; communiqué par
M. l'abbé Ledru).
1050. — 1388, 1 septembre, Châlons. — Montre de Guil-
laume II (Pièces originales^ Craon, n^ 22).
La revue de messire Guillaume de Craon, vicomte de Chas-
teaudun, chevalier banneret, sept autres chevaliers bacheliers
et de trente deux escuyers de sa compaignie, receuz à Chaa-
lons en Ghampaigne, le premier jour de septembre, l'an 1388.
Et premièrement
Le dit messire Guillaume de Craon, banneret,
Messire Jehan de Saintes,
Messire Jehan Ysoré, l'aisné,
Messire Jehan de Monferon,
Messire Hugues de Vaux,
Messire Jehan Ysoré, le jeune ;
Messire Jehan Olivier,
Messire Jehan Pamet.
Escuyer :
Amaury de Craon ^
1. C'est cette pièce qui porte le sceau, figure 16 6.
2. Cet Amaury était le fils aîné de Guillaume 11; il mourut à
Cartha^re eu 1390.
16
246
Le bastard de Saint e-Moro
Hardouin de Houdaines,
Brien de Lueins,
Colas Ribot,
Jehan de la Possonnière,
Vincenot d'Avesnes,
Jehan de Vendosme,
Jacquet Lambert,
Jehan Pier,
Jaquet de la Porte,
Jehan Guilliers,
Guillaume des Poulies,
Perrinet de la Porte,
Guillaume Quéraille,
Thomas de Hambervilliers,
Pierre l'Abbé,
Guillaume de Hangest,
Jehan de l'Ille,
Jehan Le Vaillant,
Jehan de Hesdin,
Guillaume de l'Esclat,
Colin Letur,
Thomas Piedoe,
Jeusson Stançon,
Otheurin de Bataberry,
Jehan de Reville,
Guillaume de Mantegueil,
Guillaume de Chanteville,
Estienne Morice,
Régnant Jacob,
Pierre Tiercelin.
1. Ce Jean de Sainte-Maure avait été en 1376 l'objet d'une let-
tre de rémission dont voici l'indication : 1375, v. s., mars, Bois
de Vincennes. — Lettres de Charles V portant rémission à Jean
de Sainte-Maure, dit le Bâtard, frère d'Iseult (Arch. nat.. JJ 108,
fol. 137). Ce Jean était sans doute frère de Pierre de Sainte-
Maure, dit Durnas, seigneur de Montgauger, qui comptait au
nombre de ses sœurs une Iseult, laquelle épousa successivement
Geoffroy de Palluau et Pierre de la Jaille (Dictionnaire d'Indre-
et-Loire, IV, 309).
— 247 —
1051. — 1388, 4 septembre. — Guillaume II donne reçu
des gages de sa compagnie (B. N., Pièces originales, Craon^
n«24).
1052. — 1388, 12 octobre. — Guillaume II donne quittance
des gages de sa compagnie (B. N., Pièces originales, Craon,
n^ 23).
1053. — 1389, 18 juin. — Trêve avec l'Angleterre. Guil-
laume de Marcillac est désigné d'avance comme l'un de ses
conservateurs en Anjou, Maine et Touraine (Rymer, VII,
629).
1054. — 1389, V. s., 7 février, Paris. — Lettres royaux au
profit de Marmoutier contre Guillaume II et ses deux fils,
Amaury et Guillaume III, au sujet du droit de pêche à Font-
cher ^ Lettres qui furent signifiées en juin 1390 (Note du Tré-
sor généalogique).
1055. — 1389 (v. s.), 7 février, Lyon. — Don par le duc de
Touraine de 200 francs à Guy de Craon, son chambellan
(B. N., Collection Bastard, n° 412).
1056. — 1390, 24 juin. — Aveu de Jacques de Pocé, époux
de Françoise de Bréon, à Guillaume II, à cause de sa femme
(Dom Housseau, XIIP, 8178).
1057. — 1390, 20 juillet, Saint-Lô. — Quittance d'Hervé
de Mauny (H. du Châtelet, Histoire de Du Guesclin^ 422).
1058. — 1390, 12 octobre. — Vente par Pierre de Craon de
200 livres de rente sur la Ferté-Bernard à Hervé de Mauny,
pour 2000 francs d'or (Note B. N., du Chesne, 54, 373).
1. Il s'agit ici du lieu de Fontcher (Fontis Cari) dont le vivier
ainsi que le droit de poche dans le Cher appartenaient à Marmou-
tier depuis l'époque où, entre 1034 et 1037,1e comte de Blois Eudes,
à la prière de Ilermengarde et du consentement de ses fils Thi-
baud et Etienne, lui en avait fait don, par deux actes récemment
publiés /// extenso (Voir Lex, Eudes, comte de Blois, de Tours,
de Chartres et de Mcaux (995-1037) et Thibaut, son frère (995-
ifM), Troyes, 1892, 199 p. in-8o).
- 248 —
1059. — 1390, 20 octol)i'e. — Quittance d'Hervé de Mauny
(Pièces originales).
1060. — 1390, V. s., 23 mars, Paris. — Lettres par les-
quelles Guillaume II de Craon vend à Jean Le Mercier, sei-
gneur de Noviant * 200 livres de rentes sur Châteaudun (A.
N., KK 896, 125).
1061. -r- 1391, 23 octobre. — Arrentement du moulin de
Bouzon fait par Guillaume II (Note dans Société de Tou-
raine, t. VI, 276).
1062. — 1392, 27 mai, Paris. — Arrêt du Parlement dans
la cause entre Guillaume II et Pierre de Craon, son frère,
au sujet de dix-huit cent trente livres que ce dernier devait
payer à Robinet de Mâle (A. N., X*^ 39, 203).
1063. — 1392, 15 août, Le Mans. — Lettres par lesquelles
Maurice Mauvinet donne quittance de ses gages d'une che-
vauchée au château de Josselin (B. N., Clairambault, 5926).
1064. — 1393, 20 octobre. — Quittance d'Hervé de Mauny,
banneret, de 90 francs, pour ses gages (Histoire d'Harcourt,
IV, 1243).
1065. — 1394, 31 décembre. — Testament de Jeanne de
Montbazon ; seuls de ses enfants, Guillaume et Jeanne y sont
nommés (B. N., Baluze, Armoires, 54, 248).
1066. — 1394, v. s., 4 mars, Paris. — Acte de retrait de
200 livres de rente sur Châteaudun exercé par Guy VIII de
la Rochefoucauld et Marguerite de Craon ^ (A. N., KK 896,
fol. 125).
1067. — 1394, V. s., 15 mars. — Aveude Jean Beaudet à
1^ Voir sur ce personnage, grand maître de France, le P. An-
selme VIII, 342.
2. Cette rente avait été créée par Guillaume II au profit de
Jean Le Mercier, seigneur de Noviant et de Jeanne de Ven-
dôme, son épouse. Voir le n» 1060 du Cartulaire.
- 249 —
Guillaume III de Sainte-Maure et Montbazon (Note de Doni
Hoiisseau, XIP, 7074).
1068. — 1394, V. s., 7 avril. — Aveu d'Olivier de Mauny
pour Thiville, au nom de Catherine de Tliiville, son épouse
héritière de Henri de Thiville, son père, qui laissait veuve
pour la troisième fois Isabelle de Meulant (Note du P. An-
selme, II, 411).
1069. — 1395, 19 juin. — Transaction entre Guillaume III
et l'abbé de Noyers (Note, B. N., dom Rousseau XIII^ 8205).
1070. — 1095, 14 juillet. — Vente par Guillaume III de
Craon et Sainte-Maure de la place où était bâti le moulin de
Malicorne (Société de Touraine^ t. VI, 276).
1071. — 1395, 26 juillet. — Accord entre Guillaume II et
Guillaume III, son fils aîné, ayant le bail de Jean, son frère
et de Marie et Louise, ses sœurs, pour le partage de la suc-
cession de Jeanne de Montbazon. Guillaume II renonce à
prendre le tiers des biens de Jeanne, dont elle lui avait fait
don, reçoit la jouissance viagère de Coulombiers * et la
propriété d'une rente de mille livres due par la dame de
S\x\\^'-(Dom Housseau, VIII, 3762).
1072. — 1395, 12 octobre. — Lettres par lesquelles Guil-
1. Coulombiers, à 17 kilomètres de Tours, érigé en marquisat
en décembre 1619, perdit son nom en juillet 1639 par des lettres
royaux qui y substituèrent celui de Villandry. Toutes deux se
trouvent in extenso dans le Dictionnaire de M. Carré de Busse-
roUe, VI, 407. C'est par erreur que dans cet ouvrage on fait de
Louis Chabot un gendre de Jean de Montbazon, dont il était
beau-frère, et qu'on lui donno nlace dans la série des seigneurs
de Villandry ; sa femme était fille de Guillaume II, qui conserva
Coulombiers jusqu'à son décès. A cette date il n'appartint ni à
Marguerite, épouse de Guy VIII de la Rochefoucauld, ni à Guil-
laume m, mais à Jean de Montbazon. Après son décès, par le
partage du 13 mars 1420, il fut placé dans le lot des ayants droits
des sœurs cadettes, et appartint aux enfants de Louis Chabot.
2. Cette dame de Sully était Isabelle de Craon, épouse, vers
1357, de Louis de Sully, et mère de Marie de Sully.
— 2o0 —
laume II vend la vicomte de Châteaudun, pour 7400 livres à
Louis, duc d'Orléans ^ (Arch. nat. KK896, 121).
1073. — 1395, 22 octobre, Châteaudun. — Quittance par
Jacques Lebrun, procureur de Guillaume II, aux habitants
de Chenaux en Orléanais, de deux muids d'avoine, qu'ils lui
devaient (Arch. d'Eure-et-Loir^ E 2703).
1074. — 1395, 5 décembre. — Noms des personnes qui
tiennent maison en la Vieille-Salle de Châteaudun, naguère
appartenant à Guillaume de Craon, et à présent au duc d'Or-
léans (Aj'ch. d'Eure-et-Loir, E 2703).
1075. — 1395, V. s., 12 janvier. — Lettres par lesquelles
Guy VIII de la Rochefoucauld et Marguerite de Craon ven-
dent à Louis d'Orléans 200 livres de rente, qu'ils possédaient
sur Châteaudun (Arch. Nat. KK 896, 122).
1076. — 1395, V. s., 29 février. — Acte de la prévôté de
Paris portant l'autorisation donnée par Guy VIII de la Ro-
chefoucauld à Marguerite de Craon de vendre au duc d'Or-
léans 200 livres de rente (Arch, Nat., KK 896, 123).
1077. — 1395, V. s., 8 mars, Angoulême. — Lettres par les-
quelles Marguerite de Craon vend au duc d'Orléans 200
livres de rente sur Châteaudun (A. N., KK 896, 124).
1078. — 1395, V. s.. 9 mars, Paris. — Ratification de la
trêve de vingt-cinq ans entre la France et l'Angleterre ; Guil-
laume de Marcillac est désigné comme l'un des mainteneur
de cette paix (Rymer, VII, 829).
1079. — 1396, 4 avril, Paris. — Contrat de Marie de Craon
1. En faisant cet achat, le duc d'Orléans unissait la vicomte
aux comtés de Blois et de Danois que Guy II de Chàtillon venait
de lui vendre pour 200,000 écus (Dom îsToël Mars. Histoire de
Saint-Lomer de Blois, Blois, 1869, v-473 p. in-S», p. 122). Char-
les d'Orléans, le 21 juillet 1439, reprenant le comté de Vertus,
ainsi que Romorentin et Millançais, naguère donnés par lui à
Jean, son frère bâtard, le célèbre Dunois. lui octroya le Dunois
(A. N., Q, 209).
■
— 251 —
avec Maurice Mauvinet. Du côté de Marie : Guillaume III,
écuyer.son frère, Pierre de Craon et Antoine, son fils, Jean de
Champchevrier, Jean de Vaige, Bonabes de Rougé, Guy
d'Orange K Elle reçoit Pressigny, Verneuil et Ferrières (B.
N., Baluze, Armoire, 14, 267).
1080. — 1396, 14 avril. — Testament de Guillaume III,
écuyer seigneur de Sainte-Maure et de Montbazon, prescrivant
de l'enterrer aux Cordeliersde Tours, lllaisse à sa sœur Louise
2,000 francs, en accroissement de mariage et désigne son
oncle Pierre de Craon au nombre de ses exécuteurs testa-
mentaires (B. N., Baluze, Armoires, 54, 244).
1081. — 1396, 2 juin. — Guillaume II, sire de Sainte-
Maure et de Montbazon ^ reçoit aveu pour la Chardière,
tenue de Sainte-Maure (Note de Dom Rousseau, XIIP, 8130).
1082. — 1396, 27 octobre. — Vente par Colas Ferrequin et
Marguerite, sa femme, à Hervé de Mauny, chevalier, seigneur
de Torigni, Saint-Aignan et Genne et à son épouse de 21
sous de rente (B. N., Du Chesne, 54,372).
1083. — 1396, V. s., 2 janvier. — Aveu rendu à Guil-
laume II pour la Richardière (Société de Touraine, t. VI,
p. 276).
1084. — 1397, 17 juillet, Paris. — Arrêt dans la cause en-
tre Guy VIII de la Rochefoucauld et Guillaume II de Craon
au sujet de la possession de Breuil (X*^, 44, 190).
1. Ce Guy d'Orange appartenait à la famille des seigneurs de
la Feuillée ; ce fief, en 1403, était aux mains d'Ambroise d'O-
range et de 1444 à 1459 dans celles de Guy, époux d'Aliénor
d'Ingrande. L'aîné de leurs enfants. René, est l'auteur de deux
très jolies pièces de poésie, dont nous avons eu la bonne fortune
de lui rendre la paternité (Voir notre René d'Orange, poète du
Bas-Maine, Laval, 1892, 10 p. in-S»),
2 Supposant Guillaume III mort peu de temps après la con-
fection cle son testament, on pense q^ue l'aveu fut fait à Guil-
laume II comme bail de Jean, son troisième fils, dont la minorité
n'avait pas pris fin le 26 mai 1403.
— 252 —
1085. — 1399, 7 novembre *. — Contrat de mariage de
Jean de Craon et de Jacqueline de Montagu. Du côté de
Jean : Guillaume II, chevalier, seigneur de Marnes et de
Moncontour, son père, Guy de Craon, son oncle, et Aymard
Odard ; du côté de Jacqueline, Jean de Montagu, son père,
Jean de Montagu, évêque de Chartres, Girard de Montagu,
archidiacre de Cambray, ses oncles (Bibl. Nat., Baluze, Ar-
moires^ 54, 265).
1086. — 1400, 15 septembre. — Acte de Jean de la Roche-
foucauld, constatant réception de l'hommage de Guillaume
Dupuis, pour le grand et le petit Baigneux (Note, Mémoires
de la Société de Tour aine ^ VI, 276).
1087. — 1400, 28 décembre. — Quittance d'Hervé de
Mauny (Pièces originales).
1088. — 1401, 22 juillet. — Guillaume II donne quittance
de 500 francs, que le roi lui avait assignés le 25 mai 1401 *
(Dom Morice, Preuves, t. II, 712).
1089. — 1401, 14 octobre, Loudun. — Testament de Guy
de Craon. Il demande à être enseveli dans l'église des Corde-
liers de Châteaudun ; il mentionne son épouse, Jeanne de
Sourches, à laquelle, en échange de son hôtel de Clichy-la-
Garenne, aliéné par lui, il donne Sainte-Julitte, Chaumus-
say, Neufmans et la Lambarderie, ainsi que tous ses meu-
bles. Payen de Sourches est l'un de ses exécuteurs testamen-
taires (A. N., X'«9807, 52).
1090. — 1401, 22 décembre, Paris. — Testament d'Hervé
de Mauny, demandant à être enseveli dans l'abbaye de To-
rigni, auprès de feue Marie de Craon (Note de Ménage, à la
page 398 de son Sablé).
1. M. l'abbé Ledru nous a communiqué une note prise dans
les archives du château de Sourches (Sarthe), qui date ce même
contrat du 23 janvier 1400, n. s.
2. C'est à cette quittance, dont l'original se trouve aux Titres
scellés, t. XXXVI, 2743, que pend l'une des empreintes du sceau,
figure 170.
I
— 253 -
1091. — 1402, 20 avril. — Charte par laquelle Adam, évê-
que du Mans, reçoit foi et hommage d'Hervé de Mauny, sei-
gneur de Torigni \ pour Doubleau (B. N., Duchesne^ 54,
720).
1092. — 1402, 12 juillet. - Baillée faite par Guillaume II
du moulin de Garnier (Note, Société de Tour aine ^ VI, 277).
1093. — 1403, 12 mai. — Quittance d'Hervé de Mauny (B.
N., Pièces originales, Mauny, 21).
1094. — 1403, 26 mai. — Guillaume II, en qualité de bail
de Jean son fils, seigneur de Sainte-Maure et de Nouâtre,
reçoit les hommages pour la Roche Pelequin et les Pinardiè-
res {Dom Rousseau, XIIP 8045).
1095. — 1403, V. s., 18 janvier. — Quittance de gages
d'Hervé de Mauny, sieur de Torigni, et d'Alain de Beaumont,
tant pour lui que pour ses fils Alain et Régnant ^ (Bibl. nat.,
Pièces originales, t. 1896, n« 43692).
1096. — 1404, 14 juillet. — Aveu fait à Louis Chabot, sei-
gneur de la Marnière, de Pressigny, Perrière et Verneuil à
cause de Marie de Craon (B. N., Dom Rousseau, XIP 7395).
1097. — 1404, 27 septembre. — Contrat de Louise de
Craon avec Miles de Hangest, passé par Jean de Montagu et
Guillaume II de Craon, chevalier, seigneur de Moncontour,
d'une part, et Jean de Hangest et Miles de Hangest, écuyer,
de l'autre. Louise apporte 7,000 livres qui représentent sa
part dans les successions de ses père et mère (B. N., Baluze,
Armoire, 54).
1098. — 1404, V. s., 28 février, Paris. — Numéro 793.
1, Cette qualification de seigneur de Torigni montre que l'hom-
mage est rendu par Hervé, époux de Made de Craon, et non par
son fils.
2. Cet acte possède les sceaux d'Hervé et d'Alain.
— 254 —
1099. — 1405, 1 octobre. — Jean de Montbazon donne
reçu de 50 francs ^ (B. N., Titres scellés, folio 2745).
1100. — 1405, 23 septembre. — Lettres par lesquelles Jean
de Hangest et d'Avenescourt cède à son fils et à sa belle-fille
la terre de Catheu (Note Dom Housseau, IX, 243).
1101. — 1406, 11 juin. — Achat par Hervé de Mauny de
a terre de Giervillé, qui lui est vendue par Antoine de
Craon ^ et Jeanne de Hondschoote (Note de Ménage à la page
398 de son Sablé] .
1102. — 1406, 2 octobre. — Quittance délivrée à Hervé
de Mauny par Antoine de Craon et Jeanne de Hondschoote
(Note de Ménage à la page 398 de son Sablé).
1103. — 1407, 7 mai. — Aveu d'Hervé de Mauny, cheva-
lier, seigneur de Torigni et de Saint-Aignan, pour Belle-
sauile (Arch. Nat., P. 343^ 36).
1104. — 1407. — Aveu par Jean Cannes pour la Canne-
raye, fait à Jean de Craon, seigneur de Nouâtre (Note du Dic-
tionnaire d'Indre-et-Loire, t. IV, 398).
1105. — 1407, 4 juillet. — Aveu fourni par Jean de Craon,
seigneur de Montbazon et de Sainte-Maure, pour le fief du
Puyde Sepmes (Note, Société de Toiiraine, VI, 277).
1106. — 1407, 10 octobre. — Aveu par Jean de Baigneux
pour Launaye à Jean de Craon, seigneur de Nouâtre (Note
du Dictionnaire d'Indre-et-Loire, t, IV, 398).
1107. — 1407, 15 décembre. — Lettres de Jean de Montba-
zon et Sainte-Maure donnant le fief de la Proustière, en
Sainte-Catherine de Fierbois, à Aymard de Sainte-Maure,
seigneur de Montgauger^ [Dom Ilousseau, XIIP, 8143).
■
1. A cet acte est attïiché le sceau figure 179.
2. Antoine était fils de Pierre de Craon, seigneur de la Ferté-
Bernard.
3. Cet acte est celui qui est mentionné dans la Société de Ton-
i
- 253 —
1108. — 1408, 1 juin. — Aveu de Jean de Baigneux pour
la Vardinière, fait à Jean de Craon, seigneur de Nouâtre
(Note du Dictionnaire d'Indre-et-Loire^ t. IV, 398).
1109. — 1408, 10 juillet. - Aveu de Robinet du Val pour
la Persillière, à Jean de Montbazon (Dom Housseau, XIIP,
8074).
1110. 1408, août, Paris. — Acte par lequel Hervé de
Mauny cède au roi quarante livres de rente sur la recette de
Bayeux (A. N., J 122, 17).
1111. — 1408, 14 novembre. — Aveu rendu à Jean de
Montbazon par Rideau Eschart, pour la Richardière (Note,
Société de Tour aine ^ VI, 277 et Dom Rousseau, XIIP,
8131).
1112. — 1408, 20 décembre. — Aveu rendu par Jean de
Laval-Loué à Jean de Montbazon, pour la Sayette (Dom
Rousseau, XIIP, 8064).
1113. — 1409, 3 juillet. — Aveu de Guillaume II pour
Moncontour au duc d'Anjou (A. N., P 341, f. 148 ; in extenso
dans Mémoires des Antiquaires de l'Ouest^ 1881, p. 419-442).
1114. — 1409, 17 octobre. — Procès-verbal de l'exécution
de Jean de Montagu (Bihl. Ecole des Chartes^ XIII, 279).
1115. — 1409, 4 décembre. — Lettres d'Hervé de Mauny,
fondant la chapelle de Saint-Pierre à Torigni, lieu de sépul-
ture de Marie de Craon et de Jeanne de Sacé, dame d'Usa-
ges, ses feues femmes (Note de Ménage à la page 398 de son
Sablé).
1116. — 1410, 6 juin. — Aveu de Pierre de la Mezry pour
les Aubiers, rendu à Jean de Craon, seigneur de Nouâtre et
raine, t. VL p. 277 ; et dans le Dictionnaire de M. Carré de Bus-
serolie, V, 226.
— 256 —
de Moncontour * (Note du Dictionnaire d' Indre-et-Loire, t.
IV, 398 et Dom Housseou, XIIP 8218).
1117. — 1410, V. s.', 8 janvier. — Lettres de Charles duc
d'Orléans touchant la pension de Jean de Montbazon, cheva-
lier, son chambellan (B. N., Fonds Bastard, n° 588).
1118. — 1411, 9 octobre, Saint-Ouen. — Manifeste de
vingt-cinq capitaines du parti Armagnac, adressé à Charles
VI ; le seigneur de Montbazon (Jean de Craon) et Jean de
Hangest figurent au nombre des signataires [Bibl. de l'Ecole
des Chartes, IX, 472).
1119. — 1411, V. s., 18 février, Orléans. — Mandement de
Charles, duc d'Orléans, pour ses chambellans, le sire de
Montbazon et Louis de Loire, envoyés à Bourges, pour obte-
nir la liberté du sire de Chaumont, prisonnier des Parisiens
(B. N., Fonds Bastard, n« 642).
1120. — 1412, 24 juin. — Quittance de Jean, seigneur de
Moncontour et de Montbazon (B. N., Fonds Bastard, n°650).
1121. — 1412, 25 août, Couci. — Ordre de rembourser
une somme avancée par Jean de Craon, pour les gages de la
compagnie de Charles le Bouteiller (B. N., Fonds Bastard,
n»654).
1122. — 1412, V. s., 20 mars. — Aveu de Pierre de la
Jaille pour la Motte-au-fils-Yvon fait à Jean de Craon, sei-
gneur de Nouâtre (Note du Dictionnaire d'Indre-et-Loire,
t. IV. 398 et Dom Housseau, XIIP, 8214).
1123. — 1413, 30 avril. — Aveu de Jean Isoré, fils de
Geoffroy Isoré, à Jean de Craon (Note de Dom Housseau,
XIP, 7072).
1124. — 1413, 15 novembre. — Aveu pour Torigni rendu
1. Il est important de noter à cette date ce titre de seigneur de
Moncontour, qui indique que Guillaume II avait cessé de vivre.
— 257 —
par Olivier de Mauny (Note de V Histoire de la Maison
d'Harcourt, IV, 1250.
1125. — 1415. — Aveu par le seigneur du Puy de la Borde
à Jean de Craon, seigneur de Nouâlre (Note du Dictionnaire
d'Indre-et-Loire, t. IV, p. 398).
1126. — 1415, 10 juin, Calais, — Prorogation de la trêve
entre la France et l'Angleterre. Jean de Craon, seigneur de
Montbazon, est l'un de ses mainteneurs pour l'Anjou, le
Maine et la Touraine (Rymer^ IV^, 129).
1127. — 1415, 10 août. — Lettres de Jean de Craon-
Sainle-Maure ratifiant la fondation par Boucicaut d'une au-
mônerie à Sainte-Catherine de Fierbois (Note du Trésor
généalogique).
1128. — 1416, 4 août. — Lettres-patentes constatant la re-
nonciation de Jacqueline de Montagu à la succession de Jean
de Craon, son mari, tué récemment dans une affaire contre
les Anglais, à cause des dettes de celui-ci (Note de Doin
llousseau, t. XIP, 6851).
1129. — 1416, 9 août. — Jean I de Mailly, écuyer, relève
par procureur un fief de l'abbaye de Corbie (Abbé Ledru,
Maison de Mailly, Preiwes, 157).
1130. — 1416, V. s., 4 février. — Louise de Craon donne
pouvoir pour partager avec Guy VIII de la Rochefoucauld,
Louis Chabot, sire de la Grève, Guillaume Odard, sire de
Verrière, les biens de Jean de Craon, son frère (Baluze,
Armoires, 54, 243).
1131. — 1417, V. s., 7 mars. — Lettre de Guy VIII de la
Rochefoucauld aux élus de Tours (Note, Cabinet historique,
XXIIP, 168).
1132. — 1418, 11 septembre, Montbazon. — Lettre de
Marguerite de Craon, épouse de Guy VIII de la Rochefou-
cauld, aux bourgeois et élus de Tours, pour se plaindre des
— 258 —
exactions dont Jean Toiirnay de Sainte-Maure a été la vic-
time de la part des garnisons de Tours et de la Roche-Cor-
bon (Cabinet historique^ XXIIP, 227).
1133. — 1418, 15 octobre, Coulombiers. — Lettre de Fou-
gues de la Rochefoucauld adressée aux élus et bourgeois de
Tours pour se plaindre d'un enlèvement à mains armées fait
au château de Coulombiers, par les gens du capitaine de
Tours, malgré la trêve qui existait entre la ville et Guy VIII
et Marguerite de Craon (Cabinet historique, XXIIP 229).
1134. — 1418, V. s., 9 janvier, Loudun. — Contrat de Ber-
trand de la Jaille et de Guillemette Odard (Arch. de Maine-
et-Loire; note, Revue du Maine, XXIX, 201).
1135. — 1419, 23 décembre. — Acte de Guy de la Roche-
foucauld se portant héritier par bénéfice d'inventaire, au
nom de Marguerite de Craon, son épouse, des biens de la
branche de Sainte-Maure, afin de prévenir la mise en main
du roi des fiefs, par défaut d'hommage (Note du Trésor gé-
néalogique).
1136. — 1419, 23 décembre. — Lettres patentes déchar-
geant Guy VIII de la Rochefoucauld du quart du revenu de
Sainte-Maure, Nouâtre, Montbazon et Coulombiers, par suite
du rachat dû à cause du décès de Jean de Craon, son beau-
frère (Note de Dom Housseau, XIP, 16924). •
1137. — 1419, V. s., 5 janvier. — Procuration de Louis
Chabot, seigneur de Petit-Château et de Chantemolle, bail
de Thibaut, Renaud, James et Anne, donnée à Jean Buor,
chevalier, seigneur de la Gerbaudèreet àJeanLorson, prieur
de Langle aux Chanoines pour procéder avec les autres inté-
ressés au partage des biens de la branche de Sainte-Maure ^
fArc'AiVes âfe 5owrcAe5; communiqué par M. l'abbé Ledru).
1. Ce Fouques était un cousin de Guy VIII devenu, au dire
du P. Anselme, son gendre, vers 1400.
2. Cette procuration est copiée à la suite du partage du 13
mars 1419.
- i^9 —
1138. — 1419, V. s., 4 mars. — Lettres de Guillaume
Odard portant procuration à maître Harbert Tannay de pro-
céder avec les intéressés au partage des biens de la branche
de Sainte-Maure* (Archiç>es de Sourches, communiqué par
M. l'abbé Ledru).
1139. — 1419, V. s., 7 mars. — Lettres par lesquelles
Guy VIII de la Rochefoucauld et Marguerite de Craon don-
nent pouvoir à Jean de Cramault, Simon Tizon et Jean de
Foulcuer de procéder au partage du patrimoine de la bran-
che de Sainte-Maure avec Louis Chabot, Guillaume Odard,
et Louise de Craon, dame de Hangest^ (Archives de Sour-
ches, communiqué par M. l'abbé Ledru).
1140. — 1419, V. .s., 13 mars. — Partage des biens de la
branche de Sainte-Maure ; y prennent part : Guy VIII de la
Rochefoucauld et Marguerite ; Thibaud, Renaud, Jeannette
et Anne Chabot, sous le bail de Louis Chabot, veuf de Marie
de Craon, leur mère ; Pierre et Guillemette Odard, sous le
bail de Guillaume Odard, veuf d'Isabeau de Craon, leur
mùre^ (Archives de Sourches, Fonds Montsoj'eau).
A tous ceulx qui ses présentes lettres verront et oiront
Pierre Bauldet, bourgeoys de Poictiers, garde du scel aux
contractz ilec establi pour très doùbté et très-puissant prince,
Monseigneur le Régent le Royaume, Daulphin de Viennois,
duc de Berry, de Touraine et conte de Poictou, salut.
Sachent tous que, en droit en la court dudit scel person-
nellement establiz, noble homme messire Jehan Buor, cheval-
lier, ou nom et comme procureur de noble et puissant mes-
1. Cette procuration est copiée en suite du partage du 13
mars 1419.
2. Cette piocuration est copiée à la suite du partage du 13
mars 1419.
3. Ce document nous était connu par les textes conservés
dans Dom Housseau, (IX, 3836) et Ba/uze {Armoires, 54, 270 où il
est iucoini)let). Celui que nous donnons ici est la copie faite par
M. l'abbé Ledru. dans les archives de Sourches. Nous en éli-
minons la formule d'enregistrement au parlement de Poitiers, le
16 mars 1419, v. s., et celle du vidimus qui en fut fait le 4 octo-
bre 1421.
- 260 -
sire Loys Chabot, chevalier, seigneur du Petit Chasteau, en
son nom et comme aiant le bail, garde, gouvernement et
administration de Thibault, Regnault, Jehannet et Anne
Chabotz, mineurs d'ans, enfans de lui et de feue dame Marie
de Craon, jadis sa femme ; et noble homme Guillaume Odart,
escuier, seigneur de Veirères, en sa personne, en son nom
et comme aiant le bail, garde et gouvernement et adminis-
tracion de damoiselle Ysabeau de Craon, jadis sa femme,
d'une part, et noble messire Jehan de Cramaut, chevalier,
en nom et comme procureur de noble homme et puissant
messire Guy de la Rochefoucault et de dame Marguerite de
Craon, sa femme, d'autre part.
Lesquelles parties et chacune d'icelles, pour tant que à
chacune peut toucher, et mesmement lesdits messire Jehan
Buor et messire Jehan de Cramault, comme procureurs des
susdits, aians povoir entre autres choses, par vertu de leurs
procuracions, lesquelles sont cy dessoubz incorporées de
transiger, pacifier et accorder, si comme par les teneurs d'i-
celles peut plus applain apparoir, ont cogneu et confessé,
congnoissent et confessent avoir transigé, pacifié et accordé
entre elles, o le plesir et congié de la court de Parlement, de
et sur les debactz meuz, ou en espérence de mouvoir, entre
elles en ladite court de Parlement sur et pour cause des suc-
cessions de feuz messire Giîillaume de Craon, de dame Je-
hanne de Montbason, sa femme, de messires Guillaume et
Jehan de Craon, chevaliers, leurs enfîans, et de chacun d'eulx
et mesmement dudit messire Jehan, qui derrier est allé de
vie à trespassement *, esquelles successions chacune desdi-
tes parties prétendoit à avoir certains droiz, parties et por-
cions, en la forme et manière qui s'ensuit :
C'est assavoir que ledit messire Guy de la Rochefouquault
et dame Margueryle de Craon, sa femme, à cause d'elle pour
tout droit et partie et porcion, partaige, eschoite et ainsnesse
à eulx appartenans, à cause que dessus, es successions des-
di-ts feuz messires Guillaume et Jehan de Craon, frères dela-
dicte Margarite, et de chacun d'eulx et pour tout aultre droit
poussent avoir et demander es successions des père et mère
1. Il faut remarauer ce texte qui établit aue le décès de Jean
de Montbazon eut lieu postérieurement à celui de son père.
— 261 —
de la dite dame Margarite, auront et retiendront doresnavant
perpétuellement et à héritage pour eux et leurs successeurs,
et qui d'eulx auront cause, toutes et chacunes les choses qui
s'ensuivent : c'est assavoir les baronnies, chasteaux et chas-
tellenies de Montbason et Saincte More, avecque les lieux de
Brandon, de Noastre et les hostelz de la Pierre du Faon, de
la Rayrerie et delà Masquière, en la ville de Tours, avecques
leurs appartenances et appendances, en payant tant seule-
ment par lesdits messsire Guy de la Rochefouquault et sa
femme toutes les charges réelles, qui par raison desdites
terres, sont espécialement deues, et qui d'ancienneté estoient
deues, paravant que feu messire Jehan de Craon feust sei-
gneur de terce, et pour raison d'iceulx.
Et lesdits messires Lois Chabot et Guillaume Odart, es nom
que dessus, auront, retendront, sont, demourent et appartien-
nent perpétuellement et par héritage tant pour eulx et les
leurs, que à ceulx qui d'eulx ont ou auront cause, et pour
dame Loyse de Craon, seur de la dite dame Margarite, si et
en tant qu'elle y devrait avoir part par raison et la coustume
du pais, les baronnies, chasteaulx, chastellenies, seigneuries
et terres avec leurs appartenances et appendences quelcon-
ques de Moncontour, Marnes, Monsoreau, Colombiers, Sa-
vonnière, Pressigné, Ferrières, Verneuil et Jarnac sur Cha-
rante et autres choses quelconques demourées des succes-
sions dessusdites, à partir et diviser entre ledit messire Loys
Chabot et lesdits Guillaume Odart et dame Loyse, si et en
tant qu'elle y pourroit et devroit partir, par telles parties et
percions comme par raison, usaiges et coustumes du païs se
devra faire ; réservé au dit messire Loys que ledit Guillaume
Odart ne prandra rien es biens des successions desdits mes-
sire Guillaume le père et dame Jehanne la mère ny en autre
droit qui audit messire Loys pourroit appartenir par lequel il
les poura avoir et demander, sans ce que parcest présent con-
tractz soit fait aucun préjudice à l'une partie ne à l'autre
touschan le fait desdits messires Loys et Odart.
Et en outre, auront lesdits messires Loys Cliabot et Guil-
laume Odart tous et chacuns les biens meubles demeurez
du décès dudit feu messire Jehan de Craon ; c'est assavoir à
chacun d'eulx par telle partie et porcion, comme il appartien-
17
— 262 —
dra par raison, avecques toutes et chacunes les revenus et
prouffiz de la dite succession.
Et a promis et promet ledit procureur desdits mes-
sire Guy de la Rochefouquaut et de sadite femme rendre et
paier ausdits messires Loys Chabot et Guillaume Odart tout
ce que eulx, ou autres en nom d'eux, auront et ont eu, levé et
parceu des terres et choses contencieuses. Et la main du roy
notre sire aultres mises et apposées sur lesdites choses, pour
le débat desdites parties ou autres, est et sera lever pour et
au proufïit desdictes parties, par telle partie et porcion comme
à chescune d'elles pourra toucher et appartenir par le con-
tenu de cest accord.
Et parmy ce les dessusdits messire Loys et Guillaume
Odart seront tenuz de tenir quictes lesdits messire Guy de la
Rochefouquault et sa femme de toutes autres charges per-
sonnelles réelles et mixtes et généralles ou espéciales, soient
rentes, arréraiges ou autres debtez quelconques, tout par
la forme et manière que dessus est dit. Et en rendant et
payant par lesdits de la Rochefouquault et sa femme aux-
dits messire Loys Chabot et Guillaume Odart ou aux leurs
les meubles et revenus dessusdits qu'ilz ou autres pour eulx
auront eu et prins.
Et avecques ce est parlé et accordé entre lesdites parties
que lesdits messires Loys Chabot et Guillaume Odart con-
tenteront ladite dame Loyse de la partie et porcion et es-
choite qu'il luy pourroit appartenir par raison, l'usaige et la
coutume du pays esdites succesuions et chacunes d'icelles,
se aucunes lui en appartenoit, tant esdits biens meubles,
comme esdits héritaiges qui leur demeurent, parmi ce que
s'il est trouvé que ladite dame Loyse ne doye rien avoir, sa
partie demourée est et demoure dès maintenant ausdits
messires Loys et Guillaume Odard esdits noms, sans ce que
ledit messire Guy ne sadite femme y puissent rien deman-
der. Et ont promettent lesdits Guillaume Odart
Et aussi acquiteront (Loys Chabot et Guillaume Odart)
lesdictes terres de Montbason, saincte More, Noastre, la
Pierre, la Rayerie, et la Masquière de tout ce que pourroit
demander par douaire dame Jacqueline de Montagu, jadis
femme de feu messire Jehan de Craon dessus nommé.
- 263 -
Donné et fait le XIIP jour du moys de mars, l'an mil quatre
cens et dix neuf.
1141. — 1419, V. s., 16 mars, Poitiers. — Décision du Par-
lement homologant le partage du 13 mars 1419 des biens de
la branche de Sainte-Maure * (Archives de Sourches^ com-
muniqué par M. l'abbé Ledru).
1142. — 1420, 12 juin. — Nomination d'arbitres pour infor-
mer sur les droits de pêche à Fontcher et éteindre une vieille
action intentée aux possesseurs successifs de Coulombiers,
Guillaume II, Marguerite de Graon, puis Louis Ghabot (Note
du Trésor généalogique) .
1143. — 1421. — Vente par JeanI deMaillyetMarie de Han-
gest de Quiry au chapitre d'Amiens (Note de la Morlière à
la page 273 de son Recueil des illustres maisons de Picar-
die et du P. Anselme, VI, 740).
1144. — 1421, juin, Paris. — Lettres de Gharles VI accor-
dant rémission à Henriet le Gros, qui, ayant abandonné le
service de la dame de Montbazon, fixée alors à Malesherbes,
avait pris part aux actes de pillage de la garnison de Meaux
(Longnon, Paris pendant la domination anglaise. 1420-
1436, p. 17).
1145. — 1422, 18 juin. — Pierre Baillet, écuyer, tuteur de
Jean, fils de Jean d'Auvillers, relève deux fiefs de la succes-
sion de ce dernier (Arch. de l'abbaye de Gorbie, note du
Trésor généalogique).
1146. — 1422, 21 juin. — Gontrat de mariage de Thibaut
Chabot^ et de Brunissant d'Argenton (B. N., Baluze, Ar-
moires, 54, 257).
1147. — 1423, 8 août, Bourges. — Lettres de Charles VII
1. C'est la copie de cet acte qui renferme in extenso les numé-
ros 1137, 1138, 1139, 1140 du Cartulaire.
2. Thibault fut tué en 1428 à la journée des Harengs.
- 264 —
faisant don à Thibault IV Ciiabol des terres pouvant appar-
tenir à sa tante, Louise de Craon, sur les héritages de Guil-
laume de Craon, de Jeanne de Montbazon, ses père et mère,
et de Guillaume et Jean, ses frères (Sandret, Maison de Cha-
bot, p. 282).
1148. — 1424, 2 septembre. — Arrêt du Parlement homo-
logant l'accord attribuant aux descendants d'Isabelle de
Craon : Pressigny, Verneuil et Perrière ; à ceux de Marie :
Moncontour, Marnes, Montsoreau, Coulombiers, Savonniè-
res, et Jarnac-sur-Charente (B. N., Baluze, Armoires, 54,
245).
1149. — 1424, 10 octobre. — Testament d'Olivier do
Mauny, seigneur de Torigni (Arc. d' Eure-et-Loir e, E, 2723).
1150. — 1426, V. s., 17 mars. — Testament d'Isabelle d'U-
sage, dame de Saint-Aignan, épouse de Jean de Mornay, veuve
en premières noces d'Hervé de Mauny, et mère de Guillaume,
seigneur de Saint-Aignan. Elle demande à être ensevelie dans
l'église de Nantilly (Note de Laisné, prieur de Mondonville
dans Mémoires de la Société d'Eure-et-Loir, IV, 159 et B.
N., Du Chesne, 54, 720).
1151. — 1427, 6 juin. — Contrat de mariage de François
de Chaunay écuyer, fils de Guillaume de Chaunay et de
Marie de Beauçay, avec Catherine de la Rochefoucauld, fdle
de Guy VIII et de Marguerite de Craon (Note, Dom Hous-
seau, XIP6854).
1152. — 1428, 12 décembre. — Arrentement par Margue-
rite de Craon d'un logis, près Sainte-Maure (Société de
Touraine, t. VI, 277).
1153. — 1428, 24 décembre, Chinon. — Lettres du roi qui
établissent que Marguerite de Craon est veuve (Note de Dom
Housseau, XII-2, 7019).
1154. — 1429, 9 avril, Paris. — Lettres par lesquelles
Henri VI donne à Guillaume de Châteauvillain l'hôtel du
- i65 -
seigneur de la Rochefoucauld (Longnon, Paris pendant la
domination anglaise^ p. 296).
1155. — 1429, 7 septembre. — Acte de foi et hommage
pour Sainte-Maure et Nouâtre fait par Marguerite de Craon,
veuve de Guy^ de la Rochefoucauld (Note, Dom Ilousseau,
XlIP, 8019).
1156. — 1429, 9 décembre. — Transaction entre Margue-
rite de Craon et Guillaume Lesage, curé de Montbazon (Note
de Dom Rousseau, XIP, 6917).
1157. — 1429, V. s., 3 février. — Accord entre Marguerite
de Craon et Jean Bazilleau, seigneur de Baigneux, époux
d'Isabeau Gautier, au sujet des fortifications de Baigneux
(Dom Housseau, XIIP 8120).
1158. — 1429, V. s., 18 mars. — Transaction entre le cha-
pitre de Tours, d'une part, Marguerite de Craon et Ay-
mard de la Rochefoucauld, de l'autre^ au sujet de l'amortisse-
ment des rentes données au chapitre par Guillaume I et Guy
de Craon (Note, Société de Touraine, VI, 277).
1159. — 1430, 8 avril. — Aveu reçu par Marguerite de
Craon, dame de Nouâtre, émanant de Jean Gueffaut pour
Argenlon (Note du Dictionnaire d' Indre-et-Loire, IV, 398 et
Dom Housseau, XIIP, 8141).
1160. — 1430, 19 décembre. — Aveu de Jean Isoré à Mar-
guerite de Craon (Note, Dom Housseau, XIP, 7073).
1161. — 1430, V. s., 5 février. — Bail de la Paponnnière,
passé par Marguerite de Craon (Note, Société de Touraine,
VI, 278).
1162. — 1431. 20 avril, Poitiers. — Accord entre Fou-
1. Ou rétablit ici le nom de Guy à la place de celui do Fouques
que portent />om Housseau et l'inventaire analysé dans les Mé-
moires de la Société de Touraine. VI, 278.
— 266 —
cault de la Rochefoucauld et Aymard, son frère de père et de
mère, afin d'égaliser la part de ce dernier (Dom Housseau^
IX, 3863) K
1163. — 1432, 12 mai. — Lettres constatant que Margue-
rite de Craon autorise son fils Aymard à asseoir le douaire de
sa femme sur Nouâtre^ [Dom Housseau, t. XIP, 6856).
1164. — 1434, 14 juin, Chinon. — Sentence sur le diffé-
rend qui existait entre Marmoutier et le seigneur de Coulom-
biers au sujet de la pêche à Fontcher (Dom Housseau^ 3874).
1165. — 1435. — Aveu rendu à Marguerite de Craon (Ba-
luze. Armoires^ 54, 274).
1166. — 1435, 20 juillet, Loudun. — Accord entre Guil-
laume Odard et Louise de Loigny, sa belle-fille, sur l'assiette
des deux cents livres de rente, auxquelles elle avait droit pour
douaire et sur les payements des arrérages. On y apprend :
1° Que le mariage de Pierre avec Louise de Loigny s'était
fait par contrat passé à Angers, le l^*" mai 1420.
2° Que Françoise Odard était l'unique enfant de leur al-
liance.
3° Que Pierre Odard avait été tué en août 1424 à la jour-
née de Verneuil (Archives de Sourches^ communiqué par
M. l'abbé Ledru).
1167. — 1435, 3 septembre. — Accord homologué par le
Parlement, passé par le duc d'Alençon avec : 1° Marguerite
de Craon ; 2° Brunissant d'Argenton, veuve de Thibaud
Chabot, bail de ses enfants mineurs ; 3° Bertrand de la Jaille,
à cause de Guillemette Odard, et Louise de Loigny, veuve
de Pierre Odard, ayant le bail de Françoise Odard, sa fille.
1. Il faut remarquer que le rédacteur de l'analyse conservée
par Dom Housseau n'y a maintenu que des bribes de l'origi-
nal ; peut-être n'a-t-il pas compris le passage où la différence des
origines maternelles était indiquée. Voir le numéro 1163.
2. Dans cet acte Marguerite qualifie ainsi Aymard « chevalier,
son fils et son héritier présomptif, seul et pour le tout. »
- -267 -
Le duc d'Alençon y reçoit 120 livres de rente qu'il réclamait
des descendants de Renaud de Montbazon, qui avait aliéné
cette rente afin de trouver l'argent nécessaire pour racheter
sa liberté* (Arch. nat., X*^ 150).
1168. — 1436-1447. — Liste de divers aveux faits à Ay-
mard de la Rochefoucauld, en qualité de seigneur de Nouâ-
tre (Carré de Busserolle, Dictionnaire, IV, 399).
1169. — 1437. décembre. — Vente par Jean d'Auvillers,
chevalier, à l'abbaye du Mont-Saint-Quentin de Courcelles,
qu'il tenait en héritage de son père, lequel l'avait acquis de
feu Hector Buridan (Trésor généalogique).
1170. — 1437, V. s., 21 mars. — Vente par Jean d'Auvil-
lers, chevalier, domicilié à Bray-sur-Somme, de la carrière
de Buyres, tenue de Louis de Waziers, écuyer, à Gilles Lar-
denois et à Marguerite de Lattre, sa femme (Trésor généa-
logique).
1171. — 1438, 21 juillet. — Acte du Parlement où sont
énumérés les enfants de. Renaud de Maulevrier et de Béatrix
de Craon (Alouis, Les Coesmes^ I, 1370-1508, p. 134).
1172. — 1438, 25 novembre, Chinon. — Acte par lequel
Jean d'Auvillers vend à Brunissant d'Argenton, bail des en-
fants nés d'elle et de Thibaut Chabot, tous les droits des des-
cendants de Louise de Craon, sur le patrimoine de la branche
de Sainte-Maure * (Archives des Sourches, Fonds Montso-
reau^ communiqué par M. l'abbé Ledru).
1. Cet accord nous était connu par la copie, qui s'en trouve dans
Dom Rousseau, (XII^, 6857) ; nous devons remercier M. Bruel,
qui a pris la peine d'en examiner pour nous l'original, et s'est
assuré qu'il contenait bien l'aflirmation erronée que Jeanne de
Montbazon était lille d'Eustachie d'Anthenaise, et que aucun des
descendants de Louise de Craon, ni d'Hangest, m d'Auvillers,
n'y avait i)ris part.
1. Malgré sa longueur ce document est inséré ici in extenso
parce qu'il fournit des renseignements qu'on chercherait vaine-
ment ailleurs. On s'abstient de reproduire les formules d'un vi-
dimusdu 2 juillet 1462, fait pour la production de la pièce lors d'un
— 268 —
Sachent... que comme plusieurs contens, débaz et procès
soient meuz, ou espéré à mouvoir, entre nobles et puissans
personnes messire Jehan, seigneur d'Auvillier, chevalier et
chambellan du Roy, notre sire, demandeur et complaignant
par vertu de certaines lectres royaulx en cas de saisine et de
novelleté par luy impectrées et deffendeur en pétitoire, au re-
gard de certaines debtes personnelles, rentes et arreraiges,
dont cy après sera faicte mencion, d'une part ;
Et dame Brunissant d'Argenton, vefve de feu messire Thi-
bault Chabbot, en son vivant chevalier et seigneur de la
Grève, en son nom et comme aiant le bail, garde, gouverne-
ment et administracion de Loys, Katherine, et JehanneChab-
botz, enffens dudit feu messire Thibault et d'elle defîende-
resse, et opposant oudit cas de nouvelleté, et aussi demande-
resse ouditcas de pétitoire, d'autre part ;
Pour cause et occasion de ce que ledit seigneur d'Auvillier,
comme demandeur et complaignant, disoit et propousoit que
de feu messire Guillaume de Craon et de dameJehanne de
Montbason, sa femme, seigneur et dame de Moncontour et de
Montbazon, estoient yssuz :
Messire Jehan de Craon, chevallier, et quatre filles *;
Dont l'aisnée d'icelles fdles, nommée Marguerite de Craon,
fut mariée avecques messire Guy, seigneur de la Rochefoul-
quault, dont estoit yssu et demouré messire Aymar de la Ro-
chefoulquault ^ ;
Et la seconde fille, nomméeMarie de Craon, fut mariée avec-
ques messire Loys Chabbot, sieur dudit lieu de la Grève, dont
estoit yssu ledit feu messire Thibault Chabbot, qui avoit esté
litige entre Louis Chabot et Jean de Chambes, et d'un second vidi-
mus du 16 mai 1512 pour sa production dans un litige entre Jean
de Chambes et Jean de Ghàtillon, sieur de Moncontour. Dans ses
Preuves de la Maison de Mailly, à la page 193, M. l'abbé Ledru
a publié le commencement de cet acte, lequel est donné ici d'a-
près une ancienne copie et sans qu'il soit possible de se reporter à
l'original.
1. Ce document est le seul qui donne l'ordre de primogéniture
des quatre filles de Guillaume II.
2. Aymard de la Rochefoucauld est donc bien, comme il a été
dit ci-ciessus, le seul fils issu de Guy VIII et de Marguerite de
Craon, Tous les généalogistes ont erré en donnant Foiicaud III
comme fils de Marguerite de Craon.
- 269 —
marié avecques ladite dame Brunissant et dont en mariage
estoient yssuz lesdits Loys, Katherine, et Jehanne Chabbotz,
demeurez ou bail d'elle ;
Etla tierce fille, nommée Ysabeaude Craon, avoit été mariée
avecques messire Guillaume Odart, chevalier seigneur de
Verrières, dont estoit yssu messire Pierre Odart et Guille-
mecte Odart, femme messire Berthran de la Jaille, seigneur
de la Jaille, et d'icelluy messire Pierre Odart estoit demourée
une fille nommée Françoise Odarde ;
Et la quarte fille, nommée Loyse de Craon avoit esté mariée
avecques messire Jehan, seigneur d'Auvillier, dont estoit yssu
ledit messire Jehan, sieur d'Auvillier, demandeur et complai-
gnant *.
Disoit avecques ce ledit demandeur et complaignant que
lesdits messire Guillaume de Craon et Jehanne de Montba-
son, sa femme, estoient longtemps a descédez, délessé ledit
messire Jehan de Craon, leur fils, et leurs dites quatre filles ;
et que ledit iViessire Jean de Craon, comme aisné et héritier
principal, avoit recuilly pour eulx tous les successions de
leurs dits père et mère. Et longtemps après, estoit icellily
messire Jehan de Craon allé devieàtrespassement, sans ligné
descendant de sa char, délessé ses dites quatre seurs, ou les
descendans d'elles, ses héritières seuUes et pour le tout, cha-
cune en sa légitime porcion, selon les coustumes des pays et
lieux ou les terres et seigneuries de ladite succession estoient
et sont situées et assises.
Et avec ce disoit ledit seigneur d'Auvillier qu'il s'estoit
porté et portoit comme représentant ladite dame Loyse,
sa mère, héritière simplement dudit feu messire Jehan
de Craon, son oncle, et que ses dits héritiers et cha-
cun d'eulx en ladite succession dudit feu messire Jehan
de Craon s'estoiens portez pour héritiers par bénélice d'in-
ventoire deuement bénéfice, comme il disoit ce apparoir par
les lectres royaulx dudit bénéfice, impectrées par chacune de
ses dites parties, lesquelles avoient et ont esté deument vérif-
fiécs par m.:nsieur le bailly de Touraine ou son lieutenant, cl
I. IMus loin Jean d'Auvillers dit qu'il se porte fort pour les au-
tres iK'ritioi's (le Louise ; ici cependant il ne parle pas du mariage
(le celle-ci avec Jean de Hangest.
— 270 —
décrétées par la court de Parlement. Et à ces tiltres et moyens
et tant par la généralle coustume par apelacion disant que en-
tièrement avoit droit icelluy sieur d'Auvillier, demandeur et
complaignant et estoit en bonne possession et saisine desdites
terres demourées de la succession dudit feu messire Jehan de
Craon, ou aucune des porcions et parties dessus dites, selon
les coustumes desdits pays, et sur ce propousoit et prenoit
tous partimens en matière de nouvelleté, mais que ce non,
obstant les dessus nommez, représentans les dites autres
trois seurs d'icelluy feu messire Jehan de Graon s'estoient
boutez es terres et seigneuries demourées de la dite succession,
ou de icelle partie et porcion qui luy en peult compecter et
appartenir, selon les coustumes desdits pays, et les avoient
détenues et occuppées et d'icelles prins et perceu les fruiz,
prouffiz et revenues montant à grant estimacion et valleur en
le troublant en sesdites possessions et saisines... Et pour ce
avoitimpectrées certaines lettres royaulxde complaincte, con-
tenant reliefvement de certain laps de temps, comme plus à
plain est contenu èsdites lettres, èsquelles il avoit deuement
ramené a fait contre eulx et chacun d'eulx contre l'exécucion
desquelles ; et à ce quelles ne fussent exécutées ledit messire
Aymar et dame Brunissant oudits nom avoient appelle à la
court de Parlement, et lesdits messire Berthrand de la Jaille
et Françoise Odarde s'estoient opposez, et leur avoit esté as-
signé jour en leurs opposicions à certain jour en la court des
requêtes de Tostel du Roy, notre sire, à Paris. Tendant et
requérant ledits messire Jehan sieur d'Auvillier demandeur et
complaignant contre ladite Brunissant d'Argenton èsdits
noms et portant et autres dessusdits et mesmement con-
tre ledits opposeur qu'il fut et soit maintenu et gardé en ses-
dites possessions et saisines
Et ladite dame Brunissant d'Argenton, en son nom et
comme bail desdits Loys, Katherine et Jehanne Chabbot,
ses enffans, disoit et propousoit qu'elle estoit bien d'accord
delà généalogie cy-dessus déclarée en tant que touche ledit
seigneur d'Auvillier, mais que oncques elle n'avoit troublé, ne
eust entencion de troubler et empescher icelluy demandeur en
ses droiz, possessions et saisines de ladite succession Et
pour ce, en tant que povoit toucher le restablissement et au-
— 271 -
très intérestz et despens requis par icelluy demandeur, elle
s'estoit oppousée à toutes fins. Et pour ce que, non obstant
son opposicion, le sergent exécuteur de ladite complaincte luy
fit plusieurs tors et griefz, appella delay de depans par vertu
de certaines lettres royaulx, par elle impectrées, avoit esté
ladite appellacion ,
Disoit avec ce ladite demanderesse esdits noms que ledit
messire Jehan de Craon, au temps de son trespassement, de-
voit et estoit tenu et obligé au cliappitre de Saint-Martin de
Tours en la somme de quatre cens escuz ; et à messire Phe-
lippes d'Orgemont, chevalier, par autre obligacion en la
somme de dix-huit vingts escuz ; et avecques ce estoit tenu
rendre et paier et continuer à plusieurs personnes grosses
rentes: c'est assavoir au sieur de Maillé, huit vingts dix-sept
livres de rentes ; au seigneur de Grantville* et à sa femme, à
cause d'elle, davant femme dudit messire Jehan de Craon, à
cause du traicté de mariage d'elle et d'icelluy de Craon, la
somme de huit cens livres de rentes ; à la dame de Quelin de
rente ancienne soixante quatorze septiers mine de froment,
avecques unze livres en deniers de rente ; au prieur de Saint
Cosme, près Tours, trente cinq livres de rente ; et que, par
certains acquestz de retraictz, faiz par ladite dame Brunis-
sant et sondit feu époux, desdites debtes personnelles, des ar-
reraiges desdites rentes et de principal de la partd'icelles ren-
tes, elle avoit droit et cause d'avoir et recouvrer sur toutes
les terres et seigneuries de ladite succession d'icelluy feu
messire Jehan de Craon jusques à la somme de vingt deux mil
deux cens soixante six livres en monnoie, mil trente escuz
en or et sept cens quarante cinq septiers de froment, pour le-
dites dettes personnelles et arreraiges desdites rentes, dont
ledit demandeur luy en estoit tenu au regard et pour telle
porcion qu'il povoit prétendre et demander en ladite succes-
sion, et non comprins en ce certains grans arrérages de rente
par elle paiées à Monsieur d'Alençon.
Et pour ce tendoit etrequéroit ladite dame esdits noms que
ledit seigneur d'Auvillier luy rendist et paiast ladite [)artie
1. Jean Malet, sire do Graville, second époux de Jacqueline-
de Moiitai^u.
- 27â -
et porcion desdiles sommes d'or de monnaie et debtez à elles
deues. pour cause desdites debtes personnelles et des arréra-
ges des dites rentes, ainsi acquises et retraictes. Etluyconti-
nuast ou temps advenir sa porcion d'icelles rentes, par elle
acquises et retraictes.
A quoy répliquoit icellui sieur d'Auvillier en tant qu'il es-
toit complaignant, que ladite dame, avecques ses autres cohé-
ritiers avoit prinz et relevez les fruis et revenues desdites ter-
res et seigneuries, et quoy que soit de sadite partie et por-
tion de ladite succession, et pour ce avoit bien et deuement
obtenu et fait exécuter sa dite complaincte ; et en tant qu'il
estoit deffendeur, disoit que ne savoit riens desdites debtes et
rentes et aussi des retraictz affranchisses d'icelles, et que ce
il ne voioit il ne le croioit pas ; et, supposé que ainsi fust, si
disoit il que ladicte dame et les dits autres cohéritiers
avoient pr^ns et levé les fruiz et revenues de sa dite partie et
porcion de ladite succession depuis le décès duditfeumessire
Jean de Craon et aussi les biens meubles de ladite succession
et par ainsi estoit confuse partie desdites debtes en ladite
dame et tout le surplus en sesdits autres cohéritiers, ou du
moins les devoit recouvrer, si bon luy sembloit, sur lesdits
autres cohéritiers, et non pas contre icelluy d'Auvillier.
Et ladite dame, ès-dits noms duplicquoit, au regard de
ladite cause de nouvelleté, ainsi que par elle est déclarée cy-
dessus, et en tant qu'elle estoit ou entendoit estre demande-
resse, disoit qu'elle offroit promptement et sommèrement in-
former et monstrer par lettres et autrement deuement lesdites
debtes et rentes estre dues ; et par elle et sondit feu espoux
avoir esté retraictes et racquises, excepté le principal desdi-
tes rentes de Quelin et de Sainct Cosme, et à cetiltre luy estre
deu desdites debtes personnelles et arrérages desdites rentes
jusques aux sommes d'or, de monnaie et de froment des sus dé-
clairez, sur tous les terres et seigneuries de ladite succession,
par quoy ledit sieur d'Auvillier luy estoit tenu esdites sommes,
pour tant qu'il prétendoit d'icelle succession.
Et disoit avecques ce qu'il ne seroit pas trouvé qu'elle eust
prins, levé ne exigé les fruiz et rentes de la partie et porcion
d'icelluy seigneur d'Auvillier, et si aucune chose en avoit fait
et levé, ce que non, et ne seroit que très petite partie et por-
— 273 —
cion, laquelle pour tant que mestier estoit elle offroit de des-
compler et déduire sur lesdits arreraiges. Et encore disoit que
ladite dame Loyse, mère dudit sieur d'Auvillier, avoit pris
certaine porcion des meubles dudit messire Jehan de Craon,
Parquoy icellui sieur d'Auvillier ne se povoit excuser desdi-
tes debtes. Tendant à ses fins et conclusions cy dessus re-
quises.
Et le dit seigneur d'Auvillier, en ,ce que touche ladite
cause pétitoire, disoit en duplicquent qu'il ne seroit point
trouvé ne sceu que ladite Loyse, sa mère, eust eu aucune
chose desdits biens meubles de ladite succession ; concluant
comme dessus.
Somblablement après les allégacions dessudites et plusieurs
altercacions eues, les dites parties présentes et personnelle-
ment establies en notre couH à Chinon en droit par devant
nous, soubzmectant icelles parties avant toute euvre ont
congneu et confessé que eu sus lesdits débatz, procès, désa-
cords, oie conseil et advis de leurs parens, conseilz et amis,
par grant et meure délibéracion et moyennant certaines let-
tres royaulx de congé d'accorder, ilz sont venuz et condes-
cenduz au traicté, transaccion et accord qui s'ensuit :
C'est assavoir que ledit messire Jehan, sieur d'Auvillier,
tant pour luy que pour ses frarescheurs et cohéritiers, repré-
sentant ladite dame Loyse de Craon, pour lesquelz cohéritiers
il so fait fort et leur promectz faire avoir cest fait ferme et es-
tably et les y faire lyer et obliger dedans six ans prochains
venant, et à la penne de mil livres, a vendu, octroyé, baillé,
ceddé et transporté à ladite dame ou nom et singulier prouf-
fit desdits Loys, Katherine et Jehanne Chabboz, ses enfTans,
et de leurs héritiers et successeurs tout et tel droit, nom, rai-
son, action, partie et porcion que icelluy sieur d'Auvil-
lier et sesdits frarescheur et cohéritiers povoient pré-
tendre, demander et avoir en ladite succession d'icelui
messire Jehan de Craon, et aussi es successions desdits mes-
siic Guillaume de Craon et dame Jehanne de Montbason, sa
femme, père et mère d'icelluy messire Jehan de Craon, et
seniblablement de messire Guillaume de Craon, frère d'icel-
hiy n>es8ire Jehan, si aucune chose y povoient demander et
tant on meubles, comme en terres et héritaiges et seigneuries,
- 274 —
des dites successions en quelzconques lieux, pays et parties
qu'ilz soient situées et assises à avoir, tenir et posséder des-
dits Loys, Katherine et Jehanne Chabbotz et de chacun d'eulx
pour telle partie et porcion qu'ilz prenent succéder de plain
droit ausdit de Craon pour en faire doresenavantà touz jour-
mès d'iceulx enffans et de leurs héritiers toute leur plaine vo-
lunté lesquels (cessions) sont faiz pour le pris et somme
de six mil trois cens livres, huit vingts quinze escuz d'or et
cent dix septiers de froment, c'est assavoir la somme de trois
mil livres que ladite dame ou nom de sesdits enffans paie et
baille audit seigneur d' Auvillier, ainsi et en la manière que dit
sera par cy après, et la somme de trois mil trois cens livres,
huit vingts quinze escuz et cent dix septiers de froment, qu'elle
disoit que ledit sieur d' Auvillier estoit tenu paier et rendre à
ladite dame esdictz noms, pour sa partie et porcion des debtes
personnelles et arréraiges de rentes, dont cy dessus est faicte
mencion, et lesquelz arréraiges icelluy sieur d'Auvillier a
transigé et accordé à ladite somme, comme bien certaine des
choses dessusdites.
Et de laquelle somme de trois mil livres, que paie et baille
ladite dame, ledit sieur d'Auvillier a congneu avoir eu et receu
contant neuf cent livres tournois; et du résidu d'icelle somme
de trois mil livres luy a promis paier et rendre ladite dame, à
ses propres coustz et despens, en la ville de Paris, dedans
la my karesme prochaine, venant, la somme de quatre cens
cinquante escuz d'or à présent aiant cours, pour la somme de
six cens livres à la penne de deux cens escuz d'or, à applic-
quer moictié au Roy et moictié à partie, en cas de deffault,
auquel terme, en faisant ledit paiement, ledit sieur d'Auvillier
sera tenu et a promis rendre ausdits enftans l'original des
lettres du premier mariage de ladite dame Loyse de Craon, sa
mère, ou le vidisse collationné en présence des parties, et qui
vouldra original ; et, si nécessité estoit, sera tenu ledit d'Au-
villier prester et bailler l'original ausdits enffans ; promy luy
donner cauxion et obligation souffisant, de la luy rendre, et
avecques ce compromis comme dessus ladite dame rendre et
paier audit d'Auvillier unze cens XXV escuz d'or à présent
aians cours pour mil cinq cens livres pour le reste dedans
Noël que dira mil IIII XXIX^ et en la ville de Paris et à la
peine de trois cens escuz d'or à appliquer comme dessus.
— 275 —
Et en outre pour acquiter et descharger perpétuellement
desdits sieur d'Auvillier et, sesdits frarescheurs et cohéri-
tiers, pour tant que touche leur dite partie et porcion d'icelle
cession du principal desdites charges et rentes ainsi retraic-
tes et de toutes autres debtes et charges quelconques, tou-
chant icelle succession envers sesdits cohéritiers et toutes
personnes qui Ten en pourroient faire question et n'est pascy
faite mencion de certains grans arréraiges de rente que ladite
dame a paiez à Monsieur d'Alençon, contenant qu'elle en a
tenu quicte ledit sieur d'Auvillier et sesdits héritiers et les
fera tenir quictes envers tous autres au regard de leur dite
porcion, moyennant ce que ledit sieur d'Auvillier a transporté
et ceddé ausdits enffanstout son interest etaccion, qu'il pour-
roit avoir à ladite accion.
Et est faicteceste présente vendicion o telle condition que si
lesdits Loys, Katherine et Jehanne Chabbotz décèdent sans
lignée, descendant de leur char, que ladite partie et porcion
ainsi vendue et transportée reviendra et retournera audit sieur
d'Auvillier et ses cohéritiers et leurs hoirs descenduz de leur
char seullement, lesquelx et chacun d'eulx le pourront pré-
tendre et demander, ledit cas advenu.... réservé oudit cas a
ladite dame l'usuiïruit de ladite porcion vendue sa vie durant
seullement.
Et aussi, que si le cas avenoit que ledit sieur d'Auvillier
et ses cohéritiers et les hoirs descendans de leur char décè-
dent sans lignée descendant de leur char, ladite partie et por-
cion vendue reviendront et retourneront seullement aux autres
héritiers et successeurs desdits Chabbotz acquéreur. Et est
parlé et accordèrent lesdites parties, pour ce que ledit feu
mossire Jehan de Craon, donna en son testament et der-
nière volunté^ à ladite Loyse, sa seur, la somme de mil livres
tournois de la monnoie que lors estoit cours, que ladite dame
Brunissant et sesdits enffansdemoura quicte envers ledit sieur
d'Auvillier de la partie et porcion qu'elle et ses dits enffans
pourroient devoir d'icelle somme, réservé expressément audit
éieur d'Auvillier de demander et prétendre contre les autres
héritiers dudit feu messire Jehan de Craon la partie et por-
cion quilz en dévoient et povoient devoir
1. Ce testament ne se rencontre nulle part.
— 276 -
Donné présents : messire Jehan de Vendosme, vidamnie
de Chartres, messire Guillaume, seigneur d'Argenton père
de lad. dame, Jehan Doaizon, escuier, messire Francoys de
Beaumont, chevalier, Loys de Brepont, escuier, Gervaise du
Halay, escuier, maistre Nycolle Chauvet, lieutenant du bailly
de Touraine à Chinon, maistre Jehan Panneau, advocat du
roy notre sire en Touraine, JeHan Socaire, advocat en court
laye, Michel Perot et autres tesmoings ad ce appeliez.
Le XXV^ jour de novembre Tan de grâce mil IIIP XXXVIIÏ.
1173. — 1438, 28 novembre, Chinon. — Acte par lequel
Brunissant d'Argenton et Louis Chabot, pour onze cent
quinze écus d'or, vendent, sous faculté perpétuelle de rachat,
le fief de Verneuil à Jean Doizon de la Durandière * (Note,
p. 49, de Fierville, Documents inédits sur Philippe de Corn-
mynes).
1174. — 1438, V. s., 3 janvier. — Aveu de Guillaume
Odard, seigneur de Verrières et de Curzay, au duc d'Anjou
(Arch. Nat., P 341^ 42).
1175. — 1439, 24 septembre, Montreuil. — Acte par le-
quel Marie de Craon, veuve de Charles d'Estoutevilie, cède
à Jean de la Trémoïlle, sieur de Jonvelle, et à Jacqueline
d'Amboise, tous ses droits sur la Ferté-Bernard et Vaux en
Arrouaise (Archives de la Trémoïlle^ communiqué par M. le
vicomte d'Elbenne^).
Jehan Pocholle, bourgeois de Monstroeul, garde du scel
royal de la baillie d'Amiens en la ville et prévosté de Mons-
troeul, salut.
Devant Baudin de Bores et Pierquin de la Nesse, audi-
teurs du roi notre sire, manans l'un à Theroaenne, l'autre
1. Le 14 mai 1444 Louis Chabot, âgé de 22 ans, ratifia cette
vente.
2. Nous devons remercier ici M. le vicomte d'Elbenne qui, en
nous communiquant la copie faite par lui de ce long document,
a bien voulu nous céder la priorité de la mise au jour des curieux
renseignements sur la transmission du fief de la Ferté, qui y sont
contenus.
- 277 -
à Saint-Omer, establis par le bailli d'Amiens, au nom du roi
notre sire, furent présents :
Noble dame madame Marie de Craon, dame de Villebon,
veuve feu messire Charles d'Estouteville chevalier seigneur
de Villebon, fille et héritière de feu monsieur Antoine de
Craon, chevalier, seigneur de Beauvergier, fils de feu M.
Pierre de Craon et de madame Jehanne de Chastillon, icelle
Marie de Craon, dame de Villebon, héritière de Jehanne de
Chastillon sa grand mère\ d'une part :
Et honorable homme et sage maistre Denis François, no-
taire, secrétaire du roi notre sire, procureur de nobles et
puissantes personnes monseigneur messire Jehan de la Tré-
moïlle, chevalier, seigneur de Jonvelle et d'Iracey, conseiller,
premier chambellan et grant maistre d'ostel de monseigneur
le duc de Bourgogne, et de madame Jacqueline d'Amboise,
sa femme, par procuration du 16 septembre 1439 *.
Disans les dites parties comme despieça lesdits feux mes-
sire Pierre de Craon et Jehanne de Chastillon furent com-
munys ensemble par mariage, au traité duquel furent faites
conventions par lesquelles entre autres, feu messire Guil-
laume de Craon, chevalier et madame Marguerite de Flan-
dres, père et mère dudit feu Pierre, et aussi de feu messire
Guillaume de Craon, sieur de Marcillac, frère aîné dudit
Pierre de Craon, promirent bailler audit Pierre et à Jehanne
de Chastillon, ung chastel avec 400 livres de rente pour en joyr
durant les vies desdits Guillaume et Marguerite de Flandres,
père et mère desdits Pierre et Guillaume, lesquels chastel et
rente lesdits Guillaume et sa femme ne donnèrent pas. Par
quoy, furent deubz à cause des arrérages, 9,500 livres tour-
nois et plus. Avec ce estoient tenus lesdits Guillaume de
Craon et Marguerite de Flandres et le dit messire Guillaume
de Craon, leur fils, envers lesdits Pierre de Craon et Jehanne
de Chastillon, sa femme de plusieurs sommes de deniers ;
pour occasion de ce, débat se mut entre eux.
1. Ces renseignements sur la veuve de Charles d'Estouteville
sont précieux car ils réfutent les généalogistes qui ont vu en
elle la fille de Jean de la Suze, épouse en premières noces de
Guy de Laval- Retz.
2. On omet ici le texte de cette procuration.
18
- ^78 -
Finalement que tant pour demeurer quittes desdits 400 livres
de rente arrérages et deniers dus audit Pierre de Craon et à sa
femme, et moyennant la somme de 10,000 francs, que ledit Pierre
et sa femme paièrent audit Guillaume de Craon, le fils, comme
parmi ce que lesdits Pierre et sa femme se chargèrent d'ac-
complir le testament pour les dettes desdits feux père et mère
desdits Pierre et Guillaume de Craon, frères, et aussi pour
demeurer quittes de toutes autres choses que lesdits mariés
pourraient demander audit messire Guillaume le fils, et à
messire Almaury de Craon, son fils aîné ; lesdits messires
Guillaume le fils, et Almaury de Craon et aussi lesdits père
et mère desdits Guillaume et Pierre, frères, voulure et con-
sentirent tous que :
Après le trespas et décès d'iceux feu messire Guillaume le
père et madame Marguerite de Flandres, sa femme, que au-
dit messire Pierre de Craon et madame Jehanne de Chastil-
lon, fussent, compétassent et apparteinssent les ville, chas-
tel, terre, seigneurie et appartenances de laFerté-Bernard,
pour en joyr par ledit messire Pierre de Craon et sa femme,
après le trespas desdits, comme de leur propre chose. Et
pour ce, dès lors furent fais certains transpors desdits ville,
chastel, terre, seigneurie et appartenances de la dite Ferté,
et tous les acquestz que lesditz monsieur Guillaume de Craon
et madame Marguerite sa femme, père et mère des dessus dits
frères chevaliers, y avoient fais ou feroient ou temps advenir,
retenu par eulx les fruis et revenus de la dite terre et sei-
gneurie durant leurs vies, ainsi que plus à plain on dit estre
contenu es lettres desdits transpors *.
Depuis lesquels transpors fais, lesdits feux monsieur Guil-
laume de Craon et madame Marguerite de Flandres, sa
femme, sont aies de vie à trespas, délaissiés lesdits monsieur
Pierre de Craon et madame Jehenne de Chastillon, qui, après
iceulx trespas, par le moien desdits transpors, ont par long-
temps entièrement joy de la dite terre, seigneurie, revenus et
appartenances de la Ferté, parce que l'usuffruit, parles tres-
1. Tous ces détails sont restés jusqu'ici inconnus. Il faut re-
marquer aussi la mention de cet Amaury, fils aîné de Guillaume II,
omis par tous les historiens.
- 279 -
pas dessusdits, fut et a été consolidé avec la propriété. Et
pour ce que ledit monsieur Pierre de Craon, durant le ma-
riage de lui et de ladite madame Jehanne de Chastillon et
icelle dame vendirent et transportèrent à tousjours la terre
de Rosay en Therasche, avec plusieurs autres terres apparte-
nant à ladite dame, qui estaient propre héritage d'elle, dont
de ce ledit messire Pierre de Craon, son mari, la promist
récompenser de la somme de 1500 livres de rente, et que de-
puis il assist et assigna à la dite dame sa femme, à les avoir
et prendre chacun an, sur ladite terre, seigneurie, revenus et
appartenances de la dite Ferté-Bernard, que il obligea et ypo-
thecqua pour ce et volt estre obligiez et ypothecques envers
ladite dame sa femme, ses héritiers etaians cause desdits 1500
livres de rente, voulant qu'ils sortissent nature de propre héri-
tage d'elle tout ainsi et par la manière que plus à plain on dit
estre contenu es lettres de recompensacion sur ce faites.
Après lesquelles choses, ledit M. Pierre de Craon est alez
de vie à trespassement, délaissant ladite madame Jehanne de
Chastillon, sa femme, qui l'a sourvesque, par quoy, le douaire
d'elle a eu lieu qui est et doit estre douaire coustumier, qui
selon la coustume et usage de la court du Maine, où ladite
terre et seigneurie de la Ferté-Bernard et autres terres de-
mourées du déceps dudit feu monsieur Pierre de Craon sont
assises et scituées, de la moitié desdits chastel, terre, sei-
gneuries, revenus et appartenances de la Ferté, à la vie d'elle,
à cause dudit douaire. A laquelle dame aussi devait apparte-
nir par l'acquest fait d'icelle terre et seigneurie durant leur
dit mariage, l'autre moitié d'icelle terre pour en joyr par
elle comme de son héritaige par ladite coutume. Et par ainsi,
à ladite madame Jehanne de Chastillon compéta lors la moi-
tié de ladite terre à vie, et l'autre moitié à héritage. Et sur ledit
moitié à vie, devoit estre recompensée desdits 1500 livres de
rente, ou cas que ladite terre seroit conquest fait par ledit feu
monsieur Pierre de Craon durant le mariage de lui et d'elle.
Et au cas qu'icelle terre et seigneurie de la Ferté ne serait
trouvée estre conquest, fait par ledit feu monsieur Pierre, et
que ce fut son propre héritage, si devait ladite madame Je-
hanne de Chastillon avoir la tierce partie de la dite terre et
seigneurie de la Ferté pour son douaire, pour en joir sa vie
- :280 -
durant, et aussi de la tierce partie de tous les propres héri-
tages demourés du déceps d'icelui monsieur Pierre, son mari,
par la coustume dudit païs et comté du Maine. Et si devoit
oultre estre récompensée desdits 1500 livres de rente.
Et pour ce que, pieça et durant la vie dudit messire Pierre
de Craon, le roy de Sicille, duc d'Anjou, si se ensaisina de
ladite terre et seigneurie de la Ferté, ladite madame Jehanne
de Chastillon, après le trespas dudit messire Pierre de
Craon, son mari, fît convenir et appeler ledit roy de Sicille
en la cour de Parlement pour raison et à cause des choses
dessusdites. Et depuis ont lesdites parties enicelle courplai-
dié au long. Et tant qu'elles ont esté appointées en faiz con-
traires et en enqueste.
Or est ainsi que ladite madame Jeanne de Chastillon est.
aléa de vie à trespassement, délaissées ladite madame Marie
de Craon, dame de Villebon, fille dudit feu messire Anthoine
de Craon, fils desdits feuz monsieur Pierre de Craon et ma-
dame Jehanne de Chastillon, sa femme comme dit est, son
héritière, en tant au moins en la plus grande partie, des héri-
tages, bois et choses demourés de son déceps. Et par ces
moiens, à ladite dame Marie de Craon, dame de Villebon de
présent, sont, compétent et appartiennent, tous les droits, par-
ties et porcions des choses dessus dites, dont estoit et est
question entre ledit roy de Sicille et ladite feue madame Je-
hanne de Chastillon, que que soit la plus grande partie dicel-
les choses. Et avec ce, luicompettoit et appartenoit, compette
et appartient, la terre et seigneurie de Vaulx en Arraise,tant
par la succession dudit feu monsieur Antoine de Craon, père,
comme aultrement, comme toutes ces choses, ladite madame
Marie de Craon disoit et afferma.
Et ledit procureur oudit nom, disoit au contraire, que tout-
tes les choses dessus dites ne appartenoient ne povoient ap-
partenir à ladite dame Marie de Craon par la succession de
la dits feue madame Jehanne de Chastillon parce que icelle
feue dame en son vivant, a fait donation de 400 livres de rente
sur ladite terre, seigneurie, revenus et appartenances de la
Ferté, et surtout le droit qu'elle y povoit avoir, ausdits sei-
gneur et dame de Jonvelle, hirétablement à tousjours. Disoit
pareillement ledit procureur, que tous les droits dessusdits
— 281 —
et autres, demeurez du décès de la dite madame Jehanne de
Chastillon ne pooient, pevent ni doivent pas du tout apparte-
nir à la dite madame Marie de Craon, parce que du mariage
dudit feu monsieur Pierre de Craon et de ladite feue madame
Jehanne de Chastillon, yssi avœucques ledit feu messire An-
thoine de Craon, une fille nommée Jehanne de Craon*, laquelle
depuis fut conjointte par mariage avœucques feu monsieur
Ingergier d'Amboise, seigneur de Roche-Corbon, duquel
mariage sont yssus plusieurs enffans : c'est assavoir, ladite
madame de Jonvelle et autres, lesquelx sont en pareil degré
que est ladite madame Marie de Craon, dame de Villebon,
et habiles pour venir avec elle à la succession de ladite feue
madame Jehanne de Chastillon, en rapportant les choses
baillées en mariage à la dite Jehanne de Craon, au traictié du
mariage dudit messire Ingergier d'Amboise et d'elle, comme
len dit.
A cause desquelles choses, lesdites parties; c'est assavoir
ledit seigneur et dame de Jonvelle, d'une part ; et ladite ma-
dame Marie de Craon, dame de Villebon, d'autre part, es-
toient en veue d'entrer en procès.
Pour lesquels apaisier et eschiener lesdites parties, èsdits
noms, c'est assavoir ladite madame Marie de Craon, dame
de Villebon, en son nom et comme héritière et ayant cause,
aux causes et moiens que dessus, tant dudit feu monsieur
Antoine de Craon, son père, comme de ladite feue Jehanne
de Chastillon, sa grand mère, comme elle disoit, d'une part,
et ledit M^ Denis-François, audit nom procuratoire, et pour
lesdits seigneur et dame de Jonvelle, d'autre part.
Pour nourir et entretenir paix et amour entre elles, pour
considération de ce que lesdites dames sont cousines germai-
nes et pour obvier à tous procès, frais, missions et despens
meismement ladite madame Marie de Craon, qui est vefve
et n'a nulz enfîans, considérant que les choses, héritages et
droits à elle venus et appartenants par le déceps de ladite
1. Voici la preuve que tous les généalogistes se sont trompes
en faisant de cette Jeanne unelille de Pierre de iaSuze. Elle était
nile de Pierre de la Ferté-Bernard et épousa successivement In-
K^if^or II d'Amboise et Pierre de Beauvau.
— 282 —
feue madame Jehanne de Chastillon, sa grand mère, sont
grandement chargéez, tant envers lesdits seigneur et dame
de Jonvelle, comme autres ; et si, sont en débat et procès
contre si grant partie comme est le Roy de Sicille, qui a lon-
guement duré et est taillié de faire, et que ledit procès est
doubteux et périlleux, pour lequel poursuivre et soustenir,
fault et faudra faire grans frais, missions et despens, que
bonnement ladite madame Marie ne poroit faire, supporter ne
soustenir, et que en icelles choses lesdits seigneur et dame de
Jonvelle ont aucuns droits et porcions, tant à cause de la do-
nation à eux faite par la dite feue madame Jehanne de Chas-
tillon, comme autrement. De, et pour occasion des choses
dessus dites, circonstances et dépendances, de leurs bons
grez, bonnes vouluntez, propres mouvement et certaines
sciences, sans aucune force, fraulde, erreur, contrainte, lé-
sion, circonvention, decepvance ou induction frauduleuse, sur
ce bien advisés, pourvus, conseillés et délibérez, meisme-
ment ladite madame Marie de Craon, par Tadvis, conseil et
délibération tant de madame de Beau-Vergier *, sa mère,
comme d'autres, ses parens, amis et conseillers, comme elles
disoient, affermèrent, recognurent et confessèrent, par le
congié, licence et auctorité à elle donnés et octroie en ceste
partie par le Roi nostre sire par ses lettres patentes, données
le 22^ jour d'aoust derrenier passé, dont il estapparu auxdits
auditeurs ; avoir traité, transigé, pacefié, composé et ac-
cordé, et encore d'abundant, par la teneur de ces présentes,
pour les causes et considérations cy dessus touchées, et au-
tres ad ce les mouvans, traitent, transigent, pacifient, com-
posent et accordent ensemble amiablement, de bonne foi, et
l'une partie avec l'autre, en et par la fourme et manière qu'il
s'ensuit.
C'est assavoir, que ladite madame Marie de Craon, dame
de Villebon, pour les causes dessusdites et pour la grand af-
fection et vraie amour naturelle qu'elle avoit et a ausdits sei-
1. Jeanne de Hondschoote, vers août 1405, était devenue l'é-
pouse d'Antoine de Craon, fils unique de Pierre de la Ferté. Cette
mention montre que son existence se prolongea jusqu'en 1439. An-
toine avait été tué à Azincourt, le 25 octobre 1415.
- -288 -
gneur et dame de Jonvelle, et la proximité de lignage, dont
lesdites dames ataignent l'une à l'autre, avoit et a cédé, quitté,
transporté et délaissié, et par ces présentes, cède, quitte,
transporte et délaisse dès maintenant à tousjours, et promet
garantir, délivrer et défendre de tous troubles et empesche-
ments quelconques touchant et regardans ses fais, debtes,
promesses et obligations tant seulement ausdits monsieur
Jehan de la Trémoïlle, seigneur de Jonvelle, et madame Jac-
queline d'Ambroise, sa femme, pour eux, leurs hoirs et aians
cause ou temps advenir, tous tels drois, pars, porcions, noms,
raisons, causes, demandes, poursuintes et actions et tous ar-
rérages de rente, de douaire, de revenue au autres choses
quelxconques que ladite madame Marie de Craon avoit, pooit
et devoit avoir demander et réclamer tantesdite ville, chastel,
terre, seigneurie, revenus et appartenances de la Ferté-Ber-
nard, et en ladite terre et seigneurie appartenances de Vaulx
en Arraise, qui lui sont inutiles et de nulle valeur, et n'es-
toient pas taill (sic) de lui valoir ne venir à pourffit desy à long-
temps, au mieux venir, pour les debaz et procès dessusdits ;
comme généralement en tous autres biens meubles, debtes,
arrérages, droits et autres choses quelxconques à elle appar-
tenant, venus et escheus et qui lui poeuent et doivent compé-
ter ou appartenir aux causes et moyens que dessus, par les
trespas, successions, eschoiries, tant de la dite feue madame
Jehanne de Chastillon, dame de la dite Ferté-Bernard, sa
grant mère, comme dudit feu monsieur Antoine de Craon,
son père, jadis, desdits feulx monsieur Pierre de Craon et
madame Jehanne de Chastillon qu'ils et ou qu'ilz soient scitués
et assis, ne comment qu'ils soient dits, nommés et appelés....
Parmi et moyennant le pris et somme de 300 francs de rente
annuelle ou pension à vie, que lesdits seigneur et dame de
Jonvelle, nonobstant les grandes charges 'qu'ils ont à suppor-
ter, pour la bonne amour.... et aidiés à soustenir son estât,
et en recompensation payables en la ville de Saint-
Omer, en monnoie de Flandres (32 gros de Flandres |)our
chacun franc), également aux termes de Pasques et Saint
Rémy, par moitié ; à partir de Pasques prochain. Et avec ce,
lesdits seigneurs et dame ont promis de bailler et délivrer à
ladilc Mar-ic de Cracui, dame de Villebon, sa vie durant, loo-js
— 284 —
et demourance en l'une des places dudit seigneur de Jon-
velle pour icelle dame ou son estât, ou cas qu'elle ne serait
en lien de mairaige. Et au cas cas où Jacqueline d'Ambroise
mourrait avant le seigneur de Jonvelle, ou après lui sans
enfants, tous les droits de ce présent traité seraient ac-
quis audit seigneur ou aux siens de son côté et ligne,
sans que les héritiers de Marie de Craon puissent y pré-'
tendre. Et ladite dame de Villebon établit pour ce, procu-
reurs et substituts généraux et spéciaux et irrévocables, Ro-
bert de Tournay, sire Jean Billon, prestre, maître Jehan
Pitre, maître Aignan Viole, Jaque de Lespine, Andrieu Poi-
vre, Jehan Derbon, Pierre Dercle, Guillaume Potin, Pierre
Bouet et le porteur des présentes, auxquelles lesdites parties
et ladite Marie de Craon donnent mandement irrévocable
pour les représenter devant le roi notre sire ou les seigneurs
de qui lesdites terres, forteresses, seigneuries et appartenan-
ces de la Ferté et autres, sont tenues et mouvants, leurs bail-
lis, gardes de justice, gens et officiers.... Et établissent pour
ce lesdites parties les procureurs susdits et le porteur des
présentes,.... comme feroient si présents étoient.... par poier
les coûts et dommages qui pourroient être dus par leur
coulpe
Accordent qife' au vidimus de ces lettres, fait sous scel royal
ou autre autentique, foy soit ajoutée comme au présent ori-
ginal. Et ont lesdites parties et procureur en personne recu-
le commandement du roy nostre sire, dont lesdits audi-
teurs ont témoigné la vérité par leurs seaulx. Et nous, à leur
témoignage, avons mis à ces lettres le scel de baillie, sauf le
droit du roi notre sire et d'autrui en ces choses.
Ce fut fait, recongnu et passé, en l'an de grâce
MCCCCXXXIX, leXXIV^jourdu mois de septembre.
1176. — 1439, 14 octobre. — Lettres par lesquelles Bau-
douin de Noyelle donne quittance de 292 livres, sur lés ga-
ges de son office de gouverneur et bailli de Péronne (De
Banville, Documents inédits^ II, 145).
1177. — 1440 \ 12 avril. — Bail par Aymard de la Roche-
1. On a compté 1440 depuis le 27 mars jusqu'au 16 avril 1441.
- 285 —
foucauld à Michau Poignac (Note des Mémoires de la So-
ciété de Touraine, VI, 278).
1178. — 1440, 30 décembre. — Lettres par lesquelles Bru-
nissant d'Argenton et Guillaume d'Argenton, bailliste et
curateur de Louis Chabot, s'engagent à garantir contre tous
la vente de Pressigny et de Perrière, faite à Bertrand de
Beauvau, seigneur de Précigné (Note du Trésor généalogi-
que).
1179. — 1441, 15 novembre. — Certificat délivré par Bau-
douin de Noyelle, concernant l'adjudication de Baux à Pé-
ronne (De Banville, Documents inédits, I, 116).
1180. — 1441, V. s., 20 janvier. — Lettres d'Aymard de la
Rochefoucauld au sujet de l'édification d'une tour au lieu de
Beauvoir, en la paroisse de Draché, que Charles de la Jaille,
seigneur de la Motte, avait fait bâtir (Note, Mémoires de la
Société de Touraine, VI, 278).
1181. — 1442, 16 décembre. — Baudouin de Noyelle cer-
tifie que les terres de Maiguelay et de Sains n'ont depuis
quatre ans aucune valeur (De Banville, Documents inédits,
I, 119).
1182. — 1442, 31 décembre. — Lettres d'Aymard de la
Rochefoucauld portant bail d'une place au bourg de Blanche-
Epine à Sauxon de Fais (Note, Mémoires de la Société de
Touraine, VL 279).
1183. — 1443, V. s., 4 février. — Aveu de Marguerite de
Mines, veuve de Jean de La Lande, à Aymard de la Roche-
foucauld (Dom Housseau, XIIP, 8071).
1184. — 1444, 16 novembre, Mondidier. — Acte par lequel
Cliarles de Noyelle, seigneur de Hangest et d'Avenescourt,
fils de Baudouin de Noyelle et de Marie de liangest, celle-ci
fille de Miles de liangest ,dit Rabâche et de Louise de Craon,
fait abandon à Jean d'Auvillers, clievalier, son oncle, de tous
ses droits sur la succession de Louise de Craon (Original,
B. N.,f. franc., 22287,55).
- 286 -
1185. — 1448, 15 juin. — Lettres d'Aymard de la Roche-
foucauld portant bail à rente au profit de Jean Moupy,
pour un pré dépendant de la Rahière (Note, Mémoires de la
Société de Tour aine, VI, 279).
1186. — 1448, V. s., 2 mars. — Lettres de Jean d'Estoute-
ville portant aliénation d'une place près la halle de Sainte-
Maure, au profit de Guillaume Greslier (Note, Mémoires de
la Société de Tour aine, VI, 279).
1187. — 1449, 11 août, Cholet. — Numéro 930.
1188. — 1450, 9 avril. — Contrat de mariage de Jean
d'Estouteville avec Françoise de la Rochefoucauld, qui lui
apporte en dot Sainte-Maure (Dom Rousseau, XIP, 6859).
1189. — 1450, 12 avril. Tours. — Lettres par lesquelles
Aymard de la Rochefoucauld et Jeanne de Martreuil vendent,
pour 1500 écus d'or, Nouâtre, Saint-Léger la Montagne.
Chabannes et le Douaire à Jean d'Estouteville* (Carré de Bus-
serolle. Dictionnaire, IV, 399).
1190. — 1451, 5 juin. — Transaction entre Aymard delà
Rochefoucauld et Jeanne Martreuil, sa femme, d'une part,
et Guy de Rochechouart, évêque de Saintes, ayant la tutelle
des enfants de Jean de Rochechouart au sujet d'une vente
faite par la dame de Monpipeau, veuve de Jean ' (Dom Hous-
seau, XIIP, 8001).
1191. — 1452, octobre. — Contrat de mariage de Jacque-
line de la Jaille, fdle de Bertrand et de Guillemette Odard ^
1. Cette vente fut annulée par l'arrêt du 11 avril 1467, numéro
1203 du Cartulaire.
1. On rétablit ici le nom de Saintes au lieu du mot Cange, que
porte le manuscrit analysé dans les Mémoires de la Société de
Touraine, VI, 280. On signale aussi sous la date du 17 janvier
1429, V. s., le second mariage de la veuve de Jean de Roche-
chouart : Jeanne Martreuil, fille de Guillaume et de Jeanne d'Ar-
genton, avec Jean Sauvestre, chevalier, seigneur de la Roche de
Lezay [Housseau, XIIP, 6855).
2. Outre Jacqueline, Bertrand de la Jaille eut quatre fils, Phi-
libert, Pierre, Hardouin et Bertrand II. L'aîné mourut avant son
— 287 -
avec Jean Auvé, fils de Simon Auvé, seigneur de Soulgé et
de Brouassin, et de feue Marguerite Clérambault (Archives
de Maine-et-Loire, E 2902, note de M. le comte de Beau-
chesne dans son Château de la Roche-Talbot).
1192. — 1453, V. s., 1 mars, Montils-lès-Tours. — Lettres
de la reine Marie portant remise des droits de rachat dus
pour le transfert de Sainte- Maure à Jean d'Estouteville, en
considération de son mariage avec Françoise de la Roche-
foucauld* (Dom Housseau, XIIP, 8021).
1193. — 1453, V. s., 11 mars. — Transaction par laquelle
Jean Lopier abandonne à Aymard de la Rochefoucauld, sei-
gneur de Montbazon, la haute justice sur Nitray (Dom IIous-
seau, XIP, 6989).
1194. — 1455, 29 avril. — Vente de deux fiefs par Jean de
Maillyl seigneur d'Auvillers et deMaumès, à l'abbaye de
Corbie (Abbé Ledru, Maison de Mailly, Preuves^ p. 212).
1195. — 1455, 18 août, Tours. — Testament d' Aymard de
la Rochefoucauld ^ Il désigne Jean d'Estouteville et Guy de
la Rochefoucauld-Mussidan, ses gendres, pour exécuteurs
testamentaires (Carré de Busserolle, Dictionnaire, IV, 299).
1190. — 1455, 1 septembre. — Vente par Jean de Mailly,
seigneur d'Auvillers, et Jeanne de Wasiers, son épouse, d'un
fief dépendant de Corbie (Note de Dom Villeneille^ dans abbé
Ledru, Maison de Mailly, p. 212 des Preuves).
1197. — 1455, V. s., 10 janvier. — Partages de la succes-
sion de Jehan d'Usages et de Jeanne de Sacé (Bib. N. Du-
père ; les trois autres furent successivement seigneurs do hi Ro-
che-Talbot (Voir comte de Beauchesne, La Roche-Talbot).
1. Ce môme acte a été analysé dans la Société de Tourai'>c,
VI, 280 sous la date du 17 mai.
2. Il est important de remanpier que dans cet acte ainsi que
dans les numéros 1196 et 1199 Jean d'Auvillers prend le nom
jiatronymique de Mailly.
3. Le testament de Jeanne de Martreuil est du 19 fc'vricr !'»(>'»,
II. s. (No 3995 de Dom Housseau).
- 288 -
chesne, t. 54, p. 369 ; communiqué par M. le marquis de
Courcival).
Sachent tous présents et advenir comme de feuz messire
Jehan d'Usaiges, chevalier et de dame Jehanne de Sacé, sa
femme, furent issus quatre filles ; c'est à savoir : Jeanne d'U-
saiges, fille aînée, Marie, Ysabelle et Guillemette d'Usaiges,
filles puisnées.
La quelle Jeanne d'Usaiges, fille aînée \ avoit esté con-
joincte avec feu Olivier, sieur de Prez, la quelle, à cause de
la succession de ses dicts père et mère, étoit dame des terres
et seigneuries d'Usaiges, Nouans, la Bouessière, Louzdraye,
Barailles, Cheré, Gères, Courpoutrain, La Rablaye.
Et ladite Marie d'Usaiges avait été mariée avec feu bouchart
de Courtremblay, duquel mariage sont issus: Jeanne de Cour-
tremblay, leur fille, la quelle avoit esté conjointe par mariage
avec feu messire Jehan d'Angennes actuellement seigneur de
Rambouillet et dudit Courtremblay ; laquelle Marie d'Usai-
ges, après le trépassement dudit feu Bouchart de Courtrem-
blay, avait été secondement mariée au dit feu messire Guy
de la Roche, du quel mariage étoient issus feu messire Guy
de la Roche, fils aîné, Guillaume de La Roche, son frère, à
présent seigneur de Milleron.
Et la diteYsabeau d'Usaiges avoit esté conjoincte par ma-
riage avec feu messire Hervé de Mauny, chevalier, duquel
étoit issu Guillaume de Mauny, à présent seigneur de Saint-
Aignan ^.
Et la dite Guillemette d'Usaiges, dernière etpuisnée fille,
avait esté conjoincte par mariage avec Jehan, sire de Thigné,
la quelle, à cause desdites successions, fut dame, en son vi-
vant de la terre de Cohardon, avec ses appartenances.
Laquelle Jehanne d'Usaiges, fille ainsnée, pour lors veuve
dudit feu sire de Prez, estoit allé de vie à trépassement sans
1. Voici un acte inédit relatif à cette Jeanne d'Usages : 1378,
1 novembre. — Accord entre Marguerite de Sourches et Jeanne
d'Usages {Arch. d'Eure-et-Loir,^ 1^^^).
2. II ne faut pas voir dans cet Hervé de Mauny celui qui en
1374, avait épousé Marie de Craon, mais le second fils de celle-ci
nommé ^Hervé lui aussi et qui fut tige des Mauny de Saint-
Aignan.'
- 289 —
hoirs de son corps, et par ce estoit sa succession advenue aux
dites Marie, Ysabelle et Guillemette d'Usaiges, ses sœurs, ou
à leur représentation ; c'est asçavoir, audit feu Jean de la
Roche, fils aîné, et audit Jehan d'Angennes, pour les deux
parts, et auxdits Guillaume de Mauny et à la dite Guille-
mette d'Usaiges pour un tiers, à chacun par moitié.
Et soit insi que ledit messire Jehan d'Usaiges eût une sœur
nommée Huette d'Usaiges, la quelle fût conjointe par ma-
riage avec feu Bouchart de l'Isle, laquelle fut dame, à cause
de la dite ligne d'Usaiges ou autrement, des terres de Dan-
geul, de Béton, des Fromenteries de Chérancé, du Breil,
de Fleuré, de Saint-Maixent et du Pin ^ Duquel mariage étoit
issu Jehan de l'Isle qui avoit esté conjoinct par mariage avec
dame Marie Riboul : duquel mariage étoit issu Jean de l'Isle,
lequel Jean de l'Isle estoit allé de vie à trépassement, sans
héritiers issus de son corps ; et estoit sa succession advenue
au regard desdites terres auxdites Marie, Ysabelle, et Guil-
lemette d'Usaiges, fdles dudit Jehan d'Usaiges, ou à leur re-
présentation ; c'est à savoir auxdits feus Jean de la Roche et
d'Angennes pour les deux parts, et aux dits Guillaume de
Maulny et de Thigné, pour le tiers.
Et de la dite Guillemette d'Usaiges étoient issus deux fils,
c'est asçavoir Amaury et René de Thigné lesquels estoient
allés de vie à trespassement sans héritiers issus de leurs
corps, et estoient leurs successions advenues auxdits Jehan
d'Angennes et de la Roche pour les deux parts par repré-
sentation de la dite Marie d'Usaiges et audit messire Guil-
laume de Mauny pour un tiers à cause de ladite Ysabeau, sa
mère. Et depuis ledit Jean de la Roche, fils aîné de la dite
Marie, est allé de vie à trespassement sans héritiers de son
corps, auquel avoit succédé ledit Guillaume de la Roche, son
père, pour les deux parts, et le dit messire Jehan d'Angen-
nes, pour un tiers.
I^^t par les généalogies et successions dessus dictes, sont
advenues les terres et seigneuries dessus dictes auxdits Guil-
laume de la Roche, Jean d'Angennes, et audit messire Guil-
laume de Mauny, qui sont à départir entr'eux, pour les por-
tions dessus déclarées.
1 . La terre du Pin est devenue le marquisat du Luart.
-- 290 -
En notrs court de Beaumont-le- Vicomte, en droict person-
sonnellement establis lesdits Guillaume de La Roche et mes-
sire Jehan d'Angennes, chevaliers, d'une part ; ledit messire
Guillaume de Mauny, d'autre part.... cognoissent et confes-
sent.... avoir faict partage entr'eux des terres et successions
dessus dictes, à eux advenues, comme dict est, en la ma-
nière qui s'en suit.
Lot de messire Guillaume de Mauny : les terres, chastel,
féage et seigneurie de Fleuré, avec toutes ses appartenances
tant terre, estangs, bois, haies, ainsi que le tenoit feu Jean
de l'Isle : Item, la terre, fief et seigneurie de Cohardon, avec
ses appartenances et dépendances ainsi que les tenoit et ex-
ploictoit feu messire Jehan de Thigné, à cause de Guillemette
d'Usaiges, sa femme ; item les terres de Saint-Maixent et Le
Pin ainsi que toutes leurs appartenances, comme les tenoit
Jean de Lisle ; item la terre, fief et seigneurie de Béton et les
Fromenteries de Chérancé, ainsi qu'ils se poursuivent et que
feu Jehan de l'Isle les exploitoit ; item, la terre, fié et domaine
du Breil et ses dépendances, ainsi que les exploitoit ledit de
l'Isle.
Et le surplus des terres desdictes successions, c'est asça-
voir les terres de la Bouessiere, Barailles, Nouans, Dan-
geul, Usaiges, Gères, Courtpoutrain, LaRablaye, demeurent
auxdits de la Roche et d'Angennes, à départir entr'eux, à
chascun pour telle portion comme il lui appartient.
Donné et adjugé en nostre court le 10 janvier 1455.
1198. — 1456-1465. — Liste d'aveux reçus par Jean d'Es-
touteville, en qualité de seigneur de Nouâtre (Carré de Bus-
serolle, Dictionnaire, IV, 399).
1199. — 1457, 28 mai. — Lettre de Jean de Mailly, d'Au-
villers et de Maumès, conseiller et chambellan du roi, et de
Jeanne de Wasiers, sa femme, portant constitution d'une
rente de 20 livres en faveur de Jacqueline, leur fille, religieuse
à Longchamps (Abbé Ledru, La Maison de Mailly, prein>es^
216).
1200. — 1457, 10 septembre, — Aveu de Guillaume de
— :291 —
Mauny, seigneur de Saint-Aignan et de Belletaille, pour
Bellesaulle (A. N., P343^35).
1201. — 1459, 4 décembre, Razilly. — Lettres par lesquel-
les Charles VII donne un an de délai pour faire hommage
pour Montbazon à Jean de la Rochefoucauld « escollier es-
tudiant en l'université d'Angiers » (Dom Housseau^ XIP
7021).
1202. — 1466., V. s., 5 janvier, Chinon. — Sentence du
lieutenant général de Chinon condamnant Théaude de Châ-
teaubriant, et Françoise Odart, sa femme, à payer à Jean de
Chambes, ayant droit du duc d'Alençon, sa part d'une rente
de douze vingts livres tournois vendue au duc d'Alençon par
Renaud de Montbazon, époux d'Eustachie d'Anthenaise,
pour se racheter des Anglais qui l'avaient fait prisonnier. On
y trouve divers détails sur les descendants de Jeanne d'An-
thenaise et on y affirme que Marguerite de Craon eut pour
fils Aymard delà Rochefoucauld* (^il/'cAiVe* de Sourckes,
communiqué par M. l'abbé Ledru).
1203. — 1467, 11 avril, Paris. — Arrêt du Parlement ré-
glant le partage de la succession de Jean de la Rochefou-
cauld. Il attribue à Françoise Montbazon, le Brandon, l'hôtel
de la Massegnière en la ville de Tours, Sainte-Maure, la Ra-
hcrie, Saint-Léger-la-Montagne ; à Marguerite et à Jeanne
Nouâtre, Saint-Pierre-du-Faon, Aizié, Hérisson, Ailliers,
Cremille, Saint-Maixent, la Saisine, La Liboslière, Maurevi-
gne mais elles doivent supporter un tiers du douaire d'Isa-
beau de Sainte-Maure, veuve de Jean^ (Carré de Busserolle,
Dictionnaire^ IV, 229).
1204. — 1467, V. s., 26 février, les Montils. — Lettres de
Louis XI, autorisant Jean du Fou et Jeanne de la Rochefou-
cauld à faire faire le guet à Nouâtre (Carré de Busserolle,
Dictionnaire, IV, 399;.
1205. — 1468, V. s., 24 mars. — Aveu rendu par Guil-
i. Foucaud III n'est pas mentionné dans cet acte.
2. Cet acte complète le P. Anselme, IV. 424, qui n'a pas men-
tioimé cette alliance de Jean.
laume de Mauny, à François de Laval, baron de Sonnois et
de Peray, par Catherine d'Alençon, son épouse, pour Tori-
gni (sic) tenu de Peray (B. N., Du Chesne, 54, 720).
1206. — 1470-1489. — Liste d'aveux reçu par Jean du Fou,
en qualité de seigneur de Nouâtre (Carré de Busserolle, Dic-
tionnairQ, IV, 400).
1207. — 1471, 11 octobre, Lyon. — Testament de Fran-
çoise de la Rochefoucauld * (Carré de Busserolle, Diction-
naire, IV, 300).
1208. — 1475, V. s., 23 février. — Lettres par lesquelles le
duc de Bretagne remet au sire de Guémené le rachat dû
par le décès de Marie de Montauban, dame de Craon et de
Landal, sa mère^ (Note de domMorice, Prem^es, III, 43).
1209. — 1489, V. s., 20 janvier. — Aveu de Jean de Saint-
Père rendu pour Sainte-Julitte à Prégent de Preuilly ' (Carré
de Busserolle, Dictionnaire, III, 415).
1210. — 1494-1500. — Liste d'aveux reçus par Jeanne de
la Rochefoucauld, en qualité de dame de Nouâtre (Carré de
Busserolle, Dictionnaire, IV, 400).
1211. — 1513, 3 juillet. — Testament de Jeanne de Mailly,
veuve d'Antoine de Hélandes, écuyer, seigneur de Montigny,
près Rouen ; elle donne au collège Montagu à Paris « ses
belles heures en parchemyn à l'usage de Romme que fist faire
sa grant mère, Louyse de Craon, fille de messire Guillaume
de Craon (A. N., M, 178, n<*6, communiqué par M. l'abbé
Ledru).
(A suivre).
A. Bertrand de Broussillon et P. de Farcy.
1. On trouve dans le même ouvrage un second testament de
la même sans date.
2. Cette Marie de Montauban, épouse de Louis I de Rohan
Guémené, se rem&ria en 1464 à Georges de la Trémoïlle et en
troisièmes noces à Jean de Karadreux, seigneur de Neuvillette.
C'est à sa deuxième alliance qu'elle devait sa qualification de
dame de Craon. Elle était grand mère de Louis III de Rohan,
époux de Renée du Fou (P. Anselme, IV, 46).
3. Cet aveu confirme ce qui a été dit ci-dessus de l'héritage de
Guy de Craon.
DOCUMENTS INÉDITS
DE GHATEAU-GONTIER
BAPTEMES DE CLOCHES
1532
« Le jeudi estant le XIP jour de décembre l'an mil
cinq cens trente et deux fust baptisée la cloche moyenne
de Sainct Jehan Baptiste de Chasteau Gontier, et fust
icelle nommée Jehan par vénérable et discret maistre
Jehan Corntiau, prestre, honorable homme syre Jehan
Delaunay, parains, et honeste femme Guyenne Erfray,
femme de honnorable sire Estienne Chariot', controlleur
et chastelain dudit Chasteau Gontier 2. »
1. Les Chariot étaient seigneurs de Luigné, près Goudray, et
non de Luigné près Saint-Lambert-de-la-Poterie, comme le dit le
Dictionnaire hist. de Maine-et-Loire, t. II, p. 562. Voir les Archives
du château de Lui^^né. — La femme de Gabriel Chariot, rece-
veur des tailles, est citée parmi les bourgeoises coquettes qui
avaient pris le chaperon de velours « pour y mettre la coitîure »
réservée aux demoiselles nobles, selon .T. Louvet, en 1573 ; elle
se tua d'un coup de couteau. Elle était lille d'André de l'IIummeau,
« sieur de la Farerye. » Gabriel Chariot était fils d'un marchand
de Château-Gontier.
2. Registre des baptêmes de la paroisse de Saint-Jean-Bap-
tiste, de 1527 à 1551, P 89, v«.
19
^94 —
1625
« Le dernier jour d'octobre de l'an 1625 a été bapti-
zée la cloche moyenne de cette église d'Azé. Parrain :
noble homme René Poisson, conseiller du roy, lieute-
nant général civil et criminel du siège royal de Ghâteau-
Gontier', sénéchal dudit Azé. Marraine : damoiselle
Louize du Breuil, fille de haut et puissant M® René du
Breuil, chevalier, seigneur, baron d'Ingrande et d'Azé-,
et haute et puissante dame Marguerite Gochelin^, son
épouze. En présence dudit seigneur baron. Et a esté la-
dite cloche nommée Louize, par moy Nouel Eschard,
curé dudit Azé, et des chapelains de ladite eglize ^. »
1657
« Le 11® jour de janvier l'an 1657 a esté faite la béné-
diction de la grosse cloche de l'église de céans par
vénérable et discret M'® Pierre Arnoul, prestre^. A esté
1. En créant le Présidial de la Flèche, le roi Henri IV avait
enlevé au Présidial du Mans la baronnie de Sainte-Suzanne, et
au présidial d'Angers la baronnnie de Ghâteau-Gontier pour com-
poser le nouveau ressort.
2. Les du Breil, chevaliers, seigneurs d'Ingrandes, fief réuni
à la seigneurie d'Azé à la lin du XV* siècle pour former une chà-
tellenie, sont qualifiés de barons au XVIP siècle, dans les Regis-
tres de la sénéchaussée et siège présidial de Chdteau-Gontier
(Archives de la Mayenne, série B).
3. Les Gochelin possédaient la terre du Grand-Marcé, com-
mune de la Potherie. Ils la cédèrent vers 1630 à René de Qué-
herso de la Huberlière, marchand. Mathurin Gochelin, procureur
au siège présidial d'Angers, en 1569, avait joué un rôle impor-
tant pendant les guerres de la Ligue en Anjou.
4. Registres des baptêmes de la paroisse d'Azé. — Noël Es-
chard était déjà curé d'Azé en 1591. Il fut remplacé en 1631 par
Nicolas Girard. M. Gadbin a publié dans ce Bulletin, 2^ trimestre
de 1889, p. 203, la Liste des curés de la paroisse de Saint-Sa-
turnin d'Azé, p. 203. Il faut y ajouter Guilaume Baraize, curé de
1575 à 1586.
5. Pierre Arnoul fut curé de Bazouges de 1631 à 1656. Il fut
remplacé le 10 mai 1656 par Simon Bellier, mort le 2 juin 1709.
(
— 295 —
parrain, noble Pierre Armenault, conseiller du Roy, re-
cepveur des tailles à Ghasteau-Gontier, président au
grenier à sel dudit lieu*. Marraine, damoiselle Denise
de Beaufort. En présence de noble Pierre Trochon, sieur
de Ghampaigne^, conseiller du Roy et advocat pour sa
majesté au siège présidial dudit Ghasteau-Gontier 3... »
GURÉS DE GHATEAU-GONTIER
BAZOUGES
1571, 19 juin. — Gervaix Mortreulx (en exercice à
cette date, qui est celle qui figure sur le premier feuillet
du plus ancien registre des baptêmes de Bazouges).
1584, 22 juin. — N. Potier.
1617, septembre. — Jehan Foucault.
1631, août. — Pierre Arnoul.
1656, 10 mars. — Simon Bellier, mort le 2 juin 1709.
1709, décembre. — J. Garnier.
1710, mars. — G. Allaire.
1716, avril. — Pierre George.
1756, 21 janvier. — M. Gouasnon.
1777, 5 juillet. — Ambroise Georges, Massonnais,
qui se retire le 4 novembre 1791.
1791, 6 novembre. — Denis Bonneau, curé intrus, élu
le 30 octobre 1791, qui reste dans la paroisse jusqu'en
1800. Il cède alors la place à M. George, ancien curé^.
1. Les Armeuauld, de GhîUeau-Gontier, possédèrent au siècle
suivant la terre de l'Oncheray, près la Jaille-Yvon.
2. Voir sur les Trochon de Beaumont, de la Théardière, des
Places, de Champagne, de la Chapelle, de Moulins, de Luigné,
de rEf)ine, de la Porte, de la Saulay, du Port, de la Coudre, de
la Davière. de la Renaudière, de Moiré, de la Martinière, de Vil-
leprouvée, de la Cellerie, de Mortreux, de Vallette, etc., etc.
V Armoriai général de l'Anjou^ t. III, pp. 258-259.
3. Registres des baptêmes de la paroisse de Bazouges.
'k. Registres des mariages, baptêmes et sépultures de Bazouges.
Documents authentiques, etc., par Frédéric Le Coq, III« partie,
p. 28).
^96
SAINT-REMY
1446. — Geoffroy Hardy.
1446-1477. — Olivier Moreau.
1477-1480. — Jehan Quantin.
1485-1501. — Jehan-René Tessé.
1505. — Guillaume Grincheux.
1565. — Guillaume Jussé.
1574. — Pierre Guillocheau.
1577. — Jehan Marion.
1596. — Aubin Aubry.
1610. — Jehan Lemonnier.
1617. 12 octobre. — Fran-
çois Godoul.
1627, 2 janvier. — Nico- i Chapelains desservants,
las Lemasson. [ Tous les quatre ont signé
1627, juin. — Julien Ro-[ successivement les actes
ger. \ jusqu'au 23 février 1632.
1630, septembre. — Je-
han Mahier.
1633, 4 mars. — Eustache Guilloteau, curé.
1659, 25 février. — Jean Martinet, mort le 8 septem-
bre 1676.
1676, 3 octobre. — Gabriel Quentin.
1688, 24 janvier. — N. Tessé.
1689, 30 mars. — Charles Arthuys, mort le 19 avril
1710.
1710, 14 mai. — Pierre Dugué.
1713, 21 juin. — René Noulin, mort le 21 mai 1728.
1728, 5 juin. — Jacques-Anne-Maurille Morin.
1734, 8 octobre. — Carlier, curé de Con- \
grier et desservant de Saint-Remy. j
1735, 19 mai. — Delhommeau, desservant, / intérim,
mort le 15 juin 1736. \
1736, 7 août. — J. Viel, desservant. /
fl
- i97 -
1739, 20 octobre. — J. Maliier, desservant. \
1747, 15 mai. — Déan de Luigné, desser- / .
. i intérim,
vant.
1747, 17 novembre. — Millet, desservant.
1758, 25 août. — Jacques-Anne-Maurille Morin, réap-
paraît, après 30 ans d'absence ; il meurt le 6 octobre
1777, âgé de 75 ans. Il était maître es arts.
1777, 23 octobre. — Pierre Grosnier. Jl se retire le
24 juillet 1791'.
1791, 3 août. — Urbain-François-Fouqueret, curé
intrus, qui, le 3 juillet 1792, remet les actes de Fétat-civil
au maire de Ghâteau-Gontier, M. Détriché. Urbain-
François Fouqueret abdiqua devant le Gonseil munici-
pal de Ghâteau-Gontier, le 6 pluviôse an II, ses fonc-
tions sacerdotales et curiales, et déclara ne pouvoir
déposer des lettres de prêtrise, vu qu elles avaient été
brûlées par les Vendéens lors de leur passage dans la
cité. En renonçant, devant le Gonseil, à ses fonctions
sacerdotales, Marin-François-Alexandre Mercier fait une
déclaration semblable 2.
SAINT-JEAN
1442. — Jehan Malherbe, curé.
1527. — Jehan Godier et André Durand, vicaires as-
sociés.
1540, juillet. — Jehan Georget, vicaire.
1550, septembre. ~ Jehan Luet, id.
1. Les noms des curés de Saint- Rémy, aux XV* et XVI® siè-
cles, sont empruntés à diverses sources inédites. — Les regis-
tres de baptômes etc. ne commencent qu'en 1615 et ont fourni les
noms des autres curés. Le Coq, lùid., p. 2.
2. Les successeurs concordataires de Pierre Grosnier furent
P. J. Bréhéret et G. H. P. Arthuis, Le Goq, lùid. p. 3).
— 298 —
1551, août. — Julien Ferchaut, vicaire.
1560. — Jehan Le Sayeux, curé.
1569. — Jehan Le Verrier.
1603, novembre. — Georges Le Roy (jusqu'en 1645).
1646. — Jehan Besnier, mort le 21 juillet 1653. On
l'inhume « dedans le chœur, proche le balustre du grand
autel. »
1653, 20 juillet. — René Le Roy.
1667. — Jean Tusse (jusqu'en avril 1669).
1670, 19 décembre. — Madelon Martin, résigne à son
neveu après cinquante-six ans d'exercice.
1726, 31 juillet. — François Deshayes. Il est encore
curé en 1761, mais une lacune de huit années existe là,
qui ne permet pas de préciser sa mort, ni l'entrée en
fonction de son successeur.
1768. — Aubry (Ce prêtre était en service, à cette
date, depuis quatre ou cinq ans).
1770, 23 avril. — Mahier (Jean), jusqu'au 24 juillet
1791, où il dut résigner ses fonctions*.
1791, 25 juillet. — P.-J. Fouqueret, curé intrus, mort
presque subitement le 9 septembre 1791. Le Masson lui
succéda.
1792, 15 février. — Louis-François Lévenard, curé in-
trus élu le 5 février 1792, rend les registres de l'état civil
le 31 octobre 1792 au maire de Ghâteau-Gontier, M. Des-
triché, puis abdique la prêtrise le 6 pluviôse an II, pour
1. Le même jour, son successeur même écrit sur le registre
des baptêmes : « Ici la Révolution fit sortir l'entête Ma-
hier... » Le 19 octobre 1791, au matin, le tonnerre tomba sur
le clocher de Saint-Jean. Les marguillers avaient sauvé les vases
et pièces d'argenterie, se réservant d'en appliquer le montant à
la réparation du clocher incendié, au lieu de les déposer à la
mairie pour être envoyés à la Monnaie de Paris, selon le vœu de
l'assemnlée. Mais, dénoncés, ils ne purent conserver ces objets
et durent les livrer au district le 9 janvier 1793.
- 299 —
devenir un des officiers municipaux de la ville '. Il s'é-
tait marié à Laval avec une religieuse. 11 déclarait qu'il
ne pouvait déposer ses lettres de prêtrise a attendu que
les brigands de la Vendée les ont brûlées. ».
André Joubert.
1. Registres de l'état civil de Saint-Jean. Le Coq, Ihid., p. 13.
Le successeur concordataire de Jean Mahier fut René-François
Hayer.
LA JUSTICE A SANG
1405
Le 4 mars 1405, les officiers du seigneur de Fromen-
tières tenaient les assises. Le petit tribunal, composé
d'un sénéchal, qui n'était autre que messire Guillaume
Hay, grave magistrat et très riche bourgeois de Laval,
d'un procureur, d'un sergent et de plusieurs recors,
montrait une animation inaccoutumée qu'on pouvait
prendre pour une satisfaction non déguisée. C'est
qu'en effet on allait avoir à juger un cas criminel, rare
aubaine pour la juridiction assez restreinte du pré-
toire de Fromentières, où l'on ne siégeait d'habitude
que pour recevoir des aveux insignifiants, donner des
délais ou décerner des défauts, percevoir des droits
et des amendes dérisoires, ou tout au plus prononcer
sur des délits sans importance. Cette fois, il s'agissait
d'un vol bien caractérisé, qualifié, dirait-on aujourd'hui,
et, ce qui est plus important, les juges du seigneur
avaient pris le voleur. Bonne aubaine, encore une fois,
et précieuse occasion pour de doctes légistes, pour des
magistrats zélés, d'exercer leur science et de venger le
crime.
L'accusé se nommait Jean Vilais, du pays de Breta-
gne, valet de Jean Bahoul, seigneur de Baubigné, et
son crime était d'avoir, lui et autres dans sa compagnie,
dérobé « partie d'unie pipe de vin nouvelle, jusques à la
valeur d'une somme de cheval. » On sait que Fromen-
tières, qui tire son nom d'une autre richesse de son
sol fertile, était jusqu'au XVIP siècle un des grands
— 301 —
crûs du Bas-Maine. A Fexemple des abbayes et des no-
bles qui, de toute antiquité, y possédaient des vignes
pour leur provision, les bourgeois enrichis de Laval y
acquirent des clos qui furent encore cultivés et en bon
rapport longtemps après le délaissement de cette cul-
ture dans le voisinage de leur ville.
La victime du vol, Michel Lemaçon, avait dénoncé
comme coupable du larcin le valet du sire de Baubigné,
les recors l'avaient appréhendé, mis en prison et de là
conduit devant les « gens de Monseigneur de Fromen-
tières. »
Ceux-ci mirent grand soin dans l'instruction de cette
cause. Aucun ne manqua à l'assemblée depuis le séné-
chal en personne jusqu'au dernier des recors. Deux jours
durant, on questionna le malfaiteur, ce qui ne doit s'en-
tendre pourtant, croyons^nous sans l'affirmer, que delà
question verbale et non corporelle. Enfin il fut procédé
tant et si bien que Perrot Vilays « cognut et confessa
vers Michel Lemaçon, en jugement, que à desceue du-
djt Maçon et sans son assentement, lui et autres en com-
paignie, avoint prins et s'estoint encesinez » du vin dis-
paru.
Devant cet aveu du coupable la justice n'avait plus
qu'à prononcer la peine et pour cela à consulter le code
pénal d'alors, c'est-à-dire la coutume du Maine, non ré-
formée encore. Or la coutume du Maine n'était pas ten-
dre aux voleurs, et parmi les voleurs elle frappait plus
impitoyablement ceux qui avaient dérobé les aliments
communs. Il ne s'agissait pas seulement d'une répara-
tion envers le volé, ni de la prison, ni d'une peine aJUic-
tive passagère. Il fallait que le coupable portât à tout
jamais une marque visible de sa qualité de voleur. Aussi
maître (juillaume Hay éleva-t-il la voix avec solennité
pour dire : « Nous avons déclaré par jugement que ledit
Perrot Vilais a desservi avoir coupée l'oraille. »
— 302 —
A ce mot d'oreille coupée, Perrot ne put retenir un cri,
ni reprimer un mouvement instinctif de protection pour
la partie menacée. Il avait la faiblesse de tenir excessive-
ment à ses deux oreilles ; la gauche et la droite lui étaient
également précieuses, il n'en avait aucune qu'il voulût sa-
crifier ; aussi, sans fausse honte, en toute humilité, seprit-il
à supplier ses juges de n'être pas aussi rigoureux pour
une faute qu'il avouait et pour un tort qu'il réparerait.
Ses amis intervinrent, son maître surtout qui tenait à
son valet, et qui n'eût pas été flatté d'avoir à son ser-
vice un garçon estropié par la justice. La justice ne fut
pas inexorable ; elle voulut bien laisser à Perrot Vilays
ses deux oreilles, « commuant et mettant à amende civile
le cas criminel et la punition corporelle » qu'il avait en-
courue. L'amende fut de quatre livres, alors que la répa-
ration envers Michel Lemaçon pour son vin volé n'était
que de vingt sols. De plus le coupable devait faire « un
voiage pour monseigneur à Monsieur Saint Michel du
Mont. » Ce qui prouve que tous ceux qui cheminaient
par les chemins montais ne le faisaient pas toujours par
un motif de dévotion personnelle et spontanée.
Enfin le voleur fut content d'avoir, à ce prix, évité l'o-
pération douloureuse qui l'eût privé d'un ornement in-
dispensable à la figure des honnêtes gens. Le petit tri-
bunal qui avait si bien travaillé s'adjugea pour son
salaire, sur les quatre livres d'amende, vingt sols qui
furent répartis entre ses membres proportionnellement à
la dignité de leur fonction. Vingt sols entre cinq, c'est
petit profit, mais qui vaut bien encore une oreille de
vilain ^ .
A.
1. Arch. départem. de la Mayenne, E, 25 f" 11.
PROCES-VERBAUX DES SEANCES
SEANCE DU 18 OCTOBRE 1892
La séance est ouverte à deux heures, à la Préfecture,
sous la présidence de M. Floucaud de Fourcroy.
Sont présents : MM. Floucaud de Fourcroy, prési-
dent, de Martonne, Angot, Richard, de Beauchesne,
membres titulaires, et MM. Chappée, Anis, Letour-
neurs, Raulin, Œhlert, membres correspondants.
MM. P. de Farcy, Liger, Garnier, Abraham, de la
Beauluère, Tirard sont excusés.
Sont proposés comme membres correspondants :
MM. Tabbé Délépine, curé de Sacé.
C*^ Léopold de Quatrebarbes, à Saint-Laurent-
des-Mortiers.
Robert Mowat, 10, rue des Feuillantines.
Sur le bureau sont déposés les ouvrages suivants :
Congrès archéologique de France^ 56® session, Evreux;
— Ricouart : Les cinq livres des astronomiques de
Marcus Manilius^ traduction en vers ; Les biens de
l'abbaye de Saint-Wast (2 vol) ; Translation des reli-
ques de Saint-Wandrille \ Etudes sur les noms de
lieu du département du Pas-de-Calais ; — R. P. Dom
- 304 -
Paul Piolin : Le théâtre chrétien dans le Maine au
cours du moyen-âge; — Bulletin de la Société histo-
rique et archéologique de l'Orne (T. XI) ; — Bulletin
de la Société archéologique de Nantes; — Bulletin
de la Société de l'Orne ; — Commission des antiqui-
tés et des arts de Seine-et-Oise (T. XII) ; — Bulletin
de la Société d' agriculture ^ sciences et arts de la Sar-
the ; — Revue du Maine ; — Revue de l'Anjou ; — Re-
vue Normande et Percheronne.
M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Cor-
née, qui remercie la Commission de l'avoir nommé
membre correspondant.
M. H. Letourneurs communique des photographies
d'émaux appartenant à M. J. Letourneurs et à M. de la
Beauluère. Ces photographies doivent servir de docu-
ments à un ouvrage sur les émaux qui se publie à Li-
moges.
L\ PREMIÈRE ÉGLISE SAINT-MARTIN, A LAVAL
M. l'abbé Angot donne ensuite lecture de l'intéres-
sante note suivante :
(( On peut remarquer à Laval dans la rue de Rennes au
fond d'une ruelle en cul de sac qui précède la maison
de M, Courcelle quand ou vient de la rue Joinville, une
vieille porte dont les décorations ont été profondément
mutilées, mais qui, dans son ensemble, accuse nettement
l'époque romane. Je n'en ferai pas ici la description, me
contentant d'en constater le style qui est indiscutable.
L'édifice auquel cette porte est annexée et dont elle fait
partie, transformée en maison d'habitation avec cave ré-
gnant sous le tout forme un carré long de 8 à 9 mètres sur
20 à l'intérieur, et n'offre à première vue aucun carac^
tère bien accusé d'antiquité.
Toutefois, si l'on considère que ce vaste vaisseau a
-^ 305 -
été construit sans aucun mur de refend, et que la cave
présente encore cette disposition ; si Ton fait attention
aux murs qui ont une épaisseur d'un mètre vingt centi-
mètres^ on sera porté à croire, et c'est l'opinion que
j'émets ici, que le monument entier, au moins dans la
partie inférieure de ses murailles, est de la même date
que la porte romane qui orne son pignon vers l'est. Ce
serait donc le vaisseau d'une église ou d'une vaste salle
de couvent construit dans cet endroit au XP siècle.
Gomment un édifice de cette importance n'a-t-il été si-
gnalé par aucun de nos historiens Lavallois ? C'est qu'é-
videmment il ne fut jamais occupé par une communauté
qui ait vécu. Je crois donc qu'on pourrait lui appliquer
un incident de l'histoire de Guy II, auquel les histo-
riens de la province n'ont fait qu'une allusion trop vague
mais qui est relaté avec détails dans les histoires de Mar-
moutier, surtout par don Alexandre Le Michel, dont
l'ouvrage se trouve en manuscrit à la bibliothèque de
Tours.
« Nous passerons sous silence, dit-il, pour cause de
brièveté, un document où l'on peut lire pourtant un
fait très notable. Il y est raconté que Guy, fondateur et
seigneur du château que l'on nomme Laval, avait donné
depuis longtemps la terre (où fut plus tard construit le
bourg de Saint-Martin) à un moine de Saint-Calais du
nom de Guérin, qui fut mis à la tête du monastère pro-
jeté de Saint-Martin. Assez longtemps après, alors que
son couvent était à peine commencé, Guérin fut tué. Ce
moine s'était soustrait à l'obéissance de son abbé pour
fonder un couvent indépendant de toute subjection et
Guy de Laval, entrant dans son intention, lui avait
donné un terrain près de son château pour y construire
une église et un bourg, Car il désirait avoir là une ab-
baye qui fût le chef-lieu de tout ce qwe Guérin pourrait
acquérir. »
- 306 —
On trouvera peut-être que ce monastère, qui fut à
peine commencé et bientôt interrompu dans sa construc-
tion par la mort tragique de son fondateur, pourrait bien
nous donner l'explication de la présence dans le quar-
tier de Saint-Martin d'un monument qui n'a point d'his-
toire, parce que, comme l'église de la Gassine près de
Forcé, il ne fut jamais achevé.
M. le comte de Beauchesne annonce à la Commission
que M. le comte de Saint-Paul, propriétaire des ruines
de Bois-Thibault, serait peut-être disposé à céder à ti-
tre gracieux au département ces intéressants vestiges,
à cofidition qu'ils fussent entretenus. M. le comte de
Beauchesne, si la Commission veut bien agir, offre de
faire chaque année les frais d'entretien, pourvu qu'ils ne
dépassent pas une certaine somme.
M. le comte de Beauchesne donne ensuite lecture
d'une intéressante étude sur l'église de Cigné.
M. E. Moreau annonce que le musée de Laval vient
de s'enrichir d'une inscription en l'honneur de Jean de
Birague, provenant originairement de l'église d'Entram-
mes et en dernier lieu remisée sous une gouttière, dans
la cour d'une maison de la rue Sainte-Anne, au carre-
four dit de la Croix-Bidault. Cette inscription est ainsi
conçue :
ICY REPOSE EN DIEV LE CŒUR
DE HAVLT ET PVISSANT SEIGNEVR
MESSIRE JEAN MARQVIS DE
BIRAGVE BARON d'eNTRAMES
CHEVALIER DES ORDRES DU ROY
CONSEILLER EN SES COSEILS
LIEVTENT GENERAL DE
LARTILLERIE, ISLE ET ARSENAL
DE FRANCE, SEIGNEVR DE LA
— 307 —
MORLAIE DE MONTIGNÉ CHAVMERAY
l'ovtagerie et CLEQVEL FVT
BLESSÉ DVN COVP DE MOVSQVET
DANS LA TESTE AV SIEGE DEVANT
DONQVERQUE DANS l'eXPEDITION
DES BATTERIES DV DICT SIEGE
LE HVIGTIEME JOVR DE JVIN
MIL SIX CENT CINQVANTE HVIGT
DONT AYANT DÉCÉDÉ LE
SEIZIEME SON CORPS FVT EN
SEPVLTVRE DANS LEGLISE
CATHEDRALE DE CALAIS ET
SON CŒUR AMENÉ ICY PASSANTS
PRIEZ POUR LUY REQVIEM
IN PACE.
Cette pierre est ornée des armoiries du défunt et
d'une gravure représentant deux pièces d'artillerie.
Le même musée vient également d'acquérir une belle
statuette provenant de l'ancienne église Saint-Martin de
Montsùrs.
M. l'abbé Anis donne quelques détails sur un impor-
tant travail qu'il a entrepris concernant Rivault de
Fleurancc et dont il réserve la publication au Bulletin.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à
quatre heures.
BIBLIOGRAPHIE
Simon et David de Heemsce, peintres-verriers à
Moulay (Mayenne) 1543-1567, par M. l'abhé Angot,
1 brocïi. in-8°, extraite de la Revue du Maine : Mamers,
Fleury et Dangin, 1893.
On n'ignorait pas, d'après certains documents, qu'un ate-
lier de peintre-verrier avait été en activité à Moulay dans le
cours du XVP siècle ; on savait même que l'artiste ou l'un
d'eux se nommait « maître Simon, » ou « Simon de Hemsse, »
s'il fallait s'en rapporter à un marché conclu par lui pour la
décoration du réfectoire des Cordeliers de Laval. Mais là
s'arrêtaient les vagues notions que l'on possédait sur son
compte.
M. l'abbé Angot a poussé plus loin ses investigations. Il
a découvert que l'atelier était établi à la Bretonnière, en Mou-
lay, que Simon de Heemsce, — telle paraît être la véritable or-
thographe de son nom, — avait probablement pour collabo-
rateur son frère David de Heemsce, peintre, qui décora en
1557 une cassette de l'autel de la Vierge à Notre-Dame de
Mayenne. La période pendant laquelle ces artistes travaillè-
rent paraît limitée entre 1543 et 1567. Malgré leur isolement
dans un coin retiré et ignoré, ils répandirent dans toute la
province les produits de leur art. Malheureusement les ver-
rières citées comme étant leur ouvrage dans des contrats au-
thentiques conclus par eux n'existent plus. M. l'abbé Angot
pense qu'il y aurait quelques raisons de leur attribuer la ma-
gnifique verrière de Montaudin \ certains vitraux de la ca-
1. Opinion déjà émise par M. Jules Le Fizelier : La cuve bap-
tismale de Montaudin, dans Etudes et Récits.
- 309 -
thédrale de Dol, et un fragment très-curieux qui subsiste
encore dans l'église de Martigné*.
Quant à la biographie de Symon de Heemsce elle reste en-
core à faire, de l'aveu même de M. l'abbé Angot. Mais mal-
gré cette déclaration toute modeste, l'auteur en apporte lui-
même un premier élément ; il cite in extenso un document
inédit, que lui a communiqué M. l'abbé A. Ledru et duquel il
résulte que maître Simon se trouva compris, en 1545, comme
soupçonné d'hérésie, dans une dénonciation au Parlement,
puis sommé de comparaître en 1553 ; selon toute vraisemblance
cette accusation fut reconnue fausse ou peu justifiée, puisque
nous voyons notre artiste exerçant encore sa profession en
1567.
L'excellente notice de M. l'abbé Angot offre un grand inté-
rêt. Elle prouve qu'il n'est pas d'énigme historique qu'on ne
puisse espérer résoudre, dfu moins en partie, grâce à des
recherches patientes et un peu de ce prétendu « bonheur »
dont sont précisément favorisés ceux-là mêmes qui le méri-
tent et savent le provoquer par une longue suite de travaux
consciencieux. E. M.
Documents authentiques pour servir à l'histoire
de la constitution civile du clergé dans le départe-
ment de la Mayenne, par M. F. Le Coa, ; 7^ partie, Dis-
trict de Yillaines ; 1 vol. in-8% Laval, Cnailland, 1893.
M. ¥ . Le Coq vient de publier la dernière partie de son
important ouvrage concernant la constitution civile du clergé
dans le département de la Mayenne. Il y traite du district de
Yillaines (Lassay en 1793). Nous retrouvons dans ce fascicule
la même méthode et le même plan que dans les précédents.
Nous ne le résumerons pas, car un travail de cette nature,
rempli do faits, échappe à toute analyse ; mais nous nous em-
presserons de dire qu'il clôt dignement un ouvrage dont il a
été rendu compte ici, au fur et à mesure de la publication de
ses diverses parties. Rappelons aussi que cet ouvrage sup-
pose, de la part de l'auteur, une somme de recherches consi-
dérables, et mot d'un seul coup, à la disposition du public,
une masse énorme de documents.
Le dernier fascicule contient des suppléments et errata se
rapportant aux parties antérieurement publiées. O. R.
1. Nous nous rangerions d'autant plus volontiers sur ce (U*r-
uier point, à l'avis de l'auteur, que la uieme idée nous vint spon-
lanéinent, il y a qucUpies anuces, pendant une visite de l'église
de Martigné.'
- 310 -
La Ville Rouge de Tennis, par M. F. Liger, 1 broch.
in-8°, extraite de la Re{>ue du Maine, Mamers, Fleury et
Dangin, 1892.
Notre collègue M. F. Liger, l'infatigable et heureux cher-
cheur de vestiges gallo-romains, vient de publier, en une
brochure à part, une curieuse description de la ville de Ten-
nie (22 kil. O.-N.-O. du Mans). Les ruines couvrent un
espace de vingt-six hectares au minimum. Elles consistent en
substructions et en débris de toute sorte épars à la surface du
sol. C'est la plus importante agglomération romaine qui ait
été jusqu'ici signalée dans notre province, après Le Mans,
Oisseau-le-Petit et Jublains.
M. Liger incline à penser que Tennie fut une ville ou tout
au moins une mansio d'origine purement romaine, établie
dans le P"" siècle de notre ère. Il y désigne, avec beaucoup
de vraisemblance, les emplacements du temple, de la basili-
que, du théâtre, des bains. Quant à l'époque de sa destruc-
tion, elle est la même que celle d'autres centres connus de
notre province ; c'est cette période de 277 à 280 qui vit tant
de rumes et l'enfouissement de tant de trésors. Plus tard
Tennie, comme Jublains, se releva péniblement de ses désas-
tres. Au VIP siècle elle était une villa ; elle est devenue un
bourg, modeste mais toujours riche en vestiges archéologi-
ques. E. M.
Ce qu'étaient les puits funéraires, note de M. G.
Fleury, extraite du Bulletin de la Société hist. et arch. de
l'Orne.
Combattant une assertion émise dans le Bulletin monu-
mental^ d'après lesquels les puits funéraires seraient de sim-
ples cloaques destinés jadis à recevoir des débris de cuisine,
de vaisselle et des décnets de toute sorte, M. G. Fleury lui
oppose ses propres observations faites à Saint-Remy-des-
Monts, où il a visité des puits construits sur un plan uniforme
et offrant visiblement un caractère funéraire. Il pense donc, à
juste, titre selon nous, que si certains puits, improprement
qualifiés de funéraires, ont pu n'être en réalité que de simples
cloaques, il faut se garder de généraliser la conclusion, et ne
pas rayer d'un coup, de notre répertoire archéologique, une
série ae vestiges dféjà maintes fois reconnus et sunisamment
déterminés. E. M.
- 311 —
Inventaire des Archives des châteaux bretons; —
Archives du château de Saffré, 1304-1610, publiées par
le Marquis de l'Estourbeillon. 1 vol. in-8° ; Vannes Lafolye,
Paris, Picard, 1893.
M. le marquis de l'Estourbeillon vient de publier le pre-
mier fascicule d'un vaste inventaire qu'il prépare des prmci-
paux cliartriers bretons. Cette publication lui paraît, à juste
titre, le complément très utile et tout indiqué des inventaires
d'archives de nos dépôts publics.
Les archives de Satîré ont été analysées de 1394 à 1610.
Nous ne pouvons donner à notre tour un résumé de cette
analyse, si intéressante qu'elle soit pour les Bretons. Nous
dirons toutefois que Jehan de Laval, sire de Châteaubriant,
devint en 1527 usufruitier, puis en 1542 propriétaire de la sei-
o^neurie de Saffré, qui, la même année, passa par échange à
Louis d'Avaugour, seigneur de Kergrois ; les d'Avaugour la
conservèrent, sous leur nom, pendant plus d'un siècle.
Au point de vue général nous applaudirons à l'intelligente
initiative de M. de l'Estourbeillon ; s'il trouvait quelques imi-
tateurs dans chacune de nos provinces, que de trésors se-
raient révélés aux érudits et combien d'autres échapperaient,
du moins partiellement, à l'anéantissement complet qu'un
hasard peut infliger même à ceux d'entre eux qui paraissent
le plus à l'abri et le mieux gardés ! E. M.
Depuis le mois de janvier dernier paraît au Mans une nou-
velle revue : L'Union historique et littérairç^ du Maine ^ re-
cueil mensuel sous la direction de MM. l'abbé Ambroise
Ledru, l'abbé Ern. L. Dubois et l'abbé Henri Bruneau.
Cette revue qui se propose de donner des travaux histori-
ques et littéraires et, croyons-nous aussi, de publier des do-
cuments, a brillamment débuté par des articles signés A. Le-
dru, Ern. Dubois, L. Froger, E. Chambois, A. Angot,
A. Anis, J. Chappée, qui intéressent plus spécialement le dé-
partement de la Sarthe.
Nous souhaitons bonne et longue vie à la nouvelle publica-
tion, bien convaincus qu'elle contribuera pour sa large part
au progrès des études historiques dans notre province ; sa
direotion nous en est le plus sûr garant.
TABLE DES MATIÈRES
Histoire de l'Imprimerie à Laval jusqu'en 1789, par M.
l'abbé A. Angot 13
Recherches sur divers titulaires de magistratures, charges
et offices, de la ville et du comté de Laval (suite), par
M. DE LA Beauluère 57
Notice sur les seigneurs de Vautorte (Fin), par M. l'abbé
Ch. Pointeau 93
Sigillographie de§ Seigneurs de C'raon (Suite) par MM. A.
Bertrand de Broussillon et Paul de Farcy . . . 118, 220
David Rivault de Fleurance et les autres précepteurs de
Louis XIII, par M. l'abbé A. Anis 165
Recherches sur Saint-Denis-de-Gastines, par M. A. Fau-
con 195
Quelques notes sur l'ancienne chapelle et la seigneurie de
Gastines, en Molières, près Ghemazé, par M. R. Gadbin. 214
Documents inédits pour servir à l'histoire de Château-
Gontier, par M, A. Joubert 293
La Justice à sang (1405), par M. A 300
PROCES- VERBAUX DES SÉANCES
Séanc»' du 8 juillet 1892 15'i
— 18 octobre 1892 303
314 —
FAITS DIVERS
Musée de Jublains. . . , 155
La première église Saint-Martin, à Laval 304
Château de Boisthibault 306
Inscription de Jean de Birague 306
BIBLIOGRAPHIE
L'abbaye de Fontaine-Daniel, sa fondation et ses derniers
jours, par Edm. Leblanc 157
La maison de la Reine Bérengère au Mans, par R. Triger. 158
Lettres intimes de Mgr Cohon, évêque de Nîmes, publ.
par Prosper Falgairolle 159
Un moine au XIX® siècle : Dom Piolin, par Joseph Denais. 160
Tableaux généalogiques, etc., sur les familles de Vitré,
par /. C. Frain de la Gaulairie 161
Le doigt de la Morte, par l'abbé A. Ledru 161
Ecrits inédits de Saint-Simon, Tomes VII et VIII, publiés
par M. le vicomte S. Menjot d'Elbenne 161
Etudes pour servir à l'interprétation des noms de lieux,
par L. Ricouart. 162
Simon et David de Heemsce, peintres-verriers à Moulay
(Mayenne) 1543-1567, par M. /'a/^ée^wg'of 309
Documents authentiques pour servir à l'histoire de la
constitution civile du clergé dans le département de la
Mayenne, par M F. Le Coq 309
La Ville Rouge de Tennie. par M. F. Liger 310
Ce qu'étaient les puits funéraires, note de M. G. Fleury. 310
Inventaire des Archives des châteaux bretons ; — Archi-
ves du château de Saffré, 1394-1610, publiées par le Mar-
quis de l'Estourheillon 311
316 —
TABLE DES GRAVURES
Frontispices d'anciens ouvrages imprimés à Laval. 21, 23, 25,
31, 33, 47, 55
Sceau de Guillaume I, 1345 et 1357 124
Sceau et contre-sceau des causes de Morannes, 1361. . . 124
Sceau des causes de la vicomte de Ghâteaudun, 1387-1389. 125
Sceau de Marguerite de Flandre. 125
Signet de Patry de Sourches, seigneur de Malicorne, 1347. 130
Sceau de Guy de Graon, 1389 • • 'ï^l
Sceau de Renaud de Maulevrier, 1379 133
Sceau de Hervé de Mauny, 1388 134
Blason de Mauny, voûte de la Ghapelle-Saint-Rémy. . . 135
Ganon à vapeur, de David Rivault 187
Sceau de Guillaume II, 1379 224
Sceau de Guillaume II, 1383 225
Sceau de Guillaume II, 1388-1401 225
Sceau ue Guy VIII de la Rochefoucauld, 1383 230
Sceau de Maurice Mauvinet, 1348 231
Sceau de Maurice Mauvinet, 1353 232
Sceau de Maurice Mauvinet, 1392 232
Sceau d'Aimery Odard, 1330 234
Sceau de Jean de Hangest, 1392 236
Sceau de Jean de Hangest, 1410 236
Sceau de Jean d'Au^illers, huissier au Parlement, 1402. . 239
Sceau de Jean de Montbazon, 1405 242
Sceau de Jean de Montagu, 1393 242
Sceau de Jean de Montagu, 1406 243
— 316 —
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
TRAVAUX ORIGINAUX ET DOCUMENTS
MM.
Angot (l'abbé) 13
Anis (l'abbé) 165
Beauluère (L. de la) 57
Broussillon (Bertrand de) 118, 220
Farcy (Paul de) 118,220
Gadbin (René). . . .' 214
Joûbert (André) 293
Pointeau (l'abbé) 93
AUTEURS CITES DANS LES ANALYSES HIHLIOGKAI'HIQUES
Angot (A.) :m
Denais (J.) 160
Elbenne (d') 161
Estourbeilllon (de 1') 311
Falgairolle (P.) 159
Fleury (G.) 300
Gaulairie (Frain de la) 161
Leblanc (E.) 157
Le Coq (F) 309
Ledru (A.) . . , 161
Liger (F.) 310
Hicouart (L.) 162
Triger (R.) 158
Laval. — Imprimerie H. Leroux, rue du Lieutenant, 2.
OUVRAGES OFFERTS A LA COMMISSION
Revue du Maine.
L'Union historique et littéraire du Maine ^ livraisons
1, 2, 3, 4. (Nouvelle i?6t?we? publiée au Mans).
Bulletin de la Soc. arch. de Nantes,
Bulletin de la Soc. hist, et arch. de l'Orne.
Bulletin de la Soc. d'agricidtiire sciences et arts de la
Sarthe.
Bulletin et mém. de la Soc. arch. d'Ille-et- Vilaine.
Le cimetière d'Herpès {Fouilles et collections dePh. De-
lamain) publication de la Soc. arch. et hist. de la Charente,
Grand in-4°, Angoulême, 1892.
F. LiGER. — La ville rouge de Tennie,
F. Le Coq. — Constitution civile du clergé. — District
de Villaines.
La liste des ouvrages offerts à la Commission sera
insérée à cette place, sans préjudice du compte-rendu
qui sera fait de tout ouvrage intéressant le Maine dont
elle aura reçu deux exemplaires.
^Secrétaire Général, f. f. de Gérant {Loi du 29 juillet 1881).
E. MOREAU.
LE BULLETIN DE LA COMMISSION HISTORIQUE ET
ARCHÉOLOGiaUE DE LA MAYENNE paraît tous les
trimestres^ en livraisons comptant environ 128 pages.
Il forme deux volumes par an.
n donne des gravures et illustrations aussi souvent
que le permettent les sujets traités et les ressources dont
il dispose.
Les personnes étrangères à la Commission peuvent sy
abonner comme à toute publication périodique.
Le prix de l'abonnement est de DIX FRANCS par an.
Les engagements pour cotisations ou abonnemen1^_
continuent de plein droit s'ils ne sont pas dénoncés
avant le !"• janvier..
Il reste encore quelques exemplaires des tomes III,
IV et V de la première série, qui sont en vente au prix
de six francs le volume.
Les tomes I, II, m, IV et V de la 2^ série sont en vente
au prix de 12 francs l'année.
BTULLETIDNT
DE LA COMMISSION
DE LA MAYENNE
CRÉÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878,
DEUXIEME SERIE
TOME SEPTIÈME
1893
LAVAL
IMPRIMERIE DE H. LEROUX
1893
SOMMAIRE :
David Rivault de Fleurance et les autres précepteurs de
Louis XÎII, par M. Tabbé A. Anis (Suite)
Recherches sur divers titulaires de Magistratures, etc., par
M. Louis DE LA Beauluère fFmJ 46
Recherches sur Saint-Denis-de-Gastines, par M. A. Faucon,
(Fin) ^
Une Cachette de fondeur de l'époque du bronze, par M. P.
DE FaRCY
Le dolmen de l'Artoir, à Vautorte (Maj/enne) 111
Sigillographie des Seigneurs de Craon, par MM. A. Ber-
trand DE Broussillon et Paul de Fargy (Suite) .... 113
Le Faux Ladre, par M. A. A • '^^^
Procès-verbal de la séance du 26 janvier 1893 165
Excursion à Chemazé et à Mortier-Crolle ^67
Bibliographie .: Les Vitréens et le Commerce iriternational,
par M. J.-C. Frain de la Gaulayrie 1^^
Gravures :
1 à 5 Objets de bronze trouvés à Cossé-le-Vivien. 105, 106, 107,
* \ 108, 109
6. Plan du dolmen de l'Artoir
7. Sceau de Pierre de Craon, 1379-1381 120
8. Sceau de Pierre de Craon, 1380 ^' ^
9. Sceau de Pierre d ; Craon, 1380
10. Sceau de Pierre de Craon, 1388-1391 12i
11. Sceau de Pierre de Craon, 1389-1398 1^-
12. Sceau de Pierre de Craon, 1391 ^
13. Sceau de Jeanne de Châtillon, 1402. • 1 '
14. Sceau de Gaucher de Châtillon, 1370 ^-'
15. Sceau -de Pierre d'Amboise, 1383
16/ ECUS accolés d'Ingelger et de Jeanne à la voûte des
1 ^u
Cordeliers d'Angers
17. Tombe, d'après Gaignières, de Jeanne de Craon, 1421. 1^^
18. Sceau de Pierre de Beauvau, 1418 ^^
19. Sceau de Tnierry de Hondschoote, 1380 1* ^
20. Sceau d'Antoine de Craon, 1409
21. Sceau d'Antoine de Craon, 1411 • ^^
22 et 23. Vues de Mortier-Crolle 1^^'
COMMISSION
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
DE LA MAYENNE
BXJLLETinST
DE LA COMMISSION
^1 lIllHGlMjlFU
DE LA MAYENNE
CRÉÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.
DEUXIEME SERIE
TOME SEPTIEME
1893
LAVAL
.i I '1 M M I- 1 ■ I I . I ■ i
1893
I
DAVID RIVAULT
DE FLEURANCE
ET LES AUTRES PRÉCEPTEURS DE LOUIS XIII
(Suite).
CHAPITRE III
VArt d'embellir {suite et fin). — David Rivault en Italie. — 11 combat sur
la Méditerrannée. — Son retour à Florence. — Sa réception à l'Académie
des Humoristes à Rome. — Discours qu'il prononce. — Son retour en France.
Il est nommé sous-précepteur du Dauphin.
David Rivault avait donc rencontré le beau sous ces
formes aimables et concrètes. Il ne se borne pas à le
reconnaître ; envisageant la question de plus haut, il en
demande le pourquoi et le comment à une philosophie
très élevée, et trouve, comme Trismégiste, que « les
excellences de la princesse Beauté sont autour de l'es-
sence du bon * . »
Le bon, soit réel, soit d'apparence, seul est désirable.
Il tient intimement à l'être et vient de la cause première
qui est Dieu 2. Or le bon, apparaissant sous une certaine
lumière, devient le beau qui est l'objet de l'amour. Le
bon se rapporte plutôt à l'essence, et le beau, à ce qui
1. In Pirnand. Cité par D. Rivault, Art d'embellir^ p. 8.
2. Cf. Art d'emh., p. 12.
— 8 —
« est connaissable et aymable ^ . » Le beau tire sa per-
fection de l'idée du créateur. Plus il s'en rapproche, plus
il entre en possession des qualités de sa nature. C'est
« la fleur de la forme et le naïf symbole de l'espèce di-
vine sur laquelle la chose est moulée 2. »
« La beauté est » encore « une lumière rayonnante
de chaque forme en la fleur d'icelle d'autant plus bril-
lante que la chose est divinement taillée sur le portrait
qui en est dans la pensée, soit de Dieu, pour les natu-
relles, soit de l'homme, pour les artificielles -^
« Simple et naifve figure du bien mesme la beauté
est divinement pénétrable es âmes^. » Mais toutes ne
sont pas également aptes à la reconnaître. Seules les
âmes très élevées peuvent envisager les beautés de l'or-
dre intellectuel, avec « l'océan de ses plus frétillantes dé-
lices s. » D'autres perçoivent et goûtent mieux celles qui
frappent davantage les sens. Enfin il en est de si gros-
sières et corrompues qu'elles ne peuvent « soutenir la
clairté des raiz divins qui flambent en un beau suject*^. »
Considérée en elle-même, l'âme est d'autant plus
belle qu'elle est plus pure et conforme à sa condition
d'être, c'est-à-dire qu'elle est plus sage ; et selon ses
qualités natives ou acquises « la fleur éclattera plus
agréablement sur le front et rendra tout le corps plus
beau^. »
Le corps a se beauté. Les aveugles seuls en doutent.
Mais qu'est donc précisément la beauté du corps ? Af-
faire de convention ou de préjugé, disent les uns ; réa-
lité, disent les autres. La vérité est qu'il y a là quelque
1. Id. p. 12 bis.
2. Art d'emb., p. 14 bis.
3. Art d'emb., p. 19.
4. Ibid., p. 14 bis.
5. Ibid., p. 18.
6. Ibid., p. 15.
7. Ihid., p. 19.
— 9 -
chose de relatif et quelque chose d'absolu. Après Mon-
taigne David Rivault le constate. H y a même en cela
quelque chose de subjectif. « Nous faisons les formes du
beau selon nos appétits'. « Qui y demande de la mi-
gnardise et de la douceur, qui de la force et de la ma-
jesté 2. » Assurément le débauché n'en juge pas toujours
comme le médecin 3. D'un pays à l'autre la mode en dif-
fère. Beauté en deçà de la Méditerranée, laideur au-
delà. « Les Mores » aiment « les grosses lèvres, le nez
camus, la couleur noire ^. » Nous sommes d'un goût tout
autre.
Cependant la beauté existe. Qu'on soit d'avis diffé-
rent sur la couleur de son costume, nous en convenons;
mais nous savons aussi qu'elle n'est ni un mythe ni un
pur produit de notre imagination. C'est même « une pièce
de grande recommandation au commerce des hommes ^. »
C'est une véritable puissance. Pas n'est besoin d'en ap-
peler à Montaigne, qui retira, dit-il, tant d'avantage de
la beauté de son visage^ ; l'expérience journalière per-
met de se passer du témoignage de ce gascon.'
Dès qu'elle apparaît, la beauté s'impose et enlève la
position. Tout le monde subit son ascendant sans en
demander le pourquoi que dégage enfin notre auteur.
« Il faut, dit-il, sen rapporter à ce qui est le plus con-
forme aux desseins de la nature^. » Or d'après elle
« l'agir suit l'essence. » Belle est donc la créature qui
« rend bien toutes les actions ausquelles elle est née^. »
1. Montaigne, Ess., Amsterdam. 1781, t. II, p. 270.
2. Ibid., p. 271.
3. Cf. Artd'emh., p. 22.
4. Ibid., p. 23. — Cf. Montaigne, II, p. 270 : « Au Péru, les
plus grandes oreilles sont les plus belles... »
5. Montaigne, II, p. 560.
6. Cf. Essais, III, p. 275.
7. Art d'ernb., p. 23 bis.
8. Ibid.
— 10 -
C'est alors qu'elle* plait. « Or les actions humaines par-
tent de l'âme comme de la cause principale, et du tem-
pérament qui y contribue quelque chose, pour le mode
seulement'. » « Le corps bien tempéré est un luth de
Padouë qui bien monté et accordé, touché d'une sca-
vante main, pincé d'un doigt délicat et mignard, rend
une divine harmonie 2. » C'est donc l'action qui « met la
beauté à prix 3. Nous nous représentons la beauté svelte,
alerte, accorte, agissante. « Elle n'est aymable qu'au-
tant qu'elle est vive, brillante, gentille et toute pleine
d'âme 4. »
Du reste il y a des beautés propres à chaque âge ; la
jeune fille, « espandant les fleurs et les odeurs de son
printemps, brille de mille gaietez, assaisonnées d'hon-
neste pudeur ; la femme qui garde le haut de son jour
plain et clair, faict montre des fruits d'un riche été ^. »
Il y a aussi la beauté du jeune homme, celle de l'homme
fait et celle du vieillard.
L'auteur étudie ensuite la chose par le menu; et
comme le corps se renouvelle sans cesse par les ali-
ments qu'il absorbe et l'air qu'il respire, il se voit con-
traint d'entrer dans des détails qui relèvent de l'hygiène
et de l'anatomie. Les lecteurs n'en seront ni rebutés ni
effarouchés. « La curiosité de scavoir d'où partent l'em-
bonpoint et le hault appareil d'une belle bien en couleur
excusera la rudesse et l'insolence de quelques mots ^, »
employés par nécessité.
Nous assistons donc à un exposé des phénomènes de
nutrition et de circulation du sang, curieux pour l'his-
1. Ibid,, p. 24.
2. Ibid.
3. Montaigne.
4. Art d'embel., p. 25 bis.
5. Ibid., p. 26.
6. Art d'embellir, p. 28 bis.
a
— 11 —
toire de la science. Il montre chez l'auteur des connais-
sances presque universelles. Toutefois ne demandons à
celui-ci ni le dernier mot sur la circulation du sang, ni
l'explication du phénomène de la combustion intérieure,
qui immortaliseront Harwey et Lavoisier. Est-ce déjà un
mérite si mince et si commun de savoir ce que l'on sait
de son temps ? David Rivault le sut et le sut bien. 11
expose toujours avec clarté et souvent avec esprit. S'il
nous convie à contempler la belle « assise à table, où
l'on n'a pas grâce de s'endormir ^, » oh ! ce n'est pas seu-
lement pour la voir manger, mais aussi pour l'entendre
discourir « dans un honneste entretien 2. » « Remar-
quez-vous comme elle a l'œil modeste, l'oreille subtile,
le nez bon et la langue bien pendue ? Comme elle est
judicieuse et a bonne grâce en tout ! ^ »
L'étude de sa tête fournirait seule de longs et inté-
ressants développements. Quels rouages admirables
servent à ses divers mouvements^ ! « Là est assurément
le siège principal de la beauté que décèlent cet œil,
cette bouche, ce front et le jeu de cette physionomie
mobile et délicate^. Là réside l'expression des senti-
ments et de la pensée. « Prenez garde comme nostre
belle accorde cecy, comme elle refuse cela ; comme
mesme elle fait la mutine : c'est avecque trois mouve-
ments de la teste, en avant, en arrière et en rond^. » La
main elle-même a de la grâce ^ et une économie où l'on
doit toujours admirer l'habileté du Créateur, a C'est
l'autel de la sagesse ^. »
1. Ibid., p. 30.
2. Ibid.
3. Jbid. p. 30 bis.
4. Art d'emb., p. 31 et suiv.
5. Ibid., passim.
6. Ibid., p. 42.
7. Cf, Ibid., p. 46 et suiv.
8. Ibid., p. 49.
— 12 —
Gomment en cette question oublier la couleur du vi-
sage ? A son sujet on ne devrait pas discuter. Le pro-
verbe le dit. Cependant il sera loisible d'avoir son avis.
Or nous nous prononçons pour la blancheur. C'est d'a-
bord « le but de nature ^ » « qui y mesle le pourpre »
Et artiste compose
Du laict avecq la rose ^
« La joue trop blanche ou trop rubiconde n'agrée ; la
pâle est effigie de la mort 3; » l'enflammée déplaît entiè-
rement 4. » Le sang qui afflue dans « les pores humides
et lasches d'une peau douillette » produit « l'incarnatin
dont la belle aurore peint le matin d'un beau jour, quand
une tendre nuée s'oppose légèrement à sa brillante lu-
mière^. » De son action modérée et discrète résulte un
mélange heureux, l'expression même de la beauté de
la peau. Mais, dit Rivault, « il n'y faut qu'une blancheur
naïsve, qui reçoive ainsi que l'air pur le brandon de la
vie et le feu qui éclaire dans le sang 6. » Pour cela
soyons sages : la passion rompt infailliblement ce bel
équilibre, qui fait la beauté des dames.
Aux hommes on demande autre chose en rapport avec
leur rôle dans la nature et dans la société, je ne sais
quoi qui révèle de l'énergie, de la force, joint au bel
agencement et à l'harmonie des formes, une structure
qui satisfasse et en impose.
Pour la taille, on est loin d'être complètement d'ac-
cord ; la petite, la moyenne et la grande ont leurs avan-
tages, propres à chacune d'elles^. Pourtant il me pa-
1. Ibid., p. 50
2. Anacréon, cité par D. Rivault, Art d'emb., p. 51 bis.
3. Art d'emh., p. 52.
4. Ibid.
5. Ibid., p. 52 bis.
6. Art d'emb., p. 54.
7. Cf. Ibid., p. 54 bis.
- 13 -
raît hors de conteste que si la haute taille se soutient
bien, et possède « la proportion de la quarreure à la
hauteur^, » elle l'emporte sur les autres. 11 y règne
une majesté toute autre qu'es plus basses 2, » Au reste
au sujet des qualités précises de chaque partie du corps
il est assez difficile d'avoir une idée très claire et très
exacte, a D'un nez, d'une bouche ou d'un front parfaic-
tement beaux je ne sçay qui se pourrait vanter d'en ar-
rester la juste figure. Le grand ouvrier s'est réservé ce
secret 3. »
Là-dessus fermons cette parenthèse, ouverte en ce
traité en faveur de la beauté mâle, pour revenir à la
beauté qui est plus voisine de la grâce." Celle-ci est une
puissance chez la femme et le vrai sujet de ce livre. Ri-
vault constate cette influence et redit les strophes dithy-
rambiques, mais toujours gracieuses, de la poésie ita-
lienne :
0 ! guancie porgolette
Chi le vostre dolcezze
Chi le vostre bellezze
Non mira ? o ! rose elette ;
Rose, che nutre il latte e le colora
Col suo minio l' Aurora * ?
Labra ove'l ciel tutte le gratie ascose ^. . .
Il commente ces vers et conclut, d'après les doctes
dont ils émanent, à un modèle que plusieurs trouveront
assurément mignard. Nous n'en sommes pas encore aux
poupées de Watteau ; mais nous reconnaissons bien cet
essaim joli, venu de Florence avec Marie de Médicis.
1. Ihid., p. 55.
2. Ibid.
3. Ibid., p. 56.
4. Murtola, cit. par Rivault, op. cit., p. 61.
5. Marini, ap. Riv. p. 61 bis.
— 14 -
Malgré cette indulgence marquée pour ce que nous
appellerions volontiers des actualités, Rivault reste en
général dans les limites de la vérité et du bon goût, qui
sont de tous les temps, et condamne « Fart, quand il dé-
figure le naturel ; comme » fait a le minion sur la joue,
et le blanc d'Espagne sur la face^ »
Les cheveux naturels sont en particulier un ornement
de valeur. Ils gagnent à être longs. « Pour ce qui est
de la couleur, on y varie 2, » dit-il. — Rare prudence de
jugement que nous imiterons ! — Cependant il penche
pour le cil noir des yeux. Ceux-ci sont des pièces impor-
tantes. On les veut bien clairvoyans, vifs, bien placés,
clair-bruns, doux, gracieux 3. » L'œil bleu et le noir ne
sont pas non plus à mépriser. La forme des yeux paraît
mériter une mention spéciale. Ils doivent être « ronds et
grands. » Ainsi les portait la mythologique Junon, qui
avait cela de commun avec d'autres créatures, que le
respect dû aux dames ne nous permet pas de désigner
en français. Laissons aux anciens et à leur langue cette
comparaison essentiellement classique ^. — Les beaux
yeux ne sont ni trop rapprochés, ni trop « distancés et
séparés par la tumeur du nez. »
« Il ne se peut rien imaginer de plus séant-'' » que ce
dernier, « tant il est bien taillé comme à l'esquierre. »
Sa grâce est encore relevée par le voisinage de joues ron-
delettes et grassettes ^ » confinant à une oreille « pe-
tite » — La grande est « mésestimée » — Il s'abaisse
1. Art d'emb., p. 65.
2. Ibid., p. 68 bis.
3. P. 70 bis.
4. « BoàTTiç... "Bpr), » littéralement : « Héra aux yeux de bœuf. »
(Hom. Iliade, XVI, v. 399 cit. par Riv., p. 71. — Item Iliade, I,
568; IV, 50).
5. Art d'emb., p. 73.
6. Art d'emb., p. 74.
— 15 —
sur une lèvre fine et sur une bouche délicate et comme
animée par l'expression discrète du rire et du sourire*.
Pour être complet il faudrait encore parler du « men-
ton mignon, » du « col point court'-, » des doigts de
rose, comme ceux de « la matinale aurore 3. »
De quoi ne devrait-on pas parler dans un sujet si fé-
cond ? Mais il faut bien en finir avec ce qui frappe les
yeux pour examiner ce qui fait les délices de l'ouïe. Ce
sera le sujet du troisième discours.
La voix n'est pas une quantité négligeable parmi les
facteurs de la beauté. On l'a compris depuis longtemps,
et, par des études patientes et de savantes combinai-
sons des sons, on a cherché à mettre en valeur ses pro-
priétés naturelles, à produire des accords, qui, rendant
les diverses expressions de nos sentiments et « chatouil-
lant » agréablement l'oreille, sont une source de conten-
tement et de plaisir.
David Rivault s'étend longuement sur les lois de la
musique et du chant sur les modes « dorien, phrygien
et lydien, » et « l'octachorde » des anciens. Avec quel
succès ? N'étant que profane nous n'osons nous pronon-
cer, ni pénétrer dans ce sanctuaire où trône « Euphro-
siiie, )) à qui l'auteur « baise les mains ^. » Nous pré-
férons accompagner celui-ci à la campagne et dans les
forêts pour y entendre la voix de la nature, que tout le
monde comprend et goûte, soit au bord du ruisseau
Où l'eau va murmurant de plaisans gazouillis ;
soit à la lisière du grand bois, où « le chifïle » des ar-
bres « agités du vent » est « soëf^; » soit près de la
1. Cf. id., p. 74 bis.
2. Cf. id., p. 87.
3. P. 80.
4. Cf. Art d'emb., p. 80.
5. Cf. Ihid., p. 116 bis.
- 16 —
haie là-bas, où le rossignol « chromatise. » Car presque
tout dans la création fait entendre sa voix ; mais l'homme
seul s'en sert pour exprimer sa pensée et lui donner
l'expression raisonnée de ses diverses impressions.
Là encore l'âme a le rôle qu'elle mérite ; elle empreint
le chant de ses qualités, et le cœur y trahit les senti-
ments qui l'agitent. La passion modifie la voix et lui
prête parfois des accents d'une « mélancolie mère de
subtiles et spirituelles voluptez, » un genre d'harmo-
nie « qui attriste bien, mais qui ne fasche jamais ^ »
Le plus souvent elle l'altère et la déshonore. Voulez-
vous donc embellir votre voix ou du moins lui conserver
ses qualités natives, possédez-vous dans « la paix, »
qui est la seule mère nourrice de l'harmonie 2. »
Ce genre de beauté tient donc de près à la sagesse,
qui engendre aussi « les beautés spirituelles 3.
Ici l'on nous présente les trois Grâces, conduites par
la Sagesse. Emblème d'une riche poésie pourtant juste
de tous points ; toute beauté est fille de l'éternelle sa-
gesse.
La beauté en premier lieu reluit dans les intelligences
célestes, « naïf cachet du front divin ^. » Mais nous ne
pouvons guère juger de son excellence que par « la su-
prême force de notre esprit ; il n'y faut employer les
yeux corporels^. » Nous sommes plus à l'aise quand
nous étudions le beau de notre âme.
Celle-ci « est bien belle qui a la volonté simple et
obéyssante au régime de l'entendement^, » et qui se
pare de vertus comme de délicates fleurs. Elle laisse la
1. Art d'emb., p. 132.
2. Ibid., p. 105 bis.
3. P. 134. Ici commence le 4« discours.
4. P. 140.
5. P. 141 bis.
6. Art d'emb., 5« dise, p. 169.
— 17 -
« matoiserie aux hommes de néant ' ; » bannit la frippe-
rie d'honneur 2; » se rend les bonnes actions si faciles
que le bien faire tourne en nature ^ ; » devient « capable
de dilection et accomplie en beauté, w Mais si les mau-
vaises passions ne sont combattues et repoussées, la
raison « quitte son office, » les vertus morales, qui fai-
saient Tordre, « jettent la halebarde, » chassées par le
trouble ; tous les vices « s'y mettent en crédit ; » une
« horrible langueur gaste tout le visage de l'âme, et il
ne reste traict qui ne soit souillé par l'impiété qui y
est introduite^. ^>
Mais notre âme est associée à notre corps pour le
« vivifier, » le « faire florir et l'embellir. » Elle com-
mande à ce petit monde de notre personne, où Dieu —
qui a semé tant de merveilles à travers le vaste univers,
« ces orbes cristallins mouvans si justement, ces astres
radieux, ce clair soleil ^, tant « d'espèces de choses
vivantes, tant de changeantes couleurs, qui diaprentles
coins et le milieu de ce grand tableau 6, — a déversé
tant de beautés marquées au coin de la divine sagesse ^.
C'est encore un chef-d'œuvre incomparable, quand le
vice n'a point rompu l'équilibre de « ce superbe estât
de l'homme, qui est que les qualitez de l'âme et de la
matière symbolisent heureusement ensemble ; que la su-
périeure donne sagement les loix de l'estre et de l'en-
tretien, et que l'inférieure les reçoive doucement, y ac-
quiesce et en retire la fleur et le fruit qui est la Beauté^. »
La sagesse contribue à cet effet et « suivant ce qui en
1.
L'Art d'embellir, p. 177
2.
Ibid.
3.
P. 177 bis.
4.
P. 178 bis.
5.
P. 180 ; 6« dise.
6.
P. 180 bis.
7.
Cf. Art d'emb.^ p. 183.
8.
Art d'emb., p. 186.
— 18 -
paroist au dehors, peut apporter en notre vie beaucoup
d'ornementé » Si elle « modère nostre manger et boire,
nostre repos et veiller. » « De ce pesle-mesle fleurissent
au front, es joues, es lèvres, en la main, des liz et des
roses 2. )) Au contraire « voyez cette mangeuse de pias-
tre, de charbon, de fruits verds, cette avaleuse de vi-
naigre. »
Quelle langueur ce beau froiit déshonore....^ !
« Si elle estoit bien sage cela ne se feroit pas '^. » Elle
se prescrirait un régime de vie. propre à « la nourrir
en humeur sanguine-phlegmatique. C'est la drogue dont
le corps gentil se doit peindre de blanc et d'incarnin, »
à l'exclusion de tout fard, qui rend la peau « de jeune
vieillissante avant l'âge ^''. »
D'ailleurs une âme candide et sage apporte l'aise, le
calme et le contentement, qui dilatent le cœur, et « met
cette couleur soësve de la beauté^*, qui naturellement
réussit du tempérament propre aux louables actions de
la personne bien faicte : elle n'y taille et burine moins
industrieusement la figure qui yplaist^. » Mais il faut
que l'âme se conserve elle-même et qu'elle n'abdique
jamais son autorité. Si l'état de Thomme est pitoyable
quand il « se laisse tomber en quenouille^, » quel est
« Testât de l'esprit qui suit les mouvements de la chair
et reçoit le joug de sa tyrannie*^? » Les affections désor-
1. L'Art d'embellir, p. 189.
2. P. 189 bis.
3. Ronsard, cit. par D. Riv., p. 191.
4. Art d'emb., p. 191.
5. Ibid., p. 192.
6. Ibid., p. 191 bis.
7. Ibid., p. 195 bis.
8. Ibid.
9. p. 198.
- 19 —
données « étouffent » sur le visage les rayons de la
beauté, et « la laideur y prend tellement pied qu'il ne
s'y aperçoit rien que de malgracieux ^ » Hélas! com-
bien voyons-nous de jeunes êtres, qui ne tiennent pas,
devenus grands, les promesses de leurs premières an-
nées ? Le vice est venu et « ces jeunes parterres n'ont
( cnné ni pensées, ni marguerites de bonne odeur 2. «
Assurément les physionomistes ne sont pas infailli-
bles ; et les règles qu'ils donnent feraient souvent pren-
dre le change à qui les suivraient aveuglément. « J'ay
leu parfois entre deux beaux yeux des menaces d'une
nature maligne et dangereuse-^; » et « c'est une faible
garantie que la mine 4. » Cependant il y aurait de la
témérité à n'en tenir aucun compte. Des opinions ont
cours, qui reposent peut-être sur quelque expérience.
L'œil surtout mérite d'être examiné. C'est « le naïf por-
trait de l'âme ^. » « Le brun doux et perçant est signe
de bon et courageux esprit. » Une grosse tête ou toute
ronde marque de Tignorance et de l'inconsidération. »
Du menton « quarré se juge en l'homme un esprit puis-
sant ; du rond peu creux se cognoit en la femme de la
douceur et peu de babil, etc. ^. »
Prenons ces observations pour ce qu'elles valent et
n'y attachons pas plus d'importance que ne le fait l'au-
teur. Personne ne saurait être repris pour avoir peine
à croire que la vie, même la mieux réglée, puisse jamais
donner au nez ou au menton la beauté plastique qui y
ferait défaut. Mais ne décourageons pas les dames. El-
les « sont de paste plus molle, se figurent en tout âge
1. L'Art d'embellir, p. 198.
2. P. 198 bis.
3. Montaigne. Ess. III, 472.
4. Id. ihid.
5. Art d'emh., p. 209 bis.
6. Ih'id.
— 20 —
comme il leur plaist, quand elles veulent s'y exercer de
mesme soin que Livia Drusilla ' . » Celle-ci de fort laide
qu'elle était « née et crue en assez bon âge, ordonna un
temps des mouvements de son âme » et devint, paraît-il,
« très belle de corps-. » On Ta écrit; c'est imprimé.
Les clartés qu'une belle âme répand sur le visage peu-
vent effectivement pallier ou effacer des défauts natu-
rels ; mais ce bonheur n'arrivera jamais à un Thersites,
« homme boesteux, borgne et bossu, » portant « une
face longue et plate, l'œil aspre, les paulpières saigneu-
ses et enflées, les oreilles longues et étroites, le nez
gros et voulté dès le front..., qui sont les ordinaires
marques... d'un homme chien et corbeau en mai'urs ^. »
« De vray il n'y a sagesse humaine qui puisse remédier
aune figure si désespérée^. »
Nous convenons aussi qu'il y a en nous des premiers
mouvements de passion que nous ne pouvons pas tou-
jours empêcher, mais on peut les affaiblir et les dimi-
nuer par une sage surveillance et sauvegarder ainsi la
beauté qu'ils tendent à amoindrir. Les tempéraments
sont souvent une rude épreuve ; mais il faudrait être fa-
taliste pour prétendre qu'on ne puisse se refuser à leurs
exigences. L'imagination qui est le plus affectée peut,
sous l'empire de la raison et des secours de Dieu, se
maintenir dans des hauteurs sereines où l'atteint à
peine cette buée épaisse, qui s'élève des fanges humai-
nes^. L'habitude de contempler de belles et nobles
images la façonne d'après celles-ci ; c'est le plus sûr
garant de la beauté humaine appelée à se reproduire de
génération en génération ^.
1. Sœur de Germanicus. — Art d'emb., p. 210.
2. [bid.. Cf. Tacit. Ann. 4.
3. Art d'emb., p. 214 bis.
4. Ibid.
5. Cf. Ibid. , passim.
6. Art d'emb., p. 220-222 passim.
— ai -
Ainsi considéré le thème s'élève à la hauteur d'une
question morale et sociale. Nous ne pourrions refuser
nos sympathies à un auteur qui préconise le cœur pur,
les sentiments élevés et une belle-âme. Sa thèse, du reste,
nous parait suffisamment prouvée dans son ensemble,
et c'est sans arrière pensée que nous concluons avec
lui « que généralement la sagesse de la personne em~
bellit la face^ qu'en la face de la personne prudente
reluit la sagesse \ »
David Rivault avait décidément conquis une place
honorable dans le monde des lettres. Sa réputation s'é-
tendait même au-delà de nos frontières. Nous l'avons vu
déjà, huit ans plus tôt, bien reçu des savants qu'il visi-
tait'. Un second voyage en Italie, en 1608, fut pour lui
l'occasion de recueillir de la part des lettrés des témoi-
gnages d'estime, mérités par ses travaux. Mais ce n'était
pas seulement un voyage paisible, préparé pour de pe-
tits triomphes académiques, que David Rivault accom-
pHssait. L'Italie, avec l'éclat des lettres et des arts, et
le bassin oriental de la Méditerranée, enveloppé de
souvenirs classiques, autant que des côtes riantes et fa-
meuses de la Grèce, de la Syrie, de la Phénicie, de la
Palestine et de cette Egypte des Pharaons et des Pto-
lémées, voire même de la Sicile, aimée des muses idyl-
liques, avaient pour l'homme de goût et d'étude des
attraits puissants.
Mais cette « mer aux flots d'argent ^ » était sillonnée
au XYII® siècle par les odieuses galères des sultans de
Constantinople et des beys d'Alger. Les chrétiens lut-
taient toujours sur quelque point contre les mécréants.
Les soutenir et combattre contre le Turc maudit, c'était
devoir de gentilhomme. Rivault n'eut garde d'en refuser
l'accomplissement.
1. L'Art d'embellir, sub fuie. — Prov. c. 17, v. 24.
2. Cf. Infra, chap. II.
3. Ampère, Poés.
— 22 -
11 courut donc « les mers d'Orient', » combattit « les
Turcs et par mer et par terre -, » exposé à des dangers
« de diverses sortes '^. »
« De retour en Italie, » il pensa à ses amis avec
qui, sur ces entrefaites, il n'avait pu communiquer 4.
Après les combats et les courses sur mer, il revenait
au commerce de l'amitié et des lettres. Ces dernières
l'appelaient à Rome, où son correspondant devait lui
écrire^.
Dans ce temps il y avait à Rome une société littéraire
dite Académie des Humoristes. Rivault la qualifie de
« très célèbre ^. » Elle reçut dans son sein notre compa-
triote, qui y prononça, le 28 février 1610, une haran-
gue latine sur l'un de ses sujets favoris : unir les lettres
et les armes ^. L'admission de D. Rivault ne devait rien
à la faveur. Ses titres étaient sérieux. L'élu était de
ceux qui honorent une société savante autant qu'ils en
sont honorés. Son discours de réception en serait à lui
seul une preuve. S'il est empreint, dans une mesure que
nous trouverions aujourd'hui excessive, de l'érudition
et du goût du temps, il reste, même pour nous, très
1. Lettre de David Rivault de Fleurance à M. de Calas, de
Florence, 5 novembre 1608. Ms de la- B. N. pub. par le P. Co-
lombier, t. IV, p. 405, Revue du Maine.
2. Id. ibid.
3. Id. ibid.
4. Cf. Id. ibid. L'auteur parle d'un c livret » qu'il a envoyé à
M. Galas. Il s'agissait, semnle-t-il, de quelque chose que Rivault
se préparait à publier.
5. Ibid. P. S. . « S'il vous plaist m'honorer des vostres, vous
les pourrez adresser à Rome... »
6. Cf. Minerva armata, etc. Dédicace.
7. Exactement : Minerva armata, de coniuniendis literis et ar-
mis. Lectio habita a D. Rivaldo a Flurantia, nobili Gallo, in ce-
leberrima Humoristarum Academia. Romae, XXVIII Februarii
quo solet Academia publiée aperiri. MDCX. Roma?, apud Ste-
phanum Paulinum, MDCX Superiorum permissu, in-8° 17 p.
(Bib. Mazarine, 20590).
j
— i>3 —
brillant de forme et solide de fond. On aurait plus d'es-
prit et d'aisance au Palais-Mazarin, mais pas davan-
tage' ce qu'on demande à un bon humaniste.
Ce discours, publié à Rome, est dédié à Jean Zamet*,
qui lui-même faisait partie de l'académie des Humoris-
tes^. La dédicace a le mérite de s'adresser à un capi-
taine dont l'exemple était un argument pour la thèse
de l'auteur. Elle est d'ailleurs délicate, et écrite, comme
le discours lui-même, en un latin élégant et plein d'am-
pleur, qui dénote chez David Rivault un écrivain formé
à Técole des meilleurs auteurs de la littérature romaine.
Une affabulation 3 sert de prologue à la manière de
Plaute et de Térence. La harangue n'est du reste qu'une
longue allégorie ou mieux un long monologue de Mi-
nerve elle-même. L'auteur s'y efface. Dans l'espèce
d'avertissement qui précède, il présente à l'illustre as-
semblée le personnage dont il décline les qualités et les
titres ; il fait remarquer ses principaux traits, puis se
retire.
Cette ingénieuse fiction facilite la leçon. Fénélon nt
dédaignera pas de moraliser de même par la bouche de
Mentor. Avec ses yeux bleus, un peu fauves, mais pudi-
ques, sa démarche grave, qui convient à la déesse de
caractère, et sa longue ^ tunique, d'où la sévérité n'ex-
clut pas la grâce féminine, Minerve peut compter sur
un meilleur accueil que le prêcheur du Télémaque. Son
langage soutenu et sa philosophie aussi solide que nette
et tranchée décèlent la sagesse et l'autorité ; c'est bien
1. Jean Zamet, fils du banquier Sébastien Zamet, d'origine
italienne, et de mademoiselle du Tremblay, fut un homme de
guerre remarc^uable par sa vertu et sa valeur. Il mourut au siège
(le Saint-Antoine, près de Montpellier, en 1620.
2. « Alias gymnasticœ das operam, alias in celeberrima Humo-
ristarum Acauemia.... cui asciti sumus..., vel animo nutriris ab
aliis, vel ilios etiam relicis. » (Muierva arm... Dédicace).
3. « rioojxOôiov legentis. )) (Id. ibid.).
4. Id. Prolog.
- 24 -
Minerve-Athena, transportée du Parthènon à Rome avec
la gracieuse majesté et la lucidité attiques. Elle conserve
sa politesse native, et, à Rome, salue cette Rome deve-
nue « sienne, » qu'elle chérit plus qu'aucune autre ville
du mondée »
Elle réunit en elle-même les qualités de Mars et des
Muses, et c'est la « diminuer de la tête^ » que d'aiïir-
mer que les lettres et les armes n'ont rien de commun ^ ;
c'est méconnaître l'origine de la déesse et sa raison
d'être ; c'est la dépouiller de son « casque, de son bou-
clier et de sa lance, » pour ne voir que la jeune fille,
faible et craintive, au lieu de Pallas redoutable. On
n'est pas mieux inspiré de la transformer en amazone,
avide de sang et de carnage et méprisant la philosophie
et l'étude dont elle ignorerait l'excellence. Elle est, au con-
traire, un résumé complet des qualités propres aux let-
tres et aux armes, un tempérament heureusement équi-
libré, qui lui permet de crier aux rejetons de la noblesse :
« Gentilshommes, croyez-moi, vous êtes nés pour l'é-
tude et pour l'action. Etudiez avec soin, combattez avec
courage, selon les occasions. Qui ne fait ni l'un ni l'au-
tre ne mérite pas de vivre, et n'est bon que pour la po-
tence^. »
Arrière donc le dédain des gens d'armes qui détes-
tent les livres et traitent les « doctes de hiboux et de
teignes de cour\ » Arrière aussi l'ami des lettres, qui,
retenu par ces aimables sirènes, se rend impropre à
l'action^. Il n'est admis d'exception que pour ceux qui se
sont voués « au saint ministère^. » Encore, combattant
1. Miner V a ar mata, prologue.
2. « Gapite me minuunt... > (Minerva arm., p. 7;.
3. Cf. Id. ibid.
4 Ad scalas gemonias rapiendus est. » (H. P. 8).
5. « Sorices et tineas... » (Id. p. 9).
6. Cf. Id. ibid.
1. « Soli illi qui se cœlesti ministerio manciparunt... » p. 9.
- 25 -
contre le vice et se livrant à la contemplation, ils hono-
rent vraiment Minerve ^ .
Pour les autres, poursuit la déesse, ils me démembrent.
De là ces efforts sans vigueur, ces avortons de soldats
et ces idées des savants sans échos au dehors -. De là
également les désordres et les débordements « de
Mars. » On n'est pas surpris que jadis il ait été jugé
digne de mort par l'Aréopage 3. Son ardeur n'est pas,
comme celle de Minerve, tempérée par la Sagesse.
Minerve préconise l'urbanité, l'élégance, tout ce qui
fait l'ornement des belles actions. Elle proclame bien
haut que « rien n'est bon en dehors de ce qui convient,
et que rien ne convient s'il ne se présente sous les traits
de la beauté^. Rien de ce qui contrarie Minerve ne sau-
rait être bien. Plaire à tous, aimer le beau, charmer
l'esprit, les yeux et les oreilles, voilà le fait de la
déesse^. Aussi voyez cette inaltérable beauté virginale,
cet éclat, cette gaité surprenante, cette fleur de l'âge,
délectable et luxuriante dans sa pudeur ^^ ! Elle méprise
le fard et tout charme d'emprunt ; elle exècre ces effé-
minées, qui, le peigne et le miroir à la main, tombent
dans la mollesse et s'adonnent à des soins excessifs qui
vont moins « à orner le corps qu'à dépouiller l'esprit^. »
Il faudrait donner en entier un portrait brossé de
main de maître et ne pas en défigurer les traits par une
froide analyse. Celle-ci ne peut rendre le contraste qui
existe entre ces êtres amoindris et la figure si vive et
si naturellement belle de la déesse. Cette dernière se
1. Minerva armata, ibid.
2. Id. ibid., p. 10.
3. Ibid., p. 10.
4. Ibid., p. 13.
5. Id. ibid.
6. Id. ibid., p. 13.
7. Ibid., p. 14.
-re-
donne pour modèle et nous livre son secret : la culture
des lettres, et tour à tour, les exercices corporels K C'est
pourquoi elle jouit d'une vigoureuse et indestructible
jeunesse, qui se plie aux circonstances avec aisance et
à propos. Jeune fille dans l'intimité, les relations, les
amusements et les jeux, elle déploie une énergie toute
virile dans les affaires importantes soit de la guerre,
soit du gouvernement 2. Elle se maintient, non seule-
ment dans une réserve pudique, mais dans la chasteté,
et elle guérit les siens des blessures portées par « Vénus
et Gupidon^. »
Qui donc ferait à Minerve l'injure de lui préférer
Mars, digne tout au plus d'un encens barbare ? Les an-
ciens n'ont pas commis cette méprise. Tous leurs fa-
meux capitaines étaient à la fois « des savants et des
soldats '^ » C'est ainsi que les Romains ont conquis le
monde ; et, quand Héliogabale eut, aux noces du Soleil
et de la Lune^, jeté le palladium à la voirie, l'empire
trembla et finalement s'écroula. La leçon est bonne ; il
faut en profiter 6.
David Rivault revint d'Italie grandi par de nouveaux
succès. Le roi le jugea capable de remplir d'importan-
tes et délicates fonctions. Par brevet du 28 avril 1611
il le nomma sous-précepteur ou plus exactement a lec-
teur aux mathématiques » de son fils^. Une pension de
3000 ^ ^ fut ensuite accordée comme récompense des
services rendus par le sous-précepteur. Rivault ensei-
gnait donc au jeune prince les mathématiques « aux-
1. « Hic literis, hic gymnasticas operam do. » p. 14.
2. Minerva armata, p. 14.
3. p. 15.
4. Id., p. 15.
5. P. 16.
6. Cf. id., p. 17.
7. Cf. Pièces justif. F.
8. Cf. Pièc. justif. brevet du 10 novembre 1611.
— 27 —
quelles Sa Majesté avait de l'inclination i. » Il devait
aussi suppléer « en cas de maladie et d'absence- » le
sieur des Yveteaux, qui demeurait précepteur en titre.
1. Pièc. justif. F.
2. Ibid.
28 —
CHAPITRE IV
Le poëte Nicolas des Yveleaux. — Henri IV en fait le précepteur de son fils
aîné. — Influence de des Yveteaux à la cour. — Son renvoi. — Sa vie épi-
curienne et singulière qui donne raison à ses ennemis. — Sa mort à
Brianval.
C'est une figure bien originale que ce des Yveteaux.
Nous disons « un type ». Il a fait le bonheur de Tallemant
des Réaux, qui laisse libre cours à sa mauvaise langue,
et crayonne ce portrait d'une main habile, mais s'appe-
santissant avec excès. Certains traits sont trop saillants
et tournent à la caricature.
Au risque d'en amoindrir le relief, retraçons ce cro-
quis avec un souci plus grand de la vérité.
Nicolas Vauquelin, seigneur des Yveteaux, naquit au
château de Fresnaye-au-Sauvage, près de Falaise, en
1567 ou 1568 ^ Il était fils de Jean Vauquelin de la
Fresnaye et d'Anne de Bourgueville de Bras -.
1. Cf. Julien Travers, Addition à la vie et aux œuvres de N.
Vauquelin des Yveteaux, Gaen, 1856, broch. in-S» de 23 p. — Th.
Lhuillier, Le poète des Yveteaux, Meliin, 1872, broch. in-S» de
18 p. — Rathery, Vauquelin des Yveteaux, Paris, 1854, 14 p.
in-8". extrait du Moniteur universel du 21 oct. 1854. — J. Pichon,
Notices sur Vauquelin de la Fresnaye et Vauquelin des Yveteaux
dans le Bulletin des Bibliophiles, 1845 et 1846. — Fournier, Va-
riétés hist. et litt., II. — Michaud, Bio^r. art. des Yveteaux. —
Athenœum français, III, 574. — Choisy, Notice sur V. de la
Fresnaye, Falaise, 1841. — Factums concernant des Yveteaux,
Bib. nat., etc.
2. Le père d'Anne, Charles de Bourgueville, sieur de Bras,
naquit à Caen le 6 mars 1504. En 1568 il obtint la charge de lieu-
tenant-général de Gaen dont il se démit en faveur de Jean Vau-
quelin, son gendre. Il a laissé plusieurs ouvrages, en particulier
ses Recherches et antiquités de Neustrie, qui le font ranger parmi
les historiens de son pays.
— â9 —
Poète et fils de poète \ il se trouva d'abord contrarié
dans ses goûts, comme l'avait été son père, qui, en 1593,
lui résigna sa charge de lieutenant général au baillage
de Caen. Les lois, la chicane, la procédure,^ quelle com-
pagnie pour la muse ! Jean Vauquelin réussit pourtant
à les mettre d'accord, ou à peu près. Son fils fut moins
heureux, sans doute aussi moins sage. Il y eut six ans
d'essai '-. La détermination avait été un vrai sacrifice ;
des Yveteaux sentait qu' « il n'estoit rien si accom-
modé à sa complexion qu'une vie douce et retirée 3. »
Dans cette tentative le jeune lieutenant général fut sin-
cère ; on le voit par des harangues imprimées à Caen^
et retrouvées par J. Travers^. L'auteur se montre con-
vaincu de l'importance de sa position : « Que peut-on,
disait-il, adiouter à la gloire de ceux de qui la vigilance
fait dormir tout le monde ^ ! » Il apporte au tribunal au
moins de la bonne volonté, a et une intention dont la fin
ne peut estre désapprouvée par personne". )> Du reste
si la charge est lourde, l'exercice en est glorieux ; « la.
justice est le premier lien de la société humaine, le prin-
cipal fondement de nostre liberté, la fontène perpétuelle
de nostre bonheur : illius idcirco servi sumus^ ut li-
beri esse possimus^. » L'idée qu'il se fait des diverses
1. Jean Vauquelin de la P'resnaye, né en 1536, publia en 1555
ses Foresteries, recueil très l'aibie, et plus tard, un Art poétique
et des Satires, qui lui font plus d'honneur. 11 fut un prédécesseur
de Boileau, qui ne daigna pas même le nommer. Depuis, la criti-
que littéraire a réparé cette injustice.
2. Cf. Lettre de M. le président de la Fresiiaye à M. des Yve-
teaux, son frère, p. 11, ap. Pichon, op. cit.
3. Première harangue de N. des Yveteaux.
4. « Trois harangues de Nicolas Vauquelin, lieutenant géné-
ral du bailliage de Caen. A Caen de l'imprimerie de la veufve de
laques Le Bas, imprimeur du Koy. MDXCV. »
5. Op. cit.
6. P^ harangue.
7. 2" harangue.
8. .V« Harangue, à l'ouverture du Palais, 1595.
— 30 —
fonctions des hommes de loi, de leur bonne tenue, est
également élevée : « Pensez, dit-il aux avocats, que
vous êtes icy pour monstrer le chemin de la iustice et
non pas des procez^. » « Obligez-vous plus que vous ne
faites à ce qui est l'ordre, laissant les voix aspres et
enrouées à ceux qui font la chasse dans les bois, en re-
tenant que Tavocat doit estre instructus voce^ actione
et lepore^ comme dit Cicéron-. « Il rappelle encore à
leur devoir les procureurs et les greffiers 3.
11 n'est pas impossible que tout ce monde, si verte-
ment admonesté, ait gardé rancune au magistrat sé-
vère^, et se soit joint au sieur de Gambray pour dégoû-
ter de sa charge le jeune lieutenant général.
Celui-ci avait fait emprisonner Gabriel de Beauvoisin,
sieur de Gambray. L'affaire fut portée au parlement de
Rouen, qui ordonna l'élargissement du prisonnier, en-
joignit au lieutenant général de comparaître à sa barre
en personne, et jusqu'à ce lui interdit l'exercice de son
•office''. Des Yveteaux, qui regrettait peut-être la vie
calme à laquelle il avait momentanément renoncé pour
une occupation « malaisée à un homme norry dans la
solitude des Muses 6, » jugea l'occasion bonne pour
vendre sa charge, en 1600, à son frère Guillaume, sieur
de la Fresnaye^.
Sur ces entrefaites il reçut à Gaen ^ la visite de Fran-
1. 3^ Harangue, h l'ouverture du Palais, 1595.
2. Ibid.
3. Ibid.
4. Cf. J. Travers, op. cit.
5. Pichon, op. cit.
6. Des Yveteaux, l""^ Harangue.
1. Guillaume Vauquelin, s^" de la Fresna^e, troisième fils de
Jean Vauquelin. Il paya son office 18,000 liv., dit le factum pour
Nicolas Vauquelin, sieur des Robours, ou seulement 9,000 liv.,
selon des Yveteaux, dans sa réponse à la lettre de M. de la Fres-
naye.
8. C'est du moins ce qu'affirme Huet (Orig. de Gaen, p. 355) et
Gouget (Bibloth. franc., XV[, p. 112).
— 31 —
çois-Annibal d'Estrées, qui revenait de Bretagne où il
avait présidé les Etats. D'Estrées l'engagea à s'en aller
à Paris. Après sa dernière aventure l'ex-magistrat de-
vait aisément quitter la province ; puis la protection, au
moins entrevue, du frère de la belle Gabrielle, pouvait
déterminer des Yveteaux.
Il partit donc pour Paris où il fut présenté à Henri IV
par Desportes et le cardinal du Perron, anciens amis
de son père'. Peu après il devenait précepteur de Cé-
sar de Vendôme, fds du roi et de Gabrielle d'Estrées.
Il commençait à avoir « beaucoup d'honneur sans
peine'-. » C'était son ambition. Il y ajouta les plaisirs qui
entraient aussi dans son programme de vie.
D'un caractère enjoué, d'un esprit vif et fin et de
mœurs peu sévères, des Yveteaux devait naturellement
plaire à un prince et à des grands dont il partageait les
penchants voluptueux. Son talent pour la poésie servait
aussi à ie pousser dans une société avide de petits vers
et de gaudrioles littéraires. Ses productions légères,
licencieuses même, faisaient, dit-on 3, les délices de no-
bles dames.
Poète à la mode, il paraît avoir rendu force services
aux amants, qui, obligés par Tusage d'adresser des vers
à leurs maîtresses et désespérant de pouvoir jamais rimer
« malgré Minerve, » étaient tout heureux de tenir de la
complaisance d'autrui une élégie, une ode, une épi-
gramme, n'importe quoi, selon la nature des relations.
On raconte même — que ne raconte-t-on pas ? — que
Henri IV eut recours à ce chantre de bonne composi-
tion^, qui, à l'occasion, ne ménage pas de poétiques le-
çons à son royal client :
1. Cï. Réplique de la veuve Lésinière ', — Gouget, Tallemant
(les Réaux.
2. Sonnet àe àe^ Yveteaux, cf. Blanchemain, œuv. de des Yve-
teaux.
3. Cf. Lhuillier. op. cit., p. 4.
'\. Cf. Pichon, op. cit.
- 3^ —
Adraste qui se voit le plus grand de son âge...,
Ayant soumis la terre aux lois de son courage
Sous celle d'une femme était emprisonné...
Enfin il a rompu des chaînes malheureuses...*
Des Yveteaux obtenait bien d'autres succès. Ses in-
trigues galantes n'eurent que trop de retentissement.
Il y eut, parait-il, aventures et mésaventures^. En d'au-
tres temps on se serait montré plus sévère à la cour
pour un précepteur d'un fils du roi et pour un posses-
seur de bénéfices ecclésiastiques^. Ceux-ci étaient la
monnaie avec laquelle Henri IV s'acquittait des obliga-
tions qu'il avait à des Yveteaux ; pour faire de son pro-
tégé un abbé commendataire, lui-même écrivait au car-
dinal de Givry :
« Mon cousin, c'est en faveur de des Yveteaux, qui
est à moy, que je vous fais ce mot, pour vous prier de
vous employer de tout vostre pouvoir à ce que l'abbaye
de Nostre-Dame du Val, qui est en titre, passe en com-
mende^... etc. »
D'autres fois on donna des abbayes à des poètes. On
reconnaissait et récompensait ainsi le mérite littéraire.
A ce titre des Yveteaux en valait bien un autre. Assu-
rément il y a dans ses œuvres trop de pièces de com-
mande, trop de vers licencieux comme ce fameux son-
net épicurien, qui traîne aujourd'hui partout :
Avoir peu de parens, moins de train que de rente,
Et chercher en tout temps Fhonneste volupté,
1. Œuvres de des Yveteaux, édit. Prosper Blanchemain.
2. Cf. Le Baston rompu. Tallemant cite et commente cette sa-
tire, t. II.
3. II ne posséda pas l'abbaye du Val en commende avant l'an
1609. On le voit par la lettre ci-dessous de Henri IV. Des Yve-
teaux abandonna plus tard N.-D. du Val à l'abbé de Rancé.
4. Original à la Bibliothèque publique de Metz. Cit. par Lhuil-
lier, op, cit.
■
- 33 -
Contenter ses désirs, conserver sa santé
Et l'âme de procez et de vices exempte ;
A rien d'ambitieux ne mettre son attente,
Voir les siens élevez en quelque authorité.
Mais sans besoin d'appuy garder sa liberté
De peur de s'engager à rien qui ne contente ;
Des jardins, des tableaux, la musique, des vers,
Une table fort libre et de peu de couverts, etc. '...
L'agrément incontestable du tour ne peut faire oublier
ni méconnaître les droits qu'a au respect, même du
poète, la vraie et saine morale. Mais d'autres composi-
tions nous mettent plus à l'aise dans la louange que nous
ne marchandons pas à un facile talent. Dans V Institu-
tion du prince"*-^ poème composé pour César de Ven-
dôme, il y a des vers « bien pensés et bien exprimés 2. »
Tu peux en tous endroits et lorsque tu le veux,
Invoquer l'Eternel et lui faire des vœux,
Pour ceux qui vivent bien, le monde n'est qu'un temple.
Mais tu lui dois ta vie, au peuple ton exemple... *.
On dirait que cette dernière pensée serait empruntée
à David Rivault\ D'accord encore avec lui, des Yve-
teaux estime les belles-lettres et les recommande à son
élève, comme étant
La source des conseils, le repos des labeurs.
Le charme des ennuis et l'oubli des douleurs*'. »
1. Ap. J. Travers, Blanchemain, etc.
2. L'Institution du Prince. Paris, 1604, in-4<^. Nous nous garde-
rons bien encore de tout approuver en ce poème.
3. Pichon, op. cit.
4. Inst. du Prince.
5. Cf. Suprà les Estats.
6. Instit. du prince.
- 34 -
Le prince les aimera et les cultivera, mais discrète-
ment et en prince.
Pourtant je ne veux pas que ton cœur s'en affole ;
Instruis-toi pour le monde et non pas pour l'école.
Il faut que ton savoir se découvre en vivant :
Je t'aime beaucoup mieux habile que savant*.
Le poète parfois s'élève. Nous n'hésiterions pas à sa-
luer en lui un prédécesseur de Corneille, s'il en avait le
tour vif et le laconique sublime :
Les esprits généreux, malgré les lois du temps,
Nous font voir leur automne avecque leur printemps,
Et le cours du soleil, le tyran des années,
Ne se doit observer pour les âmes bien nées ^
Des Yveteaux n'est donc pas un poète à mépriser.
Il eut sur son vieux père, avec un talent moins original
peut-être, « l'avantage de se trouver du mouvement de
réforme imprimé à la langue par l'école nouvelle de
Desportes, de Bertaut, de Racan et surtout de Mal-
herbe 3. »
Tout le monde connaît les stances à Duperrier. On
oublie qu'un émule et un ami de leur auteur gémissait,
d'une voix qui nous parait charmante en sa grâce
douce et plaintive, sur la mort et ses « rigueurs à nulle
autre pareilles : »
Beaux rayons, plus clairs que durables,
Si vos lumières désirables
Ont eu leur fin en commençant.
C'est le destin des belles choses :
1. Institut, du Prince.
2. Ibid. — Gomp. Corneille, Le Cid, acte II, se. II :
« Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point le nombre des années. »
3. Rathery, p. 12.
- 3o -
Un matin est l'âge des roses,
Et les lys meurent en naissant*.
Des Yveteaux et Malherbe étaient liés par l'affection
que se doivent des compatriotes, la sympathie d'âmes
sœurs, bien que de mœurs et de caractère différents, et
la reconnaissance que celui-ci avait à celui-là. Des Yve-
teaux, fort en crédit auprès du roi, introduisit Malherbe
à la cour, et par l'appui qu'il lui prêtait, mérita bien des
lettres et de la langue. Il fit la fortune de son ami sans
négliger la sienne.
Il obtenait de nouveaux bénéfices simples, deux mille
livres de pension 2, entrait dans le conseil privé de
Henri IV, et enfin était nommé précepteur du Dauphin,
depuis Louis XIII, le 22 août 1609 3. Mais la mort du
Béarnais, assassiné le 14 mai 1610, devait mettre un
terme à ses succès et à sa faveur à la cour.
La nomination de des Yveteaux, faite par le roi sur
son initiative personnelle, ou peut-être à la prière du
maréchal d'Estrées, fut généralement désapprouvée.
Elle déplut surtout à la reine. Celle-ci aurait répondu
au remerciement du nouveau précepteur : « qu'il ne l'en
1. Des Yveteaux. Sur la mort de deux jeunes garçons. —
Gomp. Malherbe, Cous, à M, Duperrier sur la mort de sa fille :
« Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin. »
2. Cf. Lhuillier, p, 5.
3. « ...Nous ne saurions mieux faire paraître à nos subjets
combien nous les chérissons que par le soin que nous voulons
avoir de faire donner à notre cner et bien aimé fds, le Dauphin
de Viennois, une si bonne nourriture qu'elle puisse engejidrer
en leurs c<i'urs une affection immortelle... Nous avons adVrsé de
lui donner bailler un précepteur bien choisi, suffisamment versé
à toutes sortes de sciences... Nous n'avons pas trouvé de plus
propre à cest effect que nostre amé et féal Nicolas Vauquelin, s""
des Yveteaux... » (Extrait d'une lettre de Henri IV portant no-
niin. de N. V. des Yveteaux comme précepteur de Louis XIII.
— Ms. app. à M. Henri de la Fresnay de Guibray, cit. dans les
Communes et la royauté, par Ch. Desmaze, Paris 1877, in-12. —
De fait des Yveteaux était en fonction dès le mois de février 1609.
(Cf. L'Estoile).
- 36 -
remerciast point, mais le Roy, qui seul l'avait voulu, et
que, si elle eust esté crue, il ne l'eust jamais esté *. »
Le mécontement de Marie de Médicis a pu se tra-
duire d'une façon moins vive ; mais il fut réel. On le
rappellera plus tard à Sa Majesté 2. C'est un sentiment
qui honore l'épouse offensée par les soins donnés au
fds de la d'Estrées, et la mère, justement inquiète des
leçons et des exemples qu'allait donner à son fils un
maître de capacité douteuse et de mœurs au moins sus-
pectes.
En outre des Yveteaux avait contre lui le nonce Ubal-
dini, le maréchal de Villeroy et Bruslart de Sillery.
L'Eglise ne pouvait se désintéresser de l'avenir et ne
pas veiller avec une extrême vigilance sur l'éducation
du fils aîné de Henri IV. Aussi à peine l'enfant était-il
né que le roi était supplié par le nonce Buffalo de ne
point le mettre aux mains des hérétiques 3. Henri IV le
promit et tint parole. Il donnait aussitôt au jeune dau-
phin une nourrice orthodoxe, puis le confiait aux soins
de M. et de M™^ de Montglas, tous deux catholiques.
Enfin, quand il eut atteint l'âge de sept ans, à ceux de
Gilles de Souvré^, qui l'était aussi.
(( Henri IV ne fut pas toujours aussi bien inspiré
dans le choix des personnes qu'il plaçait auprès de son
1. L'Estoile, 1881, IX, 226.
2. Cf. Une pièce à la suite des Mém. de Villeroy, 1723, t. V,
p. 204. « On scait que vostre Majesté informée du peu de scavoir
de ce payeur de bonne mine, ...ne vouloit en façon du monde
qu'il élevât votre fds.... »
3. Cf. Biblioth. nation., ms. italiens, n" 66.
4. Cf. Suprà, p. 35. Lettre de Henri IV nommant des Yveteaux
comme précepteur. « Notre principale intention a esté aussitôt
que nous avons reconnu son esprit (c.-à.-d. du Dauphin) capa-
ble de recevoir des instructions, de faire choix de notre ame et
féal sieur de Souvré pour estre son gouverneur. » — Gilles de
Souvré, marquis de Courtenvaux, maréchal de France, né vers
1540. Il reconnut l'un des premiers les droits de Henri IV au
trône et le servit avec fidélité. Courtenvaux est dans le Maine
(Cf. Bulletin delà Société d'agric. de la Sarthe, XVI, 71-74).
i
— 37 -
fils, et sa légèreté ou son imprudence donna un trop lé-
gitime prétexte au nonce Ubaldini d'intervenir dans les
affaires du ménage royal'. » La nomination de des
Yveteaux en est une preuve. Elle était désagréable au
nonce qui avait obtenu de la reine (1608 ?) qu'elle ferait
donner des maîtres bons catholiques à son fils, déjà
« plus grand que son âge, plus beau que ne le faisaient
les peintres, très semblable à sa mère par le visage,
avec la gravité sévère qui caractérisait la maison de
Médicis^. »
On soupçonnait bien Nicolas des Yveteaux de ne pas
tenir toute la promesse de la reine ; mais qu'y faire ? Le
joyeux précepteur se réclamait du roi et de M. de Brè-
ves, ambassadeur près le Saint-Siège. L'ombre même
du feu roi semblait encore couvrir de sa protection le
précepteur suspect.
Ubaldini le faisait surveiller par de Souvré et le père
Cotton 3 et recueillait « les accusations les plus extraor-
dinaires et les plus graves^. » On parlait de discours
tendant à l'athéisme, à l'impureté des mœurs, etc. C'é-
tait inquiétant, malgré les notes optimistes de l'ambas-
sadeur de Brèves, assurant que « le roi avait porté au
choix du précepteur de son fils tout le soin désirable et
qu'il était difficile de faire une meilleure élection^. »
Mais les renseignements venus de Paris ou de Fon-
tainebleau ont plus de poids devant l'histoire que ceux
qu'envoyait de Rome le trop facile de Brèves. Or voici
ce que nous apprend le fameux « Discours présenté à
1. Perrens. L'Eglise et l'Etat, sous le règne de Henri IV et la
régence de Marie de Médicis, I, p. 379.
2. Cf. Ubaldini, dép. du 5 février 1608, ap. Perrens, op. cit.
3. Jésuite, confesseur de Henri IV et de Louis XIII enfant.
4. Perrens. op. cit.
5. Dép. du 22 juillet 1610.
- 38 -
la reine, mère du roi^ » L'auteur, quel quil soit-, se
montre sévère pour le premier précepteur de Louis XIIP,
qui a le soin de « cette belle plante, ...si mal cultivée^. »
Il faut de toute nécessité en choisir un autre qui « efface les
traits fardez et cet ombrage de scavoir de son premier
maître. Car quel profit peut faire le prince de l'exemple
de sa vie et de ses instructions ? Ses leçons sont en
toutes leurs parties prodigieuses, sans tètes et sans
pieds ^... »
Suivent d'autres accusations, par exemple de propos
licencieux et « efféminez, » et même de foi suspecte,
etc. De ces griefs il en est dont nous ferions bon mar-
ché, comme l'histoire de Pomone et de Flore. Elle pou-
vait bien être oiseuse, mais tout professeur en parlait
en ces temps où la mythologie était très à la mode.
1. A la suite des Mémoires de Villeroi/, V, 199, Amsterdam,
1725.
2. Le ton ferme, les grandes vues de ce discours nous font
penser à Richelieu. L'évêque de Luçon était jeune encore mais
non inconnu à la cour. — Quant à y voir, comme le veut Talle-
mant, une remontrance directe et ofiicielle du clergé, impossible :
la forme du discours s'y oppose. L'auteur parle en son nom et
s'appuie sur des renseignements « puisés dans les compagnies
de plusieurs personnes de qualité... »
3. Ce discours fut adressé à la fin de l'année ; « il y aura force
mécontentements à ce premier de l'an. » Aux étrennes de 1612
la question du précepteur était tranchée. Elle l'était même en
1611, au moins pour ce qui concerne des Yveteaux, personnelle-
ment nommé et pris à partie. La question se présentait de nou-
veau le 13 novembre 1612 à l'occasion de la mort de Nicolas Le-
fèvre. Mais là encore ne peut trouver place le « Discours à la
Reine. » L'orateur parle avantageusement de Sully, qui ne pou-
vait donc être en disgrâce, de difficultés de la reine pendant les
« six derniers mois. » Enfin — et cette raison me paraît décisive
— la reine devra bien recevoir « le comte de Soissons, quand il
sera de retour, » et lui témoigner sa satisfaction pour les services
rendus aux Etats de Rouen. » Or le comte de Soissons était mort
dans la retraite et presque dans la rébellion, à Blandy, le 30 oct.
ou au moins le l®"" nov. 1612 (Cf. Dareste, Èist. de France, V, p.
12; Michaud, art. Soissons, etc).
4. Disc, à la Reine.
5. Ibid.
- 39 -
Nous ne serions pas plus sévère pour « les plagiats ; »
un maître ne saurait tout inventer. Quant au reste il
faut bien y voir un grand mal qui appelait un grand re-
mède. L'insuffisance de des Yveteaux paraît avoir été
assez notoire ^ L'enfant lui-même « avait le sentiment
de l'infériorité de son maître en face d'une tâche faite
pour des hommes éminents, et le malheureux des Yve-
teaux dut s'en excuser un jour d'une manière assez pi-
teuse en disant à son élève, à propos d'une réflexion
qui n*est pas parvenue jusqu'à nous^, « qu'il n'était sans
doute pas des plus savants, mais toutefois qu'il n'était
pas un homme du commun ni du vulgaire, car on ne
l'eust pas mis auprès de Sa Majesté 3. »
Si l'on en croit l'auteur du « Discours à la Reine, »
Henri IV obligé d'avouer un jour dans l'intimité que
son choix laissait à désirer, aurait ajouté que des Yve-
teaux « était auprès du Dauphin plutôt pour lui ap-
prendre un bien peu de grammaire que pour un autre
sujet, mais qu'il en choisirait un autre de meilleure
étoffe quand il serait plus grand ^. »
Prévu ou non par le roi, le remplacement de des Yve-
teaux eut lieu subitement en juillet 1611.
Quelle en fut la cause ou l'occasion ? L'Estoile, qui
n'en sait probablement rien, affirme que c'était pour
avoir « babillé entre autres de M. d'Encre.^ » Il faut
plutôt, pensons-nous, en chercher la raison dans les
motifs déjà connus du lecteur. L'ambassade vénitienne
n'en donnait pas d'autres à son gouvernement 6. Mais il
1. Cf. Disc, à la Reine. •
2. B. Zeller, La minorité de Louis XIII, p. 130.
3. Hëroard, t. II, p. 57. Ed. SouUé et Barthélémy, Paris,
Didot.
4. Die. à la Reine, p. 204.
5. Mém., tom. XI coll. Michaud, p. 133.
6. « Fu dimisso improvisamente il S. d'Ifito dal carico de pre-
cettore del Re par ombra pressa de lui in materia di religione, et
dato al sip^iiof di Fevro, ^raii littorato, et bonissimo cattolico, et
al Ue che i'ainava s'ù fatto creder altro. » (Amb. venit. 27 juillel
1611).
- 40 -
est aussi fort possible « qu'on ait caché la vraie cause
du renvoi de son précepteur au roi qui Taimait*. »
Des Yveteaux quittait la cour largement pourvu de
pensions 2 et de bénéfices. Il se retira dans sa belle
maison du faubourg Saint-Germain. La vie qu'il y mena
n'était pas pour infirmer les griefs articulés contre lui.
Bien que désormais les détails de cette singulière
existence soient pour nous d'un moindre intérêt, nous
en donnerons un résumé succinct, sans nous porter ga-
rant de la véracité de tous les faits relatés, la plupart
par le médisant Tallemant des Réaux.
Libre de tout souci et de toute contrainte, Nicolas des
Yveteaux s'enfermait dans sa maison 3, « ornée de fes-
tons et de lacs d'amour, se parait de vieux rubans que
Ninon lui avait donnés, recueillant une aventurière, en
procès avec sa famille, scandalisant tout le quartier, et
soutenait jusqu'à la fin de sa vie une espèce de masca-
rade dont Chaulieu a poétisé les détails^. »
Il sortait peu, mais recevait volontiers et dînait en la
joyeuse compagnie de Saint-Amant, du comte de
Brionne, de Saint-Laurens et de l'historien Mézeray,
qu'il protégeait ; car il ne refusait pas son aide aux dé-
butants dans le monde des lettres et n'était pas insen-
1. Cf. la note précédente.
2. Il existe de lui une Quittance de 1621 de 6000 liv. « pour l'es-
tat et entretenement qu'il plaist à Sa Majesté lui donner durant
la présente année. » (Obligeamment comm. par M. Bertrand de
Broussillon d'après le n» 88 de mai 1882 de la Revue des Auto-
graphes).
3. Des Yveteaux possédait une maison rue du Marais. On a
beaucoup parlé de pont souterrain faisant communiquer un jar-
din de des Yveteaux avec un autre jardin situé l'autre côté de la
rue. Nous ne pouvons entrer dans ces détails. (Cf. Fournier, Va-
riétés hist. et litt.).
4. Cf. Rathery, op. cit., et la pièce de Chaulieu :
« Jacques au dernier de ses jours
a II porta constamment pannetière et houlette,...
« Expira mollement au son de sa musette...
- 41 —
sible aux souffrances des poètes besoigneux. Par mode
de reconnaissance l'un d'eux lui ouvrait son cœur et se
plaignait d'être incompris ailleurs :
Hé quoy, Des Yveteaux, n'est-ce pas un grand fait
Qu'un poète ignorant, un rimeur imparfait
Trouve ce qu'il désire,
Et que le vray poète, en ce mal-heureux temps,
Languit en son bien dire
Comme la fleur cachée au déclin du printemps !...
, Et qu'estant le scavoir en l'oubliance mis,
Et le prix dans la fange
L'erreur est au Pactole, ayant de bons amys ^ ?
Sa compassion et son intérêt furent d'autres fois moins
bien placés. Témoin ce certain jour où il aperçut une
femme jeune et fort triste, avançant la tête par la porte
entr'ouverte de son grand jardin, une harpe à la main.
Malgré sa grossesse et ses haillons, elle ne lui parut
point laide '^. Cette joueuse de harpe était Jeanne Félix,
mariée à un certain Adam du Puy. L'un et l'autre fini-
rent par loger chez des Yveteaux, qui achevait ainsi de
se couvrir de ridicule.
Déjà on ne le voyait pas sans étonnement faisant leda-
meret, malgré ses cinquante ans, ayant des chausses à
bandes rattachées avec des brides, des manches de satin
de Chine, un pourpoint et un chapeau de peau de sen-
teur et une chaîne de paille à son cou, sur la tête une
calotte de cuir et des souliers d'étoffe à ses pieds ; bref,
se coiffant comme les autres se chaussent et se chaus-
sant comme les autres se coiffent 3. Ce ne fut plus qu'un
tissu d'extravagances. Tous les matins la du Puy pre-
1. Garnier. ap. Fournier, Variétés hist. et litt.
2. Vigneul-Marville dit même qu'elle était « Tanto più bella
quanto più lacerata. »
3. Cf. Les récits deM^» de Rambouillet, ap. Tallemant, op. cit.
— 42 —
nait ses ordres pour son costume du jour^, et suivant
son désir s'habillait en reine, en déesse, en nymphe ou
en bergère.
Pour lui, il se travestissait d'une manière analogue-.
Tantôt il s'affublait en berger, tantôt en dieu de la fable
et jouait avec la du Puy des scènes mythologiques -K
D'autres fois, « la houlette à la main, la panetière au
côté, le chapeau de paille doublé de satin rose sur la
tête, il conduisait paisiblement le long des allées de son
jardin ses troupeaux imaginaires, leur disait des chan-
sonnettes et les gardait des loups ^. » On ne vit jamais
de pareilles mœurs que sur les bords du Lignon, aux
temps fantastiques de Céladon et d'Astrée ou bien dans
l'Arcadie de Guarini.
Malgré le calme de cette vie pastorale et le soin qu'il
mettait à bannir toute inquiétude, des Yveteaux trouva
des épines mêlées aux roses de sa vie épicurienne. Chas-
sez les soucis, ils reviennent au galop. D'aucuns vinrent
du fait de la bergère et de sa famille. Cette famille se
montrait âpre à profiter de la nouvelle position de la
du Puy, et insatiable en matière d'argent. Isaac Félix,
dit de Lézinière, en exigea de sa sœur. Une bagarre
s'en suivit avec les valets, dans les jardins de des Yve-
teaux où Lézinière fut tué. De là des difficultés pour le
propriétaire, qui cependant n'y était pour rien, et la sé-
paration momentanée d'avec la du Puy, emmenée en pri-
son préventive.
D'un autre côté, le Céladon était reprit par son curé-^,
et surtout par Richelieu, qui l'engageait dans son inté-
rêt à renvoyer de chez lui une femme qui dévorait tous
ses revenus ^. Richelieu payait ou du moins faisait
t. Pichon, op. cit.
2. Cf. Tallemant, op. cit.
3. Vigneul-Marville, Mélanges, t. I^r, 1725.
4. Cf. Tallemant.
5. Cf. Fact. I.
6. Cf. Huet, Orig. de Caeii, p. 355.
- 43 -
payer les quartiers des bénéfices. Des Yveteaux sacrifia
ses bénéfices à la du Puy et remit au roi ses abbayes du
Val et de la Trappe. Mais il ne put éviter les procès
avec sa propre famille, justement inquiète au sujet d'une
fortune exposée à passer en d'autres mains '.
Toutefois rien n'y faisait. Rien ne pouvait vaincre cet
entêtement de vieillard original et indépendant à l'excès.
Du reste, comme Lafontaine, des Yveteaux ne nous pa-
rait pas avoir eu jamais une idée exacte de la moralité.
N'est-ce pas lui en efi'et qui écrivait à son frère :
({ Quoi que vous disiez, je ne m'aperçois pas que
j'aie obscurci la lumière de notre race par les ténèbres
de mon ignorance, ni par la bassesse de mes actions.
Mes occupations et mes plaisirs sont toujours honnêtes
ou agréablement profitables aux autres et à moi-même ;
et s'il y a quelque splendeur en ma dépense, elle est
sans somptuosité, comme ma liberté sans dissolution.
Il y a vingt-cinq ans que je ne scais ce que c'est du
Cours, des Tuilleries, ni de la cour ; mais j'ai vu plus
de reines, de princesses et de duchesses chez moi que
vous n'avez vu de dames aux noces de votre fils. Vous
prenez la politesse et la délicatesse curieuses pour une
volupté vicieuse et défendue... Toutefois je n'ai point
vu que la douceur des plaisirs ou la violence des pas-
sions ni les plus friands objets aient jamais irrité mes
sens jusques à passer à un désir irrégulier ou étranger - ? »
Dans une épitaphe généralement attribuée à l'abbé
de Rancé, mais dont l'ancien précepteur parait avoir
fourni lui-même les principales pensées, il confirme ce
1. La (in Puy avait en particulier une fille, Marguerite, mariée
à Nicolas Vauquelin, sieur de Sacy-Rotours, que des Yveteaux
voulait d(tter. Lies dissensions de sa famille et les autres difficul-
tés de dos Yveteaux donnèrent lieu à des factunis que nous
iivons plusieurs fois cités. Ils sont l'une des meilleures sources
de la biographie de des Yveteaux.
2. Lettre à M. de la Fresnaye, cit. par Rathery.
_ 44 —
qu'il avait avancé : « J'ai tenu ma vie cachée et ma cons-
cience nette sans ostentation, ma liberté entière sans
dissolution. »
Donc, s'il faut l'en croire, Huet a quelque raison de
dire que la plupart des « gentillesses w du bonhomme
« sont supposées ^ Le même auteur croit d'ailleurs à
une conversion sérieuse chez lui et cite à l'appui de son
dire un fameux sonnet retrouvé il y a quelque quarante
ans :
Enfin je ne suis plus des habitants du monde !
Mon âme est eschappée et ne tient plus de lieu ;
Elle a quitté mes sens : le seul amour de Dieu
Me fait tout voir en ange et sans cause seconde.
Que je suis au-dessus de la terre et de l'onde
Quand j'en suis séparé par un heureux adieu !
Que mes travaux sont doux, quand je suis au milieu !
Plus je suis agité, plus ma paix est profonde !
Quoy pensez- vous que j'aime, mortels, que les cieux ?
Qui m'inspire en mourant ces pensers glorieux,
Plus clairs que le soleil et plus nets que l'aurore?
C'est le bruslant amour du Maître que je sers,
Qui m'a paru si vif aux maux que j'ay soufferts,
Qu'au lieu d'en estre las, je veux souffrir encore ^
Ce sont là de louables sentiments ; mais quelques
vers, écrits parfois sous l'influence des idées du moment,
ne peuvent être une preuve certaine ni de l'entière per-
versité ni du retour de leur auteur. Ne faisons donc pas
trop fonds sur le sonnet scandaleux ni sur le sonnet pé-
nitent de des Yveteaux. Que sait-on ? Ne sont-ce pas là
jeux de poètes ?
Quoi qu'il en soit, l'aventurière du Puy sera long-
temps de la maison du jouisseur, qui s'en fait accompa-
1. Orig. de Caen, 1709, p. 356.
2. Cité par J. Travers, op. cit.
- 45 -
gner aux Yveteaux* pendant un été, puis à Brianval ~,
près de Meaux, où il avait fait bâtir une somptueuse
habitation. Il s'y retira même définitivement et y mou-
rut en 1649. Il avait 81 ou 82 ans.
Ses derniers moments ont été l'objet de jugements les
plus contradictoires. Nous ne nous chargeons point de
résoudre ce problème. Même désaccord au sujet de la
du Puy, qui, un moment, se serait prêtée à Brianval,
au même manège de bergeries qu'à la rue du Marais.
Monsieur Lhuiller^ affirme que la bergère « trépassa
avant d'avoir atteint la cinquantaine et que son berger
lui survécut de quelques mois seulement. » D'autres
assurent qu'elle lui ferma les yeux^. Tant pis pour des
Yveteaux. La présence de cette femme, souff'erte et
même réclamée en ce moment, nous gâte l'opinion opti-
miste du savant Huet et l'eff'et produit auprès du sou-
verain juge par le sonnet pénitent^.
(A suivre).
AuG. Anis.
1. Maison de campagne de des Yveteaux en Normandie.
2. Dans la paroisse de Vareddes. « Il y a encore à Vareddes
des restes curieux de la demeure du personnage ; elle était située
à l'extrémité est du village à 1500 mètres de la Marne, rive droite,
vis-à-vis de l'extrémité sud du village de Germigny, qui s'élève
gracieusement sur la rive gauche de la môme rivière. » (Commu-
niqué par M. le chanoine F. A. Denis, né à Vareddes).
3. Op. cit., p. 1*.
'i. Cf. Tallemant, Ghaulieu, etc.
5. Nous permettra-t-on de donner ici par manière d'épilogue
le portrait de Nicolas des Yveteaux dessiné par Tallemant Vf ///.s^
p. 11, Id. Paris et Rouen) « C'était un petit homme sec. à yeux
de cochon, ayant toujours l'esprit présent et disant parfois de
jolies choses. »
RECHERCHES
SUR DIVERS TITULAIRES
DE MAGISTRATURES, CHARGES ET OFFICES
DE LA VILLE ET DU COMTÉ DE LAVAL
(Suite)
ECHEVINS
Les échevins, dit le dictionnaire de Trévoux, étaient les
officiers élus par les habitants d'une ville pour avoir soin de
leurs affaires communes, de l'entretien et de la décoration de
la cité. A Paris il y avait un prévôt des marchands et quatre
échevins ; dans les autres villes un maire et des échevins.
Primitivement les échevins étaient assesseurs et conseil-
lers des juges des villes ; ils jugeaient même seuls les petites
causes.
Ménage croit que le mot échevin vient de scabiniis ou sca-
binius. Cujas et Chopin disent qu'il est dérivé de l'hébreu.
Ragueau pense qu'il naît de l'allemand schaffer ou schaffen.
Borel le dérive de caçere^ dans le sens de conservateur des
intérêts publics.
Quelquefois on les a appelés burlesquement Léchevins,
parce qu'autrefois ils devaient essayer les vins pour y mettre
le taux et la police \
1. Trévoux, T. 2, p. 1321. Edition MDGGXXXH.
- 47 —
Le temps que les échevins passaient en fonctions se nom-
mait échevinage : dans certaines villes il donnait la noblesse.
On eut toujours grand soin de nommer des hommes sages,
justes et indépendants, capables de défendre les intérêts des
liabitants contre les injustes empiétements des seigneurs,
des maires et des autres officiers des villes. Pichot de la Gra-
verie nous rapporte, qu'en 1732 à Laval : < on eut attention
« de ne pas choisir des sujets dépendant de M. Le Long,
« maire et de la seigneurie, et avec juste raison étant très
« important et très avantageux aux intérêts de la ville et des
« habitans de ne pas tomber dans une situation et une dépen-
« dance forcée qui tiennent dans l'esclavage les habitans et
« les mettent dans l'impuissance de se défendre contre les op-
« pressions des officiers ambitieux et entreprenans, en sorte
« qu'on doit éviter avec un soin extrême de donner trop d'au-
« torité et de pouvoir aux officiers du seigneur dont il est im-
« possible que quelques-uns n'abusent de temps en temps *. »
D'abord les échevins étaient nommés dans une assemblée
de la maison de ville. Depuis 1733, d'après un édit du roi,
ces charges durent être approuvées et enregistrées au Par-
lement.
En 1709 le roi créa des échevins alternatifs, qui, comme le
mot l'indique, remplissaient leurs charges tour à tour.
A Laval, d'après un règlement fait de concert avec le duc
de la Trémouille, les échevins étaient choisis dans les deux
sièges du grenier à sel et des traites. Depuis, à la suite d'une
réclamation des officiers du grenier à sel. on décida de les
prendre successivement dans tous les corps de justice ^
ECHEVINS
1567
René Garnier. — Fils de Perrot Garnier. Il épousa Raoul-
hne Quesnay (Registres de Saint-Vénérand).
Raoul le Balleur. — Fils de Raoullet le Balleuret de Fran-
1. Pichot de la Graverie, T. 2, p. 292.
2. Idem.
- 48 -
çoise.... Il épousa Françoise Gougeon (Rég. de Saint -Véné-
rand) .
Jacques Pélisson.
Jean Davoust.
Nous trouvons leurs noms dans une pancarte concernant
les statuts et ordonnances de la prévôté de Laval.
1576
Mathurin Prévost, avocat.
Jean Journée. — Nous trouvons son nom dans les regis-
tres de Saint- Vénérand en 1535-1536 ; sa femme se nommait
Marie le Balleur.
Ils furent tous les deux députés du Tiers-Etat aux Etats
généraux de Blois.
1579
Mathurin Prévost, avocat.
Mathurin Denuault (Titres de Patience).
1614
Jean Davazé. — Fils de Geoffroy Davazé et de Guillemine
Bellanger, il épousa Marie Bidault.
Armes : d'azur à un autruche d'argent ("Ancienne généa-
logie).
1623
Olivier Morayne de la Motte, avocat, fils de Robert Mo-
rayne, greffier en la justice ordinaire de Laval, et de Jacquine
Hennyer. Il épousa en premières noces Aimée Martin et en
deuxièmes noces Marie Chemineau. Il mourut en 1658. Sa
fille Renée Moraine avait épousé Jacques le Bla»nc de la Vi-
gnole qui, devenu veuf, se remaria à Adnette Lasnier ^
N... Biennier.
Jean le Vayer. — Fils de Guillaume le Vayer.
On trouve son nom en 1617 dans un registre de Saint- Vé-
nérand comme parrain de Marguerite le Geay. Il était sieur
de la Torchonnière.
1. Recherches historiques, T. 3, 9, 14.
- 49 -
Ambroise Letourneurs. — Fils de Claude Letourneurs et
de Ambroise Audouin. Il épousa le 15 mars 1608 Geneviève
Hennier.
Armes : d'argent au chevron de gueules, en chef 2 mer^
lettes de sable, en pointe une tour de même soutenue d'un
croissant d'azur^.
1638
Pierre le Clerc de la Galorière. écuyer. — Fils de Claude
le Clerc, conseiller au siège présidial d'Angers et de Magde-
leine le Gauffre. Il épousa l'* N... Oupvrard de la Gousserie,
2° Charlotte Molland.
Il était très riche, enrichi par le trafic des toiles en Espa-
gne. Il eut cinq garçons et deux filles, dont l'une fut mariée
à Daniel Pélisson, seigneur de Montigné père de Jeanne Pé-
lisson, femme de Jacques, vicomte de Byragues, baron d'Ën-
tramnes en premières noces et en deuxièmes noces de Char-
les de Maillé, comte de la Tour-Landry.
Armes : d'azur au chevron d'or trois étoiles d'or en chef
et un cœur de gueules en pointe^.
Cette famille Le Clerc était originaire d'Entramnes. Ce fut
Pierre le Clerc qui posa la première pierre du jubé de la Tri-
nité. Il fonda la chapelle de la Courteille ^.
Daniel Guérineau.
René Salmon, sieur du Coudray, fils de Ambroise Salmon,
sieur du Griffon, avocat. Il avait épousé Renée Loriot.
Guy Chapelle.
1662
René le Bouvier, sieur des Landes.
Fils de François le Bouvier, sieur du Hameau, de la pa-
roisse de N.-D. de Mayenne et de Renée le Pineau.
De Maude nous donne les armoiries d'un Jean le Bouvier,
curé du Ham : d'or à 3 pals d'hermines. Cette famille le
Bouvier était ancienne à Laval : nous trouvons maistre Jean
1. Menu généal., mns. T. VIL
2. Mém. généal., T. I.
;j. Extrait délivré par le grellier du conseil de l'église de la
Trinité le 26 juin 1667.
4
— 5Ô -
le Bouvier docteur en médecine signant comme témoin le 18
juin 1496, un don fait par Guy XV à Olivier de la Roussière,
seigneur de la Vieucourt, de terres dans la forêt de Concise*.
Pierre Hoisnard, s. de la Bodangère. Sa femme était Jac-
quine Bidault de Glatighé.
1670
Roland le Duc, avocat. — Fils de Roland le Duc avocat et
de Jeanne Cailler. Il épousa Marie-Anne Bidault des Landes
(Registres de Saint- Vénérand).
1693
René Martin de la Réauté. — Fils de René Martin, s. de la
Réauté et de Jeanne Frin. Il naquit en 1663 le 7 mai et eut un
frère jumeau nommé Pierre. Parr. Jean Duchemin de la Ja-
rossais. Marr. Jeanne le Meignan, dame de la Meunerie.
Il épousa Magdeleine Seigneur et mourut le 23 août 1727.
Armes : d'argent à une mdcle de sinople accornp. de 4
trèfles cantonnés de même (Armoriai des généralités).
1709-15
René Frin de la Chauvinière. — Fils de Sébastien Frin,
s. des Allées, assesseur, et de Claude Babin. II épousa
Jeanne Hoisnard et mourut en 1751. Il était conseiller du roi
et assesseur en la maréchaussée de Laval.
Armes : d'azur à 3 gerbes d'or 2 et i.
René Gautier du Breil.
1722
P. Vrigné.
Guillaume Gaudin, docteur en médecine, fils de Noël Gan-
din et de Marguerite le Balleur, épousa Anne Joly.
Armes : de sinople à une coupe d'or en cœur et 3 besants
d'argent 2 et i.
Jacques Enjubault, fils de René et de Louise Gaudin, avo-
cat, marié à Françoise Duchemin de Noisement.
Jacques François Duchemin du Val Bleré, fils de Jacques-
•1. Titres de la Yieuxcouri (Rec/i . hist., T. II).
- 51 -
Jean Duchemin du Val Bleré et de Renée le Bouvier. Il
épousa Louise Pinard.
François le Hirbec, s. de la Haie. — Fils de Barthélémy le
Hirbec et de Marie Fréard.
Armes : d'argent à 3 fasces de gueules portant en chef
une croix ancrée de accomp. d'une molette ou étoile à
gauche et d'un croissant au côté droit^.
François Beudin s"" du Bourgneuf, époux de Marie le Mais-
tre.
Armes : de Sinople à trois tulipes d'or ^.
Jean Eumond, s. del'Etang. — Fils de Valentin Eumond, s""
de la Grignonière.
Les Eumond étaient seigneurs del'Etang de Barbé. Ils l'a-
vaient acheté, en 1634, de Jean Duchemin de la Morelière qui
l'avait acquis en 1628 de Monseigneur le duc de la Trémoïlle^.
1726
Jean Duchemin de Boisjousse. Fils de René Duchemin, s.
de la Barberie et de Marie le Geay.
Il naquit le 27 avril 1666. Parr. Jean Chevalier, s. du Ver-
ger. Marr. Marie de la Court. Il épousa Louise le Long et
mourut âgé de 78 ans *.
Ses armoiries étaient : d'or à un chameau de sinople ac-
compagné en chef de trois cœurs d'argent ^ <;
1727-1731
Olivier Davazé, s. de la Chevalerie. Fils de Guillaume
Davazé et de Suzanne Marchais. Il épousa Françoise Barrier
(Ancienne généalogie).
Charles-René Le Geay, fils de Jean le Jay des Astelais et
d'Angélique Gaultier de la Vieucour ; il épousa René le Las-
nier des Présneufs, fille de Jean le Lasnier des Présneufs et
de Renée Richard (Mém. généal., T. 4).
1. Mém. généal., T. II.
2. Comm. de Farcy.
3. Rec/i. Hist., T. 14.
4. Registres de Saint- Vénérand. — Mém. généal.
5. De Mande. — Mém. généal.
- 5â
1732
Joseph Renusson de la Bressinière. — Fils de Pierre Re-
nusson, s"" de la Bressinière et de Marie Monnerie. Il épousa
le 6 août 1698 Anne Duchemin, fille de René Duchemin, s.
de la Barberie et de Marie le Geay (Registres de Saint- Vé-
nérand).
De sable à 3 renards d'argent 2 et i (Armor. des géné-
ralités).
1733
François du Vernay du Ronceray, médecin, fils d'Antoine
du Vernay du Ronceray, médecin, et de Andrée Bellière. 11 se
maria quatre fois et eut des enfants de deux femmes, N... de
Chambord et Marie Gandin.
Armes : de sinople à iinefasce d'or accomp. de trois ver-
rues d'argent en chef et une boite de même en pointe (Arm.
des généralités).
Joseph Rousseau de Monfrand était avocat au parlement et
président à l'élection de Mayenne ; fils de Nicolas Rousseau
de Monfrand procureur du roi au grenier à sel d'Ernée et de
dame Marie le Pannetier. Il épousa, le 16 novembre 1722, en
l'église Saint- Vénérand, demoiselle Anne Hélène de la Porte,
fille de M. Charles de la Porte, président à l'élection de La-
val, et de dame Jacquine Des Champs (Reg. de Saint- Véné-
rand).
Armes : d'argent au cœur de gueules surmonté de trois
étoiles d'azur rangées en chef et soutenues d'un croissant
de même.
1731
Joseph de Launay, s. de Montaleu, fils de Lancelot de Lau-
nay, s. des Saulais et de Jacquine Rousseau. Il épousa Anne
le Febvre dans l'église Saint-Tugal.
Armes : de sable à trois canettes d'argent 2 et i (Arm. des
généralités) .
1738
.... Le Mercier delà Guillotière. — Fils de Jean le Mer-
cier, s. des Chênes et de Marie Arnout.
- 53 -
1740
Roland le Duc. — Il élevait être fils de Roland le Duc, éche-
vin en 1670, et de Marie Bidault des Landes.
« Du 14 septembre 1740.
M. Roland le Duc, avocat et bailli d'Entrammes est mort.
11 avait été échevin pendant dix ans et avait encore été con-
servé pour quatre années, le 22 décembre 1739.
A sa sépulture on lui accorda tous les honneurs qu'il méri-
tait. La maison de ville y est allée en corps, M. de la Villeau-
dray portait le sceau et quatre échevins les cornières, les
tambours et les gardes de ville avaient la craye ? » (Pichot
de la Graverie).
Nicolas Seigneur, s"" du Hallay.
Nous pensons qu'il était fils de René Seigneur, s. du Bu-
ron, avocat. Il était bailly d'Entrammes et mourut le
10 août 1746. A sa sépulture le sceau fut porté par M. de
Montaleu, ancien échevin (Pichot de la Graverie).
1741
Joseph Duchemin de la Jarossaye, fils de Pierre Duche-
min de la Jarossaye et de Marie-Marthe Coustard ; marié à
Jacqueline Hoisnard de Cormeray. Il était banquier à LavaP.
11 fut nommé le 17 février 1741, sur le refus que M. Hoisnard
de Cormeray, son beau-père, avait fait d'être échevin.
Armes : d'oj- au chameau de sable.
1747
Ambroise Hardy, docteur en Sorbonne et avocat, fiis de
Ambroise-Jean Hardy de Lévaré, maire de Laval, et de Renée
Martin de la Blanchardière. Il mourut en 1753.
Armes : de sable au lion couronné d'or accomp. de trois
étoiles 2 et 1^.
François le Clerc du Moulin, conseiller du roi, procureur
au siège royal et maréchaussée de Laval. Fils de Jean-Bap-
1. Mém. généal., T. I.
2. Idem.
- 54 -
tiste le Clerc du Moulin et de Françoise Briand. Il épousa
Anne-Françoise Frin ^
Il fut reçu procureur du roi le 12 avril 1726, nommé éche-
vin le 16 juin 1747 et envoyé en décembre 1748, comme dé-
puté des habitants de la ville pour aller à Paris poursuivre
l'obtention du Tarifa
« Le 9 juin 1760. M. François le clerc du Moulin, célèbre
« avocat au siège ordinaire, procureur du roi du siège royal
« des exempts est décédé sur les six heures du matin à l'âge
« de soixante-quinze ans, et a laissé à ses enfans une des plus
« riches et des plus brillantes fortunes qu'aucun avocat ait
« jamais fait en cette ville, étant riche de plus de 300,000 liv.,
« quoiqu'il n'ait fait que la seule profession d'avocat plaidant
« et que tenir des assises en qualité de sénéchal de plusieurs
« seigneuries. Il y a dix ans qu'il avait cessé de plaider, mais
« il faisait également la profession et les écritures d'avocat
« sous le nom de son fils et ensuite sous le nom de M. P. Guays,
« qui plaidait ses causes gratuitement et sans honoraires.
« Bel exemple qui doit engager les jeunes avocats à s'appli-
« quer et étudier, estimer et suivre une aussi honorable et
« utile profession ^. »
Armes : d'azur au chevron d'or^ trois étoiles dor en chef
et un cœur de gueules en pointe.
1748
Ambroise Touschard, né en 1703 fils de Pierre Touschard
de Sainte-Plaine et de Marie Duchemin.
Armes : d'argent à une bordure d'azur chargée de ces
deux mots : Unica Virtus.
1751
Hyerosme Salmon. — Il fut lieutenant général en 1734 et
avocat fiscal en 1737 à la mort de son frère.
Fils de François Salmon et de Marie Duchemin.
1. Pichot de la Graverie.
2. Mém. gêné al., T. 4.
3. Id.
- 55 -
1753
Pierre Louis Duchemin du Tertre, fils de Pierre Duche-
min du Tertre et Renée le Clerc.
Armes : d'or au chameau de sable.
1754-1756
René Courte de la Noërie. — Fils d'Urbain Courte de la
Nouërie et de N... Fleury.
Armes : d azur à trois besans d'or, un passant de même
en cœur un lanibel de trois pendants en chef^.
1758
Jean B. Duchemin de Saint-Céneré et des Etoyères, écuyer.
Il appartenait à une branche de la famille Duchemin anoblie
au XVIP siècle. Elle était sortie de René Duchemin de la
Barberie et d'Antoinette Courte,
Fils de Jean B. Duchemin des Etoyères, écuyer, commensal
de la maison du roi et de Marie le Clerc ^.
Jean B. Duchemin des Etoyères et Marie le Clerc avaient
acheté le 10 oct. 1713 la terre de Gresse, en la Chapelle-
Anthenaise, de M. Jean Bochard de Saron et de Marie Ca-
zet de Vautorte, son épouse. A sa mort cette terre devint la
part de son second fils Julien qui la vendit en 1743 à Jean B.
Duchemin de Saint-Céneré son frère aîné^.
Aveu de 1701. — Saint-Ceneré rendait aveu au Mans pour
la baronnie de Touvois, avait le droit de patronage comme
seigneur haut justicier et fondateur et droits honorifiques de
l'église et paroisse, prééminences et autres droits. Emplace-
ment et dépendances du four à ban situé au haut du bourg
de Saint-Céneré, au-dessous de la porte de M. Duval, notaire.
Une maison joignant la rue du Bourg au moulin de Com-
marcé, délaissée pour dire une messe par semaine à la cha-
pelle des Etoyères.
Aveu de 1750. — Le seigneur de Bois-Jousse (Duchemin)
1. Me m. }^énéa., T. III.
2. Ancienne généalogie.
3. Rech. /list., T. XII.
- 56 —
relevait de Laval ; il était seigneur et patron, fondateur de
l'église de Saint-Ceneré et avait la présentation de la sa-
cristie.
Aveu de 1765. — Les Etoyères de Saint-Céneré rendaient
aveu à Touvois de l'évêché du Mans*.
Julien René Duchemin de Gresse était écuyer, chev. de
l'ordre du Christ.
Les armes de cette branche des Duchemin étaient : d'ar-
gent au lion de sable, au chef d'azur chargé de trois besanls
d'orK
1759
René Garnier, s. des Touches, fils d'Ambroise Garnier,
s. de la Herberdière et de Marie Fanouillais, marié à demoi-
selle Marie-Marguerite Moreau, fille de Pierre Moreau, s. de
la Roche et de Catherine Hardy ^.
Jacques Duchemin de la Morinière, fils d'Ambroise Duche-
min de Beaucoudray et de Anne Duchemin, marié à Renée-
Angélique Touschard *.
Armes : d'or au chameau de sable.
N... du Bourgneuf.
René Guays, né en 1679, fils de René Guays et de Fran-
çoise Chastaigner ; il épousa Marie Duchemin.
Armes : de gueules au guéridon d'argent, couronné de
même en chef.
GRENIERS A SEL
GABELLE
Le nom de Gabelle vient selon les uns de gab qui en chal-
déen signifie muleta ou même tributum. D'autres le font ve-
nir àe gabel^ mot saxon qui signifie tribut^.
1. Rech. hist.
2. De Maude. Armoriai du Maine.
3. Registres de Saint- Vénérand.
4. Registres de Saint- Vénérand.
5. Expilly, t. 3S p. 535.
I
- 57 —
Avant Philippe-le-Long le trafic du sel était libre en
France; ce fut lui qui, le premier, pour subvenir aux frais des
guerres, mit un impôt vers 1320. Cet impôt d'un double par
livre de sel fut levé à sa mort. Les rois, ses successeurs, se
servirent des mêmes ressources en augmentant l'impôt de
quelques deniers. Philippe de Valois l'accrut considérable-
ment et le rendit permanent. Jusque-là le sel avait été vendu
librement par des marchands ; après la bataille de Poitiers le
roi se réserva cette vente en établissant des greniers où tout
le sel fut porté. Henri II mit la gabelle en ferme pour un bail
de dix ans le 4 janvier 1548. On appelait « grenier à sel » la
juridiction où se jugeaient en première instance les contra-
ventions aux ordonnances ou autres difficultés relatives à la
vente du sel. Elle était composée de présidents, lieutenants,
grainetiers, contrôleurs, avocats et procureurs du roi, gref-
fiers, huissiers et sergents ^
Il y avait deux sortes de greniers à sel : les uns, dits de
i>ente volontaire^ où chacun était obligé de se fournir de sel
pour sa consommation suivant la fixation portée par les rè-
glements : les autres, dits d'impôt^ qui forçaient les habitants
à payer leur provision de sel aux prix du grenier.
Cette seconde forme était employée dans les provinces qui
touchaient aux pays rédimés. La facilité d'introduire du faux
sel, occasionnée par ce voisinage, avait obligé de prendre
cette précaution. Contraint de payer sa provision de sel au
prix du grenier, le peuple n'avait plus aucun intérêt à se pro-
curer du sel en fraude ^.
Les greniers devaient être construits dans les lieux secs et
favorables. Les sels devaient y être déposés soit dans les
salorges soit dans les greniers, deux ans avant d'être livrés
au public. Pour donner toute la perfection à la mesure des
greniers on avait établi le trémil^ où le mesureur vendait le
sel qui tombait ensuite dans le minot. Pour qu'il y eût une
règle sûre et une forme dans l'imposition de sel, on la fixa
par la consommation estimée à raison d'un minot par qua-
1. Idem.
2. Mémoire pour les officiers des greniers à sel, in-4° de 103
pages, p. 11 (Archives de la ville du Mans).
- 58 —
torze personnes, ce pourquoi l'on faisait chaque année le
dénombrement de la population des paroisses ^
Dans les villes où le sel ne s'imposait pas par collecte on
devait lever au grenier, pour pot et salière^ seulement un
minot pour quatorze personnes, suivant l'article 7 du titre 6
de l'ordonnance de 1680, et l'article 33 du titre 8 de cette
même ordonnance. Le minot de sel pesait ordinairement
96 livres, dont le prix est réglé à 41 liv. suivant le titre 7.
Mais depuis on l'avait augmenté. En 1729 il se payait 48 liv.
le minot. Le minot se divisait en deux demi-minots ; chaque
demi-minot, pesant 48 livres, se divisait en 1/4, 1/8 et 1/16
de minot. Le 1/4 pesait 24 livres et coûtait 12 liv., le demi-
quart pesait 12 livres et coûtait 6 liv., le 1/16 pesait 6 livres
et coûtait 3 liv. Par l'article 2 du titre 6 il était permis à plu-
sieurs personnes de différents feux de se joindre pour lever
un minot. A l'égard des grosses salaisons l'ordonnance ni les
arrêts ne fixaient la quantité du sel.
L'année pour lever le sel au grenier commençait le l*^"" octo-
bre et se comptait d'octobre en octobre. Le fermier pouvait
obliger d'en lever la moitié dans les six premiers mois et
l'autre moitié dans les six derniers, ce qui ne se pratiquait
pas : on prenait l'année entière. Les pauvres ou ceux qui
étaient taxés de 30 livres de taille et au-dessous ne pouvaient
être condamnés pour restitution des droits de gabelle ; mais
ils devaient prendre leur quantité de sel au regrat, au cours
de l'année^.
Certaine quantité de sel était accordée gratuitement à quel-
ques officiers pour leurs provisions : ils payaient seulement
la voiture qui l'amenait au grenier. Plusieurs provinces du
royaume étaient exemptes de la gabelle ; on les nommait pour
cette Ydiison pays de franc-salé. C'étaient : Le Poitou, le Li-
mousin, l'Auvergne, la Guyenne, la Gascogne et la Breta-
gne ^
1. Idem., p. 13.
2. Pichot de la Graverie (Recueil de sentences).
3. Expilly, t. 3«, p. 338.
- 59 —
7® Pouancé,
8° Sainte-Suzanne,
Un grenier à sel fut établi à Laval en 1481 \ Il dirigeait
huit greniers :
1° Château-Gontier, 4« Sablé,
2" Craon, 5<> Laval,
3** Ernée, 6*^ Mayenne,
et desservait les paroisses suivantes :
Ahuillé, Louvigné,
Andouillé, Maisoncelles,
Argentré, Meslay,
Arquenay,
Astillé,
Avesnières.
La Bazouge,
Bazougers,
Beaulieu,
Le Bignon,
Bonchamp,
La Brulatte,
Changé,
La Chapelle-Anthenaise,
Châlons,
Cossé-le- Vivien,
Courbeveille,
Entramnes,
Forcé,
Le Genest,
La Gravelle,
Grenoux,
L'Hôpital du Breil,
L'Hôpital de Thévales,
L'Huisserie,
Montflour,
Montjean,
Montigné,
Montsurs,
Nuillé-sur-Ouette,
Nuillé-sur-Vicoin,
Olivet,
Parnay,
Ressort de Cossé.
Ruillé,
Sacé,
Saint-Berthevin,
Saint-Céneré,
Saint-Cyr.
Saint-Denis-du-Maine,
Saint-Georges-le-Feschal ,
Saint-Germain-le-Fouilloux,
Saint- Jean-sur-Mayenne,
Saint-Isle,
Saint-Ouen,
Saint-Ouen-des-Oyes,
Saint-Pierre-la-Cour,
1. Le Blanc de la Vignoile. — Il y a deux greniers à sel à
Laval, Stivoir : celui qu'on appelle de Laval qui contient 45 pa-
roisses situées pour la plupart entre la Mayenne et la France y
compris la ville d'Evron et celle de Sainte-Suzanne. Le second
s'appelle de la Gravelle qui est au bourg situé sur la frontière de
Bretagne dans l'élection et comté de Laval où est (;n effet le gre-
nier à sel et des prisons; mais la justice se rend à Laval.
— 60 —
Launay, Soulgé,
Loiron, Lavais
Louvernay,
Les premiers greniers furent établis rue du Val-de-
Mayenne. « Mais de tous tems, dit Pichot de la Graverie, on
« se plaignoit à Laval que les greniers à sel situés dans la
« rue du Val de Mayne, sous le château, étaient mal placés
« sous un roc très humide et très incommode à cause des
« embarras des voitures publiques, des charrètes, et du pas-
ce sage continuel de tout le monde. D'ailleurs les fermiers
« avaient intérêt qu'ils fussent placés hors la ville pour em-
« pécher les collecteurs et ceux qui prenoient du sel au gre-
« nier de vendre et recéder à vil prix le sel qu'ils y pre-
« noient aux habitans de la ville. Ce qui diminuoit beau-
ce coup le débit de celui du grenier de la ville.
c( Ils avoient fait souvent des tentatives pour en construire
ce de nouveaux ou engager des particuliers à en construire.
« Plusieurs fermiers généraux en avaient parlé dans leurs
ce tournées à M. du Mans de Qialais pour l'inviter à en faire
« bâtir sur la place du Gast proche sa maison.
« L'ayant enfin accepté en l'année 1745 sur les sollicita-
c( tions de M. de Cussé, fermier général de tournée, il fut fait
c< un devis et traité avec lui pour la construction de ce gre-
c( nier. Ces nouveaux greniers ne sont que trop beaux et
c( trop spacieux, leur situation quoique un peu éloignée
(c est également très commode pour l'emplacement des sels
« et pour le débit et la délivrance ; suivant les apparences
c( ils ne changeront jamais de cette situation. Ils ont été
« achevés et mis en état de service en 1746.
« Ils mériteroient d'être affermés au moins mille livres
« pour chaque année. »
1. Rech. hist. mns., t. 2. Extrait d'un édit du mois de mai 1726.
Article XVI. « Le ressort dudit grenier de Laval continue d'être
« de vente volontaire pour la ville de Laval et les fauxbourgs et
« d'impôt pour les paroisses et les lieux de la campagne cy-
« nommés. »
- 61 —
OFFICIERS DU GRENIER A SEL
1567. — NICOLAS LE FEBVRE
grenetier.
1605. AMBROISE DAVOST
contrôleur.
1611. DENYS DE CHAMPHUON, S. DE LA PELISSONNIÈRE *,
grenetier à Laval.
1620. — GUILLAUME LE BRETON^,
grenetier à Laval.
Appartenait à une ancienne famille de Laval. En 1493,
Guillaume le Breton payait 3 s. 7 d. à frère Jacques de Berug,
prieur de Saint Martin, pour une oseraie ^.
Nous croyons Guillaume le Breton fils de Claude le Bre-
ton et de Tugale Gaulclierie. Il épousa Marie Chemineau *.
En 1517 Jean le Breton de la Tizonnière habitait une mai-
son, rue des Tanneurs^.
Son oncle, maistre Guillaume le Breton, fut enterré à Saint-
Tugal dans la chapelle de la Communion ^
1647. — MATHURIN SOURDRILLE DE LA BARATERIE
procureur.
Epoux de Marie Chassebœuf.
Armes : d'azur au ches>ron d'or- accompagné de trois
étoiles ou molettes de même^ celle de la pointe soutenue
d'un croissant d'argent (Arm. de la M.).
1. Registres de Saint-Vénérnnd.
2. Idem.
3. Titres de Saint-Martin.
\. Mém. gén. — Recherch. Iiist.
5. Aveu de Chanteloup.
6. Comm. et chap. de Laval, p. 27. — Un membre de la fa-
mille le Breton, curé de Meslay, portait comme armoiries : d'a-
zur à la cloche d'or bataillce de sable et semée de croix, haus-
sée et (leuronnée d'argent (De Maude).
— 62 -
1669. RENÉ COURTE DU BOULLAYE
procureur au grenier à sel.
Fils de Jean Courte des Chapelles et de Barbe de Drouez.
Il épousa Renée Sourdrille.
1671. LAURENT GRIZOLET
receveur au grenier à sel.
Sa femme se nommait Marguerite Belloin.
1688. NOBLE VALENTIN DE LA PORTE, S. DE FORGES.
président.
Il était conseiller du roi, fils de Jean de la Porte, s. du
Manoir, et de Guillemine Bellière. Il épousa, le 16 juin 1668,
Renée le Meignan, dame des Ifs. Il mourut en 1695 et sa
femme se remaria le 27 juillet 1704 avec François Bonneau
de la Saulaye, conseiller du roi à Château-Gontier. Elle mou-
rut |,e 15 juillet 1730'.
Valentin de la Porte était le demi frère de M. René de la
Porte, juge et maire de Laval, et de Marie-Angélique de la
Porte, femme de Louis- Joseph, comte de Montécler, gouver-
neur de Laval. Nous avons relevé dans le contrat de vente de
la terre de Mont-Renoul, en Saint-Cénéré, que M. de la
Porte acheta en 1680, une clause particulière que nous don-
nerons ici : « L'acheteur devra payer un viage de 60 livres
« par charité pour ne pas laisser Guy le Commandeur, pour
« lors propriétaire, à la mendicité^. »
Armes : de gueules à 3 merlettes d'argent 2 et i.
1688. CLAUDE FOUCAULT
lieutenant.
Nous pensons que ce Claude Foucault était le même que
1. Mém. gêné al., t. 4.
2. Rech. hist., t. XII. — La famille le Commandeur possédait
depuis longtemps cette terre de Mont-Renoul : en 1448 Guy le
Commandeur rendait aveu pour elle à la Chapelle- Rainsouin.
En 1610, Joachim le Commandeur, écuyer, était seigneur de
Mont-Renoul.
- 63 -
Claude Foucault, s' de la Montagne, conseiller'du roi, lieu-
tenant au siège de l'élection de Laval.
JACQUES LE CLERC DU CHAUMINEAU
grenetier.
Fils de Claude le Clerc et de Magdeleine le GaufTre.
Armes : de gueules à une tête et col de licorne d argent
accomp. de 3 étoiles d'or 2 et i soutenues chacune d'un
croissant d'argent *.
FRANÇOIS-RENÉ DE FARCY
écuyer, s"" de Pontfarcy, Montavallon, Lahart, conseiller du
roi, président et premier juge magistrat dans tous les sièges
royaux du comté pairie de Laval, le 15 octobre 1671, maire
perpétuel de ladite ville, président du grenier à sel, n^aître
des eaux et forêts, capitaine des chasses, inspecteur des fer-
mes du roi, subdélégué de l'intendance, épousa en 1673, à
Brion près Beaufort, demoiselle Marie du Breil. Il mourut le
23 février 1710 ^
Armes : D'or fretté d'azur au chef de gueules.
FRANÇOIS-RENÉ DE FARCY
chevalier, fils du précédent, écuyer, de s"" Montbron, appelé
l'abbé de Pontfarcy, né le 24 février 1677, président en second
aux sièges royaux des élections et grenier à sel de Laval,
mourut le 7 octobre 1740^.
1685 à 1713. LÉON FOUREAU
contrôleur, greffier et assesseur
Fils de noble Léon Foureau et de Louise Davazé : il naquit
le 22 octobre 1659 et épousa en 1688, le 17 novembre, Mar-
guerite Frin de la Thébaudière.
Léon Foureau fut installé le 20 janvier 1685 en la posses-
sion et jouissance de contrôleur, greffier et assesseur en chef
1. Mém. gcnéaL, t. 4.
2. Généal. de Farcy.
3. Généal. de Farcy.
— 64 —
du siège royal de Laval dont il avait été pourvu par Sa Ma-
jesté le 14 septembre 1684.
Son installation fut faite par MM. de la Porte, C. Foucault,
J. le Clerc, F. le Clerc, président et eslus conseillers du roi
en ladite élection.
Il avait acheté de Marie Foureau, dame des Cures, le greffe
de l'élection et du grenier à sel pour la somme de 10,600 liv.
devant Lange, notaire à Paris, le 9 décembre 1704.
Armes : d'argent à 2 lions affrontés de.... en chef et un
loup de passant sur une terrasse de en pointe^.
1695-1713. GABRIEL BEUDIN,
conseiller du roi, vérificateur-contrôleur.
Il naquit le 4 septembre 1670 de Gabriel Beudin, greffier
de Clermont, grenetier au grenier à sel de la Gravelle, et de
Marie Belin. Son parrain, Jean Tourtault, sa marraine, Mar-
guerite Guérin. Il avait une sœur jumelle Marie-Madeleine -.
Armes : de sinople à 3 tulipes d'or^.
1700-1713. JOSEPH MORAINE DE LA MOTTE
receveur
Fils de René Moraine de la Motte et de Marie le Hirbec.
Il avait épousé Catherine Gaultier *.
1710-1713. — LOUIS ARNOUL, S. du Boulay
procureur.
Fils de André Arnoul, s*" du Tertre, et de Jeanne Roche. Il
épousa Marie Bidault ^.
Les Arnoul, très anciens à Laval, vendirent au sieur de
Faverolles en 1635, la maison du Manoir, qu'ils avaient ache-
tée des Ouvrouin, vers 1550^.
Armes : Parti de fascé^ onde de huit pièces ; et de
à trois fers de lance de... i et 2'.
1. Mém. généal., T. 1, 2 et 3.
2. Reg. de Saint-Vénérand.
3. Comm. de Farcy.
4. Registres de la Trinité.
5. Reg. de Saint-Vénérand.
6. Recherches historiques^ T. I.
7. Armes trouvées sur une pierre tombale de la Trinité.
- 65 -
1713-1722. GILLES MARTIN DE LA BLANCHAROlÈRE
conseiller du roi, président.
Né le 25 novembre 1656, fils de René Martin, s"" de la
Réaulté et de demoiselle Jeanne Frin K
Armes : d'argent à un pal d*azur chargé d'un cygne d'ar-
gent.
1722. M. DE MONTBRON
président
Nous pensons que ce M. de Montbron devait être de la fa-
mille Clouet.
Cette supposition est basée sur le mémoire suivant :
Extrait d'un mémoire ^ers 1660
La terre de Montbron est composée du domaine, fief et dix-
merie inféodée relevant à foy et hommage lige du comté de
Terchant en la paroisse de Cossé-le- Vivien.
Dans la paroisse de Cossé il y a prieur et curé, lequel
prieur a accoutumé de lever par ancienneté et prendre le
tiers de la dixme inféodée dans l'étendue du fief et du do-
mayne de Montbron.
L'autre tiers ^st pris par un simple chapelain de la cha-
pelle de la Ville ou chapelle Burdé.
Le dernier tiers appartient au seigneur de Montbron, pro-
])riétaire dudit lieu, avec toutes les pailles de la dixmerie.
Noble Pierre Clouet, s. de Lalix et seigneur de Montbron
en 1554.
Pierre Taillebois, prêtre chanoine en l'église d'Angers,
prieur de Cossé-le-Vivien *.
1723-1740. — FRANÇOIS-BENJAMIN DE LAUNAY
S. de Pinchault, président.
Fils de François de Launay, s. de Pinchault, et de Ca-
therine de Fleurs; il épousa Louise-Angélique Mouflet II
avait d'abord été grenetier en 1695.
Armes : de sable à 3 canettes d'argent 2 et 1^.
1. Reg. de Saint-Vénérand.
2. Recherches hist. mus., T. 19.
:{. Mém. généal., t. 4.
4. Armes données par d'Hozier, d'office on 1698 (de Maude).
— 66 —
1723-1740. JOSEPH LE MERCIER DE LA GUILLOTIÈRE *
receveur, puis président en 1740.
Fils de Jean le Mercier, s. des Chênes et de Marie ArnouP.
Il fut échevin en 1738.
Armes : de gueules au pal d'or écartelé d'or au pal de
gueules.
1723-1740. — LOUIS beudin'
contrôleur.
Fils du précédent.
Il se maria deux fois : 1° avec Louise Benoist; 2° avec Re-
née-Marie du Galbé *.
1723-1733. PIERRE NUPIEDS DE MALIBERT
procureur.
Fils de Pierre Nupieds de la Fourmondière et de Françoise
Guillet \
Armes : d'or à deux pieds de carnation^.
1723-1740. N.... MALASSIS
greffier.
1731. PIERRE LE BOURDAIS'
procureur.
1732-1740. PIERRE SAUVAGE DE LA MARTINIÈRE ^
conseiller du roi, procureur et grelfier au grenier à sel
de Laval.
Fils de François Sauvage de la Martinière, conseiller du
roi, et de Charlotte-Angélique le Jay des Astelais. Marié à
Josephe Gaudin.
4. Archives de la Préfecture (grenier à sel).
5. Regist. de Saitit-Vénérand.
1. Archives de la Préfecture (grenier à sel).
2. Arch. de Saint- Vénérand.
3. Idem.
4. Arm. man.
5. Archives de la Préfecture (grenier à sel).
6. Mém. généal.
— 67 -
1733-1740. FHANÇOIS MOLAND de la CHAUVIÈRE '
receveur.
Fils de François-Julien Molland de la Rivière, receveur gé-
néral à Laval en 1721.
Armes : d'or à trois lions léopardés de gueules posés les
uns sur les autres passant ^
1733. ANÏHOINE d'aRMANCOURT*
directeur des gabelles, à Laval.
1740-87. FRANÇOIS NUPIEDS DE MAUBERT *
procureur.
1740. — JEAN-FRANÇOIS DU PLAT DE MONTICOURT '^
receveur.
1740. RENÉ ENJUBAULT DE LA BIZOLLIÈRE
conseiller.
Fils de Jacques Enjubault et de Françoise Duchemin.
Il épousa Marguerite Pichot.
Armes : d'azur à une tête d'ange d'argent^.
1740-87. JEAN-JOSEPH GARNIER*^
président.
Fils de René Garnier, s. des Touches, et de Marie-Mar-
guerite Moreau.
1740-63. JOSEPH LE PANNETIER DES SALLES^
grenetier.
1740-63. RENÉ BEUDIN^
conseiller du roi, contrôleur.
Fils de François Beudin et de demoiselle Anne le Maistre.
1. Arch. de la Préfecture (grenier à sel).
2. Ancien cachet.
3. Arch. de la Préfecture (grenier à sel).
4. Idem.
5. Idem.
6. Mém. généal., T. 7.
7. Archives de la Préfecture (grenier à sel).
8. Idem. Voir le Bulletin, ï. 6«, 2® série, p. 84.
9. Arch. de la Préfecture (grenier à sel).
- 68
1740-65.
receveur.
Fils de Louis Chevalier, demeurant à Paris, ancien avocat
au Parlement, conseiller de son altesse sérénissime le duc
d'Orléans, et de Catherine Rivet,
Il vint à Laval exercer la place de contrôleur général des
fermes et ensuite celle de receveur au grenier à sel.
Il avait fait bâtir une très jolie maison proche les Capucins.
Il se maria troi^ fois :
1° 1734 à dame Marie-Anne le Duc, veuve en premières
noces de Jean Langlois et en deuxièmes de Jean-François
Paulmier, s"" d'Orgemont, receveur des fermes du roi, qui
avait été assassiné par M. de Villeminseul, gentilhomme
étranger qui pour ce fait eut la tête tranchée sur la place de
la ville de Laval en 1734. On attribua cet assassinat à la ja-
lousie qu'éprouvait M. de Villeminseul de voir M. d'Orge-
mont épouser la dame Anne le Duc.
M. d'Orgemont fut poignardé par Villeminseul donnant le
bras à sa femme sur la place Saint-Tugal de Laval. On fit
sur cette exécution une complainte dont on se rappelle seu-
lement le premier complet :
« Mon nom est Villeminsel
« Ainsi que je me nomme
« Peut-on voir sous le ciel
« Un plus malheureux homme
« Rempli de promptitude et de vivacité
« Sur la place du château je voulus me venger. »
J. B. Chevalier épousa en deuxièmes noces N... Garnison
qui à sa mort fut inhumée à la Trinité.
En troisièmes noces Jeanne Enjubault^.
1762-64. PIERRE COUANIER ^
greffier.
1. Idem.
2. Mém. gênai, T. I.
3. Arch. de la Préfecture (grenier à sel).
~ 69 -
1763-86. JEAN-PIERRE GUÉRIN DE LA MARCHE '
conseiller du roy, contrôleur.
Nous avons trouvé aux archives de la Préfecture une lettre
signée Guérin, datée d'Argentré (1749) et cachetée aux armes
suivantes :
De... à la levrette passant et colleté de... sur un croissant
de.... en abîme; en chef trois étoiles de... posées en face ^.
1763. JEAN DES CHAMPS DE LA BELLANGERIE '
docteur-médecin, contrôleur par intérim.
Fils de François Deschamps de Fretigné et de demoiselle
Perine Bourny ; il épousa Louise Trillon, fils d'Estienne
Trillon, s' de Barbé, chirurgien, et de Louise Gresland*.
1763-67. FRANÇOIS GESLOT
greffier
JACQUES-JEAN BESNIER ^
greffier.
1764. FRANÇOIS MOISSON^
procureur par intérim.
1765-88. PIERRE-LOUIS LE LONG DE LA BENARDIÈRE "^
grenetier
Fils de Jacques le Long de la Besnardière *qui avait été
lui-même contrôleur au grenier à sel.
Ce Jacques le Long avait été marié deux fois :
1° Avec Françoise Moland.
2° Avec Ambroise Ménage, veuve de Jacques Rondel de
Falesche, sénéchal de la Guerche *.
1. Idem.
2. /dem.
3. Idem.
4. Registres de Saint-Vénérand.
5. Registres du grenier à sel.
6. Idem.
1. Idem.
8. Registres de Saint- Vénérand.
— 70 -
Armes : d'azur au chevron d'or accompagné de 3 trèfles
de même 2 et i.
1767-88. RENÉ-AUGUSTIN CASSIN ^
receveur.
Il avait épousé N... Chevalier, fille de J.-B. Chevalier et de
N... Garnison.
1787-88. GUILLLAUME DE LA FORET*
conseiller du roi, président.
1777-88. CHARLES-FRANÇOIS-GILLES GARNIER DU FERRAY^
conseiller du roi, contrôleur.
Fils de Charles Garnier du Ferray, président du roy au
grenier à sel de la Gravelle et d'Anne Salmon du Coudray.
Il épousa Marie Charlotte Le Tourneurs de la Borde et eut
un fils N... Garnier du Ferray, président au trihunal de pre-
mière instance de Laval, qui épousa lui-même Marie-Char-
lotte-Ambroise Le Tourneurs de la Borde, sa cousine ger-
maine. De ce mariage naquirent deux enfants morts sans
postérité *.
1787-88. — JEAN-MICHEL HOSSARD DE MALIRERT^
avocat au Parlement, rapporteur.
1788. — N... BUREAU ^
greffier.
Nous avons trouvé dans les archives de la Préfecture cette
liste de commissaires particuliers vérificateurs :
1702
Evron. — Robert Duval, s. des Portaux.
1. Reg. du grenier à sel (archives).
2. Idem.
3. Idem.
4. Mém. généal., T. 6.
5. Archives de la Préfecture (grenier à sel).
6. Idem.
— 71 -
Chaslon. — René Roger, notaire royal.
Louverné. — Guillaume Hérault.
Sacé. — Jean Duffay.
Sainte-Suzanne. — Jean Besognard.
La Chapelle-Anthenaise. — Jean Bridier.
Neau. — *N... Morin.
Soulgé. — René Gaultier, s"" du Breil.
Maisoncelles. — François de la Porte.
Saint-Georges-le-Feschal. — Jean Langlois.
Montsûrs. — Jean Turpin.
La Trinité (Laval). — Julien Hamon.
Saint-Cénéré. — Pierre Moreau.
La Ghapelle-Rainsoin. — Ambroise Martin.
Saint-Léger. — Hyerosme Berset.
Nuillé-sur-Oueste. — René du Vernay.
Louvigné. — Estienne Rozière.
Saint- Vénérand. — Jean Belot.
Le Genest. — Jean Bourny.
Forcé. — Jean Duchemin de Noizement.
Saint-Jean-sur-Mayenne. — Gabriel Choquet.
1703
Chammes. — François Guiard.
Avesnières. — Guy Esnault.
Saint- Vénérand. — Pierre le Moyne.
Olivet. — Hyerome Gaultier du Cleray.
1704
Saint-Georges-sur-Erve. — Julien Journée.
Arquené. — Estienne Dubois.
Brée. — Charles Hesson.
Il
— li —
Blandouët. — Olivier Davazé.
Nuillé-sur-Oueste. — Guillaume Davazé.
Commissaires généraux vérificateurs à Laval.
1704
AMBROISE JARDRIN
1705
FRANÇOIS LE JEAY, écuyer des Astelais, seigneur de la
Chauvinière, conseiller du roi.
Fils de Noël-François le Jeay des Astelais et de Marie de
la Court. Il épousa Renée-Françoise Frin de la Chauvinière,
fut lieutenant particulier du siège de Laval et mourut en
1709.
Armes : un aigle regardant un soleil d'or ^
1706
RENÉ DE LA PORTE
Fils de Jean de la Porte et de Marie Cazet.
Il épousa Jeanne Greffin *.
Armes : de gueules à 3 merlettes d'argent 2 et i.
PIERRE I>UCHEMIN DE LA JAROSSAYS
Fils de Jean Duchemin de la Jarossays et de Anne Mei-
gnan. Il épousa Marthe Coustard^.
Armes : d'or à un chameau de sable.
1708
NICOLAS LASNIER, S. DE LA VALETTE
Fils de Pierre Lasnier, s. des Plantes, et de Marie Bidal-
1. Mém. généal., T. IV.
2. Ibid.
3. Registres de Saint-Vénérand.
4. Idem.
— 73 —
lier ; il épousa Marie-Thérèse de Gennes et mourut le 6 juil-
let i n^n 4
let 1727
1710
HYEROSME GAULTIER DU CLERAY
Fils de Jean Gaultier. Il avait épousé Marie Frin*.
Armes : d'argent au lion d'or.
Sans date.
JEAN LE CLERC DE LA ROUSSIÈRE
procureur du roi '
Fils de Daniel le Clerc et de Jeanne Rebuffé ; il épousa
Marie Poullard et eut deux enfants : François le Clerc de la
Roussière, commissaire d'artillerie, chevalier de Saint-Louis,
et Renée le Clerc, épouse de Gilles le Long de la Besnardière
juge et maire de Laval en 1724 ^
Armes : d'azur au chevron d'or^ surmonté d'un croissant
d'argent^ au chef d'argent chargé de 3 molettes de sable.
JACQUES GOUGEON
grenetier
MEMOIRE
« Ce mémoire doit être sûr, ayant été fait pour être envoyé à
Tours. Cependant s'il y avait beaucoup de difficultés il serait
sujet à examen parce qu'on ne connaît pas positivement l'au-
teur. Ce mémoire est sans date. (Extrait des manuscrits de
M. Pichot de la Graverie) Rech. hist., T. XV.
Il n'y a point de présidial à Laval, il n'y a point aussi de
baillage ou sénéchaussée d'épée ou de robe.
La ville de Laval appartient à Monseigneur le duc de la
Trémoille.
Il y a une grosse juridiction composée d'un juge ordinaire
1. Idem.
2. Mém. généal., T. IV.
- 74 ~
civil, d'un juge criminel, d'un juge de police, d'un lieutenant
desdits juges qu'on appelle lieutenant général, d'un lieute-
nant particulier, d'un avocat et d'un procureur fiscal.
Les appellations du juge de Laval se portaient autrefois au
Mans, à son présidial, mais depuis la distraction du comté
de Laval d'avec le comté du Mayne, les appellations du juge
de Laval vont au présidial de Château-Gontier pour les cas
de l'édit, les autres appellations vont au Parlement de Paris.
Et comme par cette distraction le présidial du Mans ne
pouvait plus connoître des cas royaux de la ville et comté de
Laval, il fut créé un juge à Laval pour les exempts et cas
royaux *.
Cette juridiction est composée d'un président, d'un juge,
d'un lieutenant, d'un conseiller garde-scel, d'un avocat et
d'un procureur du roy.
Il y a aussi à Laval un juge d'élection, un grenier à sel,
avec des officiers anciens et alternatifs.
Une maréchaussée.
Une juridiction des traites ou des droits d'entrée et de sor-
tie. L'élection de Laval est composée des paroisses cy après.
/ La Trinité et Saint-Tugal.
La ville de Laval | Saint-Melaine.
( Saint- Vénérand.
Ahuillé. Vient à Laval pour plaider à la juridiction ordi-
naire.
Argentré. Il y a une petite juridiction dont les appella-
tions vont au Mans, et qui n'est composée que de la ceinture
des maisons qui sont autour du cimetière de cette paroisse.
Elle s'exerce à Laval en la salle du Palais et s'apelle Tous-
voye. (Il y a transaction au trésor de l'année 1705, qui règle
la juridiction et toute la mouvance).
Andouillé. Saint-Ouën.
Arquenay. Laval.
Avenières. Laval.
1. Le roi Charles VII fit cette création tant en considération
des grands services que la maison de Laval lui avoit rendus à
son avènement à la couronne, qu'à cause de l'honneur que
Guy XIV, comte de Laval, avait d'être son neveu.
I
— 75 —
Astillé. Laval.
Bazougers. Laval.
Beaulieu. Laval.
Bourgon. Saint-Ouën.
Bonchamp. Il y a une juridiction dont les appellations
vont à Château-Gontier (Elle n'est point exercée et vient à
Laval) .
Brée. Il y a juridiction.
Changé. Va à Saint-Ouën, à l'exemption de la rue et
landes de Bootz et du quartier des Fontaines qui viennent à
Laval.
Chaslon. Laval pour partie.
Chemeré-le-Roy. Il y a juridiction dont les appellations
vont à Laval. (La Bazouge de Chemeré y va plaider).
Cossé. Laval.
Courbeveille. Laval.
Entrammes. Il y a une juridiction dont les appellations
vont à Château-Gontier (Elle est composée des paroisses
d' Entrammes, Forcé, Parené et de maisons et héritages si-
tués près de Saint-Christophe-du-Luat).
Forcé. Entrammes.
Gennes. Laval et Saint-Ouën.
Grenouz. Laval.
Juvigny. N'est pas du comté.
La Baconnière. Saint-Ouën.
La Bazouge-des-Alleuds. Laval.
La Bazouge-de-Chemeré. Chemeré-le-Roy.
La Brulate. Laval.
La Chapelle-d'Anthenaise. Laval.
La Chapelle-Rainsouin. N'est pas du comté.
La Croixille. Saint-Ouën.
La Cropte. Laval.
La Gravelle. Laval.
Launay-Villiers. Saint-Ouën.
Le Bignon. Laval.
Le Bourgneuf-la-Forêt. Saint-Ouën.
Le Genest. Laval.
L'huisserie. Laval.
Loiron. Saint-Ouën.
— 76 —
Louvernay. Laval.
Louvigné. Laval.
Maisoncelles. Laval.
Meslay. Laval.
Montflour. Laval pour partie.
Montigné. Laval.
Montjehan. Laval.
Montsurs. Laval.
Nuillé-sur-Vicoin. Laval.
Olivet. Laval.
Parené. Entrammes.
Ruillé. Laval.
Saint-Berthevin. Laval.
Saint-Cyr. Laval.
Saint-Céneré. Laval pour partie.
Saint-Georges. Laval.
Saint-Charles-dans-la-Forêt. Laval.
Saint-Christophe-du-Luat. Laval.
Saint-Germain-de-Fouilloux. Laval.
Saint-Denis-du-Mayne. Laval.
Saint-Jean-sur-Mayne. Laval.
Saint-Isle. Laval.
Saint-Ouën-des-Toits. Il y a juridiction qui va par appel
à Mayenne qui est composée de neuf paroisses, savoir : Saint-
Ouën, Loiron, Le Bourgneuf-la-Forêt, la Croxille, Bourgon,
Launay-Villiers, La Baconnière, Andouillé et Changé pour
partie.
Saint-Pierrre-de-La-Cour. Laval.
Sacé. Laval pour partie.
Soulgé. Il y a juridiction qui est composée des sujets qui
en relèvent. Cette juridiction reporte en partie à Laval et en
partie au Mans.
Vaiges. Laval.
Il y a encore plusieurs paroisses qui dépendent du comté
de Laval et qui ne sont pas de l'élection, savoir :
Saint-Jouin-de-Pilmil.
Cosmes. Pour le tout de Laval.
Saint-Jean-sur-Erve.
Saint-Pierre-d'Erve. Pour partie de Laval.
- 77
Houssay.
Méral .
Saint-Gault. J> Laval pour partie.
Quelaines.
Saint-Sulpice.
Auvers-le-Hamon.
Fontenay.
Pollié.
Saint-Georges en Champagne.
Asnières.
Juigné-sur-Sarthe.
Avoise.
Chevillé. Il va à Thévalles.
Chantenay.
Saint-Ouën-en-Champagne.
Sauges. A Laval pour partie.
Ballée. id.
Beaumont-Pied-de-Bœuf. Laval.
Préau. Laval.
Villiers-Charlemagne. Laval.
Nota : La plupart de ces paroisses vont à Château-Gontier
par la négligence des officiers du comté aussi bien que les
suivans.
On prétend encore que le comté de Laval s'étend sur les
frontières des paroisses cy-après. Savoir :
Martigny-sous-Laval .
Montourtier.
Deux-Evailles.
Saint-Ouën-des-Oyes.
Saint-Léger-en-Charnie.
Nuillé-sur-Oueste.
Viré.
Bruslon.
Cossé-en-Champagne.
l^pineu-le-Séguin.
Avoise.
Soulesme.
Saint-Loup.
Grez-en-Bouère.
- 78 -
Ruillé-en-Anjou. Laval pour partie.
Saint- Aignan.
Froidsfond.
Gennes.
. Longuefuye.
Fromentières.
Saint-Germain-de-L'Hommel. Laval pour partie.
Quoique toutes ces paroisses relèvent du comté de Laval
par la Châtellenie de Champagne-Hommet, elles ne viennent
point plaider à la juridiction de Laval soit à cause de l'é-
loignement, soit par la négligence du procureur du comté.
Il y a encore deux autres juridictions qui se tiennent dans
la salle du Palais : celle de Thévales et Breil-aux-Francs qui
reporte au Mans, et celle de Poligny qui reporte également
au Mans.
Extrait du registre du greffe ordinaire de la cour de Laval.
Devant Pierre le Clerc de la Manourière, juge ordinaire,
général, civil et criminel au comté de Laval. — 1649.
1 mai 1649. Le blé vendu au marché Sô" le boisseau.
Le froment rouge 42^
8 mai — Blé 39«
Froment rouge 44'
Froment noir 34*
15 mai — Blé 42" 40«
Froment rouge 54
Froment noir 34*
22 mai — Devant François Marest, s. de la Rago-
tière, juge ordinaire, général, civil et
criminel au comté de Laval.
Blé
48*
Froment rouge
60*
Froment noir
45*
29 mai —
Blé
52* !
Froment rouge
51*
Froment noir
46*
5 juin —
Blé
44* 48*
Froment noir
34*
12 juin —
Blé
42* 40*
' 79 —
Froment rouge 56"
19 juin — Blé 40»
Froment rouge 56'
26 juin — Blé 38« 37»
Froment rouge 48^ 47»
3 juillet — Blé 36» 35»
Froment rouge 45» 43»
10 juillet — Blé 36» 35»
Froment rouge 45» 44»
17 juillet — Blé 34» 33»
Froment rouge 46»
24 juillet — Blé 35» 34»
Froment rouge 46»
31 juillet — Blé 35» 34»
Froment rouge 47» 46»
(Recherches hist.^ T. XV).
Mémoire et état justifiant la valeur et le prix des grains
depuis l'année iklS jusqu'à Vannée 1611.
Pichot de la Graverie, Mémoires et consultations^ p. 777.
3 janvier 1473 le boisseau de bled à 0'
24 dudit mois et an
10 mars 1475
19 juin 1479
20 janvier 1480
30 avril 1482. L'avoine à
3 juin 1482. Le froment
15 novembre 1482. L'avoine
4 novembre 1491. id.
31 août 1495. id.
5 juin 1510. id.
28 avril 1512. id.
Le froment 3 treizains
13 avril 1513. Lavoine
15 avril 1523. Le froment
15 juillet 1523. L'avoine
14 juin 1525. Le bled
11 janvier 1530. Le froment
2»
0^
3»
0^
2»
9<^
1»
6^
1»
8^
3»
4^
5»
1»
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3»
4d
0»
10^
0»
10^
1»
3^
3»
9^
1»
6^
5»
1»
6^
3»
6^
6»
S^
II
80
3 septembre 1533. id.
3 juin 1534. id.
Bled
Avoine
Décembre 1536. Bled noir et aveines
Février 1537. Froment
May Bled
9 novembre 1541. Froment
octobre 1542. Bled seigle
18 avril 1543. Bled seigle
28 novembre 1543. Froment
septembre 1544. id.
7 janvier 1545. id.
4 mars » »
20 may » »
10 juin. Bed seigle
23 septembre. id.
20 janvier 1546. Froment
9 avril 1546. Bed seigle
6 may » »
Janvier 1547. Froment de l'an passé
24 mars. » »
23 janvier 1550. Froment
9 juillet 1550 »
21 janvier 1551 »
12 juin 1552. Bled seigle
16 novembre. »
5 juillet 1553. »
6 octobre » » '
15 juin 1554. Froment
20 janvier 1556. »
5 février » Bled.
7 août » Froment
6 février 1557. Bled
25 août » Froment
17 déc. » Bled empiré
2 mars 1558. Bled
2 novemb. »
13 septembre 1559. Bled
7"
6«
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6«
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- 84
3 janvier 1560
»
14 septembre 1561 »
8 janvier 1563.
Froment
26 janvier 1563
. Froment
26 février »
Bled
28 avril »
»
11 mars 1564. Froment
» ]
Bled
12 juillet »
»
8 février 1566.
Froment
20 février 1568.
»
Bled
29 juillet 1569.
Froment
1 juin 1570. Bled
» » Froment
14 juillet 1571.
»
5 octobre 1573
. Bled
Froment
4 février 1577
r>
4 juillet »
»
6 juillet »
Bled
16 sept. »
Froment
Bled
5 février 1578.
Bled
11 juillet »
Froment
'
Bled
26 février 1580.
Froment
10 février 1581.
»
7 juillet »
»
10 juillet 1582.
Froment
3 juillet 1587.
)ik
Bled
15 juillet 1588.
Froment
Bled
31 sept. »
Froment
Bled
14 juillet 1589.
Froment
Bled
13 juillet 1590.
Froment.
7«
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1' 5»
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1» 5»
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1' 2»
15-
1' 0»
15»
V 9»
. 6
II
— 82 —
Bled. 1' 0'
3 novemb. » Froment 1' 7*
27 novembre 1592. Sarazin 12«
15 mars 1593. Froment 1' 5«
5 juillet » » 1* 9*
11 août » » 1' G*
22 juillet 1595. Bled . 1' 15^
3 oct. 1596. id. 1' 4«
10 mars 1602. » 10^
22 juin 1610. Froment V 5^
11 août 1611. » 1' 5«
Extrait du prix des grains suivant le rapport du minage
fait au greffe de Laval. — Le boisseau pèse environ 32
livres de poids.
Bled 27^ à 34«
» 25« à 32«
» 20« à 23«
» 20" à 22«
» 20^ à 27«
» 18« à 22^
» 23« à 26«
» 23« à 25«
» 19, 20, 21 et 23«
» 19, 20, 21, 22, 23«
32, 33, 34, 35, 36«
32, 34, 35, 36«
24, 25, 26"*
Samedi
5
sept.
1682
»
12
))
»
»
4
»
1683
»
11
»
»
»
2
»
1684
»
7
»
1685
»
7
»
1686
»
10
»
»
»
6
»
1692
»
13
»
»
»
5
»
1693
»
12
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»
»
4
»
1694
»
10
»
1695
»
17
»
1696
»
14
D
»
»
6
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1697
»
13
))
1698
»
5
»
1699
»
12
»
1699
»
»
15, 16, 17, 18«
»
23, 24, 25«
21, 22, 23, 24«
22, 23, 24«
29, 30, 31, 33, 34«
37, 38, 39, 40«
34, 35, 36, 37, 39«
(Recherches historiques^ T. XV).
Nous tenons à mentionner en terminant une nomination de
gouverneur de Laval que nous avons connue trop tard pour
la placer au rang qu'elle aurait dû occuper dans ce travail.
- 83 -
Pierre-Marie-Alexis, vicomte du Plessis d'Argentré *, fut
nommé gouverneur de Laval par lettres patentes données à
Versailles le 30 octobre 1766. Le 24 novembre de la même
année le roi lui accorda de nouvelles lettres de dispense pour
la prestation du serment, à cause de son bas-âge. Il n'avait
en effet que cinq ans.
Ces charges de gouverneurs, qui avaient un caractère
surtout honoritique, se créaient ^ soit pour remplir les cais-
ses de l'Etat, dans les moments de gêne, soit pour gratifier
quelque personne de distinction. Aussi le roi dit dans ses
lettres patentes que les titulaires de cette charge seront :
« sous l'autorité du gouverneur et notre lieutenant général
« en la province et en son absence de nos commandants et
« lieutenants généraux et particuliers de notre province. »
Les originaux dés lettres de nomination et de dispense se
trouvent dans les archives du château du Plessis, paroisse
d'Argentré-sous- Vitré (Ille-et- Vilaine) .
Pierre-Marie-Alexis, vicomte, puis marquis du Plessis-
d'Argentré, naquit à Laval le 17 août 1761 ; il était fils de
Charles-Marie-Camille du Plessis-d'Argentré, qualifié comte
et seigneur de Pontestan et de la Marie, chevalier de Saint-
Louis, colonel du régiment des grenadiers royaux, briga-
dier des armées du roi, et de Renée-Jeanne-Marie Gougeon
de Launay^. Il entr^ au collège de La Flèche en 1769, passa
ensuite aux chevau-légers du roi en 1777, et fut enfin capi-
taine au régiment de Royal-Lorraine.
Il fut marié en 1782, en l'église de la Trinité de Laval, par
Monseigneur du Plessis d'Argentré, évéque de Séez, son on-
cle, à demoiselle Thérèse Dubois, fille de messire Olivier-
Ambroise Dubois *, écuyer, contrôleur des guerres, et de
1. Armes : de gueules à dix hillettes d'or ^, 3, 2 et L
2. Celle de Laval avait été créée par un édit du mois de no-
vembre 1733. Pierre-Marie-Alexis, vicomte du Plessis-d'Argen-
tré, en fut le premier et l'unique titulaire.
3. D'or à un sautoir de gueules, accompagne en chef et en
pointe de deux poissons d'azur (Arm. mns.j.
4. D'argent au lion d'azur, une fasce de gueules brochant sur
le tout (cachet).
-84-
Thérèse Martin de la Blanchardière \ En 1792 il émigra et
rejoignit le cantonnement de Lïmbourg. Rentré en France
en 1802, il fut nommé chevalier de Saint-Louis le 17 septem-
bre 1814 et mourut au château du Rocher, paroisse de Mé-
zangers, le 15 mars 1843 ^
Louis de la Beauluère.
1 D'argent à un pal d'azur, chargé d'un cygne d'argent (Arm.
manusc).
2. Extrait de V Armoriai de d'Hozier. — 7® registre complé-
mentaire.
RECHERCHES
SUR
SAINT-DENIS-DE-GASTINES
(Fin),
Le Dictionnaire topographique du département de
la Mayenne par M. Léon Maître' mentionne comme
lieux-dits seigneuriaux situés dans la commune ac-
tuelle de Saint-Denis :
Le Tremblay, fief vassal de la terre de Gharné ;
MoNTFLAUX, seigneurie de la châtellenie d'Ernée,
érigé en comté en 1670, avec les terres de Ghamporin,
Garelles, Yvoy et FOtagerie pour membres ;
La Gensive, fief de la châtellenie d'Ernée ;
On y voit encore une motte féodale et les fondations
de la chapelle, démolie en 1836. On raconte que le der-
nier seigneur de la Gensive aurait joué son domaine
dans une partie de cartes avec le seigneur de Montflaux,
son contemporain, et l'aurait perdu, son adversaire
étant placé de manière à voir son jeu dans un miroir.
Nous rapportons cette légende uniquement au point de
vue anecdotique ; elle ne repose sur rien de sérieux.
Le Bois-Bérenger, ex dono Henrici de Bosco Beren-
1. Imprimerie nationale 1878.
— 86 —
garii (1241, abb. de Savigny), fief de la châtellenie
d'Ernée;
La Buronnière, fief du duché de Mayenne ;
Les Billeudières, fief du duché de Mayenne, vassal
de la châtellenie d'Ernée ;
Gastines, fief de la châtellenie d'Ernée;
La Boisardière, fief de la terre de Charné ;
Ghamporin. — La châtellenie de Garelles, Yvoy,
Ghamporin, l'Otagerie s'étendait sur les paroisses de
Hercé, de Saint-Denis-de-Gastines, de Garelles, de
Larchamp et circonvoisines, et relevait en appel de la
baronnie du Bourg-le-Prêtre ^ ;
La Gougeonnerie, fief du duché de Mayenne;
L'AuNAY, fîef de la châtellenie d'Ernée ;
La Buchardière, fief de la châtellenie d'Ernée ;
Les Saudrais, ferme, Medietariam de Saudreia, 1212
(abbaye de Fontaine- Daniel) ;
Fougerolles et Le Ghéne, fiefs de la terre de
Gharné ;
Saint-Denis-de-Gastines y est ainsi désigné : Saint-
Denis-de-Gastines, canton d'Ernée, ancienne paroisse
du doyenné d'Ernée, de l'élection et du duché de
Mayenne, siège de la juridiction des châtellenies de Ga-
relles, Yvoy, Ghamporin et l'Otagerie.
Nous trouvons ensuite dans Gauvin de nombreux ren-
seignements sur la noblesse et les principaux habitants
du Maine au XVP et au XVII® siècles ; nous en ex-
trayons les passages qui intéressent notre paroisse.
Dans la Suite à ses Observations topographiques '^,
il mentionne Saint-Denis comme relevant directement
du duché de Mayenne, mais en partie seulement, et en
1. Bourg-le-Prêtre (le), nom donné à la paroisse de la Cha-
pelle-Rainsouin par la famille Le Prêtre lorsqu'elle acquit cette
terre. La baronnie de ce nom fut érigée le 7 septembre 166^1.
2. Annuaire de la Sarthe pour 18^3.
— 87 -
partie de la châtellenie d'Ernée, puis il ajoute : « Indé-
pendamment des trente-quatre paroisses qui relèvent
nuement et prochainement du duché de Mayenne en tout
ou en partie, cent quinze à peu près en sont mouvantes
par le moyen de seigneurs particuliers qui tiennent leurs
terres à foi et hommage de ce duché. Sur ce nombre
plusieurs ont des justices contentieuses. » 11 indique
alors Saint-Denis comme étant des trois ressorts de la
châtellenie d'Ernée, de FOutagerie et de Ghamporin.
Actes de foi et hommage rendus en 1518 et 1519 à
Philippe de Gueldres, veuve de René de Lorraine '.
On y trouve :
Le Sénéchal (Guyon), pour sa terre et seigneurie du
Bois-Bérenger et de la Gosine ;
Froulay (Jean de), pour sa seigneurie de la Bilheu-
dière et la sergentise fieffée de Gastines ;
Bailleul (Gilles du), pour 94 boisseaux de froment,
qu'il avait droit de prendre sur certains héritages si-
tués en la paroisse de Saint-Denis de-Gastines ;
Héricé (Rolland le), pour sa haute justice et seigneu-
rie de Ghamporin.
Acte de foi et hommage rendu en 1510 à Claude de
Guise représentant Henri son neveu '^.
On y voit : Fontaine (G. de la), pour les hautes justi-
ces de Ghamporin et de TOutagerie.
Extrait de l'aveu du duché de Mayenne au Roi rendu
par Armant Charles de la Porte ^ duc de Mazarin
et de Mayenne, à Paris le 11 avril 1669'^ (Des pa-
piers de MM. de Vaujuas)^.
1. Gauvin, Suite aux Observations topographiques, etc. An-
nuaire de la Sarthe pour 18i3.
2. Cauvin. — Annuaire de la Sarthe pour 18^3.
3. Ihid.
- 88 -
On y remarque :
Champorin. — Terre et châtellenie de Ghamporin à
Saint-Denis-de-Gastines, consistant en la justice ordi-
naire, domaine....
Messire marquis de Biragues, homme de foi lige,
doit cinquante sols de taille ou devoir féodal et quarante
boisseaux d'avoine à ma mesure de Pontmain i, au terme
de N.-D. d'Angevine.
L'OuTAGERiE. — Ghastellenie de Loutagerye (sic) et
choses en dépendantes.
Le même marquis de Biragues doit cinquante sols de
taille ou devoir féodal, et quarante boisseaux d'avoine
à madite mesure de Pontmain au terme de l'Angevine ~.
Fiefs de la.... et Bublière et Gougeonnière, et rentes
en froment de 94 boisseaux en la paroisse de Saint-
Denis-de-Gastines. — Pierre du Bailleul, chevalier,
seigneur de Gorron. Devoirs ordinaires.
Puis pour les terres relevant de la chastellenie d'Er-
née :
Le Bois-Bérenger et la Gensive, maison seigneu-
riale, etc. — Hyacinthe de Quatre-Barbes, marquis de
1. Le hameau de Pontmain, berceau des premiers seigneurs
du Maine, resta longtemps le chef-lieu du Petit-Maine, formé
par la partie septentrionale du territoire de Saint-Ellier. Jusqu'à
l'année 1790, le Petit-Maine fut exempt d'impôts (Gauvin). On en
ignore la raison ; la tradition du pays dit seulement que c'est
parce qu'une princesse y fit ses couches ; on ne sait ni qui ni
quand (Le Paige). Une autre tradition prétend ciue c'est parce
que les femmes de Pontmain auraient beaucoup filé pour aider à
payer la rançon du roi Jean. On sait que l'infortuné Jean II,
dit le Bon, roi de France, fait prisonnier par les Anglais à la
bataille de Poitiers en 1356, put revenir en France à la suite du
traité de Brétigny, 1360, moyennant la promesse d'une forte
rançon et la cession de plusieurs provinces. Jean, en quittant
l'Angleterre, y laissa comme otage le duc d'Anjou, l'un de ses
fils; celui-ci s'étant évadé en 1363, le généreux monarque re-
tourna se constituer prisonnier à Londres en disant que « si la
bonne foi était bannie de la terre, elle devrait trouver un asile
dans le cœur des rois. » Jean mourut à Londres en 1364.
2. L'Otagerie est actuellement sur Colombiers.
- 89 —
la Rongère. Devoirs ordinaires ; par an vingt-cinq sols
et quarante-huit sols de devoir à l'Angevine ;
La Bilardière et Gastines, maison seigneuriale. —
Charles de Froulay. Devoirs ordinaires et trente-deux
sols de devoir.
Launay. — Le même Charles de Froulay. — Devoirs
ordinaires.
Sergenterie fieffée de Gastines, office qui est le droit
de nommer un sergent, un homme capable. — Le même.
— Devoir ordinaire.
CouRTEiL. — Maison etc. Urbain de l'Epronnière,
chevalier, seigneur dudit lieu, doit une paire de gants
blancs qu'il prétend abonner à six deniers ;
Terres relevant du Duché par le moyen de la réunion
de Charné-Bazeille :
MoNTFLAUX. — Terre, seigneurie, fiefs et domaines.
Charles, comte de Froulay, doit trois livres quatre sols
et cinq boisseaux d'avoine, mesure d'Ernée, à l'Ange-
vine, foy et hommage simple ;
Le Tremblay. Le même comte de Froulay. Foi et
hommage simple ; contribue au devoir de seize sols
dus par les détenteurs de ce fief; lès autres déten-
teurs dépendant de ce fief, ensemble le domaine, con-
tribuent aux seize sols ; même foi et hommage simple
solidairement ;
La Bourgeonnerie la Gr. et la Pinçonnière. —
Charles, comte de Froulay. — Vingt sous à l'Angevine.
holle des comparutions et déclarations des nobles et
possesseurs de fiefs et arrière-fiefs de la sénéchaus-
sée du Maine ^ concernant le ban et arrière-ban.
161 5 K
Nous en extrayons ce qui suit :
1. Cauvin. Suite aux Observations.... Annuaire de 18(k3.
Ik
- 90 -
Bilars (Charles de), écuyer, sieur de Villeguérin, de-
meurant en sa maison du Rocher, paroisse de Saint-
Denis-de-Gastines, possède la métairie des Loges, de
nature hommagée, avec une closerie, le tout valant 250
livres de rente, sur laquelle il est dû 37 livres de rente
foncière.
Villiers (Gilles de), écuyer, sieur dudit lieu, demeu-
rant en la paroisse de Saint-Denis-de-Gastines, compa-
rant par M^ Pierre Ménard, a déclaré posséder la mé-
tairie de la Piennière, située en la paroisse de Saint-
Aubin-Fosse-Louvain, valant 150 livres de revenu.
Rolle supplémentaire des taxes sur les nobles. 167 ^K
Villiers (Julien de), écuyer. sieur du lieu, à Saint-De-
nis-de-Gastines, taxé à 100 livres.
Bolle de comparution des nobles^ barons., chevaliers.,
écuyers^ vassaux et autres tenant de Sa Majesté
des fiefs et arrière-fiefs^ sujets au ban el arrière-ban
de la sénéchaussée du Maine pour Vannée 1689'^.
Bouttevilain Jean, sieur de la Gilberdière, comparait
par Charles-René de Saint-Denis qui dit le s"" Bouttevi-
lain retenu prisonnier au Châtelet de Paris ;
Durocher, Jean, âgé de 70 ans, à Saint-Denis-de-Gas-
tines, ne possède pas de biens ;
Lemercerel, Joseph-Hyacinthe, sieur de Chastologé.
âgé de 22 ans, à Saint-Denis-de-Gastines, possède la
terre et seigneurie de Saint-Denis, d'un revenu de
1000 liv. ; offre de servir.
Osber, Etienne, âgé de 55 ans, à Saint-Denis-de-Gas-
tines, jouit de 350 liv. de rente ; servira étant aidé.
Nous ferons suivre ces extraits des procès-verbaux de
1. Gauvin, Annuaire de 18^3.
2. Ibid.
- 91 -
baptême des cloches de la paroisse vers la fin du siècle
dernier; ils sont conservés à la mairie. En voici la te-
neur :
« Le 15^ jour de juillet 1767 ont été bénies deux
cloches dans notre église, dont Tune qui fait la seconde
de nos cloches a été nommée Louise-Caroline par
M. Louis Richard de Villiers et dame Louise-Angélique
le Baron, tous deux fondés de procuration en date du
16 mai dernier, ledit sieur Gilles-Louis Richard de Vil-
liers représentant très-haut et puissant seigneur Char-
les-Marie, marquis de Créquy, d'Hémont et autres
lieux, maître de camp du régiment de Royal-Dragons,
et ladite dame Louise-Angélique le Baron représentant
très haute et très puissante dame Madame Renée-Ca-
roline de Froulay, veuve de très-haut et très puissant
seigneur Monseigneur Louis-Marie de Créquy, cheva-
lier, marquis d'Hémont et autres lieux, dame de Mon-
flaux de cette paroisse de Saint-Denis et autres lieux ;
« L'autre nommée Michelle-Césarine par Messire
Michel-César de Hérie, écuyer, et demoiselle Françoise-
Michelle le Baron. La bénédiction des dites cloches par
M'"*' Nicolas Dussard, curé de Montenay, doyen rural
d'Ernée, commis à cet effet par M. Baudron, vicaire
général de ce diocèse, et ce en présence de Maître René
Moreau, curé de cette paroisse soussigné, et autres
soussignés.
« Le 3® jour de novembre 1768 a été bénie une cloche
dans notre église paroissiale qui fait la première de no-
tre clocher et a été nommée Marie-Caroline par M. Louis
René Lefebvre de Cheverus, bachelier et curé de
Mayenne, et Dame Marie Françoise le Bourdais,- veuve
de M. Jean-Louis Lefebvre de Cheverus, conseiller as-
sesseur à la barre ducale de Mayenne, tous deux fondés
de procuration en date du six octobre dernier. Ledit
sieur Louis-René Lefebvre de Cheverus représentant
très-haut et très-puissant seigneur Monseigneur Char-
I
- 92 -
les-Marie de Créqui, marquis d'Hémond et autres lieux,
colonel du régiment de Royal-Dragons, chevalier des
ordres de Malte et de Saint-Louis ; et ladite dame
Marie-Françoise le Bourdais, représentant très-haute et
très-puissante dame Renée Caroline de Froulay, veuve
de très-haut et très-puissant seigneur Monseigneur
Louis-Marie de Créqui, chevalier, marquis d'Hémond
et autres lieux, dame de Montflaux de cette paroisse de
Saint-Denis et autres lieux. La bénédiction de la cloche,
faite par M® Nicolas Dussard, curé de Montenay, doyen
rural d'Ernée, commis à cet effet par M. de Glandère,
vicaire général du diocèse, et en présence de M*" René
Moreau, curé de cette paroisse et autres soussignés.
« M. F. le Bourdais de Cheverus, Le Febvre de Che-
verus curé de Mayenne, R. Moreau curé, Dussard.
« Le 29® jour de juillet l'an mil sept cent quatre-vingt
onze, a été bénie dans notre église une cloche qui fait
la première de notre clocher et a été nommée Renée-
Caroline-Louise par M. Jacques-Louis Giffard et par
dame Renée Caroline de Froulay, veuve de Monsieur
Louis-Marie de Créqui d'Emont représentée par dame
Louise-Angélique le Baron, veuve Richard de Yilliers,
en vertu de la procuration passée par devant les notai-
res de Paris de Caulx et son confrère, en date du huit
du ^présent mois et enregistrée à Paris le même jour.
La bénédiction de ladite cloche faite à la réquisition de
Monsieur Louis-Augustin Giffard de la Fosse, procu-
reur de la Fabrique par nous Melchior de Berlier, curé
de Saint-Denis-de-Gastines et par permission de Mon-
sieur l'évéque ; et ce en présence de Monsieur Jacques-
Louis Giffard, juge de paix, et de Monsieur Philippe-
André Lambron habitants de cette paroisse et autres
soussignés.
« Le baron Richard de Villiers, Giffard, Lambron,
L. A. Giffard, procureur de la fabrique, Laigre vie,
M. de Berlier, curé de Saint-Denis-de-Gastines.
Lorsqu'on construisit le nouveau clocher en 1854, on
y plaça celle des anciennes cloches qui existait encore
avec deux nouvelles cloches, dont les marraines furent
Madame la vicomtesse d'Héliand, née de Praux et Ma-
dame du Bois de la Drouardière, née d'Aubert.
Parmi les personnages de quelque célébrité nés à
Saint-Denis, nous citerons :
Je.vn Portais, cordelier, auteur d'un livre intitulé :
La chétienne déclaration de la chute et ruine de VK~
glise romaine^ avec une courte doctrine du service de
Dieu en icelle^ et deux réponses à certaines objections
contre la Confession et l'Eucharistie^ imp. à Anvers
en 1578. Portais vivait encore encore en 1584. (La Croix
du Maine ^).
Jean-Louis de Fromentières des Etangs, né en
1632, chanoine et théologal du Mans, oratorien, prédi-
cateur du roi, et enfin évêque d'Aire, abbé du Jard et
de Saint-Sever Cap ; il se fit remarquer comme prédica-
teur, même à côté de Bossuet, de Fléchier et de Bour-
daloue^. Dès 4'âge de seize ans il avait prononcé un ser-
mon dans l'église de Saint- Vincent du Lorouer. Il eut
des difficultés avec le chapitre du Mans, et lui intenta
un procès 3.
Louis Laneau, né à Saint-Denis, fut missionnaire et
devint en 1662 évêque de Babylone, puis administrateur
général des missions en 1684. Il mourut en 1696^.
Gabriel Philippe de Froulay de Tessé, né égale-
ment à Saint-Denis, fut évêque d'Avranches de 1669 à
à 1689. C'est lui qui, comme nous l'avons dit plus haut,
augmenta en 1680 la chapelle Saint-Etienne que son
1. Le Paige.
2. Gallia Christiana.
3. Archives du chapitre du Mans.
4. Gallia christiana.
I
- 94 —
père, André de Froulay, seigneur de Montflaux, avait
fondée en Saint-Denise
Vers cette époque, qui donna à FEglise un grand
nombre de prêtres distingués, vivait Mathieu Hubert,
né, non pas à Saint-Denis, mais dans une des plus pro-
ches paroisses, à Ghâtillon-sur-Colmont, oratorien trop
oublié, qui fit admirer ses talents et ses vertus. Nous ne
pouvons résister au désir de citer de lui un trait tou-
chant, tel que le rapporte D. Piolin :
Un jour qu'il prêchait à la cathédrale du Mans pour
une grande solennité, sa mère, qui avait fait à pied plus
de vingt-cinq lieues pour venir l'entendre, arrive lors-
qu'il est déjà en chaire. Elle court à l'église et veut
traverser la foule pour s'approcher de l'orateur ; mais
ses efforts sont inutiles ; seulement son costume, son
empressement et ces mots qu'elle repète : « Je veux en-
tendre mon fils ! » causent un peu de rumeur. Hubert
reconnaît sa mère, et d'une voix émue il adresse cette
prière à l'auditoire : « Mes frères, une petite place, je
vous en supplie ; cette pauvre femme qui vous la de-
mande est ma bonne mère. » Puis il reprend son dis-
cours au milieu de l'admiration universelle ~.
Charles-Louis de Froulay de Tessé naquit en 1686,
suivant les uns au château de Montflaux, suivant d'au-
tres au château de Marolles, paroisse de Larchamp. 11
fut évêque du Mans de 1723 à 1767.
Citons aussi comme né à Saint-Denis Dom Julien
Pelé, religieux de la congrégation de Saint-Maur, qui
tourna au jansénisme et écrivit un pamphlet contre la
bulle Unigenitus.
Enfin Saint-Denis a vu naître en 1804 M'^^ Georges
(Jean-Amédée), neveu du cardinal de Cheverus, décédé
en 1860 évêque de Périgueux.
1. Insinuation^ ecclésistiques.
2. D. Piolin, Histoire de l'Eglise du Mans, T. VI.
Comme vestiges des temps passés, outre les ruines
que nous avons signalées, on voit encore à peu de dis-
tance du bourg, près de la Cousinière, une source dite
Fontaine Saint-Yaume, et dédiée à Saint Guillaume ;
on va y prier pour obtenir la guérison des fièvres et des
maux d'yeux. Ce saint Guillaume est Guillaume Fir-
mat, né à Tours, d'abord médecin, puis ermite dans la
forêt de Concise, ensuite près de Vitré et à Fontaine-
Géhard dans la forêt de Mantilly. près du Passais, région
qui vit se fonder un grand nombre de monastères, illus-
trés par beaucoup de saints religieux, dont Saint Ernée.
« Dans ses dernières années le saint vieillard Guil-
laume Firmat était comme l'oracle des habitants de
Mayenne, de Domfront, du Passais et de toutes les con-
trées voisines ; on écoutait toutes ses paroles avec un
souverain respect, et il savait user de son influence
pour le soulagement des pauvres'. » Il mourut en 1143
d'après D. Piolin, en 1090 d'après les Bollandistes. Son
corps fut transporté à Mortain, et après sa canonisation
(1154) il devint le patron de cette ville. Dans le nord de
la Mayenne on a donné son nom à beaucoup de fontaines
et de pierres, notamment au célèbre polissoir de Monte-
nay.
Pour la période révolutionnaire, qui sort du cadre de
cette Revue ^ nous renverrons aux travaux MM. Duche-
min et Triger, Les premiers troubles de la Révolution
dans la Mayenne^ F. Le Coq, Constitution civile du
clergé et aux Notes manuscrites de M. l'abbé Lebouc,
ancien vicaire à Saint-Denis, décédé il y a quelques an-
nées curé de Montenay.
Nous ne terminerons pas cette étude sans dire un
mot du sol et du climat de Saint-Denis. Cette commune
occupe des terrains exclusivement d'origine ignée, dia-
1. D. Piolin, Histoire de V Eglise du Mans, T. III.
it
— 96 —
base (vulgo bizeul) et granité ; partant aucun fossile
ne s'y rencontre. Sur les plateaux on trouve un dilu-
vium formé lui-même de cailloux d'origine granitique.
Les vallées, formées à leur origine par des plissements,
ont leur fond imperméable, et il s'y est formé des maré-
cages ; cette circonstance est favorable au développe-
ment de certaines plantes rares ou même rarissimes
dans bien d'autres régions. Nous citerons : l'orobànche
clandestine, l'oxicoccos palustris, la cicuta virosa, Fos-
monde royale, la walhenberge, la drosera rotundifolia.
Quant au climat, il est non seulement un peu humide,
tant à cause des marécages que de la grande quantité
d'arbres plantés dans les haies qui séparent les champs,
mais encore un peu froid à cause de l'altitude qui en cer-
tains points atteint 244 mètres au-dessus du niveau de
la mer : c'est à peu près le climat de l'Orne, dont nous
sommes d'ailleurs peu éloignés. Si l'hiver est assez dur,
en revanche l'été est charmant; les campagnes, déjà pit-
toresques à cause des nombreux accidents de terrain,
conservent une perpétuelle fraîcheur qui récrée les yeux
en même temps qu'elle revivifie le corps fatigué par les
travaux du jour et le dispose à de nouveaux labeurs.
A. Faucon.
TESTAMENT DE M« JEAN GESLIN
Double du testament et ordonnance et dernière volonté du
vénérable et discret maître Jean Geslin, vivant prêtre chanoine
en l'église collégiale de St-Médric à Paris, reçu par Ameline
et Bru, no""^^ au Chatelet de Paris, en date du 7 mars 1689,
duquel testament la copie ensuit.
Par devant Pierre Ameline et Hugue Bru, conseillers du
roy, nottaires gardenottes au Chatelet de Paris, soussignés,
fut p°* Maître Jean Geslin p*""^ chanoine de l'Eglise collégiale
et paroissiale St-Médric à Paris, y demeurant au cloitre de
lad. Eglise, malade de corps, et néanmoins allant et venant
- 97 -
par sa chambre au second estage qui a vue sur le cloistre, sain
d'esprit, mémoire et bon jugement ains il est apparu aux
no'®" soussignés, par ses paroles et entretiens, Lequel ne dé-
sirant passer de cette vie à l'autre sans avoir au préalable
disposé de ses dernières volontés, a fait, dicté et nommé aux
d. nottaires son testament en la forme qui suit : Premièrement
en bon chrétien catholique et romain a recommandé son âme
à Dieu, le priant que quand elle partira de son corps, la vou-
loir recevoir avec les Bienheureux, implorant à cette fin les
prières et intercessions de la S^®- Vierge et avec de Notre-
S.-J.-C, de S^-Jean, son patron, et de tous les saints et sain-
tes ; Désiré son corps être inhumé dans le Chœur de l'Eglise
de St-Médric où ses prédécesseurs et bienfaiteurs. Messieurs
Dodard etTasset, aussi chanoines de lad. église sont enterrés ;
Et qu'à son convoy ni aye aucune cérémonye ni pompe fu-
nèbre, tenture ni soyrrie et avec moins de luminaire que faire
se pourra ; ordonne led. s"" testateur que dans l'anée de son
décès, il luy soit dit en telle église que son exécuteur testa-
mentaire jugera à propos, deux annuels de messes basses, et
qu'il soit payé pour la rétribution desd. deux annuels la som-
me de quatre cents livres pour une fois seulement.
Donne et lègue à l'Eglise de Notre-Dame de Montaudain
diocèse du Mans, en laquelle led. s*" testateur a été cy devant
curé, son calice d'argent aux armes de la passion de notre
divin Sauveur, avec sa patenne, pour servir aux fêtes de la
S^^-Vierge, et affm d'estre participant aux prières qui se font
dans lad. église, lesq. calice et patenne pesant ensemble six
marcs environ.
Donne et lègue à l'église de St-Denis-de-Gastines du dio-
cèse du Mans, lieu de sa naissance, son beau chasuble par-
semé de fleurs rouges, à fond d'argent avec son étole, mani-
pule et fanon demesme estoffe, un beau voille de sattin rouge
en broderie d'or et d'argent garny autour d'une dentelle
aussy or et argent, plus une estole de brocard or et argent
garny par bas d'une frange aussy or et argent, et d'un petit
passement d'or autour pour accompagner une bourse et cor-
poral avec une petite boette d'arg^ servant à porter le S^- Via-
tique aux malades de lad. psse à laquelle led. testateur les a
cy devant donnez.
7
- 98 -
Plus donne et lègue à lad. psse de S'^-Denis-de-Gastines
son bassin et ses burettes d'arg^ à feuillage pesant ensemble
sept marcs environ.
Plus son autre chasuble de brocard à fond d'argent parsemé
de fleurs d'or, garni de son étoile et un grand voile en sattin
blancq aussi à broderye or et argent garni autour d'une
grande dentelle d'or. Le tout aussi pour servir à l'autel les
festes de la S'^-Vierge.
Désiré led. sieur testateur que sitost son décedzil soit fondé
en lad. église de St-Denis-de-Gastines une messe basse perpé-
tuelle qui sera tous les jours de l'anée pour le repos de l'âme
dud. testateur ez la grande chapelle de Nottre-Dame depittié
hors le bourg de lad. psse, dont sera passé conlract avec le
s'" curé de lad. Eglise, les paroissiens dud. bourg de S*-Denis-
de-Gastines, et le sieur Bouesset père sieur de la Fouchaye,
advocat à Mayenne, pour estre lad. messe ditte et célébrée en
lad. grande chapelle tous les jours de la semaine annuelement
à perpétuité ; savoir, depuis Pasques jusques à la Toussaint à
sept heures du matin, et depuis la Toussaint jusques à Pas-
ques à huit heures du matin, le tout par un chappellain qui
sera nommé et présenté par Monseigneur lévesque du Mans
et ses successeurs en son évêché, conjointement et non divi-
sément, avec les curés et paroissiens dud, S^-Denis-de-Gas-
tines et leurs successeurs qui seront obligés avec led. Sei-
gneur évesque à peine de nullité à faire nomination et faire
choix d'un prestre qui soit de bonne vie et moeurs, natif dud.
bourg de S'-Denis-de-Gastines et au deffault d'un prestre na-
tif dud. bourg, d'en choisir et nommer un aussy de bonne vie
et moeurs natif des villages et hameaux dépend"^ de lad. psse,
avec cette condition précise que les parents présents de la fa-
mille dud. sieur testateur, selon le degré de parenté et con-
sanguinité le plus proche, estant prestre et natif de la psse ou
des villages ou hameaux seront préférés à peine de nullité de
leur nomination : Led. sieur testateur ayant au surplus très
grande raison et voulloir expressem*^ que les prestres qui se-
ront nommez pour dire laditte messe soient habitants dud.
bourg de St-Denis-de-Gastines, et à leur deffault desd. vil-
lages ou hameaux de laditte psse, afin que led. prestre qui
fera la dess^® et la d. messe soit tenu et obligé à résider sur
- 99 -
ce lieu, et dire lui-mesme lesd. messes, sans les pouvoir faire
dire par d'autres, si ce n'est pour quelque temps d'infirmité
à peine d'estre destitué de lad. chapelenie, et à son lieu d'en
estre nommé un autre pour faire la desservance desd. messes
aux susdites conditions, sans y rien changer, ni altérer pour
quelque cause et sous quelque prétexte que ce soit, soit par
led. chapelain, ou par led. seigneur évesque, le dit curé et
paroissiens dud. bourg de St-Denis-de-Gastines et leurs suc-
cesseurs.
Lequel chapelain outre lesd. messes sera encore tenu et
obligé de dire à genoux annuellent et à perpétuité tous les
vendredis de cha^^une semaine devant led. autel de Nottre-
Dame de pittié, avant le commencement de la S^^-Messe aussy
à l'intention dud. sieur testateur [Domine non secundum pec
cata nostra) avec les deux versets suivants : (Ostende nobis
Domine misericordiam tuam) et l'oraison : Respice^ quœsu-
mus, supej' hanc familiam tuam^ le stabat mate?- dolorosa,
tout au long ; le verset : Tuam ipsius animam doloris gla-
dius pertransivit, et l'oraison : Interveniat pro nobis^ quœ-
sumus, etc.
Pour la rétribution desquelles messes et prières led. s"" tes-
tateur donne et lègue savoir : aud. chapelain et à ses succes-
seurs deux cent cinquante livres de rente, et à la fabrique de
lad. psse de St-Denis-de-Gastines, cinquante livres de rente
à la charge qu'elle fournira les ornements, pain, vin, lumi-
naire et choses nécessaires pour la célébration de lad. messe,
faisant ces deux sommes ensemble trois cents livres de rente
à prendre sur le chapittre de S^-Honoré de cette ville de
Paris, rachetable au denier vingt et cinq, et la somme de sept
mille cinq cent livres pour laquelle led. chapitre luy a cons-
titué les d. trois cents livres de rente par contract passé de-
vant Simon Mousse et son confrère nottaires au Chattelet, et
en cas de rachapt de laditte rente, led. sieur testateur veut et
entend que lad. somme de sept mille cinq cents livres de prin-
cipal soit employée par lesd. sieurs curé et habitants de lad.
psse, dudit sieur éveque en acquisitions d'héritages bons et
valables qui seront au moins de valeur anuellent de lad. som-
me de trois cents livres, et s'ils rapportent plus, led. plus ap-
partiendra à lad. fabrique, sans que lad. rente ni les héritages
II
- 100 —
qui pourront être acquis pour le principal d'icelle puissent
être alliénnez, distraits, vendus, ni engagez pour quelques
causes, besoins, ou autres prétextes que ce puisse estre, et
ou que ce soit, et ou que lad. fondation cessast d'estre ditte
et exécutée, ou que le chapelain ne fust pas nommé de la qua-
lité requise, qu'il ne résidast pas sur ce lieu, et ne dise pas
lesd. messes et prières par lui-même, ou bien que l'on vou-
lust ériger lad. fondation en bénéfice ou chapelenie. En l'un
ou l'autre de ces cas led. sieur testateur veult et entend que
lad. fondation demeure transférée en lad. église collégiale de
S^-Médric à Paris, à laquelle aud. cas, led. sieur testateur
donne et lègue lesd. trois cents livres de repte, s'ils sont en-
core en natture, et s'ils ne le sont plus lesd. héritages qui
auront été acquis pour le principal d'iceux à la charge par le
Chapîttre de lad. Eglise de faire dire par un chanoine d'icelle,
qui sera nomméetchoisy par led. Chapitre, à l'autel du chœur
dud. Chapittre aux heures cy-dessus marquées, lesd. messes
et prières suivant que se voit cy-dessus expliqué, et de donner
par led. Chapittre aud. sieur chanoine qui fera la desser-
vancç deux cent cinquante livres de rente, dont le surplus
appartiendra aud. Chapittre, aux mêmes charges, clauses et
conditions cy-dessus, sans que led. Chapittre puisse faire éri-
ger en façon quelconque lad. fondation en bénéfice, n'y qu'au-
dit cas de transfération, led. Seigneur évesque, led. sieur
curé et habitants puissent prétendre avoir aucun droit dans
lad. nomination.
Désire led. sieur testateur, qui soit aussy fondé en lad.
Eglise St-Médric en cette ville avec le Chapittre d'icelle un
obit sans pain qui sera dit à neuf psaumes, neuf leçons le pa-
reil jour que led. sieur testateur décédera, et le lendemain
une messe haulte de requiem, avant que de commencer la-
quelle sera chanté l'hymne : Ve:cilla régis prodeunt, et Vhym-
ne ou prose: Languentibus in purgatorio. Avant que com-
mencer l'évangile de la Messe haulte, le tout annuellement et
à perpétuité pour laquelle fondation led. sieur testateur donne
et lègue au Chapitre de lad. Eglise, trente livres de rente, à
prendre sur soixante livres de rentes dues par noble homme
Simon Jeannot et dame Françoise Choppin sa femme.
Donne et lègue led. sieur testateur les autres trente livres
— 101 —
de rente à la grande Confrairye de Nottre Dame aux Sei-
gneurs et bourgeois de Paris, à la charge de pareille fonda-
tion que lad. grande Confrairye sera tenue de faire à mesmes
jours en l'église de Sainte-Marie Magdelaine en la Cittée.
Désire led. sieur testateur qu'il soit pareillement fondé en
lad. église de St-Denis-de-Gastines trois obits qui serontdicts
et célébrez l'un le troisième de février à l'intention de Jean
Geslin et de Perrine Portais, sa femme, ses père et mère; un
autre le jour de St-Georges à l'intention de Maître François
Geslin, p**"® et pour ses autres frères ; et l'autre à pareil jour
que décédera led. sieur testateur, à son intention et de René
Buin et de Françoise Rochereul, sa femme, cousine dud. sieur
testateur. Lesquels trois obits seront dicts chacun par Vigiles
à neuf pseaumeset neuf leçons, une messe haulte de Requiem,
avant laquelle serapareillement chanté l'hymne Vexilla Régis
prodeunt^ et la prose Languentibus in purgatorio avant l'é-
vangile, en fin de chacune des d. messes sera chanté sur leurs
sépultures le Libéra, de profundis^ l'oraison et le Salve Re-
gina aussy avec l'oraison, pour lesquelles trois fondations
led. s"" Testateur donne et lègue à lad. église cent livres de
rente à luy due et constituée par l'église du S^-Sépulcre à Pa-
ris, rue de S''-Denis en cette ville, rachetable au denier vingt
et quatre sur la somme de deux mille quatre cent livres, sui-
vant le contract qui y a été passé devant Parque et son con-
fraire nottaires à Paris. Le principal de laquelle rente, en cas
de rachapt sera employé par les sieurs curé et habitants de
lad. p*^^ en acquisition d'héritages dont les revenus seront
destinés et employés aux d. fondations, sans pouvoir être di-
vertis, employez ni obligez pour autres causes, auxquelles
fondations sera aussy passé un contract avec lesd. curé et
habitants, et led. sieur de la Foucherye.
Veult et entend led. sieur testateur que les rétributions qui
seront affectées aux fondations, que ledit sieur testateur dé-
sire estre faites par son présent testament, ne seront données
et distribuées qu'à ceux des ecclésiastiques qui s'y trouveront
présents depuis le commencement jusques à la fin et non au-
trement, pour quelque cause que ce soit, si ce n'est le cas de
maladie seulement et non autres causes.
Et pour le surplus de tous les biens dud. sieur testateur, il
II
— 102 —
veult et entend qu'ils appartiennent à ses héritiers pour les
partager entre eux suivant la disposition des coutumes où ils
se trouveront situés, et pour exécuter le présent testament,
led. sieur testateur a nommé et élu la personne de Maître Ju-
lian Renard.
A. F.
UNE GACHETTE DE FONDEUR
DE L'ÉPOQUE DU BRONZE
Au mois de novembre 1892, les fermiers de la Barre,
en Gossé-le-Vivien i, achevaient de dresser à la charrue
un renflement de terre qui rendait difficile la culture
d'un champ, quand ils virent, tout à coup, sortir déterre
une quantité de morceaux de bronze. Ils les recueilli-
rent avec grand soin et les remirent au propriétaire,
M. le comte Arthur de Bréon. Grâce à son extrême
obligeance, nous avons pu les examiner un à un, et
les dessiner dans leur ensemble. Ces objets, de nulle
valeur comme métal, sont en effet doublement inté-
ressants pour l'histoire du pays. En outre ils consti-
tuent la plus importante cachette de fondeur qui ait été
signalée dans le département de la Mayenne ~.
Ces objets furent, pour une cause quelconque, enfouis
dans une peau de bête, car on n'a retrouvé aucune trace
de vase soit en terre soit en métal. De la sorte, ils
étaient plus faciles à porter et l'ouvrier qui les avait
réunis pour les refondre, avait pris soin de les enterrer
à une grande profondeur afin qu'ils ne fussent pas déte-
1. Gossé-le-Vivien, arr*^ de Ghâteau-Gontier. — de Cauciaco,
IX« siècle. Les noms de lieu, terminés en acus, sont les plus
anciens.
2. Une autre cachette, comprenant une vingtaine de haches,
un lingot de bronze et un creuset d'argile, a été autrefois dé-
couverte à Gomté, commune de Ghemeré-le-Roi (V. E. Moreau,
Notice sur la carte préhistorique de la Mayenne).
Il
- 104 -
riorés pendant le temps qu'ils demeureraient enfouis.
Si l'on ne peut au juste évaluer cette profondeur parce-
que les fermiers ont mis plusieurs années à dresser la
saillie que la terre formait à cet endroit, on peut du
moins affirmer qu'elle avait près de deux mètres de hau-
teur. L'endroit lui-même était fort bien choisi car, si
quelques objets, après un séjour aussi prolongé, sont
corrodés par l'oxyde, si la plupart ont cette admira-
ble patine que l'on recherche tant, il en est certains,
au contraire, qui ont conservé leur couleur brillante et
nette comme s'ils venaient d'être fabriqués.
Ces objets formaient^ avons nous dit, la cachette d'un
fondeur; comment en effet expliquer autrement la pré-
sence de ces morceaux de bronze, la plupart hors d'u-
sage, détériorés ou brisés volontairement ? Et même en
examinant le contenu, devant le grand nombre de bra-
celets de toute forme et de toute grandeur, n'est-on pas
autorisé à penser que ce fondeur fabriquait exclusive-
ment des bracelets et que les autres morceaux n'étaient
là que pour grossir la masse du métal et lui permettre
d'en obtenir un plus grand nombre ?
Ce trésor comprenait sept grandes haches de forme
ordinaire, de 15 à 17 centimètres de longueur ; leur tran-
chant était plus ou moins arrondi, cinq avaient leurs ai-
lerons terminés à angle droit, les deux autres, pour-
vues d'un anneau latéral, étaient au contraire arrondies.
Une petite hachette de 85™ de longueur très finement
coulée. Ses ailerons fortement accusés et rebordés
avaient plus d'importance que dans les grandes et occu-
paient presque la moitié de la longueur totale.
Une lame de poignard, de O'^IS de longueur sur 0™02
de largeur. Elle est composée de trois rayures concaves
et a été pliée en deux ; le bas, où les rayons disparais-
sent en triangle, ne laisse voir aucun trou pour l'emman-
chage dans une poignée de bois ou de métal.
Trois pointes de flèches brisées ; l'une a 0™04 de
— 105 -
longueur sur 0™02 de largeur ; le centre est renflé légè-
rement ; l'autre dont la tranche forme un losange effilé
n'a qu'une simple rayure au milieu ; la troisième, très
pointue, ayant 0™05 sur 0^01, a sa pointe recourbée ;
Fig. 1, 2, 3, 4.
elle est creuse au centre et garnie d'une rayure sail-
lante.
Un morceau de bronze très bien coulé et d'un usage
inconnu. Il ressemble à la tête des coins de bronze et l'on
— 106 —
pourrait croire qu'il a servi à ferrer un pieu ; malheu-
reusement il est brisé à la partie inférieure. L'intérieur
d'abord rond, se termine en carré et l'extérieur a, de
chaque côté, deux points saillants provenants sans doute
de la coulée de la fonte.
Deux instruments de toilette : une sorte de cure-oreilles
Fig. 5 et 6.
brisé parle bas et une grande épingle également rompue.
Elle est renflée au milieu, sa tête se termine carrément
et elle est ornée de cercles et de rayures opposées
(Fig. 1 et 2).
Un manche de très bien conservé. Sa tête renflée
est ornée de dessins formant dentelures. On voit très
bien le petit trou qui servait à le river (Fig. 3).
Un morceau de bronze arrondi formant un cercle dé-
primé et à une extrémité un second cercle tout petit et
— 107 —
aplati, soudé dans l'autre (ûg. 4). Un fragment d'anse
de .vase se terminant en haut par une partie aplatie et
rompu à la biffurcation qui se soudait au vase. Un frag-
ment d'une fibule, à large renflement, très mince et
garnie sur la partie bombée de six rayures juxtaposées.
Cet objet est très usé.
Un morceau de fonte sans forme.
Mais, comme nous l'avons déjà dit, la partie la plus
Fig. 7 et 8.
intéressante de cette cachette comprend quarante brace-
lets de toute forme, de toute grandeur. Il en est de si
bien conservés, de si frais, que l'on se demande com-
ment ils se trouvent parmi des objets destinés à la
fonte. Les dames du temps étaieilt-elles déjà aussi es-
claves de la mode ?... .
Parmi ces bracelets quelques-uns sont tordus comme
ces torques en or que l'on voit dans le musée de Saint-
Germain.
108
Un fragment a dû appartenir à un collier de grande
taille.
Une paire de tout petits bracelets d'enfant (fig. 5).
Un fragment tordu a son extrémité unie et appointée.
Vingt-cinq bracelets unis, de toute forme, de toute
grosseur, les uns ronds, les autres aplatis ou même
taillés sur un côté. Le plus épais mesure 0™02 de hau-
teur sur 0™01 ; tous sont plats intérieurement. Les uns
Fig. 9 et 10.
sont appointés par les extrémités, ceux-ci se terminent
carrément, ceux-là sont munis de renflements destinés
à mieux dissimuler la jointure (fig. 7).
La plupart sont intacts, d'autres ont été repliés inten-
tionnellement afin sans doute de prendre moins de place.
Quelques-uns sont par paire, d'autres ont été rompus
d'une manière si nette que l'on ne voit aucune trace
109
d'outil ou de pression sur les parties brisées malgré
leur épaisseur.
Il nous reste à parler d'un certain nombre de brace-
lets qui, par leur décoration, méritent une description
particulière.
Fig. 11 et 12.
Quatre sont légèrement ornés de rayures et de points
soit à leur extrémité soit sur tout le développement, en
laissant d'un côté une partie droite qui, au bras, ne se
voyait pas. Ce sont des rayures adossées en chevron,
arrondies ou pointillées (fig. 9).
- 110 -
Un bracelet brisé, en trois morceaux, garni de rayures
et de compartiments à chevrons et cercles remplis de
petites hachures entre deux traits (fîg. 6).
Un bracelet orné de compartiments à chevrons et
amandes variées et pointillées (fig. 8).
Un fragment de bracelet plus riche de décors. Cer-
taines parties laissées en blanc sont au contraire placées
sur des rayures qui les font mieux ressortir (fig. 10).
Un bracelet en cuivre, demeuré jaune et brillant comme
s'il venait d'être fondu. Il est décoré de dessins variés
d'une netteté telle que l'on voit encore toutes les bavu-
res de la pointe qui les forma (fig. 11).
Un fragment de bracelet d'une grande largeur ; ce-
lui-ci, pour en diminuer le poids, a été évidé à l'inté-
rieur et aux extrémités, il est muni d'un renflement très
bien compris. Il portait dans presque toute sa lon-
gueur une petite bande pointillée qui ne se retrouve
pas de l'autre côté.
Enfin quelques petits fragments de bracelets n'ont pu
être reconstitués.
Tel est l'ensemble de cette importante cachette. En
terminant remercions encore le fermier et le propriétaire
qui, par leurs soins minutieux, nous ont permis de l'étudier
dans son ensemble et, sans la diviser, ont compris l'im-
portance qu'elle avait pour l'histoire de l'art dans nos
contrées.
P. DE Farcy.
LE DOLMEN DE L'ARTOIR
A YAUTORTE (Mayenne).
Notre collègue, M. Faucon, nous signale un dolmen
jusqu'ici inconnu, dont il nous envoie une description
sommaire. Nous laissons bien volontiers la parole à
M. Faucon-
ce Cette allée couverte est située en la commune de
Vautorte, dans la forêt de Mayenne, à l'extrémité nord
du rocher de l'Artoir, sur la hauteur par conséquent, à
environ un kilomètre sud-ouest de la ferme de la Tui-
lerie. Cette ferme se trouve sur la route forestière qui va
de Chailland à la Meltière, entre le Pilet delà Duchesse
et ce hameau. De la ferme, il faut aller à pied, quoiqu'il
y ait un mauvais chemin d'exploitation.
« Voir ci-contre le plan de ce monument :
« Les pierres marquées par des hachures sont encore
à leurs places. Celles qui portent la lettre R sont des
pierres de recouvrement. Deux d'entre elles sont encore
retenues sur leurs supports par une extrémité. La plus
rapprochée de l'entrée est à demi tombée sur un frag-
ment affaissé lui-même à Tintérieur de l'allée.
« Le bloc A est celui qui sépare l'allée de la chambre,
et li est celui qui ferme celle-ci par le fond. Il est sen-
siblement incliné vers l'intérieur. 11 y a en outre une
grande quantité de îragments tombés tant en dedans
qu'en dehors du monument.
« Les pierres du fond ont de belles dimensions : B
II
— 112 —
^
atteint 2 m. 20 de longueur
sur 1 m. 30 de hauteur au-des-
sus du sol extérieur. A mesure
que les blocs se rapprochent de
rentrée, ils diminuent de vo-
lume.
« L'allée, qui mesure 10 mè-
tres, est sensiblement orientée
du nord-ouest au sud-est, com-
me d'autres monuments de
cette espèce dans notre région.
Toutes les pierres qui la com-
posent sont du grès qui ne
parait pas différer de celui qui
abonde dans la forêt.
« Dans l'état de délabre-
ment où se trouve ce dolmen,
une fouille serait difficile. 11 est
presque impossible d'attein-
dre le sol sans procéder à un
véritable déblaiement. Il y a
à l'intérieur une énorme quan-
tité de fragments qui semblent
d'ailleurs contribuer à soute-
nir la plupart des blocs restés
debout. Néanmoins on peut
constater la présence de cette
argile jaunâtre qu'on trouve
ordinairement à l'intérieur des
dolmens.
a Le propriétaire du terrain
est M. le marquis de Chava-
gnac.
« Le dolmen n'est éloigné
que de cinq kilomètres de la
pierre Montpinçon et du dol-
mende la Perche. »
I
SIGILLOGRAPHIE
DES SEIGNEURS DE GRAON
XXIV
RAMEAU DE LA FERTÉ-BERNARD
PIERRE DE GRAON
Vers 1345. — Vers 1409.
Pierre de Craon, qui doit sa notoriété à une tentative
de meurtre contre le connétable de Glisson, était né
vraisemblablement vers 1345, le troisième, et non le se-
cond, des fds de Guillaume I. Il est connu sous les titres
de seigneur de Brunnetel, de Rosoy et de la Ferté-
Bernard*.'
Brunnetel était un don de sa tante Mahaud de Flan-
dre, sœur de sa mère, qui, dès décembre 1363, alors
qu'il n'avait pas vingt ans, avait disposé en sa faveur de
la nue-propriété de ce fief ainsi que de ceux de l'Abbaye
du Mont-Saint-Quentin et de Vaux-en-Arrouaise ^.
1. Nous avons sous les yeux le Mémoire sur Pierre de Craon,
publié, en 1856, dans \e^ Mélanges.... des Bibliophiles Français et,
en 1860, aux dépens de l'auteur (in-8^ 33 pages) à petit nombre ;
travail, dont la paternité a été attribuée par M. de Bodard à M"'«la
princesse de Craon, mais qui appartient réellement à M. le baron
richon. Ce travail contient de curieux renseignements, mais son
auteur, en bornant ses recherches aux registres du Parlement où
se trouvent les plaidories et le conseil criminel, n'a pas rencontré
divers arrêts que nous avons pu utiliser.
2. Cartulaire, n» 1213.
8
u
— 114 -.
Rosoy-en-Thiérache lui venait de sa femme, Jeanne,
fille cadette de Gaucher de Ghâtillon et de Marie de
Coucy. On ne connaît pas la date de leur union ; mais
sachant que Marie de Ghâtillon, sœur aînée de Jeanne,
peu avant le 5 mai 1364 ^ était devenue Tépouse de Jean
de Domart, frère cadet de Pierre, on peut être certain
que les deux alliances furent simultanées. Pierre devait
donc avoir dix-neuf ans à peu près lors de la rédaction
de son contrat de mariage.
Une note du Trésor généalogique^ à laquelle Dom
Villevieille a donné la date évidemment fausse de 1331,
fait connaître la part faite aux deux sœurs lors du par-
tage des successions tombées en quenouille de Gaucher
de Ghâtillon et de Marie de Guines-Goucy. Jeanne
reçut comme cadette Rosoy-en-Thiérache, Rennes et
Brécy-en-Brie et Sergine 2. Pierre ne conserva Rosoy
que jusqu'en 1390, époque où il Taliéna au profit d'En-
guerrand d'Eudin^.
Brunnetel lui venait donc de sa tante ; Rosoy et les au-
tres fiefs des Ghâtillon étaient le patrimoine de sa femme;
il reste à dire comment il obtint la possession de la Ferté-
Bernard ; c'est un accord du 24 septembre 1439, publié
ci-dessus, qui est venu faire la lumière sur ce point ^.
Lors du mariage de Pierre, leur troisième fils, Guil-
laume I et Marguerite de Flandre s'étaient engagés à
céder au nouveau ménage l'un de leurs châteaux, avec
quatre cents livres de rente ; pour remplir cette obliga-
1. Cartulaire, n° 1378. Le Mémoire sur Pierre de Craon con-
tient au sujet de cette alliance une erreur, laquelle, croyons-nous,
n'a pas pris place ailleurs ; il donne pour épouse à Guillaume II,
au lieu de la donner à Jean de Domart, la belle-sœur de Pierre,
Marie de Ghâtillon.
2. Cartulaire, Ts9 1212.
3. Enguerrandd'Eudin étant mortpeu après, Gharles VI, par des
lettres du 28 mars 1391, déclara Rosoy uni à la couronne. Voir
Cartulaire, numéros 1256 et 1268.
4. Cartulaire^ n» 1175.
- an —
tion, pour tenir compte à Pierre des arrérages qu'on ne
lui avait pas payés, pour le rembourser de diverses
avances faites par lui, enfin pour liquider tous ses
droits dans les fortunes de ses père etmère, Guillaume I,
avec l'assentiment de Guillaume II, son fils, et d'A-
maury, Tainé des fils de celui-ci, abandonna immédiate-
ment la nue-propriété de la Ferté à Pierre K
Pierre posséda aussi, mais pendant peu de mois seu-
lement. Sablé et Précigné ; ces fiefs, les premiers qui
eussent appartenu à la maison de Craon, avaient été
pendant le XIP siècle le patrimoine d'une branche qui
avait pris fin dans la personne du grand maître des Tem-
pliers Robert IV de Sablé ; la petite fille de celui-ci,
Jeanne des Roches, les avait apportés à Amaury I de
Craon, dont les descendants les conservèrent jusqu'en
1371, époque où Amaury IV, deux ans avant son décès,
les avait aliénés au profit du duc d'Anjou. Le 13 juin
1390, Pierre de Craon, se prévalant sans doute du droit
de retrait lignager, en fit achat à Marie de Bretagne,
duchesse d'Anjou, pour la somme de cinquante mille
francs d'or. Malgré divers dons qui lui furent faits afin
de l'aider dans son acquisition, Pierre ne parvint pas
sans doule à réunir cette grosse somme; et, le 11
mai 1392, il céda les profits de son contrat à Jean IV
de Bretagne ; mais celui-ci n'en conserva pas la pro-
priété, car, dès 1394, la duchesse d'Anjou rentrait en
possession de Sablé et Précigné -.
1. Il ne semble pas que Pierre de Craon ait pris le nom de la
Ferté-Bernard avant 1387; «le sire de la Ferte » qu'on rencontre
à diverses reprises dans le Journal de Jean le Fèvre d'octobre
1384 à mars 1386, période pendant laquelle Pierre de Craon et
Jean de Bueil étaient prisonniers en Esclavonie, est l'un des
Guillaume, Guillaume il sans doute, car on trouve à la fois :
Guillaume et le sire de la Ferté.
2. Cartulaire,\V>^ 1259, 1261, 1265, 1271, 1292. Sablé ne tarda
pas à permettre à la duchesse d'Anjou de faire un emprunt dont
il était le gage. Il demeura aux mams du duc d'Orléans du 8 août
1394 au 29 avril 1398 {Cartulaire, n» 1293 et Jarry, Louis d'Or-
léans^ p. 104).
— 116 —
C'est le 13 juin 1392 que Pierre se livra contre Olivier
de Glisson à la tentative d'assassinat à laquelle il dut sa
ruine ; le 14 juin, le roi prescrivait son arrestation ;
le l^'" juillet, on procédait à la saisie de la Ferté ; le 18
juillet un mandement de Charles VI attribuait au duc
d'Orléans la propriété des biens confisqués sur Pierre de
Craon et sur ses complices, dont la valeur devait venir
en déduction de quatre mille livres de rente que le roi
avait promises à son frère.
Charles VI, désireux soit d'atteindre la personne
même de Pierre de Craon, soit de frapper le duc de Bre-
tagne, qu'il considérait comme son instigateur, se dé-
cida à une expédition contre ce dernier, ordonna de
concentrer ses troupes au Mans' et s'y rendit lui-même.
C'est le 5 août, en quittant cette ville pour se rendre à
Angers, qu'il éprouva la première atteinte de ces trans-
ports dont l'action intermittente devait désormais para-
lyser chez lui l'exercice de la royauté et livrer la France
aux compétitions de ses proches parents -.
Cependant, Pierre de Craon, qui n'avait fait que tra-
verser la Bretagne, s'était rendu en Aragon, où, après
avoir été menacé d'extradition, il put enfin reprendre sa
liberté. La sentence contre lui est du 26 août. Il en ré-
sulta pour Pierre une dépossession complète de ses
biens, dont l'administration fut temporairement confiée
à Louis de Cepoy, mais qui passèrent, au moins, pour la
plus grande partie, aux mains du duc d'Orléans^. La
Ferté-Bernard ne resta pas la propriété de celui-ci : la
1. Le nombre des montres passées au Mans en juillet et août
1392, et conservées à la Bibliothèque nationale, parmi les Titres
scellés, est considérable ; en y joignant celles qui font partie de
la collection E. Jarry {Louis d'Orléans, 94) on peut reconstituer
presque dans son intégrité l'armée sur laquelle Charles VI
comptait pour opérer contre le duc de Bretagne.
2. E. Jarry, Louis d'Orléans, 95.
3. Cartulaire, n^^ 1273 à 1291.
1
— 117 —
maison d'Anjou, se prévalant d'une instance en félonie
intentée par elle contre Pierre de Graon avant 1392 * et
d'une condamnation obtenue contre lui par défaut le 4
mars 1396, ainsi que de l'arrêt criminel du 7 juin 1399,
pour se couvrir du détournement de cent mille ducats
commis au détriment de Louis I, d'Anjou, se fît allouer,
par un arrêt du Parlement du 4 juin 1407, la pro-
priété de la Ferté-Bernard dont, dès le 3 juillet 1407-, la
jouissance viagère fut attribuée à Yolande d'Aragon. On
ne tint nul compte des droits de Jeanne de Ghâtillon qui,
une fois son mari mort, réclama vainement la valeur de
ses biens propres aliénés et le douaire de quinze cents
livres de rente, qui lui avait été assigné sur la Ferté-
Bernard. Cinquante ans plus tard, ses ayant droit plai-
daient encore contre ceux du duc d'Anjou et ne parvin-
rent jamais à en obtenir justice 3.
Le roi, il est vrai, vint au secours de Jeanne : en con-
sidération de ses droits, en souvenir de sa parenté, es-
1. Voici dans \e Journal de Jean le Fèvre, édition Moranvillé,
diverses mentions relatives à cette affaire : 1385, 29 mai. — Mes-
sire Pierre de Graon amena le comte de Genève, le seigneur de
Coucy et aultres seigneurs plusieurs, et en la présence de Ma-
dame, se récusa de ce que on parloit sur li de grandes finances
bailliées par messire Barnabo et le comte de Vertus montant à
la somme de 90.000 florins, dont petit pourfit étoit venu à Mon-
seigneur; et dit après ciue, grandes sommes de finance il avoit
preste à Monseigneur, lesquelles à Madame il demandoit. Le 26
juillet 1385, Pierre de Graon « fist requestes à Madame et la re-
quist que de ycelles voulsist soi infourmer de environ 21.000
francs que dist que Monseigneur le devoit ; Madame li refusa in-
formation,.. » Le 6 novembre 1385, Pierre réduisit sa demande à
16.000 francs que la duchesse s'engagea à lui rembourser sur le
pied de 2.000 par an.
2. Cartulaire, n°^ 1353, 1354. M. le baron Pichon n'a connu
aucun des arrêts cités ici.
3. Du reste, le duc d'Orléans prétendait bien posséder les biens
confisqués sur Pierre, libres des charges qui les grevaient ; c'est
ainsi que le 13 février 1406, un arrêt du Parlement décidait qu'il
n'était pas tenu de payer à Hervé de Mauny la rente de deux
cents livres sur la Ferté-Bernard, achetée par lui le 12 octobre
1390. {Cartulaire, n»» 1058, 1341).
- 118 -
timant du reste qu'elle n'était en rien complice de son
mari, Charles VI ne voulut pas la laisser dans la misère.
Une mention de la table des Mémoriaux de la Chambre
des Comptes indique l'existence de lettres du 7 octobre
1394 conférant à Jeanne la propriété de Vaux en Ar-
rouaise et de la Bergue. Il se trouva sans doute quelque
obstacle à l'exécution de ces lettres, car on connaît
d'autres lettres de Charles VI, du 20 juin 1405, lui en
octroyant de nouveau la propriété. Jeanne, outre Vaux
en Arrouaise, reçut de Charles VI, pour elle et ses en-
fants, la promesse d'un capital de cinquante mille livres
et d'une rente de deux mille livres, dont l'assiette fut
modifiée à diverses reprises ^
Quant à Pierre, sa ruine fut absolue; et, de tous
les fiefs dont il avait été seigneur, aucun ne lui res-
tait lors de son décès. Charles VI ne se montra ce-
pendant pas bien rigoureux à son égard'. De même
que Charles V, en 1379, avait régularisé sa situation au
sujet du meurtre de Baudoin de Velu, par l'octroi d'une
lettre de rémission, ainsi Charles VI voulut mettre
Pierre à même de régler, par accord, son diff'érend avec
Clisson. Il lui accorda pour cela successivement des let-
tres de sauve-garde pour une durée de quatre mois d'a-
bord, de six mois ensuite, puis enfin, le 15 mars 1396,
des lettres de rémission 2.
Malheureusement pour lui, et contre toute attente,
Pierre ne put obtenir du Parlement l'entérinement des
lettres en question ; et, malgré ses instances, il fut, par
1. Cartulaire, numéros 1294. 1295,1330, 1335, 1355, 1384.
2. M. le baron Pichon dit que les lettres de rémission furent
obtenues par Isabelle de France, passant par Saint-Denis, pour
aller rejoindre son époux ; or les lettres de rémission sont du 15
mars 1396 et le passage par Saint-Denis d'Isabelle se rendant à
Calais est du 11 octobre de la même année. (E. Jarry. La vie po-
litique du duc d'Orléans, p. 180).
— 119 —
un arrêt du 7 juin 1399 i, décidé que Pierre et ses com-
plices étaient déchus du profit des lettres de rémission,
que Pierre, reconnu coupable d'un détournement de cent
mille ducats au détriment de Louis I d'Anjou, devrait
payer sur ses biens deux cent mille livres à la duchesse
d'Anjou; que, reconnu coupable envers Glisson, il de-
vait sur ses biens remettre cent mille livres pour faire
des fondations expiatoires, qu'enfin reconnu coupable
de lèse majesté, tous ses biens étaient confisqués et
sa personne condamnée à un bannissement perpétuel.
Force fut à Pierre de se contenter de la protection de
simples lettres royales de sauve-garde ; elles lui suffirent
du reste, pour vivre à la cour où on le trouve le l®"" mai
1400, aussi bien que le l^'"mai 1399, au nombre des sei-
gneurs pourvus de l'une des houppelandes distribuées ce
jour-là aux familiers du roi ; mais aux yeux du Parle-
ment, il restait légalement banni, si bien que, le 4 juillet
1405, cette assemblée lui refusait des lettres de marque
contre l'Aragon et que, le 7 janvier 1407,1e greffier, sur
l'ordre qu'il en avait reçu, se refusait à présenter à la
cour un accord passé entre Pierre de Graon, Antoine,
son fils, et le sire de Haucourt et renvoyait les parties à
se pourvoir devant le Ghâtelet, si bon leur semblait.
Pierre passa les dernières années de sa vie dans une
obscurité relative ; faute de pouvoir triompher de l'oppo-
sition que les lettres de rémission avaient éprouvée dans
le Parlement, il se trouvait dans une position très fausse,
à la merci d'un incident, qui eût été sans doute exploité
contre lui. On ne possède aucun renseignement sur son
décès qui advint entre janvier 1407, date où Nicolas de
Baye relate le refus du Parlement d'homologuer un ac-
cord où son nom figurait, et le 14 janvier 1410, date du
1. M. le baron Pichon a connu de cet arrêt ce qui en est dit
dans le journal tenu par le greffier pour la chambre criminelle ;
mais il ne s'est pas reporté au texte même donné dans X^a, 13.
~- 120 -
contrat de mariage de sa petite fille, Marie d'Amboise,
avec Amaury de Briolay, son cousin, de la branche delà
Suze; Jeanne de Ghâtillon était veuve alors. Les docu-
ments sont muets aussi sur les dernières années de celle-
ci qui, comme le prouve un arrêt du Parlement, vivait
encore en 1427.
On connaît six sceaux différents de Pierre de la Ferté ;
sur les trois premiers l'écu porte une double brisure, sur
les trois derniers les armes sont pleines.
183. — Sceau de Pierre de Craon, 1379-1381.
Le plus ancien date de 1379 (figure 182) ; il est attaché
à l'une des pièces du différend entre Pierre de Craon
et Louis de Namur. C'est un sceau rond (738 de
Flandre) de 0,025 à l'écu penché, où figure le losange
Ih^. — Sceau de Pierre de Craon, 1380.
de Craon, brisé cT un bâton et surbrisé d'une étoile en
chef^ surmonté d'un heaume, cime d'une tête de chien et
supporté par deux lions assis ; la légende est complète :
s PIERRE DE CRAON.
Le second (figure 183), est semblable au premier, sauf
qu'il mesure 0,03 sur la seule empreinte connue et qui
- 421 —
date de 1380, (2961 de Clair ambault) ; la partie où fi-
gurait l'étoile est brisée et de la légende on ne lit plus
que... lERRE.
184. — Sceau de Pierre de Craon, 1380.
La troisième (figure 184), (2962 de Clair ambault)^
mesure 0,03 ; il est semblable aux deux autres, mais le
cimier est une tête de femme, au lieu d'une tête de chien.
La légende est complète: s pierre de craon. Il date
de 1380.
Pierre de la Ferté portait donc le blason de son père :
185. - Sceau de Pierre de Craon, 1388-1391.
de Craon à la bande brochante brisé par une étoile en
chef. On ne saurait expliquer comment, sur les autres
sceaux de Pierre, sceaux dont on ne connaît que des em-
preintes postérieures à 1388, l'écu ne porte plus aucune
brisure. On l'a vu déjà, (figure 169), dès 1383 le sceau
de Guillaume II, son frère aîné, possédait un blason
sans brisure.
Le quatrième sceau, (figure 185), dont il n'existe au-
— 122 —
cun moulage, se trouve aux Pièces originales * en cinq
exemplaires apposés en 1388, 1389, 1390 et 1391. C'est
un sceau rond de 0,03, à l'écu plein, surmonté d'un
heaume à lambrequins, cime d'une tête de femme, dans
un vol ; le champ est garni de rinceaux affrontés. De la
légende on ne lit plus que + s., l. pierre de... Le
mot Pierre est coupé en deux par l'écu.
186. — Sceau de Pierre de Craon, 1389-
Le cinquième (figure 186), dont il n'existe aucun
moulage, se trouve aux Pièces originales en deuxexem-
187. — Sceau de Pierre de Craon, 1391.
plaires, dont le second a été apposé en 1398. Il est sem-
blable au quatrième, bien que plus finement gravé ; il
s'en distingue parce que le mot Pierre est tout entier à
la gauche de l'écu.
Le sixième (figure 187), dont il n'existe aussi aucun
1. Craon, n^^ 20, 25, 34, 37, 50.
— 123 —
moulage, n'est connu que par une seule empreinte des
Pièces originales. Autant que son mauvais état permet
de le distinguer, on peut dire que l'écu est cime d'une
tête d'homme.
188. — Sceau de Jeanne de Châtillon, 1402.
Quant à Jeanne de Châtillon, voici son sceau (figure
188), d'après une empreinte de 1402, Clair ambault^
n^ 2352 : c'est un sceau rond de 0,024, où figure un écu
droit, parti de Craon et de Châtillon, soutenu par un
ange et deux lions, assis dans un trilobé. De la légende
on lit : 4* s. jehanne de cha... llo... tel et de...
189. - Sceau de Gaucher de Châtillon, 1370.
Le sceau de Gaucher de Châtillon est moulé sous le
numéro 2328 de Clair ambault. C'est un sceau rond de
0,028 (figure 189), où se trouve un écu à trois pals de
vair sous un chef, chargé d'une merlette à dextre, pen-
ché, timbré d'un heaume, couronné et cime d'une touffe,
supporté par deux ours. La légende est : gauch segnor
de chastillo et de la ferté potien.
— 124 —
Pierre de la Ferté et Jeanne de Châtillon eurent deux
enfants seulement: Antoine et Jeanne.
XIP%. — Antoine. — Antoine, connu sous le nom
d'Antoine de Beauverger, aura son article à la suite de
celui de son père.
XIP^2- — Jeanne. — Les historiens ont tous attribué
à Pierre de la Ferté une fille nommée Marie ; mais aucun
d'eux n'adonné de détails sur son sort. Ici, en lui resti-
tuant son véritable nom de Jeanne, on lui rend en même
temps les renseignements biographiques groupés jus-
qu'ici sur une Jeanne qu'on avait fait fille de Pierre de
la Suze. Une épitaphe, déjà publiée ici d'après Bruneau
de Tartifume, le Tableau des Gordeliers d'Angers, sous
la date du 28 décembre 1421, et le contrat de mariage
d'Amaury de Briolay avec Marie d'Amboise, suffisent
pour établir que la Jeanne de Craon, épouse d'Ingel-
ger II d'Amboise et de Pierre de Beauvau, était Une
seule et même personnne, et qu'elle était fille, non de
Pierre de la Suze, mais de Pierre de la Ferté-Bernard,
neveu de celui-ci.
On a eu déjà occasion de citer Ingelger I d'Amboise,
qui, beau-frère de Guillaume I de Craon, lui avait dé-
laissé en 1345 le fief de la Ferté-Bernard. Avant 1356,
en secondes noces, il avait épousé la veuve de Guy de
Nesle, Isabelle de Thouars, belle-sœur d'Amaury IV ;
elle lui donna deux fils, Pierre, vicomte de Thouars, et
Ingelger II, seigneur de la Rochecorbon. C'est celui-ci
qui devint gendre de Pierre de la Ferté. Son mariage
avec Jeanne de Craon eut lieu postérieurement à 1392
car à cette date la fille de Jeanne de Châtillon, « la plus
belle femme de son temps, » se trouvait à côté de sa
mère lorsque celle-ci fut expulsée de la Ferté par Jean
de Vienne. Le mariage dut même tarder jusque vers
1400, car, en 1410, l'aînée de ses filles, laquelle était
peut-être l'ainée de tous ses enfants, était loin d'être
nubile.
— 425 —
Ingelger II eut de Jeanne de Graon cinq enfants : un
fils, Louis, qui fut, au décès de son père, avant 1410,
seigneur de la Rochecorbon et, au décès de son oncle
Pierre II, en 1426, seigneur d'Amboise et vicomte de
Thouars, et quatre filles, Marie, Jacqueline, Pernelle et
Isabelle.
Marie, dont l'existence a été révélée ici pour la pre-
mière fois, fut fiancée, le 14 janvier 1410, à Amaury de
Briolay, son cousin, et ne vécut sans doute que peu
d'années.
Jacqueline, par contrat du 17 juillet 1424, épousa
Jean de la TrémoïUe seigneur de Jonvelle ; c'est avec
elle que fut passé, le 24 septembre 1439, par Marie de
190. — Sceau de Pierre d'Amboise. 1383.
Graon, l'important accord qui révèle tant de curieux dé-
tails sur les motifs auxquels Pierre de Graon dut de de-
venir seigneur de la Ferté-Bernard.
Pernelle, le 13 juin 1412, épousa Hardouin VIII de
Maillé â qui, lors du décès de Louis d'Amboise, son
frère, elle apporta la Rochecorbon.
Isabelle, la quatrième, fut femme de Jean d'Ancenis,
seigneur de Martigné-Ferchaud.
La maison d'Amboise portait un paie d'or et de gueu-
les ainsi que le montre le sceau du frère aîné d'In-
gelger II, Pierre d'Amboise, donné ici (figure 190) d'après
une empreintede 1383 (122 de Clair amhault) ; c'est un
— 126 —
sceau rond de 0,03, à l'écu penché, timbré d'un heaume,
sommé d'une tête de loup et ayant pour supports deux
lions assis. De la légende on ne lit plus que... rre
SIRE D AMBO.
On trouvait aussi à la voûte des Cordeliers d'An-
gers ce même blason accolé à celui de Graon. On peut
être certain qu'il y avait pris place au moment même où
on procédait à l'ornementation de cette voûte, dont les
travaux se trouvent ainsi datés (voir figure 191).
191. — Ecus accolés d'Ingelgeretde Jeanne à la voûle des Cordeliers d'Angers.
Ingelger ne vivait plus déjà, le 14 janvier 1410, lors
de la rédaction du contrat de mariage de sa fille aînée
avec Amaury de Briolay * ; Jeanne de Graon ne tardapas
à contracter une seconde alliance aussi honorable que
la première. Pierre de Beauvau, son second époux, était
seigneur de la Roche-sur-Yon, de Ghampigny-sur-Veude
et de Montpipeau. Jeanne lui donna deux fils, l'aîné
Louis, décédé en 1472 n'ayant que deux filles. Quant au
cadet Jean, dont les descendants portent encore le nom
de Beauvau, il naquit le 26 décembre 1421, grâce à l'o-
1. Cartulaire, dP 892.
127 —
192. — Tombe, d'après Gaignières, de Jeanne de Craon, 1421,
— 128 —
pération césarienne faite à Jeanne de Graon. Pour per-
pétuer ce souvenir, il écartela les armes de sa maison
de celles de sa mère. Il mourut le 19 janvier 1469
et fut enseveli dans la chapelle de Graon des Gorde-
liers d'Angers, où sa mère reposait depuis le jour de
sa naissance. Sa tombe a été donnée ci-dessus (figure
93), d'après un bon dessin de Gaignières. Quant à celle
de Jeanne de Graon, sa mère, la figure 94 reproduit le
dessin de Bruneau de Tartifume. On croit néanmoins
utile de donner ici (figure 192), place aussi au dessin de
Gaignières, bien supérieur au premier.
Ge dessin contient dans la légende une double erreur
de copie commise par le dessinateur de Gaignières : je
suis au lieu de depuis^ et 1415 au lieu de 1421.
193. — Sceau de Pierre de Beauvau, 1418.
Les blasons qui figurent sur la tombe sont un parti
de Beauvau et de Graon. Il n'y a pas trace de la bor-
dure que Bruneau de Tartifume a placée dans l'écu des
Beauvau. Il est donc intéressant d'en rapprocher le
sceau de Pierre de Beauvau (figure 193), dessiné d'a-
près une empreinte de 1418, (819 de Clair amhault).
G'estun sceau rond de 0,034 à l'écu penché, timbré d'un
heaume, cime d'une hure de sanglier et supporté par
deux sauvages. La légende porte pierre... Beavveau.
On le voit, jamais Pierre de Beauvau ne fut seigneur
de Graon, dont le fief, à l'époque où il était l'époux de
— 129 —
Jeanne de Graon, appartenait déjà aux la Trémoïlle ;
c'était donc par simple souvenir des origines de sa maison
que Marc de Beauvau, en sa qualité de cadet, avait choisi
le nom de Graon pour se distinguer de ses frères et
qu'ayant obtenu en 1712 l'érection de la terre d'Hau-
donvilliers en marquisat, puis en 1722 l'érection de
de celle de Milhausen en principauté, il avait voulu que
l'une et l'autre perdissent leur nom pour prendre celui
de Graon 1.
1. Voir ci-dessus, I, 10.
.
XXV
RAMEAU DE LA FERTÉ-BERNARD
ANTOINE DE BEiUVERGER
Vers 1409. — 25 octobre 1415.
Antoine était l'unique fils de Pierre de la Ferté-Ber-
nard et de Jeanne de Ghâtillon, qui s'étaient mariés
vers 1364, mais qui avaient dû attendre la naissance
d'Antoine jusque vers 1369 ; en effet, dans les comp-
tes du duc de Touraine pour mars 1390, il est qua-
lifié d'écuyer^ On peut donc estimer qu'en mars 1390 il
n'avait pas atteint sa vingt et unième année.
Le nom de Beauverger, sous lequel il est connu, et qui
sert à le distinguer de son cousin, Antoine de Domart,
lequel du reste ne fut pas son contemporain, ne lui ap-
partint que les onze dernières années de sa vie, et ré-
sulta de l'achat, en 1404, du fief de Beauverger, lequel
lui fut cédé par Guy de Laval- Attichy -.
La cour de Bourgogne était beaucoup plus luxueuse à
cette époque que celle de France ; Antoine y prit place
et y obtint bientôt l'office de chambellan du duc ; il at-
tacha sa fortune à celle de Jean-sans-Peur et subit tous
les contre-coups de celle de son patron. C'est ainsi qu'à
la fin de novembre 1407, à la suite de l'assassinat du
duc d'Orléans, il fut l'un des six fidèles qui accompa-
gnèrent hors de Paris le duc de Bourgogne dans sa fuite;
par contre, lors du décès de Guy de la Roche-Guyon,
1. Cartulaire, no 1255,
2. Cartulaire, n» 1332.
- 131 -
Antoine, qui faisait partie du Grand Conseil depuis
quelque temps déjà, fut pourvu de l'office de grand
panetier que cette mort laissait vacant et dans lequel
il fut reçu le 7 novembre 1411, mais dont il fut dé-
pouillé dès 1413, lors de la révolution arrivée à cette
date, laquelle, faisant passer le pouvoir aux mains du
comte d'Armagnac, amena la disgrâce de tous les Bour-
guignons. Antoine s'opposa en vain, le 26 octobre 1413,
à ce que nul ne fût reçu au Parlement en la charge de
grand panetier ; l'installation de Malet, sire deGraville,
n'en eut pas moins lieu, au dire du P. Anselme, en cette
année 1413^.
Il y avait alors huit ans qu'Antoine était marié à
Jeanne de Hondschoote - dont la généalogie a été étu-
diée par Duchesne dans son Histoire de Béthune^ et
194, — Sceau de Thierry de Hondschoote, 1380
dont le blason a pris place dans V Armoriai du héraut
Navarre', dliermine à une bande de gueules endentée.
Sans doute il faut voir une brisure dans la présence des
trois besans qui chargent la bande du sceau de Thierry
d'Hondschoote du 3 septembre 1380, (Clair ambault^
vl' 4710) dont le dessin prend place ici (figure 194).
1. Cartulaire, numéros 1361, 1369, 1370, 1371, 1378, 1379.
2. Il est curieux de noter que dans les documents contempo-
rains on trouve ce nom d'Hondschoote travesti en Jlault
d'Escosse.
3. Voir page 302.
^ 132 ^
Thierry de Hondschoote, de Marguerite de Flandre,
fdle naturelle de Louis, comte de Flandre, avait une
fîUe unique Jeanne, laquelle, héritière de tous les biens
de son père, épousa Jean d'Offegnies qui mourut sans
qu'elle lui eût donné de postérité. En secondes noces,
elle épousa Arnoul de Hornes à qui elle donna Jean de
Hornes, lequel fut son héritier et se maria à Isabeau de
la Trémoïlle. Antoine de Craon ne fut donc que le troi-
sième mari de Jeanne d'Hondschoote, et dut à cette al-
liance d'être bail de Jean de Hornes. Leur mariage eut
lieu en juillet 1405, ainsi que le prouve une mention du
Journal de Nicolas de Baye *.
Il n'existe aucun moulage des sceaux d'Antoine de
Craon; les deux dessins qui prennent place ici sont faits
sur des empreintes conservées a la Bibliothèque natio-
nale parmi les Pièces Originales.
195. — Sceau d'Antoine de Craon, 1409.
Le premier (figure 195), est appendu à un acte de
1409 ; c'est un sceau rond de 0,039 en cire rouge, où fi-
gure un écu losange, surmonté d'un casque, sommé
d'une tête de coq, entre deux vols. Le champ est orné de
chaque côté de trois entrelacs, dans lesquels court une
branche de feuillage.
1. On la trouve in extenso sous le n» 1337 du Cartulaire.
- 133 -
La légende, en caractères gothiques, porte : s. an-
THOINE DE CRAON... AURGER ET DE...
196, — Sceau d'Antoine de Craon, 1411.
Le second (figure 195) représente deux empreintes de
1411 d'un sceau brisé, où Técu est surmonté d'un cas-
que, accosté de deux branches de roses, posées en paL
Antoine, le 25 octobre 1415, fut l'une des victimes de
la bataille d'Azincourt K Son décès mettait fin au rameau
de la Ferté-Bernard.
Jeanne de Hondschoote survécut nombre d'années à
son troisième époux, sans contracter une quatrième al-
liance ; c'est du moins ce qu'on peut conclure de la men-
tion qui se trouve dans l'accord du 24 septembre 1439,
où elle figure sans autre qualification que celle de a ma-
dame de Beauvergier^. »
Aucun généalogiste, pas plus Ménage que le P. An-
selme, n'a attribué d'enfant à Antoine de Craon. 11 est
cependant certain qu'il eut une fille nommée Marie.
XlIP^. Marie. — Marie, fille unique d'Antoine de
Beauverger et de Jeanne d'Hondschoote, eut pour époux
le second des fils de Jeannetd'Estouteville et de Michelle,
dame de Montdoucet et de Villebon, Charles, qui, après
le décès de son aîné, fut à son tour héritier des fiefs de
1. Monstrelet, III, 115.
2. 1175 du Cartulaire.
- 134 —
sa branche et mourut laissant Marie veuve sans enfant.
On a publié déjà au Cartulaire^ in extenso^ sous le
numéro 1175, un acte d'elle ; c'est un accord avec Jean
de la Trémoïlle, sieur de Jonvelle, et Jacqueline d'Am-
boise, son épouse, qui contient de précieux renseigne-
ments, restés jusqu'ici inédits. Cet acte ne laisse aucun
doute sur l'erreur de ceux qui ont fait de l'épouse de
Charles d'Estouteville la fille de Jean de Graon-la-Suze,
veuve de Guy de Laval-Retz. Celle-ci, on l'a dit déjà,
bien loin d'avoir été veuve, était décédée avant son mari.
CARTULAIRE DE CRAON
RAMEAU DE LA FERTÉ-BERNARD
XVIII (1212-1386) PIERRE DE LA FERTÉ 1345-1415.
ANTOINE DE HEAUVERGER
1212. — 1331*, V. s., 27 mars. — Lettres de partage des
biens de Gaucher de Châtillon et de Marie de Gaines Coucy.
Marie, épouse de Jean I de Domart, eut pour sa part le vi-
damé de Laonnais, la terre et châtellenie de Clacy etc.
Jeanne, épouse de Pierre de Craon, reçut Rosoy en Thiéra-
che, Resnes en Brie, Brécy en Brie et Sergines (Note du Tré-
sor généalogique).
1213. — 1363, décembre. — Lettres par lesquelles Mahaud
de Flandre abandonne à son neveu Pierre de Craon la nue
propriété des terres de Brunnetel, de l'Abbaye du Mont- Saint-
Quentin et de Vaux en Arrouaise, situées dans le fief de
Guise (Note du Ti^ésor généalogique).
1214. — 1369, 8 septembre. — Reçu de Pierre de Craon,
chevalier (B. N., Titres scellés, 36, 2739).
1. Cette date est évidemment fausse; on la maintient ici faute
de pouvoir la rectifier exactement.
— 135 —
1215. — 1377, 12 juillet, Angers. — Numéro 672.
1216. — 1378, V. s., 20 janvier, à 1379, 4 juin, Lille. —
Pièces du différend entre Pierre de Craon et Louis de Na-
mur* (Froissart de M. Kervyn de Lettenhove, t. XXI, p. 57).
1217. — 1379, 8 octobre, Pontorson. — Pierre de Craon
donne quittance de cent quatre-vingt-quinze francs (B. N.,
Titres scellés, 36, 180).
1218. — 1379, 22 octobre, Pontorson. — Reçu de cent
trente livres donné par Pierre de Craon, chevalier* (B. N.,
Titres scellés, 36, 2741).
1219. — 1379, V. s., 8 mars. — Rémission pour Pierre de
Craon et ses dix complices coupables du meurtre de Beau-
doin de Velu (Arch. nat., JJ 116, n° 158^).
1220. — 1380, 8 août. —Montre de Pierre de Craon (Piè-
ces originales, n^ 2740).
La monstre de messire Pierre de Craon, chevalier, un au-
tre chevalier et huit escuyers de sa compagnie, receuz le
VIII« jour d'aoust l'an 1380.
Ledit messire Pierre.
Messire Hue d'Andigny.
Symon d'Halleain.
Enguerran de Romuy.
Adam d'Avelux.
Jehan de Vielu.
Baudet de la Vove,
Quérart de Rouart.
Robert de Serny.
Bricard de Colandre.
1. C'est au premier de ces actes, dont les originaux sont con-
servés aux Archives du Nord, que sont attachés les sceaux, figu-
res 182 et 197.
2. Ce reçu est donné sous le sceau de Guillaume II, frère de
Pierre. Voir figure 168.
3. La querelle entre Pierre et Velu est expliquée dans tous ses
détails.
136
1221. — 1381, du 10 au 17 novembre. — Lettres par les-
quelles Louis I d'Anjou s'engage à ne pas retirer les bijoux
mis par lui en gage entre les mains de la comtesse de Roucy,
avant que Pierre de Craon ait reçu les 5000 francs qu'il lui
a donnés (Note du Journal de Jean Le Fèvre^, édition Mo-
ranvillé) .
1222. — 1381, 28 décembre. — Lettres par lesquelles
Pierre de Craon, chevalier, donne garantie aux seigneurs de
Gruythuse, d'Halluin et autres, qui lui servaient de caution,
pour un emprunt^ (Archives du Nord).
1223. — 1381, V. s., 5 mars. — Lettres par lesquelles Isa-
belle de Roucy, femme de Louis de Namur, fait don à Pierre
de Craon de la nue propriété de Maisy, Courlandon et d'une
partie d'Ecry (Note de M. le baron Pichon à la page 4 de son
Mémoire sur Pierre de Craon, Paris, 1860).
1224. — 1382, 16 août, Paris. — Numéro 801.
1225. — 1383, 26 décembre. — Codicille du testament de
Louis I d'Anjou ; Pierre de Craon est au nombre des témoins
(A. N., P 1334", 34).
1226. — 1385, 6 novembre. — Accord entre Pierre de
Craon et la duchesse d'Anjou, Pierre réduit à 16,000 francs
ses réclamations contre elle. La duchesse s'engage à lui
payer cette somme sur le pied de 2,000 francs par an en deux
termes^ (Note du Journal de Jean Le Fèvre, 193).
1. Journal de Jean Le Fèvre évéque de Chartres, chancelier des
rois de Sicile, Louis I et Louis II d'Anjou, publié par h. moran-
viLLÉ, Paris, 1887, vii-529 p. in-S». Ce curieux journal, dont per-
sonnne dans le Maine n'a jusqu'ici signalé l'existence, avait été
cité par M. le baron Pichon; il va de septembre 1380 au 13 l'uin
1388.
2. Cet acte porte le sceau, figure 182.
3. Cet accord ne fut pas exécuté. En effet lorsque, le 28 juin
1387, Pierre demanda à imputer sur ces 16,000 francs les 2,000
dus par lui pour la prise en main de La Ferté-Bernard, il ne reçut
qu'une réponse dilatoire. Plus tard, le 19 avril 1388, lorsqu'il de-
manda assignation pour sa dette il « eust crue réponse. »
- 137 -
1227. — 1385, 6 décembre. — Lettres par lesquelles la
duchesse d'Anjou confère à Pierre de Craon jusqu'à nouvel
ordre le gouvernement du comté de Roucy (Note du Journal
de Jean Le Fèvre, 206).
1228. — 1385. — Extrait d'un compte de la Chambre des
Comptes de Paris où il est mentionné que Pierre de Craon
était chambellan à la place de son père Guillaume * (Morice,
II, 512).
1229. — 1387, 16, 22, 25 mai. — Numéro 1037.
1230. — 1387, 25 mai. — Numéro 1038.
1231. — 1387, 28 juin. — Requête par laquelle Pierre de
Craon demandait à la duchesse d'Anjou d'imputer sur les
16,000 francs qu'elle lui devait les 2,000 francs dont il pou-
vait lui être redevable pour droits sur la Ferté-Bernard venue
dans ses mains (Note du Journal de Jean Le Fèvre^ 359 ^J.
1232. — 1387, 3 juillet. — Numéro 1041.
1233. — 1388, 15 octobre. — Lettres de Pierre sur un
échange avec le prieur de N.-D. du Chêne (B. N., Pièces
originales^ Craon, n^ 66).
1234. — 1388, 1 août, Chartres. — Lettres par lesquelles
Pierre de Craon fonde dans l'église Notre-Dame de Chartres
une messe quotidienne, pour le salut des âmes de Jeanne de
Châtillon et d'Antoine et de Jeanne ^ ses enfants (Note de Lé-
pinois. Histoire de Chartres^ 1858, 2 in-8*', II, 50; Mémoires
de la Société d'Eure-et-Loir^ IX, 437 et communiqué par
1. Ce fait est exact : dès le 23 mai 1384 Guillaume I était
qualifié d'ancien chambellan ; voir aux additions le n*» 1027 {K).
2. Madame fit répondre qu'elle en écrirait à son conseil à An-
gers et qu'il ne serait pas pressé de payer ce qu'il lui devait de
droits.
3. Il faut remarquer cette mention d'Antoine et de Jeanne ;
elle contredit tous les historiens qui ont voulu que la fille de
Pierre portât le lîom de Marie.
h
— 138 -
M. l'abbé Métais d'après un manuscrit de la Bibliothèque de
Chartres).
1235. — 1388, V. s., 8 mars. — Mandementpar lequel le duc
de Touraine prescrit le remboursement à Pierre de Craon,
capitaine du château de Tours, chevalier, de 500 francs d'or
prêtés par lui (B. N., n^ 888 du Fonds Bastard).
■\
1236. — 1388, V. s., 9 avril, Paris. — Mandement par les-
quelles Louis, duc de Touraine, ordonne de payer à Pierre
de Craon 500 francs d'or* (B. N., Pièces originales,
Craon ^ 19).
1237. — 1388, V. s., 12 avril, Paris. — Pierre de Craon et
de la Ferté-Bernard reçu de 500 francs f'B. N., Pièces origi-
nales, Craon^ n*' 20).
1238. — 1389, 27 mai, Paris. — Mandement de Louis
d'Orléans de payer à Pierre de Craon et à Jean de Bueil
1000 francs d'or (B. N., Pièces originales^ Craon^ n° 32).
1239. — 1389, 9 août, Paris. — Lettres par lesquelles
Charles VI donne à Pierre de Craon, son chambellan, 775
francs d'or, pour une maison et un jardin contigus à l'hôtel
du Petit-Musc (B. N., Pièces originales, Craon^ 33j.
1240. — 1389, 18 août. — Inventaire des meubles du duc
de Touraine, confiés après sa mort à Pierre de Craon, son
chambellan (Pièces originales, Craon, n" 35) .
1241. — 1389, 15 septembre. — Ordonnance de Louis
d'Orléans pour l'administration de la Touraine ; Pierre de
Craon est nommé parmi les membres du conseil du duc
(Jarry, Vie politique de Louis de France^ duc d'Orléans^
1372-1407, Paris, 1889, in-8°, p. 417).
1242. — 1389, 21 septembre. — Vente par Simon de Cra-
mault à Pierre de Craon, pour 10,000 francs d'or, des fiefs de
1. Le reçu de Pierre porte le n» 20.
— 139 -
Porchefontaine et de Montreuil (Note de M. P. Bonnassieux
à la p. 6 de son Château de Clagny et madame de Montes-
pan, Paris, 1881, in-8*>).
1243. — 1389, 25 septembre. — Lettres de Pierre de Craon
ratifiant le don de son père, fait en 1378 aux Cordeliers de
Châteaudun, et y ajoutant une rente de 15 livres à prendre
sur la Ferté (Notes de l'abbé Bordas à la p. 197 du t. I de
son Hist. du Danois).
1244. — 1389, novembre. — Comptes du duc de Touraine.
Pierre de la Ferté-Bernard y figure pour le remboursement
d'une somme prêtée par lui au duc (B. N., Pièces originales^
Orléans, 81-82).
1245. — 1389, 10 décembre. — Mandement de Louis duc
d'Orléans de faire un payement à Pierre de Craon (B. N.,
Pièces originales, Craon, 36).
1246. — 1389, 12 décembre, — Pierre de Craon et de la
Ferté, reçu (B. N., Pièces originales, Craon, n^ 37).
1247. — 1389, V. s., 7 février, Lyon. — Mandement de
Louis d'Orléans de payer à Antoine de Craon, son écuyer
d'honneur, 100 livres tournois (B. N., Pièces originales,
Craon, 42).
1248. — 1389, V. s., 19 février. — Reçu par Pierre de
Craon, seigneur de la Ferté-Bernard, chambellan du roi, de
575 francs d'or sur 775 * (B. N., Pièces originales, Craon, 45).
1249. — 1389, V. s., 28 février, Paris. —Mandement de
Louis duc d'Orléans, de payer à Pierre de Craon 1000 francs
d'or, pour l'indemniser des frais de son voyage auprès du
Pape' (B. N., Pièces originales, Craon, 47).
1250. — 1389, V. s., février. — Comptes du duc de Tou-
, 1 Le reçu des 200 du solde est du 15 septembre 1391 (pièce 34).
2. Le reçu de ces 1000 francs est du 12 mars 1389 (pièce 48).
— 140 —
raine. Pierre de la Ferté-Bernard y figure pour le rembour-
sement d'un prêt fait par lui au duc (B. N., Pièces origi-
nales, 2152, 91).
1251. — 1389, V. s., 4 mars, Rouvre. — Lors de la réception
du roi par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, Pierre de Craon
reçut deux hanaps d'argent dorés et émaillés au fond et une
aiguière d'argent doré, liée de cerceaux, du prix de 126 livres,
5 sous tournois (^Qiii^ Itinéraire de Philippe le Hardi, p. 534).
1252. — 1389, V. s., 7 mars, Paris. — Reçu de Pierre
de Craon de 1000 francs d'or, à lui alloués par le duc de
Touraine (B. N., Pièces originales, Craon, d!" 48).
1253. — 1389, V. s., 12 mars. — Antoine de Craon donne
reçu de 100 livres fB. N., Pièces originales, Craon, n« 31).
1254. — 1389, V. s., 21 mars. — Pierre de Craon donne
reçu de 1000 livres à comptes sur 6000 prêtées au roi (B. N.,
Pièces originales, Craon, n<* 25).
1255. — 1389, V. s., mars. — Comptes du duc de Tou-
raine. Pierre de la Ferté-Bernard, Guy de Craon et Antoine
de Craon, écuyer, y figurent comme ayant été l'objet des
libéralités du duc (B. N., Pièces originales, 2152, 92).
1256. — 1390. — Vente par Pierre de Craon et Jeanne de
Châtillon, pour 15,000 livres à Enguerrand d'Eudin du fief de
de Rosoy en Thiérache, venu des propres de Jeanne *
(Dom Rousseau, XIP, 274).
1257. — 1390, 11 avril, Saint-Germain. — Mandement de
Charles VI prescrivant aux généraux des aides de solder à
Pierre de Craon deux mois de ses gages, à quatre cents
francs d'or par mois (B. N., français 20590, n<> 11).
1258. — 1390; 14 avril. — Quittance de Pierre de Craon
de huit cents francs en prêt sur ses gages taxés par le roi
pour aller en Lombardie (B. N., français, 20590, n** 12). ^
1. Sur le sort de Rosoy voir le numéro 1268.
- 141 — •
1259. — 1390, 13 juin, Angers. — Lettres de Marie, du-
chesse d'Anjou, portant vente de Sablé et Précigné pour
50,000 francs d'or à Pierre de Craon (Arch. nat., P 1344,
n« 594).
1260. — 1390, 3 juillet. — Aveu de Pierre Testart à Pierre
de Craon, pour le moulin Aubert, à Monfleury, Seine-et-
Oise (Bibl. de l'Arsenal, mss. n« 3233, fol. 149).
1261. — 1390, 9 juillet, La Neuville. — Mandement de
payer 4000 francs d'or à Pierre de Craon, afin de l'aider
dans son achat récent de Sablé (B. N., Pièces originales,
Craon ^ 49).
1262. — 1390, 2 août. — Aveu de Jean Rigaut, seigneur
de Versailles, à Pierre de Craon, seigneur de la Vallée de
Châteaufort, à cause du fief de Montalain (Bibl. de l'Arsenal,
3233, fol. 128).
1263. — 1390, 5, 10, 12, 25, 31 août, 15 novembre. — Sept
reçus de Pierre de Craon de la Ferté-Bernard (Pièces origi-
nvles, Craon. n«« 50, 51, 52, 53, 54, 55, 57).
1264. — 1390, 9 septembre, Compiègne. — Ordonnance
du duc d'Orléans portant décharge de certaines sommes
(B. N., Fonds Bastard. n« 138).
....« A maistre Thierry de Neufville, secrétaire de Monsei-
gneur, que mondit seigneur lui a donné pour une fois et
grâce spéciale, pour luy aidier à supporter les fraiz et des-
pcns, qu'il lui convient faire au voyage d'aller devers nostre
Saint Père, le Pape, en la compagnie de messire Pierre de
Craon, si comme il appert par mendement de mondit sei-
gneur, sur ce fait, donné à Saint-Germain en Laye le XII^
jour d'aoust dessus dit, et quittance dudit secrétaire.... pour
ce cent francs.
« A messire Pierre de Craon, seigneur de la Ferté,
qui lui ont esté ordonné : c'est assavoir pour en bailler à
monsieur Guillaume Mauvinet, pour aller devers le Pape...
IIF francs et audit messire Pierre pour aller devers monsei-
* _ 142 —
gneur de Berry, IP francs, par mandement donné à Compiè-
gne le IX septembre ....Et pour ce V*^ francs. »
1265. — 1390, 9 septembre, Compiègne. — Mandement de
de Louis d'Orléans de payer 500 francs d'or à Pierre de
Craon, pour l'aider à solder Sablé, récemment acheté (B. N.,
Pièces originales, Craon ^ 56).
1266. — 1390, 12 octobre. — Numéro 1058.
1267. — Vers 1390. — Aveu de Girard de Meaux, orfèvre
à Paris, à Pierre de Craon, pour des biens sis à Saclay (Bibl.
de l'Arsenal, mss. n° 3233, fol. 114).
1268. — 1391, 28 mars, Paris. — Lettres par lesquelles
Charles VI déclare réuni au domaine royal Rosoy en Thié-
rache, naguère vendu par Pierre de Craon à feu Enguerrand
d'Eudin* (A. N., P 2296, 783).
1269. — 1391, 30 juillet. — Lettres par lesquelles Char-
les VI ordonne information contre Pierre de Craon au sujet
du détournement dont l'accusait la duchesse d'Anjou (Note
dans l'arrêt du 4 mars 1395, v. s.).
1270. — 1391, 15 septembre. — Pierre de Craon donne
un reçu (B. N., Pièces originales, Craon. n® 34).
1271. — 1392, 11 mai. — Lettres par lesquelles Pierre de
la Ferté, Jeanne de Châtillon, sa femme, et Antoine, leur
fils, vendent Sablé à Jean duc de Bretagne^ (A. N., P 1344,
596).
1272. — 1392, 27 mai, Paris. —Numéro 1062.
1. Le Trésor généalogique donne à cet acte la date fausse de
1381.
2. Dès le 25 mai 1394 la duchesse d'Anjou reprit possession de
ce fief, ainsi aue le montre la quittance partielle du lei" septem-
bre 1394, publiée par dom Monce, Preuves, II, 629 et notre nu-
méro 1292 du Cartulaire.
- 143 —
1273. — 1392, 14 juin, Paris. — Lettres de Charles VI
prescrivant l'arrestation de Pierre de Craon et de ses com-
plices * (Charles, Hist. de la Ferté-Bernard, 1877, in-S**, p.
234).
1274. — 1392, 28 juin, Paris. — Lettres de Jean de Folle-
ville, prévôt de Paris, prescrivant à Hutin de Raity d'exécu-
ter les lettres royales du 14 juin (Charles, Hist. de la Ferté-
Bernard, p. 234).
1275. — 1392, 1 juillet, La Ferté-Bernard. — Procès-ver-
bal de la saisie de la Ferté (Charles, Hist. de la Ferté-Ber-
nard, p. 234).
1276. — 1392, 18 juillet. — Mandement de Charles VI re-
latant l'abandon qu'il a fait de tous les biens confisqués sur
Pierre de Craon au duc d'Orléans, à valoir sur les 4,000 li-
vres de rentes qu'il s'était engagé à lui donner (A. N., K 54,
n'^21).
1277. — 1392, 20 juillet. — Instructions données par
Jean I d'Aragon à Guillem de Copons son ambassadeur en
France. Il y est question de l'arrestation de Pierre de Craon
à Barcelone (Don Francisco de Bofarull Antiguos y nueç^os
datos referentes al bibliofilo francès Juan de Francia, du-
que de Berî^y dans la Revista de ciencias historicas, Barce-
lona, 1887, t. V, nM, p. 22, pièce justificative, n« III; et
Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, LU, 441).
1278. — 1392, 26 août, Paris. — Lettres portant condam-
nation contre Pierre de Craon et ses complices, coupables de
l'assassinat d'Olivier de Clisson (Arch. Nat. J 179, n° 13 ; et
K54, n«20).
1279. — 1392, 17 septembre. — Lettres de délivrance au
duc d'Orléans de la Forte-Maison*, confisquée sur Pierre de
Craon (A. N., K 54, n° 21 bis).
1. Le texte de ces lettres figure in extenso dans la pièce du
1®'- juillet 1392, n» 1275 du Cartulaire.
2. La Forte-Maison est située près Chartres.
— 144 —
1280. — 1392, 17 septembre. — Acte par lequel Louis de
Cepoy est chargé, en vertu d'un mandement de la Chambre
des Comptes, de gérer les biens confisqués sur Pierre de
Craon (Arch. nat., K 54, 21 et 21^).
1281. — 1392, 21 octobre, Tarragone. — Lettre de Jean I
d'Aragon au conseil de ville de Barcelone, au sujet de Pierre
de Craon (Bibliothèque de V Ecole des Chartes^ LU, 442).
1282. — 1392, 28 octobre, Tortose. — Lettre de Jean l
d'Aragon au conseil de ville de Barcelone, au sujet de l'ex-
tradition de Pierre de Craon (Bihl. de l'Ecole des Chartes^
LU, 444).
1283. — 1392, 28 octobre, Tortose. — Lettre de Jean I
d'Aragon à l'un de ses officiers. Il y est question de l'extra-
dition de Pierre de Craon (Bibl. de l'Ecole des Chartes, LU,
444).
1284. — 1392, 10 novembre, Tortose. — Lettre de Jean I
d'Aragon à Guillem d'Argentona lui annonçant le paiement
de cent florins d'or sur ses gages (Bibl. de l'Ecole des Char-
tes, LU, 446).
1285. — 1392, 10 novembre Tortose. — Mandement de
Jean I d'Aragon à son trésorier, lui prescrivant de payer cent
florins d'or à Guillem d'Argentona, gardien de Pierre de
Craon (Bibl. Ecole des Chartes, LU, 445).
1286. — 1393 *, 30 décembre, Valence. — Mandement de
Jean I d'Aragon prescrivant de remettre à l'envoyé du duc
de Bretagne les objets qui appartenaient à Pierre de Craon
(Bibl. Ecole des Chartes, LU, 446).
1287. — 1392, 30 décembre, Valence. — Lettre de Jean I
d'Aragon au duc de Bretagne, au sujet du renvoi des objets
1. Le document porte 1393 : en 1352, Pedro III avait subs-
titué dans la chancellerie aragonaise au style du 25 mars, en
usage jusque là, le style de Noël (Note de M. Henri Gourteault).
— 145 —
ayant appartenu à Pierre de Craon (Bibl, Ecole des Chartes^
LU, 447).
1288. — 1393, 12 avril. — Accord entre Olivier de Clisson
et Jean de Bretagne décidant une trêve de quinze jours,
dont Pierre de Craon est exclu (Morice^ II, 620).
1288bis. _ 1393, 16 mai, Abbeville. — Lettres par les-
quelles Charles VI fait don à l'église Saint-Jean de la Grève
à Paris, pour faire un cimetière, d'un terrain ayant apparte-
nu à Pierre de Craon (A. N., JJ 145, 6).
1289. — 1393, 21 décembre, Peniscola. — Lettre de Jean I
d'Aragon où il est question des projets d'invasion de l' Ara-
gon formés par le comte d'Armagnac et Pierre de Craon
(Bibl. Ecole des Chartes, LU, 448).
1290. — 1393, V. s., 3 janvier, Montcontour. — Lettres
d'Olivier de Clisson s'engagent à une trêve de deux mois
avec le duc de Bretagne ; Pierre de Craon en est excepté
(Morice, II. 622).
1291. — 1394, 19 mai. — Lettres de prisée de la Ferté-
Bernard et de la Forte-Maison donnés au duc d'Orléans par
suite de la saisie sur Pierre de Craon (A. N., Q, 1020).
•
1292. — 1394, 25 mai, Avignon. — Lettres par lesquelles
la duchesse d'Anjou, ayant le bail de ses deux fils, donne
procuration à divers personnages de se prévaloir en son nom
de la clause de réméré prévue par le contrat portant vente de
Sablé et d'en reprendre possession, en soldant au duc de
Bretagne les cinquante mille livres prix de ce fief (A. N., P
1344, 598).
. 1293. — 1394, 8 août, Paris. — Lettres du duc d'Orléans
d'où il appert qu'il a acheté de la duchesse d'Anjou Sablé
25,000 francs d'or (Arch. nat., P 1344, n" 599).
1294. — 1394, 7 octobre. — Octroi à Jeanne de Châtillon,
femme de Pierre, de la jouissance de Vaux-en-Arrouaise et de
10
II
- 146 -
la Bergue qui étaient de la confiscation de Craon (A. N., note
PP109, 585).
1295. — 1394, 8 octobre, Paris. — Mention du consente-
ment du duc d'Orléans à l'entérinement des lettres du 7 oc-
tobre 1394, rendues au préjudice des quatre mille livres de
rentes auxquelles il avait droit (A. N., note PP 109, 585).
1296. — 1394, 8 octobre, Paris. — Lettres par lesquelles
le duc d'Orléans — en relatant la promesse du roi de lui as-
surer 4000 livres de rente sur les premières forfaitures et
confiscations — reconnaît que par les dons de la Ferté-Ber-
nard et de la Forte-Maison, près Chartres, confisqués sur
Pierre de Craon, et de Tresfour, confisqué sur le seigneur
de ce nom, il a reçu 1500 livres de rente ; que, par le don de
Porchefontaine, Montreuil, Satory, la Bouillie, Villetain,
le Mé, Sèvres, Châteaufort et Vauhallan, aussi confisqués
sur Pierre de Craon, il a reçu 100 livres (Dom Housseau,
t. VIII, n« 3759).
1297. — Vers 1395. — Pierre de Craon est mentionné
comme ayant promis deux livres de rente à la chevalerie de
la Passion, que Philippe de Mézières cherchait à établir (Ar-
chives de l'Orient Latin, t. I, p. 364).
1298. — 1396, n. s., 17 janvier, Saint-Maixent. — Nu-
méro 765.
1299. — 1395, V. s., 26 janvier. — Lettres par lesquelles
Charles VI donne à Pierre de Craon un sauf-conduit de six
mois, valable pour tout le royaume, sauf la Bretagne, et des-
tiné à lui donner le temps de s'accorder avec Clisson ; on y
mentionne un précédent sauf-conduit pour quatre mois,
à lui délivré dans le même but (A. N., X^^ 13, 99 et Choix de
Pièces inédites relatives au règne de Charles F/, I, 128). •
1300. — 1395, V. s., 4 mars. — Arrêt par lequel le Parle-
ment, déclarant Pierre de Craon convaincu du détournement
dont Taccusait la duchesse d'Anjou, ordonne que celle-ci
pourra recouvrer sur tous ses biens les cent mille ducats ré-
— 147 -
clamés et qu'en outre Pierre de Craon est condamné à un
bannissement perpétuel et à la confiscation du reste de ses
biens. On mentionne comme dates de la procédure le 30 juil-
let 1391, les 28 février 1392, 17 juin 1392, 18 août 1392, 25
février 1392, 19 août et 16 mars 1392 (A. N., X^ 13, 126).
1301. — 1395, y. s., 15 mars. — Lettres de Charles VI
portant rémission à Pierre de Craon (A. N., JJ 149, n" 115).
1302. — 1395, V. s., 22 mars. - Note d'un greffier relatant
la présentation au Parlement des lettres de rémission accor-
dées à Pierre de Craon et à ses complices et leur mise en
liberté sous des cautions qui, pour Pierre, furent : MM. de
Coucy, d'Albret, le comte et le maréchal de Sancerre, Odard
de Chazeron, le baron d'Yvry, Guillaume de Mello et Louis
de Chevreuse. Parmi les cautions des complices figurent
Thibault de Laval et Antoine de Craon * (A. N., X'« 12, 297).
1303. — 1395, V. s., 29 mars. — Note d'un greffier relatant
la décharge donnée aux cautions de Pierre de Craon et de ses
complices et l'exhibition de sauf-conduits donnés par le roi,
malgré lesquels le Parlement les fait mettre en prison ; puis
de l'ordre du roi, réitéré par lui-même de les mettre en liberté
(A. N., X^« 12, 298-299).
1304. — 1396, 4 avril. — Mandement par lequel Charles VI
prescrit l'élargissement de Pierre de Craon et de ses compli-
ces, alors en instances pour l'enregistrement des lettres de
rémission du 15 mars 1395, v. s. (A. N., X^« 13, 103).
1305. — 1396, 4 avril. — Note d'un greffier relatant la
mise en liberté pour toute la France de Pierre de Craon et
de ses complices (A. N., X^* 12, 300).
1306. — 1396, 17 août. — Procès-verbal des conclusions
prises par Pierre de Craon et Olivier de Clisson, au sujet de
l'entérinement des lettres de rémission (A. N., X*" 12, 311).
1. Cette pièce et les numéros 1303-1310, 1312, ont été analysés
par M. le baron Pichon dans son Mémoire, mais les sources n'en
sont pas indiquées d'une façon précise.
.
- 148 —
1307. T- 1396, 21 août. — Décision prise par le Parlement
de ne statuer sur les lettres de rémission que si toutes les
parties sont présentes (A. N., X^^ 12, 311).
1308. — 1396, 30 août et 4 décembre. — Pierre de Craon,
à l'aide de lettres patentes du roi, demande prompte solution
au sujet de l'entérinement de ses lettres de rémission (A. N.,
X^^ 12,312).
1309. — 1396, 11 décembre. — Débats sur l'entérinement
des lettres de rémission pour Pierre de Craon et ses com-
plices (A. N., X^« 12, 320).
1310. — 1396, 15, 18, 19 décembre. — Suite de la discus-
sion l'entérinement des lettres de rémission obtenues par
Pierre de Craon (A. N., X^« 12, 322).
1311. — 1396, 4 avril, Paris. — Numéro 1079.
1312. — 1396, 10 avril, Paris. — Procès-verbal du lit de
justice, tenu par Charles VI, pour fixer la quotité de l'a-
mende prévue par les lettres de rémission de Pierre de Craon
(Mémoire sur Pierre de Craon ^ p. 23).
1313. — 1396, 14 avril. -~ Numéro 1080.
1314. — 1396, V. s., 12 février. — Ordonnance portant que
les condamnés à mort seront confessés * (Ordonnances des
rois de ta troisième race^ VIII, 122).
1315. — 1396, V, s., 8 mars. — Accord entre Pierre de
Craon et Robert de Béthune' (A. N., X**^ 60).
1. Le préambule ne signale ancune intervention de Pierre de
Craon. Nous ne saurions dire pourquoi M. de Bodard, p. 255, at-
tribue cette ordonnance à 1391?
2. Nous devons à la complaisance de M. Tuetey cette indication ;
mais nous n'avons pas eu connaissance de ce document, qui se
trouve parmi les pièces non reliées de la collection des accords
en Parlement, lesquelles ne sont l'objet d'aucune sorte de commu-
nication.
— 149 —
1316. — 1397, 4 mai. — Présentation au Parlement des
lettres de sauvegarde données par le roi à Pierre de Craon
(A. N.,X^M2, 340).
1317. — 1397, 31 décembre. — Lettres du duc de Bour-
gogne portant don à Pierre de Craon de deux mille livres
(note du Trésor généalogique).
1318. — 1397, V. s., février, Lille. —Antoine de Craon est au
nombre des chevaliers dont la montre fut reçue par Tiercelet
de la Barre, commis par le duc de Bourgogne au contrôle de
l'aide qu'il envoyait à la duchesse de Brabant, contre le duc de
Gueldres (abbé Ledru, Maison deMailly., preuves, 132)
1319. — 1397, V. s., 7 février. — Lettre du duc de Bour-
gogne accordant une gratification de deux mille livres à An-
toine de Craon (Note du Trésor généalogique).
1320. — 1398, 21 juin. Tournai. — Lettres du duc de Bour-
gogne prescrivant à Antoine de mener sa compagnie au se-
cours de la duchesse de Brabant, contre le duc de Gueldres
(Note du Trésor généalogique).
1321. — 1398, 15 octobre, Westminster. — Richard II cons-
titue à Pierre de Craon, seigneur de la Ferté, devenu son
homme lige, une rente de cinquante livres sterling [Rymer^
VIII, b2',Morice, 11,690).
1322. — 1398, V. s., 20 février, Conflans-lès-Paris. — Let-
tres du duc de Bourgogne faisant à Antoine, son chambellan,
un don de deux mille livres (Note du Trésor généalogique).
1323. — 1399, 3 avril. — Quittance de Pierre de Craon,
chevalier, pour 400 livres (B. N., Titres scellés^ 36, 2743).
1324. -^ 1399, avril, Paris. — Lettres de Charles VI por-
tant que les biens de Bonabes de Tucé, complice de Pierre
de Craon, seront restitués à ses enfants (A. N., JJ 165, 234).
1325. — 1399, l**" mai. — Pierre de Craon est au nombre
- 150 —
de ceux qui reçurent une houppelande du roi de France (Note
de M. le baron Pichon d'après Gaignières, 112, p. 518).
1326. — 1399, 7 juin. — Arrêt par lequel le Parlement dé-
cide que Pierre de Craon et ses complices sont déchus du pro-
fit des lettres de rémission et déclarés coupables de lèse ma-
jesté. Que Pierre reconnu coupable envers la maison d'Anjou
donnera deux cent mille livres tournois à la duchesse d'Anjou
à titre de dommages-intérêts, que sur ses biens et ceux de
ses complices cent mille livres seront remises au connétable
de Clisson, etc. (A. N., X^^ 13, 278 etX^« 12, 405).
1327. — 1400, 1" mai. — Etat des seigneurs à la cour aux-
quels Charles VI a fait délivrer des houppelandes ; Messire
Pierre de Craon, chevalier, et Jean de Craon, écuyer*, sont
portés sur cet état (Douet d'Arcq, Pièces inédites du règne
de Charles F/, t. II, p. 163).
1328. — 1400, 15 mai. — Testament de Guy de Roye, ar-
chevêque de Reims. Il y prévoit le cas oii son héritier serait
évincé de Brunnetel par Pierre de la Ferté ou par ses
ayant-cause [Gallia Christiana, IX, documents, 76.
1329. — 1402, V. s., 7 avril. — Lettres par lesquelles
Jeanne de Châtillon donne quittance de sa pension ' (B. N.,
Titres scellés, 30, 2233).
1330. — 1403, 11 mai, Paris. — Lettres par lesquelles
Charles VI, sur la demande de Pierre de Craon, de Jeanne de
Châtillon et de leurs enfants, tous dénués de moyens de sub-
sistance, rappelant un ancien don de trente mille livres tour-
nois et d'une rente viagère de mille francs dont ils n'ont rien
reçu, leur donne cinquante mille livres à toucher en cinq ans
qui devront être employées en achat d'héritages. Ce don annule
les précédents et retire à Jeanne tous droits de revendication
sur la Ferté-Bernard (Archives de la Tremoille, Lettres roya-
les, II).
1. Ce Jean de Craon est Jean de Montbazon.
2. On a compté 1402, depuis le 26 mars 1402, jusqu'au 15 avril
1403. C'est à cet acte qu'est attaché le sceau, figure 188.
— 151 -
1331. — 1403, 8 août. — Antoine de Craon, avec l'autori-
sation de son père, vend au duc de Bourbonnais une rente an-
nuelle sur Sacy-le-Grand, en Beauvoisis(Arch. Nat., P1369*,
cote 1743).
1332. — 1404. — Vente de Beauverger par Guy de Laval-
Attichy à Antoine de Craon, du consentement de Jeanne de
Nesle, sa femme ^ (Note de du Chesne,p. 657, de son Histoire
de la Maison de Montmorency).
1333. — 1404, avril. — Dépenses pour les funérailles de
Philippe-le-Hardi. Antoine de Craon reçoit une robe et un
chaperon doublés (Petit, Itinéraire de Philippe-le-Hardi,
p. 576).
1334. — 1404, V. s., 8 février, Paris. — Certificat des gé-
néraux des aides établissant que le grenetier à sel de Pontoise
peut faire figurer dans ses dépenses 216 livres, 13 sous, 4 de-
niers versés à Jeanne de Châtillon, en exécution d'un don du
roi (B. N., Pièces originales^ Craon^ 74).
1335. — 1405, 20 juin, Paris —Lettres de Charles VI en
faveur de Jeanne de Châtillon « femme de notre amé et féal
cousin et chambellan » Pierre de Craon rappelant un don pré-
cédent de deux mille livres de rente sur Roye dont elle n'avait
pu jouir parce que les lettres n'avaient pas été entérinées à la
Chambre des comptes et des lettres du 22 novembre 1399 don-
nant vingt mille livres, don ultérieurement réduit à dix mille
payables en dix ans, Charles VI lui abandonne Vaux en Ar-
rouaise, sauf à elle ^i ne rien recevoir de ce qui reste dû des dix
mille livres (Archives de la Trémoïlle, Lettres royales^ II).
1336. — 1405, 4 juillet, Paris. — Refus par le Parlement
de lettres de marque contre l'Aragon à Pierre de Craon, dont
les lettres de rémission n'avaient pas été validées par le Par-
1. Guy étant mort en 1408, Jeanne plaida contre Antoine, pour
ses droits sur Beauverger.
Il
— i52 —
lement, qui le regardait comme légalement banni, bien qu'il
résidât à Paris (Note de Nicolas de Baye, II, 289).
1337. — 1405, 3 août, Paris. — Note de Nicolas de Baye où
le mariage d'Antoine de Craon est mentionné (Journal de
Nicolas de Baye^ I, 137).
1405. Lundi IIP jour d'aoust au jour d'ui, a relaté messire
H. de Marie, premier président en Parlement, que à l'entrée
de juillet, à un jour, à l'issue du siège, messire Antoine de
Craon, chevalier, qui voloit aler espouzer femme à Arras,
doubtans que il ne fust à Paris au premier jour d'aoust,
renouvella dès lors pour ledit jour d'aoust la caution de mil
livres que autrefois avoit baillée pour ramener J. de S. Père à
tel jour que le plaira eslargir de nouvel (A. N., X*^ 4787, 201).
1338. — 1405, 29 août, Paris. — Montre faite par Antoine,
chevalier bachelier, de trois écuyers de sa compagnie (Note
du Trésor généalogique) .
1339. — 1405, 24 septembre, — Antoine de Craon donne
reçu de 133 livres, 6 sous, 8 deniers (B. N., Titres scellés^
n« 2745).
1340. — 1405, 19 décembre. — Lettres du duc de Bourgo-
gne gratifiant de trois cents livres de pension Antoine, son
chambellan (Note du Trésor généalogique).
1341. — 1405, V. s., 13 février. — Arrêt par lequel le Par-
lement décide que la terre de la Ferté-Bernard en passant
dans les mains du duc d'Orléans n'était pas grevée de deux
cents livres de rente au profit d'Hervé de Mauny (A. N.,
X^^ 53, 184).
1342. — 1405, V. s., 26 février. — Antoine de Craon, époux
de Jeanne d'Hondschoote, bail de Jean de Homes, fils d'Ar-
noul deHornes, reconnaît la dette de son pupille envers l'ar-
chevêque de Reims (Duchesne, Preuves de la maison de Bé-
thune, p. 187).
1343. — 1405, v. s.. 5 mars. — Antoine de Craon donne
153
quittance de 33 livres 6 sous 8 deniers, pour ses gages du
mois de juin 1405 (B. N., Titres scellés^ folio 2745).
1344. — Vers 1405, v. s., 10 mars. — Lettres par lesquelles
Charles VI recommande aux habitants de Saint-Quentin de
ne pas accepter d'autre capitaine qu'Antoine de Craon « car,
écrit le roi, il est de notre sang et lignage et est bonne raison
que nous ayons plus de fiance en luy ». (B.N., Dom Grenier^
89, 258).
1345. — 1406, 11 juin. — Numéro 1101.
1346. — 1406, 18 juin, Paris. — Acte portant vente à An-
toine de Craon de la terre de Bézenval, en la chatellenie de
Rueil, pour le prix de 1000 livres tournois (Arch. de la Tré-
moïlle. Fonds Craon).
1347. - 1406, 29 juillet, Paris. — Lettres de Charles VI
adressées à Jean de Montagu, modifiant l'assiette des som-
mes promises par ses lettres de 1403 à Jeanne de Châtillon
(Archives de la Trémoïlle, Lettres royales^ II).
1348. — 1406, 22 septembre. — Antoine de Craon, à cause
de Jeanne d'Hondschoote, rend aveu pour Clouay (Note des
Preui^es de la maison de Béthune, p. 187).
1349. — 1406, 2 octobre. —Numéro 1102.
1350. — 1406. — Partage entre Antoine de Craon et Vilart
de Bours, de quatre cents écus d'or, fruits de la condamnation
d'un usurier de Hesdin (Note du Trésor généalogique).
1351. — 1406, V. s., 7 janvier. — Note de Nicolas de Baye
dans son Journal.
« 1406, jeudi VIP jour de janvier, avant les plaidoiries, fu
dit au graphier que certain accort que messire Pierre de
Craon, Anthoinne, son fils, et le sire de Honcourt requé-
roient estre receu et passé céans, n'y seroit point passé ne
receu, maiz alassent les parties au Chastellet le passer, ce
bon leur sembloit » (Conseil, X^« 1478, 247).
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1352. — 1407, 16 avril. — Olivier de Clisson fonde diverses
messes à Saint-Julien du Mans pour prix desquelles il aban-
donne aux chanoines le montant des condamnations qu'il avait
obtenues du Parlement contre Pierre de Craon et ses com-
plices (Morice, II, 782).
1353. — 1407, 4 juin. — Arrêt par lequel le Parlement, dé-
cidant la régularité de l'instance en félonie, commencée au
nom de la maison d'Anjou dès 1391 contre Pierre de Craon,
et admettant la validité de l'arrêt de 1395, par lequel Pierre
de Craon était convaincu du détournement de cent mille